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Il y a quelque chose de presque magique dans Le Petit Prince, quelque chose qui le différencie des autres livres. Traduit
en 361 langues, ce qui en fait le 2ème livre le plus traduit au monde après la Bible. Parmi tous les contes, les mythes et
légendes qui existent, c’est celui-là qui est le plus universel. Pourquoi celui-ci ? Pourquoi autant de succès ?

Commençons par le commencement. Le livre s’ouvre sur un acte de violence, un boa avalant un fauve, ce qui
va faire naître chez notre narrateur, le pilote, une forme d’inspiration qui le pousse à essayer de créer quelque chose. La
création faisant suite au chaos, à la violence.

Il y a une raison pour laquelle Le Petit Prince s'ouvre sur cette image d'un éléphant - parce que oui, ceci est un éléphant
- après avoir été mangé par un serpent. Si vous ne pouvez pas le voir, cet article est fait pour vous ! Le Petit Prince est
beaucoup plus qu'un simple conte pour enfant.

Malgré cette violence, le début de ce livre est assez touchant. L’aviateur est tout de suite exaspéré par l’attitude des
grandes personnes et surtout leur manque d’imagination. C'est un bon début puisqu'on a tout de suite le sujet principal
de l'histoire : la place de l’imagination dans le monde des adultes. Enfant, on utilise automatiquement notre imagination
et nous perdons cette habitude une fois adulte. Le Petit Prince nous réapprend à utiliser notre imagination. C'est une
histoire qui veut nous faire oublier ces choses de grandes personnes, très sérieuses et très importantes, qui ont
remplacé tout ce qui était évident quand nous étions enfant comme l'amour ou l'imagination. Et tout ceci commence
par cette panne dans le désert du Sahara, à mille milles de toute terre habitée.

Le pilote et l’accident
Cette panne est une expérience très personnelle de Saint Exupéry. Il y a beaucoup d'éléments dans ce récit qui font
référence à sa propre vie, comme différents protagonistes, notamment la rose ou le renard. On peut trouver beaucoup
de correspondances entre le narrateur, qui est le personnage du pilote, et l’auteur. Par exemple, Saint Exupéry
voyageait beaucoup, c'était un pilote reconnu qui parcourait le monde, ... C’est peut-être aussi le fait que ça soit une
histoire très personnelle qui l’a rendue universelle. En la lisant, on a un peu l’impression de connaître Saint Exupéry, du
moins sur un plan émotionnel. Peut-être qu’il nous a raconté sa propre histoire, mais sans en faire une autobiographie,
seulement une trace écrite qui nous rappelle tout ce que nous avons laissé en enfance. Le narrateur, finalement, est un
personnage qui parle à tout le monde et le fait qu’il ne soit jamais représenté accentue ce côté universel.

Le pilote s’écrase dans le désert. On peut se demander s’il ne le fait pas un peu exprès, dans une sorte de recherche,
de méditation. Alors qu’il est presque face à la mort, au beau milieu du Sahara avec à peine de l'eau à boire pour une
semaine, il tombe nez à nez face à un petit garçon aux boucles blondes prêt à nous partager son incroyable histoire.
C’est peut-être juste le fruit de son imagination : cet homme se retrouve en panne, dans le désert, cette apparition peut
n’être qu’une hallucination un peu étrange. Ou peut-être s’agit-il de la même personne, une rencontre de l’adulte et de
l’enfant. C’est à ce moment-là que le récit du narrateur commence : quand ces deux êtres perdus se retrouvent. Et ce
petit bonhomme n'est autre que le petit prince.

Le Prince

Les premiers mots qu’il prononce formulent la demande suivante: "S'il vous plaît, dessine-moi un mouton". Il ne
demande pas à boire, ni de l’argent, ni son chemin. Il a besoin de quelqu'un pour l'aider à nettoyer sa planète des
pousses de baobabs qui s'y trouvent dans le sol. Aucun des moutons qu'on lui donne ne lui convient, jusqu’au 4ème
dessin, une caisse : “Le mouton que tu veux est dedans”. Le pilote sait ce qu’il y a dedans, le petit prince aussi, et c’est
ce qui fait que ce mouton devient réel à leurs yeux. Le petit Prince voit immédiatement que c’est le mouton parfait pour
lui et accepte, reconnaissant, le bout de papier où cette boîte est dessinée. Ce qu’il voulait en réalité c’était une
création de l’imagination. Cet enfant d’un autre monde est le petit prince ou la petite princesse qu’on a tous été un jour.
Les rêves que nous chérissions, les aventures que nous avons vécues enfants, se sont rassemblés en cette petite
figure, ce petit prince qui a quitté sa planète pour fuir sa rose.

