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Aperçu mathématique de la
création de la matière
Elaboré par :
M. Adam Sellami
Encadré par :
Nous voudrions remercier toutes les personnes qui, par leur soutien, leur conseil
ou leur participation, ont contribué à la réalisation de ce mémoire.
2
« Plus qu’aucune autre question, celle de l’infini a depuis toujours
tourmenté la sensibilité des Hommes ; plus qu’aucune autre idée, celle
de l’infini a stimulé et fécondé leur raison ; mais plus qu’aucun autre
concept, celui de l’infini demande à être élucidé. »
- David Hilbert -
Table des matières
Introduction 2
Introduction 1
1 Le théorème de Banach-Tarski 3
1.1 Préliminaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.1 Axiome du choix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1.1.2 Dénombrabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.3 Équidécomposabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.1.4 Ensembles dédoublables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.1.5 Groupes dédoublables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2 Démonstration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.1 Propriétés et quelques résultats . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.2 Théorème de Banach-Tarski . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2 L’infini 15
2.1 Approche générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.1 Infini potentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
2.1.2 Évolution de l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.1.3 Infini en mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2.2 Quelques surprises de l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.1 Les irrationnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.2.2 Le paradoxe de la réflexivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.3 Plusieurs infinis et hypothèse du continu . . . . . . . . . . . 20
2.3 Incompatibilité avec la physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.3.1 Mesurabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2.3.2 Effet de l’axiome du choix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Conclusion 26
Bibliographie 29
Introduction
Dans son contact inévitable avec la matière, l’homme a même pensé à la créer
en ayant recours à la magie, c’est-à-dire, la faire apparaître en partant de rien. De
point de vue scientifique, nous ne cherchons pas à savoir si la sorcellerie parvient
vraiment à le faire, mais plutôt, il serait beaucoup plus intéressant si la science elle
même pouvait le réaliser.
1
Cependant, est ce vrai que les maths sont toujours là pour résoudre les problèmes
de la réalité ? En fait, « les mathématiques pures (ou mathématiques fondamentales)
regroupent les activités de recherche en mathématiques motivée par des raisons
autres que celles de l’application pratique. Elles reposent sur un ensemble d’axiomes
et sur un système logique, détachés de l’expérience et de la réalité » [8].
Nous voyons donc qu’il faut se méfier de l’abstraction des mathématiques quand
il s’agit de résoudre un problème de tous les jours. Dans les maths un détail peut
simplement transformer les conditions dans lesquelles on travaille et rendre la
résolution impossible réellement. Il faut donc faire attention aux glissements à
l’abstraction ce qui peut nous mener à des impasses éventuellement inexplicables
dans la pratique.
2
Chapitre 1
Le théorème de Banach-Tarski
1.1 Préliminaires
Commençons tout d’abord par quelques notions préliminaires qui nous seront
très utiles.
3
En mathématiques, l’axiome du choix (abrégé en « AC » 5 ), comme nous l’avons
déjà dit, est un axiome de cette théorie, et il affirme « la possibilité de construire des
ensembles en répétant une infinité de fois une action de choix, même non spécifiée
explicitement » [6].
Il a été formulé pour la première fois par Ernest Zermelo en 1904.
L’axiome du choix peut être accepté ou rejeté, selon la théorie axioma-
tique des ensembles choisie. L’axiome du choix peut s’énoncer comme
suit : « Pour tout ensemble X d’ensembles non vides, il existe une
fonction définie sur X, appelée fonction de choix, qui à chaque ensemble
A appartenant à X associe un élément de cet ensemble A ».
Ce qui s’écrit formellement :
∀X [∅ ∈
/ X =⇒ ∃f : P(X) \ ∅ → X ; ∀A ⊂ X (f (A) ∈ A)]
L’appel à cet axiome n’est pas nécessaire si X est un ensemble fini car
c’est une conséquence de la définition d’ensemble non vide (c’est-à-dire
qu’il existe un élément appartenant à cet ensemble). Dans ce cas, le
résultat se montre par récurrence sur le nombre d’éléments de X. En
1938, Kurt Gödel 6 démontre que ZF+AC est une théorie cohérente 7 si
ZF l’est.
