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SOMMAIRE.
1. Adresse personnelle : 72, chemin des Baumillons, 13015 Marseille ; adresse courriel : david_espesset@yahoo.fr.
« Cent hommes étaient enfermés dans une immense pièce sombre et chacun d’eux avec une lampe
éteinte. […] [C]haque homme alluma sa lampe et la lumière des cent lampes était la vérité […].
Mais chacun […] crut que le mérite des belles choses qu’il voyait, revenait […] à sa propre lampe
capable de faire surgir des ténèbres du néant, ces belles choses. […] [I]l est nécessaire que les cent
lampes se réunissent à nouveau pour nous faire retrouver la lumière de la vérité. Les hommes
aujourd'hui errent, découragés, à la faible lumière de leur propre lampe […] ; ne pouvant éclairer
l’ensemble ils s’accrochent au menu détail, tiré de l’ombre par leur pâle lumière. […] [I]l n’existe
qu’une seule […] vérité qui est l’ensemble de mille et mille parties. Mais les hommes ne peuvent
plus la voir. […] [I]l est nécessaire que chacun fasse un pas en arrière et se retrouve avec les autres
au centre de l’immense pièce. »2
2. 1. Le rejet du darwinisme.
Au-delà de l’immense complexité de l’organisation et du fonctionnement cellulaires, se trouve
le monde de la complexité encore plus gigantesque des organismes pluricellulaires, constitués de
billions de cellules qui montrent une coordination étonnante.7 Pour expliquer l’origine et l’évolution
de cette complexité, la science conventionnelle utilise la Théorie Synthétique de l’Évolution, en
particulier l’« Axiome Primaire » (the Primary Axiom), qui consiste en l’occurrence de mutations
aléatoires filtrées par la sélection naturelle. Au-delà du fait que les hypothèses fondamentales de cet
Axiome ne font l’objet d’aucune critique sérieuse ni dans les cours universitaires, ni dans les manuels
d’études supérieures, ni même dans la littérature spécialisée, 8 un certain nombre de ces hypothèses,
par leur manque évident de réalisme,9 se révèlent injustifiables par l’observation10 du monde vivant.
De plus, si on applique des hypothèses réalistes, l’Axiome Primaire est caduque. 11 Citons en
particulier quelques problèmes soulevés par Sanford :
- Le transfert de « […] l’unité de sélection de l’organisme entier à l’unité génétique (c’est-à-dire au
gène ou au nucléotide) », en redéfinissant « […] une population comme n’étant rien de plus
qu’un "réservoir de gènes" » 12 , ce qui n’est rien d’autre qu’une « […] redéfinition très
artificielle de la vie [...] »13 ;
7. P. 7 (« Above and beyond this cellular complexity is the equally complex realm of the organism, with trillions of cells
working in astonishing coordination […] » ; p. i).
8. P. 8 (« […] the Axiom’s foundational assumptions are not critiqued in any serious way, either in graduate classes, or in
graduate level textbooks, or even in the professional literature » ; p. ii).
9. P. 8 (« […] the obvious lack of realism of many of the most crucial assumptions […] » ; p. iii).
10. P. 8 (« […] observationally unjustifiable, assumptions » ; p. iii).
11. P. 9 (« […] when realistic assumptions are applied, population genetics actually repudiates the Axiom » ; p. iii).
12. P. 65 (en italique dans la traduction française ; « […] they very cleverly transferred the unit of selection from the whole
organism to the genetic unit (i. e., the gene or nucleotide). To do this they had to redefine a population as being nothing
more than a "pool of genes » ; p. 58 ; en italique dans le texte original).
13. P. 66 (« the very unnatural redefinition of life as "pools of genes" »). Cette vision artificielle du vivant constitue l’une des
principales critiques qu’on peut formuler à l’encontre du darwinisme : le manque de connexion avec la réalité du monde
vivant (notamment la conception des organismes comme des machines vivantes).
14. P. 67 (« These linkage blocks are inherited as a single unit and almost never break apart. This falsifies one of the most
fundamental assumptions of the theorists, that each nucleotide can be viewed as an individually selectable unit » ; p. 61).
15. P. 67 (biological "noise" ; p. 62)
16. P. 103 (genetic noise ; p. 103).
17. P. 96 (en italique dans la traduction française ; « […] all the different types of noise from all the different aspects of the
individual and the environment » ; p. 95 ; en italique dans le texte original).
18. P. 99 (en italique dans la traduction française ; « […] the effect of an average single nucleotide will consistently be lost in
an ocean of noise […] » ; p. 98 ; en italique dans le texte original).
19. P. 102 (en italique dans la traduction française ; « Noise is always present, and at much higher levels than is normally
acknowledged by population geneticists » ; en italique dans le texte original).
20. P. 102 (en italique dans la traduction française ; « Noise always remains a severe constraint to natural selection » ; en
italique dans le texte original).
21. P. 68 (selection cost ; p. 63).
22. P. 68 (« All selection involves a biological cost – meaning that selection must remove ("spend") part of the breeding
population ») ; p. 63 ; en italique dans le texte original).
23. P. 129 (« […] deleterious mutations occur at a very high rate. Natural selection can only eliminate the worst of these,
while all the rest accumulate […] » ; p. 131).
24. P. 129 (« […] beneficial mutations are much too rare, and are much too subtle to keep up with such relentless and
systematic erosion of information » ; p. 131).
25. P. 13 (« When subjected only to natural forces, the human genome must degenerate over time » ; p. viii).
26. P. 129 (« It is very easy to systematically destroy information, but […] it is very hard […] to create information » ; p. 131).
27. P. 16 (« [The genome] actually embodies multiple linear codes that overlap and constitute an exceedingly sophisticated
information system embodying what is called data compression » ; p. 3 ; en italique dans le texte original).
28. P. 13 (« […] the nonlinear nature of the genome, the poly-functional nature of many of the nucleotides that make up the
higher genomes, the fact that the genome encodes much more information than was even recently thought possible […] » ;
p. viii).
29. P. 18 (« Where did all this information come from, and how can it possibly be maintained ? This is the mystery of the
genome » ; p. 4).
30. Voir L’évolution vue par un botaniste, de Jean-Marie Pelt (p. 22).
31. Il est intéressant de remarquer que, malgré ces oppositions, Bertrand Louart considère, de façon subtile, que darwinistes et
créationnistes sont des « frères ennemis » (voir Bertrand Louart, Frères ennemis, 2007).
3. 4. Le darwinisme.
On peut résumer le darwinisme (Synthèse moderne) comme suit : les populations présentent
une variabilité génétique qui a pour origine des mutations au hasard ainsi que des événements de
recombinaison aléatoires ; ces populations évoluent par des changements de la fréquence des gènes
qui surviennent par dérive génétique, flux génique et tout spécialement par sélection naturelle ; la
plupart des variants génétiques adaptatifs mènent à des effets phénotypiques faibles, ce qui produit
des changements phénotypiques graduels (bien que certains allèles dont les effets sont discrets
puissent être avantageux) ; la diversification se fait par spéciation, qui normalement entraîne un
isolement reproductif graduel entre populations ; et l'ensemble de ces processus, envisagés sur des
périodes de temps suffisamment longues, mènent à des changements tels que de nouveaux grands
groupes taxonomiques peuvent être définis (genres, familles, etc.).
Plusieurs de ces préceptes sont remis en question comme étant imprécis ou incomplets.
Notamment, le fait que le fonctionnalisme darwinien semble suffisant pour expliquer l’histoire de la
vie ne signifie absolument pas que le darwinisme fournisse effectivement une théorie complète sur
l’origine et l’évolution du vivant.
32. Par exemple, Assessing Limits to Evolution and to Natural Selection: Reviews of Michael Behe’s “Edge of Evolution” and
John Sanford’s “Genetic Entropy”, par Scott Buchanan.
33. Voir par exemple l’article Les multiples chemins de l’anti-science, sur le site Les pieds dans le plat – Les deux pieds dans le
plat des croyances, superstitions et dérives médiatiques (lespiedsdansleplat.me/les-multiples-chemins-de-lantiscience/).
