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PA U L DAV I D T R I P P

C’est le livre le plus important que j’ai lu cette année.


Il est à la fois théologique et pratique. PA U L DAV I D T R I P P
Je suis tellement heureux de l’avoir lu,
mais j’aurai aimé le lire il y a vingt ans.
— Francis Chan
Auteur de Crazy Love* et Toi et moi pour toujours

La corvée de linge, la préparation des repas, les trajets pour


emmener les enfants au sport, la recherche des meilleures
ÊTRE PARENTS

ÊTRE PARENTS
punitions possibles pour qu’ils arrêtent enfin de faire toujours
les mêmes bêtises… Beaucoup de parents se sentent perdus. Il
semble y avoir une pression constante d’être le parent parfait.
Nous perdons si vite de vue notre objectif ultime en ne cherchant
que des outils, des astuces ou des formules toutes faites. P R I N C I P E S B I B L I QU E S
Dans ce livre inspirant, Paul Tripp nous aide à saisir les vrais qui transformeront votre famille
enjeux du rôle de parent selon Dieu. Il aborde 14 principes
bibliques fondamentaux pour nous montrer que nous avons
besoin d’autre chose que la dernière stratégie à la mode ou
une liste de techniques. En fait, nous avons besoin de la grâce
de Dieu. Cette grâce qui a la capacité de modeler nos coeurs,
forger notre vision et nous armer de courage.
Nous serons libérés de ce « devoir » de fabriquer nous-mêmes
un changement profond dans le cœur de nos enfants. Notre rôle
de parents prendra alors du sens, nos objectifs seront clairs et
notre joie sera encore plus grande !

*amour fou

Paul David Tripp est pasteur, conférencier


et auteur d’Un appel dangereux.
Avec sa femme Luella, ils ont quatre enfants.

17,90€
ISBN 978-2-36249-430-7

9 782362 494307
« C’est le livre le plus important que j’ai lu cette année. Il est à la fois pratique
et théologique, un équilibre rare dans les livres sur l’art d’être parent. Pen-
dant des années, les gens m’ont demandé d’écrire un livre sur ce sujet. Après
avoir lu celui-ci, je suis persuadé que je ne pourrais pas faire mieux. Je suis
tellement content d’avoir lu ce livre, mais j’aurais aimé pouvoir le lire il y a
vingt ans. Après avoir lu Être parents j’étais déchiré. D’une part, j’avais envie
de m’asseoir et de pleurer, de confesser mes nombreux échecs en tant que
parent. Mais d’autre part, je voulais crier de joie pour ce formidable outil qui
me permet aujourd’hui de devenir un meilleur père. »
Francis Chan
Auteur des best-sellers Crazy Love et Dieu Oublié.

« Ce livre peut bouleverser votre manière de voir votre rôle de parent – et


surtout de l’accomplir ! Par défaut, tous les parents ont tendance à se perce-
voir (sans se l’avouer) comme les propriétaires de leurs enfants. Tripp les invite
à devenir plutôt les ambassadeurs de Christ au sein du foyer familial. C’est
un véritable changement de paradigme qu’il propose sur la base de l’Évan-
gile. Il applique avec doigté la grâce de Dieu manifestée en Jésus-Christ à la
vie des parents aussi bien qu’à celle de leurs enfants. Laura et moi sommes
reconnaissants pour cet auteur – l’un de nos préférés – et en particulier pour
cette contribution qui nous aide à progresser en tant que parents. Les vérités
que contienne ce livre sont libératrices. Une bouffée d’air frais pour tous les
parents chrétiens ! »
Dominique Angers
Père de 3 enfants, professeur à la Faculté de Théologie Évangélique
(Université Acadia, Montréal) et blogueur sur le site toutpoursagloire.com

« Je ne peux que vous recommander vivement ce livre. Il est tout simple-


ment exceptionnel. C’est du grand Paul Tripp. Il nous montre une vraie vue
d’ensemble de la vie en Christ et il n’hésite pas à rentrer dans les détails de ce
que signifie marcher dans la foi par la grâce. Ce manifeste de Tripp va plus
loin que simplement notre devoir de parents, il y parle du privilège qui est
le nôtre d’être les ambassadeurs de Jésus-Christ auprès de nos enfants. Les
parents de tous horizons et cultures peuvent bénéficier de l’appel de Tripp
à vivre à la lumière de la grâce et de l’espérance que nous avons en Jésus. »
Gloria Furman
Blogueuse et co-auteure du Ministère féminin centré sur la Parole
« Le moment est arrivé, mes prières ont été entendues. Je suis profondément
reconnaissant pour la traduction de cet ouvrage qui est déjà une référence en
matière de parentalité. Être parents n’est pas un livre de plus sur ce sujet à la
mode des méthodes d'éducation de nos enfants ; parce qu’il aborde le sujet
par le bon bout. À sa lecture j’ai été tour à tour ému dès la première page,
repentant (page 34), enthousiasmé, reconnaissant, ... Et j’ai beaucoup de joie
en pensant aux familles qui vont profiter de la compréhension profonde de
l'Évangile de l’auteur. Puissions-nous laisser Dieu l'Esprit renouveler notre
intelligence de parents chrétiens, pour devenir justes et saints, comme la puis-
sance de l'Évangile nous le permet. Et pour élever une génération d’ado-
rateurs, attristés par leur péché et émerveillés par la grâce qui est en Jésus-
Christ ; à la gloire du Père. »
Franck Godin
Disciple de Jésus, papa de 4 (5) enfants,
blogueur TPSG, pasteur à l'Église Les 2 Rives à Toulouse

« Qu’est-ce que Dieu attend de moi, en tant que parent ? Est-ce uniquement
d’enseigner l’obéissance à mes enfants et de leur inculquer des valeurs chré-
tiennes ? Paul Tripp nous donne de contempler l’extraordinaire plan de Dieu
pour la famille. En abordant le quotidien du parent de manière honnête mais
pleine de l’espérance de la Bonne Nouvelle, il élargit notre champ de vision
et explore la grande mission que Dieu nous confie : être ses ambassadeurs
auprès des petits disciples qui vivent sous notre toit.
Ce livre a profondément changé la façon dont je considère mes enfants, leurs
véritables besoins, et mon appel auprès d’eux. Non, je ne peux pas changer
le cœur de mes enfants, mais quel privilège d’être un outil entre les mains de
Celui qui le peut ! »
Loanne Procopio
Maman d'un grand Jack et d'une petite Zadie, épouse d'un pasteur-implanteur,
membre du comité d'organisation de Chrétiennes Engagées

« Paul Tripp nous ramène constamment à la puissance de vie de l’Évangile


et à la grâce sans faille de Dieu. Être parents est l’un des plus grands défis qui
soient, et Paul nous dirige vers LA chose qui peut faire la différence : une
vraie et profonde rencontre avec le Dieu vivant. »
Toby Mac
Artiste hip-hop, producteur musical et auteur-compositeur
« Ce livre arrive exactement au bon moment pour moi. Ma femme et moi nous
sommes parents de quatre enfants âgés de moins de cinq ans, et nous avons be-
soin d’aide ! Il est facile de trouver des livres expliquant aux parents comment
améliorer le comportement de leurs enfants, mais le livre de Paul Tripp va bien
au-delà de cela ; il emmène le lecteur à la source du problème : notre cœur.
Si nous comprenons le cœur de nos enfants et que nous avons une vraie com-
préhension de l’Évangile, alors nous pouvons être des parents comme Dieu l’a
voulu. Paul Tripp a écrit un livre simple, mais profond. Parents, il faut que vous
le lisiez dès maintenant. Vous en serez indéniablement bénis. »
Webb Simpson
Golfeur professionnel, Champion 2012 de l’US Open.

« Le propos de Paul David Tripp n’est pas de nous donner la dernière tech-
nique à la mode, ou d’utiliser les neuro-sciences pour mieux contrôler le
comportement de nos enfants. Bible en main, il nous montre le plan de Dieu
qui fait des nous des ambassadeurs (incompétents) pour le représenter auprès
de nos titous. En chemin, l’auteur nous montre aussi comment Dieu veut
utiliser les situations d’éducation de nos enfants pour nous faire grandir nous,
les parents, dans notre compréhension de cette grâce qui sauve, pardonne,
délivre et transforme au quotidien ! »
Mathieu Fuzier
Responsable Produit, père de 5 enfants (de 5 à 17 ans)

« Lorsque nous parlons du lieu privilégié pour former des disciples, nous
pensons très rapidement à l’église locale. Lorsque nous pensons aux per-
sonnes que nous pourrions former ou accompagner dans la vie chrétienne,
nous pensons naturellement à ce voisin qui vient de se convertir, ou cette
jeune chrétienne qui vient d’arriver dans l’église. Est-ce mal ? bien sûr que
non. Est-ce réducteur ? je crois que Dieu nous le rappelle au travers de l’écri-
ture de Paul David Tripp.
Ce livre possède à mon sens un équilibre divin dans le rappel théologique
de qui nous sommes en tant que parents et dans l’encouragement pratique
de ce que nous devrions être en tant que chrétien auprès de nos enfants.
L’auteur ne se limite pas seulement à nous rappeler les versets « de base » de
notre rôle de parent, mais prend une perspective plus large : celle qui met
en lumière notre cœur faible et idolâtre d’être humain, mais surtout celle qui
nous montre comment Christ peut nous transformer pour être des ambassa-
deurs de notre Sauveur et Seigneur. »
Samuel Laurent
Père de 3 enfants, psychologue et conseiller biblique
ÊTRE PARENTS
PA U L DAV I D T R I P P

Ê T R E   PA R E N T S
P R I N C I P E S B I B L I QU E S
qui transformeront votre famille
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Parenting: The 14 Gospel Principles That Can Radically Change Your Family
• Paul David Tripp
© 2016 • Paul David Tripp
Publié par Crossway, un ministère de Good News Publishers
1300 Crescent Street • Wheaton, IL 60187 • USA
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Être parents : 14 principes bibliques qui transformeront votre famille
• Paul David Tripp
© 2018 • BLF Éditions • www.blfeditions.com.
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Traduction : Antoine Doriath


Couverture : Josh Dennis
Mise en page : BLF Éditions
Impression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Segond 21 Copyright © 2007 Société biblique de Genève.
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.
Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage.
Les autres versions sont indiquées en abrégé de la manière suivante : La Bible
du Semeur (BDS), la Colombe (COL), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Nouvelle
Édition de Genève (NEG).
Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

ISBN 978-2-36249-430-7 broché


ISBN 978-2-36249-431-4 numérique

Dépôt légal 4e trimestre 2018


Index Dewey (CDD) : 248.8
Mots-clés : 1. Parents. Famille.


Aux membres de l’équipe qui s’est associée à moi
pour accomplir ce que Dieu m’a appelé à faire.

Parce que vous aimez Dieu,


parce que vous vous dévouez à son appel,
parce que vous êtes plus intelligents que moi,
je suis continuellement béni par votre travail
et libéré pour accomplir le mien.
TABLE DES MATIÈRES

Introduction ............................................................................................ 13

1  UN APPEL ....................................................................................... 27
Principe : Rien n’est plus important dans votre vie
que d’être un instrument de Dieu pour façonner une âme humaine.

2  LA GRÂCE ...................................................................................... 43
Principe : Dieu ne vous confie jamais une tâche
sans vous équiper pour que vous puissiez l’accomplir.
Il ne vous envoie jamais sans vous accompagner.

3  LA LOI .............................................................................................. 59
Principe : Vos enfants ont besoin de la loi de Dieu,
mais vous ne pouvez pas demander que la loi fasse
ce que seule la grâce peut accomplir.

4  NOTRE INCOMPÉTENCE ............................................................... 75


Principe : Pour bien assumer le rôle de parent,
il est essentiel de discerner ce que vous n’êtes pas capable d’accomplir.

5  VOTRE IDENTITÉ ............................................................................ 91


Principe : Si en tant que parent, vous ne vous reposez pas
sur votre identité en Christ, vous la rechercherez dans vos enfants.

6  UN PROCESSUS .......................................................................... 109


Principe : Vous devez cultiver une vision à long terme
de votre engagement parental, car le changement
n’est pas un événement, mais un processus.

7  ILS SONT PERDUS ....................................................................... 125


Principe : En tant que parent, vous ne vous intéressez
pas seulement au mauvais comportement, mais à ce qui le provoque.
8  L'AUTORITÉ ................................................................................... 143
Principe : La question de l’autorité est un des sujets
les plus importants en lien avec le cœur des enfants.
L’un des fondements de l’éducation parentale consiste à enseigner
et à illustrer par l’exemple la beauté protectrice de l’autorité.

9  LA FOLIE ....................................................................................... 159


Principe : La folie intérieure de l’enfant est plus dangereuse
pour lui que les tentations extérieures. Seule la grâce de Dieu
a le pouvoir de sauver les insensés.

10  LE CARACTÈRE ........................................................................... 177


Principe : Tout le mal que votre enfant fait
n’est pas systématiquement le fruit d’une rébellion ouverte
contre l’autorité ; c’est souvent le produit
d’une défaillance de son caractère.

