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et matériels
Évaluer un bégaiement
Orthophonie
– Enfants
– Adolescents
– Adultes
tests
et matériels
Évaluer un bégaiement
et son impact dans la vie d’une
personne bègue et de son entourage
De Boeck-Solal
4, rue de la Michodière
75002 Paris
Tél. : 01.72.36.41.60
Imprimé en Belgique
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : février 2016
ISBN : 978-2-35327-320-1
Sommaire
Introduction ....................................................................................... 1
III
ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
IV
SOMMAIRE
V
ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
VI
Avertissement
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Vous pourrez alors télécharger les questionnaires
permettant d’évaluer le bégaiement présentés
dans cet ouvrage.
VII
Introduction
• le chapitre 5 sur le thérapeute examinateur qui propose une série de réflexions sur
les qualités de l’examinateur, la rencontre, la mise en pratique de l’examen, la notion
d’efficacité et les outils de la relation.
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
Une annexe offre un « carnet de bord » destiné aux adultes, aux adolescents, aux enfants qui
bégaient ainsi qu’à leurs parents, pour les aider à cheminer dans leur thérapie à partir de
documents concrets à remplir régulièrement afin de les encourager à persévérer dans leur
conquête d’une parole libérée.
Cette réalisation est le fruit d’une étroite collaboration aussi amicale qu’efficace.
Ensemble, nous pensons avoir harmonisé la pratique d’un bilan du bégaiement en tenant
compte de sa complexité et de ses diverses facettes. Cet ouvrage se présente comme un outil
complet mais modulable selon les objectifs de l’examinateur.
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Chapitre 1
Évaluer un bégaiement
1. Établir un bilan
Évaluer, c’est apprécier, fixer la valeur, le prix, l’importance d’une chose.
Un bilan se définit comme une balance de l’actif et du passif, le résultat positif ou négatif d’un
événement.
Évaluer un bégaiement, c’est en établir un bilan, un acte à la fois simple et difficile. Simple
car il semble aisé, même pour un profane, de repérer une personne qui bégaie, voire de l’imi-
ter. Il s’agit souvent d’une caricature faite de répétitions : be… be… be…
C’est aussi un acte difficile ou complexe car il y a autant de formes de bégaiements qu’il y a de
personnes qui bégaient. Le bégaiement se manifeste sous de multiples aspects : répétitions,
blocages, pauses intempestives, prolongations, mouvements associés de diverses parties du
corps, fuite du regard, etc.
De plus, qui dit bégaiement dit personne qui bégaie. Ici encore, chacun vit son bégaiement
à sa façon, que ce soit un tout jeune enfant, un adolescent ou un adulte. Enfin, la personne
bègue ne vit pas seule. Son bégaiement se façonne et fluctue dès ses premières manifesta-
tions, selon l’entourage familial, scolaire, social, professionnel et les réactions positives ou
négatives que le bégaiement engendre ou suscite.
2. Qu’évalue-t-on ?
La gravité du bégaiement est une notion complexe ; se mesure-t-elle par la fréquence des
bégayages ou par le degré des réactions qu’ils provoquent (Irwin et Simon, 2009) ?
L’exemple suivant est révélateur. Trois hommes bavardent dans un bar :
« Tom – Je bbbégaie. Quand je vvvais prendre un verre, cela me ppprend plus de
tttemps pour commander une bbbière.
Dick – Je bbbégaie. Je commande un scotch parce que je ne peux pas dire bbbière.
Harry – Je bbbégaie. C’est gênant, frustrant. Aussi je sors rarement. J’évite les
contacts. »
Que faut-il prendre en compte ?
• la parole bégayante entendue par l’interlocuteur mais qui ne gêne pas Tom ?
• la parole bégayante que l’interlocuteur entend à peine parce que Dick la dissimule en
commandant autre chose, ce qui lui cause un inconfort personnel ?
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
• la parole bégayante que le locuteur n’entend pas parce que Harry évite de parler et fuit
tout contact ?