Cet axiome fait partie des axiomes optionnels et controversés de la
théorie des ensembles. En effet, l’existence d’un objet défini à partir
de l’axiome du choix n’est pas une existence constructive, c’est-à-dire
que l’axiome ne décrit aucunement comment construire l’objet dont on
affirme l’existence. Ainsi, dire qu’il existe une base de l’espace vectoriel
des fonctions continues de R dans R ne permet en aucune façon de
décrire une telle base. De ce point de vue, l’axiome du choix peut paraître
d’un intérêt limité et c’est pourquoi certains mathématiciens se montrent
plus satisfaits d’une démonstration s’ils peuvent éviter d’avoir recours
à cet axiome du choix. Mais la plupart des mathématiciens l’utilisent
sans réticence particulière.
L’une des conséquences les plus intéressantes de l’axiome est le théorème qui
fait l’objet de cette partie. Ayant reçu une approche générale pour l’axiome, nous
verrons par la suite les autres éléments qui ont conduit à la naissance du théorème.
5. On notera « AC » devant les résultats qui ont été démontré à l’aide de l’axiome du choix.
6. Kurt Gödel (1906-1978) - Logicien et mathématicien autrichien.
7. Une théorie est dite cohérente si ses axiomes sont indépendants l’un de l’autre et aucun
d’eux ne peut se démontrer à partir des autres.
4
1.1.2 Dénombrabilité
Définition 1.1.2.1. Un ensemble D est dit (au plus) dénombrable s’il existe une
surjection de N dans D, ou, ce qui revient au même, une injection de D dans N
[19].
Théorème 1.1.2.1. Tout sous-ensemble d’un ensemble dénombrable est dénom-
brable [19].
Théorème 1.1.2.2 (AC). La réunion de toute famille dénombrable d’ensembles
dénombrables est dénombrable [19].
1.1.3 Équidécomposabilité
Définition 1.1.3.1. On dit qu’un groupe G opère sur un ensemble X si on se
donne une application G × X −→ X (appelée loi d’opération), par laquelle l’image
d’un couple (g, x) (avec g ∈ G et x ∈ X) sera notée gx, vérifiant d’une part 1x = x
pour tout x ∈ X et d’autre part (gg ′ )x = g(g ′ x) pour tous g et g ′ de G et x de X
[19].
Définition 1.1.3.2. Soit G un groupe quelconque opérant sur un ensemble X
quelconque, et soient A et B deux sous-ensembles de X. On dit que A et B sont
équivalents par décomposition finie (ou équidécomposables) sous l’action de G s’il
existe un entier n dans N∗ , une partition (Ai )1≤i≤n de A, une partition (Bi )1≤i≤n de
B et des éléments g1 , . . . , gn de G tels que A = ni=0 Ai , B = ni=0 Bi et Bi = gi Ai
S S
5
1.1.4 Ensembles dédoublables
Définition. Soit G un groupe opérant sur un ensemble X et soit E un sous-
ensemble de X. On dit que E est un ensemble dédoublable dans X sous l’action
de G, ou bien G-paradoxal, s’il existe deux parties complémentaires A et B de E
telles que A ∼ E et B ∼ E. Le couple (A, B) est alors appelé une décomposition
paradoxale de E [19].
« Pour bien saisir l’idée d’ensemble dédoublable, il suffit de savoir qu’il s’agit
de le découper en deux morceaux qui seront eux mêmes isométriques chacun à
l’ensemble de départ » [19].
Définition 1.1.5.2. Une telle liste (à ne pas confondre avec une famille : l’ordre
des éléments est important) (g1 , . . . , gn ) d’éléments de G égaux à a, b, a−1 , b−1 est
appelée un mot.
n est appelé la longueur du mot : si n = 0 on dit que le mot est vide [19].
