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18 notions
de la pratique
de l’entretien
clinique
3e édition
revue et actualisée
INTRODUCTION 1
1. L’entretien en général 7
2. L’entretien dans la relation d’aide 10
3. L’entretien clinique 13
4. L’entretien clinique
ou les entretiens cliniques ? 16
4.1 Les pratiques
selon les référentiels théorico-cliniques 16
4.2 La compréhension de la vie psychique
selon les référentiels 18
5. Relativiser l’importance des courants
en pratique 21
6. Au-delà des différences, les facteurs communs 24
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CONCLUSION 325
BIBLIOGRAPHIE 327
DÉFINIR
L’ENTRETIEN
CLINIQUE
À retenir
Ainsi, un entretien peut être défini comme une rencontre entre au
moins deux sujets, dont l’un est un professionnel exerçant dans le
cadre de cette rencontre une de ses fonctions professionnelles et
dont l’autre reconnaît cette fonction et règle dans l’entretien son
attitude sur cette reconnaissance. Ainsi, l’entretien est une relation
sociale dont les fonctions et les rôles des participants, les objectifs
de la rencontre et les règles qui la régissent sont en grande partie
prédéterminés par sa fonction sociale.
À retenir
Un entretien dans le cadre de la relation d’aide peut être défini
comme une rencontre entre une personne qui sollicite une aide
concernant sa situation personnelle (sociale, psychologique) et
un professionnel à qui cette demande est adressée et qui est
susceptible d’y répondre grâce à ses compétences et ses fonc-
tions sociales. Outre les mesures mises en œuvre pour atteindre
l’objectif d’aide dans les entretiens dans la relation d’aide, ceux-ci
sont marqués par la vulnérabilité du demandeur, la relation désé-
quilibrée entre le professionnel et le demandeur, ainsi que par la
spécificité des relations réactivées par ce déséquilibre et par l’état
de vulnérabilité de l’usager (dépendance, frustration, agressivité,
attachement, idéalisation…).
3. L’entretien clinique
Entretien
Relations d’aide
Entretiens cliniques
À retenir
L’entretien clinique peut être défini en psychologie, comme l’entre-
tien par lequel le psychologue comprend la vie psychique et favorise
l’évolution psychique d’un sujet le plus souvent en difficulté psycho-
logique, dans le cadre d’une relation d’aide psychologique. Au sein
de cette relation, le psychologue est centré sur la dynamique de la
vie psychique du sujet qu’il cherche à saisir à travers des données
objectives ainsi qu’en utilisant sa propre subjectivité comme instru-
ment de compréhension en s’appuyant sur les phénomènes de
résonance, d’empathie et d’intuition. Il met aussi en œuvre des
interventions techniques spécifiques pour comprendre et agir sur
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4. L’entretien clinique
ou les entretiens cliniques ?
À retenir
Un entretien clinique prend des formes diverses selon les référen-
tiels théoriques et cliniques du clinicien. Les référentiels principaux
sont psychanalytique, cognitivo-comportemental et systémique.
Ces référentiels proposent une théorisation de la vie psychique,
des troubles psychiques et de la démarche psychothérapeutique
qui permet d’agir sur ces troubles. Ils déterminent donc partielle-
ment les attitudes, les stratégies et les techniques utilisées par le
clinicien en entretien.
par chacun d’eux). Tout n’est pas conciliable, ni entre les théo-
ries, ni entre les pratiques.
Cependant, on peut comprendre l’aspiration de certains
professionnels (et de nombreux jeunes professionnels) à une
approche éclectique ou intégrative. Ce sont deux façons de
dépasser les courants, soit dans une logique très pragmatique,
en piochant dans l’un ou l’autre ce qui est utile à la thérapie
à ce moment-là (éclectisme) soit en créant une approche théra-
peutique qui en serait la synthèse (approche intégrative). Ces
deux positions ont leurs avantages (s’ouvrir, dépasser les luttes
stériles entre courants), mais aussi leurs inconvénients. Pour
l’approche éclectique, le risque est l’incohérence de la thérapie
ainsi que son morcellement en interventions disparates peu
coordonnées ; pour l’approche intégrative, si elle a le projet et
le mérite de vouloir laisser une place égale à chaque courant,
son principal défaut est de n’avoir pas encore réussi à en faire
une synthèse théorique convaincante – est-ce possible ? – et
donc de ne pas encore exister formellement ! Notons cepen-
dant que « les » TCC sont un ensemble de thérapies de courants
différents qui s’intègrent dans une stratégie thérapeutique
globale, et qu’en ce sens elles peuvent être qualifiées d’intégra-
tives, bien que n’intégrant pas les approches psychanalytiques
ni systémiques1.
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À retenir
L’entretien clinique est marqué par le courant d’appartenance du
clinicien, comme nous l’avons vu mais, dans la pratique, les psycho-
thérapeutes efficaces sont centrés sur leurs patients plutôt que
sur leurs théories et ils adoptent plus ou moins volontairement et
consciemment une démarche intégrative ou teintée d’éclectisme.
Cela signe l’adaptabilité du thérapeute, adaptabilité utile tant que la
thérapie reste globalement cohérente en s’inscrivant pour l’essen-
tiel dans un cadre théorico-clinique clair.
À retenir
Ainsi, les entretiens cliniques, qui sont les principaux supports des
interventions cliniques comme les psychothérapies, sont consti-
tués d’un ensemble de caractéristiques qui leur sont communes
(facteurs communs) qui sont complétées par d’autres carac-
téristiques qui dépendent du référentiel théorico-clinique du
professionnel (facteurs spécifiques).
7.1 La demande
À l’origine de toute intervention clinique, il y a une demande
adressée au clinicien pour qu’il intervienne. En effet, le clinicien
n’initie pas de son propre chef ses interventions. La demande
d’aide psychologique peut provenir du sujet lui-même ou de
tiers (famille, parents, autre professionnel, la justice qui impose
une injonction de soins). La demande peut exprimer directe-
ment le problème du sujet, mais parfois la demande explicite
(la première demande) masque des demandes non exprimées,
que le sujet n’ose pas ou ne peut pas exprimer, faute d’en être
lui-même conscient.
À retenir
La demande est donc l’expression d’un besoin d’aide psychologique
adressée au clinicien par le sujet concerné ou par des tiers. Le clini-
cien doit bien étudier la pertinence de la demande avant d’engager
un travail clinique.
À retenir
Les entretiens cliniques sont dirigés vers des buts, sur lesquels le
clinicien et le sujet sont en général d’accord, articulant plusieurs
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7.3 Le cadre
Tout entretien clinique a lieu dans un cadre qui détermine
partiellement son déroulé. Le cadre est composé d’éléments
matériels (le bâtiment, le bureau, les meubles, la disposition
spatiale des meubles dans le bureau…) ; temporels (la durée
de l’entretien, le rythme des rendez-vous) ; institutionnels
(objectif, organisation et dynamique institutionnelles) ; admi-
nistratif et financier (le mode de prise en charge, le tarif, les
À retenir
L’entretien clinique se déroule toujours dans un cadre qui le dépasse
et l’influence de multiples façons. Certains éléments du cadre
peuvent être contrôlés par le clinicien, d’autres, au contraire, le
dépassent et tendent à s’imposer à lui autant qu’au travail clinique.
Le clinicien doit être conscient des différents éléments du cadre
dans lequel il travaille et des enjeux multiples que ce cadre produit
sur lui-même, sur le sujet et sur le travail clinique.
À retenir
Les personnes reçues en entretien clinique ainsi que les situations
dans lesquelles elles sont reçues sont extrêmement diverses. Le
clinicien doit faire preuve d’une souplesse et d’une adaptabilité
importantes pour envisager à chaque fois dans leur singularité,
leur globalité et leur complexité propres toutes les situations et
les personnes qu’il prétend faire évoluer positivement.
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À retenir
Le clinicien engage sa personnalité dans la relation avec le sujet
dans les entretiens cliniques. Il doit pouvoir observer et ajuster ses
attitudes et il peut aussi, par une bonne connaissance de lui-même,
utiliser sa sensibilité et ses réactions intérieures comme une sorte
d’instrument lui permettant de mieux saisir la vie psychique du sujet
avec lequel il interagit.
8. Réussites et échecs
dans l’entretien clinique ?
