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Diana-Lăcrămioara ANTON
Université Alexandru Ioan Cuza, Iași
Faculté des Lettres
Licence, 1 année, Français-Allemand
e
Le poème Sensation a été écrit par Arthur Rumbaud en mars 1870, alors que
l’auteur n’avait que 15 ans. Le poème est publié 25 ans plus tard, en 1895, dans le
recueil Poésies.
Les thèmes de ce poème sont à la fois la liberté et la solidarité, ainsi que le rêve
de l’adolescent de trouver le bonheur parfait, en harmonie avec la nature.
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Arthur Rimbaud est connu pour son adolescence fugue et aventureuse. Le
poème, bien qu’écrit avant ses fugues, préfigure déjà de ses envies. Les verbes au futur
soulignent cette projection : « irai » , « sentirai » , « laisserai » , « parlerai » , « penserai
» , « montera » .
Le titre est écrit au singulier alors qu’on tend plutôt un pluriel. Ce singulier
souligne le besoin de solitude du poète. Il a besoin de partir seul pour communier avec
la nature. Le mot sensation évoque l’éveil des sens, mais aussi l’effet merveilleux et
soudain provoqué par la nature.
Dans le deuxième quatrain, la relation avec la Nature (que Rimbaud écrit avec
une majuscule pour la personnifier ou la déifier, à la manière des romantiques) est
décrite comme une forme d’amour : « Mais l’amour infini me montera dans l'âme ». La
nature est comparée à une femme : « Par la Nature , – heureux comme avec une femme
». Dans cette strophe, l’organisation syntaxique de la phrase vise à produire un rythme
ascendant, qui suggère une montée vers le point culminant dans le dernier vers. Au vers
5, il convient de noter la double expression négative : « Je ne parlerai pas; je ne penserai
rien », qui vise à souligner l’absence de raison. Le vers 6 prolonge le rythme du poème,
le verbe « aller » exprime l’idée d’une intensité croissante. Le verset 7 exprime un désir
d’expansion vers le prochain vers, à réaliser « par la nature ». La dernière phrase du
verset 8 « heureux comme avec une femme » suggère l’ascension de l’état de bonheur
parfait et de plaisir pur, semblable à une communion entre l’homme et la femme.
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Deux sens sont particulièrement sollicités : la vue (« les soirs bleus d’été ») et le
toucher (« picoté par les blés, fouler l’herbe menue », « j’en sentirai la fraîcheur à mes
pieds », « je laisserai le vent baigner ma tête nue »). Cela renvoie aux deux parties du
corps évoquées : les pieds, symboles du contact physique et immanent avec le monde, et
la tête, symboles du lieu des sentiments.
Bibliographie