11  DE FAUX DIEUX ........................................................................... 193


Principe : Vous éduquez un adorateur ;
il importe donc de vous rappeler que ce qui domine le cœur
de votre enfant inspirera son comportement.

12  LE CONTRÔLE .............................................................................. 211


Principe : L’objectif de l’éducation parentale n’est pas le contrôle
du comportement, mais la transformation du cœur et de la vie.

13  LE REPOS .................................................................................... 231


Principe : Seul le repos dans la présence et la grâce de Dieu
fera de vous un parent joyeux et patient.

14  LA MISÉRICORDE ....................................................................... 251


Principe : Aucun parent n’accordera mieux sa miséricorde que celui qui
est convaincu qu’il en a désespérément besoin lui-même.

Index des références bibliques ............................................................. 271




Introduction

DES AMBASSADEURS

Votre maison est toujours bruyante, et jamais aussi propre que


vous le souhaiteriez ; cela fait bien longtemps que votre mari et
vous n’êtes plus sortis à deux ; une fois de plus, vous avez pris
du retard et le linge sale s’est entassé tout autour de la machine
à laver ; vous constatez que rien n’est prêt pour le repas ; vous
avez dû à nouveau intervenir pour régler une dispute entre vos
enfants ; l’emploi du temps de la semaine est impossible à tenir ;
les dépenses en cours semblent supérieures aux rentrées d’argent ;
autour de vous, personne ne semble content ; vous vous sentez
épuisée et pas du tout valorisée.
Au beau milieu de toutes ces activités parentales sans fin, de
nombreux parents se sentent perdus. Ils font quantité de choses,
beaucoup de bonnes choses, mais ils ne savent pas pourquoi. Ils
se sont laissés dévorer par le train-train quotidien de leur rôle de
parents, et ils ne savent plus ce à quoi ils travaillent ni ce qu’ils
sont en train de construire. Ils aiment leurs enfants mais ne com-
prennent pas comment ces petits peuvent ainsi provoquer en eux
tant d’irritation et de frustration. Les tâches ingrates qu’ils doivent
accomplir jour après jour se réduisent avec le temps à un catalogue

13
Ê T R E P A R E N T S

sans fin d’obligations sans intérêt qui les empêchent d’avoir une vue
d’ensemble sur le sens et la raison d’être de ce qu’ils font.
Alors que je parcours le monde pour parler de parentalité, je
rencontre des milliers de parents épuisés qui me demandent de
leur proposer des stratégies plus efficaces dans tel ou tel domaine.
Ce dont ils ont réellement besoin, c’est d’une vision globale de la
parentalité qui leur permette de donner du sens à tout ce que Dieu
les appelle à accomplir en tant que parents, de les guider et de les
motiver durablement. Si vous ne voulez pas simplement « réussir
à vous en sortir » dans votre rôle de parent, mais cultiver une
vision et la poursuivre avec joie, il vous faut autre chose qu’un
manuel vous indiquant comment, en sept étapes, résoudre tel ou
tel problème. Vous avez besoin de prendre de la hauteur et de voir
le projet auquel Dieu vous appelle. Vous avez besoin d’une vision
globale de la parentalité centrée sur l’Évangile. Une telle vision ne
donnera pas seulement un sens à vos tâches, mais elle changera
profondément votre manière de les concevoir.
Oui, vous avez bien lu. Je suis profondément convaincu que ce
qui fait le plus défaut à notre parentalité chrétienne, c’est de ne pas
avoir intégré les grandes perspectives et principes de l’Évangile
de Jésus-Christ. Ces perspectives et principes sont fondamentaux,
mais ils ne coulent pas de source. Ils ne nous sont tout simplement
pas naturels, mais ils sont pourtant essentiels pour devenir ce
que vous êtes censés être, et faire ce que vous êtes censé faire en
tant que parent. Si vous éduquez vos enfants à partir de ce que
l’Évangile dit de Dieu, de vous-même, de votre monde, de vos
enfants et de la grâce divine, non seulement vous aborderez votre
parentalité d’une façon radicalement nouvelle, mais vous porterez
le poids de l’éducation parentale d’une manière toute différente.
Mais je dois ici faire preuve d’honnêteté. J’ai déjà écrit un
premier ouvrage sur l’éducation parentale (Age of opportunity), et
j’avais dit et répété que je n’en écrirais pas d’autre. Or, c’est exac-

14
D E S A M B A S S A D E U R S

tement ce que je suis en train de faire ! Pourquoi ? En écoutant les


gens me raconter comment ils avaient utilisé mon premier ouvrage
dans la vie de leurs adolescents, je me suis senti de plus en plus mal
à l’aise. Je n’arrêtais pas de me dire : « Non, ce n’est pas exactement
cela », « Non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire » ou « Non, il y a
quelque chose qui manque ici. » Il m’a fallu un certain temps, mais
j’ai finalement compris que ce qui me troublait dans ces conversa-
tions et ce qui manquait aux parents, c’était l’Évangile qui était le
fondement de tout ce que j’avais écrit. Avec les encouragements de
l’éditeur, j’ai donc décidé d’écrire un livre sur l’éducation parentale,
mais pas un livre comme les autres. Pas un livre qui donne des
stratégies pratiques pour accompagner les enfants au cours de leurs
différents étapes de développement. Pas un livre qui donne des
listes d’étapes à franchir pour gérer les problèmes que rencontrent
tous les parents. Je voulais que ce soit un livre de réorientation. Un
livre qui vous propose une nouvelle façon de penser et de réagir à
tout ce qui se présente à vous en tant que parent. Cet ouvrage est
conçu pour vous donner une vision, une motivation, des forces
renouvelées et le repos du cœur dont tout parent a besoin. Je l’ai
écrit pour vous donner une vision globale centrée sur l’Évangile de
la tâche à laquelle votre Sauveur vous appelle.

PERDU AU BEAU MILIEU DE VOTRE PROPRE


HISTOIRE D’ÉDUCATION PARENTALE
Cette vision globale commence par une connaissance de quel
parent vous êtes. Il ne s’agit pas de connaître votre nom, votre
adresse et votre numéro de sécurité sociale, mais de savoir qui
vous êtes par rapport à qui est Dieu, par rapport au sens de la vie
et par rapport à ce que sont vos enfants. Si vous ne cultivez pas
une perspective juste de « qui vous êtes », vous passerez à côté de
la nature profonde de ce que Dieu vous appelle à accomplir, et vous
ferez des choses qu’aucun parent ne devrait faire.

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Ê T R E P A R E N T S

Je crains que souvent la confusion et les dysfonctionnements


de la parentalité soient dus au fait que les parents abordent leur
rôle sous l’angle de la propriété. Ce sentiment est rarement
exprimé et souvent inconscient, mais il fausse la perspective du
rôle parental : « Ces enfants m’appartiennent ; je peux donc les
éduquer comme bon me semble. » Certes, les parents ne l’exprime-
raient pas ainsi, mais c’est pourtant la perspective que la plupart
d’entre nous adoptons inconsciemment. Sous la pression de
responsabilités écrasantes, d’un calendrier plus que chargé, nous
perdons de vue la raison d’être de la parentalité. Nous estimons
que nos enfants nous appartiennent, ce qui nous amène à nous
engager dans des actions à court terme, inutiles à long terme.
Actions souvent intuitives, plutôt qu’orientées vers un objectif
précis, et étrangères au grand, sage et magnifique projet de Dieu.
Une parentalité propriétaire n’est pas vraiment égoïste, abu-
sive ou destructrice. Elle implique toutefois un glissement subtil
de nos pensées et motivations et nous place sur une trajectoire
éloignant progressivement notre parentalité du dessein divin.
Ce glissement est subtil parce qu’il se produit au cours des petits
moments ordinaires de la vie familiale — des moments tellement
fugaces et insignifiants que les acteurs présents n’ont absolument
aucune conscience du mouvement qui vient de s’opérer. Or, ces
glissements sont d’autant plus significatifs qu’ils ont lieu lors de
petits moments insignifiants, ces moments qui, en réalité, défi-
nissent notre parentalité. Seule une infime partie de notre édu-
cation parentale s’exprime au cours de ces événements majeurs
de nos vies qui bousculent notre existence. L’éducation parentale
s’exprime à tout moment, lorsque nous ne prêtons pas une réelle
attention à ce qui se passe autour de nous, et que nous sommes
confrontés à des situations que nous n’imaginions pas devoir
aborder ce jour-là. C’est ce cycle constant des petits moments
imprévus qui constitue l’atelier dans lequel se façonne l’âme de
notre parentalité.

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D E S A M B A S S A D E U R S

Une parentalité propriétaire est motivée et façonnée par ce que


les parents veulent pour leurs enfants et par ce qu’ils attendent de
leurs enfants. Elle est inspirée par la vision de ce que nous voulons
que nos enfants soient et par ce que nous attendons d’eux en retour.
(J’y reviendrai plus en détail ultérieurement.) Cette approche nous
paraît logique, donne l’impression d’être juste, et donne quelques
bons résultats ; mais, fondamentalement, elle est mal orientée et
mal dirigée, et elle ne produira pas ce que Dieu attend dans la vie
de ceux qu’il a confiés à nos soins. Et voilà, ça y est, je l’ai dit !
Une bonne parentalité, celle qui accomplit ce que Dieu désire
qu’elle accomplisse, commence toujours par reconnaître fonda-
mentalement et humblement qu’en réalité nos enfants ne nous
appartiennent pas. Chaque enfant dans chaque foyer à travers la
terre tout entière appartient à celui qui l’a créé. Les enfants sont la
propriété de Dieu (voir Psaumes 127 : 3) pour l’accomplissement
de son dessein. Cela signifie que le projet de Dieu pour les parents
c’est qu’ils soient ses représentants dans la vie de ces êtres qu’il a
formés à son image et confiés à leurs soins.
Le terme que la Bible utilise pour désigner cette fonction
intermédiaire est celui d’ambassadeur. C’est vraiment le mot
qui convient parfaitement pour décrire ce que Dieu appelle les
parents à être et à faire. L’ambassadeur qui tient à conserver
son emploi ne fait qu’une seule chose : représenter fidèlement
le message, les méthodes et le caractère du chef qui l’a envoyé.
Il n’est pas libre de penser, de parler et d’agir de façon indé-
pendante. Tout ce qu’il fait, toute décision qu’il prend et toute
interaction dans laquelle il s’engage doivent tenir compte d’une
seule question : « Quels sont la volonté et le projet de celui qui
m’a envoyé ? » L’ambassadeur ne défend pas ses propres intérêts,
sa vision personnelle des choses, ni son propre pouvoir. Tout
ce qu’il fait, il l’accomplit en tant qu’ambassadeur, sinon, c’est
qu’il a oublié qui il est, et il ne conservera pas sa position bien
longtemps.

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Ê T R E P A R E N T S

L’éducation parentale est une tâche d’ambassadeur, du début à


la fin. Elle ne peut pas être façonnée et orientée par un intérêt ou
besoin personnel, ou par une orientation culturelle. À travers le
monde entier, tout parent est appelé à reconnaître qu’il est placé
sur la terre à un moment particulier et dans un endroit particulier
pour accomplir une et une seule chose dans la vie de ses enfants.
Et quelle est cette seule chose ? C’est la volonté de Dieu. Voici ce
que cela signifie concrètement : la question au cœur de la paren-
talité n’est pas « Que voulons-nous pour nos enfants ? » ou « Que
voulons-nous de nos enfants ? » mais bien plutôt « Qu’est-ce que
Dieu, dans sa grâce, envisage de faire au travers de nous dans nos
enfants ? » Perdre cet objectif de vue aboutit à développer avec nos
enfants une relation qui n’est ni fondamentalement chrétienne ni
une véritable parentalité, parce qu’elle s’est davantage intéressée
à notre propre volonté et à notre propre façon de faire qu’à la
volonté et à la manière d’agir de notre Roi sauveur souverain.
Mais je dois vous avouer d’emblée que je suis loin de faire ce
que j’écris ! J’aime être le commandant, j’aime être le propriétaire,
et j’aime que ma volonté soit faite sur la terre comme celle de Dieu
est faite au ciel ! J’ai souvent traité mes quatre enfants (qui sont
adultes maintenant) comme s’ils étaient ma propriété. J’ai souvent
souffert de la schizophrénie qui peut atteindre un ambassadeur,
c’est-à-dire que j’ai parfois perdu la raison, j’ai repris les rênes de
l’éducation parentale, et j’ai fait ce que je n’aurais pas dû faire. J’ai
souvent été un piètre exemple de soumission joyeuse à la volonté
de Dieu. J’ai souvent été davantage poussé par la crainte que par
la foi. J’ai souvent aspiré davantage à un résultat rapide qu’à une
transformation durable. J’ai parfois oublié qui j’étais, perdu la
raison et fait des choses insensées ou qui, du moins, n’étaient
pas très utiles.
Je vais vous demander maintenant d’être honnête et d’ad-
mettre que vous êtes comme moi. Lorsque vous vous trouvez
au beau milieu de tâches que vous répétez constamment dans le