À retenir
Ainsi, un entretien réussi est celui qui va aider le patient à évoluer
vers l’objectif de l’intervention. Le plus souvent le patient évoluera
d’autant mieux que le clinicien aura une attitude professionnelle
solide à tous niveaux. Cependant, il arrive que cette attitude se
À retenir
Ainsi, si les erreurs sont parfois sources d’évolutions positives, à
l’inverse, nombreuses sont les possibilités d’illusion de réussite
du travail clinique : tout a l’air de bien se passer, mais en réalité il
manque l’essentiel, à savoir une dynamique thérapeutique néces-
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MENER
UN ENTRETIEN
CLINIQUE
EN PRATIQUE
L’ATTITUDE
DU CLINICIEN
Pa
rt
ventions cliniques ? Quelle attitude doit-il adopter pendant les
entretiens ? Cette question est importante, car de nombreuses
études ont montré que la personnalité du thérapeute, la
façon dont elle était ressentie par le patient, était un facteur
important de l’efficacité de l’intervention clinique. Or, si de
ie
nombreux principes ont été mis en évidence par divers auteurs,
comme Rogers, Freud, ou encore des auteurs ayant travaillé
sur l’alliance thérapeutique, dans la pratique concrète, appli-
quer ces principes n’est pas sans poser un certain nombre de
problèmes et de questions.
☞
internationaux. Elle·il exerce dans le respect de la personne, de
sa dignité et de sa liberté.
La·le psychologue s’attache à respecter l’autonomie de la
personne et en particulier son droit à l’information, sa liberté
de jugement et de décision. Toute personne doit être informée
de la possibilité de consulter directement la·le psychologue de
son choix.
☞
Ou encore, dans les thérapies actives, le patient confirme : « Donc
j’ai fait l’exercice que vous m’aviez demandé. – Ah ? C’était
lequel ? » demande le psy qui n’a rien noté…
Bref, garder des traces du travail en cours et le suivre précisément
est important. La relation clinique n’est ni « pure » ni à sacraliser.
C’est une relation de travail visant des objectifs et, dans ce cadre,
il est nécessaire que le professionnel sache ce qu’il fait et qu’il en
garde des traces.
Que deviennent ces notes ? Qui y a accès ?
Le patient a accès à son dossier médical. Mais les notes du psycho-
logue en font-elles partie ? Oui et non. Quand le psychologue
travaille dans une institution où il y a des dossiers médicaux,
tout ce qu’il y indiquera sera possiblement visible par le reste
de l’équipe, le patient, et les parents du patient s’il est mineur
(sauf s’il s’y oppose). Le psychologue sera donc très prudent
dans ces écrits-là et tiendra compte de leurs effets sur l’équipe,
le patient, les parents… En revanche, les notes de travail du
psychologue ne font pas partie du dossier médical (et n’y figurent
donc pas). Le psychologue peut être plus libre d’y indiquer ce
qu’il veut. Cependant, il prendra garde à ce que tous ses écrits
restent prudents et professionnels, car il pourrait être contraint
de les transmettre dans un cadre judiciaire et, comme l’on dit,
« les écrits restent » et on ne sait jamais dans quelles mains ils
peuvent tomber. Le minimum est qu’ils soient conservés sous
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clé s’ils sont en papier ou sous mot de passe s’ils sont numérisés.
Tous ces écrits sont soumis à la confidentialité et doivent être
protégés comme tels.
☞
le clinicien doit prendre garde à ne pas s’attacher sans distance
à l’amélioration du patient, car tant que l’évolution est positive,
tout va bien, mais quand elle est négative (aggravation, rechute,
stagnation…), le risque est grand que le clinicien soit déçu et que
le patient le ressente et se vive comme un mauvais patient. Une
attitude bienveillante, soit, mais avant tout d’acceptation et il
ne faut pas réduire le sujet à ses troubles, ni à leur amélioration !
Être positif ?
En France, pays de la raison critique et du scepticisme, nous
avons tendance à porter un regard critique sur les événements,
en particulier quand ils sont positifs. Quand quelque chose de
positif se produit (par exemple un patient qui ose s’exposer à
une angoisse pour la dépasser), nous considérons souvent cela
avec recul et scepticisme (« D’accord, mais la prochaine fois, vous
pourriez aussi le faire autrement, par exemple… »). Pourquoi ne
pas tout simplement dire : « Très bien, bravo. Ce n’est pas facile
ce que vous avez fait. Vous êtes courageux… » Pourquoi n’être
pas spontanément « positif » ? Les patients en psychothérapie
sont très souvent marqués par la honte, le découragement et
une mésestime d’eux-mêmes (du fait d’avoir des « problèmes
psy »). Dans ce contexte, être positif permet de lutter contre ces
tendances morbides et dépressiogènes. Cela redonne du courage
et du narcissisme (ou de l’estime de soi), cela renforce l’engage-
ment du sujet dans la thérapie et le renforce dans ses tentatives
de changement. Bien sûr, cela ne suffit pas à produire ces chan-
gements et tous les sujets ne sont pas réceptifs à cette attitude,
ou pour certains, le sont trop (dépendance…). Être positif quand
même, mais avec justesse.
À retenir
L’attitude du clinicien peut être comprise sous deux aspects :
l’attitude visible, comportementale et relationnelle qui permet de
créer une relation de confiance au sein de laquelle le sujet se sente
suffisamment bien pour pouvoir livrer et découvrir son intimité
psychique et une attitude plutôt intérieure, une attitude mentale,
intellectuelle, qui fait du psychologue un professionnel qui pense
la situation clinique construit des hypothèses cohérentes dans son
référentiel théorico-clinique, et à partir de là, intervient par des
propositions cliniques techniques qui ont pour objectif d’aider le
sujet à modifier son fonctionnement mental (cognitif, émotionnel,
comportemental).
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CONSTRUIRE
ET MAINTENIR
UNE BONNE
ALLIANCE
THÉRAPEUTIQUE
L’alliance de travail
Je trouve très intéressante la notion d’alliance de travail qui est
parfois un synonyme de l’alliance thérapeutique, mais qui insiste
sur le travail clinique qui doit se faire et dont l’alliance n’est qu’un
moyen. La bonne relation clinique est celle qui permet au travail
clinique de se faire, donc celle qui permet au patient de changer
d’une façon qui le libère de ses automatismes pathologiques et
qui favorise son mieux-être et son accomplissement. Le clinicien,
au-delà de l’alliance qu’il doit favoriser, doit surtout garder le cap
du travail clinique. Celui-ci se fait-il ? Des évolutions sont-elles
en cours ? Dans quelle direction ? Patient et thérapeute sont-ils
ensemble au travail ?
☞
☞
Le thérapeute dit à son patient : « C’est de vous que viendra la
guérison, la solution est en vous. » Est-ce si juste ? Il est clair que
l’on ne peut pas vraiment changer quelqu’un de l’extérieur (sauf à
le maltraiter…) et donc c’est de ce que le patient fera des propo-
sitions du thérapeute que viendront des changements positifs en
lui. Dans ce sens, oui, les portes à ouvrir sont chez le patient et
l’action de les ouvrir ne peut venir que de lui. Mais cela dédouane-
t-il le thérapeute de sa responsabilité de professionnel ? N’a-t-il
donc aucun autre rôle que de faire advenir chez le patient les
voies de l’amélioration ? Non, c’est là aussi une affaire d’alliance et
de collaboration. Pour suivre la métaphore, le thérapeute a pour
rôle d’aider le patient à repérer les portes à ouvrir (les problèmes
qui se posent, les processus pathogènes), mais aussi de lui donner
les clés (les techniques) pour les ouvrir. À charge pour le patient
ensuite d’utiliser ces clés et d’ouvrir ces portes. L’amélioration
est donc le fruit de la collaboration et de l’alliance…
À retenir
La relation de collaboration qui s’exprime par l’implication active
du sujet dans les choix cliniques effectués est utile pour maintenir
l’alliance thérapeutique tout au long d’une intervention clinique.