Définition 1.1.5.3. Un mot est dit réduit s’il n’y a pas dans le mot deux éléments
consécutifs qui soient inverses l’un de l’autre [19].
Définition 1.1.5.5. Un groupe G est dit dédoublable ou paradoxal s’il est dédou-
blable sous l’action de ses translations [19].
6
Définition 1.1.5.7. On dit qu’un groupe G opère transitivement sur un ensemble
X si quels que soient x et y dans X, il existe g ∈ G tel que y = gx [19].
Définition 1.1.5.8. Soit un groupe G opérant de manière quelconque sur un
ensemble X. On considère la relation d’équivalence (vérification facile) sur X
suivante :
xRy ⇔ ∃ g ∈ G / gx = y.
Les classes d’équivalences modulo R sont appelées les orbites résultant de l’action
de G sur X et forment une partition de X [19].
Remarque. Dire qu’un groupe G opère transitivement sur X, c’est dire qu’il n’y a
qu’une seule orbite, égale bien entendu à X. Si G opère de façon quelconque sur
X, G opère transitivement dans chacune des orbites [19].
1.2 Démonstration
Ayant intoduit tous les éléments de base nécessaires à la compréhenesion du
théorème, abordons maintenant sa démonstration.
7
Corollaire 2. Si E est un ensemble dédoublable, il existe pour tout n ≥ 2 une
partition (Ai )1≤i≤n de E telle que, pour tout i = 1, . . . , n, on ait Ai ∼ E [19].
Théorème 1.2.1.5. Si un sous-ensemble borné E de Rm est dédoublable sous
l’action du groupe des isométries de Rm , il existe, pour tout entier n ≥ 2, n
ensembles bornés E1 , . . . , En dans Rm , tous isométriques à E (congruents à E,
donc), deux à deux disjoints, et tels que E ∼ ni=1 Ei [19].
S
A′ =
[
Ax.
x∈M
8
Supposons cette fois-ci A et B congruents dans G. Alors il existe g ∈ G
tel que B = gA. Si z ∈ B ′ , il existe x ∈ M tel que z ∈ Bx et par
conséquent il existe k ∈ B tel que z = kx. Comme k est de la forme gh
où h ∈ A, on a z = kx = (gh)x = g(hx). Mais puisque hx ∈ Ax ⊂ A′ ,
on voit que z ∈ gA′ .
L’inclusion réciproque se montre facilement également, et on a donc
montré que si A et B sont congruents dans G, alors A′ et B ′ sont
congruents dans X.
Si A et B sont équidécomposables dans G, et si l’on se rappelle le fait
que cela signifie que A et B sont en quelque sorte « congruents par
morceaux », on voit d’après ce qui précède que A′ etB ′ sont équidécom-
posables dans X.
Si G est dédoublable, G est équidécomposable, séparément, à deux sous-
ensembles A et B tels que (A ∪ B) = G et A ∩ B = ∅. On a alors
A′ ∪ B ′ = G′ et A′ ∩ B ′ = ∅ et G′ est équidécomposable, séparément, à
A′ et à B ′ .
Il suffit alors de voir que G′ = x∈M Gx = X pour conclure que X est
S
Démonstration. [19]
Considérons l’angle θ = arccos( 35 ). Appelons alors r (resp. s) la rotation
d’angle θ autour de l’axe des z (resp. autour de l’axe des x). Considérons
maintenant une rotation w représentée par un mot réduit non vide par
rapport aux quatre « lettres » r, s, r−1 , s−1 .
9
Il s’agit de montrer que w ̸= 1 où 1 est l’identié de R3 . On obtient alors que r et s
sont indépendants 8 .
Ceci est garanti grace au choix de l’angle de rotation autour des deux axes.
arccos( 35 )
L’image d’un vecteur v de R3 n’est jamaix v puisque 2π
est irrationnel 9 donc
les rotations autour des deux axes ne donneront jamaix le vecteur de départ v
puisque il n’existe aucun entier p qui donne arccos( 35 ) × 2π = p [19].
