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aux psychothérapies
humanistes
Alfonso Santarpia
2e édition
© Dunod, 2020
11 rue Paul Bert – 92240 Malakoff
ISBN 978-2-10-080130-5
Introduction
Le style du thérapeute et sa capacité d’être en contact avec les potentialités créa-
tives du patient sont les conditions nécessaires d’un parcours en psychothérapie
qui améliore la qualité de vie de l’être en souffrance. La présence chaleureuse du
thérapeute et sa flexibilité interprétative devant la nudité ou l’indicibilité de nos
souffrances semblent aujourd’hui les éléments essentiels d’une rencontre significa-
tive et efficiente. Une vaste littérature s’oriente vers ces conclusions1 et définit les
attitudes d’un style thérapeutique facilitant l’émergence d’un dialogue transformatif
(Lecomte et al., 2004, p. 89) ;
• la sensibilité aux caractéristiques du patient ;
• la flexibilité dans le choix des interventions ;
• la compétence d’intervenir sans induire un processus de résistance ;
• la finesse de savoir suivre les styles d’adaptation du patient ;
• l’habilité à construire une alliance thérapeutique ;
• la sensibilité affective propre à favoriser un attachement sécurisant ;
• la capacité à réguler des relations émotionnellement intenses et variables
comportant des tensions et des ruptures ;
• la réceptivité favorisant non seulement des réponses empathiques, mais encore
des réponses d’acceptation chaleureuse authentique ;
• la maîtrise et l’application pertinente de techniques adaptées aux besoins du
patient.
Les recherches récentes concernant l’efficacité de l’approche humaniste (Angus,
Watson, Elliott, Schneider et Timulak, 2015 ; Zech, 2008 ; Elliott, 2002 ; Elliott et al.,
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2013 ; Drouin, 2008) valorisent les positions révolutionnaires de Carl Rogers, et les
apports traditionnels de l’existentialisme et de la phénoménologie. La méta-analyse
d’Elliott (2002) parvenait aux conclusions suivantes : dans les études comparatives
avec des groupes randomisés, les clients en thérapie humaniste démontrent un
1. Blanchet, 2007, 2016 ; Blatt, Sanislow, Zuroff et Pilkonis, 1996 ; Crits-Christoph et al., 1991 ;
Halkides, 1958 ; Heiner, 1950 ; Lecomte, Savard, Drouin et Guillon, 2004 ; Luborsky, McLellan,
Diguer, Woody et Seligman, 1997 ; Luborsky et al., 1997 ; Mörtl et Von Wietersheim, 2008 ;
Salvatore, 2011 ; Salvatore et Valsiner, 2010 ; Salvatore et Venuleo, 2013 ; Seeman, 1954 ;
Wampold, 2001 ; Wampold et Browng, 2005 ; Whitehorn et Betz, 1954.
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changement aussi important que les clients suivis dans d’autres approches y compris
les approches cognitivo-comportementales (Drouin, 2008). Les thérapies huma-
nistes sont efficaces dans l’aide des clients en détresse, et ce pour une vaste sélection
de troubles mentaux allant de la dépression à l’anxiété, en passant par les problèmes
d’ajustement et les problèmes interpersonnels (Elliott, 2002 ; Drouin, 2008).
L’ample littérature scientifique actuelle sur une psychologie centrée sur les sensa-
tions corporelle (Gallese et Lakoff, 2005 ; Gibbs, 2006 ; Kirkebøen, 2001 ; Lakoff et
Johnson, 1999) et sur la cognition incarnée (embodied cognition) représente en
outre un argument fort en faveur d’une clinique humaniste traditionnellement
ancrée sur le rôle décisif de la motricité, des sensations, et des émotions dans la
construction d’une harmonie/disharmonie de la singularité et de l’intersubjectivité.
La psychothérapie humaniste met au centre de son investigation les éléments
suivants :
• l’auto-conscience dans son attitude naturelle à l’auto-régulation et au
développement ;
• le ressenti émotionnel et la capacité créative de donner un sens aux expériences
dans toute leur complexité, incluant les forces irrationnelles et destructives de
l’humain ;
• la spiritualité et les expériences de conscience modifiée.
Nous pouvons ajouter à ces thématiques : les valeurs, la liberté, la responsabilité
de l’humain, la narration de l’expérience en première personne, la recherche du
positif et de la beauté esthétique dans la vie et dans les arts.
Le projet de cette nouvelle édition consiste à préciser les principes philosophiques
fondateurs et les techniques thérapeutiques (discursives et psychocorporelles) des
approches humanistes (Schneider, Pierson et Bugental, 2015 ; Schneider 2008 ; Cain
et Seeman, 2002 ; DeRobertis, 2016). De plus, cette nouvelle édition présente un
nouveau chapitre, le chapitre 8, visant à décrire les pratiques cliniques d’orientation
humaniste à travers des vignettes cliniques (nommées « cas cliniques »).
Cet ouvrage est ainsi organisé en huit chapitres.
• Le premier est consacré aux origines de la psychothérapie humaniste avec un
développement particulier sur les travaux de Rogers et de Maslow. Il est destiné à
préciser les notions de « tendance actualisante » et de « congruence » à la lumière
des apports plus contemporains.
• Le deuxième présente le débat interne à la psychothérapie humaniste qui s’éta-
blit entre deux visions contradictoires : l’une est positive ; l’autre est tragique
et voit l’humain « pris » dans des conflits existentiels (la mort/l’immortalité, la
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Remerciements
Le livre est dédié à la mémoire de mio padre Giuseppe, disparu récemment.
Je tiens à remercier ma famille pour son soutien et son amour : Isaia ma mère,
Giulietta et Gennarino, Edoardo, Antonella, Giorgia, Alice, Saverio, Elena, i miei
nonni, Gennaro et Elia, Giulia et Alfonso ; et mes amis de toujours : Guglielmo,
Salvatore, Alessio, Angelo, Domenico et Alberto.
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Remerciements scientifiques
D’abord, et avant tout, j’exprime ma gratitude à Alain Blanchet, mon directeur
de thèse en 2007, respectueux de ma liberté intellectuelle : je me suis nourri de ses
travaux et il m’a permis de prendre ma route, une route toute à moi à la découverte
des énigmes des « processus d’influences ».
Je pense ensuite fortement à Riccardo Venturini, mon cher maître spirituel
récemment disparu, qui m’a transmis son intérêt pour le transpersonnel et qui m’a
donné le courage de penser à la conscience en psychologie.
Je remercie également Guy Gimenez pour l’intérêt qu’il porte aux thérapies
humanistes, et pour l’attention qu’il a manifestée à mes projets de recherche et
d’enseignement à Aix-Marseille Université.
Toute ma gratitude va à l’équipe pédagogique du Master PCP (Aix-Marseille
Université) et présentement à l’équipe pédagogique du département de psychologie
de l’université de Sherbrooke (Québec, Canada) : elles m’ont donné la possibilité
d’enseigner les approches humanistes en France et au Canada.
Ce travail s’est en outre nourri des conversations avec : Ada Tosatti, Antoine
Bioy, Antonio De Lucia, Armando Menicacci, Christian Bonnet, Daniela Orrù,
Désirée Pozzo Di Borgo, Éric Dudoit, Evelyne Bouteyre, Francesca Cominelli, Galina
Iakimova, Gennaro Casale, Giuseppe Chico, Gonzague Petit, Hubert Godard, Jean-
François Lambert, Laetitia Petit, Luigi Casale, Magnus Magnusson, Mario Castelli,
Mario Giammattei, Mauro Gargano, Michael Villamaux, Patrice Cannone, Michele
Cavallo, Nicolas Guerin, Odile Dorkel, Pablo Lentini Riva, Paola De Mori, Pascal
Antoine, Pierluigi Graziani, Pierluigi Mauro, Raffaello Scolamacchia, Reinaldo Lara,
Rosaria Andinolfi, Giuseppe Mininni, Caroline Simonds, Florence Vinit, Serge
Mori, Francesca D’Errico, Sergio Salvatore, Shanti Rouvier, Silvia Mauri, Ghizlaine
Chraibi, Sylvie Dutertre, Veronica Mecchia, Vezio Ruggieri, Vincent Brejard, Yousri
Marzouki, Jean-Marc Priels, Xavier Haudiquet-Lamarque, Guylaine Beaudoin,
Marc-Simon Drouin, Baptiste Alleaume, Emmanuelle Zech, Karine Arnaud,
Marina Burakova, Anne Brault-Labbé, Nathalie Dumas, Marie Papineau, Conrad
Lecomte, Andrée Martin, Axelle Beaudoin, Anick Lessard, Francesco D’Arelli, Petra
Guggisberg Nocelli, Gilles Delisle, Mélanie Vachon, Antoine Xhrouet, Catherine
Ann Lombard, Glenn Meuche, Marie Lavorel, Kathy Peters, Donatella Solidone,
Luigi Riello, Famiglia Maiorana, Lise Gagnon, Maryse Benoit.
J’adresse un remerciement particulièrement affectueux à mes anciens étudiants
pour leurs encouragements : Inès Fontanille, Hervé Berreby, Anna Rimini, Anne
Domenge, Anne Zabern, Sabine Mermoz, Roxane Latrobe, Julie Tellène, Mélanie
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1. L’humanitas de la Renaissance :
le goût de la science et de la liberté
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2. La naissance de la psychothérapie
humaniste américaine
C’est dans un élan de liberté et de rejet dogmatique assez proche de l’humanisme
de la Renaissance que la psychologie humaniste voit sa naissance, à la fin de la
Seconde Guerre mondiale, aux États-Unis. Ce nouveau mouvement affirme que
l’homme perd toute sa liberté s’il se confie au déterminisme du freudisme ou à l’ob-
jectivisme du béhaviorisme (Lecomte et Drouin, 2007 ; Lecomte et Richard, 1999 ;
Lecomte et al., 2004). Ce mouvement devient une organisation assez structurée,
forte d’un nombre croissant de professionnels de la santé et de théoriciens de la
personnalité assez connus comme Murray, Murphy, Allport. En 1961, l’American
Association of Humanistic Psychology fonde le Journal of Humanistic Psychology
qui avait dans son comité éditorial des figures célèbres comme Carl Rogers, Rollo
May, Kurt Goldstein. En 1962, Sutich Anthony (1964) propose une définition
formelle de la psychologie humaniste :
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qui sont organisées hiérarchiquement, et qui peuvent être mentalisées par un soi
1. Le fonctionnalisme affirme l’idée que l’organisme (le corps/esprit, par exemple) doit être
considéré dans son intention adaptative et circulaire avec l’environnement.
2. Le soi, pour Maslow, s’approche à l’idée jungienne (Jung, 1912/1966, 1995 ; Jung, 1971 ; Jung,
Jacobi, Cahen et Le Lay, 1995) de capacité de représentation de la totalité. Le soi pour Rogers est
défini « comme l’ensemble cohérent et organisé de perceptions et des croyances sur soi-même »
(Rogers, 1959).
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Maslow identifie ainsi d’autres systèmes de motivations plus subtils et qui sont
plus proches d’une activité désirante1. La motivation à l’affection et à l’appartenance
révèle par exemple la dimension affective et sociale de l’individu qui a besoin de
se sentir accepté et aimé des groupes (famille, travail, association), et d’être aimé
dans une relation intime et significative avec un homme ou une femme. Ce type
de motivation, nommé attachement/affiliation, trouve son articulation récente
dans le modèle des systèmes motivationnels de Joseph Lichtenberg, un psycha-
nalyste contemporain assez original, qui a recueilli les résultats des recherches
actuelles dans le domaine de la psychologie développementale et des neurosciences
(Fosshage, 1995 ; Lichtenberg, 2008 ; Lichtenberg, 2004 ; Lichtenberg et al., 2011).
Selon cette logique hiérarchique, Maslow identifie la motivation à l’estime de soi :
il s’agit d’une motivation qui pousse la personne à être reconnue en tant qu’entité
propre au sein des groupes auxquels elle appartient. Ce besoin conduit au sentiment
d’estime, de confiance en soi, de valeur, de force, de compétence, et d’être utile et
nécessaire dans le monde (Domenge, 2013). Concernant cette motivation, Maslow
(1943) cite les travaux d’Adler (1938) sur le sentiment d’infériorité pour souligner
l’importance de l’estime de soi dans le développement.
Dans sa première hiérarchie motivationnelle, la motivation à l’accomplisse-
ment (self-actualization) est le point le plus haut du développement personnel.
Elle pousse la personne à l’auto-réalisation, c’est-à-dire à développer toutes ses
potentialités.
Plus tardivement, Maslow (Huitt, 2007 ; Maslow et Lowery, 1998) apportera des
modifications aux motivations citées dans l’article de 1943. Il ajoute la motivation
à la connaissance (se focaliser, connaître, comprendre, explorer), la motivation à
l’esthétique (recherche de l’harmonie, de la beauté), et la motivation à la trans-
cendance (se connecter à quelque chose au-delà de l’ego ou aider les personnes à
réaliser leurs potentialités).
Concernant le travail empirique sur les rapports entre la motivation et la person-
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en réaction à un élément qui crée la surprise et l’incrédulité comme s’il était vécu
pour la première fois. Lors de ce temps transcendant, on observe une disparition
complète de la peur et de l’anxiété, et donc des défenses et du contrôle. Cette
absence de peur ouvre également le champ de la perception. La personne peut
ainsi saisir, dans l’espace d’un instant, une harmonie avec le reste du monde
(Domenge, 2013).
Le mot « sacré » est ainsi quelquefois employé pour décrire l’impression ressentie
à l’égard de ces expériences. L’individu qui réalise une expérience paroxystique
présente les caractéristiques d’une personne en cours de réalisation de soi : l’élar-
gissement de la conscience, la réconciliation avec la mort, le désintérêt pour les
choses matérielles, l’abolition du temps et de l’espace, l’accès à une universalité et
à une éternité, une conscience unifiée et intégrée dans un tout sont des caracté-
ristiques des expériences paroxystiques. Tout cela entraîne une modification de
la perception du monde. La personne s’éloigne ainsi des conflits, des oppositions,
et de la dissociation pour s’approcher de la fusion, de l’intégration, et de l’unité.
La personne se trouve comme imprégnée d’un nouveau savoir qui aura des
répercussions positives sur ses attitudes et sur l’évolution de la réalité. Cette
connaissance reste intuitive, sans comparaison et sans jugement. Cela entraîne
une modification dans la manière de voir les autres et d’entrer en relation avec eux.
Les expériences paroxystiques influencent également la créativité et la spontanéité.
Elles possèdent aussi un effet durable qui se révèle parfois thérapeutique, et elles
peuvent conduire à une guérison définitive. L’un des effets connus des expériences
paroxystiques consiste à soulager la personne de ses symptômes névrotiques jusqu’à
les faire disparaître, parfois complètement (Maslow, 1954, 1962, 1964, 1968). La
personne devient plus à même d’apprécier la vie et de lui attribuer une grande
valeur. Ces expériences ont aussi un effet bénéfique sur les personnes suicidaires,
car, en le vivant, elles trouvent une issue positive à leur souffrance et elles trouvent
un sens à la vie.
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Dans un tout autre registre, on décrit les expériences de plénitude que l’on peut
considérer comme opposées aux expériences paroxystiques dans le sens où elles
sont sereines, calmes et peuvent durer dans le temps. Elles sont accompagnées
de processus cognitifs et noétiques – c’est-à-dire relatifs à la pensée – que l’on
pourrait décrire comme une perception unifiée, un état de profonde béatitude et
de sérénité, mais aussi une perception détachée, désinvolte. Ces caractéristiques
sont notamment dues au fait que ce sont des processus contrôlés, qui surviennent
selon la volonté du sujet. Il ne suffit pas cependant de le vouloir pour vivre une telle
expérience. Il faut apprendre à voir et à percevoir différemment nos perceptions
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affirme que la théorie sert à stimuler la pensée créatrice et non à la pétrifier. Dans
les années 1940, il intervient ainsi dans un colloque à l’université du Minnesota et il
esquisse les bases d’une thérapie qui vise à élargir le champ d’action de la personne
dans sa globalité en relativisant les spécificités des symptômes psychopatholo-
giques, et en donnant une grande place aux aspects émotionnels dans la relation
thérapeutique (Rogers, 1961/2005). Rogers semble nourrir une vision de l’humain
assez proche de la philosophie de Rousseau : nous naissons essentiellement bons et
c’est la société, la famille, la culture qui nous corrompent ou nous influencent néga-
tivement. Cette conception de l’homme rappellerait ainsi le mythe du bon sauvage
chez Rousseau (Zech et Zech, 2018). En vérité, selon Rousseau, nos tendances à
la sociabilité tempèrent notre égoïsme et notre agressivité seulement lorsque nos
intérêts vitaux ne sont pas en jeu (Zech et Zech, 2018). Concernant Rogers, ce
qui est fondamentalement postulé est un potentiel de changement, une tendance
à s’actualiser, c’est-à-dire un potentiel à augmenter, à croître pro-activement et à
s’adapter aux nouvelles informations de la vie quotidienne (Zech et Zech, 2018).
Carl Rogers, comme le pragmatiste John Dewey (Daval, 2008 ; Dewey, 1913/2004,
1887), reprochaient aux éducateurs de leur époque de vouloir contraindre les
enfants à effectuer des efforts sans se préoccuper de leurs intérêts, des capacités
qui étaient en eux, et de l’esprit d’initiative dont ils étaient capables. Rogers dira que
les efforts et l’intérêt sont réconciliés, et que l’effort n’est plus ressenti comme une
corvée si l’on est capable de laisser émerger la curiosité des enfants (Daval, 2008).
L’approche centrée sur la personne (ACP) est dirigée vers les tendances, les
ressources des personnes, et non vers leurs problèmes. L’analyse de la demande (sur
le mode diagnostique) a ainsi une place assez réduite, souvent seulement informa-
tive. Carl Rogers s’inspire fortement de la pensée de Szent-Gyoergyi (1974), prix
Nobel de biologie en 1974, qui affirme l’hypothèse de l’existence d’une tendance
innée de la matière vivante à se perfectionner elle-même dans le champ du déve-
loppement biologique. Cette hypothèse donnera vie au principe téléonomique. Ce
principe confère à la matière vivante la propriété d’un « projet », c’est-à-dire l’idée
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de tendre vers un but qui s’exprime dans la tendance manifeste à créer à partir
de structures simples des structures toujours plus complexes afin d’accroître les
performances des systèmes organiques. Ce type de principe possède une étonnante
similarité avec la définition du processus du changement de la théorie des systèmes
dynamiques complexes appliquée en psychologie développementale. Thelen et
Smith (1994) conceptualiseront le changement comme étant « la génération d’une
organisation émergente de la complexité : comment la structure et les configura-
tions apparaissent à partir de la coopération de plusieurs parties individuelles ».
Cette force vitale d’avancement, d’organisation et de progression anime l’humain
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5. Processus psychopathologiques
Selon Carl Rogers (1961/2005, 1979), le regard positif inconditionnel (uncondi-
tional positive regard) vers l’autrui est l’une des attitudes fondamentales de l’être
humain, de l’enfant. Il s’agit d’une attitude d’acceptation, et d’amour vers l’être et
ses potentialités au-delà de ses comportements spécifiques. Dans cette condition,
l’enfant a la liberté d’explorer, de chercher, d’oser et de se tromper afin d’apprendre
en toute autonomie. Le regard positif peut devenir conditionnel (condition positive
regard) : l’adulte accepte et aime l’enfant seulement dans des conditions spécifiques
(attitudes et comportements normatifs, motivations et besoins des parents). Si cette
attitude conditionnelle se trouve exaspérée, l’enfant, et plus tard l’adulte, pourra
vivre un état d’incongruence et la rigidification du soi-idéal structuré sur les attentes
de la société ou des autres (parents ou figures parentales).
Cet état provoque un état de confusion et de tension interne. L’enfant, et après
l’adulte, auront tendance à valoriser leur expérience de façon discriminative ou
conditionnelle suivant les valeurs qui leur sont proposées au lieu de se fonder sur la
satisfaction ou l’insatisfaction globale (en lien avec la tendance actualisante) qu’ils
éprouvent réellement à l’égard de leur expérience. Lorsqu’il y a un certain degré de
prise de conscience de cet état de conflit, l’organisme réagit par l’angoisse, ou par
une sensation de culpabilité qui occulte la prise de conscience considérée comme
une menace pour l’intégrité du moi. Pour adhérer à la perception du soi-idéal
qu’il s’est ainsi forgée dans la relation avec autrui, la personne met en place des
mécanismes de défense qui ont pour fonction de protéger la structure du soi de
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(être irrité, frustré), nous ressentons une situation de menace sous la forme d’une
anxiété. Dans les cas les plus problématiques, les mécanismes de déni consisteront
à éviter la situation ou le sentiment ou la pensée évoquant ce conflit.
La distorsion perceptive est l’ensemble des formes de réinterprétation d’une situa-
tion menaçante (Boeree, 2006). Un étudiant qui a par exemple peur de l’examen
peut progressivement dévaloriser ou ridiculiser l’enseignant qui présente l’épreuve
afin de rendre son sentiment de peur ou d’échec moins menaçant.
Ces deux types de défense, utilisés d’une façon rigide et systématique, peuvent
ainsi engendrer un état de désadaptation ou une véritable aliénation pour la
personne.
