LA RECHERCHE DE SOI

LES EXPRESSIONS DE LA SENSIBILITE

L’ANGOISSE DE LA MORT

Jean-Baptiste CHASSIGNET, Le mépris de la vie et consolation de la mort (1594)

III.

Si le simple enfançon1, et le fol irrité

Ne craignent de la mort l’indomptable puissance,
Sages, aurons-nous moins de force et d’assurance
Qu’en fournit leur sottise et leur simplicité ?

L’homme engendré du temps, voit de nécessité

Empires et Cités fléchir leur arrogance
Sous l’arrêt de la mort, moi-même je m’avance
Pendant que je devise, au trépas limité.

Chaque heure, chaque point de cette faible vie,

Ôtant l’homme à soi-même au tombeau le convie,
Cependant sur la terre, assurant ses discours,

Bien que par le menu2 à tout coup il trépasse,

Redoute incessamment qu’une fois ne se fasse
Ce qu’il souffre à toute heure et se fait tous les jours.

Question d’interprétation
En quoi l’angoisse de la mort nous rend-elle plus forts ?

1
Jeune enfant.
2
Par le menu : dans le détail