Vous êtes sur la page 1sur 9

Dissertations possibles

I) Sur les personnages

1) Sur Duroy

A) Sujet sur la sympathie dans votre dossier : Guy de Maupassant cherche-t-il à inspirer de la sympathie pour Duroy ? Dans
quelle mesure Duroy est un héros ?

B) Bel-Ami : « Il ressemblait bien au mauvais sujet des romans populaires » : Georges Duroy n’est-il qu’un vaurien ?

Réponse de Maupassant aux critiques faites à son roman publié en feuilleton (lettre publiée dans le journal Gil Blas le 7 juin
1885). : « Je montre dès les premières lignes qu’on a devant soi une graine de gredin, qui va pousser sur le terrain où elle
tombera […] Voulant analyser une crapule, je l’ai développée dans un milieu digne d’elle. »

« J’ai voulu simplement raconter la vie d’un aventurier pareil à tous ceux que nous coudoyons chaque jour dans Paris, et
qu’on rencontre dans toutes les professions existantes. Est-il, en réalité, journaliste ? Non. Je le prends au moment où il va se
faire écuyer dans un manège. Ce n’est donc pas la vocation qui l’a poussé. J’ai soin de dire qu’il ne sait rien, qu’il est
simplement affamé d’argent et privé de conscience. Je montre dès les premières lignes qu’on a devant soi une graine de
gredin, qui va pousser dans le terrain où elle tombera. Ce terrain est un journal. Pourquoi ce choix, dira-t-on ?
Pourquoi ? Parce que ce milieu m’était plus favorable que tout autre pour montrer nettement les étapes de mon personnage ;
et aussi parce que le journal mène à tout comme on l’a souvent répété. Dans une autre profession, il fallait des connaissances
spéciales, des préparations plus longues. Les portes pour entrer sont plus fermées, celles pour sortir sont moins nombreuses.
La Presse est une sorte d’immense République qui s’étend de tous les côtés, où on trouve de tout, où on peut tout faire, où il
est aussi facile d’être un fort honnête homme que d’être un fripon. Donc, mon homme, entrant dans le journalisme, pouvait
employer facilement les moyens spéciaux qu’il devait prendre pour parvenir.
Il n’a aucun talent. C’est par les femmes seules qu’il arrive. Devient-il journaliste, au moins ? Non. Il traverse toutes les
spécialités du journal sans s’arrêter, car il monte à la fortune sans s’attarder sur les marches. Il débute comme reporter, et il
passe. Or, en général, dans la Presse, comme ailleurs, on se cantonne dans un coin, et les reporters, nés avec cette vocation,
restent souvent reporters toute leur vie. On en cite devenus célèbres. Beaucoup sont de braves gens, mariés, qui font cela
comme ils seraient employés dans un ministère. Duroy devient le chef des Échos : autre spécialité fort difficile et qui garde
aussi ses gens quand ils y sont passés maîtres. Les Échos font souvent la fortune d’un journal, et on connaît dans Paris
quelques échotiers dont la plume est aussi enviée que celle d’écrivains connus. Or il est bien évident que mon aventurier
marche vers la politique militante, vers la députation, vers une autre vie et d’autres événements. Et s’il est arrivé,
par la pratique, à une certaine souplesse de plume, il n’en devient pas pour cela un écrivain ni un véritable
journaliste. C’est aux femmes qu’il devra son avenir. Le titre : Bel-Ami, ne l’indique-t-il pas assez ? Donc, devenu
journaliste par hasard, par le hasard d’une rencontre, au moment où il allait se faire écuyer, il s’est servi de la
presse comme un voleur se sert d’une échelle. S’ensuit-il que d’honnêtes gens ne peuvent employer la même
échelle ?
Mais j’arrive à un autre reproche. On semble croire que j’ai voulu dans le journal que j’ai inventé, La Vie
française, faire la critique ou plutôt le procès de toute la presse parisienne.
Si j’avais choisi pour cadre un grand journal, un vrai journal, ceux qui se fâchent auraient absolument raison
contre moi ; mais j’ai eu soin, au contraire, de prendre une de ces feuilles interlopes, sorte d’agence d’une bande
de tripoteurs politiques et d’écumeurs de bourses, comme il en existe quelques-uns, malheureusement. J’ai eu soin
de la qualifier à tout moment, de n’y placer en réalité que deux journalistes, Norbert de Varenne et Jacques Rival,
qui apportent simplement leur copie, et demeurent en dehors de toutes les spéculations de la maison. Voulant
analyser une crapule, je l’ai développée dans un milieu digne d’elle, afin de donner plus de relief à ce
personnage. »

C) Zola écrit dans un de ses essais théoriques : « Le naturalisme, fatalement, tue le héros ». Qu’en pensez-vous ? Le terme
de « héros romanesque » convient-il pour désigner le personnage principal du roman que vous avez étudié ?

