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Denis DERRIAD

LE
SPIRITISME
Tout ce qu'il faut savoir
pour communiquer
avec
les Esprits

SOLAR
C Solar, 1985
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AVANT-PROPOS

«Spiritisme : science occulte fondée sur l'existence, les

manifestations et l'enseignement des Esprits », nous dit le Petit
Robert et beaucoup d'entre nous s'en tiennent à cette définition
succincte d'une doctrine à laquelle bon nombre de disciples
férus ont consacré, depuis cent trente ans qu'elle est apparue
en France, d'épais ouvrages emplis de ferveur et de
convictions.
Pourtant, railleries et sarcasmes ne tarissent pas à la seule
évocation du mot, suscitant d'éternels préjugés, d'inévitables
associations au charlatanisme et à des conceptions primaires,
sans fondement, mais dans lesquels on peut sentir aussi une
façon maladroite de se dérober.
Le spiritisme souffre indéniablement de cette marginalité,
condamné à évoluer dans l'ombre de la science et de la
philosophie comme une de leurs ramifications hybrides,
atrophiées, dont la nature nous échappe.
L'image caricaturale de la pratique du spiritisme répandue
dans le public, celle notamment des tables qui tournent et des
Esprits incarnés, a contribué à ridiculiser cette science.
Néanmoins, le cercle des initiés s'agrandit, les adeptes se
multiplient et découvrent une étrange réalité sur laquelle il suffit
d'ouvrir un peu les yeux pour découvrir qu'elle est en définitive
la source irréfutable d'un ensemble de conceptions parfaite-
ment fondées.
Reprenons donc à notre compte la définition du spiritisme
selon Allan Kardec, son fondateur, sur laquelle il sera essentiel
de revenir : « Le spiritisme est une science qui traite de la
nature, de l'origine et de la destinée des Esprits et de leurs
rapports avec le monde corporel. »
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DÉFINITION ET ORIGINE
DU SPIRITISME