Démonstration. [19]
Il est évident que le groupe L défini plus haut opère dans S2 : si w ∈ L
et si x ∈ S2 , alors w(x) ∈ S2 . On voit également assez facilement que L
est dénombrable.
En effet, tout élément w de L est défini par un mot par rapport à quatre
lettres, et l’ensemble de tous ces mots est dénombrable.
10
D’après le théorème 1.2.1.7 page 8, l’ensemble S2 \D est donc dédoublable
sous l’action de L. Comme L opère aussi dans R3 , on peut dire aussi
que S2 \ D est dédoublable dans R3 sous l’action de groupes plus vastes
comme SO3 ou le groupe des isométries de R3 .
Théorème 1.2.2.2 (AC). La sphère toute entière est dédoublable sous l’action du
groupe SO3 [19].
Démonstration. [19]
En premier lieu, observons que S2 a la puissance du continu, alors que
D (un sous-ensemble dénombrable de S2 tel que S2 \ D soit dédoublable)
et −D (l’ensemble des points symétriques de ceux de D par rapport
à O l’origine de l’espace) sont dénombrables. Comme D ∪ (−D) est
dénombrable , il existe au moins un point de S2 n’appartenant pas à cet
ensemble. Cela signifie également que la droite d joignant O au point
de S2 en question ne rencontre pas l’ensemble D.
11
Désignons alors par α un nombre réel n’appartenant pas à cette réunion
(on peut le faire, puisque R n’est pas dénombrable). Si r = rα, alors
les ensembles D et rn (D) sont disjoints pour tout entier n non nul. En
effet, s’il existait un point dans la réunion de ces deux ensembles, on
aurait y = rn (x) pour deux points x et y de D. Comme rn = rαn = rnα ,
cela voudrait dire que nα ∈ A(x, y), donc que α ∈ An , contrairement à
la définition de α.
Posons alors D = ∞
S
i=0 ri (D). Comme D ne rencontre aucun des en-
n
sembles r (D) pour n > 0, D ne rencontre pas leur réunion. Mais cette
réunion est égale à r(D), et on a donc :
S2 = (S2 \ D) ∪ D ∪ r(D),
S2 \ D = (S2 \ D) ∪ r(D).
Comme r(D) est congruent à D, on voit que (S2 \ D) ∪ r(D) est équidé-
composable à (S2 \ D) ∪ D, c’est-à-dire que S2 \ D est équidécomposable
à S2 .
12
En conséquence, si A est une partie dédoublable de S2 , A∗ est une partie
dédoublable de E.
Démonstration. [19]
On sait déjà que E = B \ O est dédoublable pour SO3 , donc a for-
tiori pour G3 . Il reste donc à montrer que E et B sont des ensembles
équidécomposables sous l’action de G3 .
13
Corollaire 2 (AC). Il est possible de découper une boule fermée quelconque en un
nombre fini de morceaux, puis de réassembler ces morceaux sans les déformer pour
obtenir soit deux boules fermées disjointes de même rayon, soit davantage [19].
14
Chapitre 2
L’infini
15
C’est le principe de la récurrence, processus fondamental générateur de
l’infini potentiel.
16
mathématiquement permettrait éventuellement à l’homme de se familiariser davan-
tage avec l’univers, néanmoins on peut sentir que les sciences physiques essayent
toujours d’éviter le moindre contact [18]. [16]
Tandis que le physicien cherche généralement à évacuer l’infini de
ses théories, toutes les mathématiques sont arc-boutées sur ce concept.
Celui-ci se rapporte en effet à la notion de nombre et à celle d’ensemble.
Existe-t-il un nombre que l’on puisse associer à la notion d’infini ?
