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Corrigé de l’exercice noté – plan détailllé de commentaire sur

L’or, de Blaise Cendrars ( 16.11.2021)


( l’introduction et la conclusion sont rédigés )
​« Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses
cendres. « confie Blaise Cendrars à son ami le célèbre
photographe Doisneau en 1947. La légende du phoenix
marque en effet le pseudonyme qu’il s’est choisi pour
remplacer l’état civil, son nom véritable, soit Frédéric Sauser,
qui voit le jour à la Chaux-de-Fond, en Suisse, en 1887.
L’auteur devient célèbre avec L’or, publié en 1925. Ce roman
s’inspire de la vie de Johann August Suter qui embarque pour
l’Amérique, territoire si tentant pour de nombreux aventuriers,
fonde une communauté prospère jusqu’au jour où la
découverte de l’or, paradoxalement, le ruine tout-à-fait.
L’extrait que nous allons commenter évoque les étapes de la
dégradation de Fort Suter et le désarroi du personnage.
​Notre plan sera le suivant : dans un premier axe, nous
étudierons les caractéristiques de la fièvre de l’or ; un second
axe s’intéressera davantage au personnage de Suter, son
impuissance face au pillage et à la ruine de Fort Suter.

1 AXE : Caractéristiques de la fièvre de l’or


er

Aspect 1 : un attrait irrésistible


( La fièvre de l’or gagne tout le monde). Elle procède par
étape mais se répand sur la population de San Francisco,
Monterey et Coloma. Ces étapes articulent le récit avec des
connecteurs temporels « Dans la nuit… »l.1, « Alors… »l.3,
« bientôt » l.4, « Maintenant… »l.7. La diffusion de cette
fièvre touche d’abord les proches comme Smith et Marshall,
les ouvriers, et elle finit par gagner les mormons qui ne
peuvent plus résister. La conjonction « mais », qui exprime
l’opposition, souligne que la fièvre vainc cette résistance.
Aspect 2 : précipitation de la foule
​(Une espèce d’hystérie s’empare de la foule). Un effet de
masse précipite tout le monde à chercher de l’or. Déjà, les
deux contremaîtres de Suter partent de nuit, et comme
l’indique l’adverbe de manière « en hâte ». Mais c’est
l’ensemble de la population qui suit le mouvement au point de
former un « défilé ininterrompu » sous les fenêtres de Suter.
Non seulement il y a des verbes de mouvement, mais
beaucoup sont au passé simple, un temps qui exprime les
actions rapides et ponctuelles : « partirent »l.2, « quittèrent »
l.5.
Aspect 3 : folie de la foule : le pillage de Fort Suter
​( abandon de toute morale ). La population, prise par cette
fièvre de l’or, perd le contrôle et commet des actions qui ne
correspondent pas à l’harmonie bienveillante que Suter a su
installer dans sa communauté. Les actions de pillage, l’alcool
indiquent que l’hystérie a effacé tout repère moral. Ainsi, les
proches, Smith et Marshall « volèrent des chevaux », puis l.15
« on me vola jusqu’à la pierre des meules ». On observe que
les Indiens et Canaques vendent ce qu’il trouve pour boire, car
« ils ramassaient tous de l’or pour l’échanger contre de l’eau-
de-vie ». Le déterminant de totalité, « tous » , indique
nettement que l’alcoolisme gagne les anciens ouvriers de
Suter.

AXE 2 : Suter, son impuissance face au pillage et à la ruine de Fort Suter.

Aspect 1 : une effroyable solitude


​( Seul face à un domaine déserté ) Suter exprime sa
solitude grandissante tout au long de cet extrait. Les
circonstances le conduisent, abandonné de ses hommes, à
sentir avec inquiétude que l’or a enclenché une vague qu’il ne
peut contrôler. L’énonciation personnelle, cad le pronom «
je » l.4.25.30, accompagnée des possessifs « mes employés »
l.3, « mes ouvriers » l.2… permet au lecteur de ressentir son
désarroi. Le déterminant de totalité, « tout seul au fort »,
insiste sur sa situation.
Aspect2 : Suter est témoin d’une totale désertion
​ ( Le triste spectacle de la dévastation le touche). Suter
fait le tour des dégâts considérables de son domaine, de la
ruine qui accomplit ses ravages. Les différentes facettes de son
exploitation sont passées en revue : les cultures, l’élevage, les
outils de production. Plus précisément, il évoque les moulins
pour produire la farine, les tanneries pour fabriquer les peaux,
l’état du troupeau de vache que personne ne vient traire. Il
résume la ruine l. 20 : « Mes bergers abandonnèrent les
troupeaux, mes planeurs, les plantations, les ouvriers, leur
ouvrage ». Le champ lexical de la dégradation intervient dans
le texte avec « moisissaient »l.16, « se décomposaient »l.17,
« pourrissaient »l. 20.
ASPECT 3 : L’impuissance de Suter
​( Le phénomène est si subit et si massif que Suter se sent
démuni). Aucune solution ne s’offre à lui. Il est tellement
abattu qu’il ne réagit que lorsque certains de ses hommes
reviennent le chercher. Cet état d’impuissance se manifeste
avec une question rhétorique « Que pouvais-je faire ? « qui ne
propose aucune réponse véritable. Il constate en effet : « Je
n’avais plus rien d’autre à faire ». C’est ce qui le pousse à
suivre finalement le mouvement, et retrouver les autres,
devenir laveur d’or. Quittant alors le fort, il se rend avec un
groupe d’hommes dans un endroit de prospection. Le cadre
spatial, les circonstanciels de lieux avec « dans la montagne,
sur les rives du torrent » nous font visualiser ce nouvel
endroit.

Conclusion :
​Pour conclure, nous avons vu que dans cet extrait, la
fièvre de l’or a gagné tous les hommes de Fort Suter, et que
lui-même, se retrouvant seul, n’a eu d’autre solution que de les
suivre. Le spectacle de la désolation afflige le personnage. Il
est passé brusquement d’un état de prospérité à la ruine. En
ouverture, nous pouvons citer un film de Charlie Chaplin, La
ruée vers l’or, qui reprend ce thème et montre l’hystérie des
chercheurs d’or.

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