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CONSTRUIRE
LE CADRE
DE LA RELATION
CLINIQUE
Pa
rt
(encadrent) l’entretien clinique. Sans cadre, pas d’entretien
clinique. Le cadre peut être autant matériel, social qu’imma-
tériel (imaginaire, symbolique). Voyons un à un les éléments
qui composent le cadre et comment ils peuvent favoriser le
travail clinique.
ie
1. Le cadre matériel
☞
on peut revoir le patient après trois mois. Pour certains d’entre
eux, un rendez-vous de bilan et de prévention tous les trois mois
peut être pertinent…
☞
de limite de séances par an et, en secteur 1, 46 € sont remboursés,
mais les séances peuvent être très courtes (10 minutes pour un
renouvellement de traitement par exemple), et pour les séances
plus longues, les psychiatres peuvent passer en secteur 2 où les
tarifs sont libres, le patient restant remboursé sur la base du
secteur 1. Cette possibilité n’existe pas pour le psychologue qui
ne touchera que 30 € brut pour une séance de 45 à 60 minutes.
Dans le projet, les psychologues n’ont pas le droit de dépasser la
somme remboursée (par exemple, le patient payerait 70 € mais
serait remboursé 30 €. Le projet exclut cela). Donc un psycho-
logue en libéral, qui prendrait habituellement 70 € par séance,
devrait accepter de faire le même travail, pour moitié moins de
revenus ! Il faut aussi être conscient que quand le psychologue
en libéral reçoit 70 €, il s’agit de chiffre d’affaires et une fois reti-
rées de cette somme les charges (impôts, Urssaf, assurance,
loyer, formation, supervisions, etc.), il ne lui en reste que 50 %,
soit 35 € nets. Donc, avec une consultation à 30 €, il ne lui restera
que 15 €. Si, en plus du temps de la séance, on ajoute les autres
temps impliqués par ce suivi (tenir le dossier clinique, remplir les
documents administratifs de la Sécurité sociale, communiquer
avec le médecin envoyeur, formation, supervision, etc.), on peut
considérer que le psychologue rentrant dans ce dispositif sera
réellement, et au mieux, payé net au SMIC horaire.
Pour toutes ces raisons, plusieurs organisations professionnelles
(dont l’AFTCC) se sont prononcées contre ce projet tel qu’il est,
sans être entendues par les pouvoirs publics. Finalement ce projet
ressemble plus à un effet d’annonce politique à moindre coût,
qu’à une réelle volonté de permettre à la population la plus large
d’accéder aux psychothérapies. Espérons qu’il puisse évoluer à
l’avenir vers un montage plus réaliste…
2. Le cadre immatériel
☞
sont tous les professionnels de l’hôpital concernant les activités
médicales. Concrètement, un psychologue travaillant à l’hôpital
peut revendiquer le secret professionnel pour ne pas transmettre
d’information dans un cadre judiciaire. Mais un psychologue en
libéral ne le peut pas et devra, comme tout citoyen, transmettre
les informations dont il dispose si un juge les lui demande. Pour
autant, la relation clinique implique de la confiance qui nécessite
de la confidentialité. L’obligation du secret pour le psychologue en
libéral s’appuie seulement, légalement, sur le fait que nul ne peut
nuire à autrui. Donc si diffuser des informations confidentielles
nuit au patient, il pourrait porter plainte contre le psychologue.
Cela dit, le secret professionnel du psychologue est un principe
déontologique important qu’il faut respecter autant que possible.
Mais il est important aussi de rappeler au patient que ce secret
a des limites.
Donc, de par l’institution où il travaille, pour ne pas lui nuire,
par déontologie et pour favoriser la confiance du patient qui le
consulte, le psychologue est donc, globalement, tenu au secret
professionnel, c’est-à-dire qu’il ne peut pas divulguer à des tiers
les informations qu’il obtient sur ses patients durant son exercice
professionnel.
Pour autant, cette règle connaît des exceptions. Par exemple,
comme on l’a vu, s’il travaille en libéral et qu’un juge exige des
informations, il sera en difficulté pour refuser cette demande. Par
ailleurs, le secret professionnel peut s’éclipser devant d’autres
exigences légales, comme l’obligation de dénoncer un crime
(si un patient annonce qu’il va commettre un attentat ou un
meurtre…), l’obligation de signaler toute situation mettant en
danger d’autres personnes (« information préoccupante » pour de
la maltraitance) ou d’intervenir en appelant les pompiers dans le
cas où un patient est en danger grave et imminent, par exemple
s’il veut sauter par la fenêtre du cabinet de consultation.
Par ailleurs, le psychologue peut aussi échanger informations et
réflexions à propos d’un patient qu’il suit avec d’autres profes-
sionnels dans la mesure où cela est fait pour mieux coordonner
☞
☞
ses prises en charge. En institutions (de soins, éducatives…), cela
s’appelle « le secret partagé » entre les professionnels de l’insti-
tution. En libéral, ce partage d’information n’est pas légalement
encadré et il est bien non seulement d’informer le patient de
ces échanges, mais aussi de lui demander son autorisation. Les
informations transmises doivent être seulement celles qui sont
pertinentes à une meilleure coordination des prises en charge, il
n’est donc pas nécessaire de tout dire.
De plus, il peut arriver qu’il soit pertinent de transmettre des
informations aux proches du patient, par exemple s’il est mineur,
ou s’il a confiance dans des proches qui l’aident dans ses diffi-
cultés. Pour autant, le psychologue doit bien évaluer la situation
à chaque fois, car il ne peut pas simplement se libérer (légalement
et/ou déontologiquement) de son obligation de secret. Donc,
avant de communiquer quoi que ce soit à un tiers, il doit, avec le
patient, réfléchir sur ce qu’il convient ou non de transmettre et
sur la façon de le faire.
Faut-il encourager le patient à transmettre lui-même ces informa-
tions (lui n’est pas soumis au secret) ? Faut-il mieux transmettre
ces informations pendant un entretien où patient et proche sont
présents ensemble ? Est-il préférable qu’il y ait une communica-
tion directe entre le proche et le psychologue sans le patient
(avec des proches destructeurs, c’est parfois plus prudent…) ?
Dans tous les cas, cela doit être discuté avec le patient. Et ce
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☞
Que dire au patient, quand on aborde cette question en posant
le cadre ? Dans ma pratique libérale, je leur dis à peu près cela
(adapté à chaque cas) : « Ce que vous me direz restera entre nous,
je ne le communiquerai à personne d’autre, je respecte le secret
professionnel. Cependant, dans les cas où j’estimerais que vous
courrez un danger grave ou que vous ferez courir à d’autres un
danger grave, la loi m’impose alors de le communiquer à des
tiers ».
Si le patient est mineur (un adolescent par exemple) : « Je ne
communiquerai pas avec vos parents sur ce que vous me direz
(et je le dis aux parents quand je les vois), sauf dans le cas où je
pense que vous seriez en danger grave. Je serais alors obligé de
le leur signaler. De plus, vos parents souhaitent être informés des
avancées de ce que l’on fait, c’est légitime en tant que parents.
Je vous propose que nous fassions ensemble un point avec eux
tous les 3 mois et, avant de les voir, nous nous mettrons d’accord
tous les deux sur ce que nous pourrons leur dire ou non à cette
occasion. Si entre temps, ils m’appellent pour avoir des informa-
tions, je ne leur en donnerai pas sans votre accord et je vous en
parlerai lors de notre entretien suivant. Qu’en pensez-vous ? Cela
vous convient-il ? ».
Si le patient, même mineur, est contre cette transmission d’infor-
mation à ses parents et qu’il me paraît légitime de le suivre dans
son refus, j’en parle avec les parents pour qu’ils comprennent
l’importance d’accepter cette confidentialité (qui s’arrête si le
mineur se met en danger grave).
Bref, rigueur et justesse sont nécessaires dans l’application du
secret professionnel du psychologue.
En plus des éléments de cadre vus plus haut qui sont socia-
lement identifiés et structurés, il y a une autre dimension du
cadre : le cadre imaginaire et symbolique.
Chaque protagoniste de l’entretien se représente la situation
en y projetant nécessairement une partie de son imaginaire.
Nous ne percevons pas la réalité directement, mais nous en
avons une interprétation. Les éléments de la réalité sont perçus
de façon partielle par notre système perceptif, puis analysés
et interprétés en partie de façon inconsciente en fonction des
schémas intériorisés, principalement relationnels, qui struc-
turent notre vie psychique. La situation d’entretien clinique
n’échappe pas à ce traitement en grande partie inconscient.
Ainsi, chaque protagoniste va comprendre la relation clinique
en fonction de ses schémas relationnels inconscients (« rela-
tions d’objet » dans la théorie psychanalytique). L’entretien va
donc prendre place dans un cadre imaginaire propre à chacun
des protagonistes.
