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Suivi et control de l'avancement des travaux en BIM 4D. REX et cas d'etude du
Projet Nanterre 2 CESI

Conference Paper · October 2021

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4 authors:

Ridha Bensahaila Omar Doukari


Groupe Cesi Northumbria University
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Merkoune Djalal Ali Motamedi


Ecole Nationale Supérieure de l'Energie, l'Eau et l'Environnement (INP de Grenob… École de Technologie Supérieure
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Point Cloud Processing View project

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Suivi et control de l’avancement des travaux en BIM 4D.
REX et cas d’etude du Projet Nanterre 2 CESI
Ridha BENSAHAILA 1, Omar DOUKARI 2, Djalal MERKOUNE 3, Ali MOTAMEDI 4
1
IDEC SANTE, Blois, France
r.bensahaila@groupeidec.com
2
Digital Built Environment Research Group, Northumbria University, UK
omar.doukari@northumbria.ac.uk
3
CESI Ecole d’Ingénieurs, Centre Paris-Nanterre, France
dmerkoune@cesi.fr
4
GRIDD, ETS Montréal, Canada
ali.motamedi@etsmtl.ca

Résumé : Le secteur de la construction a connu de nombreuses évolutions techniques et réglementaires au cours


des 30 dernières années. Soucieux de l’impact de leurs projets sur l’environnement et la sécurité de leurs
partenaires, les maîtres d’ouvrage sont de plus en plus exigeants pour la réalisation de leurs projets. À l’inverse,
les acteurs de la construction n’ont que très peu modifié leurs méthodes de travail. Cet écart entre les évolutions
des règles et des normes, et la stagnation des acteurs du projet a des impacts significatifs sur les délais, le coût
et la qualité des ouvrages livrés. Cet article propose d’utiliser le BIM 4D pour innover dans la manière de
planifier les projets de construction. Il présente une méthode de travail opérationnelle et structurée pour guider
le client dans la définition de ses objectifs et aider les acteurs à collaborer pour les atteindre. La solution
proposée est illustrée à travers une application sur le projet du bâtiment Nanterre 2 CESI.
Mots-clés : BIM 4D, suivi de travaux, maitre d’ouvrage, projet Nanterre 2 CESI, formation BIM.

Introduction
Le secteur de la construction a connu de nombreuses évolutions techniques et réglementaires au cours des 30
dernières années. Soucieux de l’impact de leurs projets sur l’environnement et la sécurité de leurs partenaires, les
maîtres d’ouvrage sont devenus de plus en plus exigeants pour la réalisation de leurs projets. À l’inverse, les
acteurs de la construction n’ont que très peu modifié leurs méthodes de travail. Cet écart entre les évolutions des
règles et des normes, et la stagnation des acteurs du projet a des impacts significatifs sur les délais, le coût et la
qualité des ouvrages livrés. Un projet est un environnement dans lequel des intervenants aux profils différents
sont amenés à collaborer pour atteindre des objectifs précis. Le succès ou l’échec du projet dépendant de la
stratégie adoptée pour organiser l’ensemble des activités tout en ayant pris en compte les différentes contraintes
internes et externes au projet.

Le projet Nanterre 2 CESI est un projet d’ouvrage de type R+4, conçu et réalisé en BIM pour accroitre la
capacité d’accueil du campus CESI à Nanterre. Le BIM a été exigé par le CESI pour deux raisons. D’une part,
les livrables réalisés par les intervenants du projet devaient être archivés à chaque phase afin de les mettre à
disposition des équipes pédagogiques CESI et servir de cas d’études réels. D’autre part, les informations
contenues dans les livrables avaient pour but de permettre l’exploitation et la maintenance en BIM de l’ouvrage.
Le CESI a donc réalisé un cahier des charges BIM dans lequel il a détaillé ses attentes. L’équipe de BIM
management a par la suite, décliné ces attentes en objectifs BIM puis en cas d’usages BIM. Contractuellement,
les entreprises en charge de la conception et la réalisation de l’ouvrage étaient tenues de produire les
informations et livrables de chaque cas d’usage. Néanmoins, face aux compétences limitées des intervenants, la
liste des 13 cas d’usages initialement identifiés, a été réduite à 8. Face à ce constat, le CESI a décidé de réaliser
l’un des cas d’usages non effectué par les équipes de production à savoir la planification 4D.

Cet article propose une nouvelle méthode de planification qui utilise le BIM [6] pour en simuler la construction
et en optimiser le déroulement en implémentant le cas d’usage BIM 4D. La suite de l’article est organisée en
quatre parties. Section 1 introduit la planification de projets de construction d’une manière générale. Section 2
s’intéresse aux usages du BIM 4D pour la gestion des délais pour permettre de proposer dans Section 3, une
nouvelle méthode de planification basée sur le BIM 4D. Pour mesurer l’efficacité de la solution proposée, une
application au projet du bâtiment Nanterre 2 CESI, est présentée dans Section 4. Une conclusion et des
perspectives sont dressées à la fin de l’article pour proposer quelques axes d’amélioration.

1. Planification des projets de construction


La norme ISO 21500 définit un projet comme une somme de processus dont la finalité est la production de
livrables uniques. Afin de réaliser ces livrables, les processus organisent un ensemble d’activités auxquelles des
ressources humaines, financières, et matérielles sont allouées. Ces activités sont par ailleurs, limitées dans le
temps. La durée totale du projet dépend de la durée de ces tâches et plus particulièrement, des tâches critiques.
La définition donnée par la norme aborde également l’importance des contraintes qui peuvent être externes au
projet (réglementation, situation socio-économique, environnement…) ou bien internes (disponibilité des
ressources, degré de compétences des acteurs, budget enveloppe, etc.). Un projet est aussi caractérisé par un
cycle de vie dont chacune des étapes requière la mise en œuvre de groupes de processus pour organiser et
maîtriser le travail des intervenants afin d’atteindre les objectifs initiaux. Ce cycle de vie dépend de la nature, de
la dimension, du domaine d’activité ainsi que des contraintes du projet. La gestion de projet consiste à identifier,
planifier et contrôler à chaque phase du cycle de vie les processus nécessaires pour en accroître les probabilités
de succès.

1.1 La gestion de projet de construction


Le secteur de la construction regroupe l’ensemble des activités de conception, réalisation, exploitation et
démolition d’ouvrages de travaux public, génie civil et bâtiment. Les projets de construction suivent pour la très
large majorité, un développement séquentiel où chacune des étapes correspond à une phase du projet. Dans [1],
on identifie quatre principales phases couvrant le cycle de vie entier d’un ouvrage : Préprojet, Pré-construction,
Construction, et Post-construction. À chacune des étapes du projet, différents acteurs sont nécessaires pour
planifier, exécuter et contrôler les activités. La dénomination des intervenants est propre à chaque pays. La
complexité des projets de construction réside dans leur rythme rapide [2], leur environnement unique
(réglementation, localisation, type de marché…) ainsi que de la multiplicité des intervenants aux rôles et
périodes d’interventions différentes.

