Vous êtes sur la page 1sur 168

EC

O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
Rouages et mécanismes de la machine Bangkok

'A U
Bangkok

U R
Les rues de

TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

1
S
TE
AN
N
Bangkok a` l'aube

U DE
TE E
R
L’ivoire du matin comme un voile en satin,

U R
'A U
Repose sur les toits de la ville endormie

D CT
Que des oiseaux de jais pillent par colonie,

IT E
Dans un tiède silence au turgide câlin.

O IT
R H
D RC
Les bouddhas aveuglés par leur riche destin,
Patronnent l’horizon de leur lente atrophie,
AU D'A

Que l’encens et les gongs couvrent de féerie,


Quand le soleil se plie à leur peau de calcin.
IS E
U UR

Le fleuve saigne l’or et les rives l’argent,


SO IE
M
T ER

Comme si le ciel gris avait fondu la nuit


Dans un creuset de boue aux couleurs de serpent.
EN UP
M S

Imperceptiblement, les parfums de la mangue,


C LE

Glissent leur chair de feu et leur saveur de fruit,


O A

A la bouche d’un jour fondant crû sous la langue.


D ON
U
I
AT

Francis Etienne Sicard, Lettres de soie rouge, 2011


N
LE
O
EC

2
S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
Mémoire de master
Habiter la transition socio-écologique

IT E
Sous la direction de Frédéric Barbe et Margaux Vigne

O IT
R H
D RC
AU D'A
IS E
U UR
SO IE
M
T ER
EN UP
M S
C LE
O A
D ON
U
I
AT
N
LE
O
EC

Guenièvre Carré-Chartier
ENSAN
Janvier 2019

3
4
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
remerciements

S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
Merci à Mathilde, Léo, Jeremy, Alex et Lucas

D CT
pour ces six mois passés à Bangkok

IT E
O IT
R H
Merci à Frédéric Barbe
D RC
pour ses conseils avisés et sa motivation
AU D'A

Merci à ma mère
IS E

pour ses relectures et précieux conseils


U UR
SO IE

Merci particulier à Mathilde


M
T ER

pour le temps passé ensemble à Bangkok


EN UP

Merci à Nyx, ma partenaire de travail et amie


M S

qui m’a tant apporté et appris


C LE
O A
D ON

Merci à Sascha, Tosh, Dawn, Mathilde et


U

Nyx d’avoir consacré du temps pour les


I
AT

entretiens.
N
LE

Merci à Sascha pour son soutien


O
EC

5
6
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
avant-- propos
Il y a un an, je partais pour l’Asie. Six mois avec nous est étonnante. Parfois sans mot,
de vie intense et d’études à Bangkok, six à l’aide d’un traducteur, avec les mains,
mois entre attentes et excitation. Je n’ai des signes, peu importe, nous arrivons à

S
jamais une telle ville. La plupart des choses échanger. Le plus appréciable est qu’ils

TE
que je vais raconter ici ne sont pas possibles souhaitent réellement communiquer. Vivre

AN
en France, d’où mon intérêt pour la capitale dans ce quartier sans touriste me permet
de la Thaïlande. Après quelques mois, nous de prendre des habitudes thaïlandaises,

N
sommes devenus familiers Bangkok et moi, une routine qui consiste à prendre le temps,

U DE
enfin il ne faut pas se leurrer, Bangkok pour s’approvisionner, papoter dans la rue,

TE E
nous surprend toujours. y apprécier même ce boucan permanent.

R
U R
Les rues sont sources de partage.