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D E S A M B A S S A D E U R S

cadre de votre rôle de parent auprès des enfants qui ont été confiés
à vos soins, vous aussi, vous vous égarez parfois et vous oubliez
qui vous êtes. Il y a des moments où vous perdez la tête. Il vous
arrive parfois de dire et de faire des choses qui ne sont pas utiles,
ou franchement pas en phase avec votre rôle d’ambassadeur.
Après avoir, pour la énième fois aujourd’hui, tenu votre dis-
cours solennel sur l’importance d’aimer son prochain, vous
vous êtes enfin installé confortablement dans votre fauteuil au
salon. Vous êtes plutôt fier de la manière dont les choses se sont
déroulées. Vous allumez votre iPad. Avant même d’avoir eu le
temps de lancer votre application préférée, des éclats de voix
vous parviennent à l’oreille. Ils semblent provenir de la chambre
dont vous êtes sorti il y a à peine quelques minutes. Ce n’est pas
possible ! Vous êtes fatigué et vous le prenez personnellement.
Vous avez très envie de jeter votre iPad par la fenêtre, mais vous
savez que si vous le faites, il y aura de la casse ! Vous aimeriez
tellement que cette folie cesse immédiatement afin de pouvoir
jouir d’un petit moment de tranquillité. Certes, vous ne regrettez
pas d'avoir eu des enfants, mais à cet instant précis, vous souhai-
teriez qu’ils ne soient pas vos enfants ! Vous êtes en colère et sur
le point de perdre votre sang-froid, oubliant qui vous êtes et ce
que vous êtes appelé à faire. L’émotion vous pousse à aller dans
le couloir, et cette émotion, ce n’est pas l’amour. Quelque chose
vous pousse à agir, et ce quelque chose, ce n’est pas la grâce. Vous
vous retrouvez dans la chambre en train de hurler sans même
vous rendre compte que vous avez quitté votre fauteuil au salon.
Vous parlez, mais vous ne réfléchissez pas. Vous réagissez, mais
ce que vous faites n’est pas de l’éducation parentale. Vous énoncez
toute une série de sanctions qui vont tomber, sanctions que vous
serez obligé plus tard d’appliquer. Vous menacez de conséquences
encore pires si vous deviez vous déplacer une fois de plus ! Vous
quittez la pièce en marmonnant que vous n’auriez jamais eu l’idée
d’agir ainsi quand vous aviez leur âge. Vous vous affalez dans

19
Ê T R E P A R E N T S

le fauteuil, reprenez votre iPad, vous ouvrez enfin l’application,


mais votre esprit est ailleurs, car vos émotions se bousculent en
vous. « Qu’est-ce que je devrais faire pour qu’ils m’écoutent et
qu’ils m’obéissent une fois pour toutes ? », vous demandez-vous
alors que vos émotions se calment lentement. Vous vous sentez
un peu coupable, et c’est pourquoi vous essayez de vous persuader
que vos enfants le méritaient.
Qui de nous n’est pas passé par là ? Quel parent peut jeter un
regard sur les jours, semaines, mois et même années passés avec ses
enfants sans éprouver le moindre regret ? C’est très important de
reconnaître humblement à quel point une parentalité d’ambassa-
deurs ne nous vient pas naturellement. Nous devons nous rappeler
que seul Dieu, dans sa grâce merveilleuse, peut nous venir en aide.
Naturellement, le péché fait de nous tous des propriétaires plus
que des ambassadeurs. Le péché nous rend tous plus exigeants que
patients. Le péché nous fait tous considérer plus naturellement la
sanction que la grâce. Le péché nous fait tous plus facilement voir
le péché, les faiblesses et les lacunes des autres, et d’en être affligés,
au lieu de voir les nôtres et de nous en lamenter. À cause du péché,
il nous est plus facile d’interpeller quelqu’un que de lui prêter une
oreille attentive. Tout cela revient à dire ceci : ce qui fait obstacle
à notre vocation de parents-ambassadeurs, c’est finalement nous-
mêmes ! Le confesser humblement est la première étape sur le
chemin de notre fonction d’ambassadeurs.

PROPRIÉTAIRE OU AMBASSADEUR ?
Peut-être êtes-vous en train de penser : « Paul, je ne crois pas
traiter mes enfants comme s’ils étaient ma propriété. Je pense
servir Dieu dans la vie de mes enfants, mais je n’en suis pas tout à
fait sûr. » Alors, je veux vous aider. Commençons par reconnaître
que peu de parents se comportent uniquement en propriétaires ou
uniquement en ambassadeurs. Pour la plupart d’entre nous, vivre

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D E S A M B A S S A D E U R S

une parentalité de propriétaire ou une parentalité d’ambassadeur


exige un combat quotidien qui se joue sur le terrain de notre
cœur. Nous sommes quotidiennement tiraillés entre ce que nous
voulons et ce que Dieu veut. Nous sommes constamment poussés,
d’un côté par ce que nous estimons être meilleur, et de l’autre par
ce que Dieu déclare être meilleur. Nous sommes parfois beaucoup
trop influencés par les valeurs de la culture ambiante, et parfois
profondément convaincus que la pensée biblique doit façonner
toute notre éducation parentale. Parfois, nous aimerions que
nos enfants se comportent bien uniquement pour rendre notre
vie plus agréable, et parfois nous reconnaissons que l’éducation
parentale est un combat spirituel.
Je vous propose de réfléchir, sur un plan pratique, à ce qui
qui distingue une parentalité de propriétaire d’une parentalité
d’ambassadeur. Je vais donc comparer ces deux modèles d’éduca-
tion parentale dans quatre domaines que chaque parent connaît
bien : identité, travail, succès et réputation. Votre manière de
concevoir ces quatre domaines et d’interagir avec eux mettra en
lumière et définira quel genre de parent vous pensez être et quel
rôle vous pensez devoir jouer dans l’éducation de vos enfants.

1. Identité : ce vers quoi vous vous tournez pour


découvrir qui vous êtes.
Propriétaire : les parents propriétaires ont tendance à tirer
leur identité, leur raison d’être, leur objectif de vie et leur sen-
sation de bien-être intérieur de leurs enfants. Leurs enfants ont
tendance à se sentir accablés par le fardeau insupportable du
sentiment de valeur personnelle de leurs parents. Laissez-moi
vous le dire tout de suite : le rôle de parent est un piètre rôle
pour y forger votre identité, pour la simple et bonne raison que
tout parent accompagne des pécheurs. Les enfants viennent au
monde avec des lacunes intérieures profondes qui les poussent

21
Ê T R E P A R E N T S

à s’insurger contre l’autorité, la sagesse et les directives de leurs


parents. Les parents qui espèrent trouver leur identité dans leurs
enfants auront tendance à faire des manquements de leurs enfants
une affaire personnelle, comme si les enfants leur en voulaient
personnellement. Ils réagissent alors face aux manquements de
leurs enfants à partir de leurs blessures personnelles et de leur
colère. La réalité est que Dieu ne vous donne pas des enfants afin
que vous ayez le sentiment que votre vie en vaut la peine.
Ambassadeur : les parents qui abordent l’éducation parentale
en tant que représentants de Dieu ont d’emblée un sentiment
profond de leur identité et sont motivés par une raison d’être et
un objectif. Ils n’ont pas besoin de le recevoir de leurs enfants,
car ils l’ont reçu de celui qu’ils représentent : le Seigneur Jésus-
Christ. Ils sont donc affranchis de l’idée de devoir s’approcher de
leurs enfants avec l’espoir d’obtenir d’eux ce qu’aucun enfant n’est
en mesure de donner. Ils n’attendent plus que la vie de famille
leur procure la vie puisqu’ils ont déjà trouvé la vie et que leurs
cœurs sont en paix. Ils sont donc libres de s’oublier eux-mêmes
et d’éduquer avec l’altruisme et le sacrifice qu’une parentalité
d’ambassadeur exige.

2. Travail : votre définition du travail auquel vous


avez été appelé.
Propriétaire : les parents propriétaires estiment qu’il est de
leur devoir de faire quelque chose de leurs enfants. Ils ont une
idée de ce qu’ils voudraient que leurs enfants deviennent, et
ils estiment que leur travail de parents consiste à utiliser leur
autorité, leur temps, leur argent et leur énergie pour rendre leurs
enfants conformes à leur projet pour eux. Dans mon rôle de
conseiller, je me suis occupé de beaucoup d’enfants qui croulaient
sous le poids de la pression constante imposée par leurs parents.
Ces derniers avaient une vision précise de ce que leurs enfants

22
D E S A M B A S S A D E U R S

devaient devenir et poursuivaient cet objectif sans relâche. Les


parents propriétaires ont tendance à penser qu’ils ont la capacité
et les ressources nécessaires pour façonner leurs enfants et les
rendre conformes à l’image qu’ils se sont forgée d’eux.
Ambassadeurs : les parents qui comprennent bien qu’ils ne
seront jamais autre chose que les représentants de quelqu’un
qui est plus grand, plus sage, plus puissant et plus compatissant
qu’eux, savent que leur tâche quotidienne ne consiste pas à trans-
former leurs enfants en quoi que ce soit. Ils ont compris qu’ils
n’ont aucun pouvoir pour changer leurs enfants et que, sans la
sagesse de Dieu, ils ne sauraient même pas ce qui est le meilleur
pour eux. Ils savent qu’ils ont été appelés à être des instruments
entre les mains de celui qui est glorieusement sage, celui qui est
source de la grâce toute suffisante pour secourir et transformer
les enfants qui ont été confiés à leurs soins. Ils ne sont pas motivés
par un rêve d’avenir pour leurs enfants, mais par le potentiel que
la grâce peut développer en eux.

3. Succès : votre définition de la réussite.


Propriétaire : les parents propriétaires ont tendance à recher-
cher, dans la vie de leurs enfants, une série d’indices concrets
qui confirmeraient, à leurs yeux, que leur éducation parentale
est une réussite. Des études universitaires brillantes, des exploits
sportifs remarquables, des dons musicaux hors pair, un compor-
tement social apprécié : tous ces indices deviennent des repères
attestant que les parents ont bien fait leur travail. Il va de soi que
ces choses ne sont pas sans importance, mais elles ne peuvent en
aucun cas mesurer la réussite de l’éducation parentale. De bons
parents n’engendrent pas toujours de bons enfants ; d’ailleurs,
les parents feraient bien de s’interroger sur l’origine des critères
leur permettant d’affirmer qu’ils ont ou non de « bons » enfants.
Je crains que de nombreux excellents parents vivent avec des

23
Ê T R E P A R E N T S

sentiments durables d’échec parce que leurs enfants ne sont pas


devenus conformes à leurs attentes.
Ambassadeur : ces parents acceptent de regarder la terrible
vérité en face : ils n’ont absolument aucun pouvoir pour produire
quoi que ce soit dans leurs enfants. C’est pourquoi ils ne réduisent
pas leur définition de la réussite à une liste de succès élogieux sur
le plan horizontal. Une parentalité réussie ne se mesure pas avant
tout aux résultats que vous avez obtenus, mais au travail que vous
avez fourni. Disons-le autrement : une parentalité réussie n'est pas
une question d'atteindre des objectifs (ce que vous êtes incapable
de faire par vous-même), mais de devenir un outil malléable et
fidèle dans la main de celui qui seul est capable de produire de
bonnes choses en vos enfants.

4. Réputation : ce qui indique aux gens qui vous êtes


et ce qui vous motive.
Propriétaire : sans le vouloir vraiment, les parents propriétaires
considèrent leurs enfants comme des trophées. Ils aimeraient pou-
voir faire défiler leurs enfants en public pour que les gens autour
d’eux les applaudissent. C’est pourquoi tant de parents ont du mal
à accepter chez leurs adolescents les phases marquées par leur
comportement loufoque et extravagant. Ces parents se soucient
peu de comprendre ce que ce comportement excentrique exprime
au sujet de leur enfant. En revanche, ils s’inquiètent de l’impact de
cette conduite sur eux-mêmes. Dans ces foyers, les enfants portent
le fardeau de la réputation de leurs parents et le mal-être lié à leur
dépit et à leur embarras. Ces parents expriment facilement leur
irritation et leur déception face à leurs enfants, non parce qu’ils
ont transgressé la loi de Dieu, mais parce que leurs actions et leur
conduite les ont plongés dans l’embarras et la gêne.
Ambassadeur : Ces parents ont compris qu’en éduquant des
pécheurs ils s’exposent, d’une manière ou d’une autre, à connaître

24
D E S A M B A S S A D E U R S

l’incompréhension et l’embarras. La tâche que Dieu leur a confiée


comporte toujours une part de chaos, source d’humilité : ils le
savent, ils l’acceptent. Ils comprennent que même si leurs enfants
se développent en maturité et grandissent dans leur attachement
à Dieu, ils ne seront jamais leurs trophées mais plutôt les trophées
du Sauveur que ces parents se sont efforcés de servir. Pour eux,
c’est Dieu qui travaille et c’est à Dieu que la gloire revient. Ils sont
simplement satisfaits d’avoir été des outils dont Dieu s’est servi.
Êtes-vous prêt à renoncer à la charge pesante qui attend le
« parent propriétaire » ? Aimeriez-vous découvrir à quoi res-
semble une parentalité au sein de laquelle vous savez que vous
avez été appelé à représenter le message, les méthodes et le carac-
tère du Propriétaire de vos enfants ? Êtes-vous prêt à abandonner
le fardeau de vouloir opérer le changement par vous-même ?
Aimeriez-vous goûter au repos d’être un outil de celui dont la
grâce seule a le pouvoir de produire le changement ? Alors, ce
livre est pour vous. Il est destiné à vous arracher au train-train
quotidien, et à vous présenter une vision globale du projet dans
lequel Dieu vous demande d’entrer, alors qu’il agit dans le cœur
et la vie de vos enfants. Ce livre a pour objectif de vous aider
à voir à quel point l’éducation parentale devient radicalement
différente, lorsque l’on cesse de vouloir produire le changement
par nous-mêmes, pour devenir un outil bien disposé de la grâce
qui délivre, pardonne et transforme. Chaque chapitre présentera
et expliquera un principe d’éducation parentale qui prend cette
grâce au sérieux. Beaucoup d’entre vous sont exténués, décou-
ragés et frustrés. Et si vous considériez dorénavant, un autre
chemin, un meilleur chemin : Le chemin de la grâce ?