B612, Baobabs, Couchers de soleil et Rose


Avant d'arriver sur la Terre, le petit prince vivait sur sa propre planète. Sur l'’astéroïde B612 pour être précis, découvert
en 1909 par un astronome turc mais qui n’a été pris au sérieux qu’en 1920 par la communauté scientifique en raison de
son costume. Le costume occidental pourrait représenter le conformisme. B612 est un endroit minuscule pour vivre,
mais parfait pour quelqu’un d’aussi petit que le prince. Il est tellement minuscule que si le petit prince ne gérait pas les
pousses de baobabs, la planète entière pourrait s’effondrer sous le poids de leurs racines. Ce petit garçon a déjà des
responsabilités énormes : la survie de sa planète dépend de lui.

Ce problème des baobabs peut être mis en parallèle à toutes les fois où l’on a toléré des actes racistes, misogynes,
homophobes : si l’on ne s'occupe pas d’arracher rapidement ces mauvaises graines, elles continueront de grandir,
deviendront trop envahissantes et il n’y aura pas de retour en arrière possible.

Ce dessin est assez touchant ; on y voit le petit prince assis sur sa petite chaise regardant un coucher de soleil. Chez
lui, les couchers de soleil sont beaucoup plus fréquents que sur Terre. Et on apprend que c’est quelque chose qu’il
affectionne tout particulièrement. Un coucher de soleil, quelque part, ça nous rappelle notre insignifiance, cela arrivera
quoi que l’on fasse, on a aucun pouvoir sur ce phénomène. C’est la fin de la journée et rien ne nous garantit que le
soleil se relèvera le lendemain. On ne peut qu’espérer ; il y a quelque chose de très nostalgique, de très mélancolique
dans les couchers de soleil. Tout au long de cette œuvre, la souffrance et l'espoir vont de pair.

Puis un jour, une rose apparait  venant d’on ne sait où.  Elle n’avait d’abord rien de particulier, mais elle s’est ensuite
épanouie en une magnifique fleur. Notre petit prince a pris soin d’elle et elle lui tenait compagnie. Pourtant, ils étaient
trop jeunes pour s’avouer qu’ils s’aimaient. Mais les demandes de la rose pour plus d’attentions firent qu’elle et le petit
prince  s'éloignèrent l’un de l’autre. La rose représente une relation très compliquée. Le petit prince s’échappa de sa
planète en s’accrochant à un groupe d’oiseaux sauvages. Après réflexion, il réalise qu’il aurait dû comprendre que la
vanité de sa fleur était une façon pour elle d’essayer d’exprimer son amour et qu’il aurait dû lui dire ce qu’il ressentait
de son côté et l’aimer. Il y a l’idée que les relations demandent du travail et de l’engagement. Mais le petit prince préfère
fuir. Une romance qui finit trop tôt parce que deux personnes n’ont pas pu admettre leurs sentiments l’une pour l’autre.
Ce livre parle aussi de la survie de ce couple très tourmenté et très compliqué. Et en effet, Saint Exupéry et sa femme,
Consuelo, vivaient une relation très difficile : très complémentaires, Consuelo étant une conteuse à l’imagination
débordance, ils vivaient cependant séparés.

Mais ce n’est que le début des aventures de notre petit prince.

Le Voyage

Il effectue 6 étapes avant d’arriver sur Terre. Chacune des personnes présentes sur ces planètes, très solitaires, ont un
trait de caractère qui les empêchent de créer un vrai lien avec autrui. La façon dont les planètes sont dessinées insiste
sur la solitude des personnages : la planète est minuscule mais les humains dessus y sont énormes. Le petit prince
n’en veut jamais à personne, il n’est là que pour observer, et il les trouve ridicules. Effectivement, elles le sont parce
qu’elles n'observent la réalité qu’à travers un seul prisme, une seule obsession, ce qui leur fait perdre leur humanité.