'A U
D CT
Avant de partir en Thaïlande, j’avais l’idée
de m’intéresser à des communautés Quel choc lors du retour en France ! Mi-

IT E
O IT
thaïlandaises, sans savoir laquelle, mais février, quelques degrés, je tente de mettre
R H
j’étais persuadée qu’il fallait creuser par là tous les vêtements possibles sur moi
D RC
afin de découvrir réellement la culture. Je lorsque je récupère ma valise. L’ambiance
AU D'A

me rends très vite compte que Bangkok, est étrange, tous ces gens autour de moi,
capitale aux millions d’habitants, est dans la gare à Paris, sont impeccablement
IS E

culture, à chaque coin de rue, dans chaque


U UR

propres. La gare brille. La sécurité et l’ordre


restaurant, café, dans les malls, il suffit de sont omniprésents. J’avais aussi pris
SO IE

sortir de l’appartement et nous sommes l’habitude de sourire lorsque je croisais le


M
T ER

immergés en plein cœur d’une culture regard de quelqu’un et j’avais un sourire en


EN UP

fascinante. retour. À Paris, le retour est de la gène, les


M S

gens ont tendance à détourner le regard, au


C LE

Plus y a d’argent, plus on est proche de cas où je serais folle. Je rentre à Nantes.
la culture européenne. Nous ressentons Les rues, froides et dépeuplées, me
O A
D ON
U

cela dans l’université où nous étudions. Le semblent droites, propres et dessinées. Ce


système scolaire thaïlandais est privé. Les qui est étrange c’est que je m’y sens moins
I
AT

familles paient afin de permettre à leurs à l’aise que dans ces rues thaïlandaises où
N

enfants de suivre des études secondaires, le chaos règne.


LE

ce qui fait que nous étudions principalement


O

avec des étudiants ayant un bon niveau de J’ai déjà le sujet de ce mémoire en tête
EC

vie. Leur niveau nous permet d’échanger, lorsque je vis à Bangkok. Les rues ont été
en anglais, une communication qui s’avère source d’expériences et un choc culturel
en revanche bien plus limitée dans les rues permanent. Au retour en France, j’ai toujours
de Bangkok. envie de creuser ce sujet, de m’informer,
mais aussi d’y retourner, via l’écriture.
Dans le quartier où nous vivons, nous J’espère ainsi décrire ces sensations, ce
n’avons croisé que quelques Européens, bien-être, ce fonctionnement, cet art de
nous sommes les seules « Fahrangs » vivre bien différents de l’idée que l’on s’en
du quartier, et leur façon de communiquer fait depuis l’Europe.
7
8
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
2 remerciements
avant-propos 4
sommaire
8 introduction

Atmosphères

S
TE
Enfumée

20

AN
Saisons
Deuil

N
Immobiles

U DE
18
La nuit
Câbles

TE E
R
U R
DEAMBULATION

'A U
Pratiques

D CT
Trottoirs

IT E
O IT 52
Déchets
R H Béton
D RC
Chiens
Khlongs
AU D'A

Fraicheur
IS E
U UR

Public / privé
SO IE

Cigarette

82
M
T ER

À table !
Rendez-vous
EN UP

Hamac
Rails

80
M S
C LE
O A

APPROPRIATION
D ON

Lieux
U

d’échanges et de
I

commerce
AT

Street food

106
N

Respect
LE

Marché
Transports
O

Orange et vert
EC

Taxi

132conclusion
entretiens 134
160bibliographie
9
S
TE
orsque je travaille ce

AN
L mémoire, je souhaite

N
y proposer une lecture

U DE
accessible et plaisante.

TE E
Pour cela, il doit suivre le court de mon

R
U R
expérience à Bangkok, commençant

'A U
D CT
par une «déambulation», suivi d’une
«appropriation», soit en deux parties

IT E
O IT
: mon évolution au fil des mois et la
R H
compréhension que j’ai pu me faire de la
D RC
ville.
AU D'A

Afin de plonger le lecteur dans ce monde


IS E

questionnant l’interculturalité, une partie


U UR

de ce mémoire est composé de récits


SO IE

fictionnés ou de réelles expériences,


M
T ER

parfois d’expériences romancées


EN UP

inspirées de faits réels. Un moyen de vous


faire voyager à Bangkok, d’en partager
M S

impression et ambiance, l’atmosphère,


C LE

mes sensations. Aux récits fictionnés


O A
D ON

viennent s’ajouter croquis, photographies,


U

et textes informatifs, en espérant rendre


I
AT

le tout aussi attractif à lire qu’à écrire.