25
Chapitre 1

UN APPEL

Principe : Rien n’est plus important dans votre vie


que d’être un instrument de Dieu pour façonner une âme humaine.

Vous êtes frustré parce que, pour une raison inconnue, ce


mardi soir, votre petite fille de deux ans a décidé de ne pas man-
ger ses petits pois. Rien ne peut la faire changer d’avis, ni l’insis-
tance, ni les menaces. Vous ne lui demandez pourtant pas d’avaler
du poison ! Ce ne sont que des petits pois, de toutes petites boules
vertes végétales ! Qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ?
Pourquoi de si petites tâches deviennent-elles si difficiles ?
Incroyable ! Encore un petit mot du professeur des écoles.
C’est le cinquième en trois semaines, et l’enfant n’est qu’à la
maternelle ! Il n’arrête pas de parler en classe quand il n’est pas
censé parler. Il parle quand le maître parle. Il parle quand d’autres
élèves essaient de parler. Il parle la bouche pleine pendant le repas.

27
Ê T R E P A R E N T S

Il parle pendant l’heure de la sieste. Il parle quand vous essayez


de lui parler pour lui dire qu’il parle trop ! Et vous aviez pensé
qu’en le mettant à l’école, cela simplifierait votre vie !
Vous avez eu une journée difficile. Vous étiez convaincu qu’il
s’agissait d’une conspiration de la fratrie tout entière contre vous.
C’est comme si vos enfants s’étaient mis d’accord pour vous
pourrir la journée ! Vous avez le sentiment d’être seul contre une
légion de rebelles ! Vous avez perdu patience très souvent. Vous
avez dit et fait des choses qu’il ne fallait pas. Vous avez élevé la
voix et proféré des menaces, mais cela n’a servi à rien. Vous avez
perdu le contrôle de votre propre maisonnée et, en vous sentant
un peu coupable, vous regrettez le passé, quand les choses étaient
plus simples.
Vous venez d’avoir l’une des meilleures conversations de votre
vie de parent ! Il vous est difficile d’imaginer qu’un enfant de onze
ans puisse être aussi profond, si philosophe dans sa réflexion. Il
vous a pris au dépourvu. Vous n’imaginiez pas qu’à ce moment-
là, le temps s’arrêterait et que vous discuteriez de choses aussi
importantes. Vous ne vous sentiez pas préparé ; vous butiez sur
vos mots. Vous espérez en tout cas que vos paroles seront utiles,
compréhensibles et sages. Vous espérez que la manière dont vous
avez dit ces choses ouvrira la porte à d’autres conversations de ce
genre. Vous auriez souhaité qu’un signal se déclenche pour vous
dire que les choses allaient brusquement devenir très sérieuses.
Elle est mal à l’aise quand vous êtes à ses côtés. Et cela vous
blesse. Elle avait l’habitude de courir dans vos bras pour recevoir
réconfort et amour. Elle aimait tenir votre main quand vous
parcouriez les allées du centre commercial. Elle mettait vos robes
et se prenait pour vous. Elle grimpait sur un tabouret dans la
cuisine et vous « aidait » à préparer le souper. Elle courait vers
vous avec un large sourire quand elle avait gagné une médaille
à la gymnastique. Maintenant, elle vous demande de la déposer

28
U n appel

au centre commercial et de ne pas entrer avec elle. Elle ne veut


plus que vous la cherchiez à l’école, et si vous le faites, elle vous
demande de vous garer au bas de la rue. Elle n’invite pas beau-
coup d’amies à la maison, et quand elle le fait, elles s’enferment
dans sa chambre, à l’abri des regards et loin de vous. Vous aime-
riez tant qu’elle coure se réfugier dans vos bras et vous dise : « Je
t’aime, Maman ! », comme elle avait l’habitude de le faire, mais
vous ne pensez pas qu’elle le refera un jour.
Vous les avez emmenés au cinéma : tout le monde apprécie d'y
aller en famille. Le film était présenté comme une comédie par-
faitement adaptée à la famille ; en réalité, il était rempli du début
à la fin d’allusions sexuelles. Vous n’avez même pas regardé la
dernière partie du film, car vous réfléchissiez à ce que vous diriez,
à ce que vous feriez, après que vos enfants aient été exposés à ce
genre de contenu. Dans quelle mesure ont-ils compris ce qu’ils
ont entendu ? Si vous leur en parlez, n’allez-vous pas simplement
ouvrir la boîte de Pandore ? Est-ce le moment de parler franche-
ment de sexualité ? Êtes-vous prêt ? Et eux, le sont-ils ? Comment
aborder le sujet ? Quand l’aborderez-vous ? Vous aimeriez avoir
un plan détaillé qu’il vous suffirait de suivre.
Au moment où vous déposez ses dernières affaires dans sa
chambre universitaire, vous vous dites que c’est un brave garçon,
mais vous vous demandez tout de même s’il est prêt pour cette
aventure. Vous le regardez et ne voyez pas en lui un étudiant de
fac : vous voyez encore un gamin de six ans au nez qui coule, aux
genoux éraflés, qui vous supplie de le laisser passer la nuit chez
un copain. Il a bien réussi au lycée ; il n’a pas touché à la drogue
ni au sexe et il a rarement eu des heures de colle. Il était décidé
à poursuivre des études universitaires dans un endroit nouveau,
loin de la maison. Vous êtes tout de même inquiet : sa résidence
universitaire compte deux fois plus d’étudiants que son lycée. Les
filles qui déambulent dans les couloirs vous mettent mal à l’aise.
Vous avez envie de le saisir, de le jeter avec sa pile d’affaires dans

29
Ê T R E P A R E N T S

la voiture et de quitter ces lieux le plus vite possible, avant de le


perdre complètement. Il vous dit de ne pas vous inquiéter, que
tout ira bien, mais cela ne sert à rien. Vous priez avec lui avant de
le quitter, mais cela ne vous aide pas à vous sentir mieux. Vous
lui demandez de vous téléphoner un peu plus tard, mais vous ne
pensez pas qu’il le fera.
Elle a terminé ses études supérieures. Elle est rentrée à la
maison en attendant de trouver un emploi. Vous pensiez que les
années de votre éducation parentale étaient derrière vous, mais ce
n’est visiblement pas le cas. Rien qu’à voir l’état de sa chambre, les
amis qu’elle a choisis et sa manière de passer le temps, vous vous
demandez si elle est vraiment prête à voler de ses propres ailes. Vos
sentiments sont mitigés. Vous avez apprécié l’ordre dans la mai-
son et le fait de pouvoir disposer de votre temps. Mais en même
temps, votre rôle de maman vous manquait. Maintenant, elle est
de retour, et tout est différent. Vous savez qu’elle a encore besoin
de vous, qu’elle a besoin de vos conseils pour faire ses débuts dans
la vie d’adulte, mais vous n’êtes pas sûre qu’elle en ait conscience.
Chaque soir, vous essayez de vous coucher et de dormir à votre
heure habituelle, mais finalement, vous ne vous endormez pas tant
que vous n’avez pas entendu la porte et que vous n’êtes pas sûre
qu’elle soit bien rentrée à la maison. Vous êtes à la fois fatiguée
d’être parent, et heureuse qu’elle soit de retour à la maison.
Le regret vous poursuit. Vous ne voudriez pas qu’il en soit
ainsi, mais c’est pourtant le cas. Oh, il ne s’agit pas de quelque
chose d’important, mais de toutes ces petites négligences. Vous
vous rappelez toutes ces petites promesses que vous avez faites
et que vous n’avez pu tenir, à cause de vos occupations. Ces
moments où vous avez hurlé alors que vous auriez dû écouter.
Vous vous souvenez combien c’était difficile d’avoir des enfants
et d’être équitables avec eux, et combien de fois vous ne l’avez pas
été. Vous vous rappelez vous être endormi lors de récitals, et vous
espérez qu’ils ne l’ont jamais su. Vous vous rappelez avoir proféré

30
U n appel

des menaces ridicules et vous espérez qu’ils ne s’en souviennent


plus aussi bien que vous. Vous vous rappelez ce moment où vous
avez arrêté votre véhicule, en avoir fait sortir tous les enfants et
leur avoir dit que vous ne les reprendriez pas tant qu’ils ne se
seraient pas décidés à vivre ensemble dans l’harmonie et la paix.
Vous vous souvenez qu’il vous était plus facile de brandir la loi
que de faire grâce. Vous aimeriez être délivrée de ces regrets,
mais vous ne l’êtes pas.
Qu’est-ce que je viens de décrire ? Quel est le dénominateur
commun à tous ces scénarios ? Ils traitent tous d’une vocation,
un des plus importants appels qui soit pour un être humain. Si
vous vous arrêtiez pour réfléchir un instant à toutes les consé-
quences de cet appel, vous vous enfuiriez à toute vitesse. Dans
un sens, c’est insensé de penser qu’on puisse s’acquitter d’une
telle mission. Vous déliriez quand vous estimiez être prêt pour
cette tâche. C’est comme se trouver devant un Airbus A 380 et
se dire que l’on pourrait le soulever si l'on voulait ! En confiant
aux parents l’éducation de leurs enfants, le Dieu parfait semble
avoir commis sa seule erreur. Est-il bien vrai que Dieu demande
aux parents d’être ses agents pour façonner une âme humaine ?
Vraiment ? Considérons alors l’immensité du plan de Dieu et ce
qu’il implique pour vous en tant que parent.

LES PARENTS : DES CHASSEURS DE TRÉSORS


Voici ce que vous devez comprendre : tout ce que vous faites
et dites au cours de votre vie, chacun de vos choix et chaque
domaine dans lequel vous avez décidé de vous investir reflètent
votre système de valeurs interne. Nous sommes des êtres créés
à l’image de Dieu, et nous ne fonctionnons pas sur la base de
nos instincts. Nous sommes des êtres humains motivés par
nos valeurs. Vos paroles, le temps que vous consacrez à tel ou

31
Ê T R E P A R E N T S

tel projet, votre manière de gérer vos finances, vos hauts-et-bas


émotionnels, vos relations, et vos habitudes spirituelles, tout cela
réuni brosse le portrait de ce qui compte vraiment pour vous.
Réfléchissez un instant. Si je devais regarder avec vous la vidéo de
vos deux mois écoulés, quelle conclusion tirerais-je quant à ce qui
compte vraiment à vos yeux ? Ou si je devais visionner les deux
ou trois derniers mois de votre éducation parentale, qu’est-ce que
j’en déduirais quant au niveau d’importance que vous conférez à
cette tâche fondamentale que Dieu vous a confiée ?
Lorsque nous parlons de valeurs, Matthieu 6 : 19-34 est un texte
fondamental. (Et pourquoi n’interrompriez-vous pas la lecture de
ce livre pour lire ce texte biblique ?) Dans ce passage, Jésus utilise
le mot trésor pour décrire cette réalité : nous passons notre vie à
rechercher ce que nous considérons important. Nous nous res-
semblons tous ; nous nous levons tous les matins et nous creusons
dans le sol de notre vie à la recherche de quelque trésor. Et notre
manière de parler et de nous comporter traduit notre application
à puiser de notre vie et de nos relations les choses qui sont impor-
tantes à nos yeux. C’est difficile à accepter, mais je dois le dire :
soit l’éducation parentale est une chose qui représente pour vous
le trésor le plus précieux (et vous le démontrez quotidiennement
par vos décisions, vos paroles et vos actes), soit elle ne l’est pas.
C’est humiliant mais utile de reconnaître que, de ce côté-ci
de notre dernière demeure, énormément de choses sont en com-
pétition les unes contre les autres pour gagner une place dans le
coffre à trésors de notre cœur. Par exemple : nous vivons dans
un monde rempli d’objets physiques magnifiques, créés soit par
Dieu, soit par l’homme à partir de ce que Dieu a créé. Ces objets
matériels répondent au besoin de beauté que Dieu a inscrit en
nous, mais ils peuvent réclamer dans nos cœurs une place que
Dieu ne leur a pas assignée. Si ce plaisir de posséder ces choses
matérielles devient trop fort en vous, il créera toutes sortes de
dysfonctionnements dans les tâches que Dieu vous demande