Pour réussir la gestion d’un projet, une planification efficace à toutes ses phases, est indispensable. Les outils et
méthodes correspondants se comptent par dizaines, adoptés et mis en pratique par les acteurs de la construction
afin de faciliter la coordination et la maîtrise des délais. Les plus communément utilisés sont détaillés dans la
section suivante.

1.2 Les méthodes de planification d’un projet de construction


La planification d’un projet de construction consiste à identifier, pour chaque étape du projet, les activités à
réaliser pour atteindre les objectifs souhaités. Les activités doivent ensuite être découpées en tâches élémentaires
dans le but d’être ordonnancées en cohérence avec les contraintes techniques, économiques et spécifiques du
projet. En procédant ainsi, le livrable qui en résulte permet d’expliciter clairement le déroulement détaillé du
projet où des jalons de validation permettent de mesurer l’avancement et la qualité des prestations à réaliser.

Dans un projet de construction, un planning est mis en place dès l’étude de faisabilité par le maître d’ouvrage, ce
premier planning enveloppe détaille rarement chacune des tâches du projet, car nombre d’entre elles sont
inconnues ou seront amenées à être supprimées/modifiées. Cette première esquisse a l’avantage de permettre
d’apprécier rapidement la durée prévisionnelle du projet à ses prémices, mais comporte un degré d’incertitude
important. Pour les réponses à appels d’offres des maîtrises d’œuvres, ces dernières utilisent le planning
enveloppe de la MOA (maitrise d’ouvrage) en donnée d’entrée. Elles en réduisent la granularité des tâches pour
y apporter des améliorations et en confirmer ou non, les délais initiaux. Enfin, avant la phase de construction, les
entreprises doivent également réaliser des plannings d’exécution basés sur le planning général du MOE (maitre
d’œuvre). Ces plannings tiennent comptent de leur capacité à mobiliser les ressources nécessaires, les délais de
livraison des fournitures et les contraintes d’ordonnancement qui les lient aux autres activités du chantier.

Les activités de tous les acteurs de la construction étant fortement intriquées dans le temps et l’espace, il est
impératif que ces derniers collaborent tout le long du projet pour réduire les impacts des aléas susceptibles de se
produire. C’est précisément le rôle de l’OPC (ordonnancement, pilotage et coordination) d’agglomérer
l’ensemble des plannings mais aussi d’être l’interlocuteur unique des intervenants pour coordonner les activités
en cas de problème. Selon la nature et le contexte du projet, l’OPC peut user de plusieurs méthodes de
planification.
La méthode du chemin critique (CPM)
Cette méthode a été pour la première fois utilisée dans les années 50 aux Etats-Unis [8]. Le programme de
missiles balistiques (Polaris) ayant eu un retard, les Forces navales des États-Unis ont opté pour la division du
projet en plusieurs milliers de tâches représentées en flèches et liées les unes aux autres suivant un ordre logique.
Ensuite, la durée et la criticité de chaque tâche a été quantifiée pour faire apparaître le chemin critique qui
renseigne de ce fait la durée totale du projet. Elle est la plus utilisée dans les projets de construction, car
facilement applicable à des projets séquentiels. Elle présente cependant, de nombreux inconvénients dont le plus
important est l’utilisation de ratios issus de retours d’expérience. De ce fait, que la durée des tâches soit sous ou
surdimensionnée, cette méthode ne laisse pas la liberté aux acteurs d’ajuster aisément leur planning au rythme de
la production réelle.

La méthode PERT (Program Evaluation and Review Technique)


Également développée par les Forces navales des États-Unis, cette méthode a pour avantage de rendre
l’ordonnancement des tâches plus flexible [9]. Les tâches sont situées entre deux étapes, ceci de façon à pouvoir
déterminer la date au plus tôt pour laquelle le projet sera clôturé. La subtilité de la méthode PERT se trouve dans
le calcul des marges totales et des marges libres. Grâce à ces deux informations, l’OPC peut facilement jauger
son degré de liberté pour modifier les dates d’intervention en cas d’aléas ou dans le but d’optimiser la répartition
des ressources et de l’espace. Bien qu’elle permette une certaine flexibilité par rapport à la méthode CPM, la
méthode PERT hérite de celle-ci plusieurs inconvénients, notamment l’absence d’indications sur l’occupation de
l’espace ou l’affection des ressources.

La planification LBS (Location-Based Scheduling)


Utilisée principalement pour des projets où les activités sont amenées à être répétées un grand nombre de fois
(Immeuble de grande hauteur, logements collectifs, infrastructures linéaires), la planification LBS est une
représentation spatio-temporelle d’un projet qui se concentre sur les taux de production de chaque équipe. Un
quadrillage est utilisé pour y décrire la durée et le lieu de chacune des tâches. L’espace est représenté en
ordonnée au moyen de différents points du projet, le point de départ, le point d’arrivée ainsi que des points
spécifiques (N° d’étage, point kilométrique, intersection, ouvrage d’art…). En abscisse, on retrouve la dimension
temporelle représentée par un calendrier. Une tâche quant à elle, est représentée par une ligne repérée par deux
points [10]. L’avantage de cette méthode réside dans le fait de pouvoir vérifier la cadence de production tout en
tenant compte de l’utilisation de l’espace d’un chantier. En revanche, sa réalisation et mise à jour demandent du
temps et des compétences de planification avancées.

Lean planning
Provenant du Japon, la méthode de travail Lean a été mise en place initialement par le géant de l’automobile
Toyota [11]. Elle vise à améliorer de manière continue la plus-value des tâches (rendement, coût, qualité et
délais), ceci dans le but d’améliorer la rentabilité globale du projet. Dans le domaine de la construction, neuf (09)
techniques de planification et de control Lean ont été identifiées [16]. Basé sur plusieurs niveaux de planification
(Master, Phase, Look-ahead ou liste des tâches prioritaires, et hebdomadaire), le LPS (Last Planner System) est
l’une des techniques les plus utilisées et implémentées en construction [17, 18, 19, 20]. La méthode Lean est de
façon générale, menée à l’aide d’un support (tableau standard ou numérique) sur lequel les acteurs indiquent la
nature, l’endroit, le type de matériel à mobiliser ainsi que le nombre de personnes requises pour réaliser une
tâche. Ce travail est réitéré de façon hebdomadaire afin d’étudier les interdépendances des tâches, prévenir les
éventuels conflits et proposer des optimisations de manière collective. Le principal avantage de cette méthode est
la prise en compte des besoins et contraintes de chaque acteur en favorisant la collaboration bien avant les phases
d’exécution. Dès lors, les intervenants conjuguent leurs savoirs dans l’intérêt global du projet et non plus
uniquement pour mener à bien leurs propres opérations. Comme pour tout travail collaboratif, cette méthode
exige une réelle implication de l’ensemble des acteurs, rigueur et une constance dans la participation.