N

Ceci pour élargir le spectre de lecteurs


LE

hors architecture.
O
EC

10
introduction

Les récits d’expériences transposent

S
les premières fois des sensations et

TE
atmosphères qui viennent créer le Bangkok

AN
que je connais. Les textes informatifs sont

N
ici pour tenter de comprendre l’organisation

U DE
et le mécanisme de cette ville. Chaque
expérience est liée à un fait plus concret

TE E
R
U R
: historique, culturel, architectural... Ces

'A U
faits sont sources de recherches venant

D CT
nourrir le mémoire et ma pensée. Il est

IT E
important pour moi d’essayer de garder

O IT
ce regard neuf le plus longtemps possible.
R H
D RC
Durant mon erasmus, les informations que
je collecte viennent des expériences et des
AU D'A

discussions. Je commencerai en rentrant


IS E

en France à approfondir les recherches via


U UR

livres et internet.
SO IE
M
T ER

Les récits de déambulation et d’appropriation


concernent plusieurs endroits de Bangkok
EN UP

vus de nuit, de jour, épuisée, de bon matin,


M S

attentive, la tête baissée, les idées plein la


C LE

tête...
O A
D ON
U

Je vais vous parler d’urbanisme, de


I
AT

régulations, d’art de vivre, d’appropriation


et de sensations. Le chaos des rues de
N

Bangkok révèlent un mécanisme étonnant.


LE

Y vivre m’a permis de déceler une


O
EC

organisation au milieu du chaos. À travers


ces écrits, je continue à vivre l’expérience
de la folle mégalopole, tout en envisageant
des rebonds.

Toutes les photographies sont de moi, sauf mention contraire.

11
THAILANDE
La Thaïlande est un pays situé au cœur de
l’Asie du Sud-Est, bordé par la Birmanie,

S
TE
la Malaisie, le Cambodge et le Laos. La
Thaïlande a de multiples visages, avec au

AN
centre sa capitale Bangkok, au nord les

N
forêts, la jungle, les tribus, les montagnes et

U DE
au sud les îles, les plages, l’eau turquoise.

TE E
Portrait global du pays via ses principales

R
U R
caractéristiques :

'A U
D CT
Langue officielle : Thaï

IT E
O IT
Monnaie : bath
R H
Régime : monarchie constitutionnelle
D RC
depuis 1932, avec comme roi Bhumibol
AU D'A

Adulyadej (Rama IX) pendant 70 ans,


auquel son fils Maha Vajiralongkorn (Rama
IS E

X) a succédé à sa mort en 2016


U UR

Politique : Dernier coup d’État le 22 mai


SO IE

2014 par l’armée qui exerce maintenant


M
T ER

une dictature. Des élections sont promises


EN UP

depuis plusieurs années, avec une volonté


des habitants de rétablir la démocratie, et
M S

une volonté de l’armée d’être élue et de


C LE

continuer sa dictature. Des élections sont


O A
D ON

prévues pour le 24 février 2019.


U

Superficie : 514 000km2


I
AT

Population : 68 299 099 habitants en


N

janvier 2017
LE

Religion : 95% des thaïlandais pratiquent


O

le bouddhisme
EC

Économie : Croissance rapide entre


1985 et 1995; nouveau pays industrialisé.
Économie basée en partie sur le tourisme

12
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

13
BANGKOK

S
Bangkok désigne à la fois une ville et une

TE
province. Le nom officiel (de quelques

AN
lignes) de la capitale de la Thaïlande est un

N
éloge à la ville :

U DE
« Ville des dieux, grande ville, résidence

TE E
R
U R
du Bouddha d’émeraude, ville imprenable

'A U
du dieu Indra, grande capitale du monde

D CT
ciselée de neuf pierres précieuses, ville

IT E
heureuse, généreuse dans l’énorme Palais

O IT
R H
Royal pareil à la demeure céleste, règne
D RC
du dieu réincarné, ville dédiée à Indra et
construite par Vishnukarn ».
AU D'A
IS E

L’appellation courante réduira le nom à


U UR

« Cité des anges ».


