Vous êtes sur la page 1sur 3

La Bruyère est un moraliste et un auteur classique contemporain du XVIIème

siècle son mouvement est le classicisme . Son inspiration est comparable a celle de La
Fontaine , cependant le genre choisi n’est pas le même . La Fontaine s’inspire de Esope
alors que La Bruyère s’inspire lui de Théophraste pour écrire ses Caractères (1688) . Dans
l’antique Grecque , le « caractère » désignait la marque que l’on tatouait sur la peau des
esclaves fugitifs , cela désigne donc principalement des défauts.
Dans son ouvrage il dresse le portrait de la société bourgeoise dans laquelle il vit en
dénonçant les attitudes excessives de plusieurs personne . C’est le cas dans cet extrait du
chapitre , intitulé « De l’Homme » des Caractères où La Bruyère dépeint l’égoïsme et la
gloutonnerie d’un personnage nommé Gnathon , qui signifie « machoire » en grec
.Comme son prédécesseur grec , La Bruyère s’interroge dans cette série de portraits
satiriques sur les vices et les travers de l’humanité .
Comment fonctionne la satire du moraliste ?
Nous répondrons a cette problématique en 2 parties : tout d’abord , les défauts de
Gnathon , puis le but et la construction du portrait .

Tout d’abord, Gnathon est un homme qui se pense au-dessus des autres et qui en réalité n’a
pratiquement que des défauts .
Gnathon est animalisé ce qui permet d’accentuer la satire.Devant la nourriture Gnathon se
transforme en un animal carnivore qui « manie , remanie démembré , déchiré » la viande .
Cette énumération permet de montrer que le texte prend un ton satirique. L’homme est donc
déshumanisé . Les phrases sont courtes et coupé par de nombreuses virgule ; c’est une
asyndètes.Cela montre qu’il est égoïstes.
L’argumentation est indirecte : « N’agissez pas comme lui ,vous serez ridicules ».On nous
oblige à avoir un regard de dégoût car il fait preuve de « mal propretés dégoutantes » ,;c’est
un groupe nominal péjoratif.Gnathon est un personnage mal élevé qui suscite le dégoût : le
superlatif « capable d’oser l’appétit aux plus affamés » . L’attitude sauvage du personnage
« il mange haut et avec grand bruit » , il y a la comparaison de la table avec « un râtelier » .
Tout ces éléments , donne un portrait peu flatteur de Gnathon qui nous « ôte l’appétit ». La
bruyère utilise la paronomase entre « dégouttent » et « dégoutante » pour nous éloigner du
personnage-animal.
Gnathon incarne l’égocentrisme . Dès la première ligne , nous pouvons voir que Gnathon
est égoïste « Gnathon ne vit que pour soi » , dans cette négation restrictive , on remarque
que son attitude est déplorable. Le groupe nominal «  genre humain » permet de montrer que
le personnage représente à lui seul l’humanité.
Dans ce caractère , c’est au lecteur de faire jouer son raisonnement . A travers ce texte ,
La Bruyère dénonce la société du XVIIé siècles et les vices humaines.

Puis La bruyère dresse le portrait d’un glouton mais aussi l’anti-portrait de l’honnête
homme.
L’intérêt profond du passage , au-delà du « pittoresque » de la situation ,c’est la
manière dont La Bruyère nous fait voir, entendre, presque sentir, Gnathon. L’extrait est
composé de deux phrases, elles-mêmes constituées de propositions plus courtes, souvent
indépendantes juxtaposées, chaque phrase permettant de mettre en lumière un défaut du
personnage. Il y a un enchainement de faits et geste relatés au « présent de narration » ; une
succession de verbes tout cela traduisant la vitalité du personnage.Il y a aucune remarque
personnelle de l’écrivain en revanche et aucun jugement explicite du narrateur qui donne
seulement à voir au lecteur, sans intervenir directement.
A partir de « on le suit à la trace », les phrases très concises immobilisent en quelque
sorte Gnathon : il a tout dans son assiette, il mange ; les phrases sont encore plus courtes ;
l’expression plus dense. « Il mange haut et avec grand bruit » est une sorte de redondance,
mais « manger haut », sur le modèle de « parler haut » fait une image frappante ; et le «
grand bruit » annonce la métamorphose de l’homme en animal ; « il roule les yeux en
mangeant » exprime la convoitise bestiale, un instinct, Gnathon n’est plus maître de lui, il
subit ses pulsions : « la table est pour lui un râtelier » ; nous sommes cette fois avec le «
râtelier » dans le monde animal ; la phrase « il écure ses dents ». Outre l’extrême
malpropreté du geste (il nettoie ses dents avec ses doigts !) fait aussi penser à « l’écurie
(même racine). Est-il besoin de préciser que le « râtelier » désigne aussi un « dentier », et
que l’écrivain joue vraisemblablement ici sur les différents sens des mots (« râtelier » étant
immédiatement suivi de « il écure ses dents »).
L’extrait finit sur une courte indépendante lancée par la conjonction « et » (« et il continue à
manger ») s’achevant par un verbe cité trois fois en trois lignes.
L’obsession de Gnathon, indifférent à tout ce qui n’est pas lui, partout en société comme s’il
était seul, pratiquant l’acte social du repas (ce que nous rappellent les mots «compagnie »,
ceux avec qui on partage le pain, ou « conviés ») comme si les autres n’existaient pas, les
autres étant très symboliquement désignés, en fin d’extrait, par l’indéfini « on ».

Pour conclure , a travers Gnathon ,La Bruyère dresse le portrait satirique d’un
glouton mais surtout le portrait d’un égocentrisme . Gnathon ne tient aucun
compte des règles sociales et fait passer son désir avant celui des autres. Il ne
fait pas appel à sa raison pour résister à sa passion…

Vous aimerez peut-être aussi