Ainsi, pour tel sujet, la relation clinique sera prise dans
des schémas d’abandon, pour tel autre, de persécution et de
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À retenir
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☞
– le thérapeute doit veiller à l’impression que donne son image
filmée. Avec un ordinateur portable, il peut sembler regarder de
haut le patient ; avec une webcam mal réglée, il peut sembler
regarder à côté, etc. Le thérapeute veillera aussi à ce qui se
trouve derrière lui (le fond d’écran). Il fera en sorte que ce soit
neutre et, au besoin, il utilisera les filtres proposés par la plate-
forme. Il importe de faire des tests avant de voir des patients
par ce biais.
Tout cela étant en place, l’entretien obéit aux mêmes règles que
les entretiens en présentiel (les problèmes techniques en plus).
Beaucoup de choses peuvent se faire dans ces conditions mais
pas tout. Les entretiens avec les jeunes enfants sont difficiles
à envisager ainsi. Certains exercices sont peu faisables en télé-
consultation (par exemple, des expositions sensorimotrices en
TCC). Il est plus délicat d’y aborder des thèmes très sensibles (des
traumatismes « chauds »), car le thérapeute sera sans doute moins
contenant, moins « présent ». On évitera d’activer trop d’angoisse,
car le patient risque ensuite d’être seul chez lui pour les gérer. Si
certains patients tiennent absolument à avoir des entretiens en
présentiel, on ne leur imposera pas des entretiens via Internet.
Mais au-delà de ces difficultés, la plupart des dimensions du travail
clinique peuvent se faire en téléconsultation totale.
Les avantages sont bien sûr la praticité de ce média pour effacer
la distance géographique. C’est aussi un moyen de remédier ponc-
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☞
Personnellement, je trouve très intéressante cette possibilité tech-
nique de faire des consultations à distance (visio, téléphone…).
Je n’ai pas remarqué que cela nuisait au travail clinique. À charge
pour le thérapeute de faire que cela se passe le mieux possible
en tenant compte des points précédents et en restant rigoureux
dans ses objectifs et souple sur les moyens de les atteindre.
Deux précisions : la pratique peut être mixte (des entretiens en
présentiel par moments, et en distanciel à d’autres moments
avec un même patient) ; pour le paiement, en libéral, il suffit de
communiquer son RIB au patient qui fait alors un virement pour
payer la séance.
4. Comment débuter
une intervention clinique ?
☞
Cette vision des choses semble ne considérer la situation d’entretien
que comme un rapport de force dans lequel le patient chercherait
par ses manipulations à prendre le pouvoir sur le psychologue et en
retirerait de la satisfaction (ça ressemble aux relations globalement
irréalistes dans la série En thérapie (In treatment)).
Dans l’immense majorité des cas, cette vision n’est pas construc-
tive. Très rares sont les patients réellement manipulateurs (plus
ou moins sociopathes) dont l’unique objectif serait de contrôler
le psychologue… En revanche, une bonne partie des patients,
malgré eux et involontairement, répètent dans la relation
clinique des schémas relationnels intériorisés. Ces schémas se
manifestent dans la relation avec le psychologue et celui-ci peut
être secoué par le « jeu » relationnel proposé (soumission/domi-
nation, persécution, abandon, séduction, mise en échec, « mise
en inquiétude », chantage affectif, etc.). S’il le prend au premier
degré, alors oui, il peut se sentir manipulé. Mais en réalité, il ne
l’est pas par la partie consciente et volontaire du patient, mais
par les schémas inconscients du patient. D’ailleurs, le patient
est tout autant manipulé de l’intérieur, il est le premier à souf-
frir de la répétition active de ses schémas inconscients. Quand
le psychologue ressent cette impression de manipulation, c’est
qu’il est probablement pris dans un des schémas inconscients
du sujet. Plutôt que de réagir de façon défensive (« Il me mani-
pule, je ne vais pas me laisser faire »), il est plus constructif de
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☞
(la répétition du schéma pendant la thérapie) et de contre-trans-
fert (la résonance vers le thérapeute et ses réactions à cette
résonance). S’il le prend au premier degré, le psychologue ne
fera que participer à la répétition active du schéma, alors que son
but est d’aider le patient à se dégager de ces schémas inadaptés.
Notons aussi que, sans même parler de schémas, l’évitement de
l’angoisse ou d’autres émotions désagréables par le patient,
peuvent produire chez le psychologue l’impression d’être mani-
pulé. Par exemple, dans le cas de TOC de contamination, un
patient pourra s’arranger pour rester à distance du psychologue,
ou orienter l’entretien sur des sujets insignifiants pour éviter l’an-
goisse des sujets importants. Le psychologue peut alors avoir
l’impression d’être contrôlé ou manipulé et mal le vivre. Mais il
est essentiel qu’il comprenne ce qui se passe : le patient est en
train de contrôler ses angoisses (et pas le psychologue). Bref,
dans tous les cas, le professionnel ne doit pas prendre person-
nellement les réactions du patient, mais les comprendre comme
des éléments du fonctionnement psychique du patient. Il doit les
saisir dans la rationalité qu’elles ont pour le patient.
ou débutants :
– On pose un cadre de travail pour le long terme, il faut voir
au-delà des enjeux relationnels immédiats et au-delà de la
souffrance manifeste.
– Ne pas se précipiter sur les problèmes. Le sujet ne se réduit
pas à ses problèmes (même s’il est envahi par eux). Ne pas
oublier de parler de la vie du sujet et même… de ce qui va.
Prendre le temps de faire connaissance avec le sujet et de
bien connaître le contexte des problèmes pour lesquels il
consulte. Les problèmes ne prennent sens que dans leur
contexte.
COMMENCER
UN ENTRETIEN
CLINIQUE
À retenir
Il existe plusieurs façons de commencer un entretien clinique,
mais toutes suivent plusieurs étapes : salutations, prise de contact,
évaluation de l’état du sujet et de son évolution, transition vers le
travail de la séance.
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TRAVAILLER
LA DEMANDE
ET DÉGAGER
LES OBJECTIFS
DU TRAVAIL
CLINIQUE
À retenir
Une demande peut s’exprimer de multiples façons. Il est important
que le psychologue ne prenne pas au pied de la lettre la première
demande exprimée mais qu’il la questionne, la fasse préciser, aide
le sujet à mieux l’exprimer, etc. Il faut donc travailler la demande.
Ce travail de la demande a un double objectif : d’abord de créer un
accord entre la demande du sujet et la compréhension qu’en a le
psychologue et de rendre ainsi la demande du sujet accessible à
un travail psychothérapeutique. Il est risqué (pour la réussite du
travail clinique) de s’engager avec le patient dans un travail pour
lequel la demande n’est pas compatible avec la réalité des possi-
bilités du psychologue. La déception et l’échec risquent d’être au
rendez-vous.
☞
– Apporter un soutien et des conseils à un sujet qui, sans rencon-
trer de situation difficile particulière, a du mal à gérer sa vie
quotidienne en raison de ses troubles psychiatriques (dépres-
sion chronique, schizophrénie, troubles bipolaires, borderline,
déficiences intellectuelles…).
– Aider et soutenir un sujet à mieux vivre une période d’insti-
tutionnalisation (hospitalisation, foyer…), l’aider à exprimer
les difficultés qu’il y rencontre pour prévenir des difficultés
psychiques et institutionnelles.
– Aborder un problème spécifique qui se serait produit en insti-
tution (conflit, désaccord, désinvestissement, colère…).
– Déterminer précisément les pathologies dont souffre le sujet
à l’aide d’entretiens diagnostiques.
– Enrichir le diagnostic et aider le sujet à faire le point sur ses diffi-
cultés à l’aide d’entretiens d’anamnèse (histoire des troubles).
– Traiter telle ou telle pathologie (dépression, anxiété, addic-
tion, comportements, etc.), ou améliorer tel ou tel problème
(relationnel, professionnel, affectif…) : il s’agit donc d’objectifs
psychothérapiques.
– Aider un sujet handicapé par ses troubles psychiques à
retrouver une place socioprofessionnelle satisfaisante : objectif
de réhabilitation psychosociale visant le rétablissement.
– Etc.