SO IE
M
T ER

À l’origine, Bangkok était un village


correspondant aujourd’hui au quartier
EN UP

de Thonburi, situé sur la rive ouest du


M S

fleuve Chao Praya, qui traverse la capitale


C LE

d’aujourd’hui. Ce village fut occupé par les


O A

français en 1687, expulsés lors d’un siège


D ON
U

nommé le siège de Bangkok. La capitale


I
AT

était autrefois située à Ayutthaya, détruite


par les Birmans en 1767. La destruction
N
LE

incitera le roi à se replier sur ce site qui


sera le fondement de la nouvelle capitale.
O
EC

Ce roi fut ensuite renversé par un coup


d’État, exécuté en 1782 et remplacé par le
premier roi de la dynastie qui règne encore
aujourd’hui.

14
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

15
S
TE
Sont alors construites les premières
fortifications qui correspondent aujourd’hui

AN
au Grand Palais de Bangkok.

N
Le 6 avril 1782 est considéré comme la

U DE
date de naissance de la capitale du Siam

TE E
(le royaume de Siam étant l’ancien nom

R
U R
de la Thaïlande), ce qui en fait une ville

'A U
D CT
relativement récente, de seulement trois
siècles. En comparaison, Bangkok voit

IT E
O IT
le jour quand la Révolution prend place à
R H
Paris. En terme de densité, Paris compte
D RC
20 000 personnes au kilomètre carré pour
AU D'A

seulement 3000 à Bangkok. La capitale


thaïlandaise est pourtant beaucoup plus
IS E

peuplée que Paris, avec un nombre


U UR

d’habitants supérieur à 9 millions (et plus de


SO IE

19 millions habitant l’aire métropolitaine),


M
T ER

Bangkok étant environ cinq fois plus


EN UP

étendue que Paris.


M S

Dans les rues de Bangkok, nous avons


C LE

pourtant une impression de surcharge,


O A
D ON

de chaos, de densité excessive car


U

l’urbanisme et l’histoire regroupé l’essentiel


I
AT

des activités dans le centre de la capitale,


N

pauvres en logements. La majorité de la


LE

population habite donc aux marges de la


O

ville, sans réels aménagements adéquats.


EC

16
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

17
Kasetsart University

S
TE
(école d’architecture)

AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
Le marché de
R H
D RC
Chatuchak
AU D'A
IS E
U UR
SO IE

Ari
M
T ER

(mon quartier)
EN UP
M S
C LE
O A

Rails
D ON
U

Pont Phra Pin Klao


I
AT

Khao San Road


N
LE

Siam
O
EC

Rama IV

18
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
lieux enonces

D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

19
S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
éambuler dans les rues de

D
R H
D RC
Bangkok a été ma principale
activité des premiers mois
AU D'A

passés dans la capitale de


la Thaïlande. Je considère que pour
IS E
U UR

appréhender une ville, il faut s’y perdre,


se laisser guider par ses envies et non
SO IE
M
T ER

par les guides, essayer de se mêler à la


vie locale.
EN UP
M S
C LE
O A
D ON
U
I
AT
N
LE
O
EC

20
la deambulation
Mais je ne pourrais jamais déambuler
dans Bangkok comme y déambulent les
Thaïlandais. Les interactions avec les

S
TE
habitants sont différentes, ceux-ci pouvant
facilement voir que je suis « fahrang »

AN
(dérivé du mot « foreigner » qu’ils utilisent

N
pour parler des étrangers) d’autant plus que

U DE
ma curiosité et mon étonnement se lisent

TE E
sur mon visage.