Toutes les méthodes précédemment présentées sont caractérisées par un certain nombre d’avantages et
d’inconvénients. Il appartient à l’équipe projet de définir la méthode la plus adaptée au contexte du projet et au
niveau de compétence des intervenants. Toutefois, malgré le fait que ces méthodes soient éprouvées depuis des
décennies, on constate que rares sont les projets qui peuvent se vanter d’avoir su atteindre les objectifs de délais
prévus initialement. Face à ce constat, les acteurs de la construction se tournent de plus en plus vers les outils
informatiques pour développer des méthodes et planning plus complets, flexibles et efficaces, telles que celles
basées sur le BIM.
2. Le BIM 4D pour la gestion des délais
Le BIM [6] permet de concevoir, construire et exploiter un ouvrage sur l’ensemble de son cycle de vie. C’est un
processus collaboratif dans l’entreprise et entre des partenaires extérieurs autour d’un modèle numérique. Ce
dernier peut être décrit comme une représentation 3D des caractéristiques physiques et fonctionnelles d’un
ouvrage. Il s’agit d’une base de données techniques, constituée d’objets définis par leurs caractéristiques et les
relations qui existent entre eux. Le tout forme un ensemble structuré d’informations sur un ouvrage.

Le modèle 3D de l’ouvrage à réaliser est utile pour visualiser le projet ainsi que pour en exploiter les
informations dans un environnement collaboratif. Néanmoins, cet ouvrage virtuel reste statique et ne permet pas
d’apprécier clairement le procédé de mise en œuvre. Pour le rendre dynamique, il faut y intégrer une quatrième
dimension : le temps. C’est le principe de la planification 4D. Concrètement, cela revient à associer à chaque
activité du planning, un objet 3D du modèle.

La visualisation de l’avancement des travaux à travers le temps est un outil efficace pour expliquer à un client le
déroulement de son projet et les principaux modes constructifs retenus. Grâce aux progrès des nouvelles
technologies, d’autres applications sont possibles : détection des interfaces des zones d’intervention [12], suivi
de l’avancement des travaux in situ, livret de phasage [13], ou sécurité sur chantier [14]. La liaison du modèle
numérique au planning d’exécution permet aux responsables du projet d’identifier les erreurs de planification
[3], où 70% des plannings « traditionnels » produits sont faux [4]. La non-conformité d’un planning a un effet
direct sur la durée et les coûts des travaux ainsi que des effets indirects sur la qualité des ouvrages réalisés. En
effet, les travaux complémentaires/supplémentaires qui viennent s’insérer dans un planning erroné perturbent le
bon déroulement et la coordination des acteurs sur le chantier. Par conséquent, les entreprises doivent mobiliser
plus de ressources et planifier ces nouvelles interventions avec un délai de préparation très réduit. Certains outils
de planification 4D permettent aussi de détecter les problèmes liés à la surutilisation des espaces et donc d’y
remédier en amont pour accroitre les rendements et la sécurité [5].

En France, certains acteurs de la construction comme VINCI, expérimentent l’utilisation de la 4D pour le suivi et
le contrôle de l’avancement des travaux. Il existe en effet, des outils numériques qui permettent aux
opérationnels du chantier de renseigner quotidiennement la quantité de tâches réalisées. L’exploitation de ces
données par les responsables du projet permet de s’assurer du bon déroulement des travaux et d’y apporter les
ajustements appropriés.

2.1 Revue des outils 4D


Deux stratégies existent pour la mise en place du Navisworks
cas d’usage 4D. La première est la réalisation en Synchro
Vico Control
propre, elle consiste à identifier les besoins en
XD Builder
termes de planification 4D, sélectionner le logiciel
Autre
le plus adapté en se dotant d’une licence et enfin, Aucun
mettre en place un plan de formation pour la
maîtrise des outils & méthodes. La deuxième
solution est d’externaliser ce cas d’usage en sous-
traitant cette activité à un prestataire doté de sa
propre solution. Cet article s’inscrit dans le cadre
de la première stratégie en proposant une méthode
qui permet d’initier le travail de planification 4D
Figure 1- Logiciels de planification 4D les plus utilisés en France.
dans n’importe quelle structure.

Parmi les logiciels de planification 4D, on trouve Navisworks, Synchro Pro, Vico, Edificius, InteliBuild, XD
Builder et ITwo 4.0. D’après un sondage que nous avons réalisé auprès de 51 acteurs du BIM, les trois premiers
s’avèrent les plus utilisés en France (Figure 1).

2.2 Revue des méthodes 4D


Malgré l’intérêt que représente les méthodes de planification 4D, on constate qu’elles sont très peu documentées.
Ceci est partiellement vrai car des publications de recherche proposent des méthodes de planification 4D basées
sur le développement d’outils informatiques spécifiques qui demandent un niveau avancé dans ce domaine [15].
Or le but de cette étude est de proposer une méthode de réalisation et d’appropriation la plus accessible possible.
Nous allons donc nous limiter à présenter deux approches différentes basées sur les deux outils les plus utilisés
en France, à savoir Navisworks et Synchro Pro.
Méthode de Brad Hardin & David McCool
Cette méthode [4] est la plus communément utilisée car applique le principe de base de la 4D consistant à lier un
planning à une maquette numérique. En effet, les auteurs proposent une solution autour du logiciel Navisworks
et son module TimeLiner. En y important un planning Gantt et une maquette numérique d’un ouvrage, il est
possible de lier à chacune des tâches du projet les objets numériques correspondants. Cette liaison peut se faire
manuellement ou bien de manière automatique si les paramètres 4D de la maquette numérique ont été
correctement créés et renseignés.

Méthode de Vinci Construction France


Développée par les équipes iBIM de Vinci, cette méthode est basée sur l’utilisation de Synchro Pro. Elle
découpe l’ensemble de l’ouvrage en ouvrages élémentaires. Ensuite, en créant une tâche pour chacun de ces
ouvrages et en y liant les ouvrages élémentaires correspondants, il en résulte un planning 4D à très forte
granularité. Bien que cette solution permette un suivi du planning précis, ses principaux inconvénients
proviennent de ce découpage fortement détaillé. En effet, pour la mise en œuvre de cette méthode, un travail
fastidieux de modélisation et de « découpage » de toutes les maquettes est nécessaire. Une maquette structure par
exemple, comporte plus de mille ouvrages élémentaires pour un projet de taille moyenne (+/- 10M€). De ce fait,
même si le travail laborieux de découpage a été réalisé en amont, il est relativement compliqué pour les équipes
chantier d’identifier rapidement l’ouvrage en cours de réalisation et d’en indiquer le niveau d’avancement.