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Plus récemment, Alain Blanchet (1989, 1991) a proposé une forme de ques-
tionnement spécifique pour la recherche d’orientation humaniste, et qui peut
être utilisée dans l’orientation rogérienne : les relances. Il s’agit d’actes de langage
qui traduisent une intention implicite d’interroger, de sélectionner, et d’élargir
le récit de la personne. Le but consiste à obtenir l’expansion de son récit. Toute
relance est donc entendue comme un acte indirect de demande d’approfon-
dissement du contenu (affectif ou cognitif) mentionné. Blanchet propose une
catégorisation spécifique de ces relances (Blanchet, 1989, 1991, 1997), la réité-
ration et l’assertion :
La réitération et l’assertion
La réitération (de type écho ou reflet) est un acte de langage dont le contenu pro-
positionnel est le même que le contenu propositionnel d’un énoncé de l’interviewé.
Dans un contexte clinique, le thérapeute adresse cette stratégie dialogique au
client :
a. pour lui signifier sa présence attentive et le rassurer ;
b. pour stimuler la conscience réflexive (le client peut écouter à nouveau ses
énoncés et approfondir l’élaboration) ou pour annoncer le commencement d’une
élaboration en co-construction dans le cadre de la dyade patient-client ;
c. pour stimuler/encourager/élargir la narration et/ou les associations ;
d. pour éviter un silence ingérable (pour le client). Pensons, par exemple, à la
clinique du deuil, dans laquelle le silence du thérapeute peut devenir souvent
insupportable pour le patient. Un énoncé répété peut donner une forme de
contenu à un sentiment de vide et ouvrir un questionnement existentiel sur le
sens de la vie ;
e. pour prendre un temps de réflexion supplémentaire avant de prononcer un acte
d’interprétation ;
f. pour prendre temps, prendre une distance, afin d’être en contact avec soi-
même dans une situation difficile à gérer (pour le thérapeute). Pensons à un
moment clinique, dans lequel une personne (homme ou femme) nous adresse
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
des sentiments intenses, à notre grande surprise. Un énoncé répété, peut nous
permettre de prendre un temps de focalisation sur notre réponse affective et
saisir, conscientiser nos sentiments, nos émotions.
L’assertion est un acte de langage dont le contenu propositionnel est inféré par
le clinicien (psychologue) à partir de l’énoncé du patient.
Donnons comme exemple un récit d’une femme qui s’exprime et s’interroge sur
l’expérience de la mère porteuse :
« Bon, je ne sais pas si une femme peut faire un enfant quand je vois que ça pose
beaucoup de problèmes psychologiques. »
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Si l’on utilise une réitération de type écho, on répète littéralement une partie du
récit :
« Ça pose des problèmes psychologiques. »
(Le thérapeute, utilisant la tonalité de voix, peut encourager la femme à approfon-
dir sa réflexion ou simplement à la rassurer s’il a perçu une forme d’anxiété dans
l’énoncé proposé).
Si l’on utilise une réitération de type reflet, on ajoute une inférence intentionnelle :
« Vous pensez que ça pose des problèmes psychologiques ? »
(Le thérapeute utilise le prénom personnel « vous » et annonce implicitement le
commencement d’une élaboration en co-construction dans le cadre de la dyade
patient-client.)
Si l’on décide une implication plus active du thérapeute, donnant une piste d’in-
terrogation, on utilise une assertion de type complémentation :
« Cette pratique remet les choses en cause. »
Ou l’on peut poser un véritable acte d’interprétation et tenter de travailler sur les
résistances du client :
« Vous êtes réticente à l’égard de cette pratique. »
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dans son lit et tient les draps sur sa tête (Priels, Verghaegen, Gyselinck et Miro,
2006, p. 56), le thérapeute peut utiliser des « réflexions situationnelles et corpo-
relles » : « Tu es cachée sous ton drap, je ne vois que tes cheveux et tes doigts
repliés… Seulement ton pouce bouge un peu… La fenêtre est ouverte. Il y a du
vent dans la chambre… Tu es cachée sous ton drap, je vois ton pouce qui bouge
un peu plus… »
Il s’agit de proposer à l’autre une fonction de support concret, une forme expé-
rientielle de moi auxiliaire à intérioriser pour la patiente, mobilisant les différentes
formes de contact mentionnées.
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de la sérotonine (5-HTTLPR1) pour des individus qui ont montré une réponse
dépressive vis-à-vis des événements difficiles de la vie comme une maltraitance
infantile (Charney, 2004 ; Feder et al., 2009). D’autres travaux (De Kloet, Derijk
et Meijer, 2007 ; De Kloet, Joëls et Holsboer, 2005) ont constaté que des poly-
morphismes dans le gène codant l’hormone de libération de corticotrophine2
(ACTH, récepteur du type 1) modéraient l’influence des symptômes dépressifs
de la maltraitance infantile à l’âge adulte. Il est bien connu que des niveaux élevés
soutenus d’ACTH associés aux traumatismes ont des effets néfastes sur la fonction
du système nerveux central et sur la santé générale. Certaines formes de ce gène
semblent cependant avoir un effet protecteur dans l’exposition au traumatisme
précoce. Encore dans une optique épigénétique, dans une élégante revue de la
littérature sur les rats, Meaney et Szyf (2005) montrent que les mères qui avaient
un comportement intense de proximité affective (léchage et toilettage fréquent
de leur progéniture) avaient également une sécrétion majeure de glucocorticoïdes
(GR), qui réduisent les comportements liés à l’anxiété et qui contribuent à une
meilleure régulation de l’axe HPA (hypothalamo-hypophysosurrénalien). D’autres
recherches sur les rongeurs ont identifié d’autres mécanismes moléculaires centrés
sur la manipulation de protéines (CREB, BDNF, MCH) qui ont un rôle dans la
dépression (Nestler et Carlezon, 2006).
Un autre champ de recherche sur les personnes résilientes, enfin, implique le
rôle des circuits neuronaux de la peur et de la récompense (Feder et al., 2009) :
« Le bon fonctionnement des circuits de la peur chez les personnes résilientes, par
exemple, pourrait éviter une surgénéralisation des réponses de peur à des contextes
différents » explique le docteur Feder (2010).
Pour conclure ce paragraphe, nous voulons souligner les travaux du profes-
seur Wong (Wong 2014, 2017a, 2017b ; Wong et Tomer, 2011) qui a intégré
admirablement la rigueur expérimentale de la psychologie positive avec la sensi-
bilité existentielle.
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cognitif et spirituel). La présence est fondée sur le self du thérapeute qui peut
saisir à travers une attitude réceptive sensorielle et émotionnelle l’expérience de
la personne à un moment donné. Cette attitude de réceptivité permet de répondre
aux motivations de la personne » (Geller et Greenberg, 2002, p. 82-83).
Ce modèle est composé par trois étapes : la préparation (les comportements qui
renforcent la capacité de la présence à vivre en session), le processus que les théra-
peutes engagent sur le plan thérapeutique (leurs actions), et l’expérience interne
du thérapeute.
10.1 La préparation
Dans cette première étape, les auteurs remarquent :
• un travail sur la respiration pour exprimer l’intention de porter tout son être
dans la relation ;
• une attitude de « mise en suspension » de toutes les préoccupations personnelles,
de toutes théories qui peuvent empêcher de rencontrer la personne ;
• une attitude d’acceptation inconditionnelle, d’intérêt et d’ouverture ;
• un engagement philosophique quotidien sur la présence qui pousse les théra-
peutes à travailler sur cette expérience dans la vie affective quotidienne, faire
attention aux autres, être présents permet de se consacrer totalement au travail ;
les thérapeutes utilisent souvent des techniques de méditation.
10.2 Le processus
Dans cette deuxième étape, les thérapeutes expérimentent un processus qui
se compose d’une réceptivité sensorielle aiguë (expérience multisensorielle et
états de conscience modifiés), une focalisation vers le flux des images, intuitions,
croyances (première phase de l’expérience de la congruence), un plein contact avec
la personne qui permet d’écouter son univers et de le lui exprimer authentiquement
(deuxième phase de la congruence selon Lieater, 1993) les états internes.
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Dans une logique de mise en prospective et de validation des concepts de Rogers, une
recherche (Whitehorn et Betz, 1954) visait à comprendre l’efficacité thérapeutique
de sept jeunes internes (groupe A) au cours de leur travail avec des schizophrènes
comparés à un autre groupe (B) dont les patients avaient eu des résultats mineurs.
Chaque groupe avait soigné cinquante patients. Les personnes du groupe A avaient
la capacité à saisir le monde du schizophrène dans son interprétation particulière de
la maladie. Plutôt que de l’observer comme un cas ou comme l’objet d’un diagnostic
avec sa relative symptomatologie, elles étaient attentives à la personnalité du malade.
Elles participaient activement à l’entretien, et elles posaient des questions qui permet-
taient l’exploration de la vie de l’autrui, sans recours à l’interprétation, à l’instruction
ou au conseil. Un travail réalisé dans le cadre d’une thèse de doctorat (Heiner, 1950)
visait à comparer trois types d’approches thérapeutiques : la psychanalyse classique,
l’approche centrée sur la personne, et l’approche adlérienne. Le chercheur a montré
qu’au-delà des types d’approches, les patients percevaient la relation comme l’élé-
ment essentiel à leur changement.
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1. Dans un passage du De veritate, Thomas d’Aquin illustre ce principe par l’adage scolastique
Nihil est in intellectu quod non sit prius in sensu, « Rien n’est dans l’intelligence qui n’ait été
d’abord dans les sens » (Cranefeld, 1970).
45
1.1 L’Être-dans-le-monde
Le Dasein est en effet toujours, déjà, irrémédiablement engagé dans le monde.
Le sujet ne peut jamais se retirer du monde. Le sujet ne s’éprouve pas dans un « je »
souverain (le cogito cartésien), donné a priori. Il se vit dans l’expérience concrète
et chaque fois renouvelée d’une suite d’expériences recueillies et organisées sur
un mode narratif par le Dasein. Selon le célèbre passage de Heidegger, « l’étant à
analyser, nous le sommes chaque fois nous-mêmes. L’être de cet étant est à chaque
fois le mien » (cité par Greisch, 1994).
46
1.2 L’Être-en-faute
Le Dasein a « à-être » ce qu’il n’est pas, mais qu’il est néanmoins, au titre de la
possibilité. Il s’agit de souligner une dimension du manque qui ouvre au possible1.
1.3 L’Être-avec
Le monde est un monde « ensemble ». Le Dasein doit toujours être pensé à partir
de l’intersubjectivité. Cela présuppose l’acceptation d’une altérité irréductible et
nécessaire.
1.4 L’Être-jeté
Le Dasein vit toujours l’existence comme un fait non choisi à travers lequel il
doit malgré tout donner du sens. Ainsi, l’homme n’est pas causa sui generis, il est
dans un acte de responsabilité vis-à-vis de son existence.
1.5 L’Être-pour-la-mort
La mort est l’horizon ultime du Dasein, la frontière qui donne du sens aux projets
du Dasein. La finitude est la possibilité ultime du Dasein.
1.6 La Daseinsanalyse
La temporalité privilégiée du Dasein est le futur. Pour Heidegger, la signification
de la vie des hommes est l’ouverture à la possibilité, au projet.
L’être s’inscrit ainsi dans une temporalité ouverte à la transformation. Cette
sensibilité nourrira une position clinique spécifique d’inspiration psychanalytique,
la Daseinsanalyse (Binswanger, 1970, 2012 ; Fédida, 1970). Elle inscrit sa conception
de l’acte thérapeutique à l’horizon de l’ontologie fondamentale, en interrogeant la
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onirique fait sens, tout élément parle et témoigne du point de vue, mais aussi du
statut et de la place phénoménale du rêveur, et c’est à ce titre que le rêve renseigne
sur les modalités existentielles du rêveur (Binswanger, 2012 ; Sarfati, 2014).
2. L’attitude phénoménologique
La psychothérapie existentielle s’organise et trouve sa modalité d’interrogation
dans l’attitude phénoménologique. Elle invite à une nouvelle façon de regarder
le monde : la façon dont les choses se vivent n’est pas la façon dont on les pense
(Gueydan, 2012). L’attitude phénoménologique dans la pratique clinique est la
tentative de saisir les phénomènes tels qu’ils apparaissent. Cela signifie libérer l’es-
prit des hypothèses théoriques qui « emprisonnent » les patients et les thérapeutes
dans des systèmes de sens, et qui ne construisent pas l’extérieur. La personne trans-
cende toujours un mécanisme particulier et elle vit l’expérience selon sa propre
histoire singulière. Il s’agit de rejoindre le monde tel qu’il nous apparaît et d’ouvrir
ses horizons de sens, en un mot, de décrire au lieu d’expliquer (Gueydan, 2012).
Quand nous faisons référence dans cet ouvrage à la phénoménologie, nous
parlons surtout d’une méthode d’interrogation du monde et d’un mode d’être-là
avec nos patients. Cette attitude dans le questionnement tente de revenir aux faits
en considérant que le monde est déjà là. C’est précisément avec ce contact perdu
d’avec le monde que la phénoménologie entend renouer. Dans la mesure où les
phénoménologues considèrent que le monde est déjà là, il ne s’agit pas pour eux de
reconstruire le réel pour le connaître mais de prendre conscience des liens premiers
qui nous lient à notre monde (Humeau, 2004 ; Santarpia, 2010b).
Aujourd’hui, la psychologie phénoménologique peut se définir « comme l’étude
des phénomènes tels que les êtres humains conscients en font l’expérience et la
méthode de recherche pour l’étude de ces phénomènes » (Bachelor et Joshi, 1986 ;
Giorgi, 1983). Traduit dans la pratique clinique d’orientation humaniste, le théra-
peute (également le chercheur) adopte deux mouvements typiques d’investigation
du monde : épochè et variation eidétique.
2.1 L’épochè
L’épochè représente le mouvement initial de la réduction, le premier mouvement
qui s’inscrit dans le prolongement de l’attitude sans présupposition. Il désigne la
48
Traduit dans la clinique nous pouvons parler d’un mouvement initial de suspen-
sion ou d’interrogation de notre cadre théorique habituel.
Depraz et collègues (2003) précisent les trois phases de l’épochè : d’abord une
suspension du préjudice sur la réalité apparente, puis un changement de focali-
sation de l’extérieur vers l’intérieur, et enfin une acceptation de cette expérience
de pré-réflexivité (Depraz, Varela et Vermersch, 2003). Arnaud Plagnol (2004)
a récemment proposé un modèle de psychopathologie cognitive fondé sur des
concepts d’inspiration phénoménologique tels que le monde subjectif, les méta-
phores spatialisantes et le vécu de présentification.
Cette attitude phénoménologique sera la base de plusieurs types d’entretien
(Bevan, 2014), par exemple l’entretien d’explicitation (Vermersch, 2011, 2012), et
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1. Pour Jung, l’Ombre est « cette personnalité voilée, refoulée, la plupart du temps inférieure et
chargée de culpabilité, dont les ultimes ramifications pénètrent jusque dans le domaine de nos
ancêtres animaux et qui, par-là, embrasse l’intégralité de l’aspect historique de l’inconscient »
(Jung, 1951/1983, p. 286). Il s’agit généralement d’aspects de soi-même que l’on ne veut pas voir,
que l’on ne veut pas porter à la conscience.
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Rollo May observe, en thérapie comme dans les situations sociétales, la présence
de la terreur, de l’hostilité, et de la haine (May, 1982). Il utilise le terme daimon
(May, 1969b, 1982) pour illustrer un principe fondateur de l’être : il s’agit d’une
poussée innée, d’un ensemble de possibilités présentes dans chaque être humain
de s’affirmer, de perpétuer et de s’accroître. Si cette poussée est intégrée dans
la personnalité, elle s’exprime dans une créativité constructive. Si cette poussée
n’entre pas dans un dialogue avec soi-même, elle peut prendre le contrôle de la
personnalité tout entière, comme on peut l’observer dans la manifestation d’une
rage violente et destructive. May présente ainsi les cas de nombreux adolescents
en thérapie qui sont accusés par leurs parents d’être destructifs, et qui, au fond de
leur action, cherchent à établir leur indépendance, et à promouvoir leur affirma-
tion personnelle. Il pense d’une part que si l’on « dévitalise le daimon », on perd
la force d’action essentielle à l’expression de soi et, d’autre part, que le concept de
daimon pourrait expliquer les actions destructives, et le mal. Dans cette perspec-
tive, l’existence du négatif ne prend pas sa source dans la culture, comme Rogers
paraît l’évoquer. La destructivité de l’humain, du client, est une possibilité de l’être,
elle peut trouver un terrain fertile dans des situations tragiques de la vie (deuils à
répétition, maladies, isolement social, injustices, violences subies, traumatismes
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répétés et prolongés).
En 1969, May publie Existential Psychology, un livre dans lequel il propose une
bibliographie assez extensive des travaux sur la psychologie existentielle et où il
conteste la position élémentariste : le plus simple peut être compris seulement en
référence au plus complexe. Si nous voulons étudier l’humain, nous devons respecter
ses caractéristiques sans rien imposer. La connaissance s’exprime à travers l’action,
et l’action en retour apporte souvent des acquis inattendus, principes fondateurs du
pragmatisme et du fonctionnalisme (James, 1892/1962 ; Peirce, 1931).
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Afin de nous protéger de ces dangers qui menacent notre existence ou qui
peuvent détruire les valeurs que nous identifions comme notre existence même,
nous ressentons de l’anxiété. L’anxiété est donc l’expérience vivante de s’affirmer
contre le néant à savoir contre ce qui peut réduire ou détruire l’être par la violence,
l’insignifiance, la fatigue, l’ennui et ultimement la mort (Bureau, 2008, p. 3).
L’approche existentielle de May sur l’anxiété est sans doute liée à l’expérience
d’isolement et de mort qu’il a vécue dans un sanatorium quand il avait la tubercu-
lose. Ses propres sentiments et la réflexion spécifique sur cette anxiété existentielle
ont été développés en regardant les autres affronter la maladie et la mort. L’anxiété
se différencie de la peur : elle menace les fondements de notre existence et de
notre sens de sécurité identitaire. La peur a quant à elle comme focus un objet,
une personne, et une situation relativement définie. Paradoxalement, May (1950)
présente une anxiété modérée comme essentielle et bénéfique pour la condition
humaine. Il raconte :
Une absence d’anxiété peut devenir dangereuse. May croyait que cette anxiété
était une émotion centrale dans une thérapie efficiente et que le patient devait la
vivre de manière constructive et l’accepter (Schneider, Galvin et Serlin, 2009). Plus
précisément, il définissait l’anxiété à travers quatre énoncés (May, 1950) :
• elle est proportionnelle à la menace ;
• elle n’implique pas la répression ;
• elle ne demande pas de mécanismes névrotiques (dans un sens freudien) pour
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la gérer ;
• elle peut être affrontée dans un dialogue constructif.
Par opposition, une anxiété pathologique disproportionnée à la menace implique
la répression et d’autres mécanismes de défense. L’objet primaire du thérapeute
était d’accompagner le patient dans la gestion de cette anxiété. Il avait identifié
deux niveaux de processus thérapeutique à mobiliser :
a. L’élargissement de la conscience : le patient essaye de prendre conscience des
menaces existentielles présentes (par exemple la peur de la mort, la peur du
néant).
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est inévitable et toujours présente. Ce sens de la mort n’est donc jamais à éliminer,
mais à intégrer dans la vie. Il centre en particulier son processus thérapeutique sur
la découverte et l’émergence du courage du désespoir chez le patient.
Tillich (1952) définit le courage comme l’affirmation de soi-même tout en accep-
tant la menace du non-être. Ce sentiment permet d’avoir une vision globale de
l’être en action sans être accablé du non-être, c’est-à-dire de la mort. Le courage du
désespoir représente un moment crucial pour la thérapie. Le patient est encouragé
à expérimenter l’impuissance devant le sens de mort, l’être sans espoir, capturé par
la peur de non-être. Dans ce sentiment de perte, dans cette conscience limpide de
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• l’éthos (valeurs d’attitude) implique l’ensemble des conduites que le sujet est
capable d’adopter dans une situation qu’il ne peut cependant pas changer (deuil,
maladie incurable, mort certaine).
À partir de cette troisième source, Frankl réfléchit sur le « ministère médical », et
la responsabilité du soignant : éclairer une réalité sous différents angles, et aider le
patient à une désidentification. Le sujet ne peut se résumer à sa souffrance (Sarfati,
2013b, 2014).
Le vide existentiel induit la source de problèmes tels que le suicide, les dépres-
sions, l’ennui, l’agressivité, la toxicomanie, et même la peur de prendre de l’âge
et de mourir. La recherche d’un sens est remplacée par la recherche effrénée du
pouvoir, du plaisir (Samson, 2013). Il est donc important de trouver un sens à sa
souffrance même dans une situation de désespoir : le sens transforme une tragédie
en victoire, une souffrance en réalisation (Frankl, 1959 ; Samson, 2013).
La souffrance cesse de faire mal au moment où elle prend une signification.
