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Jean-Paul Potet

La pétition tagale : Caming manga alipin (1665)


In: Cahiers de linguistique - Asie orientale, vol. 16 n°1, 1987. pp. 109-157.

Abstract
A rare prose document , this petition from Mindoro magistrates to the Archbishop of Manila - dated December 28, 1665 - provides
insights into the state of Tagalog in the middle of the Seventeenth Century, and into its use as an administrative medium. The
text's main features are important variations of Latin and baybáyin characters, the use of ay_ as a multi-level discourse marker,
an aspectual contrast between -ungm- and -wn-, an odd magpag- verbal form, ka- as a quasi-specifier , and tthe use of the
second person singular to address a lord.

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Potet Jean-Paul. La pétition tagale : Caming manga alipin (1665). In: Cahiers de linguistique - Asie orientale, vol. 16 n°1, 1987.
pp. 109-157.

doi : 10.3406/clao.1987.1220

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/clao_0153-3320_1987_num_16_1_1220
Jean-Paul POTET

LA PETITION TA GALE

CAMING MANGA ALIPIN (1665)

ABSTRACT

A rare prose document , this petition from Mindoro magis


trates to the Archbishop of Manila - dated December 28, 1665 -
provides insights into the state of Tagalog in the middle of
the Seventeenth Century, and into its use as an administrative
medium.
The text's main features are important variations of Latin
and baybáyin characters, the use of ay_ as a multi-level discourse
marker, an aspectual contrast between -ungm- and -wn-, an odd
magpag- verbal form, kçr- as a quasi-specifier , andTthe use of
the second person singular to address a lord.

C.L.A.O. Vol. XVI №1 Juin 1987, pp. 109-157.


110
Jean-Paul POTET

Introduction
En 1665, les autorités indigènes de MINDORO
adressent à l'archevêque de MANILLE Miguel DE
POBLETE une pétition dans laquelle ils solli
citent l'envoi de Pères Jésuites plutôt que
celui de réguliers ou de séculiers.
A la différence des autres requêtes du même
type, celle-ci n'est pas rédigée en espagnol,
mais en tagal (dans sa transcription latine de
l'époque). En outre, certains pétitionnaires
ont signé en caractères philippins. L'intérêt
historique de ce document se double donc d'un
intérêt linguistique qui est d'autant plus
grand que la majorité des textes tagals des
XVIe et XVIIe siècles ont été commis par des
prêtres espagnols dont la compétence linguisti
que a occulté le discours tagal authentique.
Alors que Ghislaine LOYRÉ et votre serviteur
travaillaient encore sur cette lettre, le mis
sionnaire néerlandais Antoon POSTMA (SVD) en
faisait paraître sa traduction anglaise dans un
opuscule consacré aux populations autochtones de
MINDORO ("ňangyan encount&U! icut and U&ót (1570-
1985", Вша, 0с1о1ел 1985), Une correspondance
avec cet eminent spécialiste établi à PANAYTAYAN/
MANSALAY (ORIENTAL MINDORO) nous a permis de cla
rifier un certain nombre de divergences qui sub
sistaient entre ses travaux et les nôtres ainsi
que de corriger de graves erreurs: je pense en
particulier à la date que nous lisions *1669 alors
que POSTMA a prouvé qu'il s'agissait de 1665!
J'avais, en revanche, déchiffré toutes les si
gnatures sauf une (D7), ce que notre maître n'a
vait pu faire en raison de la mauvaise qualité du
111
LA TETITIOU TAGALE GAMING MANGA ALIPIN (1665)

cliché dont il disposait.


Le lecteur trouvera donc en annexe
•>un fac-similé de cette pétition dont le titre se
ra désormais ses trois premiers mots et sa date:
Gaming manga atípin. (1665)
■»ma transcription de ce document dans l'orthogra
phe actuelle accompagnée de l'accentuation offi
cielle et de signes diacritiques complémentaires
que je propose (v. annexe E)
■Mine traduction française qui doit beaucoup à la
traduction anglaise de POSTMA et à ses conseils
•>des notes qui font état de nos convergences et
de nos divergences
■>mon déchiffrement des signatures approuvé provi
soirement par POSTMA.
La présentation historique qui suit est destinée
aux linguistes. Les mêmes annexes seront utili
sées par Ghislaine LOYRÉ pour son article sur la
portée événementielle et institutionnelle de ce
document .
Quant à jnon développement, il aura pour objet
les caractéristiques linguistiques du texte en
question.

Contexte

comme
L'île
un arc
de dont
MINDORO
la corde
(- 10.244km2)
donne sur la
se Mer
présente
de
Chine et le cintre sur la mer intérieure de l'ar
chipel philippin.
Les plaines de la partie orientale connaissent
un climat de pluies à peu près uniformes qui en
font l'un des greniers à riz des Philippines mal
gré son infestation par les rats. Au contraire,
la partie occidentale subit une saison sèche qui
s'étend de novembre à avril et présente un relief
élevé et accidenté.
Les ports qui font face à LUÇON {Luzon), MARIN-
DUQUE (naainduque.) et TABLAS ont toujours été des
escales de choix pour les navires assurant les
liaisons avec MANILLE (ňani£a /HAYUlLK) ,
Les Chinois s'y arrêtent depuis au moins le dé
but du XIe siècle pour y échanger leurs produits
finis contre du bétel, des carapaces de tortues,
de la cire, du coton et des plantes médicinales.
112
Jean-Paul POTET

С est peut-être le toponyme MA-YI EÛc ^Ë qui


designe cette île dans leurs ou
vrages de navigation, mais les Espagnols ne par
leront jamais des bouddhas de métal dont fait men
tion le Chu Tan Chlh en 1225 (SCOTT: 1984:68).

En 1570, LEGAZPI s'empare de la petite capita


le fortifiée qui devait occuper le site de l'ac
tuelle PUERTO GALÉRA. Elle s'appelait MINDOLO ou
''INÚLO (MING-4 DOLO "bout") souvent déformé en
BINDÛLO. Les Espagnols transforment ce nom en
MINDORO (cf. KALABAW ■* canuiao "buffle") et en
font l'appellation de l'île toute entière. En ou
tre, une etymologie eldoradienne est inventée:
"mine d'or" {mina de. oio) pour y attirer les ec
clésiastiques et les laïcs mus par l'appât du
gain.
La côte est habitée par des Tagals (MGA TAGALOG)
islamisés: LEGAZPI dit que ce sont des Maures (По
лол). Ceux-ci ont depuis longtemps établi leurs
colonies le long du cintre et servent d'intermédi
aires entre les marchands étrangers et les autoch
tonesqui vivent dans les montagnes: les Mangyans
(MGA MANGYAN).
Dès la fin du XVI e siècle, MINDORO et les îles
qui lui sont associées, en particulier ILIN et LU-
BANG, sont instituées en une ferme fiscale ou com-
manderie (encomi&nda) . En 1588, MINDORO-même a
2000 foyers fiscaux. Le fermier général est un
conquérant qui fait recouvrer l'impôt par les au
torités tagales dont la Couronne a reconnu les ti
tres à la suite de leur conversion au Catholicis
me. Des élections annuelles assurent la nomination
d'un magistrat (goi&inadoicillo) qui s'occupe aus
si de la perception; c'est de cette époque que le
terme fi-Lbcal désigne le procureur d'un tribunal.
Les islamisés de MINDANAO (MINDANAW) et de BOR
NEO continuent à hanter les parages de l'île bien
que la route maritime qui mène â la Chine soit dé
sormais sous contrôle catholique. Leur présence et
leurs incursions font de MINDORO une ferme de peu
de rapport.
Les prêtres sont rares dans les trois districts
paroissiaux: BACO, CALAVITE et NAUJAN. De ces mis
sionnaires, seuls nous intéressent ici les Jésuites.
1) Préfixe maranao ou maguindanao (v. Musulmans de Mindanao).
2) Cf. latin qaazóton. "quêteur".
113
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

En 1631, un séculier cède son bénéfice à la So


ciété de Jésus dont les pères installent leur ré
sidence à NAUJAN (NAWHANG) près du lac du même
nom. Cependant, le roi leur ordonne en 1639 de
restituer MINDORO et QUIAPO (KIYAPO) - un faubourg
de Manille - aux séculiers à la suite de diverses
plaintes dont, en particulier, celle d'un noble
indigène de QUIAPO qui a vu sa maison incendiée
par un Jésuite et ses sbires, ainsi que de rap
ports faisant état de pressions exercées sur le
gouverneur Sebastian HURTADO DE CORCUERA pour en
lever ces localités et quelques autres aux sécu
liers et les attribuer à la Société.
Il ne semble pas que l'ordre du roi ait été
suivi d'effet puisque deux Jésuites sont envoyés
à MINDORO en 1640 et quatre ou cinq autres en
1645. Toutefois, ils semblent abandonner la par
tie vers la fin de cette décennie.
S'il faut en croire les documents connus, à une
période fertile en conversions et favorable au re
couvrement de l'impôt succède une autre au cours
de laquelle l'impôt rentre mal, les sacrements
sont rarement administrés dans les campagnes et
où l'animisme regagne du terrain.
La venue du Jésuite Diego LUIZ (DE) SAN VI(C)TO-
RES,1 accompagné de son professeur de tagal: le
frère convers indigène Marco DE LA CRUZ, représen
te donc un événement considérable dans l'histoire
de MINDORO. Une légende extraordinaire le précède:
il aurait converti 24.000 Philippins en huit jours
dans la campagne de MANILLE.
C'est pendant son séjour à NAUJAN (octobre 1665-
mars 1666)2 que le séculier Pedro RUIZ DE BALDERAS
meurt (6 décembre 1665)2. Il ne faut pas y voir une
coïncidence suspecte, mais simplement le choix ju
dicieux du moment. C'est pendant le même séjour
que la pétition que nous étudions dans cet article
est rédigée par les autorités tagales de l'île.
Une autre3 suivra en 1679 et, la même année, le
séculier Martin DIAZ, rappelé dans la capitale pour
céder son bénéfice aux Récollets (qui ont reçu MIN
DORO en compensation de la SAMBAL alors attribuée
1) In B&R: SANVITORES (SAN VÎTORES) Diego Luis De.
2) Communication personnelle de POSTMA. 3) En espagnol.
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POTET Jean-Paul

aux Dominicains) se prononcera ouvertement en fa


veur des Jésuites.
La pétition Coming manga atipin (1665) constitue
donc un document testimonial en faveur de la Soci
été de Jésus. Elle est aussi une manifestation po
litique des autorités tagales de MINDORO quant à
l'avenir de leur communauté et de celle des Mang-
yans dans le cadre juridique de la Couronne d'Es
pagne. (L'histoire apprendra à ces podestats, un
peu à leurs dépens et beaucoup à celui de leurs
administrés, qu'ils ne sont que des pions que les
Espagnols avancent, reculent ou sacrifient au gré
de leurs desseins.) Elle révèle à quel point le
tagal était devenu une langue administrative et,
par là même, confirme le confinement de l'espa
gnolà la seule ville de MANILLE tel qu'il est
rapporté par les contemporains. Pour le linguiste,
elle représente le second texte tagal en prose
connu dont le sujet n'est pas religieux (le pre
mier étant le manuel d'espagnol ЦЛлопд paq-aana-
lan nanq mqa laqatog nanq uicang Catt-ila publié
par Tomáš PINPIN en 1610 et le troisième un court
rapport en date du 17 janvier 1754 et signé Martin
DIMAANDAL: Don %o*/>(Lpk de. Ac/uó^oz) . Enfin, ses si
gnatures en caractères syllabiques tagals permet
tentd'enrichir la petite collection commencée par
SANTAMARIA en 1938.