On cite cette phrase de Zola : « Le naturalisme fatalement tue le héros ». Le raisonnement de Zola est logique. La doctrine
naturaliste entend faire du roman une représentation objective du réel. A ce titre, elle refuse l’événement spectaculaire,
l’intrigue « romanesque ». Le personnage naturaliste doit donc être un être banal, moyen, dont les défauts équilibrent pour le
moins les éventuelles qualités. Dans ces conditions, le personnage principal du roman naturaliste mérite -t-il encore le nom
1
de « héros romanesque » ? Prenons l’exemple de Bel-Ami, le protagoniste du roman de Maupassant. Si l’on définit le
« héros romanesque » comme cette figure idéalisée offerte par les romanciers traditionnels à l’identification du lecteur, non !
A coup sûr, Bel-Ami ne répond pas à cette définition. Ce serait plutôt un « anti-héros », c’est à dire un personnage proposé à
la réprobation du lecteur. Zola a donc en bonne partie raison. Bel-Ami, cependant, est-il totalement dépourvu de dimension
romanesque ? Cela se discute, comme nous allons le voir. Georges Duroy n’est-il qu’un anti-héros ?

2) Les personnages en général

A) Quels rôles jouent les personnages féminins/masculins dans le roman Bel-Ami ? (Cf. multiples synthèses
distribuées)

a) Les femmes : Differents types de femmes / Appuies de Bel-Ami ou des destinées indépendantes / remettre
en question le rôle de la femme

b) Les hommes : différents types d’hommes / doubles ou différents de Bel-Ami /remise en question des
comportements des hommes

B) Bel-Ami n’est-il un roman que sur le type d’homme qu’incarne George Duroy ? (l’arriviste : l’envie
d’ascension, les stratégies et la séduction + les étapes du parvenu : médias, politique et finance + les autres
hommes : la construction de l’identité de Duroy au creux des doubles et des hommes différents / un roman sur
les femmes/ un roman sur la France du XIXe : Paris-Province, le journalisme, la politique et les finances, les
bourgeois)

II) Sur le roman

1. Dans quelle mesure Bel-Ami est un miroir de son temps ?


« Eh, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux,
tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral !
Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore
l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former. » Stendhal, Le Rouge et le Noir, II, XIX.

2. Bel-Ami est-il un roman d’apprentissage ?


3. Bel-Ami est-il un roman noir ?
Dans la présentation du roman Bel-Ami pour l’édition de " la Pléiade ", Louis Forestier écrit : « Ce roman de la réussite est
aussi un roman noir. » Votre étude du roman de Maupassant vous permet-elle de justifier cette affirmation ?
Définition du roman noir : Dès lors, le roman noir désigne aujourd'hui un roman policier inscrit dans une réalité sociale
précise, porteur d'un discours critique, voire contestataire. Le roman noir, tout en étant un roman détective, se fixe ses
propres frontières en s'opposant au roman d'énigme, car le drame se situe dans un univers moins conventionnel, et moins
ludique. Cependant on peut relever certains éléments récurrents qui le caractérisent : un univers violent, un regard tragique
et pessimiste sur la société, un fort ancrage référentiel et un engagement politique ou social. D'autres critères peuvent être
ajoutés à cette définition par leur présence répétée dans le roman noir : l'usage de la langue verte ou argot que l'on retrouve
dans les œuvres d'Alphonse Boudard ou dans les romans d'Auguste Le Breton pour être au plus près du milieu social décrit,
l'écriture behavioriste ou encore un paysage essentiellement urbain que l'on retrouve dans les films noirs.