Ainsi, l’homme ne cherche pas avant tout la souffrance ou le plaisir, mais une
raison de vivre. L’homme est prêt à souffrir dans la mesure où cette souffrance a
un sens (Frankl, 1959, 2009 ; Samson, 2013 ; Sarfati, 2009). Selon cette orientation
existentielle, le thérapeute encourage les patients dans des situations extrêmes
(psychose sévère, maladies, handicaps) à se focaliser sur les valeurs et les ressources
encore intactes. L’objectif consiste à affronter les tragédies de l’existence comme
une demande potentielle d’évolution et non comme un symptôme qu’il faudrait
effacer ou subir sur un mode de plainte.
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et de l’indifférence (Sarfati, 2013b, 2014). Telle est, en son principe, la portée bien-
faisante du dialogue socratique en logothérapie, c’est-à-dire du discours porteur
de sens (logos).
Cherchons à préciser quelques procédures utilisées dans la logothérapie :
• L’auto-distanciation définit la capacité humaine qui permet à la personne de
se regarder de l’extérieur, de se voir, et de « prendre position » même contre
elle-même. Cette capacité peut se dévoiler à travers des moments d’imagerie
où le patient, sollicité par le thérapeute, peut se voir de l’extérieur. Cette possi-
bilité de construire une distance avec soi-même est une forme de liberté et
d’autodétermination.
• L’intention paradoxale définit une technique spécifique consistant à briser les
cercles vicieux causés par l’anxiété anticipative et à produire un effet d’ironie
de distanciation chez le patient contre ses peurs et ses obsessions. L’intention
paradoxale consiste à souhaiter l’avènement de ce qui fait peur ou qui obsède. Il
ne faut pas confondre l’intention paradoxale avec la prescription du symptôme.
• La dé-réflexion définit une technique qui aide le patient à détourner son attention
de lui-même pour la fixer sur l’autre ou sur autre chose de significatif quand
un patient est fixé sur un besoin compulsif exaspéré (comme l’insomnie ou des
troubles sexuels) ou des maladies psychosomatiques. La logique est organisée
essentiellement en deux étapes : un signal de stop orienté à l’obsession, le besoin
compulsif ; un indicateur de direction (significations positives et orientées vers le
monde extérieur, vers une valeur significative). La dé-réflexion peut être appli-
quée à la fois individuellement et en thérapie de groupe (logoterapia1).
1. Voir http://www.logoterapia.it/web/info/.
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subtile des odeurs, des goûts, des sons langagiers et environnementaux, et des gestes
(Dutertre 2012 ; Santarpia, 2015a). Cette expérience peut engendrer une souffrance
silencieuse, et une anxiété généralisée accompagnée d’une impression de suspen-
sion identitaire, et d’être-entre-deux-cultures. Dans une perspective thérapeutique,
l’objectif consiste à approcher la souffrance dans un point de vue téléonomique
(voir chapitre 1), c’est-à-dire à considérer ce vécu comme une possibilité d’être.
Un rôle clé dans cette approche est donné à l’univers sensoriel et polyphonique
mobilisé par l’interprète présent dans l’entretien thérapeutique, ou par le théra-
peute, lui-même originaire du même univers culturel que le patient. Les gestes et
les sons en particulier, offrent un soundscape (une ambiance sonore) sécurisant qui
place le patient au cœur d’une expérience contenante. Cette base de co-spatialité
sensorielle entre le patient et son thérapeute est le socle sur lequel va pouvoir se
développer un projet thérapeutique.
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Le corps et son rapport avec le psychisme sont un point central des approches
humanistes. Plus précisément, la dialectique corps-esprit s’inscrit dans une logique
de système ouvert. D’abord, la conscience de la personne se vivifie à travers un
dialogue circulaire et permanent entre le système nerveux central et le système
périphérique (muscles et peau). Cet échange permanent trouve un premier
focus structurant dans le vécu corporel conscient comme synthèse des informa-
tions somesthésiques, sensorielles, viscérales qui s’intègrent dans la conscience
(Damasio, 1999 ; Ruggieri, 1995). Le vécu corporel s’organise ensuite à un niveau
plus complexe à travers l’échange permanent avec les systèmes motivationnels
culturalisés (exploration, sensualité, sexualité, affiliation, attachement, accordage
affectif, motivation à la transcendance) (Lichtenberg, 2004 ; Lichtenberg, Lachmann
et Fosshage, 2011 ; Maslow, 1943) et l’environnement physique (la nature, les lieux
géographiques, etc.). Sous une forme de dialogue interne, Cargnello (1953, 1977)
nous précise l’expérience du corps vécu (Leib) :
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Cette prise de conscience fondatrice d’être-corps dérive du fait que les sujets
sont des sujets de chair avant tout, c’est-à-dire ayant un corps concret, et sensible
(Merleau-Ponty, 1945).
Selon Merleau-Ponty, le corps a une double nature, et une double appartenance :
mon corps est objet du monde, mais il est également : « mon point de vue sur le
monde » (1945), l’outil que j’ai pour que je puisse avoir un monde, « ce qui m’ouvre
au monde et me situe à son intérieur ». La présence, l’« être-là » est inévitablement
« être-là avec le corps » : le corps vécu est ouverture vers le monde, participation
au monde, « mondanité » (Weltlichkeit), lieu de la rencontre avec la vie d’autrui.
Le « corps propre » est au monde ce que le cœur est à l’organisme : il tient conti-
nuellement en vie le spectacle visible, il l’anime et le nourrit de l’intérieur. Le vécu
corporel appartient au monde de la sensation. Ce n’est ni imaginé, ni pensé de
façon symbolique ou conceptuelle, mais se tient là sous nos yeux comme quelque
chose de donné à soi-même et en acte. Lorsque la phénoménologie proclame que
l’homme est « être dans le monde », c’est donc affirmer du même coup qu’une
dualité entre mon être et ma subjectivité, d’une part, et la façon dont j’existe dans
mon corps, d’autre part, devient impensable.
Il s’agit, en d’autres termes, de remonter à contre-courant toute la tradition de
la psychologie cartésienne et intellectualiste aussi bien qu’empiriste (De Waelhens,
1950, p. 371).
Le corps propre, le corps vécu, se confronte ainsi avec le corps-objet ou organisme
(Körper) de la médecine.
Le corps-objet est en face à moi : pour le saisir, il faut que je l’aie en face ou que
j’aille à sa rencontre, il y a une distance entre moi et l’objet. Je peux éloigner l’objet ou
m’éloigner de lui et dans les deux cas il disparaît de mon champ perceptif. Il peut être
exploré (par ma vue, mon toucher, et parfois par les autres sens) sans cesse et selon
plusieurs modalités. Il est plongé dans l’espace, il est dans l’espace. Il est dans un
espace statique ou défini (il est là). L’espace objectif des choses comprend toujours
l’espace de l’objet et il le contient. Je peux le saisir clairement et alternativement
avec les différents sens. Ma perception peut se prolonger à l’infini tant qu’il m’est
en face. Ma perception ne se mélange pas, ou très peu, avec les autres possibilités de
connaissance (représentation, imagination, mémoire). Je peux, si je veux, le dépasser
ou l’abattre. Il est assumé comme « un-déjà-avoir-été-avant » de la perception. Il
est situé là-bas, en attendant ma décision de le transformer (Cargnello 1953, 1977).
Dans ce dialogue avec le corps-vécu et le corps-objet, le patient se retrouve à
vivre une double modalité d’existence active et réceptive (je vois et je suis vu, je
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Dans son livre Il cammino dell’umanità, l’historien des religions Angelo Brelich
(1985) souligne l’idée que l’homme a perdu ce rapport intime avec la nature, et qu’il
se met sur un niveau différent, séparé, autonome : il est isolé du reste du monde.
Cette solitude de l’homme dans l’univers est à l’origine de l’odyssée de l’esprit à la
recherche de son « vrai » corps, avec lequel il se retrouve dans des expériences de
conscience modifiée (Venturini, 1997, 1998a). Parler de notre être-là nous conduit
devant l’un de ces « inexprimables » que le grand maître bouddhiste chinois Chih-i
présentait au Ve siècle avant J.-C. : il expliquait le sens de l’expression i ien san
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
ch’ien (en japonais : ichinen sanzen), c’est-à-dire « trois mille mondes, l’ensemble
des phénomènes » est présent dans un moment particulier de l’esprit (Venturini,
1997, 1998b).
On ne peut pas dire qu’« un moment particulier de l’esprit » arrive avant « tous
les phénomènes » ni que « tous les phénomènes » arrivent avant « un moment
particulier de l’esprit ». Si l’on dit que tous les phénomènes dérivent d’un moment
de l’esprit, on a une relation de verticalité. Si en revanche l’on dit que tous les
phénomènes sont à la fois présents dans l’esprit, on a une relation horizontale,
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une série de réponses physiologiques liées à un besoin vital comme la faim. Dans
cette ligne de réflexion, Damasio et ses collaborateurs (Bechara et Damasio, 2005 ;
Damasio, 1994, 2003 ; Damasio, Tranel et Damasio, 1991) proposent l’hypothèse
d’un système similaire de marquage « corporel » (somatic markers hypothesis)
qui caractérise nos états émotionnels et qu’influent nos actions. Un marqueur
1. Bioy, 2007 ; Blin, Chavas et Grof, 2011 ; Boyesen, 1997 ; Downing, 1995, 1997 ; Greenberg,
2002, 2004 ; Greenberg et Paivio, 1997 ; Macnaughton et Levine, 2012 ; Roustang, 2003a, 2003b ;
Ruggieri, 1995 ; Salomé, 2011 ; Santarpia et al., 2006 ; Venturini, 1998.
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ainsi qu’avec les mêmes sujets à différents moments. Dans tous ces cas de figure,
les résultats restèrent inchangés. Invariablement, les patients souffrant de lésions
préfrontales n’ont présenté aucune variation de conductance de la peau à la vue des
images bouleversantes, même s’ils pouvaient ensuite relater leur contenu de façon
détaillée, et évoquer à quels moments ils les avaient vues au cours de la séance. Ils
pouvaient décrire verbalement la peur, le dégoût ou la tristesse qu’elles évoquaient,
et ils pouvaient dire s’ils avaient vu telle image avant ou après telle autre, ou s’ils
l’avaient vue en début ou en fin de la séance. En d’autres termes, un stimulus donné
avait déclenché, chez ces patients souffrant de lésions préfrontales, l’évocation de
tout un savoir en rapport avec la situation. Contrairement aux sujets contrôlés, ils
n’avaient cependant pas présenté de variation de la conductance de la peau.
Cette recherche montre exclusivement le rapport entre l’absence de marqueurs
somatiques et l’implication des régions préfrontales. L’enjeu de Damasio était de
comprendre si un pont était possible entre un dysfonctionnement de ces régions
et une capacité de prendre de décision. Il avait besoin d’éléments à apporter à sa
théorie et concernant le comportement de Phineas P. Gage.
et qu’ils perdent de l’argent, ils reportent leur choix sur les paquets C et D, qui leur
rapportent moins mais qui sont moins risqués. Ils s’en tiennent généralement à cette
stratégie jusqu’à la fin.
Le comportement des patients atteints de lésions préfrontales ventro-médianes diffère
de l’échantillon témoin. Ils retournent systématiquement de plus en plus de cartes
des paquets A et B, et de moins en moins celles des paquets C et D. Ils commencent
donc par gagner de plus en plus d’argent, puis les pénalités très élevées dont ils ne
cessent d’être taxés progressivement les conduisent finalement à la faillite. Les sujets
atteints de lésions frontales ventro-médianes ont persisté dans leur choix malgré le
changement de tendance.
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La relation étroite entre l’action et le son dans l’aire F4 serait la clé de cette simu-
lation (Duhamel, Colby et Goldberg, 1998 ; Fogassi et al., 1996 ; Rizzolatti, 1997 ;
Toma et al., 1999). La simulation peut exister au niveau de l’organisation générique :
les neurones peuvent être activés sans l’organisation détaillée d’une action. Une
autre simulation peut être effectuée par les neurones canoniques qui sont activés
quand l’action d’attraper est réalisée, mais aussi quand un sujet (un singe) voit
un objet qu’il peut attraper (Rizzolatti et Craighero, 2004). Dans l’aire F5c-PF, on
trouve des neurones qui sont activés pendant l’exécution d’actions finalisées par les
mains (manipuler des objets, tenir, et attraper des choses) et pendant l’observation
d’actions similaires faites par un autre sujet. Ces neurones sont appelés « neurones
miroirs » (Gallese, 2003a, 2003b ; Rizzolatti et Craighero, 2004). Ils s’activent seule-
ment quand l’action vue est exactement semblable à l’action que l’on peut faire. Il
s’agit d’une forme de simulation : quand le sujet (un singe) observe un autre sujet
(un homme ou un singe) faire une action, l’observateur entre automatiquement
dans un mécanisme de simulation. Les données proposées ont été trouvées sur
les singes et sur les hommes (Bremmer et al., 2001 ; Grafton, Arbib, Fadiga et
Rizzolatti, 1996 ; Rizzolatti, Fadiga, Gallese et Fogassi, 1996). La découverte d’un
système miroir dans le cortex prémoteur verbal (Kohler et al., 2002), organisé par
des signaux auditifs et visuels (audio-visual mirror neurons), qui s’active quand une
action est exécutée et quand un son est écouté, porte un argument supplémen-
taire en faveur d’un fonctionnement perceptif conceptuel du cerveau. Ce système
est connecté à une série de neurones miroirs situés en F5 qui posséderaient des
propriétés visuelles et acoustiques (Kohler et al., 2002).
Une autre forme de simulation implique l’imagination. Tout le monde a la capa-
cité d’imaginer des univers réels ou inventés. Pendant de nombreuses années, on
a considéré les images mentales comme quelque chose d’abstrait et de séparé de
la perception. Or, les dernières recherches montrent que l’imagerie visuelle ou
motrice est « incarnée » : différentes parties du cerveau utilisées pour voir sont
également utilisées dans la visualisation, différentes parties du cerveau utilisées
pour les mouvements sont aussi utilisées dans la visualisation d’un mouvement
(Jeannerod, 1994).
Une autre série de recherches essaye de comprendre et de préciser le rapport
entre la perception et l’imagination dans différents types d’explorations. Cuthbert,
Vrana et Bradley (1991) observent par exemple les liens entre l’imagerie et les
réponses psychophysiologiques : imaginer une situation de peur provoque une
transpiration ; imaginer une situation de joie influence l’action des muscles impli-
qués dans le sourire ; imaginer une situation de tristesse joue sur l’activité des
muscles sourciliers et des muscles frontaux.
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Une étude porte sur cette question. Presson et Montello (1994) ont demandé à des
sujets de mémoriser les positions des objets dans une pièce, puis ils leur ont posé
un bandeau sur les yeux et leur ont demandé de montrer les objets. Les sujets sont
parvenus rapidement à reconnaître la position des objets avec précision. Dans un
deuxième temps, une première moitié des sujets devaient imaginer une rotation des
objets de 90 degrés puis les montrer. Ainsi, si un objet était au départ directement en
face du sujet, ils devaient imaginer qu’il se retrouvait désormais sur sa gauche après
la rotation imaginaire. Dans cette condition, la reconnaissance de la position des
objets est devenue lente et imprécise. La deuxième moitié des sujets devaient réelle-
ment réaliser une rotation du corps de 90 degrés puis montrer les objets. Ces derniers
ont exécuté la tâche avec une vitesse et une précision semblables à la première tâche.
Une autre recherche (Rieser, Garing et Young, 1994) va dans le même sens. Elle
utilise le paradigme de la double expérience : condition d’imagerie, et condition de
mouvement réel dans une tâche d’exploration mentale des objets et des lieux. Cette
recherche implique la participation d’adultes (des étudiants) et d’enfants. Les sujets
ont été testés sur leur capacité à imaginer leurs salles de cours et les objets selon
différentes perceptions de l’espace depuis leur propre domicile. Quand l’exploration
spatiale s’accompagnait d’un véritable déplacement, les enfants de 5 ans répondaient
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
79
80
Glenberg et Robertson (2000) proposent dans le même article une autre expérimenta-
tion (Santarpia, 2010b), orientée dans le même sens que celle décrite ci-dessus, mais
cette fois le même objet était utilisé de manière cohérente avec une action du corps
(afforded) ou de manière non cohérente (non-afforded). Cette variation permettait
de répondre à la critique selon laquelle les objets utilisés étaient associés d’emblée
à des actions significatives par un effet de mémoire procédurale et que les actions
possibles du corps n’étaient pas nécessairement impliquées dans l’interprétation
des résultats. Les résultats montrent, de nouveau, que les participants jugent plus
significatives et plus plausibles les situations dans lesquelles le corps peut interagir
réellement. Glenberg et Robertson (2000) expliquent ces résultats en utilisant diffé-
rentes notions : la notion d’affordance, et les possibilités d’action.
81
hypothèse, comprendre un énoncé comme « Françoise est assise sur la chaise pour
changer l’ampoule » impliquerait de mettre en place trois processus :
• La première étape consiste à organiser un index de phrases à propos d’ob-
jets présents ou de symboles perceptifs analogiques (Barsalou, 1999). Le mot
« chaise » peut par exemple être pris comme chaise dans la réalité environne-
mentale ou comme un prototype de représentation d’une chaise possédant des
informations perceptives (Barsalou, 1999).
• La deuxième étape consiste à utiliser l’objet ou le symbole perceptif indexé pour
dériver toutes les capacités d’action corporelle avec l’objet (affordance).
• La troisième étape consiste à faire concorder les capacités d’action corporelle
avec la syntaxe de la phrase qui nous renvoie au fait que « Françoise est sur la
chaise » plutôt que « sous la chaise » (Kaschak et Glenberg, 2000).
Un autre exemple peut nous permettre de comprendre l’indexical hypothesis
(Glenberg et Robertson, 1999). Prenons les deux phrases : « Après avoir baigné ses
pieds dans le lac, Éric utilise son t-shirt pour sécher ses pieds » et « Après avoir
baigné ses pieds dans le lac, Éric utilise ses lunettes pour sécher ses pieds ». La
première phrase a un sens, la deuxième semble ne pas en avoir. Selon les cher-
cheurs, la réponse est que les lunettes ne peuvent pas prendre place dans l’action
corporelle « de sécher les pieds ». Mais si l’on considère qu’Éric utilise des lunettes
en éponge pour jouer, la phrase reprend du sens. Pour certains auteurs, comprendre
les phrases signifie connaître les capacités d’actions corporelles possibles des sujets
impliqués dans la situation (Glenberg et Robertson, 2000).
Une recherche récente (Glenberg et Kaschak, 2002) montre ainsi l’importance de
l’action du corps dans la construction de la signification. Dans cette étude, chaque
sujet doit juger de la pertinence de la phrase « Tu as donné une pizza à André » ou
« André t’a donné une pizza » en avançant la main vers un bouton pour confirmer
les phrases. Le mouvement vers le bouton suppose un geste allant vers le corps ou
s’éloignant du corps. Les réponses des sujets sont plus rapides quand le mouvement
de la main correspond à l’action évoquée par la phrase1. Les chercheurs pensent
que la compréhension de phrases d’action est fondée sur des strates neuronales
impliquées dans l’action réelle.
Concernant encore le rôle du geste et de l’action, Berkowitz et Trocolli (1990)
invitent des participants à juger une personne fictive qui est décrite de façon neutre.
La moitié des participants écoutent la description tout en ayant un stylo entre les
1. Par exemple, quand le sujet doit appuyer sur le bouton loin de son corps en parallèle à la
phrase « Tu as donné une pizza à Andy », qui implique une simulation gestuelle où la main
s’éloigne du corps.
82
dents. Cette activité donne au visage une expression souriante. Les autres écoutent
la description tout en mordant une serviette ; cette activité impose au visage une
expression renfrognée. Les résultats montrent que les sujets forcés au geste souriant
décrivent plus positivement une personne fictive que les participants qui doivent
mordre la serviette. Les effets des actions et des perceptions corporelles sur la
mémoire sont décrits dans plusieurs recherches (Cohen, Kamarck et Mermelstein,
1983 ; Engelkamp et Zimmer, 1989).
Ces études apparaissent toutefois critiquables, car elles négligent le fait que des
principes pragmatiques (Politzer, 1986) peuvent jouer un rôle dans le raisonne-
ment. Une approche impliquant des mesures physiologiques des tâches cognitives
pourrait offrir une argumentation plus riche. Ce long chapitre ambitionne d’of-
frir une nouvelle perspective de l’expérience corporelle dans son rapport avec
le psychisme. Ce type de perspective perception/conceptualisation/imagination
nourrit l’orientation humaniste.
Pour un approfondissement de toutes les recherches sur corps et cognition
(embodied cognition), voir Glenberg (1997) et Gibbs (2006).
ainsi que le premier à se développer dans l’utérus. Les deux premières voies du
système nerveux central à être myélinisées lors du développement fœtal sont en
effet la voie qui correspond aux signaux de la douleur (le thalamus) et la voie qui
correspond au sens tactile (le cortex somato-sensoriel).
Les recherches en neurobiologie ont permis de déterminer les différentes zones
de contact à travers lesquelles le sens tactile apparaît le plus important en matière
d’activation cérébrale : chez l’homme, la langue, les lèvres et les mains occupent
une place majeure. Cela confirme que le toucher est une caractéristique vitale pour
la survie de l’espèce (Penfield, 1959 ; Penfield et Rasmussen, 1950).
