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1.1 Différents courants de pensées accordent des poids différents à ces facteurs
a) La perspective maturationnelle
Selon cette perspective l’environnement interviendrais dans l’apprentissage, il serait à la base des
apprentissages et du développement des comportements. La maturation quant à elle offrirait les
fondations de ce développement.
Cette perspective n’ignore pas le rôle de la maturation dans le développement de l’enfant, elle en est
la fondation, cependant, les causes majeures sont des facteurs exogènes (environnement social de
l’enfant).
c) Perspective interactionniste
Le processus d’équilibration est une théorie Piagétienne, c’est un construit hypothétique. Ce sont
des processus qui vont conduire l’enfant à changer au cours de son développement via une
autorégulation active durant laquelle l’enfant régit son propre développement grâce au processus
d’équilibration, il autorégule son comportement.
L’assimilation se fait grâce aux schèmes (schème= structure d’action, une entité abstraite/ un schéma
mental. Il est transférable et généralisable à des circonstances semblables) qui se modifieront par
accommodation.
L’environnement social joue un rôle important, son rôle est traduit par la notion de zones proximales
de développement (ZPD) qui désigne la distance entre ce que l’enfant est capable de réaliser seul et
ce qu’il est capable de faire avec l’aide adéquate d’un pair ou d’un adulte. L’adulte augmente les
potentialités de l’enfant.
Le langage joue ici un rôle prédominant dans l’acquisition et la transmission des connaissances, il est
le support de l’expérience sociale du groupe et l’outil de la pensée.
L’intelligence a un fondement biologique, elle fonctionne avec des mécanismes à l’œuvre dans les
systèmes biologiques, l’assimilation et l’accommodation. L’adaptation de l’individu à son
environnement se fait grâce à ces deux mécanismes principaux qui régissent les échanges incessants
qui s’établissent entre l’individu et son milieu.
- Schème : Entité abstraite, schéma mental qui correspond à la structure des actions. Il est
transférable et généralisable à des circonstances semblables (exemple : réflexe de succion =
schème de succion,
a) Périodes
- Représentation
mentale,
- Imitation différée.
- Dessin,
- Raisonnement intuitif.
- Explorations visuelles
et auditives,
Stade 1 : Les activités réflexes deviennent des schèmes d’action, des capacités importantes se
développent, exploration visuelle et auditives, grâce aux processus assimilation et accommodation
grâce auxquels les réflexes se transforment schème,
Stade 2 : L’enfant combine des activités réflexes, il exerce un contrôle en modifiant les schèmes
(réaction circulaire= comportement répétitif),
Stade 3 : Apparition de comportements nouveaux, réactions circulaires secondaire, les
comportements ne sont plus orientés vers l’enfant lui-même mais vers les objets extérieurs,
Stade 4 : Mise en relation entre les objets, l’enfant commence à prendre en compte les effets de ses
actions, le comportement est réalisé par rapport à un but à atteindre, c’est ici que commence à
naitre l’intelligence car il y a notion d’intentionnalité,
Stade 5 : Aspect répétitif (circulaire) l’enfant cherche de manière active les nouvelles propriétés de
l’objet,
Stade 6 : Il y a combinaison mentale des schèmes d’action, début de la pensée symbolique et
conceptuelle, l’enfant pense aux choses sans que celles-ci ne soient forcément présentent (=
représentation mentale des actions). On passe de l’action vers la pensée.
Siegler (2001)
Le développement est un processus continu d’auto-modification, l’enfant crée les conditions qui
modifient sa façon d’envisager le problème.
- Mémoire à long terme : Capacité « illimitée » de retenir des informations. La mémoire à long
terme sert à emmagasiner tous les évènements significatifs qui jalonnent notre existence,
mais aussi à retenir le sens des mots et les habiletés manuelles apprises. Sa capacité semble
illimitée et elle peut durer des jours, des mois, des années, voire toute une vie. Elle est
cependant loin d’être infaillible, elle déforme parfois les faits et sa fiabilité tend à décroitre
avec l’âge.
- Encodage : Capacité à identifier les caractéristiques les plus saillantes d’un objet ou d’une
situation afin de créer des représentations de ceux-ci. Les effets d’expériences
potentiellement utiles vont dépendre de la capacité de l’enfant à encoder les éléments
pertinents d’un objet ou d’une situation.
Le développement est caractérisé par une augmentation graduelle avec l’âge des capacités à
résoudre des problèmes avec une plus grande rapidité de traitement de l’information, un meilleur
usage des stratégies ou recours à des stratégies plus adaptées.
Selon la théorie des connaissances fondatrices les enfants viennent au monde avec un
ensemble de connaissances fondatrices (CK= core knowledge).
Dès la naissance les nourrissons auraient des capacités innées, des compétences précoces
(exemple : distinction entre êtres vivants et objets inanimés, numérosité, …).
Ces connaissances fondatrices forment des building blocks (= connaissances de base) à partir
desquelles des connaissances émergent et se complexifient sous l’effet notable du langage
(exemple : calcul mental). Ces connaissances fondatrices permettent à l’enfant de se représenter des
situations et des événement écologiquement importants et de s’y adapter. Ces connaissances
fondatrices seraient largement innées, elles feraient partie de notre héritage phylogénétique et
joueraient un rôle adaptatif de l’histoire de l’humanité.
- L’observation : Cette méthode n’est jamais libre, elle est guidée par les questions que se
pose le chercheur et est influencée par les attentes de l’observateur sur l’interprétation des
performance (exemple : effet Clever Hans). Piaget propose une méthode clinique ou
méthode critique combinant des observations et des expériences informelles
- La méthode de préférence visuelle : C’est l’idée que dès la première semaine de vie post-
natale le nourrisson oriente son regard de façon non aléatoire ce qui donne un indice de
l’activité perceptive et cognitive. Robert Fantz (1925-1981) a effectué une expérience sur
des poussins, celui-ci possède une capacité innée à utiliser les critères visuels de forme et de
taille pour distinguer les objets susceptibles d’être mangés.
L’activité des yeux est utilisée comme indicateur des capacités visuelles de l’enfant (orientation du
regard). On utilise la technique de préférence visuelle pour étudier les capacités de discrimination et
de préférences (innées mais aussi apprises).
Les résultats ont montré qu’il y avait une préférence pour les visages Humains et les stimuli
complexes. Globalement, les bébés regardent plus longtemps ces stimuli que d’autres moins
complexes.
Cette étude se fait en deux phase, une première phase de familiarisation et une seconde phase de
test.
Dans a phase de familiarisation un stimulus cible est présenté pendant un nombre prédéterminé
d’essais, l’enfant se familiarise au stimulus.
Dans la phase de test le stimulus de la phase d’habituation et un stimulus nouveau sont présentés
Les résultats démontrent une préférence pour la nouveauté, cette préférence met en avant la
capacité des enfants à discriminer.
La différence avec la méthode de familiarisation c’est qu’ici la phase d’habituation n’a pas de durée
déterminée mais un critère d’habituation spécifique à chaque enfant testé. On se base sur le fait que
la réponse de l’enfant à un stimulus donné décroit. Il y aura donc une diminution de la fréquence
d’apparition d’un comportement donné, à la suite de la présentation répétée d’une stimulation. Au
fur et à mesure des présentations d’un stimulus A la réponse du bébé à ce stimulus A décroit.
On peut mesurer le temps de fixation (= le temps que le bébé passe à regarder un stimulus qui lui est
présenté) ainsi que la mesure de la fréquence cardiaque (= au fur et à mesure de l’habituation le
rythme cardiaque diminue) ou des activités réflexes (exemple : succion non nutritive, au fur et à
mesure de l’habituation la fréquence de succion diminue).
C’est une variante du paradigme du phénomène d’habituation, en effet, il y a d’abord une phase
d’habituation suivie d’une phase de test. Ce qui est spécifique à la méthode de la transgression
des attentes est que l’évènement non familier est ici remplacé par un évènement inattendu ou
impossible.
Par exemple, lors de la phase d’habituation on fait passer un petit lapin derrière un écran, le
lapin en ressort ensuite, on fait la même chose avec un grand lapin (= évenement possible).
Dans la phase de test le chercheur fait passer un grand et un petit lapin derrière un écran coupé
mais on ne voit pas le grand lapin passer derrière cet écran coupé (= évenement impossible).