Le Roi

La première planète sur laquelle le petit prince est tombé était un autre petit astéroïde voisin, sur lequel se trouvait un
imposant trône où était assis un roi. Quand le prince lui demande  sur quoi le roi règne, il lui répond  “Sur tout”.  Le
prince, se sentant seul, lui demande un coucher de soleil et le roi lui dit qu’il en ordonnera un pour lui quand les
conditions seront favorables, c’est-à-dire juste avant la nuit. Quand le prince demande s’il peut s'asseoir, le roi lui
ordonne de s’asseoir. Après d’autres exemples plus farfelus les uns que les autres, il est apparu assez clair pour le
prince que le roi n’avait pas le moindre pouvoir réel sur quoi que ce soit, tout comme chaque roi et despote sur Terre.
Un roi n’a pas plus ou moins de pouvoir que quiconque. Ce sont des personnes ordinaires dans la vie de tous les jours,
aussi seules et fragiles, voire même plus, que chacun d'entre nous. Ils ont seulement le pouvoir et l’importance qu’on
leur donne. Tout comme le fait le petit prince avec le roi, il suffit d’ignorer leurs postures pompeuses et de les laisser
tout seuls pour leur retirer toute importance et tout pouvoir.

Le Vaniteux

Sur la prochaine planète, le petit prince rencontre  un autre  homme seul. La première réaction de celui-ci est de
demander des applaudissements, une forme d’admiration. Pas parce qu’il a fait quelque chose de remarquable, mais
parce qu’il est “l’homme le plus beau, le mieux habillé, le plus riche et le plus intelligent”. N'est-il pas superbe dans ses
vêtements ? Le coût et le luxe de sa garde-robe ne sont-ils pas des éléments qui devraient être admirés ? Le prince
partit sans même lui accorder un second regard. Cette brève rencontre est une sorte de fenêtre qui nous permet de
constater l’importance du matérialisme qui s’est emparé de nos sociétés. Ce sont juste des choses vides d’intérêt qui,
contrairement aux expériences des relations et de l’amour, n’ont pas de vraie valeur du tout.

Le Buveur

La prochaine planète visitée par le petit prince est  un arrêt encore plus court. Il y rencontre un homme qui boit pour
oublier sa honte, celle de boire. Il apparaît comme le personnage le plus apte parmi les 6 à comprendre vraiment le
monde ; c’est ce pourquoi il boit. C’est une triste mais réelle représentation de beaucoup d’entre nous qui, par l’alcool,
les drogues ou autres substances, cherchent un moyen d’oublier qu’ils sont dans un monde où l’on nous force à
grandir et à remplacer l’amour et l’imagination par l’argent et la rentabilité. Il est souvent plus agréable de se droguer
que de ressentir réellement ce que l’on a perdu. La tragédie de ce personnage n’est pas tant le fait qu’il boive, mais sa
honte, avoir constamment honte de ce qu’il est, de sa maladie, ce qui l’empêche de véritablement demander de l’aide
extérieure. 

Le Businessman

Maintenant, nous arrivons à la pire des planètes visitées par notre petit prince. Ici, nous rencontrons le businessman. Il
compte toutes les étoiles. Non pas parce qu’elles sont belles ou scientifiquement intéressantes, mais parce qu’elles
valent de l’argent. Il veut toutes les enfermer dans une banque où il pourra les posséder pour toujours. Il nettoiera
l’espace de ces objets brillants. Il est obsédé par les chiffres. Le prince est parti précipitamment mais pas avant avoir
dit au businessman qu’il ne pourra jamais posséder les étoiles pour la raison suivante : il n’est “pas utile aux étoiles”. Il
est la représentation parfaite de l’adulte, l'antithèse de notre enfant intérieur. Il est convaincu que tout ce que le monde
accomplit doit être une étape quantifiable et permettre de gagner le plus d’argent possible. C’est un homme très
sérieux qui n’a pas le temps pour des choses gaspillables, comme l’amour ou l’imagination. Pas d’émerveillement, pas
de joie, juste l'argent.