Pour faire face aux difficultés de ces solutions, connues pour être simples mais non viables ou bien complètes
mais techniquement peu accessibles, nous proposons dans la suite une nouvelle méthode de planification 4D.

3. Méthode CESI de planification 4D


La méthode de travail proposée dans cette section est développée à l’aide des recherches bibliographiques et
REX consacrés au BIM 4D. La méthode CESI a pour but d’identifier et développer toutes les étapes à suivre
pour garantir l’atteinte des objectifs de la maîtrise d’ouvrage concernant la planification 4D. Suivant un
processus de quatre phases, elle détaille la manière dont cet usage doit être exigé par le client jusqu’à la
production et la livraison des livrables BIM 4D souhaités. Alliant la méthode de travail en BIM à celle en Lean,
cette solution se veut être simple et pragmatique.

Phase 1 : Exprimer les objectifs 4D dans le cahier des charges BIM


Le premier acteur du projet qui permet la mise en place du BIM est le maître d’ouvrage. Son rôle est d’exprimer
des besoins qui peuvent être explicites, implicites, précis ou flous car plus ou moins au fait des techniques et
règles de construction. Néanmoins, ce dernier peut être épaulé par un assistant à maîtrise d’ouvrage (AMO) qui
l’aidera à définir précisément ses besoins pour lui permettre d’atteindre ses objectifs stratégiques. Notre méthode
préconise l’utilisation d’objectifs SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporel) pour
chacun des cas d’usage BIM souhaité par le maître d’ouvrage. Pour le cas d’usage BIM 4D, plusieurs objectifs
SMART peuvent être exprimés par le maître d’ouvrage. Voici quelques exemples :

- La réponse à l’appel d’offres du maître d’œuvre doit comporter une planification 4D qui doit permettre de
visualiser les modes constructifs du lot gros œuvre afin de fiabiliser la faisabilité technique du projet.
- Les contributeurs BIM du projet, sous la responsabilité du BIM Manager, doivent mettre en place une
planification 4D durant la phase de construction. Cela dans le but de permettre au maître d’ouvrage de
quantifier l’avancement exact des travaux à n’importe quel moment de la phase d’exécution.
- Dans l’objectif d’optimiser la sécurité des entreprises en charge de la construction, la planification 4D doit
permettre dès la phase d’études menée par le maître d’œuvre et jusqu’à la livraison de l’ouvrage, d’identifier
toutes les zones de cotraitance.

Cette formulation des objectifs 4D permet d’expliciter les attentes du client. Le BIM Manager du projet est dans
ce cas, capable de proposer des solutions détaillées pour organiser le travail de production de maquettes qui
tiennent compte de ce cas d’usage.

Phase 2 : Identifier les informations et le workflow nécessaires à la réalisation de l’usage BIM


Le BIM Manager détermine avec précision, tous les paramètres à prendre en compte et à intégrer dans le
planning 4D. Ce travail préliminaire est important car permet d’expliquer aux contributeurs du projet comment
adapter leurs livrables « traditionnels » (plannings & maquettes) pour être exploitables dans le cadre d’une
planification 4D. Pour ce faire, le BIM Manager peut procéder en trois étapes :
Étape 1 : Décliner les objectifs du client en objectifs SMART si cela n’a pas été fait dans le cahier des charges.
En effet, des objectifs non SMART sont souvent sujets à interprétation, irréalisables ou incomplets.

Étape 2 : Déterminer quelles informations doivent être produites pour réaliser une planification 4D pertinente.
Lorsque les objectifs 4D font appel à des domaines d’expertise qui dépassent ceux du BIM Manager (Gestion
des risques environnementaux par exemple), des acteurs du projets doivent être mobilisés (QSE, CSPS, BET,
etc.) par le maître d’ouvrage à la demande du responsable BIM.

Étape 3 : Dresser une stratégie fonctionnelle et pragmatique et la formaliser dans la convention BIM. En effet,
pour partager et exploiter les informations identifiées, un workflow doit être mis en place pour préciser : Quels
sont les outils numériques capables d’exploiter les informations ? sous quels formats les informations doivent
être livrées ? comment les informations doivent être produites, contrôlées et partagées ? et enfin, quels livrables
sont attendus ?

Phase 3 : Concevoir un planning projet adapté à l’usage de la 4D


Pour conserver une cohérence et une qualité optimale entre les maquettes et le planning, une méthode de travail
doit être formalisée. La méthode que propose le Lean peut être une réponse à développer pour amener les acteurs
de la construction à adopter progressivement l’usage du BIM 4D. Pour éviter une modification trop brutale des
méthodes de planification actuelles tout en profitant des avantages qu’apporte la planification 4D, le mode de
fonctionnement suivant peut être suivi :

Étape 1 : Le planning prévisionnel ou le planning des travaux (selon la phase du projet) doit être réalisé de
manière « traditionnelle ». Ce planning sera la donnée d’entrée du processus de conception décrit ci-après.

Étape 2 : Le maître d’œuvre, l’OPC et le CSPS se réunissent pour étudier le planning général du projet et
repérer les phases à risques du projet (modes constructifs complexes, zones de forte cotraitance, risques
environnementaux importants, flux de circulation dense).

Étape 3 : OPC et les entreprises/acteurs organisent autant de réunions que nécessaire pour étudier en détail la
planification des tâches. La méthode du Lean est particulièrement efficace car elle permet de prendre en compte
un large champ de paramètres liés à la planification. En effet, il sera possible d’identifier avec précision pour
chaque tâche la quantité et la nature exacte des fournitures, main-d’œuvre, engins et volume d’espace nécessaires
à sa réalisation. La synthèse de toutes ces informations permettra de proposer une première solution qui sera par
la suite intégrée au cas d’usage 4D. Au moyen d’outils de visualisation et de contrôle, cette première
planification 4D aidera à valider ou non la solution proposée.

Étape 4 : L’OPC en charge du suivi et la coordination des travaux, doit maîtriser les outils de planification
traditionnels et de planification 4D, car c’est à lui qu’il revient de lier le planning à la maquette numérique. Le
BIM Manager est également mobilisé pour vérifier que les maquettes ont été modifiées pour s’adapter à la
nouvelle granularité du planning.

Ce processus devra être formalisé dans un document contractuel tel que le PGC (Plan de Gestion de Chantier)
sous la responsabilité du maître d’œuvre.

Phase 4 : Encadrer la production des maquettes numériques pour un usage 4D


Il est commun que des acteurs du projet ne réalisent que partiellement ou aucunement certains cas d’usages BIM
initialement exigés. Ceci est en premier lieu, dû à la maturité BIM des acteurs du projet. Le second facteur est lié
à la manière dont la convention BIM a été rédigée. Pour l’usage du BIM 4D, c’est bien souvent une description
sommaire contenue dans une section qui mesure moins d’une page. Les propositions ci-dessous ont pour objectif
d’optimiser le contenu de la convention BIM pour mieux encadrer la mise en place de la 4D :

Étape 1 : Mentionner explicitement l’obligation de réalisation de l’usage 4D et surtout quelles sont ses finalités.
Grâce au travail réalisé dans la phase 1, les applications de la 4D sont facilement comprises à l’aide des objectifs
SMART identifiés.