Cela a permis de mettre en évidence que les bébés ont un principe de continuité, les objets en
mouvement poursuivent leurs chemins et continuent d’exister lorsqu’ils disparaissent du champ
de vision du bébé.
Ici, on enregistre le temps de regard des bébés, s’ils regardent plus l’évènement inattendu que
l’évènement attendu alors on infère qu’ils ont repérer quelque chose d’inhabituel.
Le réflexe de succion chez le bébé est présent dès la vie fœtale avec une fonction
nutritive, exploratoire et affective. La bouche est un outil perceptif fonctionnel dès la
naissance.
Dans cette méthode on acquiert un comportement sous l’effet d’une relation entre un stimulus
de l’environnement et une réaction de l’organisme, il y a une réponse à la suite d’un processus
d’apprentissage.
Des études ont utilisé cette méthode de conditionnement classique avec des bébés, elles ont
montré qu’il était possible de faire la même chose en associant une clochette à un biberon.
La répétition des couplages entre une réponse instrumentale et un stimulus consécutif entraine une
augmentation de la probabilité d’apparition de la réponse si le stimulus est agréable (renforcement
positif) et une diminution s’il est désagréable (renforcement négatif).
Des études ont été reproduite sur des nourrissons avec le paradigme de succion non nutritive et ont
démontré une préférence pour la voix maternelle chez les nouveaux nés âgés de trois jours.
Les nouveaux nés avaient une tétine dans la bouche et leurs était présentés soit la voix de leur mère
soit celle d’une étrangère, les bébés devaient apprendre un rythme de succion associé à la voix de
leur mère et un autre à la voix de l’étrangère.
- IRM : Excellente résolution spatiale mais faible résolution temporelle, bruit important et
nécessite une immobilité du bébé
- MEG : Excellente résolution temporelle et spatiale mais coûteuse et le casque est souvent
trop grand pour les bébés
Des chercheurs ont pu observer des changements du rythme cardiaques chez des nouveaux nés de 3
à 6 mois exposés à un stimulus visuel. Quand l’enfant prête attention au stimulus présenté il y a une
décélération importante du rythme cardiaque.
L’enregistrement du rythme cardiaque peut être associé à une mesure comme la fixation du regard
au sein du paradigme d’habituation.
a) Approche transversale
On teste une seule fois plusieurs échantillons d’enfants d’âges différents pour étudier les
changements développementaux en fonction de l’âge. Cette technique est assez économique en
termes de temps mais estompe les différences interindividuelles et possède également une utilité
réduite en termes de continuité/ discontinuité des processus développementaux en fonction de
l’âge.
b) Approche longitudinale
Les chercheurs testent de manière répétée dans le temps un même groupe d’enfants à des âges
successifs. Cette approche longitudinale est un outil puissant pour évaluer les comportements des
enfants et leurs changements en fonction du temps mais elle a un coup temporel et possède un
risque de mort expérimentale, en effet, il y a un risque de perdre des participants au fur et à mesure
des passassions.
c) Approche mixte
On teste de manière répétée dans le temps plusieurs groupes d’enfants d’âges successifs
Les cinq sens sont fonctionnels dès la naissance même si leur potentiel n’est pas totalement atteint,
in utéro il y a déjà un développement cérébral, par exemple, le toucher, le goût et la vision sont déjà
développé en partie in utéro.
1. La vision
Le système visuel est immature mais opérationnel, cette immaturité a un impact sur l’acuité visuelle,
sur l’accommodation visuelle et sur la vision binoculaire.
L’acuité visuelle désigne la finesse avec laquelle les détails des objets sont perçus, cette acuité
dépend de la capacité du système visuel à distinguer les contrastes.
Courage et Adams (1990) sont les premiers à avoir effectué des travaux sur l’acuité visuelle, ils ont
travaillé avec des nouveaux nés de quatre semaines en utilisant la technique de la préférence
visuelle.
Ils ont mis les bébés devant un écran avec deux ronds, un rond gris et un rond avec une alternance
de bandes blanches et noires ayant une fréquence spatiale pouvant varier (beaucoup de bandes
blanches et noires ou non).
Cette expérience est basée sur la préférence naturelle des nourrissons pour les stimuli les plus
complexes, les stimuli avec l’alternance de blanc et de noir seront donc préférés aux stimuli gris.
Les chercheurs ont donc fait varier la fréquence spatiale des bandes noires et blanches de sorte à voir
jusqu’à quel point les enfants montraient une préférence pour ces bandes avec l’idée que si les
bébés ne montrent pas de préférence ceux-ci considèreraient que les deux stimulus (le gris et le noir
et blanc) sont les mêmes.
Le bébé a donc besoin de contraste pour percevoir les objets durant les
premières semaines/mois.
L’acuité d’un bébé d’un mois est de 30 à 40 fois moins importante que
celle d’un adulte et devient presque complète à 8 mois.
Le système visuel immature du bébé a un impact sur ses capacités d’accommodation visuelle (=
capacité à faire la mise au point sur des objets situés à différentes distance, focus).
La vision binoculaire désigne la capacité à percevoir une image unique, nette et en relief, à
partir de deux images rétiniennes distinctes. Nos yeux sont à une certaine distance l’un de
l’autre ce qui implique que ce qui est perçu par l’œil gauche ne sera pas identique à ce qui
est perçu par l’œil droit. La capacité binoculaire est donc cette intégration des deux images
rétiniennes pour en faire un percept unique.
Le test de la falaise visuelle a été utilisé pour montrer que les bébés sont capables de
percevoir la profondeur.
On met le bébé sur une table en hauteur, sur une moitié de la table un damier est positionné
en hauteur, un autre damier est positionné par terre.
Gibson et Walk, 1960 ont été les premiers à utiliser cette méthode et ont démontré
qu’entre 8 et 9 mois le bébé montre une hésitation, un évitement.
Des études ultérieures ont mis des bébés de 1 mois sur cette table
et ont démontré une décélération du rythme cardiaque sans peur
visible.
Ce test a également été utilisé pour démontrer que les nourrissons ont une capacité à
prendre en compte les états mentaux d’autrui. L’expérience a été réalisée avec des bébés
âgés de 12 mois, les chercheurs demandaient à la maman d’appeler leur bébé, l’attitude de
celui-ci (s’il se déplace ou non) dépendait de l’expression faciale de la mère (joie ou peur).
La taille des objets est invariable même si l’image rétinienne est modifiée en fonction de la
distance entre l’objet et l’observateur. Il s’agit d’un phénomène perceptif qui fait qu'un objet éloigné
est perçu plus proche de sa grandeur réelle que de sa taille projective, réduite en fonction de la
distance. Aussi, dans un environnement normal, chez l'adulte, cette constance des grandeurs se
révèle presque parfaite.
Les chercheurs ont observé une préférence pour la nouveauté ce qui démontre que les bébés ont
détecté une différence entre les deux objets.
- La vision des couleurs : La vision des couleurs est réduite chez le nouveau-né mais devient
comparable à celle des adultes vers 2-3 mois pour la distinction des couleurs primaires.
- La perception des contours subjectifs : Dans une phase de test, le bébé, s’il perçoit les
contours subjectifs du carré devrait considérer le carré comme une forme déjà vue dans la
phase d’habituation alors que le triangle serait une forme nouvelle. Ghim (1990) a démontré
que le bébé dès 3 mois, après avoir été habitué aux carrés préfère les triangles, il discrimine
donc les carrés et les triangles et donc perçoive les contours subjectifs.
- La perception de l’unité de l’objet : Kellman et Spelke , 1983, dès 4 mois les nourrissons
sont capables de traiter un objet comme un tout, de percevoir l’unité de l’objet même si
celui-ci n’est pas entièrement visible.
Les chercheurs ont voulu savoir si les bébés étaient capables de traiter le bâton comme un
tout ou s’ils ont l’impression que ce sont deux bâtons de déplaçant de part et d’autre de la
boite.
Ils ont donc utilisé le paradigme d’habituation suivi d’une phase de test pour démontrer une
préférence pour les deux bâtons après une phase d’habituation ce qui indique une
familiarisation au bâton unique durant la phase d’habituation. Le mouvement de l’objet est
important pour la perception de l’unité, si c’est la boite qui bouge et pas le bâton les
résultats ne seront pas les mêmes.
Dans une étude plus récente Simon et al., 2008, ont démontré que cette préférence pour le
mouvement biologique serait innée.