34. Bien évidemment, on pourrait faire la même chose avec le créationnisme !
35. Voir, par exemple, l’édifiant Réenchanter la Science, de Rupert Sheldrake.
36. Notons ici la circularité du raisonnement darwinien : pour expliquer la biodiversité due à l’action de la sélection naturelle,
il faut que les populations présentent au départ une certaine… biodiversité.
Cette "inévitabilité" des mutations bénéfiques est en relation avec ce que j’appelle la logique
des Shadoks : plus on perd, plus on a de chances de gagner. A ce sujet, une petite digression est ici
nécessaire.
Les Shadoks sont les personnages d’une série télévisée française diffusée entre la fin des
années soixante et le début des années soixante-dix. Voulant voyager dans l'espace, ils entreprirent de
construire une fusée ; malheureusement, leur technologie étant des plus rudimentaires, à chaque essai
de lancement, leur fusée retombait et finissait en morceaux. Toutefois, ils avaient réussi à calculer
que leur engin avait une chance sur un million de fonctionner correctement et de pouvoir gagner
l'espace intersidéral : alors, loin de se décourager, ils enchaînaient les essais de lancement, se
dépêchant de rater les neuf cent quatre-vingt dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt dix-neuf premiers
essais, étant certains que le millionième ne pourrait que réussir.
Le raisonnement des Shadoks repose sur une logique simpliste : en essayant continuellement,
on doit forcément finir par réussir. Donc, plus on rate, plus on a de chances de réussir. Cette façon de
penser est malencontreusement partagée par de nombreuses personnes : par exemple, les habitués des
jeux de hasard croient qu'ayant toujours perdu cela augmente leurs chances de gagner. Mais les choses
ne fonctionnent pas du tout de cette façon, pour au moins deux raisons :
37. « […] the beneficial spontaneous genetic mutation remains no more than a hypothetical necessity to the neo-Darwinian
theory » (Shattering the Myths of Darwinism, p. 157 ; toutes les traductions et adaptations de textes en anglais sont
personnelles, sauf dans les cas où j’ai eu accès à la traduction "officielle", ce qui est mentionné).
38. « No one has ever observed a spontaneous inheritable genetic mutation that resulted in a changed physical characteristic,
aside, that is, from a small group of well-known and usually fatal genetic defects » (ibid.).
39. « Because deleterious mutations are known to occur, Darwinists appeal to the statistics of large numbers. If deleterious
mutations can occur, then given enough time beneficial mutations can occur. There is no evidence for this claim. But it is
irrefutable » (ibid.).
40. The Logic of Scientific Discovery (en particulier le Chapitre 4).
41. Ce genre de "prévision" est inattaquable : si elle est vérifiée, on se vantera de l’avoir prévue ; si elle n’est pas vérifiée, on
fera appel à son incertitude inhérente. Difficile, dans ces conditions, de qualifier de scientifiques de telles affirmations.
42. Cité par Andréas Sniadecki dans Jean-Jacques Kupiec, l’ignorance au cœur de la cellule (p. 37).
43. Le darwinisme, envers d’une théorie (p. 9).
La vision darwinienne de l'évolution repose elle aussi sur un système d'essais et d'erreurs :
chaque mutation introduite correspond à un essai, et, comme la plupart des mutations s'avèrent
inutiles, on peut dire que ces essais mènent à des erreurs – d’autant plus que certaines mutations sont
nettement délétères. Toutefois, comme il arrive, de temps en temps, qu'un essai soit "concluant"
(correspondant à une mutation bénéfique), il n'y a pas que des erreurs.
Et, tout comme les Shadoks enchaînent essai sur essai en étant persuadés qu'ils finiront par
réussir, le darwinisme semble dire la même chose : malgré les nombreuses mutations inutiles, tôt ou
tard, une "bonne" mutation finira bien par se manifester et le mécanisme de l'évolution pourra se
mettre en marche. Donc, tout comme pour les Shadoks, plus il y a de mutations délétères, plus il y a
de chances que l'on observe une mutation bénéfique, qui fera évoluer l'espèce concernée. Ainsi, on se
retrouve bien dans la logique des Shadoks : plus ça rate, plus on a de chances que ça marche – ce qui,
de plus, contredit l’idée que le hasard n’a pas de mémoire. Dans cette optique, les mutations
bénéfiques deviennent inévitables. Il n’en demeure pas moins que « pour rendre compte de
l’évolution darwinienne par mutations aléatoires, il faut accorder à des événements extrêmement
improbables, sur de très longues périodes de temps, un pouvoir qui relève de la foi religieuse »47.
En outre, comme le précise Richard Milton, « le taux de mutation est artificiellement exagéré
simplement en utilisant une définition tellement vague que n’importe quel changement héréditaire
peut être considéré comme une "mutation" »48.
On voit ainsi que baser la quasi-intégralité d’une théorie scientifique sur de telles mutations
aléatoires pose, d’emblée, un certain nombre de problèmes – complètement ignorés par la majorité
des chercheurs.
évolutif » (« […] gene-Darwinians such as Dawkins have adopted […] [the] neo-Darwinian […] process-monism as the
true paradigmatic core […] » ; p. 11).
50. Les darwinistes voient la complexité biologique comme réductible ; les créationnistes, eux, la voient comme irréductible.
51. Momme von Sydow parle de « gènes conçus comme indépendants et séparés, réunis à l’intérieur d’un ensemble commun
et non structuré » (« the perspective of separate independent genes in a common unstructured gene pool » ; p. 140).
52. « Selection only ‘sees’ the phenotype irrespectively of the genotype » (p. 318)
53. « […] only the phenotype could be directly seen by natural selection » (p. 319).
54. « Dans le raisonnement évolutionniste, l’individu s’efface devant la population » (Guide critique de l’Évolution, p. 15).
Outre la confusion entre évolution et darwinisme, cette position est évidemment critiquable.
55. « Modern Darwinists seem to have a profoundly optimistic belief that the occurrence at an early stage in evolution of […]
a fundamental innovation […] makes cumulative selection […] somewhat less improbable. […] Of the vast range of
characteristics spelled out by DNA, the next copying error is more likely to be about something else entirely […] or it may
be the wrong step […] » (Shattering the myths of Darwinism, op. cit., p. 162). La contre-objection classique des darwinistes
est que la sélection naturelle jouerait le rôle d’un filtre justement capable de ne retenir que les mutations appropriées.
56. « […] the greater the number of steps into which we break up to the overall leap, the more improbable it becomes that they
will take place in the right order » (ibid.).
57. « […] the improbability of spontaneous genetic mutation leading to beneficial novelties in form ought to be a major source
of concern » (ibid., p. 164).
On rejoint ici le point de vue de Sanford, ainsi que l’idée que la sélection naturelle ne pouvant
"voir" les mutations ponctuelles individuelles, elle ne saurait éliminer efficacement la plupart des
mutations délétères (seul un organisme chargé d’un "fardeau génétique" – qui représente une sorte de
"moyenne" de toutes ses mutations – trop lourd verra son espérance de vie considérablement
raccourcie).
81. « […] it is necessary to analyze the conditions for cumulative selection with great attention to long cycles affecting life
history patterns » (ibid., p. 151).
82. « […] there is no single answer as to what, exactly, should count as a gene […] » (ibid., p. 144).
83. « […] organisms are built anew in each generation by an interactive process with the environment, not by a copying
mechanism » (ibid., p. 146).
84. Voir, par exemple, Darwin’s Dangerous Idea, de Daniel C. Dennett.
85. « […] which genes have disproportionate influence changes with the ecology » (Contemporary Debates in Philosophy of
Biology, op. cit., pp. 158-159).
86. « […] the conditions causally relevant to the phenotypic states that influence survival are combinations of alleles, not the
alleles themselves or their frequencies in the population » (ibid., p. 149).
87. « […] selection normally "acts" not as a single force on an isolated gene or trait, but as a balancing device in response to
situations affecting multiple traits in scattered episodes over extended periods of time » (ibid., p. 151).
88. « […] selection acts primarily on properties relevant to the demands of organismal survival imposed by the ecology and by
competitors [… :] it acts, in the first instance, on heritable phenotypes » (ibid., p. 153).
89. Par exemple : « […] part of an eye is better than no eye at all » (p. 85) ; « […] a lensless eye is better than no eye at all »
(p. 86) ; « Five per cent vision is better than no vision at all » (p. 90).