32
U n appel

d’accomplir en tant que parent. Ainsi, des parents trop accaparés


par le désir de posséder (maisons, voitures, terres, meubles, objets
d’art, etc.), auront tendance à tellement s’affairer pour acquérir,
conserver, financer et protéger leurs biens qu’il ne leur restera que
peu de temps à consacrer à leurs enfants selon les instructions de
Dieu. Des parents qui aiment trop leurs possessions matérielles
ont tendance à être si inquiets qu’ils transforment involontaire-
ment leur intérieur en musée de mobilier ou d’œuvres d’art dans
lequel leurs enfants ne se sentent pas à l’aise. Il se peut qu’une
maman soit plus soucieuse des taches sur son divan que de l’âme
de son fils, ou qu’un père s’intéresse davantage au polissage et à
l’entretien de sa voiture qu’au cœur de sa fille. Ces parents sont
réticents à accueillir des amis de leurs enfants l’espace d’un
week-end parce qu’ils craignent pour leurs objets. Est-ce que des
choses matérielles sont des obstacles ou des sources de tensions
inutiles dans votre éducation parentale ?
Et que dire du succès ? Je suis persuadé que l’envie de réussir
est une autre réalité que le Créateur a inscrite au plus profond
de nous. À l’image du Créateur, nous sommes faits pour créer.
Nous sommes destinés à être des bâtisseurs, des managers et des
fabricants. Nous sommes faits pour transformer notre environ-
nement, pour laisser l’empreinte de notre travail lorsque nous
déménageons vers d’autres horizons. Nous sommes faits pour
concevoir et réaliser. Compte tenu de cette finalité, le succès nous
importe. Nous voulons tous réussir. D’ailleurs, si vous n’avez
aucune motivation pour réussir en quoi que ce soit, si vous n’avez
pas envie de réaliser quelque chose de beau, nous nous dirions
tous que quelque chose ne tourne pas rond chez vous, soit sur le
plan psychique, soit sur le plan spirituel, et que vous avez besoin
d’aide. Mais attention, comme pour les possessions matérielles, la
poursuite du succès, créée par Dieu et bonne en soi, peut devenir
un piège dans votre vie si elle devient le trésor dominant qu’elle
n’est pas censée être.

33
Ê T R E P A R E N T S

Des milliers et des milliers d’enfants sont confiés chaque jour


à des personnes qu’ils ne connaissent pas, parce que la réussite
professionnelle est devenue trop importante pour leurs parents.
Puisqu’aucun des deux parents n’est prêt à abandonner son
emploi à l’extérieur par crainte des conséquences à long terme
sur son plan de carrière et sur ses finances, personne ne reste
à la maison pour s’occuper des enfants ; c’est pourquoi, il faut
trouver quelqu’un d’autre pour le faire. Je sais que ce sujet est
source de controverse, et je ne me permettrais jamais de juger
un couple qui met ses enfants à la crèche ou chez une nourrice
pendant la journée sans connaître les motifs de sa décision. Mais
ce qui me gêne surtout, c’est que l’on ne parle pas davantage de
cette question. Je suis attristé par le nombre d’enfants qui ne
sont pas avec leurs parents pendant la plus grande partie de la
journée durant leurs années de développement. Je suis attristé
par cette habitude culturelle croissante qui consiste à laisser à
des jeunes enfants la clé de la maison pour qu’ils puissent, à la
sortie de l’école, rentrer chez eux et se retrouver seuls à la maison.
Je suis inquiet de voir tant de parents retrouver leurs enfants à
la fin de la journée alors qu’ils n’ont plus la patience et la grâce
nécessaires pour passer une soirée paisible avec eux ! Ce n'est pas
une question d'emploi du temps surchargé, mais c'est l'emploi du
temps surchargé qui est révélateur de valeurs profondes. Combien
d’enfants voient rarement leur père ! Papa part au travail avant
le lever des enfants, et rentre à la maison alors que les petits sont
déjà au lit. À l’adolescence, ils sont habitués au fait que leur papa
ne s’implique pas dans leur vie, et ils n’attentent plus de sa part
ni attention ni participation. De quelle manière l’importance de
votre réussite professionnelle a-t-elle influencé votre consécration
à la tâche que Dieu vous a confiée en tant que parent ?
Attachez vos ceintures ! Je vais aborder un sujet encore plus
controversé. Je suis profondément convaincu que pour beau-
coup de gens, c’est la part prise par le ministère qui les empêche

34
U n appel

de faire ce que Dieu leur demande d’accomplir en tant que


parents. C’est peut-être là le trésor le plus tentant et trompeur
de tous. D’innombrables pères et mères engagés dans le service
du Seigneur font taire leurs consciences coupables (à cause du
manque d’attention qu’ils accordent à leurs enfants, ou de leurs
absences régulières du foyer) en se disant qu’ils sont engagés dans
« l’œuvre du Seigneur ». Alors, ils acceptent une autre invitation
de prendre la parole ici ou là, un autre voyage missionnaire à
l’étranger, un autre appel à servir le Seigneur ailleurs, une autre
réunion un soir de la semaine… Ils sont convaincus que leurs
valeurs sont profondément bibliques, alors qu’ils négligent régu-
lièrement une part importante de ce que Dieu les a appelés à faire.
Malheureusement, leurs enfants grandissent avec l’idée que Jésus
est celui qui les a constamment privés de leur père et de leur mère.
C’est un sujet que les parents engagés dans un ministère
devraient constamment avoir à l’esprit. Si vous écoutez les res-
ponsables qui préparent des couples pour le ministère, vous
constaterez une chose intéressante : ils les avertissent toujours des
tensions normales et inévitables qui existent entre les exigences
du ministère et notre appel en tant que parents. Mais je veux faire
ici deux remarques.
D’abord, le Nouveau Testament ne mentionne jamais cette
tension. Il ne vous avertit jamais que si vous avez une famille et
que vous êtes appelés au ministère, vous vous trouverez de facto
dans une situation inextricable et qu’il vous sera pratiquement
impossible de bien gérer les deux côtés simultanément. On ne
trouve pas de telles mises en garde dans la Bible. La seule chose
qui s’en rapproche, c’est l’une des qualifications imposées à celui
qui aspire à la charge d’ancien : il doit avoir bien dirigé sa famille.
Cette tension que nous ressentons n’est sans doute pas le fait de
Dieu qui aurait mal conçu quelque chose ; elle provient plutôt du
fait que nous cherchons à obtenir de notre ministère des choses
que nous n’étions pas censés obtenir de cette manière ; et parce

35
Ê T R E P A R E N T S

que nous le faisons, nous prenons de mauvaises décisions qui


nuisent à nos familles. Si votre identité, votre valeur, vos objectifs
de vie, si la raison pour laquelle vous vous levez tous les matins,
et si votre paix intérieure sont tous définis par votre ministère,
alors c’est que votre ministère est devenu votre messie personnel.
Et si vous demandez à votre ministère d’être votre messie, vous
aurez beaucoup de mal à dire non, et parce qu’il vous est difficile
de dire non, vous aurez tendance à négliger le temps que vous
devriez consacrer aux relations avec vos enfants.
Mais j’ai une deuxième remarque à faire. La Bible est claire
sur ce point : Dieu n’est pas dépourvu d’amour, de sagesse, de
fidélité et de bonté au point d’exiger de nous l'obéissance à un
commandement au prix de la transgression d’un autre. Ses com-
mandements ne sont pas en concurrence les uns avec les autres,
car ils ne procèdent pas de systèmes de valeurs concurrentiels.
Ils constituent une trame comportant plusieurs fils qui, tissés
ensemble, expriment ce que signifie vivre d’une manière bonne,
juste, belle et agréable à Dieu. Votre engagement d’obéissance à
l’un de ses commandements ne signifie jamais que vous souf-
frirez ou serez châtiés parce que cela vous a obligé à désobéir à
un autre. Aucun de ses commandements n’existe seul, et ils ne
s’opposent jamais les uns aux autres.
Si donc le zèle pour le ministère m’oblige à être infidèle à ma
vocation de parent dans ma façon de gérer mon temps et mon
énergie, c’est que je cherche à retirer de mon ministère quelque
chose que je ne suis pas censé obtenir. Les décisions et les enga-
gements en lien avec le ministère vous empêchent-ils d’accomplir
fidèlement votre devoir de parent ?
Je vous demande d’être humble, franc et honnête. Qu’est-ce
qui, dans votre cœur, et donc dans vos décisions quotidiennes, est
en compétition avec l’importance que devrait avoir l’éducation
parentale ? Dans votre programme quotidien d’activités en tous

36
U n appel

genres, l’éducation parentale occupe-t-elle la place d’honneur


et l’importance que Dieu lui accorde ? Qu’est-ce qui lui fait de
l’ombre ? Quelles décisions nouvelles et meilleures, Dieu vous
invite-t-il à prendre ?

VOICI LA VALEUR QUE DIEU ACCORDE


AUX PARENTS
La valeur de l'éducation parentale est au cœur de ce que Dieu
a voulu que chaque être humain sache et devienne. L’ignorer,
c’est perdre une partie de votre humanité. L’éducation parentale
est au cœur de tout ce qui devrait motiver chaque pensée, désir,
parole, décision ou action de tout être humain. Rien, dans la vie
d’un enfant, n’est plus indispensable que cela. C’est ce qui fait
de l’éducation parentale une chose d’extrême importance, une
chose sainte dans le vrai sens du terme. Tel devrait être l’objectif
de tout ce que vous faites et de tout ce que vous souhaitez pour
vos enfants. Le perdre de vue, c’est simplement passer à côté de
ce que signifie être parent. Le perdre de vue, c’est enlever les
rails qui donnent une direction à tout ce que vous faites avec
chacun de vos enfants. C’est ce qui devrait vous procurer une
profonde satisfaction les jours où tout va bien avec vos enfants,
et vous maintenir motivé quand les temps sont plus difficiles.
C’est vraiment la tâche essentielle qui fait de votre travail
parental un trésor d’une immense valeur. Prêtez attention aux
paroles suivantes :

Écoute, Israël ! L’Éternel, notre Dieu, est le seul Éternel. Tu


aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme et de toute ta force. Les commandements que je te
donne aujourd’hui seront dans ton cœur. Tu les répéteras à
tes enfants ; tu en parleras quand tu seras chez toi, quand
tu seras en voyage, quand tu te coucheras et quand tu te
lèveras. Tu les attacheras à tes mains comme un signe et ils

37
Ê T R E P A R E N T S

seront comme une marque entre tes yeux. Tu les écriras sur
les montants de la porte de ta maison et sur les portes de
tes villes. (Deutéronome 6 : 4-9)
Lorsque ton fils te demandera un jour : Que signifient les ins-
tructions, les prescriptions et les règles que l’Éternel, notre
Dieu, vous a données ? tu lui diras : Nous étions esclaves du
pharaon en Égypte et l’Éternel nous a fait sortir de l’Égypte
par sa main puissante. L’Éternel a accompli sous nos yeux
de grands miracles et prodiges, porteurs de malheur pour
l’Égypte, pour le pharaon et pour toute sa maison. Il nous
a fait sortir de là pour nous amener dans le pays qu’il avait
juré à nos ancêtres de nous donner. (Deutéronome 6 : 20-23)

Voici la valeur que Dieu confère à l’éducation parentale, résu-


mée en deux paragraphes succincts mais profonds. Votre tâche de
parent a une valeur considérable parce que Dieu a décidé que vous
seriez, entre ses mains, l’outil principal, fiable et fidèle pour géné-
rer dans vos enfants une conscience de Dieu et une soumission à
son autorité. Vous ne pouvez pas créer cela par vous-même, seul
Dieu le peut, mais vous avez été choisi pour être un outil unique
entre ses puissantes mains. Vous voyez qu’au cœur du projet de
Dieu pour les hommes coexistent deux données fondamentales :
une reconnaissance de l’existence de Dieu, et une soumission à
son autorité. Voilà ce qui, selon Dieu, devrait gouverner le cœur
de tout être humain. Vos enfants ne seront jamais ce qu’ils sont
censés être et ne feront jamais ce qu’ils devraient faire s’ils n’ont
pas en eux cette conscience de la réalité de Dieu. C’est la chose
essentielle qui doit être développée dans le cœur de chaque
enfant, et les textes bibliques ci-dessus indiquent que cette tâche
incombe aux parents.
Votre Église n’a pas pour vocation de vous remplacer, mais
de vous assister et de vous équiper pour cette tâche essentielle.
Votre gouvernement n’a jamais été destiné à vous remplacer,
mais à vous protéger dans l’accomplissement de cette mission

