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RAPPORT D’ETUDE

08/2010

Elaborer et mettre en oeuvre


une stratégie de développement
Quelles méthode et organisation ?
Réflexion à partir de l’observation de 9 villes du Grand Est
strategie de developpement territorial

agence d’urbanisme
de la région mulhousienne

Ces villes qui developpent une strategie ambitieuse

“De nombreuses grandes villes ont compris qu’elles devaient anticiper la mise en oeuvre des métropoles. Elles ont com-
pris également qu’une vivacité économique était nécessaire sur leur territoire. Elles ont compris qu’il fallait aller au-delà
d’un rayonnement national. Elles ont compris que seuls les aménagements en infrastructures, en aéroport, TGV etc, ne
suffiraient bientôt plus...
Elles ont bien noté qu’au-delà d’être des villes et des métropoles où il fait bon vivre, il faut aussi avoir une variété de sec-
teurs d’activité pour équilibrer leur économie et réduire les cycles de conjoncture...
Elles ont bien noté qu’il était nécessaire d’avoir des centres culturels de haute qualité mais aussi des universités perfor-
mantes voire des centres de recherche à positionnement mondial...
Elles ont encore noté qu’il fallait ancrer dans le territoire les fleurons locaux (industriels, du tertiaire, etc.) Et une multitude
de PME (small business...) pérennes et performantes...
Enfin, elles ont parfois du mal à mettre en oeuvre une politique ambitieuse qui rende cet ensemble lisible et organisé autour d’axes
stratégiques...”
http://blogs.lentreprise.com (Frédéric Creplet)

Villes
Stratégie 
Grand Est
strategie de developpement territorial

agence d’urbanisme
de la région mulhousienne

Une situation paradoxale


“ L’enjeu pour notre pays est désormais d’appartenir d’ici 10 ans à un continent abritant l’économie
de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique, capable d’une croissance économique
durable, accompagnée d’une amélioration quantitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion
sociale ” (1. Les chiffres entre parenthèses renvoient aux notes, page 15 )

Besançon
Dijon
Metz
Montbéliard
Nancy
Reims
Strasbourg
Troyes
Paradoxe : alors que toutes les villes entendent se diffé- Structurer davantage les filières, créer des synergies, fédérer
0 0 0 0 0 0 0 0
les acteurs, animer
rencier, se positionner différemment pour exister dans
Mettre en œuvre une politique d’image, un marketing
la concurrence mondiale, une étude des stratégies de 0 0 0 0 0 0 0 0
territorial
neuf villes ou agglomérations du Grand Est* montre Soutenir l’enseignement supérieur et la recherche, les articuler
0 0 0 0 0 0 0 0
avec le monde économique
qu’elles font toutes à peu près “ la même chose ”.
Soutenir de nouveaux pôles de recherche et d’activités 0 0 0 0 0 0 0 0
Logique de pôles ou plate-formes pour favoriser les synergies 0 0 0 0 0 0 0 0
Le tableau ci-contre montre bien comment les Faciliter l’innovation et le transfert de technologies 0 0 0 0 0 0 0 0
orientations stratégiques principales sont com- Améliorer l’accueil des nouveaux
0 0 0 0 0 0 0 0
munes aux différents territoires. Même en des- arrivants/créateurs/chercheurs
Offre foncière/immobilière adaptée aux entreprises
cendant dans le détail des actions (le détail fi- (requalification et développement de ZAE), pépinières etc
0 0 0 0 0 0 0 0
gure en annexes) on trouve souvent des actions Améliorer l’accueil et l’appui aux entreprises 0 0 0 0 0 0 0 0
aux contenus très proches. Communication/événementiel 0 0 0 0 0 0 0 
Conforter les activités existantes, renforcer leurs
Ce paradoxe peut s’expliquer de plusieurs ma- 0 0  0 0 0 0 0
compétences
nières. Tout d’abord, les villes et agglomérations Renforcer l’offre de formation, développer les compétences,
0 0  0 0 0 0 0
GPEC
inscrivent le plus souvent leurs actions dans les Développer de nouveaux emplois/activités dans les Services à
orientations nationales et européennes (Straté- 0  0 0 0  0 0
la personne, le Développement Ddurable… le tertiaire
gies de Lisbonne et de Göteborg par exemple). Renforcer les infrastructures de communication (haut débit )
0 0  0 0   0
/transport
Tout le monde s’accorde par exemple pour dire
Structurer le développement commercial 0  0 0   0 0
que l’économie de la connaissance est la clef de Appui à la création et à la reprise d’entreprise 0   0  0 0 0
l’avenir. Il n’est donc pas étonnant que toutes Construire une offre territoriale globale et attractive 0   0 0 0  
les villes entendent mobiliser leurs universités et Diversifier le tissu économique 0   0  0  0
centres de recherche. Valorisation du territoire et développement touristique 0   0 0   0
Ouverture à l’international  0   0 0 0 
De même, le constat est général que la taille des Soutien aux jeunes créateurs, aux TPE, surtout innovants    0 0 0 0 
entreprises évolue, en faveur de la petite taille, Restructurer et accompagner la mutation des secteurs
   0    0
que la nature des activités change. Le résultat traditionnels
Devenir territoire d’expérimentation    0   0 
logique est que toutes les villes cherchent à re-
Soutien aux activités tertiaires/commerce 0    0   0
formater leur offre foncière et immobilière... Développer l’usage des TIC dans les entreprises    0    0

L’objectif des pages qui suivent est de rappeler qu’en


deçà des orientations choisies et des actions mises en
oeuvre, la question fondamentale est celle de la mé-
thode qui préside à la composition de la stratégie.
Précautions d’usage : le repérage effectué repose sur des do-
Aucun acteur n’est plus en mesure d’imposer sa vision cuments de natures diverses, recueillis sur les sites internet des
du territoire, la mise en oeuvre d’une stratégie de dé- villes, agglomérations, agences d’urbanisme et agences de dé-
veloppement doit faire appel à la prospective et à une veloppement etc. De ce fait, certains documents sont très com-
bonne gouvernance. plets, là où d’autres sont laconiques. Des dimensions non men-
tionnées peuvent faire partie des actions effectivement menées.
Ainsi, la “comparaison” doit être prudente car l’exhaustivité n’est
pas assurée.
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* Besançon, Dijon, Metz, Montbéliard, Nancy, Reims, Stras-
bourg, Troyes et Bâle en Suisse.