Une étude sur des bébés de 2 jours a montré qu’ils préféraient regarder des configurations de points
ressemblant à une poule qui marche (mouvement biologique) plutôt qu’un mouvement de points
aléatoires.
- La préférence précoce pour les visages : Les bébés regardent préférentiellement des visages
par rapport à d’autres stimuli visuels.
Dans une autre étude assez récente il a été montrer que cette
préférence précoce pour les visages serait observée déjà chez le
fœtus au troisième trimestre. Dans cette étude Reid et al. 2017 ont pris des femmes enceinte et ont
appliqué des stimulations lumineuses soit représentant un visage « face » soit des stimuli « no face »
sur leur ventre. Ils ont voulu démontrer dans quelle mesure la tête du bébé suivait la stimulation
lumineuse ou pas. Quand il s’agit d’un stimulus « face » les fœtus oriente leur visage vers la
stimulation.
Certaines capacités relatives au traitement des visages seraient innées, d’autres seraient acquises
avec l’expérience.
Nelson, 2001 a été un des premiers à mener des études sur la perception des visages chez le
nourrisson, il a démontré qu’à la naissance les enfants posséderaient un large potentiel de
perception et de traitement des visages. En se développant, ce système se spécialiserait, ce qui
mènerait à une réduction de ces compétences. L’enfant naitrait avec un potentiel de discrimination
infini, au fur et à mesure de son expérience avec l’environnement ce système se spécialiserait de
sorte que l’enfant devienne expert des stimulations qu’il côtoye quotidiennement au détriment de
nouvelles informations (= réduction de la fenêtre perceptive).
Effet de « l’autre espèce », Dans cette étude de Pascalis et al., 2002 il y a d’abord une phase de
familiarisation dans laquelle les chercheurs présentent à des bébés de 6 et 9 mois
toujours un même visage.
Une fois que le bébé y est habitué on lui présente, dans une phase de test côte à côte ce visage
auquel il est habitué et une autre. On observe un effet de nouveauté à la suite d’une familiarisation
avec un visage en particulier.
Si on familiarise le bébé avec un visage de singe et qu’ensuite dans une phase de test on lui présente
le visage d’un nouveau singe l’adulte n’opérera pas d’effet de nouveauté.
Cependant, les bébés de 6 mois perçoivent cette différence entre les deux singes, à 9 mois cet effet
de nouveauté disparait. Il y a donc une diminution de la compétence de discrimination entre les
membres d’une espèce qui n’est pas la nôtre.
On décrit ce phénomène par la plasticité synaptique, en effet, il y a beaucoup plus de synapses chez
un bébé que chez un adulte. Le phénomène d’élagage synaptique consiste en le fait que ces
connexions synaptiques vont disparaitre au profit de l’amélioration de l’efficacité des connexions
utilisées. Il y aura formation d’un prototype de visages auquel on est exposé quotidiennement, au fur
et à mesure de la formation de ce prototype les bébés/ adultes seront capables de discriminer les
plus petites variations de ce prototype mais plus si on le modifie trop.
L’effet de l’autre ethnie (Kelly et al., 2005), Ces chercheurs ont observé qu’à la naissance le
nouveau-né n’a pas de préférence pour les visages de son ethnie par rapport aux visages d’une
ethnie différente. C’est seulement à partir de 3 mois il a été démontré que le bébé préfère regarder
des visages de son ethnie que des visages d’une ethnie différente.
A la suite de cette étude Kelly et al., 2017 ont utilisé un paradigme d’habituation suivi d’un test de
préférence visuelle avec des bébés blancs de 3, 6 et 9 mois. Les résultats indiquent une apparition de
l’effet de l’autre ethnie à partir de 6 mois qui se complète à 9 mois.
Il y a une importance de l’expérience acquise au cours du développement mais également de
l’expérience avec l’ethnie.
Les résultats montrent que les bébés blancs élevés au milieu des blancs
préfèrent regarder les visages blancs auxquels ils sont habitués, de même
pour les Ethiopiens qui préfèrent regarder les visages noirs. Les nourrissons
d’origine éthiopienne nés en Israël eux ne montrent pas de préférence
significative.
Reconnaissance précoce du visage maternel. Le visage de la mère a un statut particulier car les
nourrissons y sont le plus familier. Walton et al., (1992) ont utilisés le paradigme de succion non
nutritive avec des bébés de quelques jours, les nouveaux nés contrôlent
l’apparition sur un écran du visage de la mère VS du visage d’une étrangère via
les mouvements de succion. Les résultats démontrent qu’ils regardent plus
longtemps le visage de leur mère.
Pascalis et al., (1995) ont reproduit cette étude avec des nouveaux nés de 72
heures en utilisant le paradigme de préférence visuelle et ont observé une
préférence pour le visage maternel sur base d’informations visuelles
uniquement, sans odeur ni voix.
Cependant, il n’y a pas de préférence si la personne porte une écharpe autour
de la tête, il y a donc une importance de la racine des cheveux et du contour
externe (importance du contraste) jusqu’à 2-3mois.
Le système auditif se développe et est fonctionnel à partir de 28 semaines. Ce cortex auditif subit
une maturation substantielle durant le troisième trimestre de la grossesse.
In utéro, le bébé entend le bruit de fonds intra-utérins qui est l’environnement acoustique particulier
composé de bruits endogènes (cardio-vasculaires, digestion) ainsi que des bruits exogènes (voix
humaine, musique) même si ceux-ci sont très atténués.
La voix de la mère est le signal acoustique le plus intense parmi ceux qui pénètrent dans le liquide
amniotique car celle-ci pénètre au travers de la trachée et via
l’extérieur.
Le bébé est capable de percevoir des sons de la parole et de discriminer les langues. Mehler et al.,
1988 ont fait entendre à des bébés des sons en Français (langue maternelle) ainsi qu’en Russe, le
taux de succion (=taux d’intérêt) était plus important pour les phrases en français, langue dans
laquelle ils avaient été baigné in-utéro.
Ces chercheurs ont également montré l’importance de la prosodie (= durée, mélodie et rythme d’une
phrase), du rythme et de l’intonation.
Pour démontrer cela les chercheurs ont filtré des phrases, y ont retiré toute l’information phonétique
de celles-ci ne laissant plus que le bruit général de ces phrases. Les bébés montrent un regain
d’intérêt lorsque la langue changeait mais pas lorsque le locuteur était différent.
Des études ont montré que les nouveaux nés étaient capables de différencier les sons de la parole.
Dans une phase d’habituation les bébés étaient entrainés à tourner la tête vers un jouet qui s’activait
sur leur droite lorsqu’ils discriminaient un changement de sons/ de phonème. Dans une phase de
test des nouveaux phonèmes sont présentés aux bébés, on regarde si le bébé tourne la tête au
changement de phonème ou non. Ici aussi il y a une réduction importante de la fenêtre perceptive,
avant l’âge d’un an les bébés sont capables de discriminer des phonèmes qui ne font pas partie du
répertoire phonémique de leur propre langue alors qu’après 1 an ils n’en sont plus capables.
Werker et Tees (1984) ont utilisé la technique du mouvement de rotation conditionné de la tête
pour étudier cette compétence précoce des nourrissons à pouvoir différencier des sons de la parole
qui sont très proches. Cette étude a été menée sur des nourrissons de 6mois afin d’évaluer leurs
capacités à discriminer des contrastes phonétiques d’une langue qui n’est pas la leur et qui ne sont
pas pertinent dans leur langue.
Cette étude a démontré que cette capacité de distinguer deux types de phonèmes est présente chez
des nourrissons de 6 mois, cette capacité décroit au cours du développement, si on contraste les
performances d’un enfant de 6 mois et d’un enfant de 8 mois cette capacité n’est plus présente.
Victoria Segura ULB 2021-2022 29
3. Le goût
Les odeurs et les saveurs passent dans le liquide amniotique et dans le sang du fœtus via le système
sanguin de la mère, il y a donc des premières expériences gustatives et olfactives in utéro. On
observe à la naissance un réflexe gusto facial, c’est une mimique instinctive qui est une conséquence
de la sensation gustative, les mimiques sont différentes en fonction des saveurs.
Les nouveaux nés réagissent aux quatre saveurs de base (= sucré, salé, acide et amère) avec des
mimiques ayant peu de variabilité interindividuelle, différents bébés auront les mêmes mimiques en
réponse à une même saveur.
