Jean de La Bruyère, Les Caractères

La comédie sociale
Séance 8 - lecture linéaire 3 - Le portrait de Pamphile, livre IX, fragment 50
→ Comment La Bruyère passe-t-il de la satire d'un individu à la condamnation d'un type social ?
Question de grammaire : Relevez dans le texte les expressions de la négation, puis dites s'il
s'agit de négations lexicales (par dérivation), syntaxiques ou sémantiques.

Pamphile ne s’entretient pas avec les gens qu’il rencontre dans les salles ou dans
les cours ; si l’on en croit sa gravité et l’élévation de sa voix, il les reçoit, leur
donne audience, les congédie ; il a des termes tout à la fois civils et hautains, une
honnêteté impérieuse1 et qu’il emploie sans discernement ; il a une fausse
grandeur qui l’abaisse et qui embarrasse fort ceux qui sont ses amis, et qui ne
veulent pas le mépriser.

P = très éloigné de l’idéal de l’honnête H = faire preuve d’humilité et de véritables qualités

d’esprit. Pam/phile = tout et aimer. Aime tout le monde (onomastique) mais ironique car
Pamphile est égocentrique. Portrait psychologique, plutôt péj = critique de l’aristocratie.
Enumération et parataxe. Perso est en action, Pamphile est le sujet de toutes les
propositions = on le donne à voir aux lecteur = hypotypose. CL de la grandeur CL de la
sociabilité CL de la médiocrité

Un Pamphile est plein de lui-même, ne se perd pas de vue, ne sort point de

l’idée de sa grandeur, de ses alliances, de sa charge, de sa dignité : il ramasse,
pour ainsi dire, toutes ses pièces, s’en enveloppe pour se faire valoir, il dit :
Mon ordre, mon cordon bleu2, il l’étale ou il le cache par ostentation3 : un
Pamphile en un mot veut être grand, il croit l’être, il ne l’est pas, il est d’après
un Grand. Si quelquefois il sourit à un homme du dernier ordre4, à un homme
d’esprit, il choisit son temps si juste, qu’il n’est jamais pris sur le fait ; aussi la
rougeur lui monterait-elle au visage s’il était malheureusement surpris dans
la moindre familiarité avec quelqu’un qui n’est ni opulent, ni puissant, ni ami
d’un ministre, ni son allié, ni son domestique ; il est sévère et inexorable à qui
n’a point encore fait sa fortune :
Antonomase = Nom propre devient Nom commun multipliable à l’envi = montre le
caractère ordinaire de ce type d’homme snob de la cour. Enumération et parataxe =
parataxe asyndétique. Vb d’action = donne de la vivacité au portrait. Métaphore visuelle
pour décrire des éléments abstraits ou psychologiques du portrait. Passage au discours
direct, il donne la parole à son personnage afin de donner vie à sa description.
Jeux d’antithèses = caractéristique première des Pamphiles = dissimulation, hypocrisie,
manipulation d’autrui. Saynète = détails très visuels, DD, description minutieuse, portrait
vivant au regard du lecteur-spectateur.
 il vous aperçoit un jour dans une galerie, et il vous fuit ; et le lendemain, s’il
vous trouve en un endroit moins public, ou s’il est public, en la compagnie
d’un grand, il prend courage, il vient à vous, et il vous dit : Vous ne faisiez pas
hier semblant de nous voir. Tantôt il vous quitte brusquement pour joindre
un seigneur ou un premier commis5 ; et tantôt s’il les trouve avec vous en
conversation, il vous coupe et vous les enlève : vous l’abordez une autre fois,
et il ne s’arrête pas ; il se fait suivre, vous parle si haut que c’est une scène
pour ceux qui passent : aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un
théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être
naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris6.
LB fait entrer le lecteur dans la saynète de façon saisissante + adresse directe aux lecteurs
grâce au DD, acteur et interlocuteur = LB invite le lecteur à regarder au plus près le
comportement de Pamphile et à y reconnaitre un type social familier et reconnaissable.
Pamphile se met en scène, la saynète continue. Montre son caractère opportuniste,
changeant et inconstant. Effet de balancement. Il apparait comme une sorte de
marionnette, un automate aux gestes saccadés dont la mécanique déraille parfois puisque
ses gestes semblent échapper à toute logique. Portrait de plus en plus dynamique qui
suscite le rire. La métaphore du theatrum mundi avec la comparaison, les métaphores pour
désigner les Pamphiles comme de « vrais perso de comédie », l’antithèse du « faux » et du
« naturel », la description de leurs attitudes « c’est une scène pour ceux qui passent » et la
référence à 2 célèbres acteurs, transformés par le biais d’antonomase. LB porte une
réflexion sur les jeux de cour, chaque courtisan joue la comédie, joue son rôle
(dissimulation, faux-semblants et hypocrisie = principes du courtisan).