83
La sensibilité tactile est donc le premier des sens de l’être humain à appa-
raître dans l’utérus. La peau est aussi la plus efficace de nos protections : c’est un
régulateur thermique, une barrière aux infections, et un garant de l’homéostasie
(Mélissopoulos et al., 2012). Depuis les années 1950, la littérature montre aussi
combien les premiers liens émotionnels d’un enfant se construisent à partir du
contact physique, et préférentiellement dans la dyade mère/enfant (Meltzoff et
Borton, 1979). Ce sont ces contacts qui posent les fondements du développement
émotionnel, social et intellectuel de l’enfant (pour une revue de littérature, voir
Field, 2003 ; Field, 2010 ; Porton-Deterne, 2011 ; Rimini, 2015 ; Simington, 2005).
Dans des études, classiques dans l’histoire de la psychologie, Harlow (Harlow,
1958 ; Harlow et Harlow, 1966) présente ses observations sur la déprivation
maternelle chez les singes : séparés de leur mère, de jeunes macaques choisissent
de préférence un substitut maternel constitué par un linge doux plutôt que par
un treillis grossier. Bowlby (1958) confirmera chez l’humain l’importance de la
co-corporéité comme lieu du lien privilégié d’échange entre le bébé et sa mère.
Plus récemment, Tiffany Field, docteur en psychologie, actuellement directrice du
Touch Research Institute rattaché à l’université de Miami (États-Unis) a proposé
une revue de la littérature (Field, 2010) très complète pour préciser tous les aspects
du toucher et de sa privation. Ici, on focalisera l’attention sur le toucher et sur le
développement précoce (Field, 2010) : ses travaux montrent combien la stimula-
tion tactile continue « peut contenir » le nouveau-né dans les premiers mois de sa
vie, à la fois dans les moments doux de l’alimentation au sein ou au biberon, dans
les soins corporels, et également dans les moments de douleur ou d’inconfort du
bébé. Le bébé découvre ainsi le monde par le toucher et avec le toucher. À partir
de 6 mois de vie, les bébés se déplacent et montrent des réponses motrices de plus
en plus raffinées, orientées vers des objets et leurs manipulations. À ce moment
de leur vie, les bébés ont donc déjà des expériences répétées de manipulations tout
en développant également des compétences de locomotion qui permettent d’aug-
menter l’accès aux objets et d’améliorer leur capacité d’attention (Rimini, 2015).
Les types de soins et d’attention tactiles que les bébés reçoivent durant la première
année de leur vie peuvent avoir différents effets. Ces soins et attentions tactiles ont
été étudiés de nombreuses fois tant au domicile du bébé que dans des garderies
(Field, 2010). Les recherches (revue de la littérature par Field, 2010) montrent
notamment qu’au cours du second semestre de la vie, l’attention maternelle et
les stimulations tactiles diminuent de façon assez significative : cette diminution
est liée à un développement accéléré de la motricité globale de l’enfant (ramper,
marcher) qui éloignerait naturellement les bébés du contact physique de leur mère.
D’autres modes de communication s’intensifient cependant à ce moment de la vie
84
cette augmentation de contacts affectifs avec une amélioration de leur état dépressif
(Field, 1998). Le toucher affectif et les massages améliorent donc la sensibilité et la
réceptivité des mères ainsi que le développement et la croissance des bébés.
Pour démontrer les effets mutuels ou réciproques du toucher, Field et son équipe
s’appuient sur des techniques de mesure rigoureuses notamment sur le mécanisme
biologique de corégulation du cortisol. En effet, ils ont démontré que les compor-
tements tactiles affectifs faisaient baisser le taux sanguin de cortisol (hormone
libérée dans les situations de stress) et qu’à leur tour les facteurs immunitaires,
bénéficiant d’un niveau bas de cortisol, s’amélioraient.
85
86
1. Le corps en psychothérapie :
de Wilhelm Reich à Gerda Boyesen
89
« J’informe mon malade que je vais, dans l’instant qui suivra, exercer
une pression sur son front et lui assure que, tout le temps que durera
cette pression, un souvenir surgira sous forme d’une image ou bien
qu’une idée se présentera à son esprit. Puis j’exerce pendant quelques
secondes une pression sur le front du malade allongé devant moi lui, et
je demande ensuite d’un ton assuré, comme si la déception était impos-
sible : « Qu’avez-vous vu ? » ou « À quoi avez-vous pensé ? » (Chertok, 1993 ;
Freud et Breuer, 1895/2002, p. 89).
Cette technique est destinée à lever la résistance afin de relancer la chaîne asso-
ciative (Paumelle, 2001 ; Santarpia, 2010b).
Le psychanalyste Wilhelm Reich (Lawson, 1991 ; Reich, 1970, 1979) sera le
premier thérapeute dans le champ de la psychopathologie à construire une logique
d’intervention sur la frontière corporelle. Si dans les processus d’analyse Freud
avait mis l’accent sur les associations verbales avec leur contenu, Reich va s’in-
téresser beaucoup plus aux aspects formels, et non verbaux du patient : « il ne
s’agit pas seulement d’interpréter les rêves, les associations, les actes manqués…
mais de prêter une attention soutenue à la manière dont il le présente » (Reich,
1979, p. 76). Dans l’analyse caractérielle, il part de l’analyse des résistances comme
« défenses caractérielles » qui, en se dénouant, libèrent les affects qui leur sont liés.
L’expression de l’affect libère la « stase énergétique » et apporte ainsi une expres-
sion musculaire et émotionnelle. C’est alors que pour accompagner, accentuer, ou
provoquer ce processus, Reich a l’idée d’agir directement sur le corps, et en particu-
lier sur les muscles. Reich utilise alors les termes de « caractère » ou de « structure
caractérielle », là où nous parlerions plutôt, aujourd’hui, de « personnalité ». Il
90
91
1. Dans ce travail, pour définir la notion de « corps vécu » (ou vécu corporel), nous utilisons le
sens que Maurice Merleau-Ponty donne à ce terme dans la Phénoménologie de la perception
(1945) : un corps subjectif, ressenti plus que représenté, expérimenté plus que connu, intériorisé
plus qu’extériorisé comme objet possible.
92
1. L’arousal est un état psychologique de base et un état physiologique d’éveil cérébral. Il implique
des structures cérébrales (les noyaux), des substances de plaisir (l’adrénaline, l’ocytocine, etc.)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
93
94
le miroir) et qui, dans le même temps, efface les autres modalités sensorielles. Dans
l’anorexie, souvent, le patient vit sa perception sur un mode visuel et il en oublie les
autres modalités sensorielles (le déni de la perception de la faim ou la focalisation
sur la douleur comme défense et évitement d’émotions, par exemple). De plus, le
stimulus visuel peut être totalement fragmenté, certaines parties du stimulus étant
surinvesties et d’autres totalement occultées.
Le travail psychocorporel, uniquement centré sur l’approche de Reich, s’expose
au danger de simplification de la conception du lien corps/psyché : réduire, au
niveau physique, la notion de défense peut court-circuiter et négliger la dimension
de la symbolisation corporelle (Allouch, 2010 ; Santarpia, Abouchar et Zabern, sous
presse). Un apport précieux qui a nourri le passage crucial entre le niveau sensoriel
des défenses psychocorporelles et la symbolisation de l’expérience corporelle est
fourni dans le domaine de la linguistique cognitive (Gibbs, 2006 ; Lakoff, 1993 ;
Lakoff et Johnson, 1990). Ce domaine de recherche a fourni l’hypothèse d’un lien
direct entre l’expérience sensorielle, la symbolisation et l’émergence d’énoncés.
Sur ce lien, Johnson (1997) et d’autres chercheurs (Gibbs, 2006 ; Kövecses, 2000 ;
Lakoff, 2012 ; Lakoff et Johnson, 1990) ont proposé les notions d’image schématique
d’expérience corporelle (embodied schemata, voir les détails dans les chapitres 5
et 7). Un travail récent, sur des patients souffrant de schizophrénie, s’oriente vers
cette nouvelle façon de penser le corps et la parole (Santarpia, Abouchar et Zabern,
sous presse ; Downing, 2015).
95
96
97
est menaçante. De nombreux auteurs (Boyesen, 1987, 1997 ; Champ et al., 2015 ;
Lowen, 1979 ; Painter, 1992 ; Reich, 1970 ; Rispoli, 1993 ; Santarpia, Abouchar et
Zabern, sous presse ; Santarpia, 2016) ont proposé l’usage de techniques psycho-
corporelles semi-structurées (multipositionnelles, imagées, statiques/dynamiques)
afin de travailler sur des expériences psychocorporelles essentielles (tableau 4.2) :
• les expériences de sécurité (grounding) dans l’espace (travail sur le sol, la chaise,
le canapé) ;
• la réduction ou l’augmentation de l’activation physiologique (relaxation ou
dynamisation) ;
• la focalisation ou l’amplification sensorielle (se centrer sur un point du corps ou
stimuler une perception globale) ;
• la suspension du visuel ou de l’auditif (fermeture des yeux, par exemple) ;
• l’expression gestuelle et vocale du ressenti (devant un miroir ou dans un jeu de
rôle avec le clinicien) ;
• la concordance des énoncés et des signes non verbaux (focalisation sur une
parole intégrée à la sensation ou à la gestuelle, par exemple) ;
• l’exploration des frontières du corps et du toucher pour marquer l’existence du
Je et l’autrui ;
• le travail sur l’espace dyadique (accepter/refuser, s’abandonner, prendre, s’af-
firmer ou se protéger).
Récemment, un travail psychocorporel sur les émotions (voir chapitre 8,
vignette 2.1), centré sur un groupe de patients souffrant de schizophrénie, a utilisé
différentes techniques psychocorporelles semi-structurées (Santarpia, Abouchar
et Zabern, sous presse).
98
4. La relaxation
Les techniques les plus connues impliquent la relaxation. L’idée la plus
commune de la relaxation dérive de l’épistémologie médicale : la relaxation est
une diminution ou la suppression d’une tension, une décontraction des muscles
(Le Petit Robert, 2003). C’est un état du corps mesurable avec l’électropolygraphie
(électroencéphalogramme, électromyogramme, électrocardiogramme, analyse du
rythme respiratoire) et orienté vers une activation du système parasympathique
(Dovero, 1998). Cette définition justifie une méthodologie assez utilisée pour
mesurer la relaxation : mesurer les indices physiologiques comme l’activité élec-
trique des muscles (Borkovec et Weerts, 1976), la pression sanguine (Bali, 1979),
la fréquence cardiaque (Fee et Giordano, 1978), l’activité vasomotrice (Herman et
Blanchard, 1998) et, dernièrement, le cortisol salivaire (Pawlow et Jones, 2002).
À la notion médicale s’ajoute l’ancienne signification du verbe latin relaxare
(Gaffiot, 1934) qui renvoie à l’expérience « de reposer l’esprit de quelque chose »,
l’expression latine se relaxare ab aliquare signifie littéralement « se dégager d’une
chose, s’en affranchir ». Cette signification justifie la notion de relaxation comme
« affranchissement de l’anxiété », une notion qui implique une autre stratégie
pour l’évaluer : il s’agit alors de mesurer la diminution de l’anxiété ou du stress
à travers des échelles comme la Perceived Stress Scale (PSS) (Cohen, Kamarck
et Mermelstein, 1983) ; le Cognitive Somatic Anxiety Questionnaire (DeGood
et Tait, 1987) ; le Four Systems Anxiety Questionnaire (FSAQ ; Koksal et Power,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
99
100
tension et à les relâcher : concentrant son attention sur des états de tension muscu-
laire qu’il provoque, le sujet apprend à repérer ces tensions, puis il cesse son effort
et il porte son attention sur les nouvelles sensations qui sont, alors, identifiées
comme celles du relâchement. De répétition en répétition, il essaye d’approfondir
les états de détente musculaire. On peut séparer la technique en deux parties : la
relaxation générale et la relaxation différentielle.
Concernant la relaxation générale, le sujet commence par un repos de 5 à
10 minutes. Il est allongé sur le dos. Dans la relaxation générale, on fait mettre un
membre en tension (par exemple : « Fléchissez l’avant-bras sur le bras »). Tout en
101
102
5. L’EMDR
Dans ce paragraphe, nous présentons une technique récente impliquant le corps
et le traitement de chocs émotionnels traumatiques, l’EMDR. C’est un acronyme
anglais de Eye Movement Desensitization and Reprocessing, que l’on peut traduire
par « retraitement et désensibilisation par mouvement oculaire ». Il s’agit d’une
technique psychothérapique conçue à la fin des années 1980, en Californie, par
Francine Shapiro (1989, 2001). L’EMDR a été conçu à la suite d’une expérience
personnelle de Shapiro, celle de l’apaisement ressenti lorsqu’elle luttait contre un
cancer après avoir effectué de façon fortuite des mouvements oculaires rapides.
Cette découverte l’a conduite à tester ce mécanisme auprès d’autres personnes
souffrant d’état de stress post-traumatique. Il peut s’agir de traumatismes graves,
ou également d’une succession de chocs moins importants qui deviennent pourtant
invalidants du fait de leur accumulation. Il semblerait donc que le fait d’amener au
cours de la séance d’EMDR le patient à conserver un état d’attention double, à la fois
sur le souvenir traumatique (pareillement donc aux thérapies comportementales)
et sur une stimulation sensorielle bilatérale alternée (visuelle, tactile, ou auditive),
ait pour effet d’envoyer en direction des centres de la peur (notamment l’amyg-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
dale) des informations progressivement apaisantes. Il a en effet été prouvé que les
mouvements oculaires s’accompagnaient d’une activité cholinergique (Hobson,
1988), c’est-à-dire de relâchement. Une récente recherche montre ainsi les corrélats
cérébraux de cette technique (Pagani et al., 2012). Dans un article critique portant
sur le fait que l’on ne connaît pas encore les mécanismes neurologiques et psycho-
physiologiques du fonctionnement de la procédure, McNally (1999) souligne une
série de similarités entre le phénomène du mesmérisme et l’EMDR.
Illustrons la technique à travers différentes étapes (Barbery, 2007).
103
5.3 Évaluation
Cette phase permet de déterminer les souvenirs qui feront l’objet du traitement.
Pour chaque événement traumatisant, le patient doit choisir une image qui repré-
sente l’événement, une idée négative associée à l’événement (cognition négative) et
une idée susceptible d’élever l’estime de soi (cognition positive). Le patient évalue
alors la validité de l’idée positive sur une échelle numérique. Il associe également
l’image traumatisante et l’idée négative et évalue l’ampleur de sa détresse sur une
échelle numérique (de 0 – « tout va bien » à 10 – « détresse intense »).
5.4 Désensibilisation
Le patient continue à penser à l’image traumatisante et à l’idée négative alors
que le thérapeute lui demande de suivre des yeux un point lumineux qu’il déplace
dans l’espace. D’autres stimuli (bruits successifs à gauche et à droite, claquement
des doigts, stimulation tactile, etc.) peuvent être également utilisés durant cette
phase. Le patient est encouragé à suivre les associations mentales qui se produisent
naturellement pendant cet exercice et ce sont ces associations progressives qui sont
censées être au cœur du traitement. Cette phase du traitement continue jusqu’à ce
que le patient évalue sa détresse à 0 ou à 1 sur l’échelle introduite lors de la phase
précédente.
104
5.5 Ancrage
La phase suivante vise à associer l’idée positive à ce qu’il reste du souvenir de
l’événement traumatisant. Quand l’évaluation de la détresse atteint 1 ou 0, le
thérapeute demande au patient de penser à l’objectif fixé en début de séance. Les
mouvements oculaires continuent jusqu’à ce que le patient évalue la validité de la
cognition positive à 6 ou à 7 sur la première échelle utilisée durant la phase 3. Les
étapes 3 à 5 recommencent à chaque séance pour une nouvelle image traumatisante.
5.7 Conclusion
À la fin d’une séance, le thérapeute doit faire en sorte que son patient se trouve
dans un état émotionnel stable, que le traitement soit terminé ou non. Il prépare
également son patient à réagir correctement (relaxation, etc.) au cas où le souvenir
de l’expérience traumatisante surgirait entre les séances.
5.8 Évaluation
Au début de la séance suivante, le thérapeute demande au patient de repenser au
but fixé lors de la séance précédente. En fonction de ses réactions, il évalue l’effet
de la thérapie et adapte son déroulement en conséquence. Vers la fin de la thérapie,
le patient est invité à tenir un journal concernant les souvenirs travaillés pendant
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
les séances et les associations qui lui viennent à l’esprit en dehors des séances.
Si les mécanismes spécifiques d’action de l’EMDR sont encore à élucider, l’effi-
cacité de cette technique est assez importante ; l’American Psychiatric Association
(2004) et la Société internationale pour la recherche sur le stress traumatique ont
reconnu en l’EMDR un outil fondamental pour réduire les symptômes aigus ou
chroniques du syndrome de stress post-traumatique.
Une série de recherches attribue à l’EMDR le même niveau d’efficacité que les
techniques cognitives et comportementales (Bleich, Kotler, Kutz et Shaley, 2002 ;
105
Chambless et al., 1998 ; CREST, 2003 ; pour une revue de la littérature, lire Davidson
et Parker, 2001). L’EMDR se montre efficace également pour une population d’en-
fants à l’école primaire qui n’avaient pas répondu à d’autres traitements (Chemtob,
Nakashima et Carlson, 2002).
D’autres études, encore, montrent une réduction des symptômes après trois mois
de traitement chez une population de femmes qui ont subi une violence sexuelle
dans l’adolescence ou dans l’âge adulte (Edmond, 2004).
6. La cohérence cardiaque
Le biofeedback, centré sur la variabilité cardiaque, est une nouvelle technique
que l’on peut appliquer pour la réduction du stress, pour la réhabilitation et
pour l’augmentation de la performance. La variabilité cardiaque est une mesure
des changements naturels de la fréquence cardiaque. L’analyse de cette variabi-
lité est un puissant indice des relations entre le cerveau, le cœur, et le système
nerveux autonome (pour une revue de la littérature, voir McCraty et Atkinson,
2003 ; McCraty, 2002). On peut en particulier observer les niveaux de synchroni-
sation entre les systèmes sympathiques et parasympathiques du système nerveux
autonome. Techniquement, la variabilité peut ainsi être mesurée par l’électrocar-
diogramme en utilisant des électrodes placées sur la poitrine ou en utilisant des
capteurs pléthy-smographiques.
Différentes recherches ont déterminé une modalité spécifique du fonc-
tionnement de la variabilité cardiaque. Cette modalité, nommée « cohérence
physiologique », est corrélée avec une expérience émotionnelle positive (McCraty
et Atkinson, 2003).
La cohérence physiologique ou cohérence cardiaque (McCraty et Atkinson, 2003 ;
McCraty, 2002) se caractérise par :
• une synchronisation du système nerveux autonome avec une augmentation de
l’activité parasympathique ;
• une synchronisation de la fréquence cardiaque avec l’activité alpha (Tiller et
al., 1996) ;
• une stabilisation de la sensibilité des baro-récepteurs qui modulent la pression
sanguine et est corrélée à une efficience respiratoire ;
• une augmentation de l’activité vagale qui est impliquée dans la réduction des
signaux de souffrance (McCraty et Atkinson, 2003) ;
106
« Vous imaginez que vous respirez à travers le cœur (ou la région centrale
de la poitrine si vous ne sentez pas encore directement votre cœur).
Imaginez que l’inspiration lui apporte, au passage, l’oxygène dont il
a tellement besoin, et que l’expiration le laisse se défaire de tous les
déchets dont il n’a plus besoin. Imaginez les mouvements lents et souples
de l’inspiration et de l’expiration qui laissent le cœur se laver dans ce
bain d’air pur, clarificateur et apaisant. Qu’ils le laissent profiter de ce
cadeau que vous lui faites. Vous pouvez imaginer votre cœur comme
un enfant dans un petit bain d’eau tiède où il flotte et s’ébat à loisir, à
son rythme à lui, sans contraintes ni obligations. Comme un enfant que
vous aimez et qui joue, vous ne lui demandez rien d’autre que d’être
lui-même, dans son élément naturel, et vous le regardez simplement
se déployer à sa manière en continuant de lui apporter de l’air doux et
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
107
7. La décentration
La décentration (Frétigny et Virel, 1968 ; Soulairac, Hossard et Virel, 1977 ;
Virel, 1965, 1970, 2000 ; Virel, Lambert et Dorkel, 1987) est une technique de mise
en conditions utilisée dans l’onirothérapie d’intégration pour permettre au sujet
d’accéder à un surgissement spontané d’images mentales oniriques. Le sujet est
habituellement allongé, les yeux fermés, dans une pièce obscure ou aux éclairages
très atténués. Il lui est demandé d’oublier ce qu’il peut savoir de la concentration
et de la relaxation. Par définition, la concentration implique un effort d’attention
sur un département sensoriel ou sur une fonction sensorielle. Ici, le sujet doit
s’abstenir de tout effort, d’où le nom de « décentration » donné à la technique.
Toute attention doit s’effacer au profit d’une attente. Le but de la mise en condi-
tions n’est pas la recherche d’un état de relaxation puisqu’il convient ici d’accepter
les contractures qui précèdent généralement, et parfois de façon douloureuse, le
stade de dissociation de l’image corporelle.