4. Sujets sur le réalisme tirés de la préface de Pierre et Jean

 Extrait de la préface de Pierre et Jean

« Donc, après les écoles littéraires qui ont voulu nous donner une vision déformée, surhumaine, poétique, attendrissante,
charmante ou superbe de la vie, est venue une école réaliste ou naturaliste qui a prétendu nous montrer la vérité, rien que la
vérité et toute la vérité. Il faut admettre avec un égal intérêt ces théories d’art si différentes et juger les œuvres qu’elles
produisent, uniquement au point de vue de leur valeur artistique en acceptant a priori les idées générales d’où elles sont
nées. Contester le droit d’un écrivain de faire une œuvre poétique ou une œuvre réaliste, c’est vouloir le forcer à modifier
2
son tempérament, récuser son originalité, ne pas lui permettre de se servir de l’œil et de l’intelligence que la nature lui a
donnés. Lui reprocher de voir les choses belles ou laides, petites ou épiques, gracieuses ou sinistres, c’est lui reprocher d’être
conformé de telle ou telle façon et de ne pas avoir une vision concordant avec la nôtre. Laissons-le libre de comprendre,
d’observer, de concevoir comme il lui plaira, pourvu qu’il soit artiste. Devenons poétiquement exaltés pour juger un idéaliste
et prouvons-lui que son rêve est médiocre, banal, pas assez fou ou magnifique. Mais si nous jugeons un naturaliste,
montrons-lui en quoi la vérité dans la vie diffère de la vérité dans son livre. Il est évident que des écoles si différentes ont dû
employer des procédés de composition absolument opposés. Le romancier qui transforme la vérité constante, brutale et
déplaisante, pour en tirer une aventure exceptionnelle et séduisante, doit, sans souci exagéré de la vraisemblance, manipuler
les événements à son gré, les préparer et les arranger pour plaire au lecteur, l’émouvoir ou l’attendrir. Le plan de son roman
n’est qu’une série de combinaisons ingénieuses conduisant avec adresse au dénouement. Les incidents sont disposés et
gradués vers le point culminant et l’effet de la fin, qui est un événement capital et décisif, satisfaisant toutes les curiosités
éveillées au début, mettant une barrière à l’intérêt, et terminant si complètement l’histoire racontée qu’on ne désire plus
savoir ce que deviendront, le lendemain, les personnages les plus attachants.
Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout
enchaînement d’événements qui paraîtrait exceptionnel. Son but n’est point de nous raconter une histoire, de nous
amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des événements. À
force d’avoir vu et médité il regarde l’univers, les choses, les faits et les hommes d’une certaine façon qui lui est propre et
qui résulte de l’ensemble de ses observations réfléchies. C’est cette vision personnelle du monde qu’il cherche à nous
communiquer en la reproduisant dans un livre. Pour nous émouvoir, comme il l’a été lui-même par le spectacle de la vie, il
doit la reproduire devant nos yeux avec une scrupuleuse ressemblance. Il devra donc composer son œuvre d’une manière si
adroite, si dissimulée, et d’apparence si simple, qu’il soit impossible d’en apercevoir et d’en indiquer le plan, de découvrir
ses intentions.
Au lieu de machiner une aventure et de la dérouler de façon à la rendre intéressante jusqu’au dénouement, il prendra
son ou ses personnages à une certaine période de leur existence et les conduira, par des transitions naturelles, jusqu’à
la période suivante. Il montrera de cette façon, tantôt comment les esprits se modifient sous l’influence des
circonstances environnantes, tantôt comment se développent les sentiments et les passions, comment on s’aime,
comment on se hait, comment on se combat dans tous les milieux sociaux, comment luttent les intérêts bourgeois, les
intérêts d’argent, les intérêts de famille, les intérêts politiques.
L’habileté de son plan ne consistera donc point dans l’émotion ou dans le charme, dans un début attachant ou dans
une catastrophe émouvante, mais dans le groupement adroit de petits faits constants d’où se dégagera le sens définitif
de l’œuvre. S’il fait tenir dans trois cents pages dix ans d’une vie pour montrer quelle a été, au milieu de tous les êtres
qui l’ont entourée, sa signification particulière et bien caractéristique, il devra savoir éliminer, parmi les menus
événements innombrables et quotidiens, tous ceux qui lui sont inutiles, et mettre en lumière, d’une façon spéciale,
tous ceux qui seraient demeurés inaperçus pour des observateurs peu clairvoyants et qui donnent au livre sa portée,
sa valeur d’ensemble.
On comprend qu’une semblable manière de composer, si différente de l’ancien procédé visible à tous les yeux, déroute
souvent les critiques, et qu’ils ne découvrent pas tous les fils si minces, si secrets, presque invisibles, employés par certains
artistes modernes à la place de la ficelle unique qui avait nom : l’Intrigue. En somme, si le Romancier d’hier choisissait et
racontait les crises de la vie, les états aigus de l’âme et du cœur, le Romancier d’aujourd’hui écrit l’histoire du cœur, de
l’âme et de l’intelligence à l’état normal. Pour produire l’effet qu’il poursuit, c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité
et pour dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la révélation de ce qu’est véritablement
l’homme contemporain devant ses yeux, il devra n’employer que des faits d’une vérité irrécusable et constante.
Mais en se plaçant au point de vue même de ces artistes réalistes, on doit discuter et contester leur théorie qui semble
pouvoir être résumée par ces mots : « Rien que la vérité et toute la vérité. »
Leur intention étant de dégager la philosophie de certains faits constants et courants, ils devront souvent corriger les
événements au profit de la vraisemblance et au détriment de la vérité, car
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en
donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même.
Raconter tout serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes
d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence.
Un choix s’impose donc, — ce qui est une première atteinte à la théorie de toute la vérité.
La vie, en outre, est composée des choses les plus différentes, les plus imprévues, les plus contraires, les plus disparates ; elle
est brutale, sans suite, sans chaîne, pleine de catastrophes inexplicables, illogiques et contradictoires qui doivent être classées
au chapitre faits divers.
Voilà pourquoi l’artiste, ayant choisi son thème, ne prendra dans cette vie encombrée de hasards et de futilités que les
détails caractéristiques utiles à son sujet, et il rejettera tout le reste, tout l’à-côté. Un exemple entre mille : Le nombre
des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons-nous faire tomber une