Étape 2 : Détailler quel acteur doit réaliser ou contribuer à quelle(s) tâche(s) pour atteindre les objectifs de
l’usage BIM 4D. L’outil de management adapté à ceci est matrice RACI (Responsible, Accountable, Consulted,
Informed) consistant à élaborer une grille précisant qui fait quoi dans le projet (Figure 9, Annexes).
Étape 3 : Indiquer dans le processus général décrivant la production des maquettes, à quel moment les tâches
liées à l’usage BIM 4D doivent être réalisées. Cela doit être fait avant chaque revue de maquette. Le BIM
Manager peut ainsi, contrôler les éléments créés pour la réalisation de l’usage BIM 4D ainsi que la présence ou
non des paramètres servant à lier les maquettes au planning.

Étape 4 : Le processus de réalisation du BIM 4D doit être bien détaillé pour indiquer aux acteurs la méthode de
travail retenue en commençant par rappeler les objectifs SMART visés ainsi que : les règles de modélisation à
suivre (découpage des maquettes selon quelle logique ? (Zones ? mode constructif ? Autre ?), les paramètres
devant être créés, quand/qui les renseigne, quand/comment le travail sera contrôlé, les critères requis pour le
choix du logiciel 4D, quand/qui lie la maquette au planning, et les livrables attendus à la fin du processus.

Détailler la procédure de réalisation d’un usage, qu’il soit lié à la 4D ou non, permet de donner aux acteurs du
projet une vision claire des tâches à réaliser. Plus le processus de production et de contrôle sont explicités et plus
la probabilité d’atteinte des objectifs augmente.

4. Cas d’étude du Projet Nanterre 2 CESI


Pour faire face à la croissante demande de formation et en accroître le confort de ses étudiants/alternants, le
CESI a entrepris un projet d’extension du campus de Nanterre en construisant un nouveau bâtiment (Figure 2).

4.1 Projet Nanterre 2 CESI


Le projet Nanterre 2 CESI est
composé de : (i) RDC = 800 m2 :
Espace de coworking/
restauration, (ii) R+1 à R+3 =
800 m2/étage : Plateaux
pédagogiques, (iii) R+4 = 600
m2 : Virtual Lab. (Espace de
modélisation et de simulation
numérique), (iv) Parking pour
salariés, enseignants et/ou
chercheurs et espaces verts.

Les travaux se sont étalés sur la


période du 24/05/2018 au
31/05/2019, soit une durée de 12
mois (planning initial et non pas
durée réelle). Pour réaliser ce
projet, le CESI a fait le choix du Figure 2 : Implantation du bâtiment Nanterre 2 sur la Rue Kléber à Nanterre.
BIM pour les phases de
conception et de construction afin de consolider son projet pédagogique autour du BIM à travers les données et
livrables qui seront utilisés dans le cadre de ses formations BIM : MS MPC option BIM, Bachelor BIM, Inter et
Intra BIM. Un cahier des charges BIM a donc été rédigé avec 10 cas d’usages prévus initialement : modélisation
du site, communication du projet, revue de projet, études analytiques*, BIM 4D*, BIM 5D*, gestion des conflits,
support à la logistique*, contrôle de conformité aux exigences règlementaires et gestion des ouvrages et
équipement*. Par la suite, l’équipe de maîtrise d’œuvre a ajouté 3 autres cas d’usages : modélisation de
conception, classification/codification et production des livrables 2D. (*) Cas d’usages abandonnés.

La convention BIM réalisée par l’équipe de management BIM, comptait donc 13 cas d’usages. Cependant, dès
les premières phases d’exécution, des manquements et retards de production de maquettes ont été constatés. Les
contributeurs BIM ayant un niveau très hétérogène en BIM, l’équipe projet a dû renoncer à plusieurs cas d’usage
au profil de l’avancement des travaux. Malgré une description succincte attribuée au cas d’usage BIM 4D, ce
dernier n’a pas été atteint pour ce projet. Ceci est principalement dû à deux raisons. La première concerne l’outil
de planification 4D. Il y est simplement indiqué qu’un logiciel 4D doit être maitrisé avec à titre d’exemple le
logiciel Navisworks. L’erreur commise est de citer le type de logiciel sans en préciser les capacités. En
l’occurrence, Navisworks n’est pas capable de gérer l’espace d’un chantier et de suivre en temps réel
l’avancement des travaux. Or ce sont précisément, les deux utilisations de la 4D attendues par le maître
d’ouvrage. La deuxième lacune est due à la procédure décrite. Il y est simplement indiqué qu’une maquette 3D et
un planning doivent être liés pour en extraire vidéo et carnet de phasage. Cette procédure a été inspirée de [4]. Il
n’est pas indiqué quels sont les paramètres 4D à produire, par qui et comment permettre une cohérence globale
du planning. Face à ce constat, le CESI a décidé de réaliser en interne la planification 4D de Nanterre 2.

4.2 Application & illustration


L’application de la méthode de planification 4D élaborée est structurée en 4 phases comme suite :

Phase 1 : Exprimer les objectifs 4D dans le cahier des charges BIM


Tableau 1 propose une reformulation des exigences 4D afin qu’elles puissent être comprises sans ambiguïté et
donc permettre aux équipes du projet de proposer des solutions pour y répondre.

Tableau 1 : Phase 1- Expression des objectifs 4D dans le cahier des charges BIM.
N° Formulation initiale Formulation SMART

Le modèle de données BIM doit contenir les L’usage BIM 4D doit permettre de visualiser et analyser
matériels et les ouvrages provisoires liés à l’occupation des espaces par les matériels et les ouvrages
1
l’exécution du chantier. provisoires dès lors que deux entreprises interviennent dans
la même zone de travaux.

La mise à jour du planning doit être faite en temps À tout instant de la phase de construction, la planification
2 réel et correspondre à l’avancement exact du 4D doit permettre de mesurer l’avancement des travaux à
chantier. +/- 3 jours.