Il y a une préférence précoce pour les substances sucrées, ce qui pourrait être lié à ce que la mère a
mangé quand elle était enceinte. Ce réflexe gusto facial est présent à la naissance chez les bébés et
est également observé chez les animaux.
Des études ont montré qu’il y avait discrimination de bébés de 5 jours de l’odeur de la mère/ du lait
maternel. Très tôt, les bébés ont des mimiques de satisfaction quand il y a une odeur plaisante et
fronce les sourcils quand il y a une mauvaise odeur.
5. Le toucher
Des études ont montré que très tôt les bébés avaient une succion différente selon que la tétine soit
bosselée ou lisse ce qui montre qu’ils perçoivent la différence entre les deux textures. Ils exercent
également des pressions manuelles différentes en fonction de la texture de l’objet, en fonction de si
l’objet est plutôt lisse ou granulé et réagissent aux changements de formes (prisme VS cylindre).
Des études ont montré que cette perception intermodale avait un développement très précoce, par
exemple, les nouveaux nés cherchent la source d’un son, ils regardent avec leurs yeux d’où vient la
source du son. Ils sont également plus intéressés par la poursuite visuelle d’objet bruyant que
silencieux.
On parle de transfert intermodal pour désigner plus spécifiquement des situations dans lesquelles,
une information en provenance d’une modalité sensorielle va pouvoir informer sur d’autres
modalités. Par exemple, reconnaitre visuellement un objet que l’on a seulement touché.
Le transfert intermodal désigne le fait de reconnaitre un objet présenté dans une certaine modalité
et le reconnaitre lorsqu’il est présenté dans une autre modalité.
Affirmer que les bébés seraient capables de faire ça appuierait l’idée de l’existence d’un système
précoce de représentations abstraites (amodales – ne dépend pas de la modalité de présentation)
des objets.
La mise en évidence que le bébé, de manière très précoce est capable de transfert intermodale va à
l’encontre de la conception de Piaget qui est que les conceptions mentales n’arrivent qu’à la fin de la
deuxième année de vie.
Ces études ont montré que les bébés étaient capables de faire un transfert entre l’exploration
buccale et la vision. Meltzoff et Borton (1979) ont mené une étude avec des nouveaux nés de 29
jours, ils leurs ont fait explorer avec la bouche une des deux tétines pendant 90 secondes sans qu’ils
puissent voir la tétine en question.
Ensuite, les chercheurs présentent les deux tétines. Les résultats montrent que trois quarts des
bébés regardent plus longtemps la tétine explorée oralement que l’autre tétine qui n’a pas été
explorée. Il y a donc reconnaissance de la tétine et donc capacité de transférer ce que les bébés ont
explorer buccalement à de l’information visuelle.
Ces résultats ont été répliqués avec des nouveaux nés de 13 heurs et suggèrent que les nouveaux nés
auraient une représentation amodale dans laquelle l’expérience perceptive dans une modalité
spécifique jouerait finalement un rôle assez limité.
Remarque méthodologique
Chez Metzoff il y a une préférence des bébés pour les stimuli nouveaux lorsqu’ils étaient habitués à
un autre stimulus (devenu stimulus familier) alors que chez Gentaz il est démontré que s’il n’y a pas
de phase de familiarisation ou d’habituation préalable alors le bébé préfère regarder ce qui est
familier.
La préférence peut en effet varier en fonction de la difficulté de la tâche, de la modalité utilisée et de
l’âge de l’enfant.
Généralement, quand une phase de familiarisation précède une phase de préférence visuelle les
enfants préfèrent les stimuli nouveaux mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois on observe tout de
même une préférence pour le familier.
Globalement, les chercheurs considèrent que cette différence prouve la capacité de discrimination
des bébés. Ce qui a été proposé pour observer cette différence de résultat c’est qu’il y aurait une
préférence pour le familier quand celui-ci reste nouveau c’est-à-dire quand la phase d’habituation a
été trop courte que pour que le bébé ait eu le temps de s’habituer au stimuli présenté. Dans le cas de
Meltzoff la tâche serait plus complexe car la tâche concernant les stimuli tétine serait plus
compliquée que la tâche consistant à prendre les stimuli en main.
Le concept de transfert intermodale n’est pas adapté pour parler d’appariement entre vision et
audition, il n’y a pas d’équivalent auditif à un stimuli visuel. Ici, on parlera donc plutôt d’appariement.
Les nourrissons perçoivent très tôt la synchronie temporelle entre des perceptions visuelles et
auditives et préfèrent des stimuli synchrones plutôt qu’in-synchrones.
Dans une vielle étude Elisabeth Spelke (1979) démontre que si l’on montre côte à côte un bâton qui
tape le sol et une vidéo d’un jeu de « coucou » le bébé allait regarder avec plus d’attention la vidéo
correspondant à la bande son en rythme avec le son entendu.
Dans une autre étude Dodd (1979) montre à des bébés des vidéos de berceuses chantées dont l’une
est in-synchrone, on observe que les nourrissons s’agacent assez rapidement.
La perception de la parole est intermodale, les nourrissons détectent cette synchronie temporelle
entre le son langagier émit par un adulte et le mouvement de ses lèvres, il est d’ailleurs crucial pour
l’apprentissage de la parole que le bébé détecte cette synchronie.
Des études ont montré qu’il y avait des préférences pour des match que pour des mis-match à déjà 5
mois voir 2 mois. Dans une phase de familiarisation on présente deux visages qui parlent sans sons.
Dans la phase test on présente le stimuli auditif allant avec un des deux visages, les bébés déjà à 2
mois vont regarder le visage correspondant au percept auditif entendu.
Les bébés sont également très bons détecteur d’in-shynchronie, à 4, 8 et 10 mois, à la fois dans leur
langue maternelle et dans une langue étrangère il y a perception des stimuli in-synchrones.
Des études suggèrent qu’il y aurait une perception bimodale des émotions qui serait déjà en place
chez les bébés.
Dans une de leurs étude Walker-Andrews (1982, 1986) montrent à des bébés assis sur les genoux de
leur parents deux types de vidéos :
Dans une étude du même style DeLoache et Lobue (2009) ont démontré que si l’on présentait des
vidéos d’animaux non menaçant côte à côte avec des animaux menaçant (ici serpent) avec en même
temps soit des voix apeurées soit des voix heureuses, les bébés allaient plus regarder la photo de
l’animal menaçant quand les voix étaient apeurée.
Ces autrices ont proposé que ces résultats démontrent que les bébés de 7 mois associent très jeunes
les serpents (avec lesquels ils n’ont apriori aucune expérience) à la peur (voix apeurée).
Une prédisposition innée pourrait expliquer la prévalence de la
peur des serpents.
Sur un objet s’exerce des contraintes spatio-temporelle c’est-à-dire la gravité, les notions de solidité
et d’obstruction.
La théorie Piagétienne se pose la question de comment et quand le bébé prend conscience de
l’existence des objets en tant que telle comme des choses permanente qui continuent d’exister
même s’il n’agit plus sur elles. L’idée de Piaget pour répondre à cette question était de tester la
réaction des bébés à la disparition d’un objet. L’objet a-t-il une permanence en dehors de
l’expérience immédiate que le bébé a avec celui-ci ? Piaget a donc défini des stades durant la
période sensorimotrice liée à la permanence de l’objet. Des études ultérieures ont remis en cause ce
calendrier Piagétien, la vraie permanence de l’objet n’apparaitrai qu’à la fin de la deuxième année de
vie du bébé.
Ceci part du présupposé théorique que la perception visuelle ne devient objective que lorsque les
nourrissons commencent à coordonner vision et préhension pour contrôler le mouvement des
mains, cette coordination vision – préhension démarre en général entre 3 et 5 mois.
Victoria Segura ULB 2021-2022 36
1.1 Coordination des modalités sensorielles précoces
Beaucoup d’études démontrent qu’il y a une coordination des modalités sensorielles précoces (><
Piaget), il existerait une forme d’intelligence perceptive antérieure à l’intelligence sensori-motrice.
Avant de parvenir à tendre la main pour toucher les objets qu’ils voient, les nourrissons perçoivent
des objets cohérents ayant une substance. L’idée de ces chercheurs post-Piagétien est que la
perception et la connaissance physique n’ont pas leur origine dans le développement progressif de
l’action volontaire, l’action n’est pas le seul critère. Les nourrissons sont capables de concevoir
l’existence d’objets et d’évènements invisibles, ils utilisent très précocement des représentations
mentales.