• les résultats se synthétisent sous la forme de profils objectifs et subjectifs, ce qui permet
une analyse comparative ;
• le bilan doit être réalisable avec des populations très variées, ce qui suppose un
vocabulaire simple, des échelles et questionnaires faciles à remplir, un nombre de
questions réduites pour éviter la lassitude.
Concernant le contenu, les épreuves sont choisies minutieusement selon des critères précis
indiqués dans le bilan. Certaines ont été étalonnées sur une population fluente.
Les questionnaires ont fait l’objet d’une étude préliminaire pour tester leur fiabilité. Les IHB
adultes et adolescents ont été normés statistiquement.
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évaluer un bégaiement
4. Intérêt du bilan
L’intérêt du bilan est de fournir un document clinique récent, homogène, fiable et facile à
l’emploi.
Les épreuves peuvent être scindées selon les objectifs du clinicien. Le bilan présente un état
des lieux de départ qui sert de référence pour évaluer l’évolution de la personne bègue s’agis-
sant de sa fluence et de ses rapports avec son bégaiement.
Son aspect cadré mais souple favorise les échanges et rassure la personne bègue qui se sent
engagée dans une démarche globale constructive ayant du sens.
Conçu comme un dialogue constant, le bilan ouvre la voie à la compréhension du bégaiement,
première étape d’une remédiation. Il s’agit d’évaluer pour comprendre, comprendre pour
agir, agir pour recadrer le bégaiement.
5. Limites du bilan
Comme tout bilan, les épreuves choisies ne reflètent qu’une partie de la réalité d’un bégaie-
ment. Il est difficile, voire quasiment impossible, de plonger la personne bègue dans les
situations qu’elle doit affronter quotidiennement. Néanmoins, la variété des épreuves, l’adé-
quation des questionnaires, les occasions de s’exprimer sont suffisamment nombreuses pour
prétendre que cet outil adapté aux enfants, aux adolescents, aux parents et aux adultes
apporte un plus au travail du clinicien.
Références
Estienne F. (2011). Évaluer un bégaiement : un dialogue constructif. Un outil complet avec
un index du handicap du bégaiement normé. Paris : Solal.
Estienne F. (2012). Examiner un bégaiement. Outils d’évaluation enfants, adolescents,
parents. Paris : Solal.
Irwin M., Simon A. M. (2009). Le syndrome de la parole bégayée. Plaidoyer pour une nouvelle
définition. Ortho Magazine, 80, janvier-février, p. 20.
Monfrais-Pfauwadel M. C. (2014). Bégaiement, bégaiements. Un manuel clinique et thérapeu-
tique. Paris : De Boeck-Solal.
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Chapitre 2
1. Introduction
Cet outil se présente sous la forme d’un dialogue entre l’enfant ou l’adolescent, ses parents et
l’examinateur autour du bégaiement.
Examiner le bégaiement chez tel enfant ou tel adolescent, c’est partir des connaissances et
des représentations de chacun en émettant le principe que connaître tel ou tel type de bégaie-
ment, c’est pouvoir le décrire, l’évaluer dans ses manifestations, exprimer comment chacun
le vit et le gère en fonction de son vécu, de ses émotions et son système de valeurs.
À l’issue du bilan, le bégaiement doit avoir perdu son caractère tabou pour ouvrir des pistes
de remédiation.
Le bilan présente une évaluation descriptive destinée à l’examinateur et une évaluation sub-
jective proposée aux parents, à l’enfant et à l’adolescent.
L’outil est exploitable à partir de l’âge de 3 ans plus ou moins, en l’adaptant à chaque âge,
notamment en ce qui concerne les épreuves langagières. Celles-ci se composent d’une version
destinée aux enfants de 5 à 10 ans et une version adaptée à une population de 11 à 16 ans.
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
2.2. Anamnèse
On pose plusieurs questions pour orienter l’anamnèse mais on laisse surtout les parents
s’exprimer.