Existe-t-il des ensembles contenant un nombre infini d’éléments ? Nous
formulons ici ces questions d’une manière quelque peu naïve car nul n’est
capable de dire vraiment ce que veut dire « exister » en mathématiques :
les nombres existent-ils en dehors de nous, dans un autre niveau de
réalité ? Toujours est-il que les infinis sont source de paradoxes 6 qui ont
empêché pendant deux mille ans la constitution d’une théorie permettant
leur manipulation.
17
Pouvons-nous être plus précis ? Pouvons-nous parler du nombre de tous
les entiers, et le manipuler ? Saint Augustin 11 accordait cette faculté
à Dieu et à lui seul : « L’intelligence divine est capable d’embrasser
toute infinité et de dénombrer les êtres innombrables sans énumération
mentale ». Après lui, un long processus aboutira à une « actualisation »
de cet infini potentiel : la théorie des ensembles et les travaux de Cantor
au XIXe siècle permettront de définir l’infini actuel qui consiste à
accepter et à travailler avec une infinité d’objets, de nombres considérés
comme disponibles en même temps, ou plutôt les infinis cardinaux.
Nous avons bien constaté, après cette histoire de l’infini, qu’il a été, à travers les
siècles, un sujet très délicat à traiter. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’homme
est un être fini, donc comprendre ce qui est au delà de lui n’est pas une tâche facile
à accomplir. Du coup, il est évident que le « cursus » de cette notion regorge de
différences et de difficultés.
Voyons alors des preuves que cette notion est vraiment extraordinaire ; et ce,
par le biais des surprises qu’elle nous a offertes.
18
Voyons, alors, d’où est-ce qu’il va nous surgir l’infini dans l’affaire de ces
nombres : [16]
En langage moderne, tout nombre peut s’écrire sous forme décimale.
L’écriture d’un nombre irrationnel exige de spécifier la suite de toutes
ses décimales. Or, cette suite se distingue précisément par son caractère
infini : si elle était finie (ou infinie mais périodique), cela prouverait
que l’on peut écrire le nombre en question sous forme du rapport de
deux nombres entiers : ce serait un rationnel.
Cette spécificité ne tient pas du caractère décimal de l’écriture, mais
traduit le fait que ces nombres sont vraiment conçus comme le résultat
d’un processus infini. Supposons que l’on veuille simplement vérifier si
deux nombres irrationnels sont égaux : cela exige de comparer toutes
les décimales une à une, donc un nombre infini d’opérations. Tout
calcul numérique à partir de nombres irrationnels implique une infinité
d’opérations. Ils sont, d’une certaine manière, à la fois finis et infinis,
selon le point de vue dont on les considère (d’une autre manière, un
segment de droite est fini du point de vue de sa longueur, infini du point
de vue de l’ensemble de ses points).
Malgré que l’infini nous a servi pour définir les nombres irrationnels, nous les
manipulons de nos jours comme parfaitement finis [16].
19
à celle de B, mais si A et B sont infinis, leurs tailles peuvent être
égales. . .Dans ces conditions, c’est alors le fini qui est défini de manière
privative, par le fait qu’il ne possède pas cette propriété de réflexivité.
Voyons maintenant un exemple qui représente bien ce paradoxe, c’est celui de
l’hôtel de Hilbert 12 . Il s’agit d’un hôtel infini dont les chambres sont numérotées
par les entiers 1, 2, 3, . . ., qui est complet pour la nuit (un client occupe chaque
chambre). Arrive un client, « Pas de problème », lui répond le responsable de
l’accueil, « Installez-vous dans la chambre 1. Je demanderai au client de la chambre
1 de passer dans la chambre 2, à celui de la chambre 2 de passer dans la chambre 3,
etc ». Ainsi, le client de la chambre n passe en n + 1. Donc, le nouveau client a pu
être reçu. C’est exactement la modélisation de N∗ ⊊ N et de la bijection entre les
deux (alors ils ont la même taille). Ce paradoxe a été illustré dans la démonstration
du théorème de Banach-Tarski, dans la section 1.2.2 page 13, par la rotation r qui
s’applique à l’ensemble A pour que chaque point de rang n prend la place du point
de rang n + 1. C’est une très bonne illustration du paradoxe de la réflexivité [12].