À retenir
Les interventions cliniques se déroulent et suivant des objectifs
propres à chaque intervention clinique mais aussi à chaque entre-
tien. Les objectifs gagnent à être explicites et clairs. Le sujet sait
pourquoi il vient et le psychologue sait dans quelle direction il
travaille avec ce patient-là, à ce moment-là. Patient et clinicien
doivent être d’accord sur les objectifs fixés. Cependant, du fait
de l’évolution du patient et de la relative imprévisibilité de la vie
du sujet et de la relation clinique, le clinicien doit être souple vis-
à-vis des objectifs. Il peut donc, en concertation avec le patient, en
changer, ponctuellement ou définitivement.
MAINTENIR
UNE INTERVENTION
CLINIQUE
DANS LA DURÉE
Pa
rt
peut aller d’un entretien (orientation, conseil, diagnostic)
à plusieurs entretiens (bilans psychologiques complets), à
plusieurs dizaines, voire centaines, d’entretiens (psychothé-
rapie, soutien). L’intervention peut donc durer d’une heure ie
à plusieurs années. Cette variabilité de la durée est liée d’une
part à l’objectif de l’intervention, d’autre part à la complexité
ou à la chronicité du problème du sujet, mais aussi, enfin, au
référentiel théorico-clinique du clinicien. Il est possible cepen-
dant de dégager quelques règles générales pouvant présider à
toutes les interventions cliniques.
À retenir
Afin de maintenir dans le long terme une dynamique clinique effi-
cace et professionnelle, il est important de faire tenir dans la durée
plusieurs conditions : travailler avec des objectifs, dans un cadre
solide, avec de bons repères quant à ses référentiels théorico-
cliniques et en maintenant continuellement une bonne alliance
thérapeutique. De plus, le clinicien adoptera une compréhension
complexe à plusieurs niveaux sur les problèmes et la relation
cliniques ainsi que sur leur évolution.
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CONCLURE
UNE INTERVENTION
CLINIQUE
Pa
rt
pour durer éternellement. À un moment donné, ils s’arrêtent.
Mais comment arrêter un entretien ? Comment mettre fin à
une intervention clinique ?
ie
1. Arrêter un entretien
☞
de fragilisation et de prise de conscience (l’essentiel de l’entre-
tien, durée : 15 à 45 minutes) ;
– la phase de récupération (durée : variable selon l’état du sujet,
de 1 à 10 minutes ou plus) ;
– la phase de fin d’entretien (annonce de la fin de l’entretien,
conclusion et fin effective, salutations… durée : 2 à 5 minutes).
(Toutes les durées sont indicatives et peuvent grandement varier
d’une situation à l’autre.)
À retenir
La fin d’une intervention clinique peut être déterminée par des
circonstances extérieures à la dynamique du travail clinique ou par
la réussite de ce travail qui en rend la poursuite inutile. Dans tous
les cas, il importe que la date de l’arrêt soit anticipée et discutée
clairement entre le clinicien et le sujet.
☞
– comment il peut gérer le problème débutant puis si ça
s’aggrave ;
– à quel moment il doit contacter un professionnel.
Le tout devrait tenir sur une page, être très accessible et simple
et correspondre à des choses faciles à faire pour ce sujet-là quand
il va mal. Il s’agit en quelque sorte de formaliser les conseils que
le sujet « qui va bien » s’adresserait à lui-même pour le cas où il
irait mal. Il peut aussi y mettre des images réconfortantes pour
lui ou des phrases types qui le rassurent.
SURMONTER
LES PROBLÈMES
DANS L’ENTRETIEN
CLINIQUE
LE PLUS GRAND
PROBLÈME
À GÉRER…
LE CLINICIEN !
Pa
rt
psychologues rapportent leurs difficultés dans tel ou tel suivi,
il est fréquent, après discussion et réflexion, que l’on constate
que le problème provient d’une réaction psychologique qui
ie
leur est propre, qu’ils n’ont pas identifiée, qu’ils subissent de
l’intérieur et maîtrisent mal.
De l’idéalisation à la réalité
Les jeunes psychologues, portés par leur désir d’aider, suresti-
ment souvent l’efficacité des moyens d’action du psychologue. Ils
imaginent, plus ou moins consciemment, qu’avec un peu de bonne
volonté, d’empathie et de sympathie, de volonté soignante, un
bon relationnel et quelques techniques, ils pourront soulager
la souffrance psychique de patients qui ne demanderaient que
cela… Pourtant, la réalité est très différente. L’efficacité théra-
peutique n’est pas toujours au rendez-vous, les troubles sont
résistants, les relations sont parfois difficiles à mettre en place,
les patients ne sont pas toujours les meilleurs alliés de la stratégie
thérapeutique, les institutions n’œuvrent pas forcément dans le
sens d’une plus grande efficacité… Bref, le jeune psychologue
voit son idéal (teinté de toute-puissance soignante) rapidement
déconstruit face à une réalité plus complexe, difficile et parfois
décevante. L’écart entre les attentes et la réalité peut être rude,
le choc et la déception importants. Il lui faut donc réajuster ses
perspectives dans un sens plus réaliste. Ce qui ne se fait pas sans
douleur.
2. La violence de l’institution
☞
viol, tentative de meurtre, agression, torture, catastrophes
naturelles…). C’est ce que l’on appelle le traumatisme vicariant.
D’une certaine façon, l’effet traumatique peut être contagieux
pour les professionnels qui y sont confrontés quotidiennement.
Il faut donc que le psychologue veille à cela et prenne soin de
lui aussi1 !
sinon… »).
– Cognitions : « Non, pas encore ça » ; « Elle va se tuer » ; « Ça va
être de ma faute » ; « Je suis un mauvais psychologue » ; « Je ne
suis pas à la hauteur »…
– Émotions : peur, sentiment de ne pas y arriver, culpabilité (et ça
me serre la gorge, et une boule dans le ventre, et j’ai l’impres-
sion de ne plus pouvoir réfléchir, tête dans le coton).
– Comportement : je me tais ou je la rassure artificiellement,
changement de sujet. Envie d’éviter l’entretien…
– Conséquences : je suis mal. Je ne réfléchis pas correctement.
Je ne suis pas vraiment avec elle dans l’entretien.
☞
☞
– Remplir ce tableau impose déjà un premier travail d’introspec-
tion et de mise à distance de son vécu. Cela aide à retrouver une
attitude « méta » de réflexion multi-niveaux. Le niveau envisagé
ici étant celui de la vie psychique du psychologue engagé dans
le travail clinique. Souvent, cela permet de mieux comprendre
la situation, son attitude propre et donc de mieux envisager le
travail à faire pour se dégager de cette difficulté.
☞
Quand s’alerter ? Les signes de stress professionnel peuvent se
manifester sous diverses formes (dépression, anxiété, addic-
tions…). On peut cependant pointer quelques signes spécifiques :
perte d’empathie et de compassion pour ses patients, l’impres-
sion d’être débordé par les tâches à accomplir, de ne pas s’en
sortir, de ne pas y arriver ; et une perte de plaisir et de satisfac-
tion dans les activités professionnelles. Dans ces cas-là, inutile
d’attendre, ça ne va pas s’arranger tout seul, il faut agir.
Comment ? Si les symptômes sont vraiment forts, par une
psychothérapie personnelle. Mais il importe aussi d’agir sur
les conditions de travail (réduire le travail, savoir dire non aux
sollicitations non prioritaires, poser des limites, réfléchir sur ses
priorités…). Enfin, il est aussi important d’agir sur son hygiène de
vie en retrouvant des temps de repos et de détente (relaxation,
sport, culture…), en développant sa vie personnelle, ses rela-
tions affectives, familiales, amicales, ses loisirs, en retrouvant un
rythme salutaire (sommeil, repas…), en limitant les facteurs de
risque sanitaire (tabac, alcool, manque de sommeil, sédentarité,
surpoids…).
Avec ces différentes actions, le psychologue surmené peut
retrouver un meilleur équilibre personnel qui le rendra plus
épanoui et plus efficace dans son travail.
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7. Jeune psychologue,
il faut bien débuter !
7.3 La jeunesse
Un autre problème souvent évoqué par les jeunes psycholo-
gues : « Je suis trop jeune, je ne suis pas crédible, surtout face à
une personne plus âgée ». Je ne crois pas que la compétence soit
totalement corrélée à l’âge. On peut être jeune et compétent
ou plus âgé et, disons… perfectible. La jeunesse n’est pas une
7.4 L’impatience
Beaucoup de jeunes cliniciens veulent aller plus vite que
la musique psychique. Sans doute est-ce l’angoisse de ne pas
réussir qui les pousse à vouloir réussir vite, le plus vite possible,
sans perdre de temps ? Peut-être est-ce lié à l’enseignement
universitaire qui est parfois trop théorique, idéal et détaché de
la réalité du terrain ? Ou peut-être cela provient-il de cette pres-
sion permanente à la productivité, signature de notre société
moderne ? À moins que ça ne soit dû à la pression du patient
qui souhaite que son problème soit résolu le plus vite possible ?