Commentaire
1 . CARACTÉRISTIQUES DE LA PIÈCE
1.1. DESCRIPTION MATÉRIELLE
II s'agit d'un manuscrit opisthographe trouvé
séparément par Ghislaine LOYRÊ et William Henry
SCOTT dans les archives de la REAL ACADEMIA DE LA
HISTORIA de MADRID (Ms. 9-2668).
Le papier est assez mince et il y a des traces
aux verso de ce qui est écrit au recto et vice-
versa. Le fac-similé a été traité afin d'effacer
ces interférences.
Les dimensions de ce document sont à peu près
celles du format A4 (21x29, 7cm).
115
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

1.2. ECRITURE LATINE


1.2.1. Les lettres ont un tracé dépouillé et sans
délié, quelque peu hellénisant. Elles sont souvent
détachées les unes des autres. Celles placées en
bout de ligne sont pourvues d'une petite fioriture
(^) pour bien remplir cette dernière. Le point de
certains I et de certains J est devenu une sorte
de crochet (ex. i.\ ALIPIN) ou de trait oblique
(ex. l.\k PAMAMAYAN). Le tilde est souvent hyper
trophié (ex. 1Л MANGA). On sent que la main est
sans cesse agitée par le désir d'enjoliver; désir
réprimé pour laisser place à l'obligation adminis
trative de lisibilité et de réserve. Il est évident
que nous tenons ce texte d'un greffier.
1.2.2. Les formes déroutantes des lettres H (f ),
J/Y (*y), R(X)etT(g)en ont rendu la lectu
re
difficile.
1.2.3. Les lettres J/Y et S ont une forme finale
souvent différente de la forme médiane (ex. Ž..12
AY et ^.28 BUHIS).
1.2.4. Les majuscules et la ponctuation ne sont ni
coordonnées, ni indicatives des divisions naturel
les du discours. Chacun des noms des pétitionnaires
est suivi d'un point, mais une virgule sépare BAL-
DERAS (^.20) de sa relative. Il arrive aussi qu'u
nemajuscule soit utilisée au milieu d'un mot (ex.
^.35 CAAVAAN = KAAWÀAN, cf. i.12 MAMACAAUAAUA -
MAMAKAAWÁ-AWA).
1.2.5. Enfin, l'alphabet était celui de l'époque,
c'est à dire sans K, ni V, ni W, ni Y mais avec un
С cédille.
A <A a, F jf W Л Tn S f / j
в Й é g Ç s N X ъ i <д ь
с С с н jC £ о о и j) il
ç 5 i í с р Р р х

ЕD *д С
<Э J à
l£ j/ у
i Q
R <р Z ^
116
POTET Jean-Paul

1.3. ABRÉVIATIONS
1.3.1. Ce texte de 49 lignes comprend 25 abrévia
tions. Le ia "etc." au milieu de la ligne 32 ré
vèle qu'il était destiné au traducteur espagnol
auquel il était laissé tout loisir de mettre la
formule la plus appropriée.
1.3.2. Neuf de ces abréviations sont celles de pré
noms, о p
L'abréviation J& représente Juan et non Ju-
iio dans la mesure où la signature G4, en caractè
res philippins, présente effectivement la séquence
7du}/hu-wa}/ba-si-ni}/.1 "Don Juan BASINQIL" .
Il fallait voir dans Vp^^ les lettres
grecques Xpo. abréviation fif de "Christo-"
suivies de u^ "val" et lire OuuAtbual
Aguóitn c/f^J Телпапао^р* Juan
?/мпс1осоФ**Ч Nicoíaó
* Ignacio &naf PexUo Ф^
1.3.3. Sept sont des abréviations de titres espa
gnols. /r> tGi
Ben£.£Lciado Vjeveýk PacUe.
Capiton Cif* Su lûu&zÎAima J /**.
Don Й VuetUa IňuUUima

1.3.4. Les cinq abréviations de mots ou d'expres


sions tagals ou tagalisés présentaient peu de dif
ficultés en raison du contexte. Elles révèlent la
prise en main par les indigènes d'un système gra
phique dont ils exploitent toutes les possibili
tés dans leurs activités administratives.
MÀGINOO ?*У PADRE HESWlTA f?Č.
PANGINOON TT*^ MAGPARI <7Па4Г.
PANGINOOŇG DIYOS Й^й "
1.3.5. Il reste quatre abréviations parmi lesquel
les nous trouvons celle de de. qui pourrait se con
fondre avec H. ou /7.
ano de. дюсла W î de C/ťi dicujzmlUe. <fcp î etcéte/ta x *^ •
1) v/. annexe E.
117
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

1.4. CHIFFRES ARABES


II faut les comparer à ceux de la date portée
au frontispice du catéchisme (DocjQuna Qviiltia-
na) publié à MANILLE en 1593 et aux autres docu
ments de l'époque pour voir que le chiffre final
de la date de la pétition est bien 5 et non 9.
Francisco BLANCAS (De) SAN JOSÉ(PH)
0 1 23 4 56 7 8 9

On notera que le quantième du mois (28) a ses


deux chiffres plus ou moins liés.

1.5. CARACTÈRES PHILIPPINS


1.5.1. Rappelons qu'à l'arrivée des Espagnols,
la plupart des ethnies vivant autour de la mer
intérieure disposaient d'une écriture syllabique
dont on. place l'origine dans le sous-continent
indien. La variante tagale est connue sous le
nom de BAYBAYIN. Le meilleur document dont on
dispose est encore la docbiina Cht-LÎ tbma de
1593.
Il y a dix-sept signes auxquels s'ajoute une
marque de ponctuation.
01 02 03 04 05 06 07 08 09
/a/ /u/ /i/ /h/ /p/ /k/ /s/ /1/ /t/
t/* <& \4 tf V
10 11 12 13 14 15 16 17 18
/n/ /b/ /m/ /g/ /d/ /j/ /n/ /v/ ponct.
n\ CD Tito ^x ô //
Les signes consonantiques (04-17) se lisent
avec la voyelle inhérente /a/ lorsqu'ils sont nus.
Ils se lisent avec la voyelle /i/ lorsqu'ils ont
un point suscrit et avec la voyelle /u/ lorsque
le point est souscrit. Les consonnes de fermeture
des syllabes ne sont pas notées,
ex. /pagkahádih/+(pakqaha:ri'>) "règne" PA-KA-HA-DI
Les textes s'écrivaient de 3*^ 10 t& */* &
bas en haut et de gauche à droite .2 H 12 3 4
1.5.2. Il y a dix-sept pétitionnaires, mais seule
ment quatorze signataires. Encore leur liste
n'est-elle pas identique à celle des premiers: il
en manque et trois inconnus ont signé. Enfin la
signature D7 n'est toujours pas déchiffrée.
* Ce 5 était encore utilisé au début du siècle en France.
118

Jean-Paul POTET

PÉTITIONNAIRES SIGNATURES
Le titre espagnol Don est placé devant chacun des noms des
pétitionnaires et des signataires. Il n'apparaît pas dans D7.
Signatures: L = en caractères latins, P * en caractères
Pedro De ABILA (philippins.
Christóval De ARILLANO
Juan BASINGIL G4 P
Estevan DOMONDON G3 P
Franzcisco HABIER{ G2 P
Phelipe IACOBE D6 P
D4 P Francisco LIMO
Fernando LONTOC DI L
Franzcisco MAGCOLANG G5 P (Dî MAGCOLANG)
Juan MAGQUILAT Gl L
Ignazcio MANAGA D3 P
Andrés MANIMTIM
Geronimo Di MAPILIT
Juan Di MAQUILING
Juan MAROCOT D2 L (De MAROCOT)
G6 L Juan MATANGNAN
Nicolas MILO
Pedro MONYOS fïiïûz
G7 L Diego SALCEDO
Augustin SOLIT D5 P
D7 P X
1.5.3. Les signatures sont en deux colonnes. Elles
sont séparées les unes des autres par des croix. Il
y a deux grands traits entre G4 et G5. Cette derni
èresemble être associée à D6 par un trait d'union.
Les signatures en caractères latins s'ornent de
paraphes compliqués. A l'exception1 de D3, dont le
GA final est aussi monstrueux que la finale des
précédentes, les signatures en caractères philip
pinssont simples. Elles se terminent par les deux
traits verticaux de ponctuation à l'exception de
D3, en raison de son paraphe, et de D6, qui a une
croix.
1.5.4. Les neuf signatures tagales que nous fournit
ce document ne se laissent pas lire facilement, en
premier lieu parce que les consonnes de fermeture
ne sont pas notées, conformément au système, en se
cond lieu parce que les signes sont très déformés
en comparaison des orthogrammes de la Dodbiina
САл-iftiana et, en troisième lieu, parce que les pré-
119
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

noms espagnols sont transposés dans le système


phonologique tagal.
Le lecteur trouvera en annexe un tableau des
formes nouvelles comparées à celles déjà connues.
Nous allons maintenant passer en revue ces dif
férentes signatures.
1.5.5. G2 : Qr fj^ л, ль ss* p^— o//

x
7du}/pa-da}-si}-ku/ha-bi-)£
dun pa dan sis ku ha bir (d = г)
Don Francisco HABIER (= JAVIER/XAVIER)
La première syllabe de Francisco est décomposée
en deux syllabes par l'insertion d'une voyelle é-
penthétique entre les deux consonnes initiales.
(Cette voyelle est toujours identique à celle dé
jà présente. V. POTET: 1983: 1:29 & 11:136.)
Le (j) (I) et le (e) (E) de JAVIER se sont con
fondus en un seul phonème: /i/. S'il n'en était
pas ainsi, nous aurions /ha}-ji}/.
hab jir
La transposition de esp. (f) en tag. (p) et de
esp. (x) en tag. fhl est classique.
En tagal, (i), (i) et fei sont les réalisations
du phonème /i/, et (u) , (uj et (o) celles du /u/.
Les points de vocalisation ne notent donc que les
phonèmes. Il s'ensuit que les voyelles espagnoles
(e) et (o) sont assimilées aux réalisations res
pectives de ces phonèmes pour être notées, sans
qu'ensuite il soit possible de les restituer à
l'aide d'une règle grapho-phonologique tagale.
1.5.6. G3:

CD tt

dun ?is ti ban du mun dun


Don Esteban DOMONDON
Remarquez les deux traits qui séparent le patro
nyme du prénom.
1.5.7. G4: О

/du}/hu-wa}/ba-si-r)i}/.
1) Ces symboles sont expliqués dans l'annexe E.
120
Jean-Paul POTET

?du}/hu-wa}/ba-si-r)i}/
dun hu wan ba si nil
Don Juan BASINGIL
1.5.8. G5:
^ ^

Le prefixe Don
/du^/pa-da^-si^-ku/di-ma^-ku-la}/
négatif
dun Francisco
pa dan
Di^ sis
n'apparaît
Di-MAGCOLANG
ku di pas
magdans
ku la
lantrans

cription du greffier (v. -£.06).