La technique digitale peut initialement faciliter l’entrée dans cet état d’attente
passive. Le sujet est amené à abandonner les filtrages habituels imposés à ses
perceptions sensorielles, et à percevoir, par exemple, la circulation du sang à
l’extrémité de ses doigts. La palpitation du sang emplit le champ de la conscience
perceptive. Les mains semblent grossir, se déformer, et changer de position,
souvent de façon dissymétrique. Puis, les divers départements sensoriels parlent
anarchiquement. Au début du siècle, la psychothérapie a privilégié soit la libre
association d’idées (psychanalyse) soit le surgissement d’images (techniques d’ima-
gerie mentale). Les uns mettaient l’accent sur une démarche intellectualisante, les
autres privilégiaient l’affectif et le vécu des imageries. Or, choisir la voie des images
ne signifie pas pour autant rejeter la prise de conscience des problèmes. Mais ce
n’est pas non plus la prise de conscience intellectuelle qui conduit à résoudre la
structure névrotique, c’est le vécu onirique qui, libérant la fonction biologique de
l’imaginaire, engendre la prise de conscience.
La décentration ne saurait donc être confondue avec les différentes tech-
niques de relaxation dans lesquelles il s’agit de relaxer le corps pour apaiser le
psychisme. En effet, dans un premier temps, la décentration vise au contraire à
la somatisation, à la « corporalisation » des tensions, et cela se traduit par des
contractures, des douleurs. La parole est donnée au corps qui devient sujet.
Il est demandé au sujet, allongé, paupières closes, de s’abstenir de tout effort
d’attention, de concentration, afin de permettre à chaque territoire sensoriel de
s’exprimer librement. Le sujet, en état de conscience hypnoïde (détectable sur
108
1. Virel, 1967.
2. Perception du corps concernant les jambes, les bras, le ventre, les viscères, la peau, etc.
109
1970) a ainsi proposé une étude spécifique expérimentale sur l’imagerie spontanée
chez neuf sujets, dans une situation assez proche de l’expérience de la décentration.
Il montre : concernant le niveau de vigilance, un état de détente psychosensorielle
avec rythme alpha abondant ; concernant le niveau de conscience, une imagerie
intense, riche et colorée ; une verbalisation immédiate et quasi constante de cet
onirisme ; la conservation d’un contact avec l’opérateur ; l’intégration immédiate
de ses interventions, qui sont rarement vécues comme extérieures ; et une partici-
pation « active » à la séance. Une série de recherches sur l’efficacité thérapeutique
de cette méthode reste cependant à réaliser.
8. L’image du corps
L’image du corps peut être conçue comme une mise en figure (impermanente
ou figée ou fluide), temporellement située de soi-même, racontée, visualisée en
imagerie mentale (dans un état de conscience modifié ou ordinaire) ou projetée
sur un support (papier, mur, toile, etc.).
Cette figuration narrative ou visualisée en imagerie mentale (fragmentée,
intégrée, partielle ou totale) est une synthèse (Ruggieri, 1995) d’un processus dyna-
mique (conscient ou inconscient) généré par les dynamiques affectives spécifiques
de la dyade thérapeutique, par l’organisation (ou désorganisation) des expériences
motivationnelles (Lichtenberg, Lachmann et Fosshage, 2011 ; Maslow, 1943) et par
les émotions concernant les thématiques existentielles (Yalom, 2008).
Ainsi l’image du corps s’inscrit dans l’interaction, elle est toujours en rapport
avec une altérité (réelle ou imaginée).
Par exemple, si un client idéalise le thérapeute dans une étape spécifique de
la thérapie ou s’il vit une expérience fortement spirituelle devant un magnifique
110
coucher de soleil, il pourrait raconter son image du corps (du moment) et dire : « Je
me sens soudain tout petit, minuscule ». Elle peut s’exprimer à travers le récit de
soi évoquant sa propre apparence corporelle ; cela sera, par exemple, une photo-
graphie ou une image mentale de soi dans une temporalité précise dans laquelle on
s’identifie, ou à travers des mises en figures de substitution (dessiner, sculpter un
animal, une fleur, etc.) qui s’adressent à une altérité (Dolto, 1984) impliquant un
système motivationnel (altérité d’attachement, altérité dans la sensualité, altérité
dans l’exploration, etc.).
Pour chaque domaine motivationnel (attachement, affiliation sociale, efficacité
personnelle, aversion, sensualité, sexualité, spiritualité) ou existentiel (les émotions
et les représentations concernant le thème de la mort, de la solitude, du sens de la
vie, de la liberté) le patient vit des images/représentation de son corps (en harmonie
ou pas) avec les perceptions psychophysiologiques (schéma corporel et perceptions
sensorielles).
Par exemple (Santarpia, Abouchar, Zabern, sous presse), dans l’anorexie mentale,
le dialogue entre les images du corps et les perceptions devient problématique et
énigmatique : « Je ne ressens pas mon corps », « Je sens mon corps gros et je ne le
supporte pas », « Je veux que mon corps soit maigre et malade, je ne supporte pas
d’être normal », « Si je prends du poids, j’ai l’impression de prendre trop de place ».
Il semble que les images du corps tissent un dialogue permanent et circulaire
(Ruggieri, 1995 ; Gallese et Lakoff, 2005) avec le schéma corporel et la périphérie
du corps (peau, muscles, tissus, squelette).
Le récit sur l’image du corps (avant moi – derrière moi) peut devenir méta-
phoriquement le temps spatialisé dans la perspective présent-passé-futur avec
des scènes internalisées ou reconfigurées (Evans, 2004 ; Lakoff et Johnson, 1980a,
1990). Cette dimension peut être fortement perturbée pour les patients souffrant
de schizophrénie (Santarpia, Veltri, Berreby, Menicacci et Uebel, 2019). Elle peut
posséder également des qualités atypiques de temps vécu (Bergson, 1889/2013)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
dans un état de conscience modifié (voir le chapitre 6) dans lequel peut apparaître
une rupture du rapport espace/temps ordinaire et dans lequel peut émerger la
possibilité de nouvelles mises en figure souvent totalement poétiques et créatives
(Virel, 1965, 2000).
Concernant un premier mouvement de visibilité de l’image du corps dans les
gestes, Godard a identifié une forme de prégestualité inconsciente (Godard, 1995 ;
Menicacci et Quinz, 2001) qui est la base d’appui, le fond tonique et gravitaire
de l’expression gestuelle. Ce type d’observation dynamique et émergente de la
communication non verbale est en totale opposition avec la vision d’un corps à
111
112
intolérables.
La dimension croisée discours-CNV (communication non verbale1) est le rapport
entre le contenu ou l’intention sémantique et la corporalité. Elle est inévitablement
liée à la culture des interlocuteurs. Dans cette dimension, nous avons des phéno-
mènes de discordance, c’est-à-dire une dominance excessive ou un effacement
d’une modalité sur une autre (par exemple : un récit traumatique sans aucune
1. Communication qui passe par des signes perceptibles isolés ou en interaction avec la parole.
113
1. Voir : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Prox%C3%A9mie&oldid=113974375.
114
115
Selon Godard (Godard, Ginot et Michel, 1995), le geste « s’inscrit dans l’écart
entre le mouvement et la toile de fond tonique et gravitaire du sujet : c’est-à-dire
le pré-mouvement dans toutes ses dimensions affectives et projectives. C’est là que
réside l’expressivité du geste humain, dont est démunie la machine ». On parlera
donc de geste (Nadrigny, 2012) lorsque l’on dépasse la conception cinématique du
trajet dans l’espace pour s’intéresser à sa dimension qualitative, comme l’avaient
thématisé le phénoménologue Erwin Straus (1992) et le danseur-chorégraphe
Rudolf Laban (Laban et Lawrence, 1947). La trame de fond du geste est l’expé-
rience-habitation de la posture dans son rapport avec la gravité selon une centration
active ou réceptive.
Dans la pratique clinique, la centration active est plus précisément la capacité
à se soutenir activement par ses propres pieds/jambes (voir le concept de groun-
ding1). La centration réceptive est la capacité d’être soutenu par un agent extérieur
concret tel qu’un lit ou un corps d’autrui (par exemple : la situation dans laquelle
le bébé peut se relâcher et peut s’abandonner au corps rassurant d’un parent). Les
gestes peuvent servir à : la modulation de l’état psychophysiologique comme dans
la gesticulation (Rosenfeld, 1966) où le sujet bouge différentes régions du corps
avec une haute fréquence. Les gestes peuvent être un outil de communication dans
des situations de difficulté linguistique ou dans des situations de développement
préverbal (l’enfant et ses besoins). Les gestes sont les expressions de codes culturels
dans un groupe.
Le thérapeute peut alors observer la phénoménologie du geste à travers la grille
dynamique : prégeste-plateau gestuel-retour gestuel. Il s’agit d’être en contact avec
toute la trajectoire du geste dans la dimension de l’imagination gestuelle (je peux…
j’imagine pouvoir), l’expression gestuelle (j’exprime, je vis), et le retour à une dimen-
sion de silence et de ressenti de l’événement (j’ai vécu ceci ou cela). Cette trajectoire
peut être fluide, bloquée ou fragmentée dans son déploiement.
Dans une communication interactive et co-corporelle, les humains s’informent
les uns les autres de leurs intentions, de leurs intérêts, de leurs sentiments, et de
leurs idées. Ils utilisent, volontairement ou spontanément, des actions corporelles
visibles (Kendon, 2004, p. 1). McNeill (1992, 2000) propose ainsi une liste de gestes
qui sont en interaction avec la parole, et les gestes coverbaux :
1. Le concept a été présent dans la tradition Chi Gung, mais il a été utilisé en psychothérapie
par Lowen et Reich (Lawson, 1991). Grounding signifie « enracinement », un état où la personne
se sent bien en contact avec ses pieds, ses jambes et son appui au sol. Cela induit un meilleur
contact avec soi et avec la réalité (Grandi, 2015).
116
• Les gestes iconiques : ce sont les gestes qui véhiculent par leur forme et par leur
mouvement le contenu relatif au contenu linguistique concomitant, par exemple
le geste de l’escalier en colimaçon.
• Les gestes métaphoriques : ce sont les images des notions abstraites, ils diffèrent
des gestes iconiques par l’impossibilité de présenter visuellement ce qu’ils véhi-
culent, par exemple le geste de la solidarité dans la jonction des deux mains.
• Les gestes déictiques : ce sont les pointages qui servent à indiquer les objets ou
événements du monde concret. Ils jouent aussi un rôle important quand il n’y
a objectivement rien à pointer, pour les objets absents ou les objets abstraits.
• Les gestes de battement : c’est le rythme de l’énoncé verbal, sans ajouter d’image
supplémentaire.
• Les gestes adaptateurs : ce sont par exemple les auto-contacts ou la manipulation
des objets.
• Les gestes emblèmes : ce sont les gestes d’insultes, ou d’éloges.
• Les gestes cohésifs : ce sont les gestes qui servent à lier des parties du discours
qui sont reliées thématiquement, mais séparées temporellement. Tandis que les
battements mettent en évidence la discontinuité des séquences temporelles, les
gestes cohésifs montrent la continuité.
• Les gestes informatifs : moins présents en littérature, ils sont liés aux activités
humaines (manger, boire, courir…).
• Les gestes instrumentaux : ils concernent les instruments musicaux, le frapper,
le frotter, le souffler, le pincer…
• Les gestes sportifs : ce sont les actions spécifiques d’une activité sportive.
• Les gestes chorégraphiques : ce sont les pas et les figures de la danse.
• Les gestes quantitatifs : ils organisent une quantité numérique à travers les doigts.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
117
de soi. Une peur intense de l’abandon peut générer des conduites d’évitement vers
les situations d’attachement. Dans la clinique de l’adolescence, une colère aiguë
peut détruire la possibilité de créer de liens avec le groupe de pairs ou avec la
communauté d’appartenance.
L’émotion est un processus qui a comme composante fondatrice le sentiment
d’une conscience qui est affectée1 (Russell, 1980, 2003, 2005) par « la série des
121
122
123
124
1. Voir : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Focusing&oldid=123207707.
2. L’experiencing est l’aptitude d’un individu à faire l’expérience de lui-même. Le degré d’expe-
riencing d’une personne est une donnée observable dans sa communication verbale (Saint-Pierre,
2015, p. 1).
3. Voir : http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Focusing&oldid=123207707.
125
a créé une échelle d’analyse de l’expérience de soi (Klein et al., 1969 ; Saint-Pierre,
2015) qui explore sept niveaux d’expérience de soi selon le rapport entre récit et
ressenti. Le focusing est dérivé de l’approche centrée sur la personne développée
par Carl Rogers, dont Eugene Gendlin a été un proche collaborateur pendant près
de onze ans.
126
pour me l’annoncer et nous ne l’avons pas encore dit aux enfants » (traduction
Saint-Pierre, 2015, p. 2-3).
• Au troisième degré, la narration est chargée émotionnellement : le narrateur
raconte, d’un point de vue externe, quelque chose qu’il a vécu. Les comporte-
ments sont observés avec l’ajout de certains commentaires sur ce qu’il ressentait
ou sur ce que l’expérience lui faisait vivre. Les commentaires sont limités à la
situation décrite. La narration a une touche personnelle sans que la personne
se présente globalement. Par exemple : « Mes sœurs sont en conflit. Elles
m’appellent chacune leur tour pour me prendre à partie et cela m’exaspère »
(traduction Saint-Pierre, 2015, p. 2-3).
• Au quatrième degré, la narration est centrée sur soi et sur le ressenti : le thème
de la conversation est le ressenti de l’expérience ou des événements plutôt que la
description des événements comme tels. La personne tente d’être en contact avec
le sens corporel qu’elle a de toute cette affaire. Le sens qu’elle a de l’expérience
est à la base de sa communication. Par exemple : « Il m’est arrivé quelque chose
d’assez particulier en fin de semaine par rapport à une personne que je connais
depuis longtemps, mais qui n’est pas vraiment un ami. Je suis restée perplexe
devant son comportement. J’ai l’impression que je devrais réagir, mais je me
sens bloquée… » (traduction Saint-Pierre, 2015, p. 2-3).
• Au cinquième degré, la narration est centrée sur l’exploration de soi et l’élabora-
tion du ressenti : le narrateur peut situer et définir une problématique en matière
de ressenti. Il est facile alors de savoir ce qui est le plus important pour lui dans
son récit. Il peut aussi explorer et travailler la situation de manière personnelle.
Il peut tenter de porter son attention sur les aspects qui sont moins clairs et
de les élaborer. Par exemple : « Lorsqu’il a commenté le travail que je lui avais
présenté, je me suis sentie comme une petite fille qui aurait apporté un beau
dessin à son père et il lui aurait dit que ce n’était pas bien de dépasser le cadre
et de mettre trop de couleur. Je réalise à quel point c’est encore difficile pour
moi de recevoir ce type de critique. Ça touche pas mal de points sensibles pour
moi » (traduction Saint-Pierre, 2015, p. 2-3).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
127
3. Du sensoriel au métaphorique
Un apport précieux qui a nourri l’orientation humaniste centrée sur les émotions
est arrivé dans le domaine de la linguistique cognitive (Gibbs, 1994 ; Gibbs, 2006 ;
Lakoff, 1993 ; Lakoff et Johnson, 1990), inspiré par l’embodied cognition (Gallese
et Lakoff, 2005). La linguistique cognitive a créé un lien direct entre l’expérience
sensorielle, la conceptualisation et l’émergence d’énoncés.
Johnson (1997) et d’autres chercheurs (Gibbs, 2006 ; Kövecses, 2000 ; Lakoff,
2012 ; Lakoff et Johnson, 1990) ont proposé la notion de métaphores primaires.
Il s’agit de connexions neuronales entre les émotions et les expériences subjec-
tives sensori-motrices développées depuis l’enfance. Elles résultent de l’intrication
des événements de base fréquemment expérimentés avec des objets et d’autres
personnes dans l’environnement de l’enfant1. Par exemple, le concept d’affection
est généralement intriqué (blending ou conflation en anglais) avec la chaleur que
l’enfant éprouve à plusieurs reprises quand il se tient dans les bras de quelqu’un.
L’expérience subjective du sentiment d’affection serait ainsi intriquée positivement
ou négativement avec l’expérience sensorielle du sentiment de chaleur. Cette forme
d’intrication sera un marqueur primaire de l’expérience. L’enfant sera ensuite en
mesure de séparer les deux domaines (affection et de chaleur), mais les associations
entre les domaines (sensoriel et conceptuel) persisteront sous forme de catégories
d’expérience (conceptuelles et sensorielles). Ces types de catégories expliqueront
ainsi pourquoi nous conceptualisons l’affection en matière de chaleur « un sourire
chaleureux », ou « une personne froide ».
Un autre concept essentiel (voir également chapitre 7) qui peut nous aider à
comprendre l’intrication entre sensoriel et conceptuel est l’image schématique
d’expérience corporelle (Johnson, 1987, 1991). Il s’agit d’un schème récurrent,
1. Par exemple, toucher un objet dans un but précis ou chercher la consolation de la mère.
128
129
au sujet d’une perte ou elle est en colère concernant une intrusion ou une injustice
vécue. La douleur émotionnelle et les sentiments font également partie de cette
catégorie.
Les émotions primaires mal adaptatives sont un vieux sentiment familier de la
personne (par exemple : le sentiment d’être sans valeur, ceci évoquant la honte, ou
bien le sentiment d’une insécurité dans le domaine des liens avec autrui, évoquant
alors la peur de perdre ce lien). Il s’agit de sentiments qui ne sont pas adaptés à la
situation actuelle.
Les émotions secondaires sont des réactions émotionnelles automatiques par
rapport aux émotions primaires. Considérons, par exemple, un patient qui avait
été traité injustement, mais qui rapporte des émotions de tristesse et de peur (ici
des émotions secondaires de type défensif et réactionnel) comme réactions à des
sentiments plus profonds de colère et de frustration (ici des émotions primaires)
par rapport à l’injustice subie. À l’inverse, pour une autre situation, la colère peut
être l’émotion secondaire par rapport au sentiment plus profond de honte.
Les émotions instrumentales se caractérisent par le fait que le patient, consciem-
ment, mais surtout inconsciemment, exprime des émotions dans le dessein d’avoir
un effet spécifique sur le partenaire d’interaction (le séduire, chercher son attention,
lui donner un sentiment de culpabilité). Dans le cadre de la relation psychothéra-
peutique, les expressions émotionnelles instrumentales sont proscrites, tant chez le
thérapeute que chez le patient. Dans ce type de situation, l’attitude thérapeutique
recommandée est d’abord de faire prendre conscience au patient du caractère
inauthentique et instrumental de l’expression émotionnelle. Il convient ensuite de
découvrir quels sont les désirs et besoins réels qui sous-tendent cette expression et
d’examiner les raisons pour lesquelles ils ne peuvent pas s’exprimer directement.
Souvent, le patient n’ose reconnaître ses sentiments, car ils sont en contradiction
avec ses valeurs ou avec la représentation qu’ils vont donner de sa personnalité.
Cette différenciation entre les formes d’émotions sera prise en compte dans
le choix de l’intervention thérapeutique, moment par moment, en fonction des
micro-signes du processus.
Sous l’angle technique, dans l’EFT, on utilise massivement la technique du
dialogue sur deux chaises, ou la chaise vide (Kramer et Pascual-Leone, 2013). La
première technique, centrée sur deux chaises (colorées différemment ou pas),
consiste pour le sujet :
• soit à assumer et à littéralement mimer les 2 côtés d’un conflit intrapsychique
(conflict split) ou à élaborer l’auto-interruption (self-interruptive split) d’une
part du patient ;
130
131
signification pour nous soit perçu comme une figure. Celle-ci se projetterait alors
en avant d’un fond et deviendrait persistante, le fond étant perçu comme moins
bien structuré et moins précis (voir le vase de Rubin).
Le deuxième principe repose sur la phrase : « Le tout est différent de la somme
de ses parties ». Les recherches en Gestalt avancent l’idée que notre cerveau réalise
systématiquement une mise en forme des informations perçues grâce à une organi-
sation immédiate des relations entre ces informations (Preunet, 2011). Ces relations
existent en moi, et elles me permettent d’organiser une forme globale.
Cette philosophie privilégie la complexité de la forme. Elle a influencé et nourri
profondément Friedrich Perls (1893-1970), l’inventeur de la Gestalt-thérapie (Perls,
1951/2001 ; Perls et al., 1951). Il est né en 1893 dans le ghetto juif de Berlin (Saal,
2015). Il vécut dans un climat familial agité où il se heurta violemment à son père.
Il obtint son diplôme de médecin à 27 ans, et se spécialisa en neuropsychiatrie.