90. « Wherever we have an X in a real live animal, where X is some organ too complex to have arisen by chance in a single
step, then according to the theory of evolution by natural selection it must be the case that a fraction of an X is better than
no X at all; and two fractions of an X must be better than one; and a whole X must be better than nine-tenths of an X »
(The Blind Watchmaker, ibid., p. 91).
91. « […] n = 363 992 generations would be sufficient for a lens eye to evolve by natural selection » (A pessimistic estimate of
the time required for an eye to evolve).
92. « […] it would take less than 364000 years for a camera eye to evolve from a light-sensitive patch » (ibid.). Les auteurs
insistent sur le fait que leurs résultats « surestiment largement le nombre nécessaire de générations » (« […] the complete
calculation substantially overestimates the number of generations required » ; ibid.). Dans cet article, un certain nombre de
"conditions de départ" sont mises en place pour en arriver au résultat escompté : que « l’apparition de l’œil n’a jamais
présenté de problème pour la théorie darwinienne de l’évolution » (« […] the eye was never a real threat to Darwin's
theory of evolution » ; ibid.). Notamment, l’évolution de l’œil, à partir d’une tache photosensible, y est présentée sur la base
d’un certain nombre d’hypothèses certes réalistes d’un point de vue anatomique mais totalement invérifiables (ce que les
auteurs, d’une certaine façon, reconnaissent ; voir le paragraphe « 2. A MODEL OF EYE EVOLUTION »). De plus,
l’ensemble de l’étude présentée repose sur une forme de circularité, puisque, dès le départ, les auteurs définissent une
séquence évolutive en permanence compatible avec la sélection naturelle (« The first and most crucial task is to work out
an evolutionary sequence which would be continuously driven by selection » ; ibid.). Enfin, notons une contradiction
inhérente à cette démonstration : d’une part, l’évolution darwinienne est considérée comme lente et graduelle, nécessitant
des milliards d’années ; et, d’autre part, un organe complexe peut apparaître en quelques centaines de milliers d’années
(soit une durée dix mille fois plus courte).
C’est l’attitude choisie par la plupart des scientifiques pour tenter de contrer le
créationnisme.97 Un exemple frappant est présenté dans Le Guide Critique de l’Évolution, dans lequel
les idées suivantes sont indiquées :
- Les créationnistes feraient « […] preuve d’un scientisme extrême puisqu’ils font
outrepasser ses droits à la science en la faisant statuer sur un terrain expérimental
inaccessible »98 : une étrange vision du scientisme (notion par ailleurs extrêmement
floue et malléable), surtout quand certains auteurs critiquent précisément le
darwinisme de scientisme ;
- Le créationnisme ferait preuve d’essentialisme, notamment en attribuant « […] une
essence humaine à un embryon de quelques cellules »99 : pourtant, la présence de
l’intégralité du patrimoine génétique dans les cellules de cet embryon, voire dans la
cellule-œuf dont il est issu, leur donne, assurément, une dimension humaine (tout
comme un embryon de fourmi contient le génome de l’espèce correspondante – rien
de spécifiquement humain ici) ; d’autre part, comme mentionné plus loin, il ne faut
pas confondre essentialisme typologique et essentialisme explicatif 100 ;
- Le créationnisme appellerait la science « […] à changer de l’intérieur […] », dans un
« […] changement complet de nature de l’activité scientifique […] », lequel serait,
notamment, opposé au « […] principe de parcimonie qui exclut toute hypothèse
surnuméraire ad hoc, c’est-à-dire non testable »101 : au-delà de la vision simpliste du
principe de parcimonie102 (utilisé ici uniquement comme "garde-fou" anti-
créationniste), c’est justement à une telle redéfinition du champ d’investigation de la
science que certains auteurs aspirent, tel Rupert Sheldrake, pour Réenchanter la
Science103 ;
- Le créationnisme constituerait « une entorse au scepticisme initial [… car] la foi imprime
une idée préconçue du résultat qui devra sortir »104 : si on peut se demander sur
96. Andréas Sniadecki (Stephen Jay Gould, l’évolution sans histoire ; p. 3).
97. Il me semble que, si les scientifiques avaient vraiment l’esprit tranquille et étaient absolument certains de leur position, il
ne prendraient même pas le temps ni de formuler de objections anti-créationnistes, ni même de répondre aux attaques
créationnistes.
98. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 137).
99. Ibid. (p. 148).
100. Voir Explications mécanistes et téléologiques de l’évolution de la forme, par Anda Danciu (p. 88).
101. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 152 ; en italique dans le texte original).
102. Voir mon article De l'utilisation parcimonieuse du principe de... parcimonie.
103. Titre de l’ouvrage de référence.
104. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 155).
105. Ibid. (p. 23). Il est étrange que ce scepticisme initial disparaisse totalement quand il s’agit de dégager des conclusions : ne
serait-il pas au contraire plus juste de douter de la validité du raisonnement mis en œuvre, plutôt que trop souvent présenter
ces conclusions comme des certitudes définitives ?
106. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 156).
107. Ibid., p. 156.
108. Comme Jean-François Moreel dans Le darwinisme, envers d’une théorie (pp. 241, 254, 269).
109. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 157).
110. Darwin’s dangerous idea.
111. The blind watchmaker.
112. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 157).
113. The logic of scientific discovery (The problem of induction, pp. 3-7).
114. Guide critique de l’évolution (op. cit., p. 157).
115. Ibid., p. 159.
116. « Nous ne devons pas considérer la science comme un "corpus de connaissances", mais plutôt comme un faisceau
d’hypothèses, c’est-à-dire un ensemble de conjectures et de prédictions, lesquelles en principe ne peuvent être vérifiées,
mais qui nous servent de base de travail tant qu’elles résistent aux tests, et au sujet desquelles il n’est jamais légitime
d’affirmer que nous savons qu’elles sont "vraies" ou "plus ou moins sûres" ou même "probables" » (« […] we must not
look at science as a ‘body of knowledge’, but rather as a system of hypotheses; that is to say, as a system of guesses or
anticipations which in principle cannot be justified, but with which we work as long as they stand up to tests, and of which
we are never justified in saying that we know that they are ‘true’ or ‘more or less certain’ or even ‘probable’ » ; aarl
Popper, The logic of scientific discovery, op. cit., p. 318).
117. « The loss of control is indeed disturbing, and might even call into question the criterion of reproducibility as a condition
for acceptance of a phenomenon as being worthy of scientific enquiry […] » (Joel Bernstein, cité par Rupert Sheldrake,
The Science Delusion, op. cit., p. 64 ; « La perte de contrôle est assurément troublante, elle remet même en question le
critère de reproductibilité comme condition pour qu’un phénomène soit considéré comme susceptible de faire l’objet d’une
enquête scientifique », Réenchanter la Science, op. cit., p. 124).
118. Illusions of Objectivity (The Science Delusion, ibid., ch. 11 ; L’illusion de l’objectivité, Réenchanter la Science, ibid., ch.
11).
119. Voir par exemple L’objectivité dans la recherche scientifique, et L’objectivité de la recherche scientifique, par Vincent
Devictor.
Voilà qui en dit long sur l’état d’esprit ouvert et prétendument objectif, neutre et indépendant
qui devrait être à l’œuvre au sein de la communauté scientifique. Parce qu’il propose une
interprétation radicalement différente du monde vivant, hors des sentiers battus de la science
conventionnelle, Sanford est stigmatisé de façon pour le moins partiale, fondamentalement subjective
et finalement abjecte. Être en désaccord avec quelqu’un est une chose ; dénigrer cette personne en est
une autre, qui relève d’un manque de respect et d’un amalgame intellectuel profond.122
Bien sûr, pour les darwinistes convaincus, le principe de la sélection naturelle est non
seulement démontrable, mais amplement démontré : des ouvrages comme L’Horloger Aveugle ou
Darwin est-il dangereux ?, parmi tant d’autres productions, décortiquent dans le détail les prétendues
forces de la pensée darwinienne.
121. « It has been troubling to discover various instances of misrepresentation in Genetic Entropy. However, I do not believe
this to be any deliberate attempt to deceive. It has been widely observed that someone who is in the grip of young earth
creationism can get somewhat disconnected with reality. By all accounts, John Sanford is a sincere and godly man, a
respected figure in genetics research who has accepted the price of ridicule to promote what he believes » (Scott Buchanan,
op. cit.).