La forme du M ( —» ) est particulièrement anor
male.
1.5.9. D3:

dun 9ig na si ju ma na ga
Don Ignacio MANAGA

1.5.10. D4:

dun pa dan sis ku li mut


Don Francisco LIMOT (?)
Ce signataire n'est pas dans la liste des pé
titionnaires. Nous avions le choix entre LIKMO
(être assis sur un trône), LIMOS (aumône) et LI
MOT (oublieux). Le troisième mot nous semble être
le plus probable.
1.5.11. D5: $

dun 7au gus tin su lit


Don Augustin SOLIT
La forme du A ( -sff ) est tout à fait inattendue
Il eût été impossible de lire ce symbole sans le
secours du nom en caractères latins.
La transcription tagale ne peut donner aucune
indication sur le statut du U qui suit A puisque
121
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

le tagal en fait un cataclinon (■)) et que ces der


niers ne sont pas notés (cf^ ARAW "soleil/jour")
Cependant, il y a tout
lieu de croire qu'il
était encore prononcé
à cette époque puisque le greffier a eu soin de
le noter dans l'abréviation (v. -£.07). A l'heure
actuelle ce prénom est devenu
1.5.12. D6:

tg* -fr **Г ve*


dun pi li pi hia ku bi
Don Felipe IACOBE (PàeUpc)
Le greffier a dû omettre le H devant le patrony
me comme il l'a fait à l'initiale de HINDI (non)
v. ^.41: indZ.
Autre fait remarquable: le A de HIA est considé
ré comme un cataclinon.
1.5.13. D7:

Cette signature n'est toujours pas déchiffrée


parce que la variante utilisée, très belle et très
claire, est trop éloignée de toutes les autres
connues jusqu'à maintenant.
La première syllabe ne peut être DON, comme .d
evant les autres, puisque la voyelle est /i/.
A la séquence vocalique /i-i-i/ ne correspond
qu'un seul prénom: Pke.LLpe./7e.tipe. -*- /pi-li-pi/
qu'il faut écarter puisque le troisième signe
n'est pas identique au premier.
Tous ces faits suggèrent qu'il ne s'agit peut-
être pas d'une signature mais d'une formule ju
ridique ou d'une remarque quelconque.
En tenant compte du fait que le premier, le
quatrième et le sixième signes sont identiques,
nous proposons provisoirement l'interprétation
suivante. £ ^ ^ ^ £

DI-LIPÎ
non
"ainsi
di° race
li que
pi7
suivre
DASON
les
da roturiers"
sun
DIN din
aussi
122
Jean-Paul POTET

1.5. 14. Pour différents qu'ils soient des ortho


grammes de la Docùiina CA/iiftiana de 1593, les
caractères philippins utilisés par les signatai
res se distinguent nettement de ceux des Mang-
yans. Ces derniers, encore utilisés de nos jours
(P0STMA:1971), ont pour caractéristique principale
leur aspect anguleux dû à l'utilisation d'une
pointe sèche pour les tracer sur des morceaux
de bambou. Ils se rapprochent de ceux des Tag-
banwas (MGA TAGBANWA) , eux aussi encore utilisés
en ce dernier quart du Vingtième Siècle (FRANCIS
CO, 1973). Les Mangyans, dont le rédacteur de la
pétition assure qu'ils sont sortis de leur mon
tagne pour rencontrer SAN VÍCTORES, n'ont donc
pas signé ce document et les seuls Tagals ont
parlé pour l'ensemble des populations de l'île.
1.5.15. L'administration espagnole aura donné aux
Philippins le goût des signatures (de nos jours
les auteurs signent totu leurs exemplaires lors
que l'ouvrage coûte un certain prix) et surtout
des signatures paraphées comme en témoignent ces
trois exemples actuels.

1.6. ORTHOGRAPHE
1.6.1. Les noms, les prénoms et les titres espa
gnols, d'une part, tous les mots tagals, d'autre
part, sont écrits selon les règles de l'orthogra
phe espagnole qui prévaudra jusqu'au milieu du
XIXe siècle.
Ses caractéristiques sont bien connues; conten
tons-nous donc d'en comparer les principales à
celles des systèmes actuels.
-En espagnol, F a remplacé PH, L a remplacé LL
quand il se prononçait (l) et Z a remplacé Ç.
-En tagal, К a remplacé С (devant A, 0 et U) et
QU (devant E et I) et W a remplacé U/V.
1.6.2. Dans ce document, la lettre 0 semble être
utilisée dans la pénultième lorsque celle-ci est
inaccentuée. Au contraire, c'est U qui apparaît
123
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

lorsqu'elle porte l'accent.


ex. (||S accent fort; i: accent faible; o: accent nul)
iocod BUKOD /buktld/ (bu ko.d) ^.27 en outre
О f
londoc BUNDOK /bunduk/ (bUn do.k) ^.42 montagne
lapa LUPA /lupaH/ (lU: pa?) £. 16 terre
Ce texte présente cependant trop peu d'exemples
en U pour que nous puissions en tirer une règle.
Si une telle règle existe, elle se confond avec
une autre, purement graphique, qui oblige à mettre
0 devant tï/V = W pour éviter les confusions.
ex- о о о t
caloloua KALULUWA /kalulu0a0/ (kaluluwa.h) I. 20 âme
houag HUWAG /hu0ag/ (hu wa.g) -Č. 34 (prohibition)
1.6.3. Le (w) épenthétique qui remplace l'occlusi
ve glottale (?) , elle-même réalisation du phonème
zéro /0/» entre deux voyelles dont l'une est /u/,
est systématiquement écrit alors que l'orthogra
phe moderne l'a éliminé de la plupart des mots.
ex. daiauang pouo catauo (£.37-8) TAO (gens)
/dllauàn pŮ0uH klta0Í0/ <" vingt Pers°™es
(da la warn pO wU: ka ta: wo.h)
1.6.4. Le mot iuhti (£.26) "tribut/impôt" est un
cas particulier dans la mesure où nous devrions a-
voir iouLb. Le mot actuel est BUWIS, mais LAKTAW
(1914) l'a enregistré sous la forme BUIS.
Il semble qu'alors le mot ait été accentué sur
la pénultième /bu0is/ et ^ие 1е 8reffier, obligé
de garder U pour manifester cette accentuation,
se soit vu contraint de mettre H à la place du U
épenthétique pour ne pas avoir uiuit, un peu à la
manière des scribes médiévaux qui ont mis H devant
aile, (huile) pour distinguer ce mot de ui£e. (vile
ou ville).
1.6.5. La lettre H est utilisée pour représenter
le phone (h) à l'initiale des syllabes dans tous
les autres cas sauf un: celui de indi (^.40) =
HINDI (non) où elle est omise sans qu'aucune rai
son claire n'apparaisse. Force nous est d'admettre
qu'il s'agit d'une prononciation locale de ce mot
qui a été enregistrée. SOBERANO (1976:228) signale
l'existence de cette forme à MARINDUQUE et ROMBLON.
124
Jean-Paul FOTET

1.6.6. Encore plus intéressant est le cas du mot


DITO "ici" orthographié avec deux T à la ligne
29: ditto.
C'est le seul mot ayant une lettre redoublée
parmi tous ceux de la pétition. Dans le rapport
Don 2-Q^^e-ph. de. Aljlióaoz (1754), la plupart des S
et des T sont géminés sans autre raison apparen
te qu'un besoin de rendre ces lettres parfaite
ment claires. Il semble donc que nous assistions
ici aux débuts d'une convention administrative
systématiquement appliquée par la suite.
1.6.7. Le D final semble se réaliser en D devant une
voyelle et en R devant une consonne: BUKOD кШ/ioccd
ang U-27), BUKOD ?k/(Locoi pa (Д38), SUNOD DITOAo-
rtOA. dito (^. 11-12). A l'heure actuelle le /d/ final
se réalise toujours en (d) .
REMARQUE
Les citations seront désormais transposées dans
l'orthographe actuelle accentuée selon notre sys
tème, (v/. annexe E)
2. PLAN DE LA LETTRE
Cette pièce, qui relève de la correspondance ad
ministrative suit le présentation classique impo
sée par ce genre: elle commence par la liste des
soussignés, se poursuit par les attendus et se
termine par l'objet de la pétition.
Ses formules propres au discours de l'informa
tion (dans la mesure où ce dernier se distingue
de celui de la communication où les réactions de
l'interlocuteur entraînent un rapport dialectique
entre les répliques) sont d'autant plus remarqua
bles que le tagal aurait principalement servi à
la conversation et que les Philippins n'auraient
eu ni livres ni archives.
2.1. SOUSSIGNÉS
2.1.1. La liste des soussignés est introduite par
KAMI "+nous -vous" (Vs TAYO "+nous +vous") dont
l'exclusivité, impliquée par la situation, dispa
raîtra dans la morphologie de la traduction,
2.1.2. Cette liste se divise en trois parties.
125
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

-celle des autorités: le magistrat en exercice


(KAPITAŇG BASAL) et les chefs de canton (MGA KA-
BESA SA BALÁNGAY) placés sous sa tutelle
-celle des anciens magistrats (MGA KAPITAŇG PASA-
DO)
-celle des autres gentilshommes (IBA PÀNG MGA MA-
GINOO)
2.1.3. Le "nous" que ces trois sous-listes détail
lents'oppose au "eux tous" (SILANG LÁKAT), ana-
phore des "célibataires" (MGA BINATA), certes ano
nymes, mais dont la présence est signalée sans
doute pour montrer que les futurs héritiers des
titres et des charges endosseront les revendicati
ons de leurs pères.
2.1.4. L'ensemble des pétitionnaires est repris
par l'anaphore "nous tous" (KAMlNG LAHAT) au début
de la section suivante. Il est précédé de AY.
2.2. LES ATTENDUS
2.2.1. Les attendus proprement dits sont précédés
d'une plainte. Celle-ci commence par une formule:
"Nous tous implorons la pitié de Notre Maître et
nous plaignons" (KAMlNG LAHAT AY NAGMAMAKA^WA-AWÀ
AT DUMARAING SA AMIŇG PANGINOON). Vient ensuite le

motif-même
de" (DAHILANde SA):
la plainte
les districts
introduit
de NAUJAN
par "â et
cause
de
POLA connaissent une situation désastreuse.
Plus loin le premier paragraphe de la lettre
se termine par une réitération de la plainte.
2.2.2. Entre temps sont énoncés deux attendus:
-seul l'archevêque peut recevoir cette plainte
-le bénéficier est mort.
Chacun est introduit par YAYANG, qui a disparu
du tagal actuel, et ils sont séparés par AY.
2.3. L'OBJET
2. 3.1. Les pétitionnaires réclament des Jésuites
(et ne veulent pas de séculiers).
Le "donc" (KAYA) qui introduit l'objet n'en
fait que la conséquence formelle des attendus.
2.3.2. Le but d'une telle demande est le rétablis
sementde la prospérité dans les districts de NAU
JAN et de POLA.
126
Jean-Paul POTET

que"
L'articulation
(AT ÛPAN) et rhétorique
AY sépare les
est deux
fournie
parties.
par "afin
Ce procédé permet aux pétitionnaires d'établir
une comparaison favorable aux Jésuites entre la
situation actuelle et celle qu'ils ont connue.
Se révèle en même temps leur mémoire politique
collective puisqu'une vingtaine d'années ont dû
s'écouler entre la période de prospérité qu'ils
regrettent et le marasme actuel qu'ils déplorent.
2.3.3. Le sort des Mangyans et la visite du cé
lèbre Jésuite Diego LUIS (DE) SAN VÎ(C)TORES font
l'objet de tout le deuxième paragraphe de la let
tre.
La transition est assurée par l'expression "II
nous faut dire aussi à sa Seigneurerie" (AT ANG
ISA PANG BAGAY NA IPINAGSASALITA NAMIN SA SU ILUS-
TRISIMA).
L'archevêque est d'abord informé que SAN VlCTO-
RES a baptisé plus de cent-vingt Mangyans sans com-
ter les catéchumènes. Au cours d'un deuxième temps
il est menacé d'une défection de ces nouveaux Ca
tholiques si ce ne sont pas des Jésuites qui s'oc
cupent d'eux.
L'articulation entre le rapport des faits et la
menace au discours indirect est exprimée par "c
ependant/toutefois" (DATAPWA). Il s'agit de faire
comprendre aux autorités espagnoles que rien n'est
acquis définitivement et qu'un suivi constant est
absolument nécessaire. Si les gens de MINDORO sa
vent se souvenir, ils peuvent aussi décider d'ou
blier.
2.3.4. Pour enlever tout doute à l'archevêque quant à
la volonté des Mangyans de se convertir plutôt qu'à
une quelconque coercition, il est fait état de ceux
qui sont sortis de leur montagne à l'arrivée de SAN
VICTORES (nous comprenons que les autres étaient dé
jà présents dans les colonies tagales).
C'est la formule "II y a encore une chose dont nous
devons informer Sa Seigneurerie" (AT ANG ISA PANG
IPINAHAHAYAG NAMIN SA SU ILUSTRISIMA) qui introduit
ce dernier argument.
Le texte ne précise pas dans quelle langue ces
Mangyans se sont confessés.
127
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

