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Objet d’étude 1 : Roman et récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle

Œuvre intégrale 1 : Guy de Maupassant, Une partie de campagne (1881)


Lecture cursive : Emile Zola, Thérèse Raquin (1867)

LE CARNET DU LECTEUR
Activité 3 : écrivez une lettre à l’auteur

Lorsque Thérèse Raquin paraît, l’œuvre de Zola fait scandale et ses détracteurs publient de
nombreux articles critiques.

Le 23 janvier 1868, Le Figaro publie un article de « Ferragus », dont voici un extrait :

Ma curiosité a glissé ces jours-ci dans une flaque de boue et de sang qui s’appelle Thérèse
Raquin, et dont l’auteur, M. Zola, passe pour un jeune homme de talent. Je sais, du moins, qu’il vise
avec ardeur à la renommée. [...]
C’est le résidu de toutes les horreurs […]. Le sujet est simple, le remords physique de deux
amants qui tuent le mari pour être plus libres de le tromper, mais qui, ce mari tué, n’osent plus
s’étreindre, car voici le supplice délicat qui les attend : « Ils poussèrent un cri et se pressèrent davantage
afin de ne pas laisser entre leur chair de place pour le noyé. » […]
Ce livre résume trop fidèlement toutes les putridités de la littérature contemporaine pour ne pas
soulever un peu de colère. Je n’aurais rien dit d’une fantaisie individuelle, mais à cause de la contagion
il y va de toutes nos lectures. Forçons les romanciers à prouver leur talent autrement que par des
emprunts aux tribunaux et à la voirie. [...]

L’auteur, Emile Zola, lui répond à travers la Préface de la deuxième édition du roman (1868) :

La critique a accueilli ce livre d'une voix brutale et indignée. Certaines gens vertueux, dans des
journaux non moins vertueux, ont fait une grimace de dégoût, en le prenant avec des pincettes pour le
jeter au feu. Les petites feuilles littéraires elles-mêmes, ces petites feuilles qui donnent chaque soir la
gazette des alcôves et des cabinets particuliers, se sont bouché le nez en parlant d'ordure et de puanteur.
[…]
Donc il faut que je présente moi-même mon œuvre à mes juges. Je le ferai en quelques lignes,
uniquement pour éviter à l'avenir tout malentendu.
Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre
entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de
libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont
des brutes humaines, rien de plus. J'ai cherché à suivre pas à pas dans ces brutes le travail sourd des
passions, les poussées de l'instinct, les détraquements cérébraux survenus à la suite d'une crise nerveuse.
Les amours de mes deux héros sont le contentement d'un besoin; le meurtre qu'ils commettent est une
conséquence de leur adultère, conséquence qu'ils acceptent comme les loups acceptent l'assassinat des
moutons; enfin, ce que j'ai été obligé d'appeler leurs remords, consiste en un simple désordre organique,
et une rébellion du système nerveux tendu à se rompre. L'âme est parfaitement absente, j'en conviens
aisément, puisque je l'ai voulu ainsi.
On commence, j'espère, à comprendre que mon but a été un but scientifique avant tout.

 A partir de votre lecture du roman, et des extraits précédents, écrivez une lettre à Emile
Zola.
Vous lui ferez part de vos impressions de lecture. Vous pourrez vous inspirer des textes
proposés, et de votre réception personnelle de son œuvre. Votre écrit devra comporter une
trentaine de lignes et prendre appui sur des citations extraites du roman.

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