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Abstract
Connective tissue sampling sites and their specificities
Muco-gingival surgery has become essential in periodontics. It is constantly evolving and
presents a real challenge, both in the choice of technique and in the aesthetic result.
Connective tissue sampling is often an anxiety-provoking step, because of the risk of
bleeding and it involves choosing between many techniques of sampling. The
practitioner will choose the one he prefers according to his experience and habits.
Nevertheless, the sampling must be done according to the surgical indications, the
histological nature of the graft taken and the desired volume. Knowing which area to
sample and which sampling design to use requires a perfect knowledge of each site and
the limits and constraints.
Que ce soit à des fins fonctionnelles ou esthétiques, la chirurgie plastique parodontale trouve de nom-
breuses indications. Lorsque l’objectif de cette chirurgie est de modifier le biotype parodontal et donc
surtout d’augmenter l’épaisseur de tissu kératinisé, l’utilisation d’un greffon conjonctif est une technique
de choix. Le prélèvement de ce tissu peut être effectué au niveau de plusieurs sites, qui ont chacun leurs
particularités, tant anatomiques qu’histologiques.
Anatomie palatine
Le palais est le site privilégié pour le prélèvement d’un greffon épithélio-conjonctif ou conjonctif. Cette ré-
gion étant traversée par des éléments vasculaires importants, il est indispensable d’en connaître les parti-
cularités anatomiques et de prendre certaines précautions.
Le palais est composé d’un plan osseux profond et d’un plan muqueux superficiel. Il existe une partie pos-
térieure, le palais mou et une partie antérieure, le palais dur, qui est la zone concernée par les prélève-
ments.
Le plan osseux est traversé dans sa partie la plus postérieure par l’artère palatine descendante. Elle
émerge du foramen grand palatin pour devenir l’artère grande palatine et poursuivre son trajet dans le
plan muqueux. Il est recommandé de palper la gouttière osseuse, qui forme une dépression, afin d’objec-
tiver le foramen et le trajet de l’artère.
L’artère grande palatine et le nerf grand palatin cheminent ensuite vers l’avant en regard des apex des
deuxièmes molaires, pour se diviser en artérioles et en terminaisons nerveuses donnant respectivement
la vascularisation et l’innervation de la muqueuse palatine. Dans la partie antérieure, on peut noter que la
vascularisation et l’innervation de la zone rétro-incisive sont assurées par les vaisseaux et nerf incisifs, qui
s’anastomosent avec l’artère grande palatine et le nerf grand palatin [1].
De la superficie à la profondeur, la fibromuqueuse palatine est constituée d’un épithélium kératinisé (de
0,3 à 0,5 mm d’épaisseur) et de tissu conjonctif [2].
L’épaisseur de la fibromuqueuse est variable en fonction de la morphologie du palais et de la localisation
anatomique : elle s’affine à mesure que l’on s’approche de la région antérieure du palais.
Le tissu conjonctif est lui-même constitué de deux couches : la lamina propria et la couche sous-mu-
queuse. La lamina propria, située juste sous l’épithélium, est un tissu qui contient une grande quantité de
matrice extra-cellulaire produite par les fibroblastes. Il conditionne la kératinisation de l’épithélium sus-
jacent.
La couche sous-muqueuse contient les glandes salivaires accessoires palatines (qui sont situées de part
et d’autre de la ligne médiane) en majorité dans la partie postérieure du palais en regard des molaires [1].
Elle est également composée de tissu adipeux, en quantité plus importante dans la zone antérieure en re-
gard des prémolaires et des canines [3].
La lamina propria est majoritairement fibreuse en regard du site molaire, en comparaison avec le site pré-
molaire-canine, qui est essentiellement cellulaire. Cette différence de composition histologique est im-
portante car certains auteurs estiment que plus le tissu greffé est fibreux, meilleures seront sa cicatrisa-
tion et sa stabilité dans le temps [4].
Le site, en regard de la canine et de la première prémolaire, n’est pas le site donneur idéal du fait de sa
fine épaisseur et de son pourcentage élevé en tissus adipeux et glandulaire. En effet, les glandes salivaires
ne sont pas des éléments constitutifs de la gencive et seront résorbées physiologiquement dans les mois
suivant la greffe.
Le site en distal de la deuxième prémolaire et en regard de la première molaire est le site idéal, mais
l’épaisseur n’est pas toujours suffisante. Paradoxalement, en regard de la deuxième molaire, le tissu
conjonctif est présent en épaisseur satisfaisante, mais ce site est limité dans le sens corono-apical du fait
de la présence de l’artère palatine.
Où prélever ?