Il commence alors une longue série de psychanalyses avec Karen Horney, Eugen
Harnik, et Wilhem Reich. En 1934, à 41 ans, Perls fuit l’Allemagne nazie, et s’ins-
talle en Afrique du Sud où il fonde l’Institut sud-africain de psychanalyse. Il exerce
de façon très orthodoxe. Il dira plus tard qu’il était devenu « un cadavre calcula-
teur, comme la plupart des psychanalystes de l’époque » (Saal, 2015). Il rédige son
premier livre « Le moi, la faim et l’agressivité », qui fut publié en 1942. La 1re édition
est sous-titrée « Une révision de la théorie de Freud ». C’est toutefois en 1951 que
paraît Gestalt Therapy, un livre écrit par Perls et son collaborateur Paul Goodman
(Perls, Hefferline et Goodman 1951/2001, 1951). Dans ce travail, on voit se dessiner
les bases de la Gestalt-thérapie : l’importance du moment présent, la place du corps,
le contact direct, la valorisation des sentiments, l’approche globale, et le dévelop-
pement de la responsabilité du patient (Saal, 2015).
132
1. Cette expression indique dans la Gestalt-thérapie des processus impliquant le rapport avec
l’altérité, et l’environnement physique.
133
134
Friendlander et al., 2012 ; Elliott, 2010). Il s’agit de réexposer le patient, dans des
circonstances plus favorables, à des situations émotionnelles qu’il ne pouvait pas
gérer dans le passé. Le patient est encouragé à vivre une expérience émotionnelle
appropriée pour réparer l’influence traumatique des expériences précédentes. Selon
Alexander (Alexander et French, 1946), il n’est pas vital que cette expérience de
correction ait lieu pendant le traitement dans la relation transférentielle, ou en
parallèle avec le traitement dans la vie quotidienne du patient. Il est important
de comprendre que la maîtrise d’un conflit non résolu dans cette relation devient
possible non seulement parce que le conflit de transfert est moins intense que celui
135
d’origine, mais aussi parce que le psychothérapeute assume une attitude différente
de celle que le parent avait prise envers l’enfant dans la situation de conflit d’origine.
Ce type d’expérience émotionnelle intègre et complète le travail de mise en sens
intellectuelle. Il est demandé au thérapeute d’avoir une compréhension claire des
difficultés émotionnelles du patient pour qu’il puisse revivre les situations de conflit.
En Gestalt-thérapie, on peut assister à des variations de cette expérience.
Les thérapeutes peuvent évoquer et suggérer un travail psychocorporel (voir le
chapitre 4) orienté vers l’expérimentation de nouvelles expériences visant à trans-
former les vécus conflictuels du patient. Comme dans le travail psychanalytique, le
transfert est pris en compte dans le travail psychocorporel, mais son maniement
par le psychothérapeute est différent : il n’occupe pas le centre de la relation. Il
est dévoilé dans un ici et maintenant, sans frontières entre ce qui se passe dans le
présent, dans l’histoire passée et future de la personne (Chevalier, 2015).
En Gestalt-thérapie, la dynamique projective est souvent matérialisée (voir la
technique du dialogue sur deux chaises ou la chaise vide). Pendant la séance, toute
l’histoire et tout l’avenir de la personne qui travaille et de la personne qui accom-
pagne sont présents dans l’ici et le maintenant. Bien que le cadre où cela se passe
soit construit « artificiellement », ce qui se passe est bien réel. C’est à partir de cette
réalité que, selon Perls, le processus de guérison s’active, permettant à la personne
de déployer une capacité à s’ajuster de manière créative au réel (Chevalier, 2015).
En gérant son contre-transfert à travers un travail de supervision, « le thérapeute
permet au patient de se sentir exister avec ses propres projections et de percevoir
la limite de ce qui est à lui et de ce qui est à l’autre » (Chevalier, 2015).
136
vie actuelle. Les rejouer permet non pas de les effacer, mais de les intégrer dans
sa structure psychique, de leur donner un sens, de les dépasser, et de se préparer
à une situation future.
• La technique du dialogue de la chaise vide (hot seat), utilisée également dans
l’EFT. Elle se caractérise, par une discussion fictive avec une autre personne ou
une partie de soi (que l’on imagine sur la chaise vide).
• L’interpellation directe consiste à ne jamais parler de ou sur quelqu’un (principe
de base de la Gestalt), mais à lui adresser la parole directement même s’il est
absent. On choisit alors un objet, une autre personne du groupe ou la chaise
vide (hot seat). Cela permet de faire surgir plus rapidement une émotion, une
difficulté sur laquelle on peut intervenir.
• La focalisation sensorielle (voir le focusing, chapitre 5).
• Le travail sur les défenses psychocorporelles (chapitre 4).
Serge Ginger (2015), fondateur en France de l’École parisienne de Gestalt-
thérapie, précise bien que les techniques ne sont pas des « jeux » ou des « exercices »
artificiels, et qu’ils ne sont pas préparés d’avance, mais que sont des techniques
psychocorporelles semi-structurées (voir chapitre 4) visant à exploiter les attitudes
courantes, les gestes et les « micro-gestes » inconscients, et « toute la vie expressive
spontanée des corps : celui du patient – mais aussi, bien sûr, celui du thérapeute ».
Serge Ginger (2015) était assez intéressé aussi bien par la sensorialité réceptive
(Que ressens-tu en ce moment ?) que par l’activité motrice de l’organisme (Je te
propose de te lever et de faire quelques pas…). Nous mentionnerons pour conclure
quelques-unes des questions typiques formulées dans cette orientation :
• Qu’êtes-vous en train de faire maintenant ?
• Que ressentez-vous en ce moment ?
• Qu’êtes-vous en train d’éviter ?
• Que voulez-vous, qu’attendez-vous de moi ?
137
et Bachelart, 2010). Il précise cependant que les limites peuvent parfois devenir
poreuses, car des mouvements transférentiels peuvent infiltrer l’alliance, mais que
le noyau essentiel de l’alliance reste la « vraie relation ». Cette position inclut une
dimension « objective » de la relation thérapeutique que défend notamment Sterba
(Bioy et Bachelart, 2010 ; Sterba, 1934, 1940). Inspiré par les théories dissociatives
héritées de Janet (1889), ce dernier a souligné l’importance de susciter chez le
patient « une coupure thérapeutique du moi » entre les fonctions observantes et
participantes. Ainsi, les éléments du moi centrés sur la réalité peuvent s’accorder
avec le thérapeute dans la tâche d’auto-observation (Sterba, 1934, 1940). Dans la
pratique clinique, ce type de procédure peut être pertinent dans un travail avancé
de thérapie. Par exemple, une situation dans laquelle le patient ne peut pas gérer
ses émotions mais dans laquelle il peut faire confiance au clinicien. Le thérapeute
peut alors créer un jeu de rôle, « déposant », à travers un travail d’imagination,
ses capacités de contenance et de réflexion sur la chaise vide. Le client s’assoit
sur la chaise, coupe transitoirement sa dimension problématique concernant les
émotions, et tente d’expérimenter une nouvelle façon d’être en s’appuyant sur les
fonctions psychologiques organisées de son psychothérapeute.
138
139
140
de fond comme : je suis dans l’état de veille et je lis, je peux avoir un moment de
confusion (je dors ou je lis), mais je reste dans un état de veille (avec les caracté-
ristiques de perception de l’état de veille). Il propose quelques exemples d’états
de conscience de base : l’état de veille, l’état d’imagerie, l’état de rêve du sommeil,
l’hypnose, l’intoxication par l’alcool ou la marijuana, et les états méditatifs. Pour
Tart, la conscience est un mécanisme d’intégration qui nous permet d’interagir
143
2. La conscience modifiée
Depuis l’ancien Mémoire sur la découverte du magnétisme animal (Mesmer,
1779/2006) jusqu’aux travaux actuels sur la méditation (Khalsa et al., 2015 ;
McCollum et Gehart, 2010 ; Raskin, Bali et Peeke, 1980) ou sur l’hypnose (Davidson
et Goleman, 1977 ; Erickson et Haley, 1967 ; Erickson, Rossi et Rossi, 1976 ; Oakley,
1999), les chercheurs se sont interrogés sur les expériences de la conscience inha-
bituelle, atypique. Dans un registre scientifique, Tart a donné une définition
opérationnelle à ces types d’expériences nommés états altérés de conscience (ASC)
ou états de conscience modifiés :
144
Ludwig (1969) propose quant à lui une définition, devenue classique, des états
de conscience modifiée :
145
montre un état déplaisant, une expérience anxiogène proche des bad trips décrits
par les utilisateurs de drogues (Studerus, Gamma et Vollenweider, 2012). L’APZ
a été validé par l’International Study on Altered Consciousness (ISASC ; Dittrich,
Von Arx et Staub, 1985) ; il est disponible en anglais (UK et USA), en allemand,
en italien et en portugais.
146
yeux fermés, j’ai vu des lumières ou des flashes de lumière dans l’obscurité
totale ou les yeux fermés »).
— Synesthésie audiovisuelle (« Les bruits semblaient influencer ce que je voyais, les
formes des choses semblaient changer selon les sons et les bruits, les couleurs
des choses semblaient changer selon les sons et les bruits »).
— Changement de sens des percepts (« Les choses de tous les jours acquéraient
une signification particulière, les choses autour de moi avaient une étrange
nouvelle signification pour moi, j’étais émotionnellement plus impliqué »).
nons de plus en plus détendus et notre attention se tourne vers l’intérieur. Lors
de l’endormissement, les ondes passent en alpha et se situent entre 12 et 7 Hz.
Cet état alpha est le premier état méditatif, auquel on accède par la méthode de
l’imagination contrôlée ou à l’aide de techniques respiratoires. Entre 7 et 4 Hz,
c’est l’état thêta, présent lors du sommeil profond. Le dernier état est l’état delta,
où la fréquence est inférieure à 4 Hz (Dustman et Beck, 1965). Un grand débat
scientifique est en cours sur l’existence des ondes gamma et leur rapport avec
l’expérience de l’unité de la conscience ; nous renvoyons le lecteur aux travaux de
Cardin et de ses collègues (Cardin et al., 2009).
147
4. L’approche transpersonnelle
L’étude de la conscience modifiée (hypnose, transe et transe chamanique, états
méditatifs, expériences de mort imminente, peak-experience, expériences paroxys-
tiques et de plénitudes) et ses possibilités thérapeutiques et évolutives sont l’objet
de recherche de l’approche transpersonnelle. Dans le cadre de la sensibilité huma-
niste, l’approche transpersonnelle est une orientation relativement récente, selon
une définition donnée par l’Institut de psychologie transpersonnelle (www.sofia.
edu), il s’agit « d’un domaine de recherche, de formation et d’application fondées
sur les expériences de transcendance temporaire de l’identification habituelle avec
nos individualités biologiques limitées, historiques, culturelles, et personnelles.
À un niveau plus profond, il s’agit de reconnaître, et d’être quelque chose d’une
intelligence plus large et d’une compassion qui enveloppe tout l’univers ».
La psychologie transpersonnelle s’intéresse aux expériences dans lesquelles
l’identité personnelle est étendue au-delà des limites individuelles afin de toucher
des aspects plus amples de l’humanité, de la vie, et du cosmos (Walsh et Vaughan,
1993). Elle propose une vision différente de la conscience, et inclut l’auto-réa-
lisation comme satisfaction des motivations humaines concernant le besoin de
sens, le besoin d’orientation, et le besoin de dévotion (Venturini, 1998a, 1998b). Si
l’expérience ordinaire de l’individu s’inscrit dans la séparation et dans la limite,
l’expérience transpersonnelle souligne notre unité fondatrice avec la vie et avec
les autres, en ayant part à cette « réalité ultime » dans laquelle nous vivons et pour
laquelle nous vivons (Venturini, 1998b). Du point de vue transpersonnel, notre indi-
vidualité biologique, historique et culturelle est une manifestation partielle de ce
grand « quelque chose » qui est notre origine la plus profonde et notre destination.
On s’identifie d’habitude avec le personnel qui nous sépare, plutôt que d’essayer
de s’orienter vers le transpersonnel qui nous conduit à cette unité fondatrice avec
les autres et avec toute forme de vie (Venturini, 1998b). L’idée forte de l’approche
transpersonnelle consiste à mobiliser l’attention vers des expériences d’élargisse-
ment de la conscience pour résoudre les problèmes d’un monde qui est fragmenté
dans son intérieur. L’approche transpersonnelle jette ainsi des ponts entre la psycho-
logie scientifique et les enseignements des psychologies spirituelles intégrées dans
les grandes traditions sapientielles des religions et des pratiques spirituelles ances-
trales comme le chamanisme (Winkelman, 2000 ; Harner, 1980). L’une des grandes
tâches de cette approche est un retour à ces traditions à travers des intermédiaires
gnostiques. Selon les mots de Jung (dans la nécrologie de R. Wihelm, 1930, cité par
Venturini, 1998b), il s’agit de personnes qui ont une profonde expérience d’une
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remuer et parler, où il exécutait sans résistance tout ce qu’on lui indiquait, mais
dont il ne conserva aucun souvenir après le réveil. Or, jusqu’alors, l’effet des passes
magnétiques consistait à conduire à une crise plutôt nerveuse pouvant aboutir à
des convulsions (Santarpia, 2010b). De là, l’étonnement de Puységur (Santarpia,
2010b). L’éveil, chez les sujets endormis, d’une acuité mentale bien supérieure à
leurs capacités ordinaires et leur aptitude à dicter les procédures à suivre pour leur
guérison donnent soudain au mesmérisme une nouvelle dimension d’efficacité.
La période suggestive sera caractérisée par la figure de l’abbé Faria (1819/2005), qui
publia un ouvrage remarquable intitulé De la cause du sommeil lucide. Déjà lorsque
les malades étaient soumis aux soins magnétiques en particulier par le baquet, on
avait observé que certains s’endormaient. Les raisons d’un tel sommeil restaient
obscures et Faria soutint l’idée que la complaisance des patients et la suggestion
n’étaient sans doute pas absentes de l’effet de sommeil. Cette complaisance reste
toutefois naturellement plus ou moins présente chez les patients. Aucune force
magnétique particulière n’intervient dans ce qui n’est qu’une conduite humaine
pour laquelle les personnes montrent des dispositions particulières. Le sommeil
provoqué – ou somnambulisme artificiel –, que Faria nomme « sommeil lucide »,
est donc un état dû aux caractéristiques internes du patient et non à sa soumission
à une force externe, fruit de l’action du psychothérapeute. On peut considérer
Faria comme le fondateur d’une perspective psychologique de la suggestibilité
hypnotique parce qu’il réinterprète la doctrine de Mesmer en matière de relation
psychologique (Blanchet, 2007) et d’états de conscience modifiés. Le sort du magné-
tisme animal fut en effet lié au verdict des académies (l’Académie des sciences et la
Société royale de médecine) en 1784 : « L’imagination sans magnétisme produit des
convulsions… Le magnétisme sans l’imagination ne produit rien » (Chertok, 2002,
p. 25). Sans le vouloir, les académiciens ont ainsi mis en relief le rôle du facteur
psychologique dans la relation interpersonnelle.
En fait, le rôle important de l’imagination dans la production des phénomènes
magnétiques avait déjà été suggéré avant même les travaux des académiciens, ce qui
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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pour obtenir une perception différente de sa propre vie (Bioy, 2007 ; Bioy, Crocq
et Bachelart, 2013). Large et al., cités par Bioy (Bioy et al., 2013 ; Large et al., 2003),
synthétisent les cinq caractéristiques de l’hypnose dans cette période :
• Une absorption de l’attention : le patient en état d’hypnose est non seulement
en éveil, mais aussi dans un état d’attention soutenue qui va lui permettre de
se plonger notamment avec une grande acuité dans son imaginaire et dans ses
visualisations.
• Une sensation de détente mentale : même si cette dernière n’est pas suggérée,
un patient en hypnose est plus relaxé qu’en état de conscience ordinaire.
• Une diminution du jugement et de la censure : lorsqu’une suggestion est proposée
à un patient en état hypnotique, il la réalise ou la refuse, mais tout se passe
comme si la suggestion en question n’était pas soumise au filtre de la logique
rationnelle. L’effet facilitant de l’hypnose dans les suivis thérapeutiques réside
beaucoup ici. Elle permet de travailler autour des métaphores et des analogies
du patient de façon plus simple que si les processus d’intellectualisation étaient
totalement à l’œuvre.
• Une modification du rapport à l’espace et au temps : la perception de la durée
des choses varie en état hypnotique, tout autant que les ressentis corporels et la
façon dont l’image du corps est perçue.
• Une expérience de réponse quasi automatique : le sujet a l’impression que ce
qui se produit se passe sans son intervention propre (alors même que c’est
évidemment le cas). Ainsi, si l’on propose à un patient que son bras se soulève
peu à peu par la légèreté qu’il va retrouver à mesure qu’une solution se dessine
à son problème, le patient va sentir sa main se soulever « toute seule », de façon
quasi automatique, sans son intervention volontaire. On perçoit ainsi que l’ex-
périence du patient et son vécu hypnotique sont profondément singuliers, et
très différents par exemple d’un suivi par la parole. L’intérêt de ce vécu réside
dans sa facilitation du travail des suggestions (si le patient en ressent l’intérêt)
dans un état d’éveil paradoxal et soutenu, où une logique proche du rêve prend
le pas sur une logique rationnelle (Bioy et al., 2013, p. 660).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Dans cette perspective, l’hypnose n’apparaît pas comme une forme de sommeil,
mais plutôt comme un état de veille singulière (Roustang, 2003a), « un état poétique
à deux » dans lequel le patient et le thérapeute sont en lien dans un espace d’ima-
gination et de créativité à deux (Santarpia, 2015b), un texte dynamique à deux,
un texte circulaire dans lequel chacun est à l’écoute de l’autre singularité vers une
autre expérience originale et inédite de soi.
Nous utilisons le terme « poétique » dans le sens grec de « création », du verbe
poiein, « faire », « créer », car le vrai but de l’hypnose consiste à arriver à se penser,
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Rainville (2004) fait une distinction utile entre un état de relaxation hypnotique
et un état de l’absorption hypnotique. La relaxation hypnotique correspondrait « à
une modification de la trame de fond du corps-soi alors que l’absorption mentale
décrit l’état de disponibilité attentionnelle du soi en relation avec des contenus de
conscience proposés par les suggestions hypnotiques. La diminution de l’orien-
tation dans l’espace et dans le temps témoigne d’une réduction de l’intérêt pour
l’environnement extérieur et d’une plus grande présence de l’ici-maintenant, indé-
pendante des événements antérieurs ou ultérieurs. Le sentiment d’automaticité
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1. Ce paragraphe est extrait de l’article Santarpia (2015b), « L’hypnose narrative : un état poétique
à deux », La Lettre des neurosciences, 48, 13-15. Consulté sur www.neurosciences.asso.fr.
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périnatales fondamentales (MPF). Chacune est caractérisée par des émotions, des
sensations psychosomatiques et une imagerie symbolique qui lui sont spécifiques :
• La première matrice périnatale fondamentale (MPF I) est associée à la vie
intra-utérine avant le début de l’accouchement (Grof, 2015b). Le monde
expérientiel de cette étape peut être appelé univers amniotique. Ce moment
correspond à des expériences où sont absentes les limites : selon Grof, nous
pouvons nous identifier aux galaxies, aux espaces interstellaires, au cosmos dans
son entier ; nous pouvons avoir le sentiment de flotter dans l’océan, et nous
identifier à divers animaux aquatiques – poisson, méduse, dauphin, baleine
ou même à l’océan lui-même, ce qui reflète notre origine fœtale, l’époque où
nous étions essentiellement une créature aquatique (Grof, 1992, 2007, 2015a ;
Grof, Baudin et Patrick, 2009 ; Grof, Couturian et Rollinat, 2009). Grof appelle
cette expérience l’« extase océanique ». Les expériences intra-utérines positives
peuvent également être associées à des visions archétypales de la Mère Nature
nous offrant sécurité et nourriture inconditionnelle : c’est le bon utérus. Selon
Grof, nous pouvons revivre dans cette matrice des souvenirs du mauvais utérus :
nous ressentons ainsi la présence d’une menace imminente et nous nous sentons
souvent empoisonnés (images d’eaux polluées, de décharges toxiques, d’entités
démoniaques). Les patients qui avaient relaté ces souvenirs menaçants avaient
souvent vécu l’imminence d’une fausse couche ou une tentative d’avortement.
• La deuxième matrice périnatale fondamentale (MPF II) reflète l’expérience
de terreur claustrophobique et de désespoir que vit le fœtus au moment où
l’utérus se contracte, alors que le col n’est pas encore ouvert. Nous avons alors
le sentiment d’être aspirés par un gigantesque tourbillon ou avalés par une créa-
ture mythique. Selon Grof, nous pouvons également avoir le sentiment que le
monde entier ou le cosmos est englouti. De telles expériences sont associées à
des images archétypales « de monstres qui dévorent ou emprisonnent, Léviathan,
dragons, baleines, vipères, boas constricteurs géants, tarentules, ou pieuvres »
(Grof, 2015a). Les sentiments de solitude, de culpabilité, d’absurdité de la vie,
et de désespoir existentiel peuvent prendre des proportions métaphysiques.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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choses suivre leur cours, nous vivons une annihilation totale à tous les niveaux.
Et pourtant, juste après cette « expérience d’annihilation totale, nous sommes
submergés de visions de lumière blanche ou dorée dotée d’un rayonnement
surnaturel et d’une beauté exquise qui apparaît comme sacrée et divine » (Grof,
2015a, p. 24). Ce type d’expérience est souvent associé à des images telles qu’un
spectacle d’arcs-en-ciel magnifiques, de dessins de plumes de paons, de scènes
célestes, et de visions archétypales d’êtres qui baignent dans la lumière divine.