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Des strategies ETONNAMMENT PROCHES


De nombreuses actions et orientations dans le même temps qu’elles souhai-
sont communes à l’ensemble des villes ou tent diversifier leur tissu économique, en
agglomérations. Plusieurs thèmes ap- favorisant par exemple les PME et les
paraissent de manière récurrente. activités tertiaires.
En premier lieu, les territoires veu- Strasbourg est dans une situation
lent améliorer l’accueil et l’appui aux particulière, du fait de sa position
entreprises, ce qui prend la forme par transfrontalière et de son rôle au sein
exemple de guichets uniques pour les des instances européennes. La ville
créateurs et chefs d’entreprise ou de axe donc l’essentiel de sa stratégie
guichets à la disposition des nou- sur ces atouts qu’elle souhaite déve-
veaux salariés dont la vocation est de lopper
les aider à trouver un logement, une
Enfin, il est à noter au titre de la mé-
place en crèche, voire un emploi pour
thode que l’élaboration de leur stratégie
le conjoint. Centre Ville de Bâle, crédit Eurodistrict Trinational de Bâle
a fait suite à une démarche prospective de
A cela s’ajoute une réflexion générale type “ 2020 ” dans chacune des villes
sur l’offre immobilière et foncière qui doit étudiées.
être adaptée aux (nouveaux) besoins
des entreprises. En précisant que
cette offre doit s’inscrire dans une of- Qu’en est-il de Bâle ?
fre territoriale globalement attractive.
Bien sûr, les territoires veulent confor- Le cas est complexe car plusieurs stratégies co-existent, à différentes échelles et por-
ter l’excellence, leurs points forts. Ils tées par des acteurs différents.
s’appuient donc sur leur université,
Le site de l’Eurodistrict Trinational de Bâle, expose le projet trinational 2020. Les priorités y sont
IUT, école de commerce... qu’ils
organisées en 3 objectifs centraux.
entendent soutenir et développer.
Un potentiel commun : utiliser le potentiel économique de l’espace du Rhin Supérieur en
Attirer de nouveaux enseignants et
commun. Cela suppose notamment de :
étudiants, y compris étrangers est un • Favoriser la recherche appliquée et le transfert de technologies
objectif plusieurs fois cité. • Favoriser la coopération des PME et leurs activités transfrontalières
L’économie de la connaissance, pour • Faire de l’espace du Rhin Supérieur un lieu économique attractif et une destination
produire tous ses effets, suppose une touristique
articulation forte de ces instances Un espace large et intégré : pour un espace du Rhin Supérieur intégré en matière d’éduca-
avec le tissu économique local. L’ob- tion, d’habitat et de marché du travail
jectif en est de favoriser les transferts de Un développement : assurer un développement durable de l’espace du Rhin Supérieur.
technologies.
La stratégie de l’agglomération de Bâle comprend également trois objectifs
Parmi les actions les plus citées, on
Etre compétitive : renforcer la compétitivité de l’agglomération sur la scène suisse et même
trouve encore l’animation et la structu- européenne, dans le souci de la qualité de vie
ration du tissu économique. L’idée clef
Articuler et optimiser le développement des transports et de l’urbanisation
étant que des synergies doivent être
créées entre tous les acteurs du dé- Coopérer : améliorer la coopération entre les différentes collectivités territoriales de Suisse
ainsi que d’Allemagne et de France.
veloppement. L’isolement des chefs
d’entreprises par exemple va à l’en-
contre de la formation d’un milieu La stratégie de Métrobasel, plus axée sur l’économie, est déclinée après une démarche
entrepreneurial ; de la même manière prospective “ Bâle 2020 ”, en 4 grands axes
que des actions purement sectoriel- FORMATION : Apprendre et entreprendre, pour la Vie, pour le monde entier
les vont à l’encontre d’une stratégie ECONOMIE : Metrobasel, région des sciences de la vie, région de tout premier plan
globale et efficace. URBANISME : Une région unique au monde pour vivre, découvrir et se cultiver
Enfin, les agglomérations dominées SOCIETE : Une région ouverte au monde, transfrontalière et solidaire dans tous les do-
par un type d’activité veulent accom- maines.
pagner la mutation de ces activités,

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UNE politique publique de developpement territorial


Décider d’une stratégie de développement territorial suppose de faire des choix, acte fondateur d’une politique publique. A ce titre, l’éla-
boration de la stratégie de développement est soumise aux contraintes de mise en oeuvre de toute politique publique