2.4. CLOTURE
2.4.1. Une formule en forme de serment quant à la
véracité des faits marque la fin de la lettre.
2.4.2. Suivent le lieu et la date.
2.. 4.3. Les signatures sont sur deux colonnes
correspondant peut-être aux deux districts concer
nés:NAUJAN et POLA.
2.5. ARTICULATION DE L'ARGUMENTATION
Les pétitionnaires ont eu soin de distinguer
l'acquis» dont ils décrivent la dégradation, des
perspectives d'expansion. Le premier concerne les
colonies tagales de la côte, les secondes les au
tochtones habitant les montagnes.
Nulle part dans leur lettre n'apparaît un conflit
entre eux et les Mangyans. Leur propos est de dé
montrer que les intérêts des deux communautés con
cordent et que seuls les Jésuites pourraient satis
faire leur demande commune.
On peut noter aussi que tout ce qui relève des
problèmes administratifs et fiscaux est associé aux
municipes tagals de NAUJAN et de POLA alors que les
questions religieuses ne sont évoquées qu'à propos
des Mangyans.
L'attention de l'archevêque est donc sollicitée
sur deux points et quand bien même le recouvrement
de l'impôt ne relèverait pas de sa compétence, il ne
lui serait pas possible d'ignorer l'argument en fa
veur des conversions.
La forme extrêmement administrative et respectueu-.
se de cette pétition et l'organisation du discours
qu'elle contient révèlent une longue pratique de
l'argumentation juridique qui efface sans rémission
l'image du bon sauvage que certains dans le MANILLE
de l'époque ou même dans l'Europe du XXe siècle ont
des Philippins.
Enfin, on comprendra aisément l'émotion qui doit
s'emparer des Catholiques pratiquants (l'auteur de
ces lignes n'en fait plus partie) à l'évocation de
Diego LUIS SAN VÍTORES puisque le témoignage
porté en faveur de cet illustre Jésuite provient de
populations plus ou moins récemment converties et
non de ses supérieurs hiérarchiques.
128
Jean-Paul POTET

3. LA PARTICULE AY
3.1. Les nombreux exemples d'emploi de la parti
cule AY que présente ce document sont d'autant
plus importants que, comme nous l'avons déjà si
gnalé, il s'agit d'un texte authentique en prose
et qu'il a été rédigé à une époque où l'espagnol
n'était pas diffusé en dehors de MANILLE.
En ce qui concerne la langue actuelle, on voit
dans cette particule un marqueur d'inversion
(SCHACHTER & OTANES:1972), de thème (COYAUD:1979)
ou d'antéposition (POTET: 1983).
3.2. Cette particule se prononce (?ae)/(9ai)/(e)
dans sa forme pleine et (j) dans sa forme réduite
(fY). Cette prononciation n'a pas dû varier depuis
1593 puisque la Doctnina Cfoiiltinna transcrit CCS
/7i}/ par ae (au lieu de ť»/7a}/ par ai).
ex* In ЧК (î\ &*P\\~ v$ vrQW
Ang otos
ordre nang
de Dios.
Dieu ae. fangpouo
dix
"Les commandements de Dieu sont au nombre
de dix."
La lecture à haute voix de la pétition donne
l'impression que la particule AY était à l'origine
une sorte de ponctuation sonore propre à une tra
dition oratoire ancienne, comparable au /wa/ "et"
de l'arabe (j ) et de l'hébreu (1 ) (d'où les "et"
intempestifs des traductions de la Bible).
3.3. Elle n'apparaît dans aucune proposition con
stituant un énoncé surbordonné à un autre.
REMARQUES
1 ) Les composants de la phrase seront simplement représentés
par les lettres de l'alphabet prises dans l'ordre pour éviter
les problèmes de catégorisation (foyer^sujet^thème).
2) Le numéro marginal renvoie à la ligne de l'annexe В où se
trouve le premier mot de la citation.
Le lecteur s'y reportera pour le mot-à-mot.
3.3.1. énoncés du type A ang В
20 (yáyang) ipinatáiuag ná ng P.D. ANG ámiňg benepisyádořig ...
(attendu que.) Ы SeJxpewi dieu, a wppeM à Lui notne.
129
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

27 (na) mápasáulí rín sa dáti ANG karamíhan ng táo


(qu'(Il)) fatte пеиеплл la majonUié det gent carme, aupanavant
28 (nang) dî pá ná-áalís díni sa amin ANG mga de La Kumpány a
(quand) let ЗелиОел n'étaient рал encone ралЫл
31 (ngayo'y) lálabí-sa-raán ANG buuís
(maintenant) l'impôt ť élève, à un pea půió de. cent uniiet
31 ((ngayo'y) at) nagsialís ANG ibá díto
((maintenant) et) let autne* tont pant.it ď ici
34 ( I ) itó ANG dahiláříg . . .
teMe. caí £a /laiócn роил ůtgueMe. ...
49 (nang) dumati ng ANG mahál na Padre
(quand) íe. chen. Реле, eàt
3.3.2. énonces du type ang С ang D
16 (yáyang) ANG V.I. na Panginoón námin ANG pastor na ...
(dUbzndu. que.) V.S. Noùve. (Icûtne. éí&ó le. ралЬеил. qui . . .
25 (ay) ANG P. H. ... ANG mag-pári díni sa amin
(que.) ce. soient d&b jAaiùteA qui /aient 1ел сипел chez, поил
44 (kung hindî) ANG P. H. ... ANG mag-alilà sa kanila
(m. ce ne tant рал) аел ЗелиОел qui У occupent d'eux
3.3.3. relatives: antécédent -NG/NA relative
01 (kamí)ng mga alípin ng Panginoón námin ...
(поил) елс&ахл de. Notné ПасЫе
05 (mga máginoó) na mga Kápitáňg Pasádo ...
(gentiù/ъстгел) qui tent ďancienó magióuiati ...
12 (mga bináta) na nag-áátag
(cé£i£ataineó) qui t'occupent de l'onganiôation
17 (pastár) na nag-áalíla sa amin
(ралЬгия) qui t'occupe de поил
17 (pastor) na kahalíli ng P.O. díto sa ibábam ng lupa
(paóteuz) qui eót le /tepnétentant du Seigneur Dieu tut te/где
18 (pastor) na súkat hingan at daingán ng lahát námiňg kasalatan ...
(paóteuz) à qui teul поил рошхпл поил adnetten. et поил plaindre
de. not maux. ...
22 (В ALDER AS) na nag-áalíla sa ámiřig mga kaluluiuá
(BALDEfiAS) qui avait change de not отел
34 (dahilá)n*g ipinagmámakaa.wá-áwá at ipagkaloób mó rín sa amin &
(naitcn) роил. laqueMe. поил implonont 7a pitié et le demandant
de. поил acconde/L &*
130
Jean-Paul POTET

36 (bágay) na ipinagsásalita námin sa S.I.


(с/юле) dont поил devons рал£ел. à Sa Seigneurie.
39 (táo) na bágořig bininyagán ng Padre ...
(депл) que Ее Реле. . . . avait nouveMement
41 (ináaralán) na dí pá biníbinyagán
(catéchumènes) qui ne. Aont раб encone &арЫлел
46 (bundók) na dáti niláng tinátahanán
(montagne) ou Ил haJLÚrůent aupanavant
48 (binyagán) na safnpuô katáong mahigít
e qui />ont půió d'une, dizaine.
3.3.4. complétives
(Occupe la position de D dans ANG С ANG D.)
23 ang hinihingî námin ngayón NA^PAGKALOÛB NG V.I. ... (AY)
ce. que. nouó taíticitcm c'est que. V.S. поил acctyidefó) . . .
(Occupe la position de В dans A ANG B.)
26 (at úpang) ikaawà ng P.D. NA^a'paSAULÎ RÎN SA DÁTI ANG ...
(afiin, que.) Dieu, ayant, pitiés {аьле. nevenin. . . .
(Occupe la position de С dans ANG С ANG D.)
32 NaViLALANIN NG V.I. NA P. NAIVIN ang pagkasirà ng ámihg báyan
que. Vct/ie. Seigieuzie. Noi/te flaùbve tache que с'елЬ £а tuine
de. natne munùupe.
3.3.5. expressions
30 (sanlíbo) bukód ang sa mga bisita
(miMe.) хюл canpien. ceux. (íe/> ůiiÉutiJ deá chupeMeó
41 (dalau/ampuo katáo) at bukód pá ang ináarálan
(vingt реллоппел) ши> сатрЪгл £ел catéchumènes
З.Д. La particule AY est utilisée dans les énoncés
principaux.
3.4.1. énoncés du type ANG £ AY T
13 siláng lahát AY sunód díto
eux. touó suivent ici/iouó id pvióentó
13 kamíng lahát AY nagmámakaguiá-áuia at dumáraíng sa ámiňg P.
паи touó impůyiaxa £a pitié de Noùie (laîtne et поил р&шуюпл
37 kamíng lahát AY huuiág Mó nářig álaalahánin
ne 7e. faÍ6 a(Uo£ument aucun touci pcw. поил (ícua)
40 ang bílang AY sandaán at dalauainpuô katáo
ai попйде de cent-vingt реплоппел
1) ANG est remplacé par NA dans ce type de complétive.
131
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

47 yáoříg dating binyagán ... AY ngayón lumabás nang ...