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Système COEX
Un système COEX est généralement composé de souvenirs à forte charge émo-
tionnelle réprimée issus de divers moments de la vie de l’individu – existence
prénatale, naissance, petite enfance, enfance, et étapes ultérieures de la vie. Les
souvenirs sont liés pour former un système COEX, car ils partagent la même qualité
d’émotions et de sensations physiques (Grof, 2015a, p. 26).
Selon Grof, les racines plus profondes d’un système COEX plongent dans le
domaine transpersonnel des expériences de vies antérieures, de thèmes arché-
typaux, et de séquences phylogénétiques. Un certain système aura par exemple
pour dénominateur commun l’anxiété vécue dans diverses situations terrifiantes
et choquantes, ou les sensations de claustrophobie ou de suffocation évoquées par
des circonstances d’oppression et de confinement.
Un autre système se caractérise par des sentiments de rejet et de privation
émotionnelle qui diminuent notre capacité à faire confiance à autrui.
Les systèmes COEX contenant des souvenirs de situations où notre vie,
notre santé et notre intégrité physique ont été menacées sont particulièrement
importants.
Il existe une relation entre les MPF (matrices périnatales fondamentales) et les
événements de la vie postnatale : quand le souvenir de la naissance est proche de la
surface, la personne devient hypersensible aux situations présentant des éléments
similaires, telles que des passages étroits et sombres, des situations de confinement
où le mouvement est restreint, des situations où il est difficile de respirer, ou encore
la vue du sang et d’autres matières biologiques, une excitation sexuelle provoquée,
ou de la douleur physique (Grof, 2015a). Inversement, les couches d’empreintes
traumatiques postnatales interfèrent « avec la création d’une zone de souvenirs-tam-
pons positifs, qui protégerait l’individu de la remontée à la conscience d’émotions
et de sensations physiques périnatales douloureuses » (Grof, 2015a, p. 27). Quand
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elles sont ainsi activées, ces émotions et sensations ont une forte influence sur la
vie quotidienne de la personne, car elles peuvent modifier sa perception du monde.
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Bien connue pour sa modélisation des « cinq phases de deuil1 », Élisabeth Kübler-
Ross (1969) a récolté vers la fin des années 1950 certains récits évoquant un type
spécifique d’expérience paroxystique (voir les détails dans le premier chapitre)
auxquels sera attribuée l’appellation « expérience au seuil de la mort » qualifiée par
le monde scientifique sous le code EMI (expérience de mort imminente) à partir de
1975, date d’apparition du concept (Domenge, 2013). Élisabeth Kübler-Ross a été
la première à accorder du sens à ces récits au sein desquels ses patients lui faisaient
part de leurs expériences extracorporelles, voire de l’au-delà. Nombre d’entre eux
décrivaient sentir et avoir la vision de la présence d’être aimés avec lesquels ils
parvenaient à communiquer. Elle a pu observer qu’au seuil de la mort, les personnes
pouvaient éprouver un incroyable sentiment de paix, de calme, de certitude, avoir
l’impression de percevoir sans être perçus, et d’éprouver une sensation d’intégralité.
Élisabeth Kübler-Ross ne traita pas ces récits sous l’angle de l’hallucination, aban-
donnant ainsi la pensée matérialiste pour une ouverture plus spirituelle de la mort.
L’expérience de la mort était pour elle presque identique à celle de la naissance.
C’était presque comme une naissance dans une autre existence. Elle estimait que
« la mort est le passage dans un nouvel état de conscience dans lequel on continue
de sentir, de voir, d’entendre, de comprendre, de rire, où l’on a la possibilité de
continuer à grandir » (Kübler-Ross, 1984, p. 67).
Pour Moody (1975), l’imminence de la mort physique est indéniable pour qu’ait
lieu une expérience de mort imminente. En revanche, Kenneth Ring (1980) ne
précise pas si la proximité avec la mort est un critère obligatoire d’inclusion à la
définition des EMI mais, dans un célèbre entretien au New York Time (Bass, 1988),
il affirme les effets positifs de ce type d’expérience sur l’angoisse de mort :
Selon Bruce Greyson (1998, 2000, 2007, 2008), les expériences de mort immi-
nente sont des événements psychologiques profonds contenant des éléments
transcendantaux et mystiques qui se produisent généralement chez des individus
proches de la mort ou en situation de danger physique ou émotionnel grave.
1. Dans sa modélisation, le deuil se caractérise par cinq phases : les phases du déni, de la colère,
du marchandage, de la dépression et enfin de l’acceptation.
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puits, cuve, enclos, tunnel, cheminée, vacuité, vide, vallée ou encore cylindre.
Le sujet est emporté vers un minuscule point de lumière dans cette obscurité
qui peut être décrit comme le passage dans un tunnel : le sujet est rapidement
propulsé vers la lumière.
La décorporation
Les sujets ont la sensation d’être en dehors de leur corps, de le contempler comme
s’il était vu de l’extérieur, comme s’ils étaient des spectateurs ou une tierce per-
sonne observant tout ce qui se passe dans la pièce. Il peut y avoir des réactions de
peur et de panique face à cette situation. Certains ont des réactions plus positives
comme la sérénité, le calme face à la situation. Il arrive que le sujet assiste à sa
réanimation ou à son opération depuis un lieu situé à l’extérieur et au-dessus de
son corps. Le sujet a des perceptions vérifiables depuis un lieu situé en dehors
et au-dessus de son corps, sans vie. Il a l’impression d’avoir quitté son corps et
constate avec stupeur que sans lui il conserve son identité, la faculté de voir qu’il
a des émotions et une conscience extrêmement lucide. Le nouveau corps est vécu
sans poids et comme un corps spirituel ou non physique qui peut traverser les
structures solides telles que les murs et les portes (Domenge, 2013). Il ne permet
pas de communiquer avec les personnes présentes ni de les toucher. Le sujet
voit et entend tout, mais il ne peut être vu par personne. Le champ de vision peut
être panoramique et donner en même temps la vision claire des détails et une vue
d’ensemble. Les aveugles ont la capacité de voir et les sourds savent exactement
ce qui est dit. Le sujet découvre qu’il suffit de penser à quelqu’un pour se retrouver
en sa compagnie.
Le contact avec d’autres
Les expérienceurs prennent conscience de la présence d’autres entités spirituelles
dont le rôle est de leur faciliter le passage vers la mort ou leur faire savoir que
l’heure de mourir n’est pas encore arrivée pour eux et qu’il faut réintégrer leur corps
physique. Certaines personnes sentent la présence d’amis ou de parents décédés
et les reconnaissent parfaitement. Certaines personnes voient des individus qu’ils
n’ont jamais rencontrés ou dont ils ignoraient la mort. Ils ressentent une connexion
très forte avec les pensées et sentiments de personnes mortes depuis longtemps.
L’être de lumière
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Les expérienceurs ont une impression intense de la rencontre avec une lumière
très brillante et très intense. Ils la décrivent comme une lumière « supraterrestre »
qui ne brûle pas les yeux malgré son intensité. Le sujet ressent alors une totale
acceptation, un amour inconditionnel, et accède à une connaissance et à une
profonde sagesse. Les sujets ne mettent pas en doute le fait qu’il s’agisse d’un
être de lumière. Ils le désignent comme une personne ayant une personnalité
propre. Cet être de lumière dégagerait une chaleur et un amour qui s’adresseraient
directement à la personne mourante et lui apporteraient une sérénité et un apai-
sement immédiats. De plus, cette lumière aurait un attrait irrésistible vers lequel
la personne mourante se sentirait entraînée.
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Le travail de Moody a ouvert une réflexion sur ce type d’expérience, plus récem-
ment d’autres chercheurs ont affiné la méthodologie d’analyse, par exemple King
(1980) propose une catégorisation à cinq phases1 :
• une phase affective (60 % des participants, impressions de paix absolue, de calme,
de lâcher-prise, de félicité ; disparition de la souffrance) ;
• une phase de sortie du corps (37 % des participants, impression de ne plus avoir
de corps, de ne plus ressentir ni douleur ni restriction ; vision du corps sans vie
et tout ce qui l’entoure depuis un point de vue situé en dehors et au-dessus de
la scène ; vision et audition claires de tout ce qui se dit. Sensation d’être à la fois
détachés du corps et complet ; sensation d’être transparents) ;
• une phase de lieu obscur généralement paisible (23 % des participants, certains
expérienceurs s’attardent dans cette phase) ;
• une phase de traversée d’un tunnel (16 % des participants, conduit à une
lumière exceptionnellement claire qui irradie un amour et une acceptation
inconditionnels) ;
• une phase d’accès à une dimension autre, surnaturelle (10 % des participants,
expérience d’une incroyable beauté où le sujet entend de la musique et rencontre
parfois des amis et parents décédés). Dans cette phase intervient le film de la vie
passée du sujet ainsi que des flashs sur sa vie future. Difficulté à quitter ce lieu
pour retourne dans son corps.
Sabom (1982) classifie les expériences de mort imminent selon trois catégories :
la décorporation (par exemple, la séparation de l’esprit et du corps), la description
d’objets et d’événements qui transcendent la réalité terrestre (par exemple, le séjour
dans un espace ou un vide obscur, accompagné d’un sentiment de paix), et enfin la
combinaison de la première et de la deuxième catégorie, caractérisée par un état
de conscience continue et transcendant d’expérience de hors-corps.
Sabom (1982) classifie les expériences de mort imminent selon trois catégories :
l’EMI autoscopique ou de décorporation, description d’objets et d’événements
qui transcendent la réalité terrestre, combinaison de la première, et la deuxième
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1. Étude auprès de 102 sujets ayant vécu une EMI selon les critères de définition de Moody (1975).
Il ne précise pas dans son article si la proximité à la mort est un critère obligatoire d’inclusion à
la définition des EMI. Les patients étaient tous dans une situation somatique de pronostic vital
engagé (trad. Anne Domenge, 2013).
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(Van Lommel et al., 2001). Il s’agit d’une étude prospective de grande envergure
s’étendant sur presque 10 ans. L’objectif consiste à prendre en compte tous les
cas de survie des arrêts cardiaques dans les hôpitaux hollandais participant à la
recherche. Leur méthodologie repose sur un interrogatoire des patients ayant subi
un arrêt cardiaque réalisé quelques jours après leur réanimation, et portant sur
ce qui s’est passé pendant leur période d’inconscience. Toutes les données sont
soigneusement enregistrées avant, pendant et après leur réanimation. Les résultats
mettent en évidence que les sujets inclus dans le groupe expérimental étaient en
situation objective de danger de mort, et qu’ils seraient morts s’ils n’avaient pas
173
été réanimés. Cette étude prend par ailleurs en compte un groupe contrôle de
personnes ayant subi un arrêt cardiaque, mais qui n’avaient aucun souvenir de
leur période d’inconscience. Sur les 344 patients de ces recherches, 62 patients
(18 %) ont subi une EMI dont 41 (12 %) ont décrit clairement l’expérience. Ils n’ont
pas pu mettre en évidence un facteur qui influencerait l’apparition d’une EMI. La
durée de l’arrêt cardiaque, la durée de l’inconscience, la réanimation compliquée,
la médication, la peur de la mort, la connaissance préalable de l’EMI, la religion et
le niveau d’éducation n’ont aucune incidence sur l’apparition des EMI. Au sein de
cette étude, les facteurs possédant un effet significatif sur l’apparition d’une EMI
sont : l’âge, bien souvent inférieur à 60 ans, ainsi que le fait que ce soit le premier
épisode d’arrêt cardiaque pour le patient.
Une étude longitudinale a ensuite été menée auprès de sujets de cette première
étude. Elle a consisté en des entretiens de suivi au cours de la deuxième année
et de la huitième année auprès de ces mêmes patients encore survivants parmi
ceux ayant vécu une EMI, ainsi qu’auprès des patients du groupe contrôle n’ayant
pas vécu d’EMI. L’objectif consistait à étudier si les changements couramment
constatés chez les patients étaient dus aux conséquences du retour à la vie après
un arrêt cardiaque ou s’ils étaient dus à l’EMI elle-même. Les auteurs ont pour cela
utilisé un inventaire standardisé comportant 34 questions sur les transformations
de vie (Ring, 1980).
Les résultats de l’étude longitudinale montrent que deux ans après l’arrêt
cardiaque, il y a des modifications significatives chez les patients qui ont consenti
à répondre, qu’ils aient vécu ou pas une EMI. On remarque aussi chez les patients
ayant vécu une EMI une diminution notable de la peur de la mort, et une augmen-
tation de la croyance en une vie après la mort. On constate enfin des différences
entre les patients ayant eu ou pas une EMI, notamment au niveau des facteurs
sociaux et religieux comme l’expression des émotions, l’acceptation des autres,
l’amour de la vie, un surcroît d’amour, et un surcroît de compassion pour soi et
pour les autres. D’autres différences ont été observées comme le désintérêt pour
l’argent, pour les biens matériels et pour les normes sociales (Domenge, 2013).
L’implication dans la famille, l’intérêt pour la spiritualité et le sens de la vie ont
aussi été mis en avant. Après 8 ans, les résultats ont montré que les personnes sans
EMI manifestaient aussi des modifications. Chez les expérienceurs, le processus de
transformation entamé au bout de deux ans s’est intensifié après huit ans. Enfin,
« il est impressionnant de constater qu’un arrêt cardiaque de quelques minutes
suffit à déclencher un processus de transformation qui se prolonge pendant toute
la vie du sujet » (Van Lommel, 2007, p. 149).
174
Sur l’explication de ces phénomènes, Pim Van Lommel croyait initialement que
les EMI étaient causées par un apport insuffisant d’oxygène au cerveau1, il s’in-
terrogeait sur le rôle de la diméthyl-tryptamine produite par la glande pinéale : sa
libération pourrait bloquer ou interrompre l’interface entre conscience et corps2 ;
d’autres recherches postulent une libération massive d’adrénaline et noradréna-
line qui peuvent produire toutes les étapes d’un EMI (Mobbs et Watt, 2011). Van
Lommel reste perplexe devant l’explication physiologique elle ne peut pas expli-
quer simultanément la conscience en état de mort cérébrale, la décorporation, les
perceptions vérifiées par des informateurs indépendants parfois dans des lieux
différents de celui de l’EMI, les rencontres avec des personnes décédées.
De plus3 (Van Lommel et al., 2001) :
• les effets des substances chimiques dans le cerveau sont durables alors que les
caractéristiques de l’EMI cessent en même temps que l’expérience ;
• s’il existait un mécanisme exclusivement physiologique, on aurait dû obtenir
une quantité élevée d’expérienceurs relatant cette expérience ;
• ce type d’expérience peut arriver en situation de méditation ou de calme dans
lequel il n’y a pas de danger de mort ;
• ces stimulations physico-chimiques ne transforment pas en profondeur la
personnalité de ceux qui y sont soumis.
Ces expériences ne restent pas confinées aux adultes. On les a également signa-
lées chez des enfants qui étaient trop jeunes pour avoir acquis un véritable concept
de la mort ou de l’au-delà (Herzog et Herrin, 1985 ; Morse et al., 1986 ; Morse,
1994 ; Serdahely, 1990).
En réponse à ces questionnements, Van Lommel va développer une idée assez
controversée, l’hypothèse de la conscience délocalisée (Van Lommel, 2013) : le
cerveau et le corps fonctionnent comme une interface ou une station-relais recevant
dans la conscience de veille une partie de la conscience totale. La conscience ne serait
pas localisée dans un lieu ou dans un temps donné : la conscience est non localisée.
Le cerveau est comme un poste de télévision qui reçoit de l’information véhiculée par
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Selon Assagioli (2000), le soi supérieur, spirituel (point 6 de la figure 6.1) est
un centre transpersonnel, « un principe unificateur et régulateur de notre vie »
(Assagioli, 2000, p. 21). Le soi est représenté par une étoile et apparaît en haut
du diagramme. En relation avec le soi, se trouve le je qui est un point de stabilité
intérieure (l’expérience d’être vraiment nous-même, Hardy, 1987, p. 28). Le soi et
le je sont idéalement alignés comme l’indique la ligne pointillée qui le relie (voir
figure 6.1). On peut considérer le je comme un pâle reflet du potentiel du soi, et
la connexion entre eux est appelée le moi-soi (Lombard, 2014). Le soi et le je ont
deux fonctions centrales : la conscience et la volonté.
Détaillons le modèle de la figure 6.1 (Institut français de psychosynthèse, 2020) :
• Le je (soi personnel ou moi conscient), centre de pure conscience et de volonté,
être essentiel de la personne, est distinct mais non séparé des contenus du champ
de la conscience.
(Nous vivons le je quand on se retire à l’intérieur de nous, dans ce lieu d’où on
peut observer et diriger les différents aspects de notre expérience : sensations,
émotions, idées, souvenirs, etc.
Ce je est le centre stable de notre identité, d’être existant et unique, tandis que
nos expériences sont transitoires et changeantes.
• L’inconscient inférieur (décrit par le travail freudien) contient toutes les activités
psychiques élémentaires liées à la vie organique : instincts, besoin, tendances,
pulsions primitives.
• L’inconscient moyen est en relation avec le champ de conscience (point 4 de
la figure). Les éléments de cette partie sont de nature semblable à ceux de la
conscience d’éveil (élaboration des expériences vécues, préparation aux activités
futures, travail intellectuel).
• L’inconscient supérieur produit les intuitions, les inspirations d’ordre supérieur
dans le domaine de l’art, de la philosophie, de la science et de l’éthique. C’est
dans cette zone, que résident à l’état latent et potentiel les idées géniales, les
tendances mystiques.
• Le soi transpersonnel est relié au je par un trait pointillé. Comme le je, il s’agit
d’un centre de conscience et de volonté, mais avec la différence que son champ
est plus large.
• L’inconscient collectif renvoie à la notion jungienne : « Je l’appelle collectif parce
que, au contraire de l’inconscient personnel, il n’est pas fait de contenus indivi-
duels plus ou moins uniques ne se reproduisant pas, mais de contenus qui sont
universels et qui apparaissent régulièrement » (Jung, 1973, p. 99).
Plus précisément, selon Assagioli (Guggisberg Nocelli, 2020 ; Rosselli et Vanni,
2014), certains contenus de l’inconscient collectif sont primitifs et archaïques,
datant du passé (inconscient collectif inférieur), d’autres présentent plutôt un
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1. Il s’agit du moment précis d’un état de conscience où le soi capture une figure métaphorique
composée par l’intégration des processus sensori-moteurs et imaginatifs (imagination reproduc-
trice ou créative). Ce sera par exemple le cas où le sujet imagine et décrit des images évoquant
le feu lorsqu’il éprouve des brûlures d’estomac.
2. Les auteurs ont utilisé la théorie de Ritchie nommée Context-Limited Simulation Theory
(2003, 2008).
188
article contient, ce sont des données crues, des idées remâchées et des théories
réchauffées », « Je n’ai pas pu digérer tout ce qu’il m’a dit », « Laisse-moi mijoter
cela quelque temps », « Voici de la bonne nourriture pour l’esprit », « Cet argu-
ment sent le faisandé », « J’ai eu du mal à avaler cette théorie », « C’est un lecteur
vorace », « Il a dévoré ce livre », « Cette idée a fermenté pendant des années », « Il
ne faut pas me servir ces idées sur un plateau d’argent », conduiraient à une autre
métaphore conceptuelle : LES IDÉES SONT DES ALIMENTS. La systématicité dans
la vie quotidienne (Lakoff et Johnson, 1980a) des métaphores conceptuelles est
la preuve linguistique pour ces auteurs que notre système conceptuel ordinaire,
qui nous sert à penser et à agir, est de nature fondamentalement métaphorique.
Ces métaphores conceptuelles sont « implicites » dans le sens où elles organisent
inconsciemment et automatiquement notre compréhension ordinaire du monde.
Le domaine de la littérature poétique a également fourni un vaste terrain d’étude
(Lakoff et Turner, 1989 ; Turner, 1996). Ces auteurs montrent que beaucoup de
métaphores poétiques trouvent leurs racines dans différentes métaphores concep-
tuelles, comme la célèbre phrase de Dante : « Au milieu du chemin de notre vie/je
me trouvais par une selve obscure/et vis perdue la droiturière voie » (Turner, 1996)
amène à la métaphore conceptuelle LA VIE EST UN VOYAGE. Le vers You know how
little while we have to stay,/And, once departed, may return no more (Fitzgerald,
2003) mène au noyau conceptuel LA MORT EST UN DÉPART. Toutes ces métaphores
conceptuelles, qui font référence à un concept abstrait, trouveraient l’origine de leur
formation dans des métaphores primaires qui ont un rapport d’association avec les
perceptions (Lakoff et Johnson, 1990) comme dans CONNAÎTRE EST VOIR. Cette
métaphore primaire est fondée sur le domaine sensoriel (la vision), le jugement
subjectif (la connaissance), l’expérience primaire perceptive (recueillir des informa-
tions par la vue), des exemples de phrases ordinaires (je vois ce que tu veux dire).