Quatre dimensions constituent le fonde- • Des outils


ment d’une politique publique (2) de dé-
De nature variée, ces
veloppement. paradigme
schèmes
outils prennent la forme opératoires
• Un “paradigme” de la consultation, de la
concertation, de la négo-
Il permet de positionner l’action dans ciation, tout aussi bien que
un espace de pertinence. Par exem- de l’action régalienne. Ils
ple, la lutte contre le tabagisme pour- consistent en des lois, des
rait être référée au fait que les mégots règlements, des arrêtés,
jetés dans les caniveaux se retrouvent des procédures, des dis- images outils
dans les cours d’eau qu’ils polluent. Il positifs...
est évident que l’action sera mieux
Parmi les outils du dévelop-
justifiée et donc socialement accep-
pement territorial un outil
tée, si elle est référée à un problème
fondamental est la maîtrise En matière de politique publique, les éléments constitutifs
de santé publique. On invoque alors
foncière. Un autre est lié à la de “la matrice” forment système. Aucun élément ne doit être
d’emblée un bien public et un bien
coordination des actions. oublié ou minoré.
désirable par tous.
En matière de développement territo-
rial, le paradigme sera le paradigme Le plus important est que ces quatre contenus forment système. Ils doivent donc faire
libéral, qui suppose une forte attrac- l’objet de la même attention et être cohérents entre eux. De la même manière, le projet
tivité, gage de l’installation d’entrepri- économique est indissociable du projet global de territoire. Il est donc préférable de l’éla-
ses et donc de création d’emplois. borer en liaison avec la conception d’une offre territoriale globale et attractive plutôt que
d’en rester à une approche sectorielle.
• Des images
Elles présentent l’avantage de faire
immédiatement sens. Par exemple,
quand on évoque “le marché”, cha- Les écueils d’une stratégie de développement
cun pense immédiatement concur- Les décideurs peuvent avoir la tentation du recyclage. Et tenter de faire marcher ici ce
rence alors que dans les faits il peut qui a réussi ailleurs, ou de continuer à faire aujourd’hui ce qui a assuré le succès
s’agir d’un marché monopolistique. d’hier.
En matière de développement éco-
H.A. Simon, Prix Nobel d’économie, appelait cela du “ problem solving ”, qui
nomique, il est donc convenu de faire
consiste à apporter une solution à un problème qui n’a pas été clairement défini.
appel à la mondialisation, à la concur-
Il préconisait au contraire le “ problem setting ” qui consiste, en préalable à toute
rence inter-territoriale qui appellent im-
décision, à poser, de manière approfondie, la question de la “vraie” nature du
médiatement des réponses.
problème rencontré.
• Des schémas opératoires. Une action pertinente et efficace peut être rejetée par le public, faute de prendre sens,
de s’intégrer dans une vision globale du projet. D’autant que tous les acteurs
Ils sont de type “si.... alors” et enca-
n’ont pas la même vision des problèmes et des solutions.
drent l’action. “Si nous ne faisons pas
telle chose, alors, la sanction sera...” Une somme de projets sectoriels ne fait pas UN projet. Quelle que soit la pertinence
On peut y ajouter un “donc” : “il nous des actions ou des outils mis en oeuvre, ils doivent s’intégrer à un projet d’en-
faut faire telle chose”. semble, qui leur donne sens et entraîne l’adhésion et la mobilisation.
Au plan territorial, si nous ne nous >> Pour éviter ces écueils, les collectivités recourent de plus en plus souvent à
distinguons pas, alors nous perdrons des méthodologies participatives qui associent l’ensemble des acteurs concernés.
la bataille de la concurrence des ter- Il s’agit d’élaborer une vision commune des problèmes et des solutions, gage
ritoires. Nous perdrons des emplois, d’adhésion ; d’éviter qu’une représentation unique de la situation s’impose à
donc nous devons offrir aux entrepri- l’ensemble des acteurs et enfin faire en sorte qu’un accord se fasse sur les
ses des conditions d’accueil optimales priorités.
et favoriser l’innovation...
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savoir etre modernes : privilegier les fins


La question des moyens, quoi qu’importante, est secondaire dans la démarche stratégique, l’essentiel réside dans les fins qui vont être
assignées à la stratégie de développement. Quelles sont les façons de déterminer des fins ? Y en a-t-il de préférables à d’autres ?

Un exemple de modernisme : l’inven-


Action
tion des avions contemporains moyens
finspossibles
ante disponibles
moderne
Jusqu’à une période récente, l’innovation
dépendait des moyens disponibles. Par
exemple, compte tenu des progrès réa-
lisés dans la conception des moteurs, on
pouvait envisager de produire un avion
Action fins moyensà
plus rapide. Si des progrès étaient réa-
moderne souhaitées mobiliser
lisés en matière de radar, alors l’avion
pouvait voler plus bas. Si la résistance
des matériaux s’améliorait, alors il pouvait
voler plus vite et plus haut. Pour Bruno Latour (3), sociologue des sciences, nous n’avons jamais été modernes. Il entend par
là que la modernité suppose un renversement de priorité : ce sont les fins qui priment et non les
La révolution moderne arriva lorsque les moyens. La question fondamentale est donc de savoir déterminer ce que l’on veut...
avionneurs décidèrent de s’émanciper de
la question des moyens existant pour pri-
vilégier celle des finalités poursuivies. La question de la détermination des fins de son élaboration. Il n’a qu’un rôle
est assez épineuse. La littérature en passif et le principal savoir faire de
Leurs futurs avions devaient pouvoir voler
sciences de gestion propose plusieurs ap- l’institution est d’obtenir l’adhésion
à 10 000 mètres comme à 150 m d’alti-
proches de l’élaboration stratégique. des citoyens.
tude, virer sur l’aile en x millièmes de se-
conde, décoller et d’atterrir sur des pistes • L’approche visionnaire. Le décideur a • L’approche technicienne. Elle consiste
courtes etc. Les ingénieurs étaient inca- une vision de l’avenir de son territoire, notamment à croire que plus on a
pables de construire un tel avion parce qu’il va ensuite décliner en une série d’informations sur l’état du monde,
que les radars, moteurs, stabilisateurs d’actions “de génie”. Cette lecture si possible “objectives”, c’est-à-dire
aérodynamiques (moyens) n’existaient passe sous silence que “l’homme statistiques, plus on est à même
pas. providentiel” a construit une repré- d’élaborer une stratégie pertinente.
sentation de l’avenir, des schèmes La méthode SWOT (4) en est un as-
Ces moyens doivent être inventés, ils
opératoires qui, de l’extérieur, pas- sez bon exemple. Le repérage des
constituent des fins secondes. Sachant
sent inaperçus faute d’avoir été expli- faiblesses internes et des menaces
que nous voulons construire tel avion (fin
cités. Elle omet également que bien externes, joint au repérage des for-
première), que faut-il inventer pour que
souvent le visionnaire est au coeur ces internes et des opportunités ex-
tel moteur existe, que faut-il changer à la
de vastes et denses réseaux sociaux, ternes permet de décliner la marche
conception de nos radars ? etc
qui lui apportent l’information néces- à suivre. Il faut valoriser les atouts et
Cette approche évite de disqualifier a priori un saire à la construction de sa vision de profiter des opportunités tout en évi-
projet, au prétexte que l’on ne dispose pas des l’avenir. Quoi qu’il en soit, l’avantage de tant les menaces et en comblant les
moyens nécessaires. cette approche est de rappeler que le plan lacunes.
d’actions suit le projet et non l’inverse.
>> Obtenir ces moyens devient un pro- Connaître ses forces et ses faiblesses
blème, auquel il convient d’apporter une Reste que cette approche a pour dé- est tout à fait utile mais cette méthode
solution. faut de faire reposer la décision sur reste faible car c’est la situation pré-
une personne et un cercle de pro- sente (ou pire héritée du passé) qui
ches qui savent “ ce qu’il faut faire ”. décide de ce que l’on doit faire pour
Ils décident du “ grand dessein ”, la l’avenir. Par ailleurs, la volonté politi-
légitimation de la stratégie vient en- que n’intervient que dans le passage
suite. à l’action. Mais elle ne joue qu’un
Dans ce qui peut être appelé un “ ré- faible rôle dans la détermination des
gime de commandement ”, le public finalités, qui relèvent d’une approche
est totalement exclu de la décision et technique.