38
U n appel

centrale. L’école près de chez vous ne vous remplacera jamais ;


au mieux, elle vous soutiendra dans l’œuvre que vous êtes seul
en mesure d’accomplir. Vous pouvez affirmer haut et fort que
la raison principale pour laquelle Dieu met des parents dans la
vie des enfants, c’est pour que ceux-ci apprennent à le connaître.
La chose la plus importante qu’un enfant puisse apprendre, c’est
l’existence, la nature et le projet de Dieu. Si vous savez cela, cette
vérité modifiera votre façon de comprendre et d’interpréter tous
les autres faits de votre vie.
Dieu, dans sa grâce, vous a placés, vous et vos enfants, dans
un monde physique qui pointe constamment dans sa direc-
tion. Toutefois, vos enfants viennent au monde avec un terrible
handicap : ils ont une capacité perverse de regarder le monde
autour d’eux sans y discerner Dieu, et ceci façonne leur vie. Ils
aperçoivent constamment les signes (le monde créé), mais sont
incapables de percevoir ce vers quoi les signes dirigent les regards
(l’existence et la gloire de Dieu). Et si vous ne reconnaissez pas
Dieu, vous êtes non seulement un être humain profondément
désavantagé, mais de plus, très rapidement vous vous glisserez
au centre de votre univers et vous commencerez à croire que
tout tourne autour de vous. Les enfants qui ne reconnaissent pas
Dieu comme Dieu agiront comme s’ils étaient eux-mêmes Dieu,
et résisteront à l’aide et au secours que Dieu a prévus pour eux,
par le biais de leurs parents.
Mais il y a plus. Après un certain temps passé à vos côtés, vos
enfants commenceront à se demander pourquoi ils ont des règles
à observer, pourquoi il leur a été dit de croire certaines choses, et
qui vous a établi chefs sur eux. Malheureusement, de nombreux
parents n’ont alors pas d’autres réponses que : « Fais-le parce
que je te dis de le faire » ou : « Fais-le, sinon tu seras puni. » Vos
enfants se contenteront de ces explications aussi longtemps qu’ils
vous craindront, mais viendra un temps où ils ne vous craindront
plus. Si tout ce que vous avez légué à vos enfants c’est la crainte

39
Ê T R E P A R E N T S

des parents, alors quand ils quitteront le nid familial, ils n’auront
plus rien qui les motive à faire ce qui est bien.
Dans le deuxième paragraphe de Deutéronome 6, l’auteur nous
dit d’enraciner les règles et les croyances que nous apprenons aux
enfants non seulement dans l’existence de Dieu, mais aussi dans
les choses que, dans sa grâce, il a accomplies pour nous. On pour-
rait dire qu’il s’agit de rattacher tout ce que vous exigez de vos
enfants en matière de comportement et de croyances à l’histoire
de la rédemption. Lorsque votre enfant conteste les règles, ne
vous contentez pas de bomber le torse en lui disant qu’il a intérêt
à obéir sinon… Parlez-lui plutôt d’un Sauveur plein d’amour
qui ne l’a pas seulement créé, mais qui a versé son sang pour lui
afin qu’il puisse connaître ce qui est juste et bien, et qu’il puisse
l’accomplir. Lorsque votre enfant se pose des questions au sujet
de ce qui est bien et ce qui est mal, ne le menacez pas de la loi de
Dieu ; attirez-le plutôt par la douce musique de la grâce de Dieu.
S’il lutte pour savoir si ce que Dieu dit est juste, ne lui présentez
pas Dieu uniquement comme un juge, mais comme une aide et
un ami qui vient à la rencontre de notre faiblesse avec son par-
don, sa sagesse et sa force. Surprenez votre enfant en décrivant
la grande patience de Dieu, sa bonté, son amour. Dites-lui sans
cesse que Dieu utilise sa force pour nous venir en aide, nous faire
du bien et nous secourir. Plutôt que d’insister uniquement sur
votre autorité, insistez sur celle de Dieu, et allez au-delà de son
autorité pour parler à vos enfants de sa grâce.
Dieu n’a pas commis d’erreur en vous chargeant d’être son
instrument pour façonner les âmes de vos enfants. Il a ouvert les
yeux de votre cœur pour que vous reconnaissiez son existence, sa
présence et son autorité, et que vous serviez d’instrument pour
que vos enfants vivent la même chose. Il s’est révélé à vous non
pas pour votre seul intérêt mais aussi pour celui de vos enfants.
Et il a fait encore autre chose. Il vous a accordé sa grâce qui
pardonne, sauve, transforme et affranchit, afin de faire de vous

40
U n appel

son instrument dans la vie de chacun de vos enfants. Son cadeau


de la grâce ne vise pas seulement à faire de vous un bénéficiaire
de cette grâce, mais aussi l’instrument quotidien de cette même
grâce dans la vie de ceux qu’il a confiés à vos soins. Et c’est dans
sa grâce que vous trouverez tout ce dont vous avez besoin pour
devenir tout ce que Dieu veut que vous soyez dans la vie de vos
enfants, et pour faire ce qu’il vous a appelé à faire avec eux.
Voici donc l’essentiel : Dieu vous a rencontré pour que vous
soyez prêt à faire connaître sa gloire et sa grâce à vos enfants.
Chaque journée est remplie de multiples occasions d’orienter
leurs regards vers Dieu : l’eau qui bout, les feuilles qui changent
de couleur, le lever du soleil, la puissance d’un orage, le goût d’un
steak, la beauté d’un coucher de soleil, le miel d’une abeille ; toutes
ces choses existent et subsistent parce que Dieu les a créées et qu’il
contrôle le monde matériel. Dieu a ouvert vos yeux à sa présence
et à sa gloire, pour vous aider à ouvrir ceux de vos enfants.
Saisissez donc toutes les occasions qui se présentent à vous pour
orienter leurs regards vers lui. Ne passez une seule journée sans le
faire. Ne trouvez pas cela bizarre de constamment parler de Dieu.
Il est si présent dans toute sa création, que ce serait au contraire
bizarre de ne pas penser constamment à lui et de ne pas parler
de lui. Rappelez-vous que l’adolescent en a autant besoin que le
tout-petit. Il n’y a rien de plus important dans la vie. Et c’est cela
qui confère une telle valeur aux parents.
Autre chose encore ; ce sera d’ailleurs un thème récurrent dans
ce livre. Personne ne peut mieux communiquer la grâce qu’un
parent qui reconnaît humblement en avoir lui-même désespére-
ment besoin. Et si vous deveniez aujourd’hui, avec vos enfants,
ce genre de parent ?

41
Chapitre 2

LA GRÂCE

Principe : Dieu ne vous confie jamais une tâche


sans vous équiper pour que vous puissiez l’accomplir.
Il ne vous envoie jamais sans vous accompagner.

De très nombreux pères et mères introduisent une difficulté


particulière dans leur éducation parentale, et ils n’en sont même
pas conscients. Cette difficulté influence leur manière de conce-
voir la tâche qui leur a été confiée. Elle influence leur manière
de voir leurs enfants. Elle façonne leurs réactions dans tous les
moments difficiles que des parents rencontrent. Elle détermine ce
qu’ils vont se dire au commencement de leur journée ou quand
ils s’écrouleront dans leurs lits, exténués, comme chaque soir. À
cause de cette difficulté, beaucoup de parents ne se sentent pas
à la hauteur, ou incapables et découragés. Elle pousse beaucoup
de parents à vouloir tout laisser tomber, tout en sachant que c’est

43
Ê T R E P A R E N T S

impossible. Elle encourage les gens à regarder dans le pré du voi-


sin pour voir si l’herbe n’y est pas plus verte, et à souhaiter ce que
d’autres parents semblent avoir et qu’eux n’ont pas. Elle pousse
les parents à céder à la tentation de dire et faire des choses alors
qu’au fond d’eux-mêmes, ils savent très bien qu’ils ne devraient
pas les dire ni les faire.
Quelle est cette difficulté silencieuse mais des plus sérieuses
qui afflige tant de parents ? Chez beaucoup de parents chrétiens,
il y a une énorme faille dans leur compréhension de ce qu’est la
grâce, dans leur célébration de la grâce, et dans leur confiance
en la grâce de Dieu. Je me permets de le dire maintenant car ce
sera un thème récurrent dans chaque chapitre de ce livre. Pour
une éducation parentale cohérente, fidèle, patiente, aimante et
efficace, il n’y a rien de plus important que de bien saisir ce que
Dieu vous a donné dans la grâce de son Fils, le Seigneur Jésus-
Christ. Je vous imagine déjà en train de me rétorquer : « Paul, je
n’ai pas besoin de plus de théologie ; il me faut de l’aide concrète.
Je crois tout ce que la Bible dit, mais cela ne semble pas m’avoir
beaucoup aidé au niveau de ma parentalité ! » Je vous demande
d’ouvrir votre cœur et de faire preuve de patience pendant que
je vous l’explique, car pour vous ce chapitre sera peut-être le plus
important du livre. Comprendre la grâce de Dieu vous trans-
formera, elle transformera également votre façon d’aborder vos
enfants et de les éduquer.
Quelle tristesse de constater que tant de parents s’acquittent
de leur tâche avec une aussi grande incompréhension de la grâce
de Dieu ! C’est une source constante de lassitude et de découra-
gement. La plupart des parents chrétiens saisissent assez bien la
notion de grâce passée, le pardon qu’ils ont reçu au travers de la
vie, de la mort et de la résurrection de Jésus. Ils ont également une
assez bonne compréhension de la grâce future, un lieu qui leur
est réservé et qui leur est garanti pour toute l’éternité parce qu’ils
sont enfants de Dieu. Le souci, c’est que nous avons une piètre

44
L a g r â ce

idée de ce qu’est la grâce présente, ces nombreux bienfaits qui


découlent de l’œuvre de Christ et qui appartiennent, aujourd'hui
et maintenant, à nous qui vivons entre le « déjà » (grâce passée) et
le « pas encore » (grâce future). De très nombreux parents pensent
que l’expression « l’Évangile de la grâce de Dieu » n’a aucun lien
avec l’épuisement dont ils ne semblent pas pouvoir se défaire,
ni avec la colère qu’ils ne réussissent pas à maîtriser, ni avec la
sagesse dont ils savent avoir tant besoin, ni avec le repos qu’ils
recherchent en vain. Ils chantent des cantiques qui parlent de la
grâce de Dieu, ils écoutent des sermons sur le thème de la grâce
de Dieu, mais rien ne paraît impacter leurs combats de parents.
Il semble que ce qu’ils en retirent est tout sauf de la grâce.
Il faut donc dire et expliquer que l’enfant de Dieu que vous
êtes n’a pas seulement reçu la grâce glorieuse passée et future,
mais également la merveilleuse grâce pour le présent. Cette grâce
vous atteint partout où Dieu vous a placé. Cette grâce vous atteint
dans vos moments d’éducation parentale les plus sombres. Elle
répond à votre sentiment d’inaptitude. Elle vous entoure quand
vous vous sentez à cours de sagesse. Vous pouvez la saisir lorsque
vous traversez le couloir en sachant que vous venez d'échouer
lamentablement. Elle vous enveloppe lorsque l’enfant semble
rebelle et têtu et que vous ne savez plus que faire. Elle vous
touche dans vos moments de profonds regrets de parent. Elle
vous donne une raison de vous lever le matin et de bien dormir
la nuit, qu’importe ce à quoi vous devez faire face dans la journée.
Si vous me demandez quelle est la chose la plus importante que
Dieu vous a donnée en tant que parent, je ne dirai pas : « Les
principes de sagesse contenus dans sa Parole ! ». Non, je dirai :
« Sa grâce ! ». Laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Comme tout ce à quoi Dieu appelle les gens, il ne les appelle
jamais à être parents parce qu’ils en sont capables. Si vous lisez
votre Bible attentivement, vous remarquerez que Dieu n’appelle
pas des gens compétents pour accomplir des choses importantes.

45
Ê T R E P A R E N T S

Abraham n’était pas compétent. Moïse n’était pas compétent.