La doctrine spirite est fondée sur l'existence des Esprits et

leurs manifestations dans le monde matériel. Elle admet, outre
que l'être humain est constitué d'un corps et d'une âme,
l'existence d'un élément fluidique nommé périsprit, qui est
l'enveloppe semi-matérielle des âmes désincarnées des morts.
Le périsprit permet aux hommes de communiquer avec le
monde invisible par l'intermédiaire des médiums dont la faculté
première est de capter l'influence des Esprits grâce à la
combinaison de leur fluide électromagnétique et du périsprit.
Les Esprits interviennent dans le monde des vivants pour de
multiples raisons et de diverses manières. Les bruits, le
déplacement d'objets sont souvent le signe de leur présence, et
la transmission de messages lors des séances de spiritisme
atteste leur intelligence. Les rêves, les visions, les apparitions
tangibles leur sont aussi imputables. On associe souvent le
spiritisme et la manifestation des Esprits aux tables tournantes.
C'est certes la pratique spirite la plus courante et la plus
ancienne, à laquelle chacun peut s'exercer. Mais il ne s'agit que
d'une des manifestations physiques dont les effets peuvent être
spectaculaires, se traduisant par le mouvement rotatoire de la
table ou par des déplacements plus violents suivant la
puissance des médiums qui la dirigent.
De tout temps, ces phénomènes mystérieux que l'on
considérait jadis comme le fruit d'une imagination exaltée ou
comme des effets de la magie ont existé. Aujourd'hui, la
doctrine spirite est en mesure de leur donner un sens, un
caractère rationnel, et s'efforce d'analyser la nature des Esprits
à travers leur origine, leur cheminement et leur destin. Chacune
des relations qu'ils établissent avec le monde des vivants et les
messages qu'ils nous transmettent restent un enseignement
précieux pour déterminer les étapes parcourues par l'âme
humaine après sa séparation du corps au moment de la mort.
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HISTORIQUE
Si le mot spiritisme date du milieu
du xixe siècle, plus précisément de
1847, les faits et la doctrine du
spiritisme, concrétisés par les rap-
ports entre les hommes et des êtres
immatériels d'ordre supérieur (les
morts et les divinités), puisent en
revanche leurs origines chez les
Egyptiens qui, par la pratique du culte
d'Osiris, s'initièrent aux mystères.
Ainsi, les prêtres, les mages chal-
déens et les devins faisaient déjà
figure de médiums, étant seuls déten-
teurs des moyens occultes qui don-
naient accès à la communication avec
les âmes des défunts.
Les Egyptiens considéraient déjà la
mort comme une simple étape durant
laquelle l'âme des défunts en muta-
tion prenait l'apparence d'un corps
éthéré, immortel, errant dans un au-
delà chargé de puissances occultes
et agissant à tout instant sur le monde
matériel. Ce que plus tard les spirites
devaient nommer périsprit portait
alors le nom de ka, élément fluidique
de liaison entre le corps et l'âme, qui
subsistait après la mort. Leka résidait
un temps dans les dépouilles mor-
telles, puis s'en détachait pour se
transférer dans divers objets. Ce fut
l'origine des amulettes. Dotées de
pouvoirs magiques, elles étaient utili-
sées pour les incantations et les
influences de tous ordres.
En Europe, les croyances n'étaient
pas moins profondes. De nom-
breuses civilisations convaincues de
la survie de l'âme s'adonnaient aux
pratiques spirites. En Orient, où le
bouddhisme et l'hindouisme
s'appuient sur des théories proches
du spiritisme pour guider l'existence
sur la voie de la sagesse, on prônait
dans l'Antiquité les principes de la
réincarnation après que les âmes
désincarnées avaient accompli les
différentes étapes de la connaissance
et de la pureté pour atteindre un état
de divinité et de béatitude connu sous
le nom de nirvana.
Jusqu'en 1847, date à laquelle la
doctrine spirite acquit son véritable
statut en se débarrassant de son
caractère hérétique, on parlait de
«nécromancie », l'ancêtre du spiri-
tisme.
C'est cette année-là, en effet, qu'en
Amérique, à Hydesville, les membres
de la famille Fox, le père, la mère et
leurs deux filles, furent témoins dans
leur maison de phénomènes surnatu-
rels : bruits insolites, craquements de
meubles, chutes inexplicables
d'objets. Tout agissait avec auto-
nomie. Devant de telles manifesta-
tions irrationnelles, les Fox, décon-
certés, durent admettre qu'il y avait
un fantôme dans leur ferme.
« Le lendemain d'un jour où ce
supposé fantôme s'était montré parti-
culièrement turbulent, raconte
Mme Fox, nous résolûmes de nous
coucher de bonne heure et de n'y
plus faire attention. Mon mari n'était
pas encore au lit, et ma plus jeune fille
s'amusait à frapper dans ses mains
pour entendre l'écho renvoyé par la
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muraille. Je pris alors la parole et dis
au bruit : "Compte jusqu'à vingt", et
les coups furent comptés. Je lui
demandai encore, si c'était un être
humain, de frapper un coup. Il y eut
un silence complet. Si c'était un
Esprit, de faire entendre deux coups.
Les deux coups furent frappés. »
Ainsi naquit l'une des formes de
langage encore utilisé de nos jours,
l'alphabet spirite, qui, explique André
Moreil dans La Vie et l'Œuvre d'Allan
Kardec, consiste à faire parler l'Esprit
par des coups frappés au mur.
Quelques jours plus tard, les Fox,
ayant multiplié les tentatives de com-
munication avec ce qu'ils pensaient
être un fantôme, apprirent qu'il s'agis-
sait en fait de l'âme de l'ancien
locataire de leur ferme, assassiné par
son voisin et enterré dans la cave. La