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Methodologie pour temps d’incertitude


Cette approche a cependant le mérite, par
défaut, de rappeler que la stratégie ne vise Acteursdel'élaboration
stratégique
premiercercle techniciens groupesrestreints public

pas tant à remédier aux problèmes pré-


sents qu’à inventer un avenir souhaité. Conceptiondelastratégie

Grands
• L’approche corporatiste. Elle consiste Visionnaire desseins
à s’appuyer sur un nombre restreint
de groupes, plus ou moins consti- Technique Expertise

tués, dont on va conforter la position.


Cela revient au fond à penser, à l’ins- Sectorielle Corporatiste
tar de certains économistes, que la
Gouvernance
somme de certains intérêts particu- Politique

liers correspond à l’intérêt général.


Le problème de fond que cette approche Plusieurs modes d’élaboration de la stratégie territoriale sont possibles. La diversité des situations
pose est que les groupes importants dans et des représentations qu’on a de la situation et des futurs possibles, fait que le public est de plus
l’économie locale d’aujourd’hui ne sont en plus fréquemment associé à la démarche.
peut-être pas ceux qui feront l’économie
de demain.
La complexité contemporaine et son corol- l’information nécessaire à la compré-
• Dernière approche de la détermination laire : l’incertitude, invalident l’approche hension de la situation, aux solutions
des fins : l’approche politique. Les sa- visionnaire, comme l’approche technique possibles, aux enjeux liés à telle ou
voirs faire mis en oeuvre sont très ou corporatiste. telle orientation. Dès lors, élaborer une
différents de ceux requis par les ap- stratégie relève de la composition. Plus
proches précédentes. Un monde complexe ne peut être ap- qu’une technique, c’est un art.
préhendé dans sa totalité. Le meilleur
des techniciens, les statistiques les On entend par là que si les Collec-
Un cas d’école : l’échec de la politique plus complètes sur l’état du monde, tivités disposent globalement des
de reconversion de Charleroi sont incapables de retracer l’ensem- mêmes outils (zones d’activités, pé-
Le RIDER (Groupe de recherche de l’uni-
ble des relations qui se nouent entre pinières etc), ont les mêmes finalités
versité de Louvain) a analysé les raisons les différents systèmes et sous sys- (accroître les transferts de technolo-
pour lesquelles, malgré des sommes très tèmes. gie, améliorer l’accueil etc), elles doi-
importantes mises à la disposition de la vent composer la partition du déve-
Dans un monde incertain (5), “ la
reconversion de l’économie de Charleroi, loppement.
seule chose que nous sachions c’est
en Belgique, très peu de projets émer-
geaient.
que nous ne savons pas ”. Personne Il s’agit d’un réglage fin des priorités,
ne détient la totalité de l’information. des acteurs sur lesquels s’appuyer,
Les chercheurs constatèrent que l’en-
Travailler avec un nombre réduit des efforts à produire dans tel ou tel
semble des acteurs qui étaient en situa-
tion d’évaluer les projets représentaient
d’acteurs revient à se couper d’une domaine, compte tenu de l’existant,
“ l’ancien régime économique ” : ils partie de l’information nécessaire à la des aspirations des acteurs concer-
avaient tous un passé dans l’industrie prise de décision. nés, des offres concurrentes...
lourde. L’institution doit donc se tourner vers
Pour eux, un projet tertiaire, touristique, le public, vers l’ensemble des person- >> Le premier savoir faire du stratège est
commercial, une TPE ou une PME... nes et des groupes détenteurs d’in- donc de s’ouvrir à la diversité, de ne pas
n’avaient aucun intérêt. L’industrie lourde formations et qui sont susceptibles
qui avait assuré le passé devait assurer s’enfermer dans le confort des groupes
de participer à la construction sociale d’intérêt constitués.
l’avenir... Et comme la crise de la sidérur-
gie avait engendré plusieurs milliers de
de la réalité, au “problème setting”,
chômeurs, il fallait attirer une grande en- à la définition des “vrais” problèmes Le point de départ de la stratégie consiste
treprise de plusieurs milliers de salariés... qui se posent. donc à mettre en oeuvre une stratégie de
concernement et de ralliement de tous les
>> Ce cas illustre bien à la fois l’absence En quelque sorte, élaborer une stra-
détenteurs de cette ressource rare qu’est
de démarche de résolution de problème tégie relève de l’éclectisme. Nul ne
l’information et qui sont susceptibles
(problem setting) et une approche corpo- détient LA vérité mais nombreux sont
d’être moteurs dans la mise en oeuvre.
ratiste des problèmes. ceux qui détiennent une partie de

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DEUX ingredients clefs d’Une strategie :


prospective ET gouvernance
Deux termes s’imposent dans la litté-
rature : gouvernance et prospective.