d'aruueno eaptíóÁi . . . -óe ^ont тжи/елЫь mcuntenant que . . .
3.4.2. énonces du type ang Ç ay ang H
38 (at) ang kaauiáan fló ná lámang AY yariňg mga ка^ша-ашапд táo ná
(et) /vLó&tve. 7a pitié, à сел раител ma£heu/i£ux. que. . . .
3.4.3. énoncés du type ang I AY ( l )
Ce sont des formules à trou que viennent remplir
des énoncés plus ou moins complexes (2).
23 ang hinihingî námin ngayón na ipagkaloób ng V.I. ... AY ...
поил 4o£íiciiau de V,S. de. £Uen uou£oùi гюиь
36 ang isá páng bágay na ipinagsásalita námin sa S.I. AY ...
une. choie, qu'it ncuó faut di/uz аили. à S. S. c'eAt que . . .
42 ang ujikà niláňg lahát AY ...
Мл disent Ьшл que ...
46 at ang isá páng ipinagháháyag námin sa S.I. AY ...
et Ы. поил faut cbliaù. ифуцпел S, S, que . . .
3.5. Lfaccord entre les parties du discours ne se
fait que si le composant qui se trouve à gauche de
AY se retrouve derrière le prédicateur après l'ef
facement de la particule,
ex.
37 KAMlNG LAHAT AY HUWAG MO NANG ALAALAHANIN
-► HWAG MO NANG ALAALAHANIN KAMlNG LAHAT
"ne Te fais absolument aucun souci pour nous"
Dans les autres cas, la partie à droite de AY
présente des accords totalement indépendants de ceux
que pourraient régir la partie de gauche,
ex.
50 ANG PAGKAT0T00 N1TÓNG LAHAT NAMING DAING AT SALITA
AY KAMlNG LAHAT Ay NAGPAGFIRMA (oie)
"La véracité de tout ce dont nous nous plaignons
•et de tout ce que nous disons, nous la confirmons
par nos signatures."
*KAMING LAHAT A{/ NAGPAGFIRMA ANG PAGKATOTOO . . .
*NAGPAGFIRMA KAMlNG LAHAT ANG PAGKATOTOO . . .
Il faut donc distinguer les énoncés qui résultent
d'une transformation en AY de ceux qui résultent
d'une association en AY. Dans le premier cas AY se-
1) YARÎ est la forme ANG correspondant à la forme NG: NIYARÎ.
132
Jean-Paul POTET

rait un antéposeur et dans le second une conjonc


tion de coordination.
3.6. La particule AY intervient aussi au niveau
du texte (c'est à dire celui immédiatement supé
rieur au niveau de la phrase).
Elle associe et distingue à la fois
-la liste des pétitionnaires et leur première décla
ration
01 KAMING MGA ALIPIN ... A Y KAMING LAHAT AY . . .
13
-les deux attendus
16 YAYANG ... A Y YAYANG ...
-l'état du recouvrement de l'impôt quand les Jé
suites étaient à NAUJAN et ce même état après leur
départ.
29 ANG BUWIS ... AY NGAYO'Y ...
31
-la relative aux "célibataires" et 1 incise les
concernant.
12 ŠAMPON NG MGA BINATÀ NA NAG-AATAG A Y
SILANG LAHAT AY SUNOD DITO
"auxquels s'ajoutent les jeunes gens qui s'occu
pentde l'organisation, tous suivant ici"
3.7. De tous ces faits nous induisons
3.7.1. que l'ordre canonique de la phrase tagale
est Ztag. » P + n(M + N)
où P représente le prédicateur (c'est à dire la
phrase dépouillée de tous ses actants et de tou
tes ses circonstances), M le marqueur d'un groupe
nominal, N le noyau d'un tel groupe et n_ un nom
bre quelconque (le signe + signifie que л ne mul
tiplie pas séparément M et N; par exemple, si ji
égale 2, on a (M + N)., + (M + N)2)
3.7.2. qu'une proposition dont les termes sont
dans l'ordre canonique est un cul de sac tandis
que l'antéposition (marquée par AY) de l'un des
éléments (M + N), qu'il s'agisse d'un groupe no
minal ou d'une complétive, signale qu'il existe
une bifurcation dans la suite de l'arborisation
représentant l'organisation du discours.
En bref, lorsque d'autres données (D) du même
niveau doivent suivre, le rédacteur le signale en
utilisant AY.
133
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

Soient P le propos de l'auteur, T le texte qui


l'exprime et § la fin d'un développement.
si P = D#, alors T = P + n(M + N)
si P = Di + D2#, alors T = ((M + N) + AY +
n(M + N))i + AY + (P + n(M + N))2
3.8. La particule AY est donc l'un des indices for
mels du discours intellectuel dans la mesure où elle
est utilisée pour établir des rapports hiérarchiques
complexes entre les données qu'il énonce.
Notre pétition en fournit un exemple remarquable.
42 ANG WIKA NILANG LAHAT AY Ш disent Ьш que.
KAHIMA'T SILA'Y NAPABINYAG AY (tien, que согихлШ
KUNG HINDI ... AY <&i ce. ne. *ont раб . , .
SILA'Y HINDI TATAHAN AT ... iù> ne. лелЬглопА /ш et .,

4. FORMES VERBALES
Cette pétition fournit un corpus de trente-et-une
formes verbales. Hormis leur orthographe, la plu
part d'entre elles sont tout à fait conformes à
l'usage actuel. Il en est cependant quelques unes
qui retiennent l'attention du lecteur moderne.
4.1. L'utilisation des formes plurielles y est plus
fréquente que dans la langue actuelle.
4.1.1. Contrairement à l'usage actuel, IBA ne de
vait pas impliquer le pluriel en s 'opposant à ISA.
31 NAGSIALIS ANG IBA cf. UMALlS ANG IBA
partir+pl. autre+0 partir+0 autre+0
"les autres sont partis"

?(UNGMALIS ANG ISA.) cf. UMALlS ANG ISA


partir+0 un+(0) partir +0 un+(0)
"l'autre est parti" (v. INL: 1977: other)
4.1.2. Plus subtile est l'intervention de la forme
verbale plurielle dans l'autre exemple puisqu'elle
insiste en contrepoint sur l'initiative prise par
les fidèles de se confesser et, par voie de consé
quence, sur l'absence de coercition de la part de
SAN VICTORES.
49 NANG DUMATING ANG MAHAL NA PADRE AT NANGAGKUMPISÀL
quand arriver le cher L père et confesser
inactualisé accompli+pl.
"quand le cher Père est arrivé et se sont confessés"
134
Jean-Paul POTET

En bon juriste, dont la langue doit éviter toute


ambiguïté, le rédacteur n'a pas mis la forme sin
gulière NAGKUMPISAL parce qu'un lecteur inatten
tif aurait pu l'interpréter comme signifiant: "il
les a confessés". 1
4.2. Dl PA (ne ... pas encore) régit l'inaccompli.
28 NANG DI PA NÁ-AALIS DÎNI SA AMIN ANG MGA ...
quand non + partir ici à nous le pi.
inaccompli+involontaire+actualisé
"quand ceux de La Compagnie n'avaient pas
encore été retirés de chez nous"
4.3. Les formes en -UM- sont particulièrement re
marquables.
13 KAMING LAHAT AY . . . DUNGMARAlNG
nous L tout ANT. se plaindre
inaccompli+actualisé
"nous nous plaignons tous"
49 LUNGMABAS NANG DUMATING ANG MAHAL NA PADRE
sortir quand arriver le cher L Père
accompli+actualisé accompli + inactualisé
"(ils) se sont manifestés lorsque le cher
Père est arrivé"
A l'heure actuelle, les verbes en -UM- n'ont
qu'une seule forme pour l'accompli actualisé et
l'accompli inactualisé alors que les verbes en MA-,
MAG- et MANG- ont deux formes distinctes.
ex. BANTAY DATING
surveiller arriver
inactualisé accompli MAGbantáy dUMatíng
inaccompli MAGBAbantáy DAratíng
actualisé accompli NAGbantáy dUMatíng
DUMA"
inaccompli NAGBAbantáy rating
REMARQUES
1) BA est le "duplicande" de BAN, DA celui de OA.
2) /d/ devient (r) entre deux voyelles.
Cette pétition semble indiquer que l'ac
tualisé des verbes en -UM- était caractérisé par
l'infixé -UNGM- opposé à celui -UM- de 1' inactua
lisé. DAING se plaindre DATING arriver
inact. inac. dUMaíng dUMatíng
ас. DAraíng DAratíng
act. inac. dUNGMaíng dUNGmatíng
ac. DUNGMAraíng DUNGMAratíng
1) Le contexte élimine "il (le prêtre) s'est confessé".
135
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

4.4. La dernière phrase présente une forme incon


nue en MAGPAG-.
coming íahat aj nag ХРад/глта
47-48 KAMING LAHAT AY NAGPAGPIRMA
nous+L tout ANT signer+confirmer
nom. act. + ace.
"nous avons tous signé"
II ne s'agit ni de naj XPag£ima /NAIPAGPlRMA
"a/ont pu signer", en dépit du point parasite si
tué sous le L de Lahat (.£.47), ni de nag AÍPagf.bi-
WNAGSIPAGPIRMA "ont signé" que pourrait suggérer
la rature (X) devant Pag. L'authenticité de cette
combinaison de suffixes peut donc difficilement ê-
tre mise en doute.
Il faut sans doute associer cette forme, dont
1' inactualisé inaccompli ne peut être qu'en MAGPAG-,
aux formes actuelles en IPAG- et PAG-AN. Le para
digme se serait alors présenté comme suit.
ex. SlSI /sisi0/ (si:sih) regretter/avoir du remors
actant sur lequel le procès est focalisé:
prime second tiers
inact. inac. MAGPAGsísi iPAGsísi PAGs^sihAN
ac. MAGpáPAGsísi IpáPAGsísi páPAGs*síhAN
act. inac. NAGPAGsísi iP-tnAGsísi P<<>iAGsÂsihAN
ас. NAGpáPAGsísi Ip/háPAGsísi fWrtáPAGsisíhAN
Le sens donné aux formes actuelles IPAGSISI "pro
voquer du remors" et PAGSJSlHAN "se repentir" (SAN
TOS: 1978) suggère une réaction volontaire.
La réduction des formes en MAGPAG- à des formes
en MAG- : MAGPAGSÍSI + MAGSISI, MAGPAGPIRMA -»- MAG-
PÎRMA aurait entraîné la captation de celles en
IPAG- et PAG-AN par le système factitif.
Bien sûr, tout cela n'est qu'hypothétique. Il
faudrait trouver d'autre documents anciens présen
tantde telles formes pour en induire une recons
truction du système verbal du tagal anté-hispani-
que.

5. TUTOIEMENT
II est difficile de ne pas conclure que le vous-
soiement sous la forme de la deuxième personne du
pluriel ou de la troisième personne du singulier
ou, mieux, du pluriel (SCHACHTER & OTANES:1972:89)
est un calque de l'espagnol non seulement en rai
son des analogies flagrantes entre les deux systè-
136
Jean-Paul POTET

mes, mais aussi parce que nos pétitionnaires tu


toient l'archevêque de Manille en tagal tout en
le désignant par des expressions vocatives espa
gnoles de voussoiement qu'ils incrustent dans
leur discours sans peut-être en comprendre la
teneur.
35 VUESTRA ILUSTRISIMA . . . IPAGKALOOB MO RIN SA AMIN
Votre Seigneurie (2p pi) accorder toi = à nous
"Votre Seigneurie . . . accorde-nous"
38 SU ILUSTRISIMA ANG KAAWAAN MO NA LAMANG
Monseigneur (3p sg) ce que avoir pitié toi / seuls
"Monseigneur . . . réserve Ta pitié à"
v. DENIS et al.;1968;Ilustrisima: Su 1йи>Шмта (titre
donné à l'évêque).