122. Daniel C. Dennett se caractérise tout particulièrement par cette tendance à tourner en ridicule les auteurs dont il ne partage
pas les idées (voir Darwin’s Dangerous Idea, op. cit.).
123. Première définition donnée par le CNRTL.
124. Voir le Chapitre 11 de L’Horloger Aveugle, intitulé en anglais Doomed rivals (traduction possible : Des concurrents voués à
l’échec).
125. Voir Aux origines idéologiques du darwinisme (p. 23).
126. Voir, par exemple Création artistique et darwinisme mental (dans Du vrai, du Beau, du Bien, pp. 142-147).
127. Cette critique est également employée par les scientifiques conventionnels pour stigmatiser l’aspect dogmatique du
créationnisme.
128. « Plusieurs décennies représentent un temps très court, même s’il s’y produit plus de cinquante mille cycles de division
cellulaires » (p. 172 ; « Several decades is a very short time – even though more than 50 thousand cell division cycles have
occured » ; p. 180).
129. P. 172 et p. 180, respectivement.
130. Voir par exemple Momme von Sydow (From Darwinian Metaphysics towards Understanding the Evolution of
Evolutionary Mechanisms, p. 209).
En conclusion, je pense que les EAM ne sont pas significatives pour expliquer le mécanisme
évolutif, quel qu’il soit (darwinien ou non) – à moins, comme c’est la plupart du temps le cas, de
mettre en place un raisonnement dans lequel la conclusion, évidente et inévitable, est connue à
l’avance (ce qui est très souvent le cas pour "démontrer" la réalité du darwinisme).
131. L’existence de la sélection naturelle est une évidence absolue : comme les populations d’organismes présentent toutes une
certaine forme de variabilité (polymorphisme, biodiversité, etc.), ces organismes seront forcément l’objet d’un tri en
fonction de leur aptitude à la survie et à la reproduction, notamment en relation avec les conditions environnementales
auxquelles ils sont soumis.
132. Process monism (ibid., notamment le Ch. 9). Von Sydow parle également de "métaphysique darwinienne à mécanisme
unique" (Darwinian mono-mechanistic metaphysic ; ibid., p. 336).
133. Pan-selectionism (ibid., Ch. 9).
134. Pan-adaptationism (ibid., Ch. 4 & Ch. 9).
135. Radical Darwinism (ibid., notamment le Ch. 9).
136. De la même façon, quand Peter & Rosemary Grant ont démontré le lien entre les conditions environnementales, la survie
des "Pinsons de Darwin" et les changements de certains caractères (taille du corps, taille du bec, forme du bec) par
sélection naturelle et hybridation, on peut se demander s’ils ont vraiment observé ces oiseaux en train d’évoluer, même si
leurs études ont été prolongées sur trois décennies. En effet, premièrement, le lien entre sélection naturelle et hybridation,
d’une part, et évolution, d’autre part, semble pris pour évident dès le départ (d’où une forme de circularité, puisque ces
mécanismes sont considérés d’emblée comme évolutifs) ; deuxièmement, les changements observés, vus sous l’angle
d’adaptations à des conditions environnementales locales variables, peuvent très bien, ici aussi, être interprétés comme du
"réglage fin".
137. P. 173 (« […] loss-of-function or loss-of-regulation mutations (and hence loss of information) » ; p. 181).
« […] [L]’entropie […,] c’est la mesure du désordre présent dans un système […].
C’est l’antinomie de la vie et de toute notion de "conception". »138
138. Leonard Mlodinow, Qui détient la clé de l’Univers ?, p. 137 (« Loosely speaking, entropy is a measure of the disorder in a
system. The more disordered, usually, the higher the entropy. Entropy is the enemy of life, and of any concept of
“design.” » ; War of the Worldviews, p. 121).
139. Ces essais de définitions sont, notamment, basés sur des éléments présentés sur Wikipédia et le CNRTL (Centre National
de Ressources Textuelles et Lexicales).
140. Potentielle car nécessitant des mécanismes particuliers pour en assurer la libération contrôlée et progressive.
141. Adapté d’un article par Anne Debroise paru dans le magazine Science & Vie.
142. Thermodynamic origin of life (titre de l’article de référence par aaro Michaelian).
143. « Understanding the thermodynamic function of life may shed light on its origin » (ibid.).
144. « Entropy production is a measure of the rate of the tendency of Nature to explore available microstates » (ibid.).
145. « Here we hypothesize that life began, and persists today, as a catalyst for the absorption and dissipation of sunlight on the
surface of Archean seas » (ibid.).
146. « From this perspective, the origin and evolution of life […] can be understood as resulting from the natural
thermodynamic imperative of increasing the entropy production of the Earth in its interaction with its solar environment »
(ibid.).
147. Phrase originale complète : « Empirical evidence from the fossil record of the evolutionary history of Earth indeed suggests
that living systems, from cells to the biosphere, have generally increased in complexity over time, and correspondingly,
there has been an increase in their total entropy production, as well as in the net entropy production per unit biomass »
(ibid.).
148. Momme von Sydow résume particulièrement bien cet aspect tautologique du darwinisme : « Les organismes qui survivent
sont en général ceux qui sont mieux adaptés, puisqu’ils survivent. On définit le plus souvent la capacité d’adaptation par
la survie. Il en résulte que l’affirmation darwinienne de la persistance des plus aptes équivaut à l’affirmation tautologique
de la survie des survivants » (« Those entities which survive are generally more adapted, since they survive. Fitness
becomes defined – as has actually often been done – by survival. Thereby the Darwinian claim of the survival of the fittest
results in the tautological claim of the survival of the survivor » ; From Darwinian Metaphysics towards Understanding the
Evolution of Evolutionary Mechanisms, p. 341).
149. « Ignoring the entropy producing function of life is, in fact, the basis of the tautology in Darwin’s theory of evolution
through natural selection. As Boltzmann hinted 150 years ago, the vital force of life and evolution is derived from photon
dissipation, i.e. through entropy production » (Thermodynamic origin of life, op. cit.).
Dans cette perspective, l’augmentation d’entropie aurait donc joué un rôle prépondérant dans
l’apparition de la vie et la mise en œuvre du processus évolutif. Cette proposition semble donc en
faveur d’un rôle positif de l’entropie au sein du fonctionnement du vivant. Toutefois, l’entropie peut
prendre plusieurs formes différentes, susceptibles d’exercer des actions différentes sur les organismes.
5. 1. 3. Entropie et évolution.
Selon John Collier, dans le cadre d’une « théorie systémique en cours d’élaboration,
l’environnement et les organismes vivants, ainsi que leurs nombreuses interactions, sont considérés
comme reposant sur des principes communs » 152 . En relation avec les informations précédentes
concernant l’origine thermodynamique de la vie, on peut considérer que « [l]’évolution est sous
l’emprise de processus hors équilibre qui sont à l’origine d’une augmentation de l’entropie et du
contenu en information de l’ensemble des espèces vivantes » 153 . Plus précisément, « des
augmentations de l’entropie et de l’information des organismes, considérés comme des systèmes se
reproduisant de façon imparfaite, seraient à l’origine de la dynamique de l’évolution. La sélection
naturelle ne ferait que jouer le rôle d’un facteur externe limitant, influençant le rythme de
l’évolution »154.
De plus, il s’avère que les systèmes biologiques présentent deux types d’entropie :
- « L’entropie de l’information est une mesure de la capacité d’un système à résister aux
fluctuations aléatoires, c’est-à-dire une mesure de sa stabilité »155 ;
- « L’entropie de cohésion d’une espèce vivante est une mesure de son désordre dû aux difficultés
qu’ont les individus qui la composent, considérés séparément, à échanger leur matériel
génétique »156.
Ces informations semblent donc incompatibles avec l’idée que l’entropie puisse être vue
comme un facteur négatif au sein du fonctionnement du vivant et de son évolution – apparemment,
ce serait plutôt le contraire.