• La prospective, à la croisée du futur, des


possibles, des futurs possibles.
Ce n’est pas un hasard si les villes qui
affichent une stratégie ont préalable-
ment mis en oeuvre une prospective
territoriale. Le but d’une démarche
prospective n’est pas - qui le pour-
rait ? - de prévoir l’avenir, mais de
mieux appréhender les dynamiques
à l’oeuvre.
Les grandes tendances sont généra-
lement bien connues. Elles peuvent
être appréhendées par de multiples
sources de données. Mais elles peu-
vent également constituer l’arbre qui
cache la forêt. En ce sens, la pros-
pective privilégie les “ signaux fai-
bles ”, les indices de changement qui
ne sont pas encore réellement et plei-
nement advenus et qui sont peut-être Le but essentiel de la démarche est Plutôt que de rechercher un consen-
prometteurs. donc de modifier les perceptions sus a priori (et donc n’inviter à parti-
De la même manière, la prospective et représentations du monde et de ciper que ceux qui pensent la même
ne s’intéresse que peu aux facteurs l’avenir par un travail d’apprentissage chose), le dissensus mérite d’être valorisé
exogènes de changement. En effet, collectif. La diversité des idées et re- car c’est grâce à lui que les positions
on peut considérer qu’ils sont les présentations est la matière première des uns et des autres vont évoluer et
mêmes pour tous les territoires. Il de la prospective. C’est pourquoi la qu’une représentation, collectivement
convient donc plutôt de valoriser les prospective est souvent associée au acceptée, du territoire et de l’avenir,
facteurs endogènes de changement et de concept de gouvernance. va pouvoir être construite.
développement, la capacité à réagir • Parler de gouvernance signifie d’abord
et à pro-agir du territoire. un changement radical dans l’élaboration >> La méthode est donc fondamentale
En ce sens, la prospective concourt à de la décision. pour conduire une prospective territoriale
faire émerger les futurs possibles. Parmi L’action publique n’est plus le fait car il ne s’agit pas tant d’aboutir à un dia-
tous ces futurs, certains sont plus d’un acteur unique : l’Etat. Les col- gnostic ou à des scenarii que d’élaborer un
désirables que d’autres. Il s’agit donc lectivités territoriales jouent un rôle projet partagé et de le mettre en oeuvre.
de transformer le présent, de recher- croissant. Au-delà, si les institutions
cher les ressources nécessaires, de publiques sont toujours les seules
mettre les ressources disponibles en détentrices de la légitimité politique, “Les cinq attitudes face à l’avenir de
situation de concourir à la réalisation Gaston Berger : voir loin, large, profond ;
elles coexistent avec de nombreux prendre des risques ; penser à l’hom-
d’un futur souhaité. acteurs de natures différentes. C’est me.
Au fondement de la démarche pros- pourquoi on parle de gouvernance Ces idées-clés débouchent sur cinq
pective, l’idée que le futur s’invente. Il multi-niveaux et multi-acteurs. questions fondamentales à se poser
s’agit d’un ensemble de représenta- face à l’avenir : Qui suis-je (la question
La prospective a tout à gagner de essentielle) ? Que peut-il advenir ? Que
tions et de perceptions. cette diversité d’acteurs, qui signifie puis-je faire ? Que vais-je faire ? Com-
L’avenir peut être redouté et subi, aussi diversité de représentations et ment le faire ?” Stéphane Cordobes.
mais il est possible d’essayer de de sources d’information.
construire un avenir meilleur.
Villes
10 Stratégie
Grand Est
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quelle organisation ?
L’analyse de l’organisation des différentes villes et communautés prises en référence montre que plusieurs types d’instances forment
l’armature essentielle de la définition et de la mise en oeuvre de la politique de développement économique. Il s’agit des Villes, des
Communautés, des agences de développement ou de développement et d’urbanisme et nombreuses autres organisations plus ou moins
fortement institutionnalisés. Il s’agit bien sûr des organismes consulaires, des Technopoles, des Maisons de l’Emploi, mais aussi de nom-
breuses associations qui interviennent dans le champ. Cette hétérogénéité des acteurs demande à ce que les rôles soient répartis, entre
le politique et l’opérationnel d’une part ; d’autre part, que la cohérence des interventions soit améliorée.

De la definition de la strategie a sa mise en oeuvre


Une situation singulière : un partenariat La situation la plus fréquente : la commu-
Aube Développement vous aide à résou- avec la CCI nauté s’adosse à une agence de dévelop-
dre vos problèmes techniques pement.
Les Communautés pourraient assu-
• en sélectionnant les immeubles et ter- rer seules la compétence développe- Les agglomérations de Metz, Reims
rains correspondant à votre besoin grâce ment économique. Parmi les territoi- et Dijon se sont dotées d’agences de
à la Bourse de l’Immobilier qui recense res étudiées, aucun n’est dans cette développement créées ad hoc. Dans
l’ensemble des disponibilités en foncier configuration. cette dernière ville, la répartition des
et immobilier industriel dans le départe- tâches entre Communauté et agence
ment, Le cas le plus proche semble être
celui de la communauté d’agglomé- de développement apparaît claire-
• en organisant des visites de bâtiments ment.
ration de Troyes. La CA troyenne as-
ou de sites sélectionnés selon vos exi-
gences techniques et financières, sure 5 missions centrales : Le Grand Dijon (CA) assure notam-
• en participant à la recherche et à la sé- ˚ Implantation des entreprises ment :
lection de votre personnel, ˚ Soutien aux entreprises existantes ˚ La définition de la stratégie
• en organisant, avec les autorités com- ˚ Promotion de l’emploi et des com- ˚ Le financement des grands équipe-
pétentes, des programmes de formation pétences ments
adaptés à vos besoins.
˚ Développement du commerce et du ˚ Le développement des coopéra-
Aube Développement joue un rôle d’in- tourisme tions transnationales
terface ˚ Promotion de l’enseignement supé-
˚ Le soutien à l’enseignement supé-
• en vous appuyant dans vos démarches rieur.
rieur et à la recherche.
administratives, Le service économique est composé
• en assurant l’interface avec les ban- De son côté, l’agence “Dijon Déve-
de 12 personnes pour assurer ces
ques, juristes et autorités locales, loppement”, créée en 1994, compte
missions.
• en vous proposant la meilleure option L’Agence d’Urbanisme, de Dévelop-
pour les demandes d’aides financières.
pement, d’Aménagement de la Ré- Extrait du site de Dijon Développement
Aube Développement vous accueille gion Troyenne (AUDART) ne participe
qu’à l’observatoire du foncier écono- “ Créé en 1994, DIJON DEVELOPPE-
• en vous mettant en relation avec des MENT est l’organisme de promotion, de
chefs d’entreprises susceptibles de de- mique et n’a pas de service écono-
prospection, d’accueil et d’implantation
venir des partenaires, clients ou intermé- mique.
d’entreprises sur le territoire de l’Agglo-
diaires, Cette configuration s’explique par le mération dijonnaise.
• en aidant votre famille à s’installer dans rôle particulier de la CCI, partenaire
DIJON DEVELOPPEMENT joue un rôle
l’Aube (recherche de logements, inscrip- de la ville, de la communauté d’ag-
déterminant dans l’attractivité écono-
tions scolaires, universitaires), glomération et du Département. Elle mique et technologique du territoire du
• en mettant à votre disposition son ré- est à la base de la stratégie de déve- Grand Dijon, en raison de sa capacité
seau local et international de contacts. loppement. Un de ses services, inti- globale d’ingénierie du Développement.
tulé “Aube développement”, fort de 6
... TOUT CECI POUR APPORTER DES
personnes, assure, au niveau dépar-
SOLUTIONS CONCOURANT A LA
temental, l’ensemble des tâches liées
REUSSITE DES PROJETS DE DEVE-
à l’accueil et à l’accompagnement LOPPEMENT ET D’IMPLANTATION
des entreprises. Elle est le guichet
unique des entreprises.
Villes
Stratégie 11
Grand Est
strategie de developpement territorial