6. NUMÉRAUX
Seuls les montants de l'impôt et les divers re
censements de Mangyans sont rédigés en toutes let
tres. La date de la pétition est en chiffres.
6.1. Hormis l'emploi de PUO "dix", devenu PO en
tagal actuel, les nombres sont exprimés dans le
système moderne et non dans l'ancien (v. LAKTAW:
1929:352).
"cent vingt"
40 moderne SANDAAN AT DALAWAMPUO
un L cent et deux L dix
ancien LABI SA RAAN DALAWAMPUO
dépassant (à) cent deux Ldix
II semble donc que déjà en 1665 l'ancien systè
meétait sorti de l'usage.
6.2. Contrairement à l'usage actuel, il n'y a pas
de ligature (L: NA/-NG) entre l'expression numéri
que et l'objet compté. En outre, ce dernier est
pourvu du préfixe KA-.
40 SANDAAN AT DALAWAMPUO KATAO
cent et vingt personne
"cent-vingt personnes"
48 SAMPUO KATAONG MAHIGIT
dix pers. L dépassant
"plus de dix personnes"
137
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (166 S)

Ce préfixe apparaît dans celui des cardinaux et


des multiples.
ex. "quatre" "quatrième" "quadruple"
APAT IKAAPAT MAKAAPAT
On le retrouve aussi dans l'ancien système de
numération.
ex. "trois cent vingt et un"
ancien MAYKAAPATNARAAN MAYKATLOŇG ISA
(-1 +4 )L 100 (-1 +3 )L 1
moderne TATLÛNDAÀ'T DALAWAMPO'Î ISA
3 L 100 et 2 L 10 et 1
II est donc peu probable qu'il s'agisse d'un em
prunt. On peut cependant se demander si l'emploi de
KA- devant l'objet compté n'est pas un emprunt au
chinois. Nous aurions alors une unité de compte (UC)
qui se comporterait comme le spécificatif gè /щ 1»
chinois shi gè ren
tagal de la SAMPUO KA-TAO
pétition dix UC gens "dix personnes"
|
tagal actuel SAMPÛ-NG TAO
dix L gens

7. LA LIGATURE NA/-NG
RAPPEL
En tagal actuel, la forme /na/ suit les mots terminés par une
consonne quelconque» tandis que la forme /r|/ remplace la finale
lorsque cette dernière est (n), (h) ou (9).
Nous venons de voir que la ligature ne précède
par l'objet compté. D'autres particularités sont
à noter.

7.1. En n'étaient
"afin" 1665, les pas
conjonctions
pourvues deKUN
la "si"
ligature
et UPAN
com
me de nos jours: KUŇG, UPAŇG. (v. l. 26 & 43).
7.2. La ligature garde la forme NA quelle que soit
la finale du mot précédent lorsqu'elle introduit
une relative, (v. l. 5, 12, 39 & 41).
7.3. Inversement, la forme -NG est utilisée lors
que la ligature intervient à l'intérieur d'un
groupe nominal.
1) Gê /kà/ est devenu /ka/ ou /ko/ en sino- japonais*
138 Jean-Paul POTET

48 SAMPUO KATAONG MAHIGIT


un+L+dix UC-gens+L dépassant
"plus d'une dizaine"
Dans les abréviations cette présence de -NG est
reconstituée à partir d'autres documents existants.
21 BENEPISYADONG MINlSTRONG DON PEDRO RUIZ DE B.
bénéficier+L "séculier"+L
"le bénéficier séculier Don ..."
02 KAPITAŇG BASAL DON HWAN MAGKlLAT (v. LAKTAW:1914)
magistrat+L "actif"
"le magistrat en exercice Don Juan MAGQUILAT"
05 , NA MGA KAPITANG PASADO,
L pi. magistrat+L "ancien"
", qui sont d'anciens magistrats,"
18 PANGINOOŇG DIYOS (v. DocUina OuilUlaaa: 1593)
"seigneur+L
Seigneur Dieu"
Dieu

8. ONOMASTIQUE
II serait dommage de ne pas utiliser les noms
propres de cette pétition pour illustrer cette ques
tion souvent ignorée des linguistes philippinolo-
gues.
8.1. TOPONYMIE
Les toponymes mentionnés dans la pétition nous
apparaissent tels qu'ils étaient avant leur his-
panisation et la tagalisation de leur forme his-
panisée.
Tag. AWia/^/NAWHANG (nau-ha.n) -► esp. NAUJAN
(na.u-xan) •*• tag. NAWHAN (na:u-han). POSTMA pense
qu'il s'agit peut-être d'un mot chinois.
Tag. Po£a/?VLk (pu-la. h) ■* esp. POLA (po.-la) +
tag. POLA (po:-lah). PULA signifie "rouge". POSTMA
confirme que la terre y est rougeâtre.
8.2. ANTHROPONYMIE
Nous avons consulté pour référence l'ouvrage de
Francisco COLIN, LaUon. e.vanqe.lica , Madrid, 1663,
dans sa traduction anglaise (B&R, Vol. 40, pp. 57-60),
ainsi que des sources secondaires.
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665) 139

8.2.1. L'individu recevait un nom à sa naissance.


Il s'agissait soit d'un adjectif le qualifiant -
ex. MALAKAS "costaud", MALlWAG "long et dur â ve
nir" -, soit d'un substantif désignant le lieu de
sa venue au monde - ex. DAAN "chemin", ILOG "ri
vière", - soit encore un événement qui aurait mar
qué cette dernière - ex. LINTlK "éclair".

8.2.2. Lorsqu'il s'agissait d'une fille, ce mot


était pourvu du suffixe -IN - ex. ILUGIN. Ce
phénomène a disparu du tagal avec les dernières
conversions. Il subsiste en malaisien dans le fé
minin DATIN de DATU cf. tag. DAT0 (chef). Il est
d'autant plus curieux que les langues austroné-
siennes du groupe hesyéronéslen/Нелр&юпемап. (VŒGE-
LIN:1977)/nousantarien (LOMBARD: 1977) ne connais
sent pas l'opposition de genre.
8.2.3. Il ne fallait pas désigner une personne par
son nom. Les intimes se donnaient des surnoms -
ex. KA-ITLOG "avec qui j'ai partagé-un œuf". Les
parents étaient appelés du nom de leur enfant -
ex. AMA NI MALAKAS "père de Costaud", INA NI MALA
KAS "mère de Costaud" (cf. arabe ABO .... UMM ...).
8.2.4. Les nobles semblent avoir donné à leurs re
jetons des noms plus ambitieux que ceux du commun
- ex. BAKAL "fer", BAYANI "héros". C'était au cours
d'un banquet qu'un grand personnage recevait le nom
par lequel on pouvait l'appeler ou le désigner. Ce
dernier était le plus souvent une périphrase néga-
tive/antonymique du véritable nom - ex. BAKAL "fer"
■+ DI-MATANASAN "qui ne s'altère pas" (le radical
TANAS n'est donné par aucun dictionnaire), BAYANI -*■
DI-MALAPITAN "non-être approché" -*■ "que l'on n'ose
défier".
Il y a quatre noms périphrastiques dans la péti
tion: DÎ-MAGK0LANG "qui ne manque de rien", DÎ-MA-
KILING "im-partial", Dl-MAPILIT "qui n'insiste pas"
et DI-MAROKOT "qui n'est pas un voleur"
Le préfixe DI orthographié DE pouvait se confon
dre avec la particule espagnole DE. DI-MAROKOT n'a
pas laissé passer une aussi belle occasion et si
gné DE MARUCOT, mais le greffier, en omettant DI/DE
en a fait un nom peu flatteur. La même mésaventure
140
Jean-Vaul POTET

est arrivée à DI-MAGKÛLANG devenu MAGCOLANG en ca


ractères latins. On soupçonne quelque sourde ini
mitié entre le rédacteur de la pétition et certains
signataires.
8.2.5. Lorsque les gens se convertissaient au Ca
tholicisme, leur nom de naissance, ou le nom péri-
phrastique correspondant, devenait leur patronyme,
celui-ci était ensuite transmis à leurs descendants.
On comprend alors que les noms féminins aient dis
paru très rapidement puisque seul le nom du père
était transmissible.
8.2.6. Le prénom chrétien était souvent choisi par
le prêtre, ceux des fondateurs des ordres religi
eux présents aux Philippines étant semble-t-il ré
servés aux personnages les plus importants.
8.2.7. Il n'était pas rare aussi qu'un converti de
haute lignée se voie conférer un nom espagnol.
C'est ainsi que le roi de SIAO est nommé Don Ven
tura PINTO de MORALES et son fils Don Francisco
XAVIER (B&R, Vol. 42, p. 121). Le signataire Don
Francisco HABIER (= JAVIER/XAVIER) avait dû être
particulièrement choyé en raison de son rang et de
ses sujets dont la conversion allait de soi après
celle de leur maître.

8.2.8. La majorité des noms philippins contenus dans


cette pétition sont tagals. DOMONDON et LONTOC doi
vent être des Visayans. Il n'est pas impossible que
IACOBE soit d'origine musulmane: YACQU:BIY jý-,
ou japonaise: HIKOBE âclfc .

CONCLUSION
Ce document représente une contribution importan
te à une chrestomathie linguistique tagale non seu
lement parce qu'il s'agit d'une prose authentique
datée avec précision, mais aussi parce que les faits
de langue qui s'y trouvent nous renseignent utile
ment sur le système verbal, la ligature et l'an té-
poseur.
141
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

Ú""^ ANNEXE Aï fac-similé de la pe-


t tition tagale de 1665 (recto)

01
02

03
04 'uan
05
06

22
23 /?Sg
£A Со m7>Ш na &
ar
24
û
25 Of

/аа та .Лы,
£*y
28 £1* С
*у у
142
Jean-Paul POTET

(VERSO: moitié supérieure)

JTT.A.
Vili-
29
30
31 #,+. a **

32
33
34
35
36 . /2a
37
за WatBU*, Oé-ùâ салол, an* ^y/i
39 et/» pA****. Oatbjaua, &»*$*
U • ví •
Con tn V*. 9"
S/ Fy
F /toga
oga Ot
a/f*ta s* la* //

Sa sa û íťz(/>
+ Ay^

* cat»'**
47 /ло,/г1Ъ>т ЛСи- ti*»yy
4& - гг71fit Sana* со** . '1*£.