Quoi qu’il en soit, la bonne vitesse en psychothérapie est celle
qui permet à chaque patient d’avancer de façon profonde et
durable au rythme de ses processus psychiques. C’est donc la
vitesse de changement des processus psychiques profonds qui
compte et qui est plus lente que celle de la compréhension
intellectuelle. Quelques minutes peuvent suffire pour prendre
conscience que d’avoir une peur intense des ascenseurs est
irrationnel, mais il faudra plusieurs semaines, ou mois, pour
que l’organisme du sujet ne réponde plus automatiquement
par de la peur en face d’un ascenseur…
Dans ce sens, on peut dire qu’il n’y a pas de bonnes thérapies
brèves ou longues, mais seulement des thérapies qui prennent
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7.5 L’orgueil
J’ai rencontré certains jeunes psychologues qui avaient en
tête de révolutionner le milieu de la psychologie clinique. Ils
pensaient avoir trouvé le Graal de l’efficacité thérapeutique.
Ils fourmillaient d’idées nouvelles, de points de vue originaux,
GÉRER
LES SOLLICITATIONS
PERSONNELLES
Pa
rt
en psychologie clinique qui commencent à effectuer des entre-
tiens cliniques est : « Comment répondre aux sollicitations
1. Un principe de conduite
LES ATTITUDES
« ANTI-
THÉRAPEUTIQUES »
DU PATIENT
Pa
rt
naturellement tourné vers ses objectifs et il s’attend à ce que
le patient collabore, qu’il suive les techniques proposées, qu’il
ie
vienne aux rendez-vous, qu’il soit ponctuel, bref, qu’il agisse
en direction de l’objectif de l’amélioration de sa vie psychique
et de son mieux-être. De fait, ces attentes du psychologue sont
assez souvent comblées. Cependant fréquents sont les cas où
des obstacles surviennent du côté du patient. On peut alors
penser qu’il a des attitudes « négatives », qu’il agit contre son
propre intérêt ou qu’il ne respecte pas le contrat thérapeutique.
Nombreuses sont les façons dont le patient peut exprimer
des attitudes contraires à la dynamique de la thérapie :
– Tout d’abord il peut ne pas respecter le cadre : absences régu-
lières, retards chroniques, exigence de raccourcir l’entretien,
entretien interrompu régulièrement (téléphone portable par
exemple).
– Le patient peut aussi montrer une certaine passivité qui nuit
à l’intervention : il parle peu, ne collabore pas, ne donne
pas son avis, il ne fait pas les exercices demandés, ne suit
pas les suggestions du clinicien… Parfois il semble ne pas
comprendre l’intervention clinique, les remarques du théra-
peute, ses conseils. Il peut alors répondre à côté et ne pas
suivre le clinicien dans sa logique thérapeutique.
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fait qu’il ne suive pas les conseils ou ne fasse pas les exer-
cices proposés ? Une plainte permanente associée ou non à
l’immobilité de la situation ? Ou des retards permanents et
des absences qui semblent irrespectueux du travail en cours
et du psychologue ? Etc. Cela permet de dépasser une attitude
de rejet global « du patient » et d’aller vers une compréhension
plus fine de la situation et de ce qui y pose problème.
La troisième chose que peut faire le psychologue est d’es-
sayer de comprendre pourquoi le sujet agit ainsi. Il lui faut
alors envisager les différents niveaux pouvant être impliqués
dans cette attitude du patient. Cette réflexion doit être menée
en prenant en compte quelques principes de base :
2. Compréhension multi-niveaux
de la situation
3. Le manque d’investissement
☞
parole et aux actes du clinicien. C’est loin d’aller vers l’objectif
d’autonomie et de liberté que vise la thérapie ! Le patient avec
une personnalité anankastique (obsessionnelle) s’attache au
cadre de façon rigide, au détriment d’un travail plus profond et
émotionnel. Son rapport rigide au cadre le rassure mais bloque
le travail de fond, c’est en fait une sorte d’évitement. Ainsi, l’in-
vestissement « parfait » du cadre est en réalité dans ce cas un
symptôme !
Le clinicien doit être attentif aux dynamiques sous-jacentes
qui déterminent les comportements des patients vis-à-vis de la
thérapie. Des comportements apparemment positifs peuvent être
des expressions symptomatologiques, alors que des attitudes
vécues négativement par le clinicien peuvent être des signes de
bonne santé mentale ou de progrès de la part du patient…
☞
Le patient dépendant qui attend tout de l’autre peut idéaliser le
clinicien et la thérapie ! Aussi agréable, flatteur et narcissisant que
cela soit pour le clinicien, il n’en reste pas moins que ce type de
relations est dysfonctionnel. D’ailleurs, l’idéalisation du clinicien
est souvent le pendant de la dévalorisation du patient. Donc plus
le clinicien se sent flatté, plus il peut en déduire que l’estime de
soi du patient s’effondre. De plus, être l’idéal de quelqu’un, ça
n’a qu’un temps. L’idéal est toujours décevant, forcément. Donc
ce type de relations, agréables au départ, repose sur une illusion
qui ne manquera pas de s’effondrer à un moment ou à un autre.
Il appartient au clinicien de ne pas céder aux sirènes de son ego et
de préserver sa capacité à penser la situation clinique à plusieurs
niveaux.
4.5 Conclusion
En conclusion, pour gérer ces situations délicates, le clini-
cien doit garder en vue l’objectif de la thérapie et, autant que
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la motivation du sujet.
Quand le sujet montre ou exprime un manque de motiva-
tion, il est donc utile de s’interroger sur la qualité de l’alliance
thérapeutique. Il est alors possible d’en parler avec le patient :
« Y a-t-il quelque chose dans notre relation qui vous pose
problème ? » ; « Pensez-vous que la façon dont nous abordons
vos difficultés est la bonne ? » …
Temps
Phases de régression
Temps
Ça recommence,
je ne vais jamais m’en sortir,
la thérapie ne marche pas…
Temps
L’INTERVENTION
EN PANNE
Pa
rt
ventions cliniques ne sont pas toujours efficaces. Parfois, les
interventions sont « en panne ». La situation n’évolue plus,
malgré l’engagement et la motivation du patient. Malgré aussi
les tentatives du clinicien pour redonner une dynamique à
l’intervention. Les entretiens se succèdent, les mois passent,
ie
mais il n’y a pas ou plus d’évolution. Les objectifs sont toujours
à la même distance, non atteints. Le patient peut s’en plaindre
ou non. Il appartient au clinicien de poser régulièrement un
regard sur l’évolution de la thérapie. Le fait que le patient soit
régulier dans ses entretiens et que ceux-ci se passent agréable-
ment ne suffit pas à indiquer que le travail se fait et qu’il y a
une dynamique psychothérapique en cours. Le clinicien doit
vérifier de temps à autre que le travail avance en fonction des
indicateurs propres à son référentiel théorique, mais aussi en
tenant compte de l’avis du patient.
2. Réorienter le patient
3. Modifier l’intervention
4. Prévenir l’enlisement
À retenir
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5. Repenser la thérapie
L’ALLIANCE FRAGILE
ET L’ALLIANCE
FRAGILISÉE
Pa
rt
essentielle à l’efficacité de la thérapie. L’alliance idéale pourrait
être définie par une relation de confiance entre sujet et clini-
cien, tournés vers des objectifs décidés en commun et étant
d’accord sur les moyens d’y parvenir. Le sujet serait engagé ie
dans la thérapie à laquelle il croirait, il se sentirait apprécié
par le clinicien qu’il trouverait chaleureux et authentique. Il
suivrait ses conseils et, le cas échéant, appliquerait les tech-
niques proposées. Cette alliance idéale se rencontre parfois.