Phase 2 : Identifier les informations 4D et le Workflow nécessaires à l’usage BIM


Étape 2 (Ici l’étape 1 n’est pas nécessaire) : Pour déterminer les informations à produire pour chaque objectif
4D (Tableau 2), le BIM Manager doit comprendre le fonctionnement des outils 4D. Plus cet acteur du BIM est
au fait des dernières avancées technologiques, plus sa stratégie de planification 4D est viable techniquement et
économiquement. Ainsi, une revue des outils peut s’avérer nécessaire si ce cas d’usage n’est pas habituellement
mis en place par le référent BIM.
Tableau 2 : Les informations 4D nécessaires à l’usage BIM
Objectifs 4D Informations à produire

L’usage BIM 4D doit permettre de visualiser et analyser - Dates et durée des périodes de cotraitance
l’occupation des espaces par les matériels et les - Nom des entreprises concernées
ouvrages provisoires dès lors que deux entreprises - Nature des travaux
interviennent dans la même zone de travaux. - Localisation des zones occupées
- Dimensions et emprises des matériels/ouvrages provisoires
- Zones de circulation des engins
- Type d’engin

À tout instant de la phase de construction, la - Paramètre 4D en lien avec le planning


planification 4D doit permettre de mesurer l’avancement - Niveau de l’organigramme des tâches du projet
des travaux à +/- 3 jours. - Nature des liens qui lient les tâches entre-elles

Étape 3 : Des outils de modélisation et de partage des fichiers étaient imposés. Nous établissons donc un flux de
travail sur la base de ces contraintes. Cependant, aucun outil de planification 4D ni acteur formé à cet outil n’a
été mobilisé pour le projet. En conséquence, nous émettons les deux hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : « Le BIM Manager maîtrise l’outil de planification 4D. Au besoin, il peut être sollicité pour
résoudre les problèmes techniques rencontrés ».

Hypothèse 2 : « Dès le lancement de la phase, sous la responsabilité du BIM Manager, l’OPC est initié au BIM
et formé pour la maîtrise de l’outil de planification 4D ».

Le BIM Manager étant habitué à l’utilisation de Synchro Pro, ce dernier a été retenu pour la réalisation de
planification 4D du projet. Ainsi, le flux de travail mis en place est illustré dans Figure 3.

Phase 3 : Concevoir un planning projet adapté à l’usage de la 4D


Le processus de travail schématisé dans Figure 4 peut être joint à la convention BIM pour guider les acteurs dans
la conception de plannings adaptés à l’usage 4D. Les étapes suivantes permettent de transformer la planning «
traditionnel » en tenant compte des objectifs 4D :
N° Livrable à réaliser Outil de réalisation Approbateur Mode de diffusion

1 Planning OPC GED

2 Compilation des plannings MOE GED

3 Maquettes BIM Manager GED

4 Planning 4D MOE GED

Figure 3 : Identification des outils de production et modes de diffusion des livrables liés à l’usage BIM 4D.
Étape 1 : Le planning « traditionnel » est utilisé comme donnée d’entrée. Ce document résulte de la compilation
faite par l’OPC en y intégrant chaque planning métier du projet. L’organigramme des tâches du projet est de
niveau 3 (Figure 5).

Étape 2 : Le premier objectif qui doit être étudié consiste à repérer les périodes à risques pour lesquelles la
planification 4D peut apporter une plus-value en termes de sécurité et d’optimisation de l’espace. Les acteurs
précédemment identifiés doivent analyser le séquencement des tâches du planning initial et répertorier chacune
de ses périodes afin de les étudier en détail.

Étape 3 : L’objectif est de produire les informations répertoriées par le BIM Manager dans la phase 2. En
utilisant la méthode de planification Lean, le travail collaboratif permet de produire des informations précises et
de réaliser une première optimisation du planning initial. Par la suite, la planification 4D permettra d’optimiser
au mieux, et valider le planning réalisé en Lean. À ce stade, tous les paramètres 4D liés à l’analyse des espaces
occupés (Objectif BIM 4D n°1) sont connus. Quant à l’objectif 4D lié au suivi de l’avancement des travaux,
c’est à l’OPC avec éventuellement le soutien du BIM Manager, d’opter pour la méthode de son choix. Pour le
projet Nanterre 2, le planning initial intégrait déjà les liens entre les tâches. Il reste donc à déterminer le
paramètre 4D à créer pour lier le planning aux maquettes numériques ainsi qu’à augmenter le niveau de
l’organigramme des tâches du projet pour optimiser la précision du suivi des travaux. Etant donné que la
modélisation est réalisée sous Revit, une solution simple consiste à créer un paramètre de type texte et le
nommer « BIM_WBS ». Ce paramètre est attribué à tous les objets de la maquette numérique. Il faudra ensuite
renseigner le nom exact de la tâche du planning à laquelle il doit être lié.

Niveau 1

Niveau 2

Niveau 3

Figure 5 : Extrait du planning TCE (Tout Corps d’Etat) du projet Nanterre 2 CESI.
Figure 4 : Processus récapitulatif de la phase 2 - Conception du planning du projet pour l’usage de la 4D.
Tableau 3 : Récapitulatif des informations produites à l’étape 3 de la phase 3.

Identification de l’information
Objectifs 4D Informations à produire
ou du lieu où elle se trouve

L’usage BIM 4D doit Dates et durée des périodes de cotraitance Planning Lean
permettre de
visualiser et analyser Nom des entreprises concernées Planning Lean
l’occupation des
Nature des travaux Planning Lean
espaces par les
matériels et les Localisation des zones occupées Planning Lean
ouvrages provisoires
dès lors que deux Dimensions et emprises des matériels/ouvrages provisoires Planning Lean
entreprises
interviennent dans la Zones de circulation des engins Planning Lean
même zone de
travaux. Type d’engin Planning Lean

À tout instant de la Paramètre 4D en lien avec le planning « BIM_WBS » : Planning Lean


phase de construction,
la planification 4D Niveau de l’organigramme des tâches du projet Planning Lean
doit permettre de
mesurer l’avancement
des travaux à +/- 3 Nature des liens qui lient les tâches entre elles Planning Lean
jours.

De cette façon, il sera possible d’affecter de manière automatique tous les objets de la maquette au planning du
projet. Tableau 3 synthétise les informations produites.

Etape 4 : La phase 3 se termine lorsque toutes les informations produites sont compilées grâce à la méthode du
travail en Lean. En utilisant le planning initial, l’OPC transforme toutes les tâches en y intégrant les informations
4D, et envoie le nouveau planning au maitre d’œuvre pour approbation (Figure 6).

Phase 4 : Encadrer la production des maquettes numériques pour un usage 4D


Cette phase permet aux entreprises en charge de la réalisation des travaux d’intégrer les informations 4D à leurs
maquettes numériques pour répondre aux objectifs BIM 4D du projet. En s’appuyant sur une convention BIM,
ces entreprises doivent pouvoir exploiter les informations contenues dans le planning issu de la phase 3.

Figure 6 : Évolution du planning initial vers un planning Lean (MS Project).


Figure 7 : Processus récapitulatif de la phase 3 - Encadrement de la production des maquettes numériques pour un usage 4D.
Étape 1 : Le BIM Manager doit indiquer dans la convention BIM, les principaux objectifs BIM du projet. À ce
stade, les acteurs BIM doivent être informés qu’un processus de planification 4D pour la maîtrise des délais sera
mis en place. La section qui succède aux objectifs généraux doit indiquer en détail de manière SMART, quels
sont les objectifs de chaque cas d’usage et notamment, les objectifs de la 4D.