Si les deux parents sont présents, on veille à donner la parole à chacun.
Si l’enfant est présent, on s’adresse régulièrement à lui, particulièrement s’il s’agit d’un ado-
lescent, surtout afin de vérifier les dires des parents dans le vécu personnel de l’enfant.
Les questions à poser portent sur :
• la composition de la famille ;
• les langues parlées à l’enfant et autour de l’enfant ;
• le développement de l’enfant aux niveaux moteur, langagier, social ;
• ses antécédents médicaux ;
• son histoire scolaire ;
• l’apparition et l’histoire du bégaiement ;
• l’existence éventuelle de personnes bègues dans la famille.
On sera particulièrement attentif au fait de questionner les parents sur le développement
du langage et les langues parlées à l’enfant et par l’enfant. S’il y a bi- ou plurilinguisme, on
notera comment ils se présentent, quelle est la langue maternelle, la langue la plus parlée
par le milieu, par l’enfant, la langue qu’il maîtrise le mieux et celle qu’il préfère, les raisons
de ce bi- ou plurilinguisme.
Concernant le bégaiement, on oriente l’interview autour des questions suivantes :
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pratique du bilan chez les enfants, les adolescents et les parents
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
En filigrane, on observe :
3. Bilan
3.1. Préliminaires
L’analyse du bégaiement d’un enfant ou d’un adolescent se réalise à partir des échantillons
prélevés au cours de la séance. Ce relevé peut être (et est souvent) biaisé car il ne reflète pas
nécessairement le vécu quotidien auquel l’enfant est confronté. L’enfant doit faire face à de
nombreuses personnes, il doit prendre la parole à des fins très diverses et sous des modali-
tés qu’il est difficile à reproduire dans l’antre protégée d’un cabinet de consultation. Relever
un échantillon de langage spontané n’est pas évident face à un enfant ou un adolescent peu
bavard. Que de fois n’entend-on pas les parents dire « c’est étonnant, ici il ne bégaie pas ».
Même constat du côté de l’examinateur qui voit parfois se dérouler une heure d’entretien,
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pratique du bilan chez les enfants, les adolescents et les parents
d’activités diverses, sans entendre ou voir le moindre accroc. Dans ce cas, on ne dira jamais
au grand jamais « votre enfant ne bégaie pas ». On essaie de comprendre ce qui fait la diffé-
rence en dialoguant avec les parents, l’enfant et l’adolescent.
3.3. Description
Le bilan répond aux points suivants :
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
un récit à partir d’une série d’images qui présentent une suite logique peut être considéré
comme une activité complexe, ce qui risque d’augmenter le nombre d’accrocs. Résumer l’his-
toire en regardant l’examinateur peut s’avérer encore plus difficile. Le fait de répondre à des
questions de la vie courante propose une situation de dialogue proche d’une situation quoti-
dienne. Lire deux fois en suivant le même texte permet de vérifier si la deuxième lecture est
plus fluente (adaptation) ou plus bégayée (augmentation du stress ou identique à la première
prestation). Le texte à lire se veut un texte « naturel », sans présentation d’un ordre de dif-
ficulté (choix des mots, longueur des phrases). Nous voulons simplement analyser la façon
dont se réalise la lecture d’un texte à lire deux fois consécutivement.
Les épreuves langagières sont proposées selon deux modalités. Elles couvrent les âges de
plus ou moins 5 à 10 ans et de 11 à 16 ans.
La difficulté est de présenter un matériel qui convienne à une large tranche d’âge, d’où la
nécessité des deux versions qui se différencient par l’adaptation des supports picturaux.
Le bilan est enregistré pour que l’on puisse analyser le nombre de mots accrochés par rap-
port au nombre de mots dits, notamment pour les épreuves de récit, de questions.
L’enregistrement permet une analyse plus fine du type d’accroc, etc.
