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Quelques extraits de l’ouvrage de P.

Macherey, Pour une théorie de la production


littéraire, 1966.

« C’est pourquoi les œuvres littéraires devraient faire l’objet d’une science
particulière : faute de quoi elles ne seront jamais comprises. Des disciplines différentes,
comme la linguistique, la théorie de l’art, la théorie de l’histoire, la théorie des idéologies, la
théorie des formations de l’inconscient doivent collaborer à ce travail (qui, sans cette
collaboration, serait incomplet et même impossible) : mais elles ne sauraient le faire à sa
place. En particulier il importe de reconnaître que les textes littéraires font du langage et de
l’idéologie (qui ne sont peut-être pas choses si différentes) un usage inédit : les arrachant
d’une certaine façon à eux-mêmes pour leur donner une nouvelle destination, les faisant servir
à la réalisation d’un dessein qui leur appartient en propre. »

Question : Pourquoi les textes littéraires font-elles du langage et de l’idéologie un


« usage inédit » ?

« Toutes les spéculations sur l’homme créateur sont destinées à éliminer une
connaissance réelle : le « travail créateur » n’est justement pas un travail, un processus réel,
mais la formule religieuse qui permet d’en célébrer les funérailles, en lui élevant un
monument.
De la même façon, toutes les considérations sur le don, sur la subjectivité (au sens
d’une intimité) de l’artiste, sont par principe inintéressantes.
On comprend pourquoi, dans ces pages, le terme de création est supprimé, et remplacé
systématiquement par celui de production. »

Question : Expliquez la différence que Macherey établit entre les deux mots :
« production » et « création ».

« L’œuvre est un tissu de fictions : elle ne contient, à proprement parler, rien de vrai.
Pourtant, dans la mesure où elle n’est pas illusion pure, mais un mensonge avéré, elle requiert
d’être tenue pour véridique : elle n’est pas n’importe quelle illusion, mais une illusion
déterminée. On sera tenté de dire que, puisqu’elle doit être admise telle que sa lettre la
propose, elle suppose, de la part de son lecteur, une croyance continuée. Dans la mesure où
l’auteur doit compter sur cette confiance, sur cette foi, sans laquelle son œuvre ne serait
jamais lue, on serait tenté de parler d’un pacte, d’un engagement tacite, aux termes duquel
serait reconnu pour la fiction le droit d’être comme elle se présente, et nulle autre. »

Question : Porquoi Macherey dit-il que l’œuvre littéraire n’est pas « n’importe
quelle illusion » ?
« On le voit : le roman n’est pas construit mécaniquement, comme s’il s’agissait, dans
un reflet parallèle de la réalité, d’en donner une simple description. Avant de décrire, il faut
montrer, expliquer, constituer : par un jeu de miroirs inclinés, qui produit des images
rompues, déformées, morcelées, est révélé un monde nouveau et significatif. »

Question : expliquez la définition du roman donnée par P. Macherey, dans ce


petit paragraphe.

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