L’épaisseur minimum d’un prélèvement conjonctif varie de 0,8 à 1 mm pour les techniques de recouvre-
ments radiculaires, à un maximum de 2 mm pour couvrir des éléments métalliques visibles en transpa-
rence comme des piliers, des couronnes céramo-métalliques, des implants ou remplir une lésion cervi-
cale d’usure profonde (fig. 1).
La zone de prélèvement disponible est située sur les faces latérales du palais, à une distance de 2 mm du
collet des dents. Selon la morphologie du palais et en particulier la hauteur de la voûte palatine, la dis-
tance entre l’artère grande palatine et la jonction amélo-cémentaire des dents est estimée entre 7 et
17 mm [5].
Il faut considérer la racine palatine de la première molaire maxillaire comme limite anatomique distale
pour le prélèvement [6].
Fig. 1 - Le greffon conjonctif est prélevé en fonction des dimensions souhaitées et préparé pour éliminer les
cellules graisseuses.
La zone recommandée de prélèvement se situe donc entre la canine et la racine palatine de la première
molaire (fig. 2).
Fig. 2 - L’artère grande palatine émerge du foramen grand palatin et poursuit son trajet dans le plan mu-
queux.
La zone de prélèvement se situe entre la racine palatine de la première molaire et la canine.
De surcroît en avant de la canine, on trouve la papille rétro-incisive et le canal palatin antérieur ainsi que
des plis ou papilles bunoïdes disgracieuses et difficiles à disséquer et après la racine mésiale de la pre-
mière molaire on franchit une zone anatomique plus risquée en termes d’obstacles vasculaires.
Il est possible d’apprécier l’épaisseur de la fibromuqueuse palatine en préopératoire en effectuant un son-
dage, après anesthésie, avec une lime fine (similaire à celle utilisée en endodontie) munie d’un stop ou
une sonde parodontale.
Quel est le meilleur tissu conjonctif palatin : le plus superficiel ou le plus profond ?
Le tissu conjonctif recherché comme greffon est celui qui est situé juste sous l’épithélium (donc celui de la
lamina propria) car il est riche en fibres de collagène et assez dense. Il semblerait également que le tissu
conjonctif profond palatin soit moins favorable que le tissu conjonctif palatin de la zone immédiatement
sous-épithéliale qui est moins graisseux et glandulaire [7].
C’est pour cela que plusieurs auteurs proposent de prélever un greffon épithélio-conjonctif et d’éliminer
la partie épithéliale, à l’aide d’aides optiques, pour obtenir un greffon de tissu conjonctif le plus superfi-
ciel possible. Mais il n’est pas possible d’assurer que la totalité de l’épithélium a bien été éliminée.
Le prélèvement tubérositaire
Le prélèvement tubérositaire est intéressant à condition que le volume de tissu conjonctif disponible soit
suffisant, ce qui est le cas lorsque la troisième molaire est absente, voire la deuxième molaire. Sinon, la
longueur mésio-distale risque d’être insuffisante.
Au niveau histologique, le tissu conjonctif tubérositaire est essentiellement fibreux et très dense par rap-
port au tissu conjonctif palatin.
Son épaisseur est variable. Gapski et al. [8] ont analysé en 2006 la qualité histologique et l’épaisseur du
tissu conjonctif par des critères histomorphométriques sur vingt cadavres humains. La zone vestibulaire
présente une épaisseur moindre que la zone crestale palatine (qui peut atteindre jusqu’à 4 mm d’épais-
seur). Histologiquement, les zones vestibulaire et crestale de la tubérosité sont plus denses en tissu fi-
breux que le versant palatin, qui présente, sous le tissu fibreux, des adipocytes et des vaisseaux sanguins.
Il y aurait un impact positif de la qualité de ce tissu conjonctif notamment en termes de recouvrement ra-
diculaire [9].
C’est la technique de choix, car elle répond aux critères de moindre invasivité et donc favorise une cicatri-
sation quasiment par première intention. De ce fait, elle limite considérablement les douleurs post-
opératoires. Il s’agit de réaliser à la lame 15 ou 15C une incision unique horizontale dans la zone de prélè-
vement à 2 mm des collets qui sera perpendiculaire à l’axe des dents et de compléter par des incisions
uniquement sous la surface épithélio-conjonctive. En disséquant parallèlement à l’axe des dents, avec
une épaisseur sous épithéliale d’environ 1 mm, on peut soulever le volet et détacher ensuite un greffon
conjonctif qui répondra à la taille et à l’épaisseur souhaitée en le libérant par ses quatre côtés.
Les sutures faites en 4/0 ou 5/0 tressé peuvent être assurées par un surjet ou bien par des sutures de pla-
cage compressives décrites par Borghetti et Monet Corti [5]. Ces dernières ont l’avantage d’assurer un
meilleur maintien du caillot (fig. 3 à 6).
L’objectif est de soulever un volet en incisant seulement trois des quatre côtés du rectangle afin de garder
un pédicule maintenant la vascularisation.