Baillargeon remet en cause l’âge auquel la permanence de l’objet émerge, d’après elle ça serait vers
4-5 mois, alors que pour Piaget c’est l’action qui a toute son importance, pour Baillargeon ce sont
plutôt les processus perceptifs.
Pour Piaget, au moment de l’acquisition de la permanence de l’objet l’enfant ne connait encore
comme cause unique que sa propre action. C’est seulement à la fin de la période sensori-motrice que
la causalité s’objective et se spatialise, les causes reconnue par l’enfant ne sont plus situées
seulement dans sa propre action mais aussi dans les objets.
Dans une étude René Baillargeon met en place un test appelé le test du pont levis sur des
nourrissons de 3 à 5 mois.
Dans la phase d’habituation on habitue l’enfant à voir des rotations complète d’un écran à 180
degrés. Dans la condition expérimentale l’expérimentatrice introduit devant le bébé un morceau de
bois derrière l’écran (l’écran sera donc bloqué par ce morceau de
bois). Dans cette phase de test il y a donc un évènement impossible
ou l’écran continue sa rotation à 180 degrés et un évènement
possible dans lequel la rotation de l’écran s’arrête au moment où
l’écran rencontre le bout de bois.
Résultats
L’équipe de Baillargeon a montré que les nourrissons regardent plus longtemps l’évènement
impossible que l’évènement possible. Dans la condition contrôle les bébés ne regardent pas plus la
rotation à 180 degrés que celle à 112 degrés. Les bébés sont donc bien surpris lorsque l’évènement
impossible se présente.
Dès 3 mois et demi les nourrissons ont une connaissance de certaines propriétés physiques des
objets (ce qui va à l’encontre des théories Piagétienne), même caché l’objet continue d’exister.
Dans ce paradigme Baillargeon cherche à mettre en évidence une permanence de l’objet plus
précoce que celle que Piaget propose.
Dans la phase d’habituation une voiture arrive sur la gauche du dispositif et continue sa trajectoire
en passant derrière l’écran.
Dans la phase de test il y a une condition avec un évènement possible et une condition avec un
évènement impossible.
A nouveau les bébés de 3 mois et demi et 6 mois regardent plus longtemps l’évènement impossible
prouvant la notion de permanence de l’objet (= connaissance du principe de solidité).
C’est l’idée que s’il y a un contact entre un objet et un autre quand on dépose un objet sur une table
celui-ci ne va pas tomber. Cependant, s’il n’y a pas de contact ou pas suffisamment celui-ci va
tomber.
Dans la phase d’habituation on familiarise les enfants à ce dispositif,
on les familiarise à deux évènements
Les bébés regardent le dispositif plus longtemps lorsque le contact partiel est de 15%. Ces résultats
suggèrent que dès 6 mois et demi les bébés sont capables de juger de la quantité de contact
nécessaire entre la boite et la plateforme pour que la boite reste stable.
Baillargeon propose que les nourrissons commenceraient avec des représentations de type « tout
ou rien » qui captureraient l’essence même des évènements physiques, ils auraient une notion de
« contact » VS « pas de contact ». Progressivement, grâce à l’expérience acquise du monde physique
des objets et des relations entre ceux-ci les bébés identifieraient des variables pertinentes pour
l’issue des évènements.
Baillargeon insiste fort sur le rôle de l’expérience des enfants avec le monde physique.
La manière dont Baillargeon propose d’interpréter cette différence de résultats entre des bébés qui
ont seulement un mois de différence est le fait que c’est justement vers 6 mois que les bébés
commencent à s’assoir seul et donc ses membres supérieurs
sont libres ce qui permet une interaction avec les objets,
l’importance de l’expérience du monde physique est liée au
développement moteur de l’enfant.
Grâce aux méthodes plus sensibles et à la multiplication des situations explorée Baillargeon a permis
de mettre en évidence que le bébé a une compréhension très riche même très jeune du monde
physique. Dès la naissance les nourrissons seraient dotés d’un mécanisme d’apprentissage spécialisé
qui va guider l’acquisition des connaissances physiqued et responsable de la constitution de
catégories d’évènements.
Le bébé va apprendre des choses sur des situations de support, de caches, de collisions, … Au départ
il y a une identification pour chacune des catégories de ce qu’elle appelle des « concepts initiaux ».
Initialement le bébé sait qu’avec support l’objet tient et sans support l’objet ne tient pas (= tout ou
rien). Petit à petit le bébé va développer cette notion de variable ou les représentations vont devenir
plus élaborées, le nourrisson fera des prédictions et des interprétations de plus en plus précises de ce
qui est par exemple des relations de support.
D’après Baillargeon l’identification de ces variables se fait principalement en réponses à des
perturbations du monde extérieur (= évènements, expériences du monde extérieur) qui vont mener
à l’amélioration de ces structures de connaissance voir à l’identification de nouvelles structures.
Il s’agit d’une position constructiviste comme celle de Piaget, la connaissance se construit petit à
petit au fur et à mesure de l’apprentissage. Certes, l’action du bébé est très importante mais il
n’empêche que les bébés auraient des représentations des objets bien plus précocement que ce que
Piaget ne l’avait indiqué dans sa théorie. Les bébés apprendraient dès leur naissance grâce à la
perception et à l’action.
Attention, il ne s’agit pas ici d’une perspective comparable à celle d’Elisabeth Spelke avec l’idée de
connaissances de bases. Pour Baillargeon, les bébés naitraient avec une capacité innée à apprendre
mais les connaissances ne seraient pas déjà là. Les bébés sont programmés pour apprendre mais ils
n’auraient pas déjà ce stock de connaissances à prédisposition.
Stahl et Feigenson, 2015 ont mené une étude sur des nourrissons de 11 mois en se demandant quel
intérêt avait la rencontre de l’enfant avec des contradictions, comment ils utiliseraient ses
informations contradictoires avec ce qu’ils savent déjà pour apprendre ?
Ils se sont demander plus précisément « Quand une observation entre en conflit avec le Core
Knowledge (CK) des nourrissons, cherchent-ils à comprendre pourquoi ? ».
Ces chercheurs ont étudié différentes situations, une situation de solidité et une situation de soutien,
ils ont contrasté deux conditions :
Stahl et Feigenson ont voulu analyser la réaction, le comportement de ces nourrissons de 11 mois
quand on leur donnait cet objet qui avait potentiellement violé leurs attentes (la petite voiture) et un
autre objet (une balle).
Les résultats montrent que les bébés ont montré une plus grande exploration de l’objet cible (la
voiture) dans la condition de violation des attentes que dans la condition qui est consistante avec
leurs attentes.
Cette préférence pour l’exploration de la voiture par rapport à la balle n’est observée que dans la
condition de violation des attentes et pas dans la condition qui est consistante avec les attentes.
1. Un comportement appelé « Banging » ou l’objet est tapé sur une surface (comportement
pertinent pour évaluer la solidité de l’objet),
2. Un comportement appelé « Dropping » qui est le fait de laisser tomber l’objet par terre
(permettant d’évaluer dans quelle mesure l’objet reste dans les airs quand on le lâche).
Les chercheurs ont vu que dans la condition de violation des attentes de solidité (= Banging) les
bébés vont plus cogner l’objet qu’ils ne le jettent par rapport aux nourrissons de la condition
consistante avec les attentes.
C’est l’inverse pour les nourrissons dans la condition de violation de support (= Dropping), les enfants
vont plus jeter l’objet par terre que le cogner contre une surface.
Cette étude permet de conclure que les enfants ayant vu ces situations de violation des attentes
testaient directement ce qu’ils venaient de voir.
Les études utilisant la méthode de transgression des attentes montrent que les nourrissons
regardent plus les évènements impossibles/ inattendus/ surprenants que les évènements possibles.
Ceci suggère que les bébés sont équipés de CK concernant les aspects fondamentaux du monde. Ces
CK serviraient de base à de nouveaux apprentissages. Dès 11 mois ces nourrissons semblent déjà
élaborer des hypothèses spécifiques pour expliquer pourquoi l’objet ne s’est pas « comporté » selon
leurs attentes.
Cette étude à étudier quels corrélats neuronaux entrent en jeux (= qu’est-ce qu’il se passe dans le
cerveau du bébé quand ils maintiennent une représentation mentale d’un objet caché) dans la
permanence de l’objet.