Ce paradoxe fait appel à la fascinante définition de l’infini : « un ensemble est
infini s’il est en bijection avec un de ses sous-ensembles » [2].
20
Incontestablement, l’infini réside derrière de nombreux faits réels et fascinants et,
bien sûr, il est impossible de recouvrir tout son étendu sur toutes les mathématiques
car les surprises sont très nombreuses : la trompette de Gabriel, le paradoxe du
Dartboard, . . . [20]
2.3.1 Mesurabilité
Commençons par avoir une idée générale sur la notion de la mesurabilité,
puisqu’elle va nous servir pour répondre à notre question. [9]
21
L’application µ est σ-additive, c’est-à-dire que, si E1 , E2 , . . . est une famille
dénombrable de parties de! X appartenant à A et si ces parties sont deux à deux
∞
G ∞
X
disjointes alors, µ Ek = µ(Ek ) [14].
k=1 k=1
La théorie de mesure est une généralisation d’un concept simple [9], faisant
l’objet de ce que nous voulons aborder : la taille. En mathématiques on parle de
taille ou plutôt de « mesure de Lesbesgue 16 » qui formalise la notion de distance
dans un espace de dimension un (1D), d’aire en deux dimensions (2D) et de volume
en trois dimensions (3D). Pour cette mesure, presque tout ce qu’on manipule sent
intuitif puisqu’il traduit une réalité [21].
Remarque. La mesure de Lesbesgue d’un ensemble dénombrable est nulle [14].
22
L’ensemble de Vitali V se construit par choisir un représentant de chacun de
ces classes d’équivalence, ceci n’est possible que si l’on admet l’axiome du choix.
Vitali montre par un procédé simple (non abordé dans ce mémoire 18 ) que V est
non mesurable [11]. Et d’ailleurs cet ensemble est l’ensemble le plus commun des
ensembles non mesurables, il existe bien sûr d’autres, mais on a presque toujours
besoin de l’axiome du choix pour les construire [21].
Comme on l’a déjà dit dans le paragraphe 1.1.1 page 4, l’axiome du choix n’est
pas nécessaire quand l’ensemble (ici [0, 1]) est fini, ce qui n’est pas le cas.
C’est pour cela que nous avons dû parler profondément de l’infini puisque
cette notion, conjuguée avec l’axiome fascinant du choix, a générée des ensembles
non mesurables. C’est exactement ce que nous avons dans le cas du théorème de
Banach-Tarski.
deux ensembles non vides qui forment une partition de S2 \ D avec (S2 \ D) ∼ A′
et (S2 \ D) ∼ B ′ .
Cependant, de la définition de A′ qui est une union sur M , on peut montrer
que A′ est non mesurable. En effet, l’union sur un ensemble infini non dénombrable
peut devenir une intégrale donc on a :
Z
A′ = Ax dµ(x)
M
On pose :
M −→ S2 \ D
f:
x 7−→ Ax
18. La démonstration de la non mesurabilité de V est très bien détaillé dans la vidéo, source de
ce paragraphe ; nous citons seulement les éléments qui nous serons utiles.
19. Sinon, M serait mesurable ce qui n’est pas le cas.
20. Il ne faut pas oublier que c’est la clé du réslutat de non mesurabilité : l’infini.
21. Ici, on n’explique pas exactement comment cela est obtenu mais on fait simplement l’analogie
avec l’ensemble de Vitali pour savoir le rôle de l’axiome du choix dans la construction des ensembles
non mesruarables.
23
La défintion de f donne A′ = M f (x) dµ(x), or f est une fonction non mesurable
R
Nous avons vu donc que, pour construire un ensemble non mesurable, nous avons
eu besoin de l’axiome du choix, qui forme, à partir d’une collection d’ensembles, un
nouvel ensemble par le choix d’un élément de chaque ensemble de la collection 22 .