(Voir également plus loin les relations entre entropie et complexité biologique)
« […] [I]l n’est pas facile de faire un problème de quelque chose que nous croyons bien connaître,
qui semble aller de soi, comme la réalité. »161
« La réalité, de toute façon, n’est jamais venue d’elle-même : elle se crée, […] une fiction à
laquelle on finit toujours par croire, […] une réalité qu’on a inventée. »162
« C’est faire preuve d’étroitesse d’esprit que de croire que l’image du monde que nous nous faisons
est la seule. »163
157. « Evolution, then, results from the joint effect of increases in the entropy of information and the entropy of cohesion »
(ibid.).
158. Selon les chiffres officiels ; toutefois, certains auteurs, extrêmement controversés, remettent en cause ces valeurs, qui
seraient basées sur un consensus subjectif et arbitraire (voir, par exemple, Shattering the Myths of Darwinism, op. cit.,
Chapitre 5).
159. Stephen Jay Gould introduit, dans La Vie est Belle (Chapitre 3), la distinction subtile entre diversité et disparité : la
diversité fait référence au nombre d'espèces différentes, tandis que la disparité se base sur l'ensemble des plans
d'organisation : au Cambrien, la disparité fut maximale, malgré une diversité apparemment limitée ; au cours de l’histoire
ultérieure du vivant, la tendance s'est complètement inversée.
160. Au sujet des problèmes controversés liés à la notion de complexité biologique, voir mon article.
161. Hervé Boillot, 25 mots clés de la philosophie (p. 33).
162. Jean-Paul Belmondo, Mille vies valent mieux qu’une (p. 54).
163. Leonard Mlodinow, Qui détient la clé de l’Univers ?, p. 312 (« It would be narrow-minded for us to believe that our
picture of the world is the definitive one » ; War of the worldviews, p. 280).
5. 2. 3. Réalité et falsifiabilité.
aarl Popper est célèbre pour avoir proposé le critère de falsifiabilité, « selon lequel les
énoncés, ou systèmes d’énoncés, sont porteurs d’information sur le monde empirique uniquement si
on peut les confronter avec l’expérience, plus précisément si on peut systématiquement les tester, de
façon à pouvoir les soumettre à des tests qui pourraient avoir pour résultat leur réfutation »196. Popper
précise que « ce critère de falsifiabilité permet de faire la distinction, avec suffisamment de précision,
entre les systèmes théoriques issus des sciences empiriques et les systèmes métaphysiques »197. Ainsi,
on peut considérer que falsifiabilité et réalité seraient, en quelque sorte, équivalentes (toutefois,
198. « […] metaphysics […] from a historical point of view can be seen to be the source from which the theories of the
empirical sciences spring » (ibid., pp. 315-316).
199. N’oublions pas l’aphorisme de Lamarck : « […] [T]oute science doit avoir sa philosophie, et ce n’est que par cette voie
qu’elle fait des progrès réels » (Philosophie zoologique, 1809 ; cité par Bertrand Louart dans Le vivant, la machine et
l’homme, p. 20).
200. Guide Critique de l’Évolution (op. cit., p. 31). Cette vision naïve de l’investigation scientifique ne tient absolument pas
compte de toutes les influences et contraintes qui biaisent la recherche (considérations économiques, politiques, sociales,
mais aussi militaires).
201. Ibid., pp. 31-32.
202. 25 mots clés de la philosophie (op. cit., p. 31).
203. Ibid. (p. 31).
204. Ibid. (p. 30).
205. Ibid. (p. 32).
206. Ibid. (p. 33 ; en italique dans le texte original).
Dès lors, que peut bien signifier "être déconnecté de la réalité" ? S’il s’agit de la réalité
abstraite construite par les scientifiques, rien ne peut obliger personne à croire que cette "réalité" soit
la seule valable. S’il est clair que certaines connaissances scientifiques se retrouvent parfois dans de
spectaculaires applications technologiques ou médicales qui, par rapport à la notion de réalité,
peuvent être considérés comme autant de preuves tangibles (par exemple le numérique), en revanche,
la majorité du savoir scientifique n’ayant que peu ou pas de telles applications, il est extrêmement
difficile, voire impossible, d’être certain d’avoir réellement accès à la réalité ultime. Certes, il est
toujours possible d’affirmer péremptoirement qu’une découverte donnée démontre clairement
l’exactitude de telle ou telle théorie (ce que les darwinistes passent leur temps à faire, car la théorie
darwinienne joue le rôle d’authentique "acide universel" 210 ) ; toutefois, la même découverte, ou
d’autres, restent disponibles pour différents cadres interprétatifs "alternatifs", scientifiques ou
autres.211
Sanford, avec une certaine lucidité, critique les programmes informatiques développés par
Richard Dawkins pour modéliser l’évolution darwinienne (p. 22).215 Au-delà des points que soulève
l’auteur, j’insisterai sur d’autres problèmes, au moins aussi prégnants :
- Les simulations informatiques ne sont que des "exercices de style" ne démontrant rien du
tout, car elles sont justement conçues, non pour démontrer une proposition (déjà
considérée comme démontrée), mais pour tenter de la confirmer : si l’on y parvient,
alors on conclut que l’hypothèse est corroborée par l’informatique ; si l’on y parvient
pas, on se contente d’oublier cet échec considéré comme non significatif. Dans ce
genre de "démonstration", c’est l’ensemble du raisonnement qui est biaisé par cette
"condition" de départ : valider à tout prix l’hypothèse à tester en particulier pour
respecter le cadre établi, le paradigme dominant ;
- Dawkins parle du processus de tamisage (sieving process) par lequel le produit d’une étape
de la sélection cumulative devient lui-même l’objet d’un tamisage par une nouvelle
étape de sélection. Le premier problème, dans ce mécanisme, est que la sélection
naturelle est envisagée comme agissant toujours dans la même direction d’une étape
à la suivante ; c’est bien peu probable, d’autant que – et Dawkins semble
complètement l’oublier – cette sélection se fait sur la base de conditions
environnementales considérées comme aléatoires et imprévisibles, ce qui se
manifeste par le fait que ce qui est adapté aujourd’hui peut ne plus l’être demain.
Bref, dans la réalité concrète, la "direction" prise par la sélection naturelle ne cesse
de changer. Le deuxième problème, souligné par Dawkins lui-même (mais qui ne lui
apporte aucune véritable solution) et critiqué par Sanford, c’est que, dans son
programme visant à obtenir la phrase « Methinks it is like a weasel », l’ordinateur
sélectionne la phrase qui, même de très peu, ressemble le plus à la phrase-cible: le
but à obtenir est donc clairement identifié dès le départ (ce qui n’est pas du tout le
cas dans la nature, selon la vision standard de la théorie darwinienne de l’évolution).
Plus loin, Dawkins revient sur ce problème, insistant sur le peu de générations
213. Ces problèmes sont encore renforcés par l’emploi abusif de l’expression "intelligence artificielle" (exemple typique
d’oxymore imposé de façon dogmatique).
214. Il faut toutefois reconnaître que certaines simulations se sont révélées particulièrement puissantes, comme le fait de pouvoir
tester un pont virtuel avant même d’en envisager la construction.
215. The Blind Watchmaker (Chapitre 3).
Sanford a lui-même utilisé des simulations informatiques pour tester un certain nombre de
points en lien avec l’entropie génétique, notamment une meilleure prise en compte du bruit biologique
(biological noise ; p. 104). Même s’il semble sûr de lui quant au bien fondé des résultats qu’il a
obtenus, je reste personnellement très sceptique de façon générale en ce qui concerne l’emploi de tels
modèles. Je le répète : comment être certain de représenter le monde naturel de façon réaliste en
utilisant une machine numérique, dont le langage se réduit à de gigantesques séries de 0 et de 1 ?219
216. « […] if you never take a wrong turning […] » (The Blind Watchmaker, p. 71 ; en italique dans le texte original).
217. « […] if […] you know exactly what genetic formula you are heading towards, and how to steer towards it » (ibid.).
218. « This is a task that is better done by the human eye, together with […] the 10-giganeurone computer inside the skull »
(ibid., p. 61).
219. Voir toutefois la notion d’« Univers information », présentée par Igor et Grichka Bogdanov.
Face au grand nombre d’espèces qui constituent les biosphères actuelle et passées, un
paradoxe semble apparaître pour prendre en compte l’entropie génétique : on devrait observer bien
moins d’êtres vivants sur la Terre, que ce soient des espèces vivantes ou fossiles. Une seule explication
est alors possible : il doit nécessairement exister au moins un processus permettant de compenser les
ravages de l’entropie génétique. De nombreuses possibilités se présentent, comme nous allons
maintenant le voir.
