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Review

Reviewed Work(s): Écrire l'histoire d'une vie by A. Oliver


Review by: Jean-François Plamondon
Source: Francofonia, No. 55 (Autunno 2008), pp. 131-133
Published by: Casa Editrice Leo S. Olschki s.r.l.
Stable URL: https://www.jstor.org/stable/43016481
Accessed: 23-12-2022 17:22 UTC

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RECENSIONI

la Parigi immaginaria cui diedero mille volti quegli scrittori ottocentesch


oggi per la maggior parte dimenticati (fa eccezione Verne col suo Paris au
XXe siècle) y che reagirono al radicale riassetto haussmaniano degli anni '60
ricreando nei loro romanzi una Capitale ora mirabile monumento della mo
dernità, ora esecrabile esempio dell'ottuso sacrificio fatto al progresso.

Carmelina Imbroscio

Écrire l'histoire d'une vie. Textes réunis par A. Oliver, Santa Maria Capua
Vetere, Spartaco, 2007, pp. 142.

Ce petit livre porte à réfléchir peut-être plus qu'il n'y paraît de prime
abord. Autant livre de témoignages que livre de théories littéraires, Écrire
l'histoire d'une vie amène le lecteur au-delà des considérations théoriques
habituelles, dans une réalité toujours plus fugace où alter semble un ego
à saisir. Ainsi dès le premier texte, Martine Boyer- Weinmann souligne la
plongée du moi moderne dans une «fissuration essentielle» (p. 19) et illustre
son propos par la relation qu'entretient Antonin Artaud avec son médecin
de Rodez: «Quel échange de services symboliques et identitaires se joue-t-il
dans l'histoire d'une cure, dans le pacte et le secret entre le patient et son
thérapeute?» (p. 28). Écriture et thérapie jouent un peu le même rôle et
au fond, l'écriture est elle-même un alter de service, un objet dans lequel
plonge le sujet-écrivant, comme le thérapeute dans son patient, comme le
biographe dans son personnage. En ce sens, Elisabetta Sibilio insiste, com-
me l'avait fait avant elle François Bon: les biographes s'inscrivent dans la
vie de leur personnage biographé exactement comme l'auteur d'un roman
se projette dans son personnage. En conséquence, la biographie doit être
pensée sous un double rapport complexe:

- le rapport biographie-roman
- le rapport biographe-biographié (p. 40).

On ne peut en effet ignorer que le genre biographique répond de ces


tensions qui s'influencent et s'interpénétrent. C'est en ce sens cette voie
que suit Frédéric Ferney qui s'interroge sur son expérience à construire le
peintre Matisse, qu'il mit en fiction dans Le dernier amour de Monsieur M.
Quoique Ferney ne remette pas en question l'appartenance de son Matisse
au monde de la fiction, il n'est pas sans croire qu'il existe un espace de
communication où se rencontrent les tensions plus haut citées. «Il y a une
zone de vérité, admet Ferney, où l'on rejoint celui qui n'est pas soi, une
zone de vérité que l'on partage avec l'autre. Le personnage nous aide à
franchir cette zone où fiction et vérité forment un pacte étrange» (p. 62).
Pour sa part, Donatella Antonelli parcourt les journaux intimes publiés
dans la France du XXIe siècle. Le chemin qu'elle emprunte démontre que