49
143
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

(VERSO: moitié inférieure)

G1

D1

G6

G7

Real Academia de la Historia, MADRID


archivo, Ms. 9-2668, Doc. 13 (L 78 Philip4 Ug°10)

Jean-Paul POTET
TRANSCRIPTION DES SIGNATURES
novembre 1986
G1 Don Juan MAGQUILAT Don Fernando LONTOC D1
G2Don Franzcisco HABIER Don Juan DEMAROCOT D2
G3Don Estevan DOMONDON
Don Ignazcio MANAGA D3
Don Franzcisco LIMOT 04
G4 Don Juan BASINGIL
Don Avgustín SOLIT 05
G5Don Franzcisco DIMAGCOLANG Don Phelipe IACOBE 06
G6Don Juan MATANGNAN di-lípi dasón rín 07
G7Don Diego SALCEDO
144
Jean-Paul POTET

ANNEXE В! transcriptions et mot-à-mot de la


petition tagale Ca.mi.ng manga atipin (1665)
01 Kamíng raga alípin ng Panginoón námin díni sa
1 Coming manga aiipin nang P. on nam-in dini24a
nous+L pi. esclave de seigneur à nous ici à

02 báyan ng NAWHANG: Kápitáfíg Basai Don Huwán MAG-


Hajan nang Nauhang Cap.n Batat. don Ju° mag-
ville de NAUJAN magistrat+L"actif" Juan

03 KlLAT at mga Kabésa sa balá-balángay: Don Estéban


3qui£aí.at manga caveça ш (Ulùl íalangay . d, e^t&uan
KIDLAT et pi. chef à (divers) clan Esteban
eclair CABEZA
04 DOMONDON, Don Huwán DI-MAKlLING, Don Paransisko HABYËR
domondon. d. £uo di maquičing. d, pianz. HaAiesi
Juan non-partial" Francisco XAVIER
FRANZCISCO JAVIER
05 at ang ibá páňg mga Máginoó» na mga Kápi-
at ang OUl pang manga mag. " na manga Cap.
et autre(+)+L pi. gentilhomme L pl. magis-

06 táňg Pasádo.Don Caransísko MAGKOLANG, Don Pernándo


trat+L"ancien"
Pabàado.don pianz.
Francisco magcoiang.
manquer d. £елп.
Fernando
FRANZCISCO
07 LUNTOK, Don Huwán MAR0KOT, Don Ignásiyó MANAGA, Don
Lontoc. d. 2u° ma/Locot, don7lgnaz. " managa. don
Juan voleur Ignacio blesser
IGNAZCIO
08 Awgu^tín SOLIT, at ibá pářig mga Máginoó: Don Péd-
AVg. óotit. at Via pang manga6 mag. ° d. P. "
Agustín restitu- et autre(+)+L pl. gentilhomme Pedro
AVGUSTIN tion
09 ro DE ABILA, Don Kiristúbal DE ARILYANO, Don Heroní-
Ш. aLLla. d. olqouA IE aniilano. d. Селоп1-
AVILA Cristobal ARELLANO Geronimo
CHRISTOVAL
10 mo DI-MAPILIT, Don Nikolás MlLO, Don AndiriLs MANIM-
mo di mapii.it. don Nic. milo. d. And. manim-
non-insistant Nicolas Andres dégusteur
REMARQUES: 1) Pour l'accentuation voir l'annexe E.
2) Les numéros en exposant renvoient aux lignes de l'original.
145
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

11 TIM, Don Pelípe IAKOBE, Don Pédro MONYOS, Don Huwán


tim. d, Pfbzti№ iacoke.. d, P. ' monjoó. d. jUi. °

.
Felipe Pedro MUŇOZ Juan

12 BASINGlL, sampún ng mga bináta na nag-áátag,


ixLbingit. tampon nang^hnanga Hinata na nag aatag
BA: maison inclusion de pi. jeune L travailler pour
SINGÎL: recouvrement d'un impôt Romme *a commune
13 ay siláng lahát ay sunód díto. Ay learning lahát ay
aj />itang tahat ay лопол}Ъ£Ло, Ay coming lahat aj
ANT eux+L tout ANT suivant ici ANT nous+L tout ANT

14 nagmámakaawá-áwa at dungmaraing sa ánáňg Panginoón


nagmamacaaua aua at dongmajtajing ш aming Panginoón,
implorer la pitié et se plaindre à notre+L seigneur

15 d^hilán sa malalakíng kasak^tán námin sa ámifig pa-


dahilan ш main^agLun^'b.a^aqiutan namin ш aming Pa-
cause à grand-pl.+L mal à nous à notre+L po-
D b,
16 mamáyan; yáyang ang Vuestra Ilustrísima na Panginoón
mama j an, jajang-^ang V, 4.11. na P,
pulation attendu C'EST "Votre Seigneurie" L seigneur
VUESTRA ILLUSTRISINA
17 námin ang pastor na nag-áalíla sa amin na kahalíli
namin Ang paóto/i na nag aa£ilâb<ba amin na cahaliÂi
à nous QUI pasteur L s 'occuper (de) à nous L représentant

18 ng Panginoóňg Diyós sa ibábaw ng lupa na súkat


nang P, D. ш jkaiao nang £apâ7na óucat
de seigneur +L Dieu à dessus de terre L (limite)

19 hing^án at da^ngán ng lahát naming kasalatán sa á-


hingan at dajingan nang tahat naming ca^alatan ш а-
sollici-^et fe plaindre de tout à nous+L misère à
ter auprès a
20 miňg pamam^yan; ay yáyang ipinatáwag ná ng Pangi-
ming Pamamajan aj jajang Ipinataua^na nang P»
notre+L population ANT attendu appeler / par sei-

21 noóng Diyós ang ámifig benepisyádong minístrong Don


D. Ang aming Bene-JLLz^o ^ ^
gneur+L Dieu notre+L BENEFIZCIADO
bénéficier+L niNISTRQ
"«5éculier"+L
146
Jean-Paul POTET

22 Pedro RUIS DE BALDËRAS na nag-áalíla sa áraiňg mga


P." Ruiz Ш.г%аШ&лаб)Па nag aalila ла сип-ing manga
Pedro RUIZ DE BALDËRAS L s 'occuper (de) à notre+L pi.

23 kaluluwá. Kayâ, ang hiníhingi námin ngayón na ipag-


catoloua 2\.aja ang hinihingi namin ngayon na jPag-
âme donc CE QUE solliciter nous mainte- QUE ac-
nant
24 kaloób ng Vuestra Ilustrísima na Panginoón námin
calooê?2nang V Ill.nia na Panginoon namin
corder "Votre Seigneurie" L seigneur à nous
VUESTRA ILLUSTRISIP1A
25 ay ang Pádre Heswíta sa De La Kumpánya de Hesús ang
aj ang P. H., ш 1Е2г1а companija Ш. 2e.ALU.ang
ANT QUE Père Jésuite à DE LA CONPARÎA DE JESUS QUI
CE SOIT JESUITA
26 mag-pári díni sa amin at upán ikaáwa ng Panginoóňg
magP.^ dinů. ш amin, aèhopan Jcaaua nang P.
être curé ici à nous et afin apitoyer seigneur+L
NAG-PADRE ÚPANG
27 Diyós na mápasáuli rín sa dáti ang karajníhan ng
D. na таралаоН /lin ш date. an$bcan.amihan nang
Dieu L pouvoir faire = à avant majorité de
revenir
28 táo at sa úna nang dî pá nááalís díni sa amin ang
íauo at ш ona nang dl pa naaalÍA díA% -ba amin ang
gens et à d'abord quand non(+)etre t ici à nous
retiré
29 mga De La Kumpánya, ay ang buwís díni sa NAWHANG at
manga IL la compania aj ang (Luki* dinP-ba nauhang NAUJAN* at
pi. DE LA COPTPARlA ANT tribut ici à et

30 PŮLA kúlang lámang na sanlíbo bukód ang sa mga


Pota.coíxuxg íamang na 4ang£i£o. (Locod. ang ла*тапда
PÓLA deficient seul^ L un+L+mille outre CE à pi.
rouge
31 bisíta; ay, ngayo'y lálabí-sa-raán ang buwís at nag-
Heói&a. aj ngajoj lata<Li/>anaan ang iuhiiiat nag-
chapelle ANT maintenant plus+à+cent tribut et
+ANT
32 sialís ang ibá. Dito na kila,lánin ng Vuestra
aíxl&U ang jUa, ditto na gui£alanin nang V
partir autre id QUE savoir "Votre
+Pl. ■ (ceci+cas indirect) VUESTRA
147
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

33 Seigneurie"
Ilustrísima 3Ona
ill.ma |_na panginoon
Panginoón
seigneur ânamin
námin
nous ang РадсалЬш.
pagkasirà
ruine de
папд
ng

ILLUSTRISINA destruction
34 ámiňg báyan: itó ang dahíláňg ipinagmámakaa^wá-áwa
aming (hajan. 31jto ang dahiůmg IPinagmamacawia aua
notre+L ville ceci cause+L provoquer la pitié

35 námin at ipagkaloób Mó rín sa amin &a.


namin at?2jpagcaioo&. то /lin ta amin = &a =
nous et accorder toi ~ à nous etc.

36 At ang isá páng bágay na ipinagsásalita námin sa


ЪЪА7 Ang 1ш pang íagaj na jPinagtotalita патЬс^ш
et un (+)+L chose L obliger à dire nous à

37 Su Ilustrísima ay kamíňg lahát ay huwág Mó náng


S,v iít,ma aj earning lokat aj houag то папд
ANT nous+L tout ANT PROHI- toi (!)+L
SU ILLUSTRISINA BITION
38 flláalahánin at ang káawáan Mó ná lámang ay yaríng
ataaiahanUi, at ang CaaVaan то na lamang aj ja/iing
se faire du souci s 'api- toi ! seulî ANT en ques-
pour toyer sur tion+L
39 mga kaawá-áwang táo na bágong binínyagán ng
manga cauua auang tauo,na íagong tininjagan nang
pi. très pitoyable+L gens L nouveau+L baptiser par

40 Pari Dyégo UMÎS SAN BlKTORlS; ang bílang ay saň'-


P.& die.go Luiz. лап Victo/iió. Ang Hiùmg aj tang
Père - Diego LUIS SAN VÍTORES nombre AY un+L
PADRE
41 daán-at-dalawáinpuo katáo at bukód pá ang ináarálan
daan,at dalauangpoub caíauo,at to con. pa ang jnaasialan
cent et deux+L+dix UC+gens et outre + CE enseigner à

42 na dî pá nábíbinyagán. Datapuwâ, ang wikà niláng


na di ia naLUL4Jijagan,datapoua, ang Vica niiang
L non + baptiser toutefois (dire) eux+L

43 lahát ay: kahima't sila 'y nápabinyág, ay, kun hindi


■iahat aj cahimat àitay napadinjag aj con indi
tout AY bien que eux+ANT se faire ANT si non
baptiser KUNG
148
Jean-Paul POTET

44 ang mga Pádre Heswíta sa La Kumpánya ang mag-alilà


ang manga P. Я. ш ictXiompanja ang mag alila
LE pi. Père Jésuite à LA COMPAŇlA QUI s'occuper de

45 sa kanila, ay sila 'y hindî tátahán at magsásaulí rín


ш caniia aj óilay ind£H.atahan at тадлалаоИ. /tin
à eux ANT eux+ANT non rester et partir-pl. =

46 sa bundók na dáti niláng tinátahanán. At ang isá


ta Londoc na dáti. nilang^inatahanan at ang 1ла
à montagne L avant eux+L habiter à et un

47 páng ipinaháhayag námin sa Su Ilustrísima ay yaóng


pang IPinahahayag rbamirth^a S,v Ы1.пга aj jaong
(+)+L informer nous à "Votre Seigneurie" ANT en ques-
tion+L
48 dating binyagán na sampuô katáong mahigít, ay
dating (Linjagan па лапдроио catauog1*5 ma/iiguit aj
avant+L baptiser L un+L+dix UC+gens+L dépassant ANT

49 ngayón lungmabás nang dumatíng ang mahál na Pádre at


ngajon 1опдта£ал nang demoting ang^mahal na pad/Le.*at
maintenant sortir quand arriver cher L Père et

50 nangagkumpisál. Ang pagkatotoó nitóng lahát naming


nangagcompLbai. Ang Pagcatot&b nitong iahat naming
se confesser-pl. véracité de ceci+L tout nous+L

51 daing at sali ta ay kamíňg lahát ay nagpagpírma.


da j ing at óatita aj coming iaAat aj nagXpag^isma.
plainte et parole ANT nous+L tout ANT signer
confirmer
52 Díni sa NAWHÀNG, 28 ng Disyémbre
dini ш nauàang 28 nang*9diz.&
ici à NAUJAN de décembre

53 sa taón 1665 ányo de garásiyá.