Cependant, ce qui peut vraiment être gênant, c’est le fait qu’on ne sait pas quel
élément est choisi de chaque ensemble. C’est la magie de l’axiome : simple mais
complexe et à conséquences étonnantes [21].
Nous voyons ainsi qu’il y a une incompatibilité avec la physique dûe, entre
autres, à l’infini et à l’axiome du choix. On peut aussi voir que l’infini pose encore
un autre problème, celui de l’incompatiblité avec le caractère fini de la matière. En
effet, on est en train de manipuler, dans la démonstration du théorème de Banach,
dans la section 1.2.2 page 13, un ensemble infini de points A en lui appliquant
une rotation r pour « vider » la place du premier point construit a, mais, on ne
22. Ceci a été déjà dit au début du mémoire.
24
peut pas parler d’un nombre infini de points physiques puisque la matière qu’on
manipule, là où on a l’accès, est finie 23 .
Même sur le plan pratique, il semble presque impossible de l’appliquer dans le
monde réel, où les mesures ne peuvent être que si petites et où il n’y a qu’un temps
limité pour arriver à manipuler un nombre infini de points [22].
Ceci dit, certains scientifiques pensent que cela peut être physiquement valide.
En effet, il y a eu un certain nombre d’arctiles publiés, suggérant un lien entre le
paradoxe et la façon dont de miniscules particules subatomiques 24 peuvent entrer
en collision à des énergies élevées et se tranformer en plus de particules 25 [22] [4].
23. Nous citerons brièvement cet aspect qui, à priori, constitue un vrai problème et reste une
autre piste de recherche.
24. Une particule subatomique est un composant de la matière ; elle a une taille inférieure à
celle d’un atome et on peut citer les protons et les éléctrons comme exemples.
25. Cela peut être le début d’une nouvelle recherche dans le même but du mémoire, celui de la
création de la matière : la création d’un nombre supplémentaire de particules est exactement ce
qu’on cherche.
25
Conclusion
Nous sommes maintenant face à un résultat paradoxal qui ne peut pas nous
servir et d’ailleurs, les mathématiques ont toujours généré des choses non applicables
26
dans la réalité. Quitte à considérer les axiomes d’une théorie valable réellement,
prendre l’opposé de l’un de ces axiomes, nous aurions immédiatement un nouveau
monde qui génère des théorèmes et des résultats totalement inutiles dans le monde
réel 26 .
Bien qu’ils puissent être sans application, ces résultats restent valables mathé-
matiquement puisqu’ils découlent, par des démonstrations correctes, d’un ensemble
cohérent d’axiomes. D’ailleurs, certains mathématiciens font ceci juste pour s’amuser
et vivre le plaisir des mathématiques.
27
électromagnétique » et qui constitue une notion qui demeure l’un des principes
fondamentaux de la théorie de la relativité 31 [15]. Mais, malheureusement pour lui,
il s’est limité à une notion abstraite et symbolique [15].
28
Bibliographie
29
[14] Radhia Bessi et Moncef Mahjoub. Cours : Mathématiques pour l’ingénieur 1,
2017.
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[16] Jean-Pierre Luminet. Les nombres sont-ils infinis ? Dossier - L’infini : mystères
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[17] Jean-Pierre Luminet. Les paradoxes de l’infini. Dossier - L’infini : mystères
et limites de l’Univers, 2020.
[18] Jean-Pierre Luminet. Qu’est ce que l’infini ? Dossier - L’infini : mystères et
limites de l’Univers, 2020.
[19] Jonathan Muller. Le paradoxe de Banach-Tarski. PhD thesis, Université Louis
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[20] Numberphile. Infinity paradoxes - numberphile. Youtube https://www.
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[21] PBS Infinite Series. How the axiom of choice gives sizeless sets | infinite series.
Youtube https://www.youtube.com/watch?v=hcRZadc5KpI, 2017.
[22] Vsauce. The banach–tarski paradox. Youtube https://www.youtube.com/
watch?v=s86-Z-CbaHA, 2015.
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