agence d’urbanisme
de la région mulhousienne

˚ Un rôle de communication Les Communautés peuvent également


˚ Un rôle d’appui à l’innovation indus- s’appuyer sur des agences d’urbanisme La question du partage des compétences
trielle et technologique et de développement. entre villes et communautés.
˚ Un rôle d’accueil et d’accompagne-
En raison de leur participation “histo-
ment des entreprises et porteurs de 1ère cas : le transfert total de compétence
rique” à l’élaboration des documents
projets : aide au choix d’implantation,
de planification urbaine, les agences Fort logiquement, les villes ont pour l’es-
montage de dossiers, aide au projet,
d’urbanisme sont de fait au coeur du sentiel transféré leur compétence “déve-
mise en relation...
projet et de la stratégie urbaine. Par loppement” à la Communauté, d’agglo-
ailleurs, elles assurent toujours une mération ou urbaine dont c’est l’une des
Un point commun se dégage des mission d’observation du territoire et compétences obligatoires de par la loi.
exemples de Troyes et de Dijon, que fournissent des données aux collec- Ainsi, dans les villes de Metz ou de Dijon
l’on retrouve à Metz et Reims avec tivités à des échelles spécifiques. De par exemple, il n’y a plus de service éco-
“Invest in Reims” : il faut distinguer ce fait, certaines agences ont évolué nomique.
les niveaux politique et opérationnel. vers une mission urbanisme et déve-
2ème cas : la mutualisation des services
Les agences de développement sont des loppement.
structures opérationnelles qui ont pour Dans certains cas, ville et communauté
L’investissement du champ du déve-
mission assurent cette compétence de manière
loppement territorial est très inégal.
mutualisée. C’est la situation qui prévaut
˚ de communiquer sur le territoire et Le cas de l’AUDART a déjà été cité. à Strasbourg par exemple où les services
ses atouts ; La participation à la politique de dé- sont communs. La stratégie de dévelop-
veloppement est limitée à la produc- pement territorial est partagée par les
˚ de prospecter et pour cela d’être tion d’observatoires et de veille. deux instances.
présents dans les grands salons et
Mais, dans les cas par exemple de La Communauté Urbaine de Strasbourg
foires professionnels ;
Nancy ou de Montbéliard, les mis- la décline de préférence dans un champ
˚ et enfin d’accueillir et d’accompa- sions sont beaucoup plus larges. économique large, tandis que la ville de
gner les entreprises et porteurs de Strasbourg la met en oeuvre plutôt du
Elles englobent notamment la partici-
projets. côté du grand projet urbain et de la com-
pation à l’élaboration stratégique, une munication, du rayonnement de la ville
Il n’y a rien d’étonnant à cela. Le pre- mission d’animation de la vie écono- dans l’Europe.
mier critère d’évaluation de la réus- mique locale, une mission d’accueil
site de la stratégie économique tient et d’accompagnement des créateurs 3ème cas : le partage des compétences.
dans une meilleure attractivité, qui et chefs d’entreprises...
Enfin, quelques villes ont gardé en por-
se traduit par un nombre croissant tefeuille certaines compétences. C’est
d’entreprises dont on attend qu’elles le cas de Reims ou de Montbéliard par
créent de l’emploi. exemple où le partage des compétences
Extrait des missions de l’Agence de Dévelop-
est hérité de l‘histoire, des relations qui
La capacité à capter de nouvelles pement et d’Urbanisme de Montbéliard
existaient, antérieurement à la création
entreprises, à accueillir et à accom-
de la Communauté d’agglomération, en-
pagner les entreprises et porteurs de “ Un appui au développement économique
tre les communes et les districts.
projet est donc fondamentale. L’agence est l’outil privilégié de la com- Les communes les plus importantes, qui
Aux villes et Communautés les niveaux munauté d’agglomération et des acteurs avaient des services opérationnels suffi-
économiques pour élaborer et conduire sants, ont en partie gardé leurs compé-
décisionnels et davantage politiques : dé-
une politique de développement écono- tences et ont continué d’assurer leurs
finition de la stratégie, grands équi-
mique locale. missions. La Communauté d’agglomé-
pements, projets urbains, relations
Elle participe activement à la promotion ration prenant en charge les missions
internationales ou aux institutions
du territoire, à la prospection et à l’instal- que ne pouvaient assurer les plus petites
universitaires et de recherche... communes, et de nouvelles missions re-
lation d’entreprises nouvelles, ou au dé-
veloppement des établissements locaux. levant de l’intérêt communautaire.
Elle s’attache à l’animation du milieu pro-
fessionnel local.”
Pour satisfaire ses missions, le pôle éco-
nomie de l’ADU de Montbéliard com-
prend 9 personnes.