-óa taon 1665 a"
à année an de grâce
ANO DE GRACIA
149
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

ANNEXE CI traduction de la pétition tagale


Cam-ing manga atípin. (1665)
01 Nous, esclaves1 de Notre Seigneur1 4 u ici au rau-
02 nicipe2de NAUHANG (NAUJAN)
03 -le magistrat en exercice Don Juan MAGQUILAT et
04 -les chefs des divers3 cantons2 : Don Estévan D0-
05 MONDON, Don Juan DIMAQUILING, Don Franzcisco
06 HABIER (JAVIER/XAVIER)
07 -ainsi que les autres gentilshommes1, qui sont
08 d'anciens magistrats: Don Franzcisco MAGCOLANG, Don
09 Fernando LONTOC, Don Juan MAROCOT, Don Ignazcio
10 MANAGA, Don Avgustin SOLIT
11 -et que les autres gentilshommes: Don Pedro De
12 ABILA (AVILA)\ Don Christóval* De ARILLANO (ARELLA-
13 N0)*, Don Geronimo DIMAPILIT\ Don Nicolas MILO, Don
14 Andrés MANIMTIM, Don Phelipe IACOBE5, Don Pedro
15 MONYOS (MUŇ0Z), Don Juan BASINGIL6
16 -auxquels s'ajoutent à leur suite7 les jeunes hom-
17 mes chargés de l'organisation8,
18 Notre Seigneur, nous tous implorons Ta pitié et
19 portons plainte en raison des grands maux qui af-
20 fligent notre population, attendu que c'est Toi,
21 V.I.12 Notre Seigneur, qui es le pasteur chargé de
22 nos âmes, le représentant du Seigneur Dieu sur ter-
23 re et le seul à qui nous puissions adresser notre
24 requête et notre plainte au sujet de toutes les mi-
25 sères de notre population; attendu que notre béné-
26 f icier, le séculier" Don Pedro RUIZ De BALDERAS, qui
27 avait charge de nos âmes, a été rappelé par le Sei-
28 gneur Dieu. Donc, nous sollicitons de Toi, V.I. No-
150
Jean-Paul POTET

29 tre Seigneur, que Tu nous accordes que ce soient


30 des Pères Jésuites de De La Compaňia de Jésus qui
31 soient les curés ici chez nous afin que, le Sei-
32 gneur Dieu, ayant pitié, fasse revenir la majori-
33 té des gens qui étaient ici auparavant à l'époque
34 où les De La Compafiia n'avaient pas encore été re-
35 tirés de chez nous et où le tribut9 ici à NAUHANG
36 et à POLA s'élevait à presque mille unités, sans
37 compter celles des chapelles rurales , alors que
38 maintenant il ne s'élève plus qu'à un peu plus
39 d'une centaine et que les autres (contribuables)
40 sont partis. Par conséquent, que Toi V.I. saches
41 que c'est la ruine de notre municipe qui nous fait
42 T' implorer de nous accorder etc.
43 II nous faut aussi Te dire S.I.13 de ne Te faire
44 aucun souci à notre sujet et de réserver Ta pitié
45 aux pauvres malheureux que le Père Diego LUIS
46 SAN VÍCTORIS (VÍ TORES) vient de baptiser. Ils
47 sont au nombre de cent-vingt, sans compter les ca-
48 téchumènes, qui ne sont pas encore baptisés. Or,
49 ils disent tous que, bien qu'ils aient été bapti-
50 ses, si ce ne sont pas des Pères Jésuites de La Ccm-
51 nia qui s'occupent d'eux, ils ne resteront pas et
52 s'en retourneront dans la montagne où ils habitaient
53 auparavant11. Il y a encore une chose dont nous de-
54 vons T' informer S.I. : c'est que plus d'une dizaine
55 d'anciens baptisés se sont manifestés maintenant
56 que le cher Père est arrivé et qu'ils se sont con-
57 fessés.
151
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

58 Nous confirmons par nos signatures la véracité


59 de ce que nous rapportons et de ce dont nous nous
60 plaignons .
61 (Ici à)NAUHANG, le 28 décembre de l'An de Grâce
62 1665.
63 (Signatures suivies de D7: аллл-i que. &ел /iobi-
64 )

NOTES

1 ) La société tagale traditionnelle comprenait trois états: les


nobles (NAHADLÎKA), les affranchis (ALÎPIRG NAMAnAhAY) et les es
claves (ALÎPIN SA GÎGÎLID). V. Juan De PLACENCIA in B&R, Vol. 7,
p. 174 sqq.
Les chefs tagals de NINDORO n'utilisent pas le terme LINGKÛD
(serviteur), mais le terme ALÍPIN pour se désigner parce que les
relations qui existent entre eux, gentilhommes (VAGÍNOU),et leur
seigneur (PANGINOÛN), l'archevêque de MANILLE, rappellent le cadre
féodal de leur propre société.
2) Les prov inces/prov inc i a s/nG A LALAli/ÎGAN étaient divisées en mu-
nicipes/pueblos/nGA BAYAN, eux-mêmes subdivisés en cantons/barrios
/mGA BALANGAY. Certains BALANGAY constituaient des villages isolés.
Chaque municipe avait à sa tête un "juge de paix" (DENIS: 1968:
qobernadorcillo) auquel on donnait le titre de Capitan. Le magis
trat en exercice était appelé KAPIïARG BASAl (LAKTAld:1914:BASAL),
les anciens magistrats avaient droit au titre de KAPITÁL PASADO.
A l'époque de notre document, ce maire était élu pour un an par
tous les indigènes mariés. V. B&R, Vol.1, p. 55 sqq.
3) Le pluriel de diversité est exprimé par la duplication partielle
du mot BALANGAY.
4) Cette leçon est de POSTMA.
5) Cette leçon est mienne. POSTHA lisait *SACABA, mais est mainte
nantd'accord avec moi.
6) Cette leçon est mienne: BA- "bâtiment" + SINGÍL "recouvre
ment de dettes" = "prêteur sur gages" (?). POSTMA lit BASINGIT.
7) SILANG LAHAT AY SUNÛD DÎTO "eux tous suivant ici". Il s'agit
sans doute d'une formule utilisée pour clore une liste.
152
Jean-Paul POTET

8) NA NAG-AATAG "qui font des travaux communaux de terrasse


ment".On imagine mal des jeunes gens de bonne famille sou
mis à la corvée. Il doit s'agir d'une acception obsolète du
verbe MAG-ATAG que les lexicographes ne connaissent pas. Mon
interprétation est que nos célibataires sont chargés de l'or
ganisation matérielle de ces "grands jours" de Mindoro.
9) Dans un document en date du 18 août 1608 (B&R, Vol.14, p.
243sqq), il est dit que la ferme fiscale (encomienda) de MIN-
DORO a 2091 foyers fiscaux (p. 245) et que le traitement de
1' alcalde mayor est de 100 pesos (p. 252), celui de TONDO (fau
bourg de MANILLE) en touchant 300.
Un foyer fiscal était composé soit d'un Indien, de son épou
seet de leurs enfants impubères, soit de deux Indiens adultes
célibataires (B&R vol. 7, p. 51). L'impôt annuel était de
dix réaux par feu au milieu du XVIIe siècle et se payait autant
en nature qu'en métal fiduciaire (B&R idem et vol. 28, p. 181).
10) PANGANIBAN (1972) traduit bisita par "barrio chapel" et
lui donne pour synonymes kapilya (esp. capilla) et tuklónq.
POSTMA pense cependant qu'il vaudrait mieux traduire ce mot
par "hameau".
Parlant de NINDORO, NAVARRETE remarque en 1676 (B&R, vol. 38,
p. 34) que certaines visitas n'ont pas vu de prêtre depuis
quatorze ans.
1 1 ) Ce détail permet à POSTMA de préciser que ces gens sont
soit des Mangyans soit des convertis marrons.
12) УЛ. = УиелАла I&iMyiuUirn "Votre Seigneurie".
13) 5.1. = SuluuÂAÀAÙra. "Monseigneur (l'Êvêque)".
153
LA PETITION TAGALE CAMING. MANGA ALIPIN (1665)

ANNEXE Dï caractères syllabiques philip


pins des signatures au bas de la pétition
Cam-inq manga atipin (1665)

DocOiina UviiS liana (1593)


154
Jean-Paul POTET

ANNEXE El CONVENTIONS
1 . ACCENTUATION DES MOTS TAGALS
Le système utilisé dans cet article est celui
préconisé par l'Institut de la Langue Nationale
(SURI AN NG WIKANG PAMBANSA -»- SWP) augmenté par
nos soins (POTET).
1.1. Nous mettons l'accent aigu sur la pénultiè-
me accentee.»
PHOMĚTIQUE SUP PQTET TRADUCTION
ba:gaj bagay bágay chose
ta?o.n taón taón année
ba:goh bago bago nouveau
? i ba • h ibá ibá autre
lu: pa7 lupa lupa terre
?uli ? uli uli - à nouveau
1.2. Nous mettons en mémoire les finales (n) ,
(h) et (7) en les représentant respectivement
par le tilde ( (n) ■+■<>.), le tréma ((h) ■*■ ••) et
l'accent grave ( (9) •*- s).
ta^ur) taóng taóňg année+L
ba: gut bago't bago't nouveau+et
lu:paj lupa' y lupa 'ý terre+ANT
1.3. Dans les mots dérivés, nous mettons en mémoi
re l'accent principal de la base en souscrivant le
guillemet double („) lorsqu'il était sur la pé
nultième et le guillemet simple (t) lorsqu'il
était sur l'ultime.
da:mih dami dámi grand nombre
kárami: han karamihan kar^míhan majorité
da ji. Г] daíng daíng plainte
dajina.n daingán daj.ngán se plaindre à
1.4. Les enclitiques sans accent écrit dans l'or
thographe officielle sont pourvus de l'accent ai
gu.
ta pus na.h Tapós na. Tapós ná. C'est fini.
na tapo.s na tapós. na tapós. (qui est) fini.
LA PETITION TAGALE CAMING MANGA ALIPIN (1665)

2. ANALYSE PHONOTACTIQUE DE LA SYLLABE


2.1. Nous définissons la syllabe comme une struc
ture syntagmatique de fonctions que nous appelons
Ayi-iaJLons. A chaque syllabon correspond un axe
paradigmatique sur lequel s'opposent les phonèmes
de la langue considérée. A l'intersection des deux
axes, un phone est la réalisation d'un phonème
dans un syllabon.
axe paradigmatique des phonèmes ■+■
axe syntagmatique des syllabons
jr phone-i

2.2. Nous appelons nucléon (v) l'élément central


de la syllabe. Il suffit d'allonger la syllabe
pour connaître le phonème qui remplit le nucléon
puisque seul le phone de ce dernier s'allonge.
ex. Pierre -»■ Pieeeeeeeeerre.
2.3. Le nucléon est entouré ď cmpklclinons . Ce
lui de gauche est \y cunaclinon (£) et celui de
droite le cataclinon (}): syllabe -► £v}.
2.4. Tous les syllabons peuvent être des polynô
mes.
2.5. Les syllabes se regroupent en mots et les
mots en phono tagmes .
Le début et la fin d'un phonotagme sont indiqués
respectivement par les symboles 7 et £.
A l'intérieur d'un phonotagme, les mots sont sé
parés par le symbole / et les syllabes par le sym
bole -.

3. SYMBOLES GRAMMATICAUX
ay 1 antéposeur pá 1 continuation ou
ANTJ (v. §3) + J adjonction
na/-ngl ligature rín/dínl répétition ou
L J (v. §7) = J insistance
na 1 interruption ou
/ J changement
156
Jean-Paul POTET

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Jean-Paul POTET
C.N.R.S. - C.R.L.A.O
B.P. 46, 92114 Clichy Cedex

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