Cependant, en réalité, elle est plus ou moins intense selon les
patients et elle est fluctuante. Elle peut se fragiliser en fonc-
tion des aléas de l’intervention clinique. D’autres fois, elle est
d’emblée difficile à établir et l’intervention se poursuit malgré
une alliance fragile. Cela pose deux sortes de problèmes au
clinicien : comment réparer une alliance fragilisée d’une part
et, d’autre part, comment travailler avec un patient qui a du
mal à s’engager dans une alliance solide ?
en lui donnant son propre avis fondé sur des faits objectifs et
en prenant le temps d’en parler.
Ainsi quand l’alliance est fragilisée, le clinicien peut adopter
une attitude assez directe (parler du problème), ouverte (être
prêt à tout entendre et à se remettre en cause), engagée (il
peut donner son avis clairement) et constructive (comment
adapter la situation pour que l’alliance se renforce). L’attitude
du clinicien fait que le sujet doit se sentir – et être – libre de
s’exprimer sur ce problème et libre aussi de faire les choix qu’il
veut. C’est en acceptant que le patient doute de la thérapie,
voire du clinicien, en essayant de comprendre son point de
vue que le clinicien donne une chance à l’investissement du
patient de se redéployer dans la thérapie.
parce que cela peut être mal vécu par les autres. Par exemple,
là, quand vous m’avez parlé avec agressivité, ça m’a braqué.
Sur le coup j’ai eu le réflexe de rejeter ce que vous me disiez.
Vous percevez ça ? Qu’en pensez-vous ? ».
Le psychologue prendra soin de choisir le bon moment
pour aborder ce type de problème. Il est impératif que le sujet
soit prêt à cela et que la relation s’y prête. Si ces conditions
sont réunies et que le clinicien et le patient parviennent à
travailler ce point, il est probable que cela accentuera, à terme,
l’alliance thérapeutique. Car cette relation se sera enrichie du
fait que le sujet aura pu constater qu’ils peuvent aborder et
dépasser, ensemble, avec le clinicien, des questions sensibles
sans tensions ni blessures excessives.
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QUAND LE SUJET
EXPRIME
DES ÉMOTIONS
INTENSES
DANS L’ENTRETIEN
CLINIQUE1
1. Pour aller plus loin sur la compréhension des émotions et de leur régula-
tion psychique et sociale : B. Rimé, Le Partage social des émotions, PUF, 2009 ;
P. Philippot, Émotions et psychothérapie, Mardaga, 2011 ; A. Damasio, L’Erreur
de Descartes, Odile Jacob, rééd. 2010.
Pa
rt
confronte, d’une part, à la souffrance psychique et, d’autre
part, à des sujets dont la vie psychique dysfonctionne d’une
ie
façon ou d’une autre. Les émotions sont la partie sensible et
« chaude » de la vie psychique. Elles sont totalement naturelles
et normales. Leur intensité peut être très variable, allant de
leur absence apparente à leur expression la plus bruyante sous
forme de crises. La souffrance psychique est pour l’essentiel
le ressenti de la présence d’émotions désagréables et envahis-
santes telles que la peur (angoisse) ou la tristesse (dépression).
Les dysfonctionnements psychologiques concernent souvent
la vie émotionnelle, le sujet qui consulte ayant souvent du mal
à réguler ses émotions, ce qui peut provoquer des ressentis très
douloureux, mais aussi, en conséquence, des comportements
problématiques ou des pensées pathogènes. Il est donc tout
à fait cohérent que la vie émotionnelle ait une place impor-
tante lors des interventions cliniques. Elle s’y exprime parfois
avec force et bruyamment. Ce peuvent être des expressions de
tristesse, d’angoisse ou de colère. Parfois, même la joie exces-
sive peut être problématique (état maniaque, excitation…).
Alors, en entretien, le patient éclate en sanglots, subit une
crise d’angoisse, se met en colère ou part dans des digressions
joyeuses décalées et envahissantes. Face à cela, le clinicien
© Dunod – Toute reproduction non autorisée est un délit.
1. Les émotions
légitime (ce qui ne serait pas le cas s’il disait par exemple :
« Vous ne devriez pas vous mettre en colère comme ça » ;
ou : « Ne pleurez pas, la vie est belle quand même ! »). En la
nommant simplement, il en autorise l’expression.
– Ensuite, cela indique l’empathie du clinicien qui voit, iden-
tifie et nomme l’émotion du sujet. Cela montre aussi que
le clinicien peut supporter sans dommage les expressions
émotionnelles, donc que les émotions de façon générale ne
sont ni honteuses ni dangereuses.
– Enfin, en identifiant et en nommant l’émotion, en passant
du ressenti aux mots, le clinicien ramène la vie psychique
du sujet à un fonctionnement plus cognitif ou en processus
secondaires, ce qui lui permet de prendre une certaine
distance avec sa vie émotionnelle, et qui sera utile pour la
suite du travail sur l’émotion. Cela contribue à l’identifi-
cation et au partage social des émotions. Le clinicien peut
compléter le fait de nommer l’émotion en exprimant sa
compréhension par des phrases simples : « Vous êtes triste, je
comprends, votre situation est difficile » ; « Je vois que vous
êtes en colère, ce n’est pas étonnant après ce que vous avez
vécu » … Ce faisant il montre qu’il est du côté du sujet de
façon bienveillante et compréhensive.
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3.4 Comprendre
Le clinicien peut ensuite, quand l’acmé émotionnelle est
passée, discuter avec le sujet pour comprendre ce qui a pu
déclencher cette émotion : « Vous étiez très affecté… Vous
savez ce qui a déclenché une telle émotion chez vous ? » ; « Là,
vous avez montré beaucoup de colère. Pourquoi ? Que s’est-
il passé ? ». Pour le clinicien, la place des émotions dans la
vie psychique du sujet est très importante, elle participe acti-
vement à la dynamique psychique, il est donc important de
repérer à quoi elle est associée (à quelles pensées ? à quelles
FAIRE FACE
AUX ÉVÉNEMENTS
DE VIE DRAMATIQUES
☞
les uns les autres sans que la personne y soit pour grand-
chose… Dans ces cas-là, le soutien est l’objectif du psychologue.
Cependant, dans certains autres cas, le psychologue doit prendre
du recul et se demander dans quelle mesure cette accumulation
de problèmes ne participerait pas du fonctionnement personnel
du patient. Celui-ci, du fait de ses actions, bien qu’à son insu,
peut produire sans cesse des situations problématiques. Cette
succession de problèmes serait alors une conséquence de la
problématique du sujet sur lequel le travail clinique doit porter.
Par exemple des conduites d’échec, des relations inadaptées…
Sans perdre de vue que, même dans ce cas, le sujet est victime…
non du sort, mais de son propre fonctionnement.
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ABORDER
DES THÈMES
DÉLICATS (SEXE,
MORT, VIOLENCE,
SUICIDE, SYMPTÔMES
PSYCHOTIQUES…)
Pa
dans la vie sociale courante, mais aussi lors des entretiens
rt
cliniques. La différence est que, dans la vie courante, il n’est
souvent ni bien vu, ni nécessaire de les aborder alors qu’ils
peuvent être l’objet même du travail clinique. Ces thèmes sont ie
pour l’essentiel, la vie sexuelle, la violence, les questions liées à
la mort et/ou au suicide ainsi que les symptômes psychotiques
(délires, hallucinations…).
Le psychologue, comme tout membre de la société, partage
des tabous, des gênes et des peurs qui vont se manifester quand
ces sujets apparaîtront dans l’entretien. Il devra donc gérer ces
mouvements parasites en lui pour être le plus ouvert, neutre
et compréhensif possible.
1. Parler de sexualité
2. Parler de maltraitance
☞
les situations), voire l’aider à construire une issue immédiate à ces
violences (trouver un autre lieu où aller : ami, foyer). La priorité est
de développer une stratégie pour protéger le sujet de la violence
qu’il subit. Dans les cas où la violence correspond à un délit ou
à un crime, le clinicien peut encourager le sujet à la signaler à la
police. Cependant, il est souvent préférable d’inviter la victime à
aller vers des associations de victimes ou des interlocuteurs (délé-
gués du personnel au travail, CPE ou infirmier au lycée, etc.) qui
sauront mieux le conseiller pour les démarches à suivre au niveau
judiciaire et social, le psychologue se consacrant aux répercussions
psychiques de la maltraitance. Bien sûr, le clinicien agit avec mesure
et tient compte de la spécificité du contexte, des rapports de forces
et de la dangerosité des acteurs de la situation. Il ne faudrait pas
que les conséquences des solutions mises en place soient encore
plus destructrices pour le sujet. Le clinicien peut aussi être amené
à faire lui-même un signalement dans les cas graves.