Villes
12 Stratégie
Grand Est
strategie de developpement territorial

agence d’urbanisme
de la région mulhousienne

la necessaire mise en reseau des acteurs


Ayant ou non une agence de développe- litique publique menée qui est alors
Exemple du comité local de développement de remis en cause.
ment (ou d’urbanisme et de développe- Besançon.
ment), les collectivités jouent la mise en On attend, à l’inverse, de la mise en
réseau des différents acteurs. Le soutien au développement et à la créa-
tion d’entreprises passe par une action oeuvre de la stratégie qu’elle suscite
La multiplication des intervenants partenariale de l’action économique sur de l’adhésion, qu’elle mobilise des
dans l’appui aux porteurs de projets le territoire afin de réunir les conditions énergies, si possibles nouvelles, qui
notamment, leur spécialisation sur optimales de réussite. trouveront sur le territoire une volonté
certains publics, rendent peu lisibles De l’aide à l’émergence de projets au ren- d’avenir qu’ils ne trouvent pas ailleurs.
les dispositifs. Ainsi, la CCI s’adres- forcement des fonds propres des entre- L’avenir doit être clair et dégagé, la
se aux commerçants tandis que la prises, le Grand Besançon propose une stratégie lisible et recevable.
Chambre de métiers s’intéresse aux palette complète de dispositifs mis en
oeuvre par ses partenaires : Cré-Entre- > Au plan économique, en effet, les en-
artisans et des associations diverses trepreneurs ont une assez forte aver-
prendre Initiative, Boutique de Gestion de
s’orientent vers l’appui à des porteurs Franche-Comté, ADIE, Coopilote, Déve- sion pour le risque institutionnel. Ils
de projet à profils spécifiques etc. loppement 25, Entreprendre en Franche- apprécient la lisibilité des situations.
Comté, ZFU. La coordination des acteurs est de nature
Les Communautés, pour accroître la co-
hérence et la lisibilité du dispositif d’appui Piloté par le Grand Besançon, le Comité à les rassurer sur la capacité du territoire
à la création d’entreprises, encouragent la Local de Développement coordonne les à s’organiser.
création de réseaux, qu’elles pilotent gé- interventions économiques des différents
partenaires en matière de prospection, de Au-delà, cette capacité d’organisa-
néralement. tion constitue une externalité pour
suivi des entreprises et d’accompagne-
Ces réseaux visent à ce que le por- ment des projets d’implantation et de dé- l’entreprise et cela à deux niveaux.
teur de projet ou le chef d’entreprise veloppement. Ainsi, tout porteur de projet
dispose d’un guichet unique, organisé en - Le premier est que si la stratégie
ait un guichet d’entrée unique dans territoriale est correctement menée
réseau, pour satisfaire l’ensemble de ses
les dispositifs. Ce guichet doit être attentes (financement, recrutement, for- et conduit aux résultats escomptés,
en mesure d’expertiser son cas et mation...). l’image du territoire sera améliorée.
de l’orienter, voire de l’accompagner, L’entreprise bénéficiera ainsi gratui-
vers l’interlocuteur compétent. tement d’une image de marque.
donc, et cohérent avec le dispositif.
L’intérêt de ces réseaux est de constituer - Le second est lié au fait que la ré-
des modes de coordination des acteurs. La recherche de cette unité de sens
duction du nombre d’interlocuteurs
Cet intérêt se situe à trois niveaux : orga- traverse toute politique publique. Les
à qui s’adresser, une meilleure orien-
nisationnel, politique et économique. participants sont invités à former,
tation vers les instances pertinentes,
pour reprendre les termes usuels de
> Au plan organisationnel, ces réseaux le bénéfice d’informations sur la vie
la science politique, une commu-
sont de nature à accroître l’efficacité locale, les partenaires possibles etc
nauté de politique publique, unifiée (à
des interventions. La place et le rôle réduisent les coûts de transaction de
défaut d’être unie quelquefois) par un
de chaque intervenant dans le dispo- l’entreprise.
référentiel : une représentation commu-
sitif étant définis, on évite les doublons ne des problèmes, des solutions etc Au final, les exemples des neuf villes
et les concurrences entre structures. et un langage commun. de référence dans cette étude mon-
Une réduction des coûts et/ou une
Il ne sert à rien d’élaborer une stra- trent que la question de l’organisation
plus grande efficacité de l’interven-
tégie originale et ambitieuse si, dans nécessaire à la définition et la mise en
tion peuvent constituer les attendus
les faits, les acteurs qui sont sensés oeuvre de la stratégie doit être posée
de cette coordination des structures.
la mettre en oeuvre font tout autre à deux niveaux :
> Au plan politique, ces réseaux visent chose ou s’ils ne sont pas capables - Celui du partage des rôles entre
à accroître la cohérence du dispositif de tenir un discours cohérent sur Communauté et agences de déve-
et surtout à s’assurer de l’existence l’action menée. Dans ce cas en ef- loppement (ou autres acteurs). A la
d’une unité de sens. fet, l’interlocuteur, chef d’entreprise, Communauté : le politique, aux autres
Sur le premier point, la cohérence est porteur de projet et les autres institu- acteurs, l’opérationnel.
accrue par le fait que la place et le rôle tions, entendront des discours multi-
ples, voire contradictoires. Le projet - Celui du mode de coordination des
de chaque intervenant au dispositif intervenants dès lors qu’une plura-
sont définis. Sur le second point, les de développement territorial, qui doit
faire apparaître un avenir vers lequel lité d’acteurs participent à la mise en
participants au réseau sont invités à oeuvre de la politique.
trouver un langage commun, unique toutes les énergies sont tendues, dis-
paraît. C’est le coeur même de la po-
Villes
Stratégie 13
Grand Est
strategie de developpement territorial