3
tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte
qu’il faut faire la part de l’accident ?
La vie encore laisse tout au même plan, précipite les faits ou les traîne indéfiniment. L’art, au contraire, consiste à
user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière,
par la seule adresse de la composition, les événements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur
convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu’on veut montrer.
Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les
transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession.
J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes.
Quel enfantillage, d’ailleurs, de croire à la réalité puisque nous portons chacun la nôtre dans notre pensée et dans nos
organes. Nos yeux, nos oreilles, notre odorat, notre goût différents créent autant de vérités qu’il y a d’hommes sur la
terre. Et nos esprits qui reçoivent les instructions de ces organes, diversement impressionnés, comprennent, analysent et
jugent comme si chacun de nous appartenait à une autre race.
Chacun de nous se fait donc simplement une illusion du monde, illusion poétique, sentimentale, joyeuse,
mélancolique, sale ou lugubre suivant sa nature. Et l’écrivain n’a d’autre mission que de reproduire fidèlement cette
illusion avec tous les procédés d’art qu’il a appris et dont il peut disposer.
Illusion du beau qui est une convention humaine ! Illusion du laid qui est une opinion changeante ! Illusion du vrai
jamais immuable ! Illusion de l’ignoble qui attire tant d’êtres ! Les grands artistes sont ceux qui imposent à
l’humanité leur illusion particulière.
Ne nous fâchons donc contre aucune théorie puisque chacune d’elles est simplement l’expression généralisée d’un
tempérament qui s’analyse.

 Sujet 1 : Dans la préface de Pierre et Jean intitulée « Le roman » (1888). Maupassant déclare que le but du romancier
« n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à
comprendre le sens profond et caché des événements. » Pensez-vous que cette affirmation puisse s’appliquer au roman
Bel-Ami ?

Analyse du sujet : Le sujet vous invite à discuter la citation de Maupassant en la confrontant à votre lecture de
Bel-Ami. La citation se compose de deux parties bien distinctes : une négation et une affirmation. Séparez ces
deux parties et voyez si elles peuvent s'appliquer au roman de Maupassant que vous avez étudié.

Élaboration du plan : Voyez ce qui peut être remis en question dans la citation de Maupassant et ce qui vous
semble juste par rapport à Bel-Ami, afin de construire un plan analytique nuancé. Dans une première partie,
montrez qu'effectivement le roman que vous avez étudié fait réfléchir le lecteur et lui permet de comprendre le
sens caché des événements, notamment sur le fonctionnement de la vie sociale et politique de la fin du XIXe
siècle et sur le fonctionnement de certains types d’individus (les choix narratifs de personnages, de situations, de
points de vue sont captivants car ils sont révélateurs). Dans une seconde partie, nuancez la négation contenue dans
la citation : même si Bel-Ami est un roman qui fait réfléchir, il divertit malgré tout le lecteur, notamment grâce
aux intrigues amoureuses, à la psychologie des personnages, et aux rebondissements qui animent l'intrigue car
leurs parcours sont romanesques et entrainants. Dans une troisième partie, montrer que le but de cette association
du ludique et du didactisme réaliste est travaillé pour mettre en valeur non pas la profondeur mais un monde
d’illusions.

