Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Séance 1:
Première heure :
Axes :
I. Une vengeance
1. Une attaque brutale
2. Des compliments
3. Des compliments vite dévalorisés
Dans ce poème, on peut clairement percevoir que Corneille, ayant apparemment été
éconduit par Marquise, semble avoir l'intention de se venger. Son attaque est sans équivoque dès les
premiers vers du poème, établissant ainsi un ton où l'ironie règne en maître, et où le poète se livre à
des moqueries à l'encontre de Marquise.
Bien que l'accusation qui sous-tend le poème puisse être plausible, voire incontestable, il est
indéniable que l'acte de comparer le visage de la personne que l'on souhaite séduire à celui d'un
homme âgé manque de toute forme de courtoisie. La première strophe se conclut sur une critique
frontale et peu délicate : « Vous ne vaudrez guère mieux ». Les termes "charmes usés" qui
apparaissent à la fin de la cinquième strophe reprennent cette image peu flatteuse et dégradante.
Au terme des cinq premières strophes, Corneille décrit sans aucune retenue les effets que le temps
aura sur la beauté de Marquise. Dans cette démarche, Corneille adopte une attitude diamétralement
opposée à la galanterie.
2. Des compliments
Ce poème est un exemple de poésie lyrique, semblable à un poème d'amour traditionnel, où l'on
peut observer plusieurs caractéristiques distinctes :
• L'utilisation des pronoms "je" (pour le poète), "vous" (pour Marquise) et "nous," créant ainsi
une atmosphère intime et personnelle.
• Un fort champ lexical des émotions, avec des mots tels que "adore," "méprisez," "yeux doux,"
"belle Marquise," et "courtise," mettant en évidence les sentiments et les passions qui animent
le poème.
• Une attention particulière à la musicalité du texte, notamment grâce à l'utilisation
d'allitérations en [f], perceptibles dans la deuxième strophe.
Dans la seconde strophe, l'écriture devient plus métaphorique et élaborée, avec des références aux
"roses" et aux "plus belles choses." La femme est finalement glorifiée pour sa beauté, même si le
poète reconnaît sa nature éphémère. Le thème de la beauté est largement exploité dans tout le
poème, et l'emploi du superlatif "plus" exprime des compliments envers Marquise.
La mention de la rose, une métaphore classique en poésie pour évoquer la beauté et la fragilité
féminine, rappelle les poèmes de Ronsard, notamment "Mignonne, allons voir si la rose" et "Quand
vous serez bien vieille." Dans ce dernier, Ronsard essaie de séduire Hélène en lui décrivant les
conséquences possibles d'un rejet de ses avances amoureuses.
Corneille maintient un schéma de rimes alternées, tant féminines (terminant par "e" ou "es") que
masculines, symbolisant ainsi l'harmonie et la complicité entre l'homme et la femme. Cette
alternance est également une référence à la tradition de la poésie amoureuse, influencée par Ronsard
et d'autres poètes.
La beauté féminine est soulignée avec des phrases telles que "Vous en avez qu'on adore," où le
pronom "on" désigne Corneille. Cette évocation peut être interprétée de manière sensuelle. Enfin,
l'adjectif final "belle Marquise" confirme l'évidence de la beauté de la jeune actrice et en fait
presque une partie intégrante de son nom.
Ce poème exprime également la crainte de la fuite du temps, sujet cher aux poètes.
Corneille fait une véritable démonstration avec une stratégie argumentative pour pousser
Marquise à céder à ses avances. Il tente de persuader Marquise en jouant sur les sentiments
(mépris, peur de vieillir). Il tente de la convaincre avec des arguments construits (de nombreux
connecteurs logiques : « si », « comme », « cependant », « mais »…), et il finit par une menace
lorsqu'il est à court d'arguments comme nous le verrons par la suite.
L'immuabilité des choses : il est dans l'ordre cosmique « le cours des planètes » que cette
marche vers la dégradation et la mort soit inexorable. Corneille emploie le présent de vérité
générale avec « règle ».
Le temps est implacable pour tout le monde, comme le montre le chiasme : « On m'a vu ce que vous
êtes / vous serez ce que je suis ». On peut remarquer que c'est le poète qui se trouve aux deux
extrémités de ce chiasme, dans un but d'auto-glorification.
Ce qui est charme aujourd'hui pour l'écrivain sera charme toujours, pour l'éternité. La mort, le
temps ne s'acharnent pas sur l'écrivain ; au contraire « dans mille ans » ces charmes
« pourraient bien durer encore ». Tout le poème est construit autour de cette idée : la beauté
passe mais l'œuvre survit à son auteur, le rendant par cela immortel.
2. Le pouvoir de l'écrivain
Le pouvoir de Corneille sur Marquise : « race nouvelle », « Qu'autant que je l'aurai dit », même
si ces charmes n'étaient pas réels « faire croire ».
Corneille prédit que son succès durera dans le temps, même après sa mort : « Chez cette race
nouvelle / Où j'aurai quelque crédit ». L'avenir lui donnera raison…
Dans cette fin de poème, la situation est inversée car c'est Marquise qui doit courtiser
Corneille, et non plus Corneille qui doit séduire Marquise.
Ainsi, le dernier mot du poème est « moi » (= Corneille), alors que le poème s'ouvrait sur
« Marquise». Ainsi, plutôt que de célébrer la femme courtisée, Corneille se célèbre lui-même !
Deuxième heure :
Soit :
Sujet d’écriture :
—> Imaginez la réponse de Marquise à P. Corneille, que vous pourrez écrire en vers ou en prose.
- Marquise s'adressera directement à P. Corneille, en utilisant le "je" et le « vous"/"tu".
- Elle pourra faire référence très explicitement aux "Stances" qu'il a écrites pour elles afin de
lui dire ce qu'elle en pense.