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Louise Labé (vers 1524-1566) est une poétesse française, surnommée La Belle Cordière, en raison du métier de

cordier de son père puis de son mari. Elle appartient à l’école de Lyon. Éduquée, elle apprend le Latin et
l’Italien et entre en contact avec les milieux humanistes. En 1554, Louise Labé rencontre Olivier de Magny,
poète avec lequel elle engage un dialogue en vers. C’est à lui que s’adresse ce sonnet où elle décrit son
désespoir de ne pas être aimée en retour.

Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés,


Ô chauds soupirs, ô larmes épandues,
Ô noires nuits vainement attendues,
Ô jours luisants vainement retournés !

Ô tristes plaintes, ô désirs obstinés,


Ô temps perdu, ô peines dépendues1,
Ô mille morts en mille rets2 tendues,
Ô pires maux contre moi destinés !

Ô ris3, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !


Ô luth plaintif, viole, archet et voix !
Tant de flambeaux pour ardre4 une femelle5 !

De toi me plains, que tant de feux portant,


En tant d'endroits d'iceux6 mon cœur tâtant,
N'en ait sur toi volé quelque étincelle.

Louise Labé (1524-1566), Sonnet II (1555)

1
Dépendues : dépensées
2
Rets : filets de chasse
3
Ris : rire
4
Ardre : brûler
5
Femelle = femme (rien de péjoratif ici)
6
D’iceux = de ceux-là (renvoie aux « feux » du vers précédent
Questions :

1) Commentez la forme de ce poème. (2 pts)


Nous pouvons voir que ce poème est un sonnet. En effet il est composé de 2 quatrains et de 2
tercets
2) Dans la 1ère strophe, marquez l’hémistiche (//), entourez les e muets et soulignez les e
prononcés (2 pts)
2) Quelle situation amoureuse évoque ce poème ? Justifiez, en vous appuyant notamment sur le
champ lexical dominant. (2 pts)

Ce poème évoque le désespoir de Louise labé, Elle ne sent pas aimée. D’ailleurs on peut voir
l’emploi du champ lexical de la tristesse ( peines triste…)

3) Dans chaque strophe, repérez au moins un procédé (figure de style) et commentez-les (6 pts).
Dans la première et deuxième strophe, il y a une anaphore ( répétition de “Ô” en début de vers
) qui permet d’insister sur le thème principal évoqué dans ce poème ( tristesse, désespoir)
Dans la troisième strophe il y a une énumération des parties du corps d’un homme en ayant
l'objectif d'exagérer sur la beauté d’olivier de magny
et enfin dans la quatrième strophe il y a la personnification du coeur comparé au mouvement
de la main
4) Rédigez une introduction puis une partie du commentaire de ce poème. (8 pts)
Problématique : Comment la poétesse exprime-t-elle l’amour et le désespoir ?
Plan : I. l’expression de l’amour dans le sonnet
II. la plainte amoureuse

Louise labé fait partie des poètes en activité pendant la renaissance. D’ailleurs elle a écrit
plusieurs sonnets parlant de l’amour. Aujourd’hui nous nous sommes intéressé au Sonnet II
écrit en 1555 et qui était destiné à Olivier de Magny. Dans ce sonnet la poétesse évoque à la
fois l’amour et le désespoir. C’est pour cela que nous nous demandons comment Louise Labé
exprime l’amour et le désespoir. Pour répondre à cette problématique nous allons dans un
premier temps parler de l’expression de l’amour dans le sonnet et ensuite nous aborderons la
plainte amoureuse.
Dans ce poème, la poétesse s'adresse aux “ beaux yeux bruns”, aux “regards détournés”...
Elle n’a mentionné aucune personne. C’est ce qui permet aux lecteurs de s’identifier à ce
sonnet. Toutefois, nous pouvons remarquer l’emploi du pronom personnel “toi” dans la dernière
strophe. Nous pouvons comprendre qu’elle s’adresse directement à une personne précise, une
personne ayant “tant de flambeaux pour ardre une femelle” et “ tant de feux portant”: Louise
Labé éprouve des sentiments envers cette personne d’où l’emploi du champ lexical du feu. Elle
a également décrit indirectement la beauté de cette personne à l’aide d’une énumération des
différentes parties du corps, “Ô ris, ô front, cheveux, bras, mains et doigts !”. Elle a souhaité
exagérer la beauté de cette personne qui, malheureusement, représente des“tristes plaintes [ et ]
[des] désirs obstinés”. En effet cette personne n’exprime pas les mêmes sentiments que Louise
Labé. C’est pour cela que ce sonnet est considéré comme une plainte amoureuse.

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