 Sujet 2 : Maupassant, dans la préface de son roman Pierre et Jean, précise « Le réaliste, s’il est un artiste
cherchera, non pas à nous donner la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus
complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. […] » En quoi Bel-Ami illustre-t-il cette vision
du réalisme ?

Plan :

I) montrer le Réel du XIXe = faire vrai, vraisemblable

a) Les lieux : Paris-province

b) Les types : femmes et hommes fin XIXE


4
c) L’époque : Presse, politique et finance

II) Un réel qui n’est pas banal = une illusion qui est orientée vers des finalités

a) Un destin exceptionnel et représentatif de parvenu

b) Des lieux et des scènes qui éclairent le parcours des personnages et l’histoire : Paris des Folies Bergères, de
l’ascension de la bourgeoisie, de l’essor des médias / scènes illustrant l’époque et la construction du réseau
et des séductions pour réussir ses étapes d’élévations et d’évolutions

c) Un point de vue critique implicite et voilée : le point de vue omniscient et interne et l’ironie du narrateur au
service de la démystification du trompeur Bel-Ami : la mise en scène et la déconstruction de l’illusion (les
illusions gagnantes/illusions perdues)

III) Un réel plus complet, plus saisissant, probant= illusion amplifiée, vraisemblable est créant une révélation
supérieure à une histoire vraie, réelle

a) Une vision complète : La structure du roman et le traitement de la durée

 La structure du roman : un récit fondé sur l’action et sur la linéarité inarrêtable + deux parties en miroir
(conquêtes se réalisent : Mme Forestier, De Walter, Suzanne, évolution dans journal et financièrement) qui
marchent comme un roman d’apprentissage s’achevant en réussite + Cinq femmes comme cinq progressions

Le roman est divisé en deux parties numérotées mais sans titre, comportant respectivement huit et dix chapitres,
numérotés mais toujours sans titre. Bel-Ami montre le passage du héros d’un état à un autre, son évolution, par étapes, dans la
société, une ascension quasi continue, à l'exception d'une courte période où la fortune est lente à venir et où le héros en
arrive à s'endetter : en 10 mois dans la première partie, qui représente en quelque sorte les « apprentissages », la seconde,
qu’on pourrait nommer « la conquête de Paris », s’accélérant encore. Le schéma ci-contre marque les étapes de cette
ascension. Elle met en évidence les deux thèmes principaux du roman, que soulignent aussi les première et dernière
phrases.

L'argent est omniprésent dans Bel-Ami. Les précisions monétaires jalonnent chaque progrès du héros, depuis les
trois francs quarante du début, jusqu'à l'immense fortune que lui promet son second mariage avec Suzanne, fille du banquier
Walter.
Parallèlement au désir d'argent, il y a le désir des femmes : dans les deux cas, il s'agit d'obtenir le droit de consommer.
Les femmes sont le moteur du succès et il est intéressant de noter la progression dans les conquêtes de Duroy. Il passe, en
effet, de la femme qu'on paye - Rachel, et de moins en moins cher - à celle qui le paye : la symétrie entre les vingt francs, le
salaire de Rachel au début, et la pièce d'or de même montant, que Mme de Marelle glisse dans sa poche, assimile clairement
Georges Duroy à une prostituée. Il passe aussi de la primauté accordée au plaisir à l'utilité. Rachel et Mme de Marelle
représentent, chacune à sa façon, le plaisir physique, tandis que Mme Forestier, Mme Walter est Suzanne sont avant tout des
5
moyens pour réussir. Mais, comme le signalent les dernières lignes du roman, l'apogée du triomphe permet d'associer plaisir
et utilité ! Enfin, il passe du mariage accordé par la femme, celui avec Madeleine Forestier, où il ne joue que le second rôle
(d'ailleurs, tout le monde au journal le surnomme "Forestier"), au mariage décidé, voulu, où tout a été calculé : avec Suzanne
c'est bien lui qui joue le premier rôle, et remporte une véritable victoire.