L’Allumeur de réverbère

Le prochain arrêt du prince fut la planète de l’allumeur de réverbère. Ce pauvre homme est bloqué dans une spirale
infernale. Il avait l’habitude d’avoir un jour normal entre les moments où il allumait et éteignait son réverbère. Mais
maintenant, il doit effectuer cette opération chaque minutes parce que la rotation de sa planète s’est accélérée. Cet
homme ordinaire coincé dans des processus obsolètes qui lui causent une grande souffrance et des inconvénients est
un reflet clair de n’importe quelles de nos pratiques modernes, surtout des systèmes bureaucratiques. Une personne
qui ignore pourquoi elle suit cette routine, pourquoi elle suit ces règles, mais qui malgré tout va continuer à les
appliquer. Le petit prince se prend presque d’amitié pour lui, peut-être parce que lui aussi est une personne qui poursuit
un but qui le dépasse, et que tous les deux se consacrent à une activité qui va au-delà de leur personne. Le prince a eu
pitié du pauvre homme mais n’a rien pu faire pour l’aider et a dû partir.

Le géographe

Sur la prochaine planète, le petit prince rencontre le géographe. Il étudie la géographie mais sans n’avoir jamais quitté
son bureau pour voir le monde. Pourquoi le ferait-il ? C’est le travail d’un explorateur de voir le monde, pas d’un
géographe. Lui est juste là pour retranscrire ce que l’explorateur voit à son retour. Il donne une fonction à certaines
choses et pas à d’autres. C’est une parodie de tous ces systèmes qui essayent de ranger les gens dans des petites
cases. La conformité que le géographe consacre à son rôle est vue comme ridicule et par le lecteur et par le petit
prince, qui décide alors de s’envoler vers la Terre. 

Roses, renard, quête et solitude


Enfin, le petit prince arrive sur Terre. A force de marcher, il tombe sur un mur de roses. Plusieurs milliers d’entre elles. Il
pensait que sa rose était unique au monde. Mais là, il y en a tellement qu’il ne peut les compter. Elles sont toutes belles
et toutes semblables. Il se rend compte que sa rose, qu’il croyait unique, ne l’est pas. Comment sa rose peut-elle être
spéciale alors qu’elle est si ordinaire ? C’est en errant avec cette triste idée en tête que le prince croise le renard. Pour
se remonter le moral, il lui demande s’il veut jouer, mais le renard lui répond que pour pouvoir jouer, il doit d’abord être
apprivoisé. Il l'avertit aussi que s’ils s’apprivoisent, ils auront besoin l’un de l’autre. Le renard en vient à supplier le
prince de l’apprivoiser : “S’il te plaît… Apprivoise-moi”. Le prince n’y prête pas beaucoup d’attention et lui et le renard
s'apprivoisent et deviennent de bons amis. Jusqu’au jour où le prince réalise qu’il doit partir pour rentrer chez lui. La
douleur de dire au revoir au renard le blesse terriblement. Ça lui fait tellement mal qu’il se demande quel était l’intérêt de
cette amitié. Cette douleur, Saint Exupéry a pu l’expérimenter au moment où l'un de ses grands amis et compagnon
d’aviation Henri Guillaumet s’écrase dans les Andes et disparaît des radars. Il  prend alors des risques inouïs pour le
retrouver.

“Va revoir les roses” lui dit le renard, “tu comprendras que la tienne est unique au monde”. Le prince suit son conseil et
effectivement, il comprend que les roses n’étaient finalement pas similaires à la sienne. Il ne les a pas arrosées, il ne les
a pas protégées du vent et il n'a pas écouté  leurs histoires. Sa rose était unique au monde précisément parce qu’ils
s’étaient apprivoisés. Il revient vers son renard, qui lui confie un secret. C’est peut-être ça qui fait de ce livre une œuvre
universelle, quelque chose qui nous rassemble : le fait que nous partageons tous le même secret : "On ne voit bien
qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux”. Ce qui est le plus important, ce n’est pas l’argent ou les biens
que nous accumulons. Ce qui est le plus important c’est d’écouter nos cœurs et  laisser notre amour et notre
imagination nous emmener là où nous avons vraiment besoin d’aller.