agence d’urbanisme
de la région mulhousienne

Que retenir des réflexions menées à partir des 9 villes


étudiées ?
Choisir la bonne méthode Il y a un fossé entre réaliser un état Par définition, un tel projet renvoie à
des lieux et construire un projet. des dimensions (sociales, culturelles,
économiques...) ou secteurs d’inter-
Il existe des points de passage obligés, La méthode la plus utilisée dans l’élabora- ventions différents.
des contenus “obligatoires” dans toute tion d’un projet stratégique est la méthode
stratégie de développement économique. prospective, centrée sur le projet. Le projet économique doit donc s’inscrire
dans un projet territorial global car la co-
On ne peut faire l’impasse, par exem- C’est le cas de toutes les villes et hérence des différents secteurs d’inter-
ple, sur l’économie de la connais- Communautés étudiées, qui ont le vention est essentielle.
sance et de ce fait négliger l’univer- plus souvent recours à un cabinet
sité, la recherche, l’interface avec les spécialisé de stature internationale, Elle conditionne la recevabilité du
entreprises. De même, la création ce qui constitue déjà un signe politi- projet, perçu comme un tout cohé-
d’entreprises, si possible à forte va- que fort. rent, vecteur d’adhésion et de mobi-
leur ajoutée et créatrices d’emploi de lisation. Sur le versant économique,
qualité est unanimement recherchée. elle donne à voir un territoire dynami-
Pour ce faire, l’extension des zones Un exemple d’opportunité à saisir que et organisé, ce qui participe à la
d’activités économiques peut être valorisation de l’image des entrepri-
En décembre 2009, les Clubs TGV
recherchée et, de plus en plus sou- ont été lancés pour susciter des pro- ses du territoire.
vent, la requalification de ces zones jets à l’occasion de l’arrivée du TGV
s’impose. Rhin Rhône. Il s’agit d’une initiative
porteuse d’un grand potentiel, par-
ce que nombreuses sont les “têtes
Assurer le portage de la stra-
L’essentiel ne réside pas dans “ce qu’il
de réseaux” à s’être mobilisées et à tégie
faut faire”, mais bien plutôt dans “com- participer à la dynamique créée. Elle
ment le faire ?”. constitue une opportunité à ne pas
rater. Il résulte de ce qui précède qu’élaborer
Personne en effet ne détient la tota- Profiter pleinement de cette mobi- une stratégie est par nature politique.
lité de l’information nécessaire à la lisation supposerait de faire appel à
connaissance de la situation et ne un cabinet renommé (KGMP, Ernst Irréductible à une approche techni-
peut pré-dire l’avenir. & Young, Ineum...) pour élargir l’objet cienne. Le portage sera en consé-
de ces clubs et lancer rapidement la quence politique. Les instances
première étape de la démarche stra-
tégique : la prospective. techniques ne sont qu’une catégorie
Le projet doit être construit collectivement,
d’acteurs parmi d’autres, invités à
pour être collectivement accepté.
mettre en commun leurs ressources.

Un projet stratégique de développe- La place du politique reste forte dans la


ment territorial suppose une mobili- Penser à l’échelle du territoire, mise en oeuvre de la stratégie, pour veiller
sation large des acteurs concernés, il non du secteur d’intervention au maintien de la cohérence,
ne peut être le fait d’un groupe res-
treint (un cercle, des techniciens...). Une stratégie de développement économi- Il convient d’éviter que des logiques
que ne peut être réduite à une collection institutionnelles, sectorielles ou orga-
L’élaboration du projet suppose une de mesures, de dispositifs ou d’actions nisationnelles ne réintroduisent des
ouverture sur une multiplicité d’acteurs. disparates. modes de fonctionnement en “free
lance”, opposés à la cohérence re-
Ils sont détenteurs des ressources Un projet stratégique doit faire en sor- cherchée.
rares que sont l’information et la ca- te que le domaine d’action concerné
pacité à agir. gagne en cohérence.

Par ailleurs, diagnostic et stratégie ne doi- Un projet de développement territorial ne


vent pas être confondus. peut être sectoriel.

Villes
14 Stratégie
Grand Est
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Rechercher le mode d’organi- POLITIQUUES D'AGGLO O

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Déplaceements Lyon
n-bus
siness.org l’aggloméraation lyonnais
se
Econommie
x
Les villes étudiées confient souvent à des o Lyon--business.org
g
o
agences spécialisées une mission fon- Grand d Lyon,
l'Esprrit
damentalement opérationnelle. Il s’agit d'Entreprise
o Pôles d'excellence e
notamment de la communication en Environnement
direction des entreprises, de la pros- Habitat
Politique de la ville
e
pection, de l’accueil des entreprises
et de l’accompagnement des por- L
Lyon-busine
offic
ss.org, porta
ciellement lorrs du salon de
ail économiqu
es entreprene
ue de l’agglomération lyonnaise, a été
eurs, le 15 ju
é lancé
uin 2005, parr les cinq prés
sidents des
teurs de projets. instiitutions co-fo
ondatrices du projet "Gran nd Lyon l’Esprit d’Entreprise" :
- Chhambre de Co ommerce et d'Industrie
d de
e Lyon
- Chhambre de Mé étiers et de l'Artisanat du Rhône
Le recours à une agence de développe- - Grrand Lyon, co
- MEEDEF, Lyon-R
ommunauté urbaine
Rhône
u

ment n’est pas une nécessité. - Coonfédération Générales


G de
es Petites et Moyennes
M Entreprises du Rhône.

Porttail de service
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pétences sont directement assurées
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tions de Montpellier et Lyon où le ser-
vices économiques comptent à peu Les villes cherchent aussi à mieux coor- Se doter des moyens humains
près 50 et 70 personnes. donner les interventions des différents nécessaires
acteurs.
Une stratégie de développement ter-
Cela passe par des Comités Locaux ritorial ne peut se résumer à la mise
de Développement, des réseaux ad en place de grandes infrastructures.
hoc... qui ont pour but de gagner en
efficacité et en cohérence. L’animation du territoire, les mises
Montpellier Agglomération accompagne en réseau, jouent un rôle croissant
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- d’implantation et de développement
qui commande de faire une place
d’entreprises ;
croissante aux moyens humains
- de création d’entreprises innovantes du développement.
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Notes et bibliographie sommaire


1) “La prospective territoriale en France, pour quoi faire ? Comment faire ?”, Cahiers du LIPSOR série Nota bene : un vo-
recherche, n°7, 2008.
lume d’annexes,
2) Surel Y, Muller P, L’analyse des politiques publiques, Ed Montchrétien, 2000. d’une quarantaine
3) Latour B, Nous n’avons jamais été modernes, essai d’anthropologie symétrique, Ed la Découverte, de pages, est dispo-
1991. nible, dans lequel les
4) SWOT : méthode d’analyse stratégique qui consiste à analyser : Strengths (forces), Weakness stratégies des neuf
(faiblesses), Opportunities (opportunités) et Treats (menaces) villes sont exposées
5) Callon M, Barthe Y, Lascoumes P, Agir dans un monde incertain, Essai sur la démocratie techni- en détail.
que, Ed Seuil, 2001

Villes
Stratégie 15
Grand Est
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de la région mulhousienne

Etude éditée et imprimée par :


L'Agence d'Urbanisme de la Région
Mulhousienne
33 Grand'Rue • 68100 MULHOUSE
Tél : 03 89 45 90 00 • Fax : 03 89 46 21 51

Rédaction : Didier Taverne


Toute reproduction autorisée avec mention
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