Faire un signalement
Rappelons que, dans le cas où la violence est actuelle et porte
sur des personnes vulnérables (maltraitance), en particulier des
enfants, le psychologue, comme tout citoyen, a une obligation
de signalement aux services compétents. Sinon, il serait sous le
coup de la loi sur la non-assistance à personne en danger.
« Lorsqu’une personne a connaissance de la situation d’un enfant
en danger ou en risque de l’être, la loi lui impose d’en informer
les professionnels (assistantes sociales, médecins…).
La personne peut saisir les professionnels :
– par courrier : en précisant ses coordonnées et celles de la
personne qu’elle signale, sa situation (profession ou service) ;
– ou par téléphone : en contactant le service compétent ou le 119.
S’il s’agit d’une personne âgée ou handicapée : appelez le 3977.
S’il s’agit d’une femme battue : appelez le 3919 ».
☞
victime de leur comportement ») et n’a pas conscience de
son comportement initial qui a initié cette séquence. Il est
victime quand même, pas des autres, mais de ses schémas
dysfonctionnels.
rôle), alors même que son imaginaire lui donnait le bon rôle
(la victime de la méchanceté des autres). D’un autre côté, si
le clinicien se contente de valider le statut de pseudo-victime,
alors il ferme la porte à un travail clinique nécessaire sur la
façon problématique dont le sujet mène ses relations.
Dans un premier temps, le mieux est sans doute de rester
sur une position un peu floue qui reconnaît la souffrance du
sujet dans ces situations sans pour autant se positionner sur
son statut de victime du comportement des autres. À la limite,
le psychologue peut dire au sujet qu’il est « victime de ces
situations », ce qui est vrai mais qui est différent de lui dire
qu’il serait victime du comportement des autres. Quand le sujet
semble reconnaître une part de responsabilité du fait de son
fonctionnement dans ces situations, on peut aussi lui dire qu’il
est « victime de son fonctionnement psychique et relationnel
inconscient qu’il ne contrôle pas ». Si le sujet insiste et met
un point d’honneur à être reconnu comme victime (« Mais
alors, vous croyez ce que je vous dis ou non ? Vous voyez
bien que ce qu’ils font n’est pas normal ! »), le psychologue
peut être acculé à se prononcer. Dans ces cas, il peut tenir
un discours assez subtil en allant globalement dans le sens
attendu par le sujet (pour ne pas briser l’alliance), tout en lais-
sant une ouverture sur un autre point de vue (pour permettre
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3. Parler de la mort
4. Parler du suicide
penser que ce soit Dieu qui vous parle »). Et cela, le clinicien
peut le justifier par une position rationnelle (« Vous savez,
d’un point de vue rationnel et en fonction de ce que l’on
sait scientifiquement à ce jour, cela semble très improbable,
voire impossible, mais j’entends bien que vous le vivez comme
une réalité »), et plus encore par un raisonnement psycholo-
gique rationnel (« Je pense que ces phénomènes que vous vivez
sont en fait des manifestations qui proviennent de votre vie
psychique »). Ainsi, le clinicien peut comprendre l’expérience
psychotique du sujet en tant que vécu réel (il croit réellement
que son délire est la vérité), sans pour autant adhérer et croire à
ce contenu. Et cela, il peut le dire au sujet : « Je comprends bien
que pour vous, c’est une réalité que des gens vous en veulent
et complotent contre vous et je le respecte et je vois que ça
vous fait souffrir. Mais j’en ai une compréhension différente
de la vôtre : pour moi, ces idées sont une façon dont votre vie
psychique exprime des angoisses liées à vos relations. Cela dit,
je reconnais pleinement votre vécu et votre sentiment et nous
ne sommes pas obligés d’être d’accord là-dessus, nous n’avons
pas forcément les mêmes points de vue ».
Le psychologue peut soutenir son point de vue par des
arguments liés au fait que les manifestations délirantes ou
hallucinatoires sont souvent en rapport indirect avec l’état
psychique du sujet (qui se sentira plus persécuté après un
conflit réel ; ou qui aura des crises d’hallucinations dans des
périodes d’angoisse, par exemple). Cela dit, il est préférable de
ne pas se heurter de front aux idées délirantes, mais plutôt,
avec la démarche indiquée ci-dessus, de semer un doute, de
montrer qu’une autre interprétation est possible.
Ensuite, le psychologue intervient selon son référentiel
théorico-clinique pour accompagner le sujet vers un meilleur
rapport à la réalité et à un mieux-être.
L’ENTRETIEN
AVEC LES ENFANTS
Pa
rt
les adultes, est particulier pour plusieurs raisons. Tout d’abord,
la relation dissymétrique entre le clinicien et le sujet est accen-
tuée par la différence de statut adulte/enfant. L’attitude du
psychologue doit donc le placer comme un adulte (ayant, du ie
fait de son rôle social, autorité, savoir et pouvoir sur l’enfant)
mais un adulte particulier (compréhensif, aidant, ne jugeant
pas ni ne punissant, avec qui on peut parler librement de
tout…). Ensuite, l’enfant dépend juridiquement de ses parents
ou de son tuteur légal. Ainsi, tout travail psychologique doit
obligatoirement obtenir leur autorisation avant de s’engager,
il est donc impossible de faire l’impasse sur un travail avec
les parents. De plus, l’enfant est dépendant affectivement de
son environnement, en particulier familial. Ainsi, son état
psychique est en grande partie lié aux problèmes qui peuvent
se poser dans son environnement (conflit, violences, divorce,
décès, maladie…). Ce qui justifie aussi la prise en compte de
l’entourage, en particulier des parents. Enfin, en général la
demande de consultation n’émane pas de l’enfant lui-même
mais de l’institution scolaire, ou du médecin de famille et
parfois des parents eux-mêmes. Le clinicien devra donc en tenir
compte. Par ailleurs, l’enfant est en développement, il grandit
et change autant physiquement que psychiquement. Ainsi,
le psychologue devra s’adapter à l’âge de l’enfant qu’il reçoit
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Paris : Masson.
CUNGI C. (2006). L’Alliance thérapeutique (1 DVD), Paris : Retz.
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de l’adulte. Malakoff : Dunod, 2e édition.
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FEREZ J.-M. (2013). La Gestion de l’agressivité en institution. Paris :
Chroniques sociales.
GBÉZO B.E. (2005). Les Soignants face à la violence. Paris : Éditions
Lamarre.
A B
abus de pouvoir 11 bilan psychologique 80
acceptation 166, 172 buts 71
adhésion 73
– du patient 71 C
adolescents 321, 323
alliance fragilisée 235 cadre 9, 29, 79, 131, 139,
alliance thérapeutique 34, 199, 203, 206, 219, 230,
35, 47, 71, 75, 101, 108, 246, 250, 269, 318
129, 202, 216, 235, 239, – administratif et financier
290, 323 82
amélioration 147 – de travail 191
analyse fonctionnelle 167 – directif 112
angoisse 37, 159, 256, 293 – imaginaire 30, 91
approche – institutionnel 85
– directive 71 – juridique et éthique 86
– éclectique 23 – matériel 79, 80
– intégrative 23 – non directif 111
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H manque
– d’assurance 73
handicapés 194 – d’investissement 204
harcèlement moral 193 méfiance 199
honte 62 mort 293
hostilité 209 motif de la consultation 103
hypothèses 66, 108, 142 motivation 75, 117, 204,
216, 248, 290
I
N
idéaliser le clinicien 213
impact traumatique 282 neutralité bienveillante 61
informations 102 neutralité morale 63
instruments d’évaluation non-assistance à personne
104 en danger 49, 63
intersubjectivité 249 non verbal 40
intervention qui ne marche
pas 228 O
intimité psychique 57, 58,
objectifs 9, 29, 33, 34, 112,
67
118, 121, 124, 144, 146,
intuition 40
203, 230, 268, 276, 313
obligation de soin 288
J obstacles 199, 200, 202
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T troubles
– de la personnalité 238,
tâches 71 248, 286
tact clinique 325 – schizophréniques 303
téléconsultation 94, 95
thèmes difficiles 276 V
thérapies comportementales
et cognitives 2 victimes 193, 282, 285
transfert 99 violence 157, 279, 288, 314
– et contre transfert 132 – imaginaire 292
trouble psychotique 306
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