À défaut d’enregistrement, on procède à une évaluation approximative selon la cotation de
1 à 4, qui exprime un état satisfaisant (1) à très perturbé (4).
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épreuves langagières pour les 5-10 ans
1. Prénoms
Dire son prénom.
Dire quatre autres prénoms.
Nombre de mots accrochés : /5
( %)
2. Séries automatiques
Compter de 1 à 11. /11 ( %)
Énoncer les jours de la semaine. /7
( %)
Énoncer les mois. /12 ( %)
Nombre total de mots accrochés : /30 ( %)
3. Répétitions
L’enfant répète (une fois) les mots suivants :
• mots :
––cheval ;
––avion ;
––banane ;
––chocolat ;
––éléphant ;
• mots phonétiquement voisins :
––bonbon ;
––poupée ;
––cacao ;
––saucisson ;
––tartine.
Nombre de mots accrochés : /10 ( %)
Phrases – articulations voisines (on compte le nombre de mots accrochés) :
––Un petit panier plein de pommes pelées ; /7
––Un vent violent fait voler les volets ; /7
––Camille croque des cacahuètes et des croquettes ; /7
––Ta tante te tartine une tartine pleine de confiture ; /9
––Bébé boit un bon biberon. /5
Nombre de mots accrochées : /35 ( %)
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
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épreuves langagières pour les 5-10 ans
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ÉVALUER UN BÉGAIEMENT
1. Noms et prénoms
Nom.
Prénom personnel.
Prénoms de frère, sœur, ami.
Date de naissance.
Nombre de mots accrochés/nombre de mots dits : / ( %)
2. Séries automatiques
Compter de 1 à 21 (21).
Jours de la semaine (7).
Mois de l’année (12).
Total des mots accrochés : /40 ( %)
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épreuves langagières pour les adolescents de 11 à 16 ans
XXTempo rapide
On représente la planche d’images et on demande de dire les mots le plus vite
possible. On suscite la vitesse en pointant du doigt chaque image. On note le
recours à l’article ou non.
Nombre de mots accrochés : /20 ( %)
Total accrocs dénominations : /40 ( %)
8. Lecture (2)
On fait relire le texte une deuxième fois.
Nombre de mots accrochés : /146 ( %)
Total des accrocs pour lectures 1 et 2 : /292 ( %)
9. Résumé
On demande :
––quel est le titre de ce texte ?
––de quoi parle-t-il ?
L’objectif est de vérifier si la compréhension n’est pas entravée par le fait
de bégayer, qui peut provoquer une surcharge cognitive.
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Évaluer un bégaiement
et son impact dans la vie d’une personne
bègue et de son entourage
Françoise Estienne et Henny Bijleveld ont réuni ici des outils complets et adaptés aux
différents âges des patients (enfant, adolescent ou adulte) afin que l’orthophoniste puisse :
• réfléchir, avec le patient et son entourage, à la signification du bégaiement ;
• évaluer les disfluences de la personne bègue selon la complexité de la tâche ;
•d
éterminer la gravité des retentissements physiques, fonctionnels et émotionnels
du bégaiement ;
• suivre l’évolution des disfluences ;
• trouver des pistes de remédiation.
Issu d’une longue expérience clinique, ce matériel contient des exercices avec des n iveaux
de difficulté variés, des fiches en couleurs à manipuler avec les patients et des graphiques
synthétisant les résultats obtenus pour chaque épreuve langagière.
Les auteurs :
Françoise Estienne est philologue et logopède. Elle est professeur à l’université
catholique de Louvain.
Henny Bijleveld est professeur en neurolinguistique à l’université libre de Bruxelles.
Elles ont toutes deux une longue pratique clinique des bégaiements. Fondatrices
de l’APB Belgique (Association Parole Bégaiement), elles font également partie
du Comité Scientifique de l’APB France.
Publics :
Orthophonistes et logopèdes
www.deboecksuperieur.com
ISBN : 978-2-35327-320-1
9 782353 273201
EVBEGIM