Étape 2 : Cette étape consiste à expliquer le degré d’implication de chaque acteur du projet pour la contribution
à l’atteinte des objectifs 4D. Il faudra donc utiliser les matrices RACI (Figures 9 et 10, Annexes) et remplacer les
acteurs par le nom des entreprises retenues pour le projet.

Étape 3 : Les deux processus de production schématisés par les figures 4 et 7 doivent être intégrés à la
convention BIM pour expliquer aux contributeurs la manière dont le cas d’usage 4D sera réalisé.

Étape 4 : Dès lors que les objectifs ont été identifiés et les méthodes de production clairement explicitées grâces
aux étapes 1, 2 et 3 de la présente phase, le workflow à mettre en place doit être expliqué pour viabiliser les
échanges d’information.

4.3 Réalisation de la planification 4D


Dans cette section, la planification 4D du lot GO du projet Nanterre 2 est réalisée. Le planning initial est d’abord
lié à la maquette numérique sans tenir compte des objectifs BIM 4D du projet. Ensuite, la méthode proposée est
appliquée pour intégrer les informations produites dans les sections précédentes.

Planification 4D primaire
D’abord, il faut créer le paramètre 4D « BIM_WBS » et l’intégrer à la maquette d’exécution du lot gros œuvre.
Ensuite, la maquette est exportée grâce au Plug-in Synchro. Le planning du projet est également importé et les
liens entre les tâches conservés. Enfin, les objets de la maquette numérique sont affectés aux tâches
correspondantes. Cette première planification 4D sommaire pouvant être exportée en format vidéo (.AVI) ou
sous forme de phasage (.JPEG), permet de vérifier que le workflow du projet est correct. Il est maintenant
possible de travailler directement depuis le logiciel de planification 4D pour apporter des modifications au
planning du projet. Cependant, les objectifs BIM du projet n’ont pas encore été atteints.

Planification 4D suivant la méthode CESI


Pour tester et valider la méthode proposée, nous allons la confronter à des problématiques de cotraitance
réalistes. Nous conservons donc la planification 4D primaire réalisée au début de cette section et détaillons des
périodes où 4 tâches se chevauchent et 3 entreprises « cohabitent » sur le chantier. Les paramètres 4D à produire
pour répondre aux exigences BIM 4D du projet Nanterre 2 ont été identifiés dans la section 4.2. Pour renseigner
ces paramètres, la méthode proposée promeut l’utilisation du Lean. L’OPC intègre ces informations dans son
planning (Processus de Figure 3) tandis que les entreprises apportent les modifications nécessaires pour
renseigner les informations dans les maquettes numériques (Processus de Figure 7). La compilation de ces deux
types de livrables permet de créer une planification 4D plus détaillée qui servira à valider ou à optimiser les
choix constructifs. Figure 8 illustre le résultat de la planification 4D.

En créant les espaces liés à chaque activité, une analyse du déroulement des travaux peut être réalisée pour
détecter des sources d’aléas et en réduire l’impact. Dans cet exemple de planification, il a été détecté que les
zones de travaux du rez-de-chaussée se chevauchent lors de l’intervention du lot CVC et du lot ELEC. Des
actions préventives peuvent donc être prises pour gérer l’espace où se trouvent ces deux activités afin qu’aucun
aléa dû à cette cotraitance, ne ralentisse l’avancement des travaux.

4.4 Résultats et discussion


La planification 4D réalisée suivant la nouvelle méthode CESI, a permis de mieux répondre aux objectifs du
client que la planification primaire. En effet, l’utilisation des informations 4D identifiées dès la deuxième phase
de cette méthode de travail, a permis aux acteurs de se focaliser de manière efficace, sur les attentes du client
lors des phases n°3 & n°4. Tableau 4 présente l’évaluation de la nouvelle planification au regard des objectifs
4D.

Les objectifs BIM 4D identifiés pour le projet Nanterre 2 étaient difficilement réalisables à cause de l’absence de
méthodes de travail et un faible niveau de BIM des acteurs. La nouvelle méthode propose de se focaliser sur les
objectifs du maître d’ouvrage pour développer la solution la plus optimale. Grâce au travail collaboratif
qu’apporte le Lean, les acteurs sont mis à contribution pour atteindre les objectifs BIM dont ceux en lien avec la
planification 4D. Cela a finalement permis d’atteindre les objectifs BIM 4D du projet Nanterre 2 CESI.
Figure 8 : Planification 4D du projet Nanterre 2 CESI en utilisant la méthode proposée.
Tableau 4 : Évaluation de la méthode CESI par rapport à l’atteinte des objectifs 4D du maitre d’ouvrage.

Objectifs 4D Évaluation
L’usage BIM 4D doit permettre de - Les zones ont été identifiées et prises en compte pour la planification des
visualiser et analyser l’occupation des travaux.
espaces par les matériels et les - Une analyse des interfaces de zones a pu être réalisée ce qui a permis de
ouvrages provisoires dès lors que détecter une surutilisation de certains espaces.
deux entreprises interviennent dans la - La zone de circulation des engins a été prise en compte au moyen de « chemins
même zone de travaux. 3D » liés aux tâches.
À tout instant de la phase de Comme le démontre la figure 8, la nouvelle planification 4D a nécessité la
construction, la planification 4D doit création de nouvelles sous-tâches et donc d’augmenter le niveau de l’OTP
permettre de mesurer l’avancement (Organigramme des Tâches du Projet). Ceci permet de préciser la nature exacte
des travaux à +/- 3 jours. des travaux à réaliser et donc d’apprécier plus finement l’avancement de ceux-ci.

Conclusion et perspectives
Ce travail a été l’occasion d’étudier la gestion de projet de manière générale, puis de se pencher sur les nouvelles
méthodes qui ont vu le jour avec les récentes avancées technologiques. En effet, les méthodes de planification
traditionnelles sont bien souvent inefficaces pour prendre en compte tous les aléas qui peuvent survenir lors d’un
projet de construction. En conséquence, les objectifs de délais et de coûts ne sont que rarement atteints. Le BIM
représente une évolution de ces pratiques et peut être une réponse pour optimiser les méthodes de planification.
De nombreuses études démontrent que le BIM 4D contribue à réduire les erreurs de planification, favoriser la
collaboration entre les acteurs et aider l’équipe projet à prendre des décisions efficaces. Cependant, comme cela
a été constaté lors de la réalisation de cette étude, très peu d’acteurs se risquent à innover et adopter le BIM pour
la gestion de projet. L’usage BIM 4D n’est actuellement pas implémenté dans les processus de gestion de projet
à cause du manque de méthodes de travail et le faible niveau de formation des acteurs.

