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Commentaire littéraire
Ce poème est un regard plein d'autodérision de Victor Hugo, l'homme mûr, sur le jeune
homme encore un peu adolescent qu'il était. Ce poème est fait pour faire sourire le lecteur.
Le poème raconte tout simplement une histoire d'amour qui n'a pas eu lieu. Hugo
dresse le portrait de deux personnages qui n'ont rien en commun et pas la maturité : Un
jeune homme et une jeune femme se promènent ensemble dans un bois.
Le chiasme des deux premiers vers « Je ne songeais pas à Rose ; / Rose au bois vint
avec moi ; » montre dès le début du poème la contradiction entre les deux
personnages : Rose s'intéresse au narrateur, mais le narrateur ne pense pas à Rose.
Nous possédons quelques renseignements sur cette dernière : elle se nomme « Rose », sait-
on dès le premier vers, elle a vingt ans (vers 14), le « bras blanc » (vers 20) et le pied
« petit » (vers 27).
Rose :
Plus vieille de 4 ans que le narrateur.
Une description physique plus étendu que celle du narrateur.
- « Droite sur ses hanches » -> assurance
- « Beau bras »
- « Rose… mit… son petit pied dans l'eau pure. » -> prend du plaisir à la promenade.
- « La voyant parfois sourire »
- « Son œil semblait dire : "Après ?" » <- prouve qu'elle dans l'attente de quelque chose de la
part du narrateur. Elle lui envoie des signaux.
Le narrateur :
« j'étais froid comme les marbres »
« je marchais à pas distraits » -> rêveur et non présent dans la scène, il n'est pas présent
mentalement avec Rose.
« l'air morose »
« je ne vis pas… » le narrateur ne reçoit pas les messages de Rose
Le narrateur, Victor Hugo lui-même sans doute, n'a que « seize ans » (vers 13), et semble
mélancolique, peu intéressé par ce qui se passe autour de lui ; il a « l'air morose » (vers 15).
Le contraste entre les deux personnages est flagrant dans les 2 vers « Moi, seize ans, et l'air
morose ; / Elle, vingt ; ses yeux brillaient ». La construction parallèle de ces vers souligne
l'opposition entre les personnages.
Durant toute la promenade, le narrateur parle ; il est le sujet de tous les verbes de parole :
« parler » évidemment (vers 3, régit par un « nous » dans lequel, pour la seule fois du texte,
Rose est intégrée ; vers 7), « dire » (vers 29).
Les propos tenus sont des banalités : « des fleurs, des arbres » (vers 7). Le vers 4
montre que les propos n'ont pas d'importance : « je ne sais plus de quoi [nous parlions]. »
Par ailleurs, le narrateur semble se déplacer sans cesse, puisqu'il est également caractérisé
par des verbes de mouvement, comme « marcher » au vers 6, « suivre » au vers 30 et
« sortir » au vers 34.
Le narrateur est le seul à parler et à ce discours bavard, Rose oppose des regards,
des sourires et des soupirs, mais surtout des gestes (levant sont bras, enlevant sa
chaussure et mettant son pied dans l'eau…). Elle attend que le narrateur la remarque.
-> un narrateur pas du tout dans l'action. Ce qui provoque une réaction chez le narrateur/
écrivain, Victor Hugo qui se moque de lui et de sa jeunesse naïve.
-> Cette incompréhension entre Rose et Hugo (jeune) fait sourire le lecteur.
Ce qui fait sourire c'est la communication ratée entre les deux. Un « quiproquo » à
cause d'une mauvaise interprétation des signes.
Le vers 14 nous dit que « ses yeux brillaient » : c'est parce qu'elle a très envie de séduire le
jeune homme avec lequel elle se trouve. C'est pour cette raison que, sous prétexte de cueillir
une « mûre » à une branche élevée, ou de se rafraîchir, elle montre son bras et son pied
dénudés.
Rose est une jeune fille donc à l'époque elle ne pouvait pas déclarer sa flamme au jeune
homme. Elle fait donc tout pour le lui faire comprendre : elle communique avec le regard, se
met en valeur (montre son bras, trempe son pied…). L'allitération en [p] dans « Son petit pied
dans l'eau pure » imite le bruit du pied tapant sur l'eau pour se faire remarquer.
Enfin quand Rose voit que ça ne marche pas, elle est partagée entre rire de la situation et
l'épuisement. C'est une occasion manquée.
La fin du poème est marquée par la reprise en chiasme des deux premiers vers par les deux
derniers : le vers 35 a pour sujet Rose, comme le vers 2, et le premier ainsi que le dernier
sont consacrés aux pensées (ou aux non-pensées) du jeune homme. Mais ce chiasme se
redouble d'une inversion des négations ; au premier quatrain, c'est le jeune homme
qui « ne [songe] pas à Rose », au dernier c'est Rose qui dit à elle-même « n'y
pensons plus » .
Le poème se termine par le mot « toujours » pour montrer que les regrets du poète seront
éternels.
Le « nous », présent au début du texte, alors que le couple semble encore possible, disparaît
ensuite.
Ce qu'Hugo n'a pas vu à l'époque (la beauté de Rose, ses tentatives de séduction), il le
reconstruit dans le souvenir. Cette reconstruction est exprimée dès le titre par l'antithèse
entre « vieille » et « jeune ». L'écriture permet d'atténuer les regrets.
Victor Hugo nous montre une vision romantique de la nature, berceau d'une idylle ratée.
Le poème donne une voix aux regrets de Hugo, et, écrit des années après les faits qui y sont
racontés, il permet à Hugo d'épancher sur un registre lyrique une douce mélancolie.
Les romantiques aiment les paysages de nature grandiose. Ou bien les tempêtes ou un
paysage qui porte à la rêverie.
Pour eux le paysage traduit l'intérieur des personnages. Il renvoie ce que nous sommes à
l'intérieur.
Hugo montre qu'il est important d'être en harmonie avec la nature. Pour lui la nature nous
parle, à nous de l'écouter.
-> Hugo jeune parle parle mais d'une conversation creuse, contrairement à la nature et à
Rose qui eux ne parlent pas mais expriment beaucoup par leurs gestes.
« Une eau courait, fraîche et creuse, / Sur les mousses de velours » -> invitation à s'arrêter.
3. La chanson poétique
- Ce poème se rapproche de la chanson au sens comique car elle fait sourire. Elle divertit en
opposition aux poèmes moraux, et fait l'éloge de la nature grâce au lyrisme.