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RECENSIONI

le genre a évolué vers un nouvel emploi où une fois de plus, alter est un
outil à la connaissance de soi. «Le journal, donc, n'est plus, comme dans
le passé, le dépositaire des secrets de son auteur, mais il devient un instru-
ment pour une analyse sociologique des autres qui aide, peut-être de façon
détournée, à se connaître» (p. 74). À cet égard Michel Tournier donne un
peu le ton avec le néologisme «extime» qui lui sert à désigner son livre:
Journal extime. Aller vers l'extérieur pour mieux comprendre son intimité,
c'est aussi la technique du journal nouveau genre, ces blogs que nous re-
trouvons nombreux sur internet. Chroniques et réflexions abondent dans
cette nouvelle approche d'expression personnelle.
Annie Oliver de son côté montre les liens que tissent le corps, cet autre
moi, et l'écriture dans les textes autofictionnels de Annie Ernaux, Nelly
Arcand, Lorette Nobécourt et Marie Darrieussecq. C'est par ailleurs cette
dernière qui prend le relais à la suite d'Oliver pour livrer son témoignage
sur sa propre pratique autofictionnelle, où le corps et l'écriture partagent
un espace fantasmatique. «Pour moi l'autofiction c'est ça: un fantasme filé
sur la page, sous mon nom, dans ma peau, mais une peau de papier, une
peau mentale» (p. 107). Elle poursuit plus loin pour rendre un vibrant
hommage à l'autofiction parce que le pacte de lecture, selon elle, y serait
moins tendancieux, voire plus réaliste. «L'autofiction c'est le genre qui af-
firme que l'autobiographie est impossible, que c'est illusion de croire qu'on
va pouvoir faire adhérer vie et récit de vie. Si l'autobiographie instaure un
pacte de confiance avec le lecteur, l'autofiction, elle, invente un nouveau
genre de pacte, un pacte de défiance assumée: «lecteur ne me crois pas.
[...] L'écriture n'est pas la vie»» (p. 116). C'est un peu ce que disait déjà
Doubrovski quand il affirmait qu'on ne lisait pas une vie mais qu'on la vi-
vait. Philippe Lejeune écrit quelque part qu'un autobiographe, ce n'est pas
quelqu'un qui dit la vérité, mais c'est quelqu'un qui dit qu'il dit la vérité.
La distinction est énorme et toute la différence entre les autobiographes et
les romanciers de l'ego repose dans cette volonté de dire le vrai pour les
uns, et le faux pour les autres. Reste maintenant à savoir si la littérature
est un bon outil pour dire le vrai, est-ce que la langue écrite peut livrer un
témoignage authentique? Dans la mesure où elle est toujours guidée par
le projet de dire le vrai, pourquoi ne serait-elle pas crédible? En vérité, ce
type de questionnement ne remet pas seulement en cause les fondements
littéraires mais interroge tout type de discours, quel qu'il soit. Or la vérité,
au même titre que la fiction, est elle-même une catégorie linguistique; sans
la langue ni fiction ni vérité ne pourrait être.
C'est d'ailleurs ce qu'approfondit Jean-Benoit Puech, auteur du dernier
article de cet ouvrage, et biographe confronté aux mensonges de son bio-
graphé. En effet, après avoir publié une vingtaine de pages biographiques
sur Benjamin Jordáne, Puech se rend compte que celui qu'il considérait
comme un ami lui avait menti sur certains points de sa vie. D'un seul coup,
c'est l'instrument avec lequel on connaît un individu, le langage, qui est
invalidé et pointé du doigt comme moyen aporétique de rendre le vrai.

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De cette imposture découle une nouvelle question: qu'en est-il dès lors d
discours historique? «En quoi implique-t-il (le discours historique) d'une
part la foi dans la possibilité d'un récit conforme à la réalité des faits, de
idées, des sensibilités, lorsqu'elles sont manifestes, mais aussi, d'autre part
en quoi implique-t-il la prudence, la méfiance envers toutes les preuves
(p. 130). Toujours déstabilisé par l'incertitude de tracer sa ligne du côté
de la fiction ou de la réalité, du mensonge ou de la vérité, Puech se que-
stionnne sur la relation réelle qu'il a entretenue avec son ami écrivain e
sur le récit autobiographique que Jordanne faisait oralement de lui-même
«Où en étais-je? Cette invention dans le récit autobiographique, écrit ou
oral, bref, de mensonge, cette affabulation, je l'appelle «le roman de sa
vie». Non pas au sens où sa vie est très romanesque, mais au sens où sa
passion du romanesque a contaminé sa représentation de sa vraie vie vé-
cue» (p. 131).
L'article de Puech, qui est une forme de récit avec dénouement, se
conclut par un credo dans les forces du langage à créer le vrai et la fic-
tion. Aussi insiste-t-il, «je ne crois pas pour autant que tout est fiction,
ou que la «réalité, c'est la fiction du plus fort». Je crois qu'un combat est
possible contre cette fiction du plus fort, comme contre la force de la fic-
tion, et pour la réelle réalité. Mais dans ce combat, il faut s'armer contre
des stratégies aussi élaborées que l'ont toujours été les fictions déclarées»
(p. 134). Dans cette lutte entre le réel et l'imaginaire, il y a une forme de
partage qui s'installe et qui cherche à exprimer à la fois l'un et l'autre, à
la fois ni l'un ni l'autre. C'est alors une notion de pacte qui refait surface
où, comme chez Lejeune, l'intention est porteuse de sens. Évidemment, le
respect et l'amitié que porte Puech à Jordáne l'incitent malgré lui à rendre
son personnage aussi beau qu'il l'a véritablement connu, dans le vrai com-
me dans le mensonge. C'est peut-être alors l'intention de dire le vrai du
biographe qui fera «vivre» au personnage réel, par le biais du personnage
de papier, la vie vraie. «Pour moi, une histoire est possible, qui ne serait
pas de la fiction, à condition qu'elle tienne compte du fait que son objet
est un sujet, doué d'une intention et d'un désir biographiques , et que ce
sujet peut mettre en place tout un roman familial qui nous détourne pour
un temps de la vérité vraie, dont il finit par faire partie» (p. 135).

Jean-François Plamondon

F. Simonet-Tenant (dir.), Le propre de l'écriture de soi , Paris, Téraèdre,


2007, pp. 179.

Françoise Simonet-Tenant propose ici la publication des actes d'un


colloque tenu en l'honneur de Philippe Lejeune. Rappelant évidemment
Le propre de la fiction de Dorrit Cohn, le titre de ce collectif se voulait
en fait un énoncé programmatique à partir duquel les chercheurs étaient

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