Ainsi, pour contribuer à la démocratisation de ce cas d’usage BIM, nous avons proposé une méthode qui tient
compte des objectifs du client en le guidant dans l’expression de son besoin via des objectifs SMART. La
méthode proposée repose sur la collaboration des acteurs en utilisant les principes du Lean management pour la
production d’informations justes et précises. Au moyen de processus et méthodes clairs et pragmatiques, nous
avons réalisé la planification 4D du projet Nanterre 2 CESI en répondant aux objectifs initialement fixés. Grâce à
cette mise en application, nous avons pu voir les avantages que cet usage BIM peut apporter pour un projet de
construction. Son adoption et son développement sont potentiellement source de plus-values importantes pour
garantir le respect des objectifs de coûts et de délais initialement prévus.

Cependant, on doit noter la difficulté rencontrée quant à l’évaluation de la solution par rapport à l’atteinte de
l’objectif n°2 : « À tout instant de la phase de construction, la planification 4D doit permettre de mesurer
l’avancement des travaux à +/- 3 jours ». Cet objectif est à étudier en détail pour comprendre quelle en est la
finalité pour le maître d’ouvrage. Objectivement, la 4D n’apporte que très peu de plus-value pour le suivi de
l’avancement des travaux. En effet, la précision de l’avancement des travaux dépend de la fréquence à laquelle
l’OPC effectue sa mission de suivi de chantier. Les maîtres d’ouvrage ont généralement peu de connaissances
sur les possibilités et limites des outils numériques. Il est aussi inconcevable de visualiser l’avancement « exact »
du chantier comme il est inconcevable d’exiger une maquette contenant chaque éléments mis en œuvre durant la
phase chantier.

Le bâtiment Nanterre 2 CESI est ouvert aux apprenants depuis septembre 2019. La gestion d’exploitation-
maintenance (GEM) de ce bâtiment est prévue en BIM. Pour ce faire, le recours à l’implémentation et
l’utilisation d’un système de classification comme l’Uniclass 2015, s’avère indispensable. Basé sur un ensemble
de tables cohérentes et organisées de façon hiérarchique, l’Uniclass 2015 permet de classer tous types d’éléments
qui pourraient être considérés dans le cadre d’un projet de construction ; des éléments les plus complexes tels
que des complexes industriels ou résidentiels, aux objets les plus détaillés tels qu’une serrure de porte ou des
produits de revêtement et de finition. Ce système permet également la classification d’objets physiques en
utilisant les tables Entities, Elements, Systems et Products, ainsi que des processus et activités de construction
via la table Activities. Par conséquent, il permet une intégration simultanée des PBS (Product Breakdown
Structure) et WBS (Work Breakdown Structure) [12] et donc une implémentation d’un BIM GEM dans lequel
les objets du bâtiment sont liés à leur processus d’exploitation et maintenance respectifs. Cette liaison
ontologique d’objets-activités devrait aussi permettre la standardisation et l’automatisation du cas d’usage BIM
4D. Cette piste étant en cours d’exploration par les auteurs dans le cadre du projet de recherche Européen
RINNO [21, 7].
Références
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adaptées pour la simulation collaborative 4D/nD de la construction ». Architecture, aménagement de l’espace.
Université de Lorraine, 2013.
[2] Heaton J., Parlikad A.K. and Schooling J. (2019). “Design and development of BIM models to support
operations and maintenance”. Computers in Industry, Volume 111, 2019, Pages 172-186.
[3] Mahalingam A., Kashyap R. and Mahajan C. (2010). “An evaluation of the applicability of 4D CAD on
construction projects”, Automation in Construction, Vol. 19 No. 2, pp. 148-159.
[4] Hardin B. and McCool D. (2015). “BIM and Construction Management: Proven Tools, Methods, and
Workflows, 2nd Edition”. ISBN: 978-1-118-94276-5.
[5] Jupp J. (2017). “4D BIM for Environmental Planning and Management”. Procedia Engineering, Volume 180,
2017, Pages 190-201.
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Modeling for owners, managers, designers, engineers, and contractors”, New Jersey, Wiley. ISBN: 978-1-119-
28753-7.
[7] Lynn T., Rosati P., Egli A., Krinidis S., Angelakoglou K., Sougkakis V., Tzovaras D., Kassem M.,
Greenwood D., Doukari O. (2021). “RINNO: Towards an Open Renovation Platform for Integrated Design and
Delivery of Deep Renovation Projects”. Sustainability. 2021; 13(11):6018. https://doi.org/10.3390/su13116018.
[8] Jaafari A. (1984). “Criticism of CPM for project planning analysis”. Journal of Construction Engineering and
Management, Vol. 110, No. 2, 222-233.
[9] Mawdesley M., Askew W., O’Reilly M. (1997). “Planning and controlling construction projects: the best laid
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[10] Jongeling R. and Olofsson T. (2007). “A method for planning of work-flow by combined use of location-
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[11] Howell G.A. (1999). “What is lean construction?”. Proceedings of the Seventh Annual Conference of the
International Group for Lean Construction, Berekeley, California.
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collaborative planning and control in construction”. ITcon Vol. 8, Special issue eWork and eBusiness, pg. 341-
366.
[13] Sriprasert E. and Dawood N. (2002). “Next generation of construction planning and control system: the
LEWIS approach”. Proceedings of the Tenth Annual Conference of the International Group for Lean
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[14] Zhang S. (2014). “Integrating safety and BIM: automated construction hazard identification and prevention
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[15] Sriprasert E. and Dawood N. (2003). “Genetic algorithms for multi-constraint scheduling: an application for
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[16] Babalola O., Ibem E. O., Ezema I. C. (2019). “Implementation of lean practices in the construction industry:
A systematic review”. Building and Environment, Vol. 148, Pages 34-43.
[17] Murguia D., Brioso X., Pimentel A. (2016). “Applying lean techniques to improve performance in the
finishing phase of a residential building”. 24th Annual Conference of the International Group for Lean
Construction, IGLC, Boston, Ma, USA, 2016, pp. 43–52.
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[20] Alarcon L.F., Diethelmand S., Rojo S. (2002). “Collaborative implementation of lean planning systems in
chilean construction companies”. 10th Annual Conference for the International Group for Lean Construction,
International Group for Lean Construction, Gramado, Brazil, 2002, pp. 1–11.
[21] Doukari O., Lynn T., Rosati P., Egli A., Krinidis S., Angelakoglou K., Sougkakis V., Tzovaras D., Kassem
M., Greenwood D. (2021). “RINNO: Transforming Deep Renovation through an Open Renovation Platform”.
ICDS The Fifteenth International Conference on Digital Society, July 2021, Nice, France.
Annexes

Figure 9 : Proposition d’une matrice RACI pour la réalisation d’un planning adapté à l’usage BIM 4D.

Figure 10 : Proposition d’une matrice RACI pour la réalisation de maquettes numériques adaptées à l’usage BIM 4D.

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