«Elden Ring», des heures de bonne aventure – Libération 06/03/2022 21:06

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de bonne aventure
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Silence on joue ! dossier

Constellé de marais et de créatures, le dernier né du

studio japonais FromSoftware est un «open world»
affûté qui pique sans cesse la curiosité du joueur. «Silence on joue!» le 500e épiso
en public
4 mars 2022

«Inua», un songe en hiver

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«Silence on joue !» «Dying

Light 2», «Inua», «Grapple
Dog»

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«Horizon Forbidden West»,

Dès les premiers pas, on retrouve les bases de «Dark Souls» retour vers le futur
également développé par FromSoftware : des épées, boucliers, arcs
Jeux vidéo 18 févr. 2022 abonnés
et magie pour attaquer. (Bandai Namco Entertainment Inc.)
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et magie pour attaquer. (Bandai Namco Entertainment Inc.)

par Frantz Durupt

publié le 5 mars 2022 à 21h38
Le portrait du jour
Les jeux de FromSoftware ont un pouvoir parfois
inquiétant : celui de se glisser subrepticement sous
la peau du joueur, de se faufiler jusqu’à un coin de
son cerveau et, les jours passant, de virer doucement
mais sûrement à l’obsession. On prend conscience
du phénomène quand, au milieu d’une journée de
travail, surgissent en flash les 50 morts endurées la
veille contre un vieux schnock armé d’un énorme
marteau doré. On ne s’en rend pas compte sur le
coup mais c’est aussi dans ces moments-là, quand se
ressasse en tâche de fond toute la chorégraphie
perverse de ce boss bloquant l’accès à une forteresse
parée de dorures, que l’on progresse dans le jeu. La Dayana et Ivanna Yastremska,
révélation aura lieu le soir venu, quand on le
Présidentielle bleues et jaunes
Politique

International 6 mars 2022 abonnés

terrassera, presque à sa propre surprise, après de
CheckNews Culture
longues minutes d’apnée sur canapé. On n’a jamais
Idées et Débats
Menu la méditation mais on subodore que
pratiqué ALAIN ALAIN HERBELOT
Société Environnement
quelque chose de semblable se trame ici, dans
Economie Lifestyle
l’apprentissage patient et humble des patterns de
Portraits Sports
chaque ennemi, autrement dit de son langage.
Sciences

Osons écrire ici que Sekiro, le précédent jeu du

studio japonais paru en 2019, nous a apporté rien de
moins que du bonheur, et qu’on le pratique encore
aujourd’hui comme d’autres font du yoga.

Ours géants, sorcières et

dragons
Le phénomène se produit à nouveau avec Elden
Ring, jeu-somme portant à incandescence tout ce
que le studio dirigé par Hidetaka Miyazaki, ancien
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que le studio dirigé par Hidetaka Miyazaki, ancien

comptable appartenant aujourd’hui au club encore
restreint des «auteurs» de jeux vidéo, s’emploie à
mettre en œuvre depuis Demon’s Souls. Après ce
coup de maître paru en 2009 sur Playstation 3, la
formule – des œuvres brutales au romantisme
morbide, volontiers obscures et punitives – a été
soigneusement affûtée, de suites (la trilogie Dark
Souls) en variations (Bloodborne, Sekiro). De prime
abord, Elden Ring se montre fidèle à la tradition.
Comme souvent chez FromSoftware, l’histoire
tourne autour d’une soif de pouvoir délirante ayant
semé la désolation, avec cette fois – argument
marketing – un apport supposé de l’écrivain George
R. R. Martin (Game of Thrones) à l’arrière-plan
scénaristique. Dès les premiers pas, on retrouve les
bases de Dark Souls : des épées, boucliers, arcs et
magie pour attaquer ; des roulades et des parades
placées selon un timing serré pour se défendre. Puis
le jeu révèle rapidement le pourquoi de son
existence lorsque, passé le tutoriel dans une grotte,
le joueur découvre le panorama d’une vaste contrée
qu’il pourra explorer à sa guise, avant que ce premier
espace n’en ouvre un autre encore plus vaste : une

terre de dark fantasy constellée de châteaux, de

marais et de bosquets, peuplée d’ours géants, de
sorcières, de dragons déboulant du ciel ou de
créatures surgissant des tréfonds d’une montagne.

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Les reliefs, la végétation et les édifices incitent le

joueur à se hasarder dans des recoins sombres.
(Bandai Namco Entertainment Inc.)

Elden Ring est donc un open world, ce qui est une

banalité apparente tant le genre domine la
production vidéoludique depuis près de quinze ans,
mais en réalité un tour de force compte tenu de la
conception habituelle du level design chez
FromSoftware. Comment concilier les subtiles
intrications qui président à l’élaboration de niveaux
dont on doit se fabriquer mentalement une carte
avec la mise en place d’un vaste territoire dans
lequel le joueur pourra se repérer et circuler sans
difficulté ? Le studio y répond en nous dotant d’une
carte sommaire, qu’il conviendra d’annoter en
permanence, et d’un canasson qui ouvre l’espace et
autorise à se perdre dans les confins du jeu dès les
premières minutes. Ce choix de game design a pour
conséquence immédiate – et notable, compte tenu
des débats suscités par la difficulté des jeux du
studio – de rendre Elden Ring plus accessible (à
défaut d’être plus facile) que ses prédécesseurs. Face

à un ennemi récalcitrant, s’offre toujours la

possibilité de prendre la tangente et de s’aventurer
ailleurs, pour explorer, s’endurcir, avant de revenir
plus capé.

Pur terrain de jeu

La référence revient déjà partout, mais on ne peut
pas jouer à Elden Ring sans penser à Zelda : Breath of
the Wild tant les deux œuvres partagent une
approche similaire de l’environnement, conçu à la
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approche similaire de l’environnement, conçu à la

fois comme un territoire organique saisissant de
naturel et comme un pur terrain de jeu tout entier
dédié à l’émergence de situations ludiques. Comme
dans le chef-d’œuvre de Nintendo, qui s’était lui-
même emparé de quelques mécaniques à la Souls,
une bonne part de l’exaltant sentiment d’aventure
que procure Elden Ring provient de la façon dont le
décor pique perpétuellement la curiosité du joueur,
la manière qu’ont les reliefs, la végétation et les
édifices de lui parler et de l’inciter à se hasarder
dans des recoins sombres, des fois que des ruines
abandonnées ne dissimulent l’entrée d’une
catacombe. Il y a quelque chose d’émouvant à
observer ce cousinage entre deux œuvres et deux
studios qui semblent vouloir, jeu après jeu,
cheminer à respectueuse distance.

Elden Ring, de FromSoftware, sur PC et consoles

Xbox et PlayStation. Disponible depuis le 25 février.

Silence on joue !

© Libé 2022

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