Selon Sanford et les Créationnistes, les êtres vivants auraient été l’objet d’une Création,
processus intelligent menant à l’apparition d’organismes parfaits (car créés à l’image du Créateur,
considéré comme parfait). Cette perfection se manifeste alors, notamment, par l’absence de
consanguinité lors de croisements entre individus apparentés. Puis, au cours du temps, et sous l’action
de l’entropie, les organismes commencent à dégénérer, jusqu’à ne plus être viables et à disparaître.
Seule une nouvelle intervention du Créateur permettrait l’apparition de nouvelles espèces parfaites,
et ce processus "cyclique" pourrait se répéter indéfiniment.
Cette explication ne me déplaît pas foncièrement, mais elle me semble étayée par bien peu de
preuves tangibles. En dehors de la croyance en un tel Créateur, il est difficile d’envisager une
explication de ce genre. En revanche, la dimension "intelligente" de la conception du vivant est
extrêmement stimulante – les organismes pouvant être vus dans l’optique d’une intelligence
intrinsèque, capacité à trouver des solutions à toute une série de problèmes.
La plupart des publications sur la pensée évolutionniste ne font référence, de façon résumée,
qu’à la théorie darwinienne et, parfois, à la théorie lamarckienne (résumée de façon extrême dans
l’expression "hérédité des caractères acquis"). Il en existe bien d’autres, considérées au mieux comme
marginales, au pire comme obsolètes, pseudo-scientifiques, voire anti-scientifiques. Je les passerai en
revue, puis montrerai comment ces modèles explicatifs pourraient constituer autant de solutions
possibles au problème de l’entropie génétique.
6. 2. 1. Le structuralisme.
220. « The fact that species have managed to survive this long is a testimony to the genius of the Creator, who designed living
things with an amazing robustness and resistance to injury » (Price, Carter & Sanford, 2020).
221. Guillaume Suing et Damien Aubert (Evolution : vers une approche dialectique).
225. « According to the structuralist paradigm, a significant fraction of the order of life and of every organism is the result of
basic internal constraints of causal factors that arise out of the fundamental physical properties of biological systems and
biomatter. [...] These internal constraints, or "laws of biological form", [...] [are] believed [...] to limit the way organisms
are built [...]. This view implies that many of life’s basic forms arise in the same way as do other natural forms–ultimately
from the self-organization of matter–and are genuine universals » (Evolution: still a theory in crisis, op. cit., p. 14).
226. « […] a considerable amount of higher order in biological systems is […] arising as a result of complex self-organizing
mechanisms. Such emergent order is invisible from below and by definition beyond genetic specification » (ibid., p. 255).
227. « […] [The self-organizing processes] are dependent on higher-level natural laws that determine the properties of matter
in the first place » (ibid., p. 256).
228. La musique de la vie (p. 32).
229. Ibid. (p. 14).
230. Ibid. (pp. 14-15).
L’ingénierie génétique naturelle est une solution qui pourrait compléter la vision structuraliste
de l’évolution, d’une part, et la position défendue par Denis Noble, d’autre part. James Shapiro
propose en effet une vision du vivant et de l’évolution qui semble présenter des points communs avec
l’approche de Noble, car le terme "ingénierie" décrit « des processus intégrés d’auto-
modification »235 : à ce sujet, Shapiro mentionne qu’il a été montré que les cellules vivantes étaient
dotées de la capacité à mettre en œuvre des processus actifs de réécriture partielle ou totale de leur
génome. Dans cette optique, le génome serait « un système de mémoire de type lecture-écriture soumis
à des changements non aléatoires sous le contrôle de fonctions cellulaires spécifiques »236 permettant
« un grand nombre de moyens pour les cellules d’introduire de l’information dans leur génome »237 :
ainsi, « ces différents types d’insertions constituent une forme d’écriture ayant la capacité de modifier
la mémoire génomique des cellules » 238 . En fin de compte, « l’ingénierie génétique naturelle
représente la capacité des cellules vivantes à manipuler et à restructurer les molécules d’ADN qui
constituent leur génome »239. Ces « processus de réorganisation peuvent concerner le génome dans
son intégralité »240.
Cette vision du vivant et de son évolution est centrée sur la notion d’information. Il s’agit de
comprendre comment les organismes « acquièrent, traitent et transmettent de l’information de façon
à permettre la mise en place et le fonctionnement de systèmes vitaux complexes » 241 . Dans cette
optique, « le processus évolutif est manifestement basé sur l’obtention d’innovations par une logique
242. « […] the evolutionary process has clearly been one of combinatorial innovation to produce functional systems […] »
(ibid., p. 5).
243. « […] this combinatorial process has a far greater probability of success than trying to modify each element in the genome
one nucleotide at a time » (ibid., p. 130).
244. « […] evolution by amplification and reorganization of genome segments » (ibid., p. 131).
245. « […] generating redundancy [… is] a key aspect of the evolutionary process » (ibid., p. 131).
246. « Thinking about genomes from an informatic perspective, it is apparent that systems engineering is a better metaphor for
the evolutionary process than the conventional view of evolution as selection-biaised random walk […] » (ibid., p. 6).
247. « […] genome change resulting from a constellation of regulated cell functions (natural genetic engineering) […] » (ibid.,
p. 123).
248. « Evolutionary novelty arises from the production of new cell and multicellular structures as a result of cellular self-
modification functions […] » (ibid., p. 143).
249. « […] episodic and abrupt changes […] » (ibid., p. 144).
250. Voir Punctuated Equilibria: an Alternative to Phyletic Gradualism et Punctuated equilibria: the tempo and mode of
evolution reconsidered.
251. « […] cell sensing, information transfer, and decision-making processes » (Evolution: A View from the 21st Century, op.
cit., p. 24).
252. Phrase originale complète : « Our view of genome change has become one that describes active cell processes rather than
a series of random accidents » (ibid., p. 129).
253. « […] living cells do not act blindly […] » (ibid., p. 137).
254. « […] cells are now reasonably seen to operate teleologically: their goals are survival, growth, and reproduction » (ibid.,
p. 137).
255. « […] entirely new and rigorously scientific ways to think about cognition, decision-making, and goal-oriented function »
(ibid., p. 139).
256. Littéralement, Un ordinateur dans chaque cellule vivante.
265. « […] the cell can use the past to read the future–to gain even the slightest inkling of what will happen next– […] simply to
help it predict the future » (ibid., p. 233).
266. The Music of Life (op. cit., p. 29).
293. « […] perhaps it is time we addressed biological properties per se if we want to bring some order to evolution rather than
reiterate for the umpteenth time the dry bones of the Darwinian formulation » (ibid.).
294. « […] a biology that will move far beyond the Darwinian formulation […] » (ibid.).
295. « […] evolution has an inevitable geometry […] » (ibid.).
296. Expression introduite par Stephen Jay Gould dans Wonderful Life (p. 14).
297. Convergent evolution as natural experiment: the tape of life reconsidered.
298. « […] convergent evolution can constitute valid natural experiments that support inferences regarding the deep
counterfactual stability of macroevolutionary outcomes » (ibid.).
299. « […] iterated evolutionary outcomes that are probably common among alternative evolutionary histories and subject to
law-like generalizations » (ibid.).
300. « […] certain design problems are pervasive in the history of life » ; « […] the set of evolutionary solutions to pervasive
design problems is highly circumscribed […] » (ibid.).
301. « Why should universal biochemical constraints on the evolution of form not be as interesting to biologists as the quirky,
more detailed outcomes of evolution ? » (ibid.).
302. Evolutionary contingency (op. cit.).
303. « Is a new theory of evolution in the offing? » (ibid.).
304. « […] an expansion that will include a more prominent role for the developmental genetics of evo-devo [...]. It will also
include a greater appreciation for interesting biases in the generation of variation and possibly a role for a more
hierarchical view of evolution […] » (ibid.).
6. 2. 4. L’écologie évolutive.
Conventionnellement, c’est la génétique qui est considérée comme l’aspect fondamental de
l’évolution (darwinienne), l’écologie étant vue comme secondaire. Thierry Lodé propose, au contraire,
de se focaliser sur la dimension écologique du processus évolutif, en insistant sur l’importance de la
dynamique structurante des interactions.