Dans cette étude Kaufman et al., ont utilisé la technique d’EEG dans
laquelle ils ont utilisés d’abord une phase de familiarisation dans laquelle
ont présente un évènement répété à des bébés sous forme de petites
vidéos représentant un train passant sous un tunnel.
1. Apparition attendue
2. Apparition inattendue
3. Disparition attendue
4. Disparition inattendue
Si on décompose ces signaux EEG on peut décomposer le signal EEG en différentes composantes. On
parle de différentes bandes de fréquence :
Ils ont observé une activité plus importante dans la condition de disparition inattendue que dans la
condition de disparition attendue, or, c’est dans la condition inattendue que les bébés ont une
représentation mentale du train puisqu’ils pensent que le train passe sous le tunnel, ce qui n’est pas
le cas dans la condition de disparition attendue.
Cette activité Gamma fournirait une base neurale à la permanence de l’objet, le cerveau essayant de
maintenir la représentation du train malgré la preuve visuelle contradictoire que le train n’est pas
sous le tunnel.
Cependant, ce résultat soulève une question non négligeable, plutôt que d’être liée à la
représentation mentale cette activité ne pourrait-elle pas être simplement liée à un effet de
surprise ? Si l’activité Gamma est bien liée à la représentation d’un objet non visible on devrait aussi
pouvoir observer cette activité Gamma augmentée dans un évènement de dissimilation ordinaire
(=attendu).
Les chercheurs ont donc comparé les situations d’apparition attendue VS inattendue. Si on reprend
ces deux situations ce n’est que dans la situation d’apparition attendue que les enfants ont une
représentation mentale de l’objet lorsqu’il passe sous le train.
Les chercheurs observent que si on contraste la condition d’apparition inattendue
avec condition d’apparition attendue on a bien une activité Gamma supérieure
dans la condition attendue.
Ces résultats appuient que les effets observés dans la condition disparition ne sont
pas simplement lié à la surprise mais bien directement à la représentation de
l’objet. Les chercheurs mettent en lien les résultats comportementaux observés au
niveau des temps de regard des bébés et suggèrent que l’augmentation de ceux-ci
reflèteraient un conflit entre l’input visuel et la représentation mentale de l’objet
en cours, cette représentation mentale provoquerait cette activité accrue dans la
bande de fréquence Gamma.
Les nourrissons seraient capables de se représenter mentalement les objets bien plus tôt que ne le
pensait Piaget, mais alors comment expliquer l’erreur A non-B jusqu’à 12 mois (= on cache l’objet
dans une position A, l’enfant le cherche dans cette position A, si l’adulte le cache en positon B
ultérieurement l’enfant continuera à le chercher en position A)?
Il existe un décalage entre la permanence réussie sur le plan de l’action c’est-à-dire le moment ou le
bébé va rechercher l’objet caché dans tous les endroits possibles (critère Piagétien) et la
représentation qu’à le bébé de l’existence continue d’un objet (représentation perceptive).
Selon le chercheur Olivier Houdé l’erreur A non-B serait un « faux négatif », sur base de cette erreur
A non-B on conclut à tort que l’enfant qui rate la tâche est incompétent par rapport à la notion
testée. Cependant, les bébés peuvent très bien avoir acquis la notion de permanence de l’objet tout
en étant en échec à cette tache A non-B pour d’autres raisons.
Cette erreur A non-B pourrait être due à un défaut d’inhibition motrice d’un geste préprogrammé en
raison de la maturation insuffisante du cortex préfrontal.
Les bébés font toujours le même geste vers la position A, quand l’objet est changé de position (en
position B) les bébés rencontreraient des difficultés à inhiber ce comportement prédominant qui est
d’aller chercher l’objet en position A.
Cette erreur A non-B pourrait également être liée à un défaut d’inhibition cognitive, c’est-à-dire la
difficulté à inhiber un savoir en mémoire de travail. Les bébés auraient gardé en mémoire de travail
cette représentation de l’objet en position A et auraient du mal à inhiber cette connaissance du fait
que l’objet est en A.
Ces défauts d’inhibition motrice et cognitive seraient liés à la maturation insuffisante du cortex
préfrontal.
Dans cette étude Baird et al., 2002 ont testé 12 nouveaux nés qu’ils ont suivi de
façon longitudinale toutes les quatre semaines entre l’âge de 5 et 12 mois. A 5
mois l’idée est que les bébés ne réussissent pas encore une tâche de
permanence de l’objet alors qu’à 12 mois ils la réussissent.
Dans cette tache le bébé joue avec l’objet puis celui-ci est caché toujours sous le
même cache, l’enfant est testé quatre fois. Le critère pour déterminer si le bébé
a acquis une permanence de l’objet est qu’au cours des quatre essais l’enfant
doit les quatre fois opérer un comportement de recherche.
Durant cette tâche les expérimentateurs enregistrent l’activité cérébrale à l’aide de la technique NIRS
qui mesure les changements de concentration d’hémoglobine dans les régions du cerveau sur
lesquelles sont posées des émetteurs de lumière infrarouge. Ces changements de concentration
d’hémoglobine servent d’indicateurs de l’activité cérébrale.
Les résultats peuvent être lié à l’âge, à la maturation des aires frontales ou à l’activité motrice des
bébés.
Les chercheurs ont donc refait une étude pour prouver que les résultats ne seraient pas simplement
liés à l’effet de l’âge ou à l’activité motrice du bébé. Ils ont gardé les résultats des 12 bébés et se sont
intéressé aux données de l’activité cérébrale au moment où pour la première fois ils réussissaient la
tâche. Les chercheurs observent une certaine variabilité individuelle ce qui montre qu’il n’y a pas de
lien significatif entre l’activité de changement de concentration en hémoglobine et l’âge des bébés.
Les bébés plus âgés n’ont pas plus d’activité dans ces régions préfrontales que les bébés moins âgés.
Pour ce qui concerne l’activité motrice les chercheurs ont utilisé les données des bébés en condition
pré permanente et ont comparé les bébés qui exerçaient un comportement d’atteinte de l’objet VS
ceux qui ne faisaient rien. A nouveau, on n’observe pas
de différence significative, l’effet n’est donc pas
simplement lié à l’activité motrice des enfants.
Ces données appuient l’idée du rôle de la maturation
du cortex pré frontal dans la tâche de permanence de
l’objet. L’augmentation de l’activité dans cette région
est associée à l’émergence de la capacité à maintenir
en mémoire une représentation mentale de l’objet et
non à un artéfact de l’activité motrice ou de l’âge. Il y a
une relation causale entre maturation
neurophysiologique et compétence comportementale.
Une dimension importante de la causalité est la dimension agent-patient, qui agit et qui subit. Cette
dimension a été beaucoup étudiée dans des situations de mise en mouvement par collision.
L’idée est que vers 6-7 mois les nourrissons font déjà la différence entre des évènements causaux
(effet de déclenchement d’un objet en mouvement qui entre en contact avec un objet immobile) et
non causaux (un délai est introduit entre l’arrivée du premier objet et le départ du second).
L’idée de ces études est de savoir si les bébés perçoivent les rôles des différents acteurs dans les
évènements causaux.
Leslie et Keeble, ont testé des nourrissons de 6 à 8 mois en les habituant à la relation causale ou à la
relation non causale. Dans la phase de test les nourrissons sont habitué à la séquence inverse.
Le raisonnement des auteurs est que si la relation est perçue comme causale quand la situation est
inversée cette inversion va affecter la direction spatio-temporelle ainsi que la direction causale.
Les résultats montrent que globalement dans la phase d’habituation il n’y a pas de différence
significative entre les groupes. Cependant, dans la phase de déshabituation on observe un intérêt
significativement plus important dans le groupe de relation causale que dans le groupe de relation
non causale.
Les bébés de 6 mois font donc la distinction entre agent et patient. Cette différence reflète la
perception de cette relation causale par
les enfants.
Des auteurs ont été plus loin et se sont demandé dans quelle mesure les nourrissons appliquent
cette distinction agent-patient à des objets inanimés et aux personnes (à des agents capables de se
mouvoir de manière autonome). Est-ce que l’expérience que le nourrisson a acquis de sa propre
agentivité est-elle une source de la représentation de la causalité ?