Le concept de métaphore primaire est couplé à la notion d’image schématique
d’expérience corporelle (embodied-schemata1, Johnson, 1991, 1987 ; traduction
en français de l’auteur). Il s’agit d’« un schéma récurrent et dynamique de nos
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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1. Richardson (1969) affirme que l’imagerie mentale fait référence à toute expérience quasi senso-
rielle ou quasi perceptive dont nous pouvons avoir conscience et qui se développe en l’absence
des conditions de stimulation connues pour produire son correspondant sensoriel ou perceptif
authentique.
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retour sur soi par un récit dans lequel il se reconnaît permet, malgré la discordance
apparente de la suite des événements de vie, d’offrir une concordance, une unité et
un fil directeur (Herlant-Hemar, 2013 ; Ricœur, 1984). Ricœur substitue à l’identité
comprise au sens d’un même (idem), l’identité comprise au sens d’un soi-même
(ipse). À la différence de l’identité abstraite du même (idem), l’identité narrative,
1. Damasio (1999) nomme « conscience noyau » l’ensemble des états du corps (inconscients et
inscrits dans les structures cérébrales), le proto-soi, organisés dans un soi-central.
195
196
ture poétique ;
• un protocole d’écriture poético-érotique nommé SANTEL (Santarpia, Tellène
et Carrier, 2013), composé d’un texte à trous et un système d’amorçage narratif.
Plus récemment (Santarpia, 2018a), dans le même registre narratif-poétique-spi-
rituel, une recherche (Santarpia, Ricci, Meuche, Gamberini, et Destandau, 2018b)
a été réalisée sur les effets narratifs d’un protocole à médiation chamanique dans
les soins palliatifs. La mythologie chamanique est un genre de récits dans lequel
la maladie est un véhicule de transformation spirituelle. Les chamans voyagent
symboliquement hors du corps et développent des systèmes de symboles tirés des
197
images archétypales (Jung, 1960/1969 ; Hilman, 1977) qui sont vitales pour leur
technique de guérison. Ces systèmes d’action et de symboles centrés sur l’idée
humaniste d’un « corps-système ouvert au monde » (Santarpia, 2018a, p. 242)
donnent un sens à la maladie, à la souffrance. Ils produisent un récit plus large
et plus singulier sur l’expérience de la fin de vie. Par exemple, chez une patiente
(Mme A.A.) atteinte d’un cancer avancé, on a pu observer un effet narratif de type
spirituel sur l’élaboration de l’angoisse de mort. Mme A.A. passera d’une narration
centrée sur « la conscience aiguë de la finitude » à une position narrative (Hermans,
1993) émergente « d’une interdépendance/interconnexion dans toutes les relations
humaines et spirituelles ».
198
201
exprimer parce que vous avez peur ? », « Vous entendez des voix ? », « Vous avez
quelque chose à me dire mais ça ne veut pas sortir ? ».
202
Au cours des séances, le psychiatre comprend que ces réflexions sont celles qui
provoquent le plus de contact entre eux. En particulier, à la fin d’une séance, le
visage du patient semble triste (Xhrouet, Gillain, et Zech, 2019, p. 37-38) :
Il s’agit alors des premiers mots prononcés par le patient depuis qu’il a décliné
son identité.
Dans un autre moment du suivi, le patient semble vouloir dire quelque chose
mais reprend son cycle d’hésitations et de barrages.
Il débute par : « C’est pas… » puis retourne dans ses hésitations et son mutisme.
Ainsi le psychiatre : « C’est pas… » (répétition mot à mot).
Cette répétition mot à mot est répétée à plusieurs reprises. Chaque fois, le patient
semble se déconnecter et se mettre à regarder dans le vague un point dans le fond
de la pièce.
confortable dans son fauteuil. Il pousse un soupir et son visage affiche la fierté
d’être parvenu à communiquer son message.
Au fil des rencontres, le patient a pu exprimer plus d’éléments, qui ont permis
de découvrir que sous médication il était sociable, bien dans sa peau et plein de
capacités mais qu’il était en rupture thérapeutique, en arrêt de traitement et donc
en rechute mutique.
Ce travail de contact subtil, à l’écoute de l’autre, a permis au psychiatre de mettre
en place un véritable suivi thérapeutique avec le patient, malgré ses craintes.
203
Esquisse d’intervention
Le but thérapeutique des séances était de faire revisiter des enjeux d’attachement
(Bowlby, 1969 ; Delisle, 2004) aux participants, de les amener à prendre conscience
de leur vécu corporel et émotionnel, dans une situation de relation interpersonnelle.
Les séances de groupe étaient organisées en six types d’expérience corporelle :
• travail sur les éprouvés corporels et sur les narrations concernant la spatialité ;
• l’ancrage assis ;
• l’être-porté ;
• l’expérience tactile et l’imagerie du lieu sécurisant ;
• le travail de rêve éveillé sur la situation étrange (Ainsworth et al., 1978) ;
• l’intercorporéité tactile sur l’altérité.
La position du thérapeutique dans ce type de rencontre est caractérisée par une
forte sensibilité pour le monde perceptif et la communication non verbale des
patients qui accompagne les narrations. La thérapeute participe au mouvement
dynamique et interactif du patient, elle capture les sons et le contenu du récit du
patient sans se laisser submerger par celui-ci (N. Rogers, 1993).
Dans la première séance (Santarpia, Abouchar et Zabern, sous presse), après une
focalisation non directive et non structurée sur le contact respiratoire de chacun,
204
MME CARLOTTA. – Je crois que je suis angoissée mais que je suis beaucoup en colère
aussi (elle pleure) en colère contre moi-même…
THÉRAPEUTE. – Vous savez qu’est-ce qui était difficile dans la séance ? (reformulation)
MME CARLOTTA. – Il n’y avait rien de difficile, mais je suis en colère parce que j’ai
mes douleurs.
THÉRAPEUTE. – Vous étiez en colère ? (réitération de type reflet)
MME CARLOTTA. – Oui, parce que je ne peux pas faire comme je veux, j’suis en colère
d’être devenue comme je suis devenue (ton agressif).
M. DANTE (à propos de sa douleur au dos). – Mais j’crois que c’est l’anxiété qui fait
ça…
THÉRAPEUTE. – C’est l’anxiété qui fait quoi ? (réitération de type écho)
M. DANTE. – Bah… je ne sais pas… que j’me sens mal dans ma peau un truc comme
ça… de quoi l’avenir sera fait… enfin voilà quoi je ne sais pas…
THÉRAPEUTE. – C’est des questions qui vous angoissent ? (reformulation)
M. DANTE. – Quand j’y pense oui…
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206
THÉRAPEUTE. – Bonjour Luce (35 ans, Québec). Qu’est-ce que je peux faire pour
vous ?
CLIENTE. – C’est mon médecin qui m’a suggéré de venir rencontrer quelqu’un…
C’est mon ami. Enfin mon chum. Je ne sais pas si c’est ça, mais depuis 2 semaines,
je ne me sens vraiment pas bien. J’ai beaucoup de mal à dormir, y a plus rien qui
m’intéresse, je mange à peine.
THÉRAPEUTE. – Hmm. Ça me semble difficile d’en parler ?… Tout à l’heure vous
avez commencé à parler de votre ami… Qu’est-ce qui se passe avec lui ?
CLIENTE. – On n’est plus ensemble.
THÉRAPEUTE. – Ça vous fait de la peine ? Qu’est-ce qui est arrivé ?
CLIENTE. – Je ne sais pas, je comprends pas. Ça allait bien et puis, tout à coup, il
avait quelqu’un d’autre. Il m’a dit qu’il voulait prendre la distance, qu’il ne voulait
pas d’une relation engagée…
THÉRAPEUTE. – C’est difficile d’en parler ? Vous l’aimez ?
CLIENTE. – C’est bizarre parce que, en fait, je ne sais pas si je l’aime. C’était bien de
faire l’amour ensemble. Je croyais qu’il m’aimait. Je suis surprise de réagir comme
ça. C’est pourtant pas la fin du monde… Mais je suis comme désorientée. C’est fou,
même s’il voulait reprendre, je pense pas que je voudrais. Alors pourquoi je suis
comme ça ? Je deviens folle ? On n’est plus ensemble.
THÉRAPEUTE. – Vous ne semblez pas folle, comme vous dites. Mais vous êtes sûre-
ment souffrante et je dirais un peu désemparée. Comme si l’expérience de perdre
était plus importante, à ce moment-ci, que ce vous avez perdu…
CLIENTE. – Pourquoi j’ai tant de peine ? Pourquoi ça fait si mal ?
Esquisse d’intervention
Essentiellement, la réactivation des enjeux d’attachement vient moduler et
colorer la relation transférentielle (Delisle, 2004). La thérapeute s’essaye à entrer
en lien avec Luce, dans une perspective de reconnaissance et réparation. En gras,
des fragments de récit qui peuvent illustrer un commencement d’un travail de
réparation.
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frer des ressemblances sans métaphores, sans analogies, mais des ressemblances
thématiques entre les évènements.
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1. Lombard, 2014.
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Esquisse d’intervention
Au cours d’une séance, Maria identifie deux subpersonnalités conflictuelles : Miss
Victorieuse et Miss Silencieuse (figure 8.1). Miss Victorieuse veut contrôler toutes
les situations et être la meilleure (position debout dans le dessin, en figure 8.1).
Elle a besoin de reconnaissance et peut opérer dans le monde rationnel avec grand
succès. Miss Silencieuse (position assise dans la figure 8.1) est sensible, profondé-
ment émotionnelle et plus créative. Elle veut être acceptée pour ce qu’elle est et a
besoin de sécurité, d’espace et de solitude.
Miss Victorieuse est la subpersonnalité la plus dominante, elle a poussé Maria dans
ses études scientifiques. En voulant constamment tout contrôler, Miss Victorieuse
laisse peu de place à Miss Silencieuse. Une partie de la raison inconsciente de Maria
d’entrer en thérapie est de donner à Miss Silencieuse l’espace qu’elle exige intérieu-
rement. Au début, Maria se sent déprimée, triste, perdue et malheureuse ; parce
qu’elle ne reconnaît pas et n’accepte pas les besoins de Miss Silencieuse. Maria
accepte d’explorer plus en détail l’origine de ces deux subpersonnalités. Elle découvre
qu’elles se sont toutes deux développées dans la première enfance.
Maria est la première de trois filles. Sa mère n’a pas terminé ses études, elle a
beaucoup incité sa fille à réussir sa scolarité. De plus, son père a explicitement
exprimé sa déception d’avoir une fille à la place d’un garçon. L’amour et l’accepta-
tion parentale dépendaient, pour la plupart, de la réussite scolaire de Marie.
Maria est douée intellectuellement, elle a une forte volonté, ce qui lui a permis
d’exceller à l’école. Cependant, sa vie émotionnelle et sa sensibilité plus profondes
ont été forcées à se cacher sous le nom de Miss Silencieuse.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Nous pouvons voir la promesse que l’enfant Maria a adressée à ses parents :
« Je serai victorieuse dans la vie. » Et la promesse qu’elle s’est faite à elle-même :
« Je cacherai au monde le côté le plus émotionnel et le plus sensible de moi-même. »
Lorsque Maria a fait ces promesses, elle a rompu son lien avec les exigences du soi
transpersonnel (voir la notion de soi dans la psychosynthèse, chapitre 6).
Le fait de vivre loin de son pays et de sa famille, d’être confrontée à des difficultés
scolaires et à des problèmes relationnels avec son superviseur n’a fait qu’accroître
et refléter la déconnexion de Maria avec elle-même.
211
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Figure 8.1
Dans le temps 1 (dans le dessin original, les figures sont en marron clair ;
Lombard, 2014, p.189), nous pouvons observer la figuration de deux subpersonnalités
conflictuelles de la patiente : Miss Victorieuse (position debout) et Miss Silencieuse
(position assise). Dans le temps 2 (dans le dessin original de Maria, les figures sont en rouge,
Lombard, 2014, p. 190) nous pouvons observer la rencontre et le dialogue entre
les deux subpersonnalités (Miss Victorieuse et Miss Silencieuse).
213
Quand le patient contacte ce conflit tragique, il vit une forme d’anxiété existen-
tielle (Yalom, 2008 ; May 1969a), un vide existentiel et un vide narratif. Souvent,
l’unique narration (Cannone, Marie et Dudoit, 2008 ; Santarpia, Tellène, et Carrier,
2013) de son être est caractérisée par un récit médicalisé de la maladie (symptômes,
plaintes, gênes et douleurs physiques). Dans ce récit nous assistons à une identifi-
cation massive de l’être à son corps-malade.
Dans la vision humaniste (Santarpia, Ricci, Meuche, Gamberini, et Destandau,
2018b), la narration peut être considérée comme une Gestalt (configuration et
émergence d’une figure d’un fond) écrite ou verbalisée (autobiographique, fictive
ou poétique) rappelant la capacité de l’imagination à s’élever et à se dépasser (Jung,
1933/2001, 1971 ; May, 1994 ; Perls, Hefferline et Goodman, 1951/2001, 1951 ; Rank,
1932/1989).
Rogers (1954) identifie les conditions de cette imagination dans un contexte
de psychothérapie. Il s’agit d’abord d’offrir à la personne une forme de sécurité
psychologique (acceptation inconditionnelle, compréhension emphatique, attitude
de non-jugement) et ensuite une liberté d’expression totale. La position jungienne
pour décrire ce principe de dépassement de l’ego s’articule à travers la génération et
la narration de symboles (Jung, 1964) évoqués à travers l’imagination active (Jung,
1933/1986 ; voir chapitre 7, paragraphe 3). Le symbole sera pour Jung (1964, p. 55)
« une expérience émotionnelle qui renvoie toujours à un contenu plus vaste que son
sens immédiat et évident… les symboles sont des produits naturels et spontanés ».
Le contenu peut être mythique, culturel, mystique ou archétypique.
Plus précisément le versant existentiel (Frankl, 1959 ; Yalom, 2008 ; May 1969a) et
transpersonnel (Jung, 1933/1986 ; Venturini 1998a, 1998b), de l’approche humaniste
affirme l’idée que l’être, devant l’absurde et le tragique de notre condition humaine,
peut trouver encore un sens, une narration à travers l’imagination, la médiation
artistique, dans la relation thérapeutique. Ainsi, dans l’univers psycho-oncologique
(annonce, traitement, rechutes possibles, rémission, soins palliatifs), le travail avec
l’art peut se configurer comme un lieu-expérience d’apaisement spirituel dans
lequel patient et thérapeute partagent une espace de cocréation (Rubin, 2016) et
de mise en sens.
Ce type de travail clinique a été orienté sur l’hypothèse qu’il pourrait être utile,
de développer et de proposer des outils/dispositifs à médiation artistique pour
favoriser, mobiliser une ou plusieurs formes apaisantes d’expériences spirituelles
et symboliques (Jung, 1964) chez les patients (exprimées par leur narration).
214
Esquisse d’intervention
Pour M. Aquilone (Santarpia, 2018a, p. 240-242), il a été a mis au point un travail
d’accompagnement centré sur l’écriture poétique inspiré à la logique créative du
haïku. Le haïku (Atlan et Bianu, 2002) est un petit poème (d’origine japonaise),
s’écrivant en trois lignes : court – long – court (classiquement 5 – 7 – 5 syllabes).
Il comporte un mot qui le relie à la réalité et, en général, à la nature. Le haïku se
décrit comme étant un petit poème très bref qui vise à dire l’évanescence des
choses et à stimuler une expansion du moi vers l’appréciation et le respect pour
la nature (Stibbe, 2007).
Le travail a été organisé en cinq phases (T0, T1, T2, T3, T4) : les psychologues
du service annoncent et présentent au préalable le projet à médiation artistique au
patient (T0), la psychologue clinicienne propose une entrevue préliminaire. Elle
dure entre 30 et 60 minutes. Ce temps s’organise à travers l’exploration et la collecte
d’une narration initiale de soi. Il s’agit de se présenter et de décrire la nature de l’in-
tervention, les modalités, l’organisation pratique, mais aussi de proposer au patient
d’être acteur en lui demandant son consentement. La psychologue invite aussi le
patient à se présenter, ce qui va annoncer le début d’un échange. Le style d’accom-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
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Esquisse d’intervention
La patiente est informée que l’accompagnement est centré sur l’usage de la
musique classique. Lors de la deuxième et de la troisième rencontre, des extraits
avec chacun un thème respectif vont être proposés (pour les détails, voir Santarpia,
Brabant, Dudoit, 2017) à la patiente. Par exemple, concernant « la mort » : la sonate
pour piano n° 2, extrait « Marche funèbre » (troisième mouvement, opus 35) de
Frédéric Chopin. Concernant « l’amour » : Liebesträum n° 3, composée et publiée
en 1850 par Franz Liszt. Après chaque extrait, il y a un partage d’expérience, de
verbalisation libre si la patiente le souhaite, sur ce qui vient de se passer : expression
sur ce qu’elle a perçu, senti, imaginé, ressenti… A-t-elle aimé ? Qu’est-ce que cela
lui évoque ? Est-ce qu’elle va bien ?
218
Chez Mme Magnolia, on est confronté tout de suite (première rencontre) à une
narration tragique, elle nous relate sa solitude et sa peur de la folie. Après l’écoute
de l’extrait sur l’amour, la narration de Mme Magnolia se centre sur un effet hédo-
nique, sensoriel et imagé de la musique, touchant en particulier sa respiration et
évoquant l’image d’une belle robe (Santarpia, Brabant, Dudoit, 2017, p. 247) :
« Oui, j’avais une très belle robe, les pieds très légers alors je n’ai pas les pieds légers
du tout, j’ai senti que, là, c’est serré, j’étais toute légère, elle était une belle robe.
C’était très agréable, c’est vrai que ça fait du bien, peut-être que je n’écoute pas assez
de musique peut-être, parfois oui, je devrais y penser non ? Un peu plus de musique
comme ça… Ce que j’ai ressenti, c’est que quand je mets de la musique, tout de suite
je respire correctement, c’est-à-dire avec mon ventre, tout de suite ça me fait alors
qu’en temps normal non. »
Dans la rencontre finale, c’est-à-dire le moment dans lequel Mme Magnolia peut
raconter une version plus élaborée de la globalité de l’expérience musicale, en
reconfigurant les sensations, les images, les sentiments des séances précédentes,
elle nous parle de Barbara, chanteuse mythique de la culture musicale française
(Santarpia, Brabant et Dudoit, 2017 p. 248) :
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A B
Accomplissement 20, 24, 28, 135 Bilan corporel 105
Acte direct 35 Biofeedback 106
Actions en dyade 113
Activité désirante 23 C
Activité d’imagerie 157 Centration active 116
Affect labeling 76 Centration réceptive 116
Affinités thématiques 209 Cerveau émotionnel 75
Affordance 81–82 Chair 68, 221
Agape 54 Changement de sens des percepts 147
Alliance thérapeutique 11, 37, 137 Co-corporéité 84
American Association Of Humanistic
Cognitive Somatic Anxiety Questionnaire
Psychology 20
99
Amplification 98, 136
Cohérence cardiaque 13, 106–107
Ancrage 41, 89, 193
Communication interactive et
Arbre de vie 197
co-corporelle 116
Arousal 75, 93, 113, 122, 145
Concept de présence 40
Arrière-plan affectif 122
Concept de soi 28
ASC 144
Condition positive regard 29
Assertion 35–36
Confluence 134
Attachement/affiliation 23
Congruence 30, 40, 149
Attention positive inconditionnelle 29
Connexion créative 194
Attitude phénoménologique 48–49, 143
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261
262
J P
Journal of Humanistic Psychology 20 Passes magnétiques 150–151
Perceived Stress Scale 99
L Péristaltisme intestinale 93
Lien social 57 Personnalisation 46
Logothérapie 13, 59–60 Personne résiliente 38
M Perspicacité 146
Massage biodynamique 93 PGRO (psychothérapie gestaltiste des
Méditation 41, 144, 163, 175–176 relations d’objet) 138, 206
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263
Pré-réflexivité 49 S
Pré-thérapie 36 Satisfaction des besoins 20, 52
Projection 57, 133–134
Schémas affectivo-moteurs 96
Protohistoire 46
Sécurité de base 22
Proxémie 114
Sens corporel 125, 127
Psychopéristaltisme 93
Sentiment
Psychosynthèse 177, 179, 210
— Sentiment de dépaysement sensoriel
62
Q
— Sentiments existentiels 122
Querela pacis 19
Sexualité 22, 54, 67
Quête de sens 57, 61
Signaux auditifs et visuels 78
R Signes psychophysiologiques 113
Significations absentes, mais implicites
Real relation 137
196
Reformulation 33
Situations inachevées 134
Regard 33, 113
Skin-Encapsulated Ego 164
Régulation émotionnelle 13, 89, 122, 124,
191 Soi-idéal 28
264
T U
Taylor Manifest Anxiety Scale 99 Unconditional positive regard 29
Tendance actualisante 221 Unité de la conscience 143, 147
The Discourse Flow Analysis 187 Urgences spirituelles 164
Toucher thérapeutique 86, 89
Tradition fonctionnaliste 21 V
Training autogène 13, 100–102, 110 Variation eidétique 48–49
Transactions 194 Verticalité 69
Travail psychocorporel 136 Vide existentiel 57–58
Trophotropique 122 Visionary Restructuralisation 145
Tunnel obscur 168
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