Lodé commence par remarquer que « […] des dizaines d’événements non-darwiniens ont été
découverts, les endosymbioses, la dérive génétique, les transferts horizontaux de gènes,
l’épigénétique, les catastrophes, et même la spéciation sympatrique, le déplacement de caractères et
la construction des niches. Mais il n’existe pas de consensus sur ces épisodes et beaucoup ont été
réintégrés à la théorie moderne après des réinterprétations en minorant les effets »305. Il note aussi
que « le gène n’a rien d’un organisateur, il est juste un livre de cuisine. Le gène ne peut rien faire
sans que la cellule ne l’exprime. De même, on peut considérer que le vivant s’est formé, non pas le
long d’une série continue, mais par morceaux […] »306, selon le principe des poupées russes : ainsi,
les tissus se sont formés par interactions entre cellules, puis les organes se sont formés par interactions
entre tissus. Et de conclure : « La simple force structurante des interactions a engendré des corps
vivants au cours d’une longue histoire évolutive. À chaque étape de ces poupées russes, les
communautés vivantes se sont liées […] »307.
Dans cette perspective originale, « [l]’évolution est une écologie libertaire, où chaque élément,
chaque être vivant cherche et trouve sa place dans la communauté écologique des espèces où chacun
dépend des autres et les autres de chacun ». Ainsi, « l’espèce serait un groupe d’individus qui
possèdent en commun un système de reconnaissance spécifique » : « [l]’individu appartient à une
espèce parce qu’il reconnaît un individu sans le connaître ». « Cette espèce forme l’un des
emboîtements irrévocables de la série des emboîtements du vivant dans les autres éléments, des
poupées russes depuis l’organisation cellulaire jusqu’à l’individu et l’inscription dans les
écosystèmes ». « Le succès [évolutif 308 ] des espèces est donc contraint par l’ensemble des
interactions écologiques qui dessinent l’espace-temps de l’espèce. À partir de ces milliers de liaisons
et de coopérations, se sont formées les communautés écologiques de notre histoire évolutive ». « On
peut par conséquent regarder l’évolution comme l’effet des interactions d’un ensemble de
communautés dynamiques, théorie libertaire que je nomme l’écologie évolutive. Ces communautés
libres dirigées par elles-mêmes forment ensemble sur notre planète une écologie qui évolue. […]
305. Notons ici l’une des prétendues grandes forces du darwinisme : la capacité à tout ramener à la sélection naturelle.
306. Ni Dieu, Ni Darwin, l’écologie évolutive (2020 ; en italique dans le texte original).
307. Ibid. (en italique dans le texte original).
308. Lodé parle de succès "reproductif", ce qui me semble limitatif par rapport à un succès évolutif, plus général.
L’évolution étant considérée comme mue par des interactions incessantes à tous les
niveaux d’organisation et de structuration du vivant (molécules, organites, cellules, tissus,
organes, appareils et systèmes, individus, groupes, populations, espèces, écosystèmes et,
pourquoi pas, la biosphère dans son ensemble), le rôle de la dimension génétique du processus
évolutif pourrait être relégué au second plan – à l’opposé, donc, de l’évolution darwinienne – :
ce ne sont plus les gènes qui "décident" mais ces interactions particulières qui se mettent en
place le long de l’histoire évolutive, au cours d’étapes à l’origine de la structuration
d’innovations qui pourraient apparaître brusquement, orientant l’évolution de façon cruciale
mais relativement indépendamment des gènes. De la sorte, on peut envisager que l’effet de
certaines mutations s’en retrouverait amoindri, estompé, flouté – y compris celui de mutations
bénéfiques, d’ailleurs. Ainsi, en considérant les interactions écologiques comme primordiales
dans le processus évolutif, l’entropie génétique se retrouve confinée en une dimension si retreinte
qu’elle en devient secondaire. Une fois encore, c’est la Vie qui gagne.
309. Ce paragraphe est entièrement construit à partir de citations de l’article de T. Lodé cité en référence (en italique dans le
texte original).
310. « Homeostasis as the Mechanism of Evolution », titre de l’article de référence par John S. Torday.
311. « Homeostasis is the natural phenomenon wherein all living things self-regulate themselves as circumstances change » (p.
57 ; en italique dans le texte original et dans la traduction française).
312. « Such homeostasis further neutralizes the effect of most mutations, making even more mutations invisible to selection » (p.
57).
313. « […] homeostasis operates at every level of biological organization […] » (p. 58).
314. « The tendency of a population to equilibrate its genetic composition and to resist sudden changes » (Oxford Reference).
315. « The limit to the amount of genetic variability available in a species, Mayr termed "genetic homeostasis." » (Richard
Milton, Shattering the myths of Darwinism, op. cit., p. 135).
316. « "Obviously," says Mayr, "any drastic improvement under selection must seriously deplete the store of genetic
variability." » (ibid.).
317. P. 77 (« […] life’s self-correcting mechanism (called homeostasis) operates on every biological level, effectively silencing
most nucleotide effects […] ; p. 73).
318. « Homeostasis is defined as the property of a system in which variables are regulated so that internal conditions remain
stable and relatively constant. […] It is a process that maintains the stability of the organism’s internal environment in
response to fluctuations in external environmental conditions. […] Homeostasis requires a sensor to detect changes in the
condition to be regulated, an effector mechanism that can vary that condition, and a negative feedback connection between
the two. […] Homeostatic processes act at the level of the cell, the tissue, and the organ, as well as at the level of the
organism as a whole, referred to as allostasis » (Torday, 2015).
319. Molecular Cell Biology (pp. 551-555).
320. « Homeostasis is a robust, dynamic, intergenerational, diachronic (across-time) mechanism for the maintenance,
perpetuation and modification of physiologic structure and function » (ibid.).
321. « […] homeostasis is the mechanistic fundament of biology […] » (ibid.).
322. « […] the scale-free universality of the homeostatic principle […] » (ibid.).
323. « […] homeostasis can act simultaneously as both a stabilizing agent and as the determining mechanism for evolutionary
change » (ibid.).
324. « It has been suggested that reduced entropy is the driving force behind evolution, a property of life that requires
homeostatic control to be sustained and perpetrated. Reducing evolution to homeostasis offers a fundamental mechanistic
insight to the origin and causal nature of this process. It is no longer random mutation and Natural Sélection, but
adaptation of the internal environment of the organism to the external environment of the physical world in service to
homeostasis » (ibid.).
325. Grâce à l’homéostasie, ce n’est pas la mutation qui est invisible, c’est la sélection naturelle qui est myope (ou aveugle).
326. Cette vision des choses me semble cohérente car si l’entropie est synonyme de désordre, au contraire, l’homéostasie, étant
stabilisatrice, peut être vue comme synonyme de "maintien de l’ordre".
6. 2. 6. 2. Complexité et entropie.
aoonin développe une théorie de l'évolution génomique non-adaptative, dans laquelle
l'évolution du génome n'est pas une adaptation, mais s'expliquerait grâce à une augmentation de
l'entropie suite à une sélection purifiante faible (weak purifying selection337) et à une dérive génétique
forte, en relation avec « des goulots d'étranglement de population » (population bottlenecks338). Cette
augmentation de l'entropie serait une « maladaptation » initialement impossible à surmonter339 – si
ce n'est par l'adaptation fonctionnelle ultérieure de séquences à l'origine neutres, permettant aux
organismes vivants de survivre à l'expansion de leur propre génome, 340 d'où une diminution de
l'entropie, variable selon les lignées.341
aoonin propose ensuite une quantification de la complexité faisant également intervenir
l'entropie. Il affirme que « l'entropie évolutive est parfaitement logique en termes biologiques : les
sites à faible entropie sont les plus conservés et, par inférence, les plus importants
fonctionnellement » 342 ; au contraire, les sites à forte entropie sont faiblement conservés, donc
relativement peu importants. Il apparaît ainsi que « les organismes qui sont habituellement considérés
comme les plus complexes (par exemple, les humains) se révèlent posséder des génomes
"entropiques", présentant une densité d'information faible, voire extrêmement faible, tandis que les
organismes que nous pensons traditionnellement comme primitifs, telles les bactéries, possèdent des
génomes "informationnels", dans lesquels l'information est plus compacte et la densité d'information
élevée »343.
such as bacteria, have "informational" genomes in which information is tightly packed and information density is high »
(ibid., p. 229 ; en italique dans le texte original).