LES ÉTAPES DE L'ASCENSION


Si l'on mesure le chemin parcouru par Duroy, on est amené à conclure au caractère irrésistible d'une ascension : le 28 juin
1880, Georges Duroy, perdu dans la foule des promeneurs anonymes, marche sur le Boulevard sans un sou en poche ; le 20
octobre 1883, devenu baron Du Roy de Cantel, il se marie en grande pompe, riche à millions, futur député, futur ministre. À
ceux qui verraient quelque invraisemblance dans ce parcours, Maupassant a répondu : " C'est par les femmes seules qu'il
arrive. [ ... ] Il traverse toutes les spécialités du journal sans s'arrêter, car il monte à la fortune sans s'attarder sur les
marches " (Aux critiques de Bel-Ami, juin 1885).

Les progrès sont significatifs : le 30 juin 1880, Duroy est engagé comme reporter bouche-trou à La Vie Française; en
décembre, il est devenu chef des Echos; en avril 1881, il accède au poste de rédacteur en lieu et place de celui qui l'avait
lancé ; en juin 1882, il ajoute à ses fonctions de chroniqueur-rédacteur celles de rédacteur politique et voit s'arrondir
largement ses fins de mois ; à la fin de l'année, il se trouve en possession d'un bel héritage qu'il complète par un jeu de
spéculations juteuses ; en avril 1883, il fait tomber le ministre qui avait voulu l'ignorer, sinon le tromper. Il épouse alors la
fille du patron, chargé de gloire, de mérite, de toutes les fortunes.
Un besoin - quasi forcené - d'aller de l'avant, toujours, s'exprime à chaque page, souligné par le héros lui-même ou par
ceux qui l'aident à réaliser ses desseins. Tout est ici placé sous le signe du temps qui passe vite et, constamment, s'accélère :
" Comme il serait fort, avec elle, et redoutable ! Comme il pourrait aller vite et loin, et sûrement ".

 Le traitement de la durée : une intrigue resserrée et résumant la construction et la réalisation de l’ascension +


une variation du rapport temps de la narration et temps de l’histoire : les scènes, les ellipses temporelles et les
sommaires + le rythme des saisons

Deux étapes inégalement distribuées dans le temps répondent à deux mouvements soulignant l'ascension de l'arriviste :- une
première étape (la première partie du roman) précise une succession de petites réussites significatives. Elle conduit Duroy, au
long de huit chapitres et de huit mois, du triste sous-officier errant sur le boulevard au chef des Échos d'un grand journal, à

6
l'habile chroniqueur déjà chargé de papiers politiques ; - une seconde partie, en dix chapitres, accompagne, durant deux ans
et demi, le héros vers la réussite absolue. Cette réussite s'impose, au rythme plus lent - logique oblige - d'événements de plus
en plus importants.
Le rapport entre la durée de ces deux étapes traduit un relatif déséquilibre. Celui-ci s'explique sans peine par l'état d'esprit
d'un personnage pressé puis conscient d'avoir à composer avec le temps avant de le brusquer de nouveau. Duroy commence
par se faire une place dans le journal en ne négligeant aucune occasion d'assurer sa progression. Il faut tenir compte de la
relative facilité de ses conquêtes féminines, de la chance et d'une audace que décuple sa soif d'arriver. Dans la seconde partie,
Duroy, devenu Du Roy de Cantel, journaliste installé, prend le temps de saisir les occasions qui s'offrent à lui. L'homme
d'expérience sait attendre le moment favorable, l'occasion qui lui fera gravir les plus hautes marches de la réussite, à son
rythme.
De la même façon on peut découvrir, dans le tableau chronologique ci-contre, des séquences temporelles très inégales en
durée. S'il est possible, le plus souvent, de dater les événements importants, certains chapitres s'y refusent.
Chap. Indications temporelles Durée Nombre de
pages
I.1. 28 juin 1880 un après-midi 18
I.2. 29 juin 1880 une soirée 16
I.3. 30 juin 1880 une journée 20
I.4. juillet-août 1880 2 mois 17
I.5. fin août/déc. 1880 3 mois et demi 43
I.6. déc.1880/fin janv. 1881 un mois et demi 35
I.7. février 1881 une journée 22
I.8. fin février 1881 quelques jours 26
II.1. avril 1881 -mai 1882 13 mois 26
II.2. mi-mai, juin 1882 un mois et demi 17
II.3. juillet 1882 plusieurs jours 24
II.4. 28 et 29 juillet 1882 deux journées 16
II.5. l'automne/un jour J'oct. 1882 quelques jours en octobre 25
II.6. automne 1882 temps indéterminé 10
II.7. 30 déc. 1882- 1° janv. 1883 trois journées 22
II.8. fin mars/5-6 avril 1883 quelques jours 16
II.9. juillet 1883 quelques jours 16
II.10 16 août - 20 oct. 1883 deux mois 13