Gédéon n’était pas compétent. David n’était pas compétent. Les
disciples n’étaient pas compétents. Et nous pourrions prolonger
cette liste. Tout simplement parce que les gens compétents, ça
n’existe pas. Et surtout pas dans la catégorie « parents ». Dieu n’a
pas créé des êtres humains pour qu’ils soient indépendamment
compétents. Il nous a créés pour être dépendants. Ce n’est pas un
signe de faiblesse personnelle ou de défaut de caractère que de se
sentir parent incompétent. Si vous avez ce sentiment, c’est tout
simplement parce que c’est vrai ! Aucun d’entre nous ne possède
une réserve naturelle suffisante de sagesse, de force, de patience,
de compassion et de persévérance, nécessaire à chaque parent
pour bien s’acquitter de sa tâche. Tout comme la justice indépen-
dante, la compétence indépendante est une illusion. Cessez donc
de vous flageller parce que vous vous sentez incompétent. Vous
vous sentez ainsi parce que c’est vrai !
Mais pourquoi alors un Dieu qui possède une sagesse parfaite
confierait-il à des gens incompétents la réalisation d’une tâche
aussi importante ? Il est essentiel de bien comprendre la logique.
Dieu appelle des êtres incompétents à réaliser des choses impor-
tantes parce qu’en fin de compte, ce qu’il vise, ce n’est pas votre
succès immédiat, mais que vous appreniez à le connaître, lui, à
l’aimer, à vous reposer dans sa grâce et à vivre pour sa gloire.
Disons les choses autrement. Dieu appelle des personnes incom-
pétentes à réaliser de grandes choses pour qu’il soit glorifié, lui, et
non pas elles. Il ne travaille pas dans le but de rendre votre vie de
parent facile, prévisible et sans combat. Il vous appelle à réaliser
l’impossible de sorte que, lorsque vous chercherez son secours,
vous trouverez plus que son secours. Vous le trouverez lui.
L’incompétence ne signifie pas que Dieu a commis une erreur
monumentale en vous confiant des enfants, qu’il se serait trompé
de destinataire et que vos enfants seraient mieux ailleurs. Loin
de contrecarrer ses plans, votre incompétence fait partie de

46
L a g r â ce

son projet. Il sait que les parents qui admettent ne pas être à la
hauteur et qui cherchent refuge en lui deviennent les meilleurs
parents. Dieu ne vous demande pas d’être compétent ; il vous
demande seulement d’être bien disposé. Si vous êtes bien disposé,
il s’approchera de vous dans votre faiblesse et vous transformera.
Et alors qu’il vous transforme, il réalisera aussi de belles choses
dans le cœur et la vie de vos enfants à travers vous.
J’aimerais toutefois ajouter une chose. Aucun enfant ne sou-
haite être éduqué par des parents qui se pensent compétents. Les
parents « compétents » ont tendance à être fiers et sûrs d’eux-
mêmes. Trop confiants dans leurs aptitudes, ils sont enclins à
agir avec précipitation et trop d’assurance ; ainsi, ils manquent
de patience et de compréhension. Des parents « compétents »
pensent que leurs enfants aussi doivent être « compétents » ; ils
font preuve de moins de tendresse lorsque leurs enfants dévoilent
leurs faiblesses. Des parents « compétents » qui se vantent d’ob-
server la loi mettent généralement plus l’accent sur la loi que sur
la grâce avec leurs enfants, et ils sont plus rapides à juger qu’à
comprendre. Les parents « compétents » font facilement de leurs
enfants leurs trophées, la démonstration publique de leurs apti-
tudes. Il est difficile de vivre avec des gens qui dénient la faiblesse,
parce qu’ils ont tendance à manquer de patience, d’amour et de
compréhension à l’égard de ceux qui sont faibles.
Votre incompétence ne signifie pas la fin de votre parentalité,
car Dieu vient à la rencontre de ceux qui admettent humblement
leurs faiblesses et cherchent son secours. C’est peut-être votre
trop haute opinion de vos aptitudes parentales qui vous place en
porte-à-faux avec des enfants qui semblent ne jamais répondre
à vos attentes. Des parents « compétents » sont souvent irrités
alors que, visiblement, leurs enfants ont encore et toujours besoin
d’être éduqués ! Si vous traversez le couloir en furie parce que vos
enfants méritent encore une correction, vous êtes furieux parce
qu'à ce moment précis, ils ont besoin de ce dont tout être humain

47
Ê T R E P A R E N T S

a constamment besoin : les soins d'un parent. En revanche, si


vous traversez ce couloir en confessant votre propre besoin d'être
aux bons soins du Père, il est plus vraisemblable que vous saisis-
siez mieux également le besoin de cette même attention chez vos
enfants, et vous serez plus tendre en la leur accordant.
Dieu ne nous appelle jamais à accomplir une tâche sans nous
donner ce qu’il nous faut pour nous en acquitter. Dieu ne vous
envoie jamais sans vous accompagner. Il ne vous demande jamais
de faire quelque chose sans vous donner ce qu’il vous faut pour
l’accomplir. C’est la grande histoire de toute la Bible. C’est pour
cela que Dieu a envoyé son Fils sur la terre. Il n’y a qu’un seul
héros dans la Bible ; tous les autres personnages manifestent des
défauts dans un domaine ou dans un autre. Dieu est le héros de
chaque histoire de la Bible. En fait, la Bible n’est pas un recueil
d’histoires mais une grande histoire avec de très nombreux cha-
pitres. Cette histoire raconte comment Dieu va à la rencontre de
créatures humaines faibles et faillibles et leur accorde sa grâce
toute puissante.
En quoi cela concerne-t-il l’éducation parentale ? En tout !
Si vous êtes un enfant de Dieu, il est impossible que vous soyez
abandonné à vos seules ressources limitées. Il est impossible que
vous soyez limité à votre seule énergie et sagesse, quel que soit son
niveau. Voici ce dont vous devrez journellement vous rappeler :
le plus grand et le plus merveilleux cadeau que Dieu vous donne
en tant que parent, c’est lui-même ! Il sait à quel point la tâche est
rude. Il sait qu’elle vous amène à la limite de votre patience et de
votre sagesse. Il sait que parfois vous avez le sentiment que vous ne
savez absolument pas ce que vous faites. Il sait que vous souhaite-
riez parfois tout laisser tomber et vous enfuir. Il sait que la colère
monte parfois en vous. Il sait que vos enfants peuvent vous irriter.
Il connaissait d’avance toutes vos luttes en tant que parent ; c’est
pourquoi il savait que la seule chose qui vous aiderait vraiment,
ce serait lui-même. Lisez ces paroles attentivement : « À celui qui

48
L a g r â ce

peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment plus que
tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans
l’Église et en Jésus-Christ, pour toutes les générations, aux siècles
des siècles ! Amen ! » (Éphésiens 3 : 20-21).
Voici la simple réalité rédemptrice qui seule rend l’éducation
parentale possible : Dieu en vous ! Oui, vous avez bien lu. L’apôtre
Paul déclare que vous ne comprenez pas vraiment qui vous êtes
ni ce qui vous est confié, jusqu’au moment où vous saisissez cette
vérité fantastique : Dieu savait que notre vocation serait si noble
et notre faiblesse si profonde que la seule personne qui pourrait
nous aider serait lui-même. Voilà pourquoi, dans un geste de grâce
extraordinaire, il s’est glissé en nous. Réfléchissez à ce que cela
signifie pour un parent. Ce Dieu qui a la capacité d’accomplir des
choses que nous ne pouvons même pas concevoir, ce Dieu qui a
une sagesse parfaite et un pouvoir illimité, vit maintenant en vous.
Autrement dit, Dieu est avec vous le matin, quand vous avez
peur de vous lever et d’affronter une nouvelle journée d’éducation
parentale éprouvante. Il est avec vous lorsque vous devez mettre
fin à la dix-septième dispute de la matinée. Il est avec vous quand
se présente une occasion de discussion importante. Il est avec vous
quand vos enfants vous provoquent et vous manquent de respect.
Il est avec vous quand vous vous écroulez sur votre lit, avec un
sentiment d'épuisement mêlé de regret. Il vous offre sa présence. Il
vit vraiment en vous. Vous n’êtes vraiment pas livré à vous-même.
Et il ne vous tournera pas le dos aussi longtemps que l’œuvre qu’il
vous a donnée à faire en tant que parent ne sera pas achevée.
Que possédez-vous en tant que parent chrétien ? Vous possé-
dez la meilleure chose qui soit, et l’espoir en plus. Vous avez Dieu
à chaque instant de chaque jour. Allez-vous vous en souvenir ?
La grâce de Dieu agit en vous pour vous ouvrir les yeux et
vous permettre de vous voir clairement tel que vous êtes en tant
que parent. Je dois confesser que j’ai commencé ma vie de parent

49
Ê T R E P A R E N T S

en parent sûr de lui et satisfait de lui-même. Je m’imaginais plus


mûr que je ne l’étais en réalité. Je me considérais comme un
observateur de la loi et non comme un transgresseur. À mes
débuts, j’ignorais l’impact négatif que mon autosatisfaction avait
sur mes relations avec mes enfants, ainsi que sur ma manière de
gérer leurs faiblesses et leurs défauts. Si vous commencez à croire
que vous observez parfaitement la loi de Dieu (bien que peu de
gens le pensent consciemment), vous vous attendez à ce que les
gens autour de vous fassent de même. Ceux qui se confient dans
leur propre justice jugent et condamnent facilement ceux qui
n’arrivent pas au niveau qu’ils estiment avoir eux-mêmes atteints.
Voilà alors ce que Dieu fait dans chacune de nos vies. Il se
sert de nos mariages et de notre parentalité pour nous révéler
notre propre cœur. Il met ainsi en lumière dans mon cœur des
pensées, des attitudes et des désirs dont je niais l’existence. Dieu
s’est servi de mon combat contre l’irritation, l’impatience, la
colère, le manque de bonté et de joie en tant que père, pour me
montrer combien j’étais en dessous de ses normes et combien
j’avais besoin de sa grâce qui pardonne et transforme.
Et voici l’humble conclusion à laquelle Dieu dans sa grâce m’a
conduit : Je ressemble plus à mes enfants que je ne suis différent
d’eux — et c’est vrai pour vous aussi. En réalité, il y a, dans la
vie de mes enfants, peu de luttes qui ne soient pas aussi mes
luttes (matérialisme, relations, faire ce que je veux, attrait du
monde, idolâtries sournoises, etc.). Ce constat a transformé ma
parentalité. Au lieu d’aborder mes enfants de haut, avec mon
propre sens de la justice, je me suis approché d’eux comme un
pécheur en quête de grâce pour affronter un pécheur en quête
de grâce. Le plan de Dieu consiste à rendre visible aux enfants sa
grâce invisible en envoyant des parents de grâce offrir la grâce à
des enfants en grand besoin de grâce. Et des parents conscients
de leur besoin de grâce sont plus à même d’offrir la grâce à des
enfants qui leur ressemblent.

50
L a g r â ce

La grâce de Dieu vous libère du besoin de nier vos faiblesses.


Combien j’apprécie le fait que la foi biblique ne m’impose jamais
de nier la réalité ! Si vous vous sentez obligé de nier la réalité
pour vous sentir bien dans la vie, vous pourrez goûter une paix
éphémère, mais vous ne cultivez pas la foi biblique. La Bible est
un livre terriblement honnête qui nous montre le sang, la crasse
et les odeurs inhérents à la vie dans un monde déchu. Mais elle
est aussi le livre le plus rempli d’espérance qui soit, grâce à la
puissance transformatrice de la vie, de la mort et de la résurrec-
tion de Jésus. Voici ce que cela signifie pour le parent que vous
êtes : Dieu ne vous demande jamais, au sein de votre parentalité,
de prétendre être quelqu’un que vous n’êtes pas. En réalité, il fait
tout le contraire. Il vous invite à vous regarder intérieurement
dans le miroir de sa Parole qui expose le cœur et la vie, pour
vous découvrir tel que vous êtes et accepter de confesser vos
fautes à ceux qui vous entourent. Et voilà pourquoi vous pouvez
avoir le courage de vivre ainsi : en tant que parent, vous n’avez
jamais besoin d’avoir peur de vous connaître vous-même, ni peur
d’être connu par ceux qui vous côtoient, pas peur non plus que
l’on sache que vous êtes imparfait car il n’y a rien qui puisse être
connu ou découvert à votre sujet en tant que parent, qui n’ait pas
déjà été couvert par le sang de Jésus.
Il n’est jamais bon, en tant que père ou mère, d’agir comme si
vous étiez plus juste que vous ne l’êtes réellement. Car sachez-le,
vos enfants sauront qui vous êtes vraiment. Ils découvriront les fai-
blesses de votre caractère et vos manquements spirituels ; si vous les
niez, vous ne ferez qu’aigrir vos enfants. En revanche, si vous êtes
un parent qui confesse promptement ses torts à ses enfants, vous
gagnerez leur estime et ils vous reconnaîtront comme quelqu’un
vers qui aller lorsqu’eux-mêmes auront chuté. Des parents humbles
qui confessent leurs fautes encouragent leurs enfants à l’humilité
et à la confession ; il en résulte de nombreuses occasions de parler
de l’amour de Jésus qui vient à notre secours.