Dans cette étude les chercheurs Kosugi et al., vont utiliser une main comme stimulus. La main est la
partie du corps la plus engagée dans l’expérience que le sujet acquiert quotidiennement sur les effets
de sa propre action, le bébé interagit avec les objets en les attrapant.
La question de recherche de cette étude est est-ce que les nourrissons infèrent une cause invisible à
un objet ou à une personne en mouvement ?
Dans une première expérience les chercheurs ont utilisé comme agent un objet et dans une seconde
ils ont utilisé une personne.
EXPERIENCE 1 : OBJET
Les résultats montrent que les nourrissons du groupe habituation sont moins intéressé par la main
qui pousse la balle que par les deux autres conditions. En revanche, les bébés du groupe sans
habituations sont autant attentifs à ces
trois types d’essais test.
Dans cette seconde expérience durant la phase d’habituation la balle est remplacée par une
personne, cette personne démarre à partir du bord du cache puis entre en mouvement. A nouveau il
y a un groupe avec habituation et sans habituation.
La causalité fait partie des connaissances précoces des bébés. A 6 mois les bébés comprennent les
liens de cause à effet entre un objet agent d’une mise en mouvement et un objet stationnaire qui est
le patient.
La compréhension de ces relations causales se développe progressivement au cours de la première
année. A 10 mois les nourrissons distinguent la causalité des personnes qui sont des agents
autonomes et la causalité des objets inanimés.
La maitrise des relations causales par les nourrissons est en avance sur le calendrier Piagétien, du
moins sur le plan perceptif.
La causalité ne serait donc pas le résultat d’un développement graduel de la pensée avec ces
compréhensions de relations de causalité qui n’apparaitraient qu’à la fin de la période sensori-
motrice mais résulterait plutôt d’un processus perceptif de bas niveau qui ne nécessiterait pas de
connaissances et de facultés de raisonnement approfondis.
A l’origine, les paradigmes mesurant les temps de regard ont été développé afin d’étudier des
questions relatives aux processus sensoriels et perceptifs, pas cognitifs. Or, il n’est pas possible de
générer des stimuli identiques d’un point de vue perceptif qui ne soient pas d’un point de vue
conceptuel.
Les chercheurs doivent pouvoir écarter toute interprétation perceptible des différents temps de
regard avant de proposer des interprétations cognitives des comportements oculaires des
nourrissons. Les études comportementales ne seront sans doute jamais capables de concevoir des
conditions qui démontrent de manière non ambiguë des représentations cognitives chez les bébés.
La catégorisation est selon Vauclair une activité cognitive qui consiste à regrouper des personnes
des objets, des évènements partageant un ou plusieurs traits communs dans ce que Vauclair appelle
des classes d’équivalences.
La catégorisation permet de structurer, d’organiser de réduire la complexité et la diversité de
l’environnement physique et social du nourrisson. Elle permet également d’emmagasiner et de
restituer l’information de manière efficace. La catégorisation permet de faire des inférences lors d’un
contact avec un nouveau membre d’une catégorie, de généraliser ce qu’on sait sur un des membres
d’une catégorie à l’ensemble des membres de cette catégorie.
La catégorisation peut impliquer des niveaux cognitifs très variables allant de capacités associatives
de base (les différentes tables, les différents arbres) à des catégorisations de relation abstraites (tous
les moments de ma vie ou j’ai ressenti de l’amour).
Les objets apparaissent aux humains sous la forme d’ensembles hiérarchiquement structurés. Le type
de catégorisation que les bébés sont capables de faire vont peu à peu évoluer pour finalement se
détacher de la ressemblance physique pure afin d’évoluer vers des catégorisations plus conceptuelles
comme la fonction des objets.
L’idée est que les enfants vont détecter des corrélations entre les différents attributs, à la fois des
attributs perceptifs mais aussi au fur et à mesure des attributs non perceptifs pour les regrouper. Ces
catégorisations sont possibles avant tout type de traitement linguistique.
Une étude de Quinn et al,. a été fait avec des chats. Des nourrissons de 3-4 mois sont familiarisé
avec plusieurs images de chats différents les uns des autres, dans cette phase de familiarisation on
montre aux bébés plusieurs images d’objets faisant partie de la même catégorie au niveau de base
(des chiens ou des chats).
Durant la phase de test les chercheurs montrent un
nouvel exemplaire de cette même catégorie, on
observe que les enfants, dans un paradigme de
préférence visuel vont plus regarder l’animal d’une
autre catégorie que l’animal de la même catégorie.
Ceci vaut dans le domaine super-ordonné et global
des animaux mais également des produits
manufacturés.
Les bébés de 3-4 mois sont capables de distinguer des catégories au niveau basique ainsi qu’au
niveau super-ordonné. La formation de catégories chez les nouveau-nés est un processus flexible et
réceptif à la variabilité des caractéristiques de l’input. La capacité de catégorisation conceptuelle
commence à être présente à partir de 10-11 mois.
Dans le même ordre d’idée des nourrissons de 6 mois procèdent à une phase
de familiarisation ou sont présenté différentes conditions :
Les auteurs Grossmann et al., 2009 se sont intéressés au fait de comparer les deux expériences en
contrastant des réponses à des catégories de la même catégorie globale VS à des catégories globales
différentes.
L’expérience de Quinn et al,. montrait que quand les enfants étaient familiarisé avec des chats et
qu’ensuite on leur montrait d’autres chats ou un oiseau ceux-ci regardaient plus l’oiseau.
Une expérience plus ultérieure montre que si on présente des chats aux bébés et qu’ensuite on leur
présente soit un nouveau chat soit un chien ceux-ci regardent plus le chien. Cependant, si on leur
présente un chien et qu’ensuite on leur présente un nouveau chien ou un chat ils ne font pas la
différence entre le chat et le chien.
Ces résultats montrent que les bébés arrivent à faire une représentation catégorielle des chats et des
chiens qui exclut les oiseaux ainsi que de créer
une représentation catégorielle des chats qui
exclut les chiens mais n’arrivent pas à avoir une
représentation catégorielle des chiens qui exclut
les chats.
French et al,. se sont demandé comme est-ce que les bébés formaient ces catégories perceptives.
L’idée est que les nourrissons extraient des régularités statistiques, il existe toute sorte de
paramètres différents comme la largeur de la tête, la séparation entre les yeux, la taille des oreilles,
la largeur du nez, … pouvant être enregistré par les enfants et par les adultes.
Il y a donc une importance capitale de la d’instinctivité des exemplaires d’une catégorie pour
déterminer l’inclusion dans une catégorie. Plus les items sont distincts dans une catégorie plus on
aura tendance à inclure des nouveaux items dans cette catégorie peu importe qu’ils en fassent partie
ou non.
French et al,. proposent que les processus de catégorisation perceptive du nourrisson reflèteraient
l’internalisation des co-occurrences statistiques de l’environnement (l’enfant scannerait en
permanence son environnement) par un système de mémoire associative non supervisé amenant à
la formation de prototype.
Ils observent que les bébés dès 3 mois sont capables d’extraire ces informations statiques et
dynamiques et de les utiliser pour catégoriser des stimuli. Les résultats montrent que les bébés ayant
participé à la condition statique comme ceux ayant participé à la condition dynamique montrent une
préférence pour la nouveauté, pour les stimulus d’une nouvelle catégorie par rapport à un item
nouveau d’une catégorie à laquelle ils ont été familiarisé.
Ces résultats démontrent qu’à 3 mois les bébés catégorisent déjà les animaux et véhicules sur base
d’informations statiques et dynamiques. L’extraction de ces régularités, d’un prototype est donc
automatique et aurait lieu pour toute expérience visuelle statique et dynamique. Un moyen de faire
une catégorie perceptive des voitures VS des animaux est que le mouvement de ces stimuli montrent
est complètement différent.
Les résultats montrent qu’à 6 mois les nourrissons ne sont pas capables de transférer l’information
relative à l’appartenance catégorielle.
Cette flexibilité suggère que la capacité à catégoriser s’affranchit des informations uniquement
perceptives pour devenir conceptuelle, pourquoi ? Les nourrissons auraient une sensibilité
particulière au stimuli dynamiques, ils auraient donc plus facilement extrait les régularités des stimuli
dynamiques qu’ils transfèreraient à des stimuli statiques.
Les nourrissons de 7 à 11 mois distinguent des catégories au niveau super ordonné peu importe le
degré de similarité perceptive entre les catégories mais pas au niveau de base dans la catégorie des
animaux. La catégorisation conceptuelle se fait seulement au niveau
super-ordonné.