Définir de manière trop minutieuse un calendrier aurait pu gêner la progression de l'histoire. D'où ces notations temporelles
exactes ou moins exactes : " On était au 28 juin - ; " le lendemain - ; " Deux mois s'étaient écoulés - ; < Février touchait à sa
fin ", etc.

LE RYTHME DES SAISONS

Mais le temps ne reflète pas toujours la progression fulgurante de l'arriviste. Il est souvent vécu au rythme des saisons et de
leurs influences complexes et contrastées. Au début du roman, Duroy est tenaillé par - une soif chaude, une soif de soir d'été
" (p. 31) qui lui fait paraître sa situation plus odieuse encore. Aux chapitres 7 et 8 de cette même partie, Duroy doit faire face
à l'imprévu d'un duel absurde alors que le temps s'était remis au froid : il a peur de la mort et cette peur s'accompagne de ce -
froid glacial - de l'hiver qui " lui mord [it] la chair de la tête aux pieds - (1, 7, p. 190). Le temps du mariage avec Mme
Forestier est celui du printemps, " au commencement de mai " (p. 229) : le départ des nouveaux époux, dans l'allégresse
commune, est placé sous l'heureuse complicité " d'un puissant soleil ". Pour le mariage du nouveau - baron " avec Suzanne,
l'automne offre ses plus belles couleurs : " un jour clair d'automne " " un flot de soleil " inonde et accompagne la réussite
absolue de l'arriviste (p. 407). Le temps s'inscrit ici, au-delà des indications chiffrées, dans son écoulement poétique, ponctué
par les influences saisonnières qui lui donnent, à chaque moment, une couleur différente, gaie, allègre ou triste suivant la
situation.

b) Une vision plus probante, une accentuation des types : Le choix des types sociaux et du thème social l’arrivisme : des
types sociaux femmes comme hommes qui s’allient entre eux pour révéler l’importance de l’arrivisme social et qui
convergent pour accélérer, soutenir et couronner malgré eux l’ascension du plus fulgurant des ambitieux dans une
séduction, émulation, auto-destruction mutuelle qui vise la réussite sociale : « qui se ressemblent s’assemblent »
(Texte « aux critiques de Bel-Ami » de Maupassant)

+ quelques personnages extérieurs à cet arrivisme qui révèlent cette obsession, avancée et cruauté des
personnages sans compromis : Rachel, Laurine, Mme de Walter, les parents de Bel-Ami
7
c) Une vision plus saisissante : pathétique (réussite de Bel-Ami et écrasement des femmes) et une critique de l’époque,
une vision satirique : colonialisme journalisme, politique, finance, bourgeois, parvenus, Paris, condition de la
femme, comportement des hommes…

 Sujet 3 : Dans la préface de son roman Pierre et Jean, Maupassant déclare : « les Réalistes de talent
devraient plutôt s’appeler des Illusionnistes. » Dans quelle mesure le roman Bel-Ami illustre-t-il cette vision
du réalisme ?

 Sujet 4 : Bel-Ami n’est-il qu’un roman critique de son époque ?

I) Un roman critique et satirique : Les lieux, individus, classes sociales et faits critiqués

II) Un roman pathétique et divertissant : Un parcours linéaire et fulgurant + un roman d’action et à


suspens / les relations sentimentales et les conflits / un personnage intriguant, plaisant et attirant

III) Un roman d’illusions : miroir + narcissisme + comédie + révélation / illusion du vrai + doubles / Une
agitation face au néant : la mort, l’intériorité vide du personnage, l’absence d’éthique et l’inanité de
la religion > derrière l’histoire une quête de sens de Maupassant comme double et contraire de Bel-
Ami

8
9

Vous aimerez peut-être aussi