Mais quelle est notre quête ? Que recherchons-nous ? Il faut chercher, mais ce qui est important, ce n’est pas la
destination, mais le fait  de chercher. C’est ce qui nous permet ainsi de garder l’esprit ouvert. C’est ainsi que nous
trouverons ce que nous cherchons véritablement, que nous nous sentirons enfin chez nous, à notre place. Le Petit
Prince, c'est aussi la recherche d'un  foyer, un endroit où l'on ne serait plus seul. Le petit prince, c’est aussi un
personnage extrêmement seul. On ne voit le petit prince représenté de dos qu’à 3 reprises dans le livre, et à chaque
fois, c’est à des moments de profondes solitudes.

Ceci en est l’un d’entre eux. Le petit prince arrive au bout de son long voyage, et il n’a toujours pas trouvé ce qu’il
cherchait. Il se retrouve en haut d’une montagne, à la recherche du moindre contact humain ; c’est seulement l’écho
qu’il va entendre. Cet écho, c’est le son d’une intense souffrance, que l’on peut ressentir à la lecture de ce passage,
celle de la solitude extrême. On peut la rattacher à l’expérience de Saint Exupéry qui est devenu persona non grata au
sein de la communauté française pendant la guerre et l’occupation, parce qu’il n’avait pas d’appartenance politique. Il y
a cette sorte de complainte dans Le Petit Prince prononcée par le serpent : “On est seul aussi chez les hommes”.

Le Serpent
Le serpent représente un instrument de la mort. Sa rencontre avec le petit prince est très mystérieuse, marquée par la
peur, mais aussi par la fascination. Il y a du danger et on ressent que le prince n’a pas envie d’être ici, sur Terre, au beau
milieu du désert, avec  ce serpent pour unique compagnie.  Il y perçoit de la malice, au plan physique comme
émotionnel. La méthode du prince pour rentrer chez lui est, dans un certain sens, moins conventionnelle que celle
utilisée à son départ. Le serpent est l’ultime refus du petit prince de ce monde, de notre réalité. “J’aurai l’air d’être mort
et ce ne sera pas vrai”. Il sait que ce qui est vraiment essentiel est invisible, que son corps est juste “comme une vieille
écorce abandonnée”, une coquille vide qui peut être remplacée. Il doit se sacrifier pour retrouver sa rose, dont il est
responsable, il a compris que c’est ça qui est important. Pour le pilote, il y a ce dilemme d’aider le petit prince, de le
protéger, mais aussi la nécessité pour ce dernier de retrouver sa rose.

C’est en littéralement un éclair que son corps tombe sur le sol. Et 6 ans après cette histoire, le pilote est convaincu que
le prince est retourné à sa rose ; on retrouve cette idée de souffrance accompagnée d’espoir. Ici c’est à nous
d’imaginer, comme le fait le pilote, que le petit prince va bien. Le Petit Prince parle aussi de la façon d’affronter la mort
des personnes que nous aimons ; on y apprend, avec beaucoup de poésie, l'inexistence de l’éternité. 

“Je n’aime pas que l’on prenne mon histoire à la


légère”
Le Petit Prince est un conte pour enfants destiné aux adultes, pas seulement parce qu’il parle de beaucoup d’éléments
de la réalité qu’on nous a dit d’accepter en grandissant, mais aussi parce qu’il nécessite l’utilisation d’un outil que nous
oublions trop souvent : notre imagination. Nos sociétés modernes essayent de nous forcer à nous imposer nous-même
ordre, rentabilité, tout ce qui touche au quantifiable ; c'est que Saint-Exupéry écrit dans ce roman :  “Les grandes
personnes aiment les chiffres”. Tout cela nous permettrait d’atteindre le bonheur, et nous nous retrouvons finalement
dans une quête qui n’en finit pas. Pour le pilote, il y a un peu cette recherche du retour à l’enfance. Il y a un pouvoir des
adultes qui veut en finir avec l’enfance, avec l’ignorance. Mais au fur et à mesure que nous grandissons, nous perdons
notre innocence, nous développons des complexes, qu'on tente de dissimuler. Alors que les enfants ne cachent pas qui
ils sont ; ils se dévoilent facilement. Le Petit Prince réveille en nous, pendant quelques instants, notre enfant intérieur et
nous permet encore d’échapper à tout ça, d’imaginer, de s’émerveiller et d’aimer. Alors même que nous avons grandi,
nous pouvons quand même être encore des enfants. Il s’agit de se souvenir de notre enfance, de rester en phase avec
elle. Et c’est le cadeau de ce livre : nous donner l’occasion d’être un peu moins adultes.
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