Les chercheurs ont aussi contrasté des oiseaux avec des avions, ces deux
items sont très similaires perceptivement. On observe que si on
familiarise le bébé avec des oiseaux et qu’en phase de test on leur
présente un nouvel oiseau ou un avion ils préfèreront l’avion.
Ces résultats appuyent l’idée qu’il y aurait déjà vers 7-11 mois des
capacités de catégorisation conceptuelle.
Un autre résultat intéressant est que les nourrissons distinguent les
catégories au niveau super ordonné mais pas au niveau de base dans la
catégorie des animaux, ils perçoivent et voient la différence mais ne
savent pas en quoi ces deux items sont différents du point de vue
conceptuel.
2. Condition inter-catégorie (de niveau basique) : Présentation d’un élément de l’autre catégorie
Le but était de voir quel était le rôle de cette similarité perceptive dans la formation de catégorie au
niveau basique sur des enfants de 10 et 13 mois.
Les résultats ont montré que les bébé 10 mois et 13 mois font une catégorisation au niveau super
ordonné.
La catégorie au niveau basique dépendrait de la similarité perceptive chez le bébé de 10 mois mais
pas chez les bébés de 13 mois. Il y a formation d’une catégorie exclusive quand les enfants ont été
familiarisé avec un set d’exemplaire à la variabilité perceptive faible (chez les bébés de 10 mois) mais
formation d’une catégorie inclusive quand les bébés ont été familiarisé à 10 mois avec un set
d’exemplaires à haute variabilité perceptive.
Les enfants se déshabituent donc quand on leur présente un item en dehors de la catégorie à
laquelle ils ont été familiarisé, ils vont plus jouer avec l’item d’une nouvelle catégorie seulement
quand les items étaient assez similaires et pas quand les items étaient variables.
Cela montre qu’à 10 mois, quand les bébés sont familiarisés à des items de même catégories
variables et qu’on leurs présente un item d’une autre catégorie ils ne vont pas s’y intéresser car ils
ont créé une catégorie qui inclus des items de l’autre catégorie.
Cependant, à 13 mois, il y a formation d’une catégorie exclusive peu importe la variabilité perceptive
des exemplaires, peu importe s’ils ont été familiarisés à des exemplaires très différents ou très
similaires les uns des autres.
Les potentiels stationnaires permettent de voir si les bébés font oui ou non des catégories.
Dans cette étude il n’y a pas de phase de familiarisation ce qui implique que les bébés ont moins de
capacités de catégorisation online.
Ces potentiels évoqués stationnaire sont étudiés dans des paradigmes qui utilisent des stimulations
visuelles périodique rapide, le paradigme de oddball (= Présentation d’un stimulus visuel a un rythme
fixe et rapide provoquant des potentiels évoqués stationnaire enregistrés en EEG).
Ces potentiels évoqués stationnaires (PES) ont la même fréquence fondamentale que le stimulus qui
les entraine. Quand on présente des stimuli à un rythme fixe cela génère une réponse EEG
périodique, cette réponse est principalement enregistrée dans les aires visuelles exactement à la
même fréquence que la fréquence de présentation des stimuli.
Ces potentiels évoqués stationnaires sont utilisés dans un paradigme odball périodique rapide avec
des stimuli standard (de base, les plus fréquent) et des stimuli odball (présenté de manière moins
fréquente). L’idée est de voir si le cerveau arrive à faire la différence entre les stimuli standard
présenté de manière fréquente et les stimuli odball présenté de manière non fréquente.
Les chercheurs présentent des stimuli qui vont différer sur une dimension d’intérêt, ces stimuli vont
être présenté dans la même séquence périodique mais à deux périodicités différentes.
Si le cerveau fait la différence entre les stimuli de base et les stimuli odball il va détecter deux
périodicités et donc générer deux réponses périodiques.
Une réponse à la fréquence odball reflète directement la discrimination visuelle entre les stimuli de
base et les stimuli oddball. Si le cerveau ne fait pas la différence entre les stimuli de base et les
stimuli oddball il produira une seule réponse périodique.
1. Peut-on observer des réponses aux serpents dans le cerveau des nourrissons qui n’en ont ni
expérience ni connaissance ?
2. Un simple coup d’œil à des images de serpents est-il suffisant pour discriminer les serpents
de d’autres espèces animales ?
3. Le cerveau du bébé est-il capable de généraliser aux traves d’exemplaires de serpents
différents (= catégorisation) ?
4. Cette réponse est-elle spécifique aux serpents ou le cerveau est-il déjà capable de
catégoriser d’autres espèces animales ?
5. Qu’en est-il des grenouilles (qui ont la particularité d’avoir le même type de couleur et de
texture que les serpent) et des chenilles (sa forme est déterminée comme le serpent) ?
Les résultats montrent que quand on présente des stimuli grenouille et serpent une réponse
cérébrale est localisée dans la région occipitale, dans les deux cas le cerveau réagit à la stimulation.
Dans les deux cas, le cerveau des bébés répond aux stimuli mais l’amplitude de la réponse aux stimuli
serpent est bien plus importante. Les serpents et les grenouilles génèrent des réponses périodiques
dans la région postérieure du cerveau du nourrissons qui diffèrent en termes d’amplitude.
Les résultats ont montré une réponse importante à 6 Hertz dans les régions postérieures. A 1.2 Hertz
(fréquence de présentation des visages) les réponses sont massives, ces réponses sont trouvées dans
les régions temporo-pariétales droite. Le gyrus fusiforme dans le lobe temporal serait la zone
spécialisée dans le traitement des visages. On observe que déjà à 6 mois le cerveau génère une
réponse spécifique aux visages et les généralisent à tous les visages présentés.
Le cerveau des nourrissons génère une réponse spécifique aux visages quand ils sont présentés
parmi des stimuli d’autres catégories variées. Cette réponse est générée de manière périodique,
c’est-à-dire pour tous les visages présentés dans la séquence (= généralisation). Cette réponse est
latéralisée à droite (typique du cerveau adulte).
Une étude s’est intéressée à l’influence de l’odeur maternelle dans la catégorisation des visages.
Généralement, la fonction de catégorisation visuelle est étudiée dans une perspective exclusivement
visuelle (mono sensoriel), pourtant ici, l’idée de ces chercheurs est de se dire que le développement
précoce de ces capacités visuelles est régi par des input multi sensoriel.
Le système olfactif pourrait supporter le système visuel étant largement immature dans les premiers
mois de la vie en lui fournissant une certaine familiarité dans un environnement visuel qui change
très rapidement.
Dans une étude de préférence visuelle ou on expose des bébés à un visage humain ou à une voiture
on voit que le bébé préfère regarder le visage plutôt que la voiture.
1.4.2 La catégorisation des visages Humains est-elle influencée par l’odeur de la mère ?
Dans cette étude, les auteurs ont utilisé les mêmes objets comme stimuli de base mais ont remplacé
les visages par des voitures. Ici aussi l’enfant portait soit le t-shirt de sa mère soit un t-shirt contrôle.
Les résultats montrent une réponse aux stimuli individuel à 6 Hertz ainsi qu’une réponse spécifique
aux voitures au niveau occipital. Cependant, ni la réponse à 6 Hertz ni celle à 1Hz ne seraient
modulée par l’odeur maternelle, l’odeur maternelle aurait donc un effet spécifique sur la
catégorisation des visages.
Ces études ayant utilisés des potentiels évoqués stationnaires ont permis de montrer que le cerveau
du nourrisson était capable d’une catégorisation rapide d’exemplaires variés (capacité de
discrimination et de généralisation). Le cerveau du bébé catégorise des stimuli familier (visages) et
non familier (voitures, grenouilles, serpents, …) même sans phase de familiarisation on ne peut pas
exclure l’effet de l’apprentissage online.
Les résultats ont montré que si on remplace les stimuli visages par des stimuli facelike on observe des
réponses à ces stimuli facelike déjà chez les bébés de 4 mois ce qui appuie qu’il y aurait une
détection de traits spécifiques chez les nourrissons.
Cet effet serait accru en présence d’odeur maternelle. L’influence de l’odeur maternelle sur
l’amplitude de la réponse à ces stimuli facelike est particulièrement importante quand il n’y a pas de
trace de catégorisation dans la condition d’odeur base line.