344. En italique dans le texte original.
345. En italique dans le texte original.
346. En italique dans le texte original.
347. En italique dans le texte original.
6. 2. 8. La téléologie.
348. « […] l’environnement qui est lui-même une source de désordres que l’on connaît sous le nom d’entropie […] ».
349. Le terme "complexifier" me semble plus adéquat.
350. https://fr.wikipedia.org/wiki/Téléologie.
351. Réenchanter la Science (op. cit., p. 153 ; « Purposes relate to ends or goals or intentions, conscious or unconscious. They
link organisms to their potential futures. […] Purposes exist in a virtual realm, rather than a physical reality. They connect
organisms to ends or goals that have not yet happened; they are attractors […]. Purposes or motives are causes, but they
work by pulling towards a virtual future rather than pushing from an actual past » ; The Science Delusion, op. cit., p. 79 ;
en italique dans le texte original).
352. Alister McGrath, Les énigmes de la biologie de l’évolution.
353. Ibid.
354. Explications mécanistes et téléologiques de l’évolution de la forme (op. cit., p. 31).
355. Ibid. (p. 94).
356. Qui détient la clé de l’Univers ? (op. cit., p. 137 ; « Loosely speaking, entropy is a measure of the disorder in a system. The
more disordered, usually, the higher the entropy. Entropy is the enemy of life, and of any concept of “design” » ; War of the
worldviews, op. cit., p. 121).
357. Ibid. (p. 137 ; « […] with time, things tend to become more disordered—that is, the entropy increases. In a way this is a
reflection of the lack of purpose or guidance in physical law » ; ibid., p. 121).
358. « […] biological organisation can be […] conceived of as an intrisically teleological causal regime » (What makes
biological organisation teleological?, 2017).
359. « […] a characterisation of teleology that specifically applies to the biological domain, and therefore captures some
distinctive feature of the living organisation » (ibid.).
360. « The core argument consists in establishing a connection between organisation and teleology through the concept of self-
determination: biological organisation determines itself in the sense that the effets of its activity contribute to determine its
own conditions of existence » (ibid.).
361. « […] the conditions of existence on which the organisation exerts a causal influence can be interpreted as the goal […] of
biological organisation […] » (ibid.).
362. « […] in the case of biological systems their goal and their own existence are one and the same thing […] » (ibid.).
363. « […] self-determination […] should be specifically understood as self-constraint […] [which] takes the form of closure,
i.e. a network of mutually dependent constitutive constraints » (ibid.).
364. « […] the circularity of organisational closure rehabilitates the notion of final cause, and grounds teleology […] » (ibid.).
365. La circularité biologique : concepts et modèles (Mossio & Bich, 2014).
366. « […] living systems are teleologically organised entities whose components produce and maintain each others as well as
the whole » (What makes biological organisation teleological?, op. cit.).
367. « […] the whole organisation can be said to […] self-constrain, and therefore to self-determine […] » (ibid.).
368. « […] closure of constraints constitutes the causal regime that is distinctively at work in biological systems » (ibid.).
369. « […] supra-organismal biological systems (as symbioses or ecosystems) could realise closure, and hence be teleological »
(ibid.).
370. « […] constraints subject to closure correspond to biological functions » (ibid.).
371. « […] the ‘goal-directed’ character of organic systems » (The concept of function in modern physiology, 2014).
372. « This is a major limitation to the aetiological selectionist theories of function, which defines current function from past
selection » (ibid.).
373. « […] the selectionist theories define what a function is in exclusive reference to external causation (selective process) with
no attention paid to internal causation in relation with organizational properties » (ibid.).
374. « […] the poverty of functionalism as an explicative doctrine […] » (ibid.).
375. « […] there is no conflict between the teleological dimension of the system studied and the mechanistic explanation of its
functioning » (ibid.).
376. « […] postulating a teleological dimension of biological systems […] is scientifically acceptable and fruitful » (ibid.).
377. « Unlike the evolutionary approach, the organisational one puts more emphasis on the internal dimension of living systems
rather than on external influences, by focusing mainly on physiology » (What makes biological organisation teleological?,
op. cit.).
378. « […] the temporal scale of the evolutionary approach […] has no explanatory significance in analysing individual
organisms » (ibid.).
379. The theory of increasing autonomy in evolution: a proposal for understanding macroevolutionary innovations (2009).
380. « Nonrandom Distribution of Evolutionarily Relevant Mutations » (Is Genetic Evolution Predictable?, 2009).
381. « Evolutionarily relevant mutations tend to accumulate in hotspot genes and at specific positions within genes » (ibid.).
382. « Gene function, gene structure, and the roles of genes and gene products in genetic networks all influence whether
particular mutations will contribute to phenotypic evolution » (ibid.).
383. « […] all genes are not equal in the eyes of evolution » (ibid.).
384. « Genetic evolution is contrained by gene function, the structure of genetic networks and population biology » (ibid.).
385. « The genetic basis of phenotypic evolution thus appears to be somewhat predictable » (ibid.).
386. « […] the discovery of several universal regularities connecting genomic and molecular phenomic variables » (Are There
Laws of Genomic Evolution?, 2011).
387. « […] the observed universal regularities do not appear to be shaped by selection but rather are emergent properties of
gene ensembles » (ibid.).
388. « Compelling evidence of the non-adaptive origin of global architectural features of networks was obtained […] » (ibid.).
Régularité et prévisibilité semblent donc régner sur l’évolution génomique, des notions
liées à l’ordre, et non au désordre de l’entropie génétique. Il semble donc que la nature ait,
depuis longtemps, mis en place des mécanismes fondamentaux capables de compenser les
problèmes, en particulier ceux liés à l’entropie génétique. La généralité de cette possibilité
pourrait même être considérée comme une loi biologique, tant elle s’observe chez tous les
organismes, quels qu’ils soient.
389. « […] despite major biological differences between organisms, these quantitative regularities hold, often to a high
precision » (ibid.).
390. « […] the universals of genome evolution might qualify as "laws of evolutionary genomics" […] » (ibid.).
391. « […] "laws of evolutionary biology" comparable in status to laws of physics might be attainable » (ibid.).
392. Igor et Grichka Bogdanov, Au Commencement du Temps (2009, p. 296).
393. Ibid. (p. 13).
394. Ibid. (p. 25).
395. Ibid. (p. 37) ; voir aussi, par les mêmes auteurs, Le Code Secret de l’Univers (2015), en particulier les chapitres 25 à 28.
396. Ibid. (p. 39). Comme le précise Jean-Pierre Changeux, rappelons que « [l]’idée platonicienne de "réalités invariantes",
d’"essences" issues des mathématiques, qui composent un ordre universel, […] représente pour l’évolutionniste Ernst
Mayr un "véritable désastre" de la pensée occidentale » (Du Vrai, du Beau, du Bien, op. cit., p. 331). De façon plus
modérée, Guillaume Lecointre et ses collaborateurs considèrent que « [l]a pensée essentialiste est […] incompatible avec
tout transformisme et toute évolution » (Guide Critique de l’Évolution, op. cit., p. 27). Toutefois, au lieu de chercher à
« dépasser la pensée essentialiste », il est bien plus intéressant de remarquer qu’il existe en fait deux types d’essentialisme,
souvent confondus : l’un typologique (en relation avec le concept d’espèce) et l’autre explicatif (en relation avec le concept
de forme). L’essentialisme explicatif implique des essences en tant que structures causales qui expliquent les faits qui se
répètent (notamment des caractères ou attributs) chez les espèces vivantes. Ainsi, en donnant la priorité à l’explication
fonctionnelle d’un trait (et non à son appartenance à tel ou tel groupe taxonomique), ce type d’essentialisme est tout-à-fait
compatible avec les notions de mode de vie, d’adaptation et d’évolution (voir Explications mécanistes et téléologiques de
l’évolution de la forme, par Anda Anciu, 2019, pp. 88-90).
397. Au Commencement du Temps (op. cit., p. 43).
398. Ibid. (p. 49).
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