Il est possible de conserver le volet le plus apical ou le volet distal. La première incision se fait à 2 mm du
collet des dents sur une profondeur de 2 mm et se poursuit des deux côtés par des incisions perpendicu-
laires.
La dissection permet de soulever un volet qui laisse un libre accès au conjonctif sous-jacent, qui peut
alors être prélevé plus facilement grâce à une meilleure évaluation visuelle.
Des sutures 4/0 permettront de fermer le volet qui a été rabattu sur le site donneur. Deux points en « O »
permettent de repositionner le volet de chaque côté et éventuellement par sécurité un matelassier hori-
zontal apical peut rejoindre un matelassier horizontal coronaire pour plaquer par un point en X le volet
repositionné (fig. 7).
Fig. 7 - La technique de la trappe permet un accès facilité pour le prélèvement du greffon de conjonctif tout
en conservant un pédicule qui maintient la vascularisation.
La tubérosité maxillaire est le deuxième site donneur de tissu conjonctif et représente une alternative in-
téressante à la technique de l’enveloppe.
L’avantage de la technique de prélèvement tubérositaire repose en effet sur sa simplicité d’exécution et la
faible morbidité postopératoire. En revanche, une accessibilité délicate, compte tenu d’une faible ouver-
ture buccale, peut rendre le prélèvement complexe.
Bien que la possibilité de prélèvement puisse être limitée en présence de la troisième molaire, voire de la
deuxième molaire, avec une longueur mésio-distale insuffisante [10], la zone tubérositaire offre des gref-
fons plus volumineux, avec une épaisseur supérieure à 4 mm [10]. Particulièrement adaptés pour aug-
menter les volumes d’une crête édentée, ces greffons peuvent être disséqués pour répondre aux dimen-
sions nécessaires au recouvrement de récessions gingivales.
D’autre part, le tissu conjonctif prélevé a la particularité d’être plus dense et plus riche en collagène qu’au
palais, et contient moins de tissu adipeux. Cette caractéristique semble lui conférer une meilleure stabi-
lité, mais, à l’inverse, implique une circulation plasmatique et une revascularisation plus difficile avec un
plus haut risque de nécrose. Il est donc essentiel que ces greffons soient complètement recouverts par le
lambeau pédiculé en fin d’intervention [2]. La technique de prélèvement correspond à celle utilisée pour
la réalisation d’un distal wedge associée à une désépithélialisation du greffon, qui sera alors adapté en
fonction de la situation clinique (fig. 8 à 11).
Fig. 10a à c - L’épithélium est éliminé Fig. 10a à c - L’épithélium est éliminé Fig.
avec une nouvelle lame 15. avec une nouvelle lame 15. avec
En fonction de la situation, l’épaisseur En fonction de la situation, l’épaisseur En fo
du greffon est conservée pour une aug- du greffon est conservée pour une aug- du g
mentation de volume d’une crête éden- mentation de volume d’une crête éden- men
tée, par exemple, ou disséqué et déplié tée, par exemple, ou disséqué et déplié tée,
pour obtenir un greffon fin et étendu pour obtenir un greffon fin et étendu pou
pour le recouvrement de récessions pour le recouvrement de récessions pou
gingivales. gingivales. ging
La fermeture du site donneur est assurée par une suture en matelassier horizontal qui permet le rappro-
chement des berges et le plaquage du lambeau ou des sutures simples discontinues.
Enfin, la tubérosité pouvant être assimilée à une crête édentée, il est possible de prélever du tissu
conjonctif dans l’épaisseur de la fibro-muqueuse palatine à partir d’une seule incision crestale. De la
même façon que le prélèvement en distal wedge, le tissu prélevé pourra être disséqué pour obtenir un
greffon plus étendu et moins épais.
La cicatrisation sera alors de première intention grâce à des sutures simples discontinues.
Conclusion
Le praticien est souvent influencé par ses habitudes et sa maîtrise en privilégiant une technique de prélè-
vement. Néanmoins, les caractéristiques propres, histologiques et anatomiques, de chaque site donneur
sont déterminantes pour la pérennité du résultat et le confort du patient. La décision doit donc être réflé-
chie en fonction de la quantité tissulaire disponible, de la situation clinique et de l’objectif thérapeutique.
1. Boucheret A, Cuilleret J. Anatomie topographique, descriptive et fonctionnelle, t.1 : le système nerveux, la face, la tête et les organes de
sens (2e éd.). SIMEP; 1991, 598 p.
2. Zuhr O, Bäumer D, Hürzeler M. The addition of soft tissue replacement grafts in plastic periodontal and implant surgery: critical elements in
d i d i Cli i d l S l S
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Auteur(s)
Corinne Lallam
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