51
Ê T R E P A R E N T S

La grâce de Dieu vous sauve de vous-même. Lorsque vous êtes


un parent frustré, furieux, découragé, méchant, violent, amer,
triste, vengeur ou irrité, ce n’est pas tellement de vos enfants que
vous avez besoin d’être délivré, c’est de vous-même.
Supposons que je tienne un verre d’eau dans la main, que
je le secoue fortement et que de l’eau gicle. Si je vous demande
pourquoi l’eau a giclé, vous me répondrez que c’est parce que
j’ai secoué le verre. C’est logique, n’est-ce pas ? Mais la réponse
n’est que partiellement juste. Pourquoi l’eau a-t-elle giclé ? Parce
qu’il y avait de l’eau dans le verre. Si le verre est rempli de lait,
vous pouvez le secouer pendant une éternité, de l’eau n’en sortira
jamais. De même, il est important que les parents comprennent
et admettent humblement que lorsque nous sommes secoués
par le péché, la faiblesse, la révolte, la stupidité ou l’échec de
nos enfants, ce qui sort de nous (paroles, actions, attitudes) se
trouvait déjà en nous.
Il s’ensuit que le sérieux problème qui me poursuit constam-
ment en tant que père, ce n’est pas mes enfants, c’est moi. Mes
enfants ne me font pas dire et faire ce que je dis et fais. La cause
de mes actions réside dans mon propre cœur. Mes enfants ne
sont que l’occasion qui révèle mon cœur par ses paroles et ses
actions. Il me faut donc autre chose que d’être secouru et sou-
lagé de mes enfants ; je dois être secouru de moi-même. C’est
pourquoi Jésus est venu pour nous apporter le secours dont nous
avons tous besoin, mais dont nous ne pouvons pas nous pourvoir
nous-mêmes.
Si vous blâmez vos enfants pour vos mauvaises attitudes,
actions et paroles, non seulement vous les irritez, mais de plus,
en les blâmant, vous ne recherchez pas à obtenir l’aide qui est à
votre disposition dans la grâce de Jésus qui sauve, pardonne et
transforme. Et parce que vous faites retomber la faute sur autrui,
vous ne développerez pas votre parentalité et vous répéterez sans

52
L a g r â ce

cesse les mêmes comportements. Dès lors que vous êtes prêt à
reconnaître que vous représentez le plus gros obstacle dans votre
éducation parentale, vous êtes en route vers de très belles choses
en vous et dans votre travail avec vos enfants.
La grâce de Dieu vous fait croître et vous transforme en tant
que parent. J’ai mentionné cela plus haut, mais j’aimerais aller
un peu plus loin. Puisque vous et moi exerçons notre parentalité
quelque part entre le « déjà » de notre conversion et le « pas
encore » de notre destination finale, nous éduquons toujours en
plein milieu de notre sanctification. Rappelez-vous l’Évangile :
bien que la tyrannie du péché ait été brisée grâce aux merveil-
leuses compassions de Jésus-Christ qui nous justifient, le péché
reste bien présent en nous. Dieu s’affaire actuellement à nous
délivrer efficacement du reste d’emprise que le péché exerce
encore sur nous. Pour cela, il se sert du stress, des circonstances,
des tracas, des fardeaux, des peines, des tentations et des joies
pour nous faire grandir et nous transformer.
Songez à la beauté de cette œuvre divine. Chaque fois que vous
êtes en train d’éduquer vos enfants, le Père céleste vous éduque.
Alors que vous interpellez vos enfants, avec amour, dans l’espoir
qu’ils confesseront leur besoin et s’engageront à changer, le Père
céleste est lui aussi en train de vous interpeller. Alors que vous
encouragez vos enfants à rechercher ce qui est bon et juste, votre
Père dans les cieux développe en vous le désir de ce qui est bon et
juste. Durant ces moments, quand vous intervenez pour protéger
vos enfants de leurs décisions insensées, le Père dans les cieux
vous protège de vous-même.
Voici ce que vous et moi ne devrions jamais oublier. Tandis que
nous nous efforçons d’éduquer nos enfants, le Père céleste s’occupe
de l’éducation de chacun d’entre nous ! Comme nos enfants,
nous avons, nous aussi, besoin de croître et de mûrir. Comme nos
enfants, nous ne nous sommes pas encore développés au point de

53
Ê T R E P A R E N T S

pouvoir nous passer des soins d’un Père. Comme nos enfants, nous
avons besoin d’un parent qui ne se détourne pas de nous, même
lorsque nous trébuchons, tombons, et tombons encore.
Dieu ne vous a pas simplement envoyé accomplir son œuvre
dans la vie de vos enfants ; il veut se servir de la vie de vos enfants
pour développer son œuvre en vous. Et si nous devenions des
parents qui admettent leur besoin d’être éduqués eux-mêmes ?
Soyons reconnaissants car Dieu nous promet : « Comme un père
a compassion de ses enfants, l’Éternel a compassion de ceux qui
le craignent » (Psaumes 103 : 13).
La grâce de Dieu agit pour attendrir votre cœur. Est-ce d’un
cœur tendre que vous pensez à vos enfants, que vous leur parlez
et que vous agissez ? Si vos enfants pouvaient vous décrire avec
exactitude, le mot tendresse ferait-il partie du vocabulaire qu’ils
utiliseraient ? Votre parentalité a-t-elle développé en vous la bonté
patiente ou la dureté impatiente ? Rappelez-vous que vos paroles
et vos actes sont toujours le reflet exact de votre cœur. Ce que
vous faites et dites vous en dit plus long sur vous-même que celui
à qui vous parlez ou répondez.
Je suis convaincu que de nombreux parents au cœur endurci
ne se rendent absolument pas compte qu’ils éduquent avec un
cœur dur. Pensez à ce que recouvre l’image d’un cœur dur. Si je
tiens une pierre dans les mains et que je la comprime de toutes
mes forces, que se passerait-il ? Rien. Ma pierre est dure et donc
réfractaire au changement. Elle n’est pas malléable ; vous avez
beau la presser sans cesse, elle ne changera pas. Les parents au
cœur dur pensent qu’ils ont raison, et ne voient donc pas la néces-
sité de changer et d’évoluer. Ils sont enclins à répéter sans cesse
les mêmes mauvaises habitudes et cela crée des tensions inutiles
avec leurs enfants. En effet, alors qu’ils exigent des changements
de la part de leurs enfants, ils ne se soumettent pas à cette règle
et ils ne changent pas eux-mêmes. Ils hurlent pour que leurs

54
L a g r â ce

enfants cessent de hurler, mais négligent de confesser qu’ils ont


hurlé alors qu’ils n’auraient pas dû. Ils demandent à leurs enfants
de cesser de se disputer, mais eux-mêmes se disputent avec leurs
enfants à propos de choses sans importance. Ils exigent que leurs
enfants soient aimables, mais ils se permettent de leur parler et
d’agir envers eux sans l’être. Les enfants commencent à perdre le
respect envers un parent qui se conduit avec eux selon le principe
« Fais ce que je te dis, mais pas ce que je fais ».
Dieu va se servir du marteau de sa grâce pour nous attendrir
et faire de nous des collaborateurs de son œuvre en nos enfants,
et non des opposants. Les difficultés que vous rencontrez comme
parent ne prouvent nullement que Dieu vous a oublié ; elles sont
les coups redoublés des compassions attendrissantes d’un Père
aimant et fidèle. Il veut rendre votre cœur plus tendre, pour en
faire un outil destiné à changer le cœur de ceux qu’il a confiés à
vos tendres soins.
La grâce de Dieu vous libère de la prison du regret. Un des
effets les plus remarquables de la grâce de Dieu est qu’elle vous
invite constamment à de nouveaux départs et à de nouveaux
commencements. Beaucoup trop de parents sont paralysés par un
épais catalogue de « et si » ou de « si seulement ». Bien évidem-
ment, vous commettrez des erreurs. Bien sûr, vous apprendrez
et progresserez en tant que parent. Bien sûr, vous serez meilleur
parent avec votre dernier enfant qu’avec le premier. Bien sûr, en
regardant en arrière, vous serez gêné par des propos que vous
avez tenus et des actions accomplies. Bien sûr, vous ferez certaines
choses comme vos parents le faisaient alors que vous aviez juré
de ne jamais faire comme eux. Bien sûr, en grandissant, vos
enfants vous rappelleront certaines des choses pénibles que vous
leur avez infligées au début de votre éducation parentale. Bien
sûr, vous souhaiteriez avoir été mieux informé plus tôt. Si vous
avez l’humilité d’un parent, vous regarderez en arrière avec une
pointe de regret.

55
Ê T R E P A R E N T S

C’est vrai que le regret témoigne d’un cœur humble, mais il


est dangereux et invalidant de vivre dans le regret. La vie dans
un regret constant sape la confiance, rend timide, prive de cou-
rage ; elle affaiblit ou tue l’espérance, fait revenir le passé dans le
présent, et même dans l’avenir. Et malgré tous les souvenirs dont
le regret se nourrit, il est tragiquement oublieux. Qu’est-ce que le
regret tend à oublier ? Principalement la croix du Seigneur Jésus-
Christ. Sur la croix, Jésus a porté tout le fardeau de notre culpa-
bilité et de notre honte. Par son sang répandu à la croix, Jésus a
acquis notre plein pardon passé, présent et futur. Cela signifie
que nous pouvons nous approcher de lui en toute confiance avec
nos manquements et nos échecs, obtenir son pardon, déposer
nos regrets à ses pieds, aller de l’avant et adopter de nouvelles
et meilleures façons d’accomplir les œuvres qu’il nous confie en
tant que parents.
La question n’est pas de savoir si vous vous souvenez ou pas
des erreurs passées dans votre éducation parentale. La question
est de savoir si le regret du passé tend à vous paralyser et à vous
empêcher de faire ce à quoi Dieu vous appelle dans le présent.
La grâce de Dieu vous encourage à tirer les leçons du passé, à
confesser vos fautes, à recevoir le pardon, à déposer votre fardeau
de culpabilité et de honte, et rempli d’un espoir et d’un courage
renouvelés, vous atteler avec joie à la tâche que Dieu vous confie
comme parent, ici et maintenant.
Dieu vous a appelé à être parent. Comment vous accorde-t-il ce
dont vous avez besoin pour répondre à cet appel ? Il vous accorde
tout ce dont vous avez besoin en se donnant lui-même à vous. Et
en se donnant à vous, il répand sur vous sa grâce merveilleuse
qui pardonne, délivre, transforme, fortifie et assagit. Alors que
vous êtes aux côtés de vos enfants aujourd’hui, souvenez-vous que
vous n’êtes pas seul avec eux dans la maison. Quelqu’un d’autre
parcourt les couloirs et s’installe au salon avec vous. Quelqu'un
a pris place à vos côtés dans la voiture et vous accompagne pour

56
L a g r â ce

cette expédition à haut risque avec vos enfants au centre com-


mercial. Quelqu’un entre avec vous dans la chambre de votre
adolescent pour une explication à propos d’une faute commise.
Quelqu’un est avec vous lorsque vous repassez le film des événe-
ments de la journée avant de vous endormir, et il vous prépare à
affronter une nouvelle journée. Quelqu’un est avec vous lorsque
vous vous levez, déjà fatigué comme d’habitude, avant même
le lever du soleil. Celui qui vous appelle à cette tâche essentielle
est avec vous, et puisqu’il est à vos côtés, il y a de l’espoir. C’est
sûr, à certains moments, vous vous sentirez au bout du rouleau,
mais combattez la peur et le découragement dans l’attente de ce
qu’il fera ; les ressources du Seigneur sont illimitées, et il ne vous
laissera jamais seul !

57
PA U L DAV I D T R I P P
C’est le livre le plus important que j’ai lu cette année.
Il est à la fois théologique et pratique. PA U L DAV I D T R I P P
Je suis tellement heureux de l’avoir lu,
mais j’aurai aimé le lire il y a vingt ans.
— Francis Chan
Auteur de Crazy Love* et Toi et moi pour toujours

La corvée de linge, la préparation des repas, les trajets pour


emmener les enfants au sport, la recherche des meilleures
ÊTRE PARENTS

ÊTRE PARENTS
punitions possibles pour qu’ils arrêtent enfin de faire toujours
les mêmes bêtises… Beaucoup de parents se sentent perdus. Il
semble y avoir une pression constante d’être le parent parfait.
Nous perdons si vite de vue notre objectif ultime en ne cherchant
que des outils, des astuces ou des formules toutes faites. P R I N C I P E S B I B L I QU E S
Dans ce livre inspirant, Paul Tripp nous aide à saisir les vrais qui transformeront votre famille
enjeux du rôle de parent selon Dieu. Il aborde 14 principes
bibliques fondamentaux pour nous montrer que nous avons
besoin d’autre chose que la dernière stratégie à la mode ou
une liste de techniques. En fait, nous avons besoin de la grâce
de Dieu. Cette grâce qui a la capacité de modeler nos coeurs,
forger notre vision et nous armer de courage.
Nous serons libérés de ce « devoir » de fabriquer nous-mêmes
un changement profond dans le cœur de nos enfants. Notre rôle
de parents prendra alors du sens, nos objectifs seront clairs et
notre joie sera encore plus grande !

*amour fou

Paul David Tripp est pasteur, conférencier


et auteur d’Un appel dangereux.
Avec sa femme Luella, ils ont quatre enfants.

17,90€
ISBN 978-2-36249-430-7

9 782362 494307

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