police intervint et découvrit les restes
d'un homme. L'Amérique se pas-
sionna pour ce fait divers peu banal et
commença à cultiver ce moyen de
communication avec les Esprits. Le
spiritisme apparut ainsi au grand jour,
développant un peu partout la curio-
sité pour les phénomènes occultes. A
tel point qu'en 1852, alors que les
deux filles Fox, installées à NewYork,
étaient devenues les premières mé-
diums, on organisa le premier
congrès spirite à Cleveland. Dès lors,
le mouvement était enclenché.
L'Europe connut à son tour, la même
année, l'enseignement de cette nou-
velle doctrine grâce aux spirites amé-
ricains qui y divulguèrent leurs
connaissances. L'Allemagne d'abord,
puis l'Angleterre et, en 1853, la
France.
En 1854, on recensait trois millions
d'adeptes et quelque dix mille mé-
diums en Amérique. La France cher-
chait encore son chef de file, mais les
prosélytes ne cessaient d'apparaître.
Il manquait de toute évidence un
coordinateur susceptible de mettre au
clair les bases de la pensée spirite et
de formuler la doctrine de façon
cohérente. C'est Allan Kardec qui
allait s'attacher à cette tâche.
Allan Kardec
«C'est Allan Kardec, écrit André
Moreil, qui a sauvé le spiritisme du
danger d'être une simple fantaisie, un
amusement de salon. » Aelle seule,
cette phrase résume bien l'œuvre du
fondateur du spiritisme et définit la
démarche qu'il adopta pour sortir
cette science du ghetto auquel elle
semblait vouée, et pour lutter contre
ses détracteurs.
Incontestablement, Allan Kardec
reste le « pape » du spiritisme. De
nos jours, rien ne s'écrit, rien n'est
enseigné et encore moins pratiqué
sans référence à t'œuvre de Kardec.
Une œuvre essentielle, qui s'attache
avec une grande rigueur intellectuelle
à définir aussi bien les grandes lignes
de la doctrine que sa complexité
philosophique. Qu'il s'agisse du Livre
des médiums, du Livre des esprits ou
de L'Instruction pratique sur les mani-
festations spirites, tout yest présenté,
disséqué et analysé minutieusement,
avec le souci permanent de donner à
cette science ses lettres de noblesse.
De son vrai nom Denizard-Hippo-
lyte-Léon Rivail, Allan Kardec est né
lé 3 octobre 1804 à Lyon. Sa vie se
divise en deux parties. La première,
celle de l'homme laïc, va de 1804 à
1854, et la seconde, de 1855, date à
laquelle il découvre le spiritisme, à sa
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mort, en 1869. C'est durant cette
seconde période qu'il prendra le nom
d'Allan Kardec, nom d'un druide
gaulois qui, dans l'Europe barbare de
l'Antiquité, pratiquait le spiritisme.
En 1814, à l'âge de dix ans, après
avoir été élève à l'école primaire de
son quartier, ses parents l'envoient
en Suisse, à Yverdon, dans l'école de
Pestallozzi, l'un des grands pédago-
gues de cette époque. Il semble que
le contexte politique et l'atmosphère
conflictuelle qui régnaient alors en
France —l'ère napoléonienne touche
à sa fin — aient contribué à cette
expatriation. Inconditionnel de Jean-
Jacques Rousseau, Pestallozzi fon-
dait ses principes d'éducation sur
cette idée que l'homme, corrompu par
la société, trouve toute sa dimension
en vivant conformément à la nature.
D. H. L. Rivail (futur A. Kardec), qui fut
l'élève de Pestallozzi pendant cinq
ans, forgea sa sensibilité et reprit à
son compte cette conception qui
animera désormais sa vie et son
oeuvre. Henri Sausse, unique bio-
graphe d'Allan Kardec, écrit à ce
propos : «C'est à cette école que se
sont développées les idées qui de-
vaient plus tard faire de lui un
observateur attentif, méticuleux, un
penseur prudent et profond. »
En 1824, après avoir étudié à Paris
de nombreuses disciplines (physique,
chimie, géologie et biologie), D. H. L.
Rivail entame une carrière de péda-
gogue, et cela jusqu'en 1848.
Jusqu'en 1854, il rédigera nombre
de projets pédagogiques à l'intention
de la scolarité primaire, élaborés avec
une grande rigueur morale et un
charisme de haute valeur.
1854 : D. H. L. Rivail
devient
Allan Kardec
A cinquante ans, D. H. L. Rivail
abandonne la pédagogie et se
convertit au «spiritisme » en deve-
nant Allan Kardec. Il aborde cette
science controversée avec de solides
connaissances sur le magnétisme
dont il dira, en 1858, qu' « il a préparé
les voies du spiritisme ».
Pourtant, Kardec est encore pris
d'un ultime doute sur la question du
magnétisme capable de faire tourner
les tables. Certes, il en connaît les
lois, mais il reste sceptique sur les
expériences. A un certain Forestier
qui lui parle le premier de ce phéno-
mène étonnant, il réplique : «J'y
croirai quand je le verrai et quand on
m'aura prouvé qu'une table a un
cerveau pour penser, des nerfs pour
sentir, et qu'elle peut devenir som-
nambule. »
C'est cependant ce même homme
qui allait défendre la doctrine spirite
jusqu'à la fin de sa vie, avec un
acharnement et une dévotion sans
pareils.
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Le nom de spiritisme évoque immanquablement les

tables tournantes et la fameuse phrase « Esprit, es-tu
là ? ».
Si certains en font une sorte de jeu de société qui
terminera une soirée, ceux qui s'intéressent réellement au
spiritisme savent bien qu'il s'agit d'un acte de foi, d'une
relation avec les esprits qu'il ne faut pas prendre à la
légère.
Cet ouvrage vous explique le spiritisme, les lois qui le
régissent, les différentes façons d'entrer en contact avec
les esprits. Il vous apprend à communiquer avec eux, à
les reconnaître (certains sont bons, d'autres fantaisistes)
et à respecter les règles indispensables pour réussir la
communication.

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