R
U R
'A U
D CT
La déambulation comme découverte de
l’urbain consiste pour moi à se laisser

IT E
O IT
porter, à observer, à interagir avec les
R H
habitants. J’ai tenté de recueillir ici les
D RC
différentes expériences, les atmosphères,
AU D'A

les ambiances trouvées dans les rues de


Bangkok. La déambulation engendre pour
IS E

moi une notion d’inconnu, d’expérience,


U UR

de nouveautés. Si des événements se


SO IE

répètent, ils auront à chaque fois un impact


M
T ER

différent.
EN UP

Ces expériences sont personnelles


M S

témoignent de la vision et des émotions


C LE

d’une étudiante française plongée au


O A
D ON

cœur de la folle mégapole, avec des


U

connaissances très limitées de la culture et


I
AT

de l’histoire du pays. Mon regard est neuf


N

lorsque j’arrive à Bangkok. Je note dans


LE

un carnet les détails qui me choquent,


O

par peur de m’y habituer trop rapidement


EC

et d’oublier ce premier impact. Je regarde,


j’analyse, je compare, mais surtout je
profite. Les récits informatifs seront en
revanche plus concrets, basés sur des
données scientifiques et sociales. Ces
informations viennent en complément des
récits fictionnés afin d’appréhender au
mieux les rouages et mécanismes de la
machine « Bangkok ».
21
22
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E

Atmosphères
D CT
'A U
U R
TE E
deambulation
U DE
R
N
AN
TE
S

23
S
TE
enfumee

AN
N
J’irais jusqu’à envier ces personnes confortablement assises

U DE
dans leur voiture, avec musique et air conditionné, bien
que coincées dans les embouteillages. Dans les rues de

TE E
R
U R
Bangkok, mes sens sont aux aguets, épuisés. La pollution

'A U
se mêle à l’odeur de friture, je transpire. Le ronronnement

D CT
des moteurs crée un fond sonore, la langue thaïe une

IT E
mélodie. Les rues sont bondées, toutes ces personnes

O IT
semblent si sûres de leur direction, si déterminées. Je suis
R H
D RC
perdue. Je me sens petite et seule au milieu de cette énorme
machine qu’est la ville de Bangkok. Je n’ai pas encore saisi
AU D'A

son mécanisme. Pas d’endroit où s’arrêter pour regarder


IS E

mon portable, et si je m’arrête, je gêne. Je souhaite passer


U UR

de l’autre côté, je cherche du regard un éventuel passage


SO IE

piéton afin de traverser. Rien. Pas de marques blanches


M
T ER

au sol. Mon regard s’arrête sur la station du métro aérien,


desservant les deux trottoirs. Je me dirige vers ce qui me
EN UP

semble être l’unique moyen de traverser la rue sans me faire


M S

écraser par ces motos démarrant à toute vitesse. La station


C LE

indique quinze sorties différentes. Je regarde, comme si


O A

j’allais trouver une réponse, mais aucun nom ne m’est


D ON
U

familier. Je suis au cœur de Bangkok, là où l’on trouve tous


I
AT

les centres commerciaux, toutes les boutiques qui reflètent


un mode de vie européen. Ces espaces propres et brillants,
N

intensifient l’aspect gris et maussade des rues. J’aimerais


LE

arrêter ce brouhaha l’espace d’un instant, je veux rentrer.


O
EC

24
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

25
angkok détient le surnom de et de plus ne sont pas tous climatisés

b jungle urbaine, en particulier en


raison du trafic routier. Selon
une étude sur le trafic routier
réalisée par le cabinet américain INRIX
dans 1064 villes de 38 pays, la Thaïlande
et chauffeurs, contrôleurs et clients se
retrouvent à 40° fenêtres ouvertes à
respirer la pollution. En mai 2013, les routes
de Bangkok sont équipées pour gérer 1,2
millions de voiture, mais le nombre de
est considérée comme le pays le plus voitures enregistré à cette date est de 7,8

S
embouteillé, avec une moyenne de 61 millions, un nombre qui augmente d’année

TE
heures passées dans les embouteillages en année. Le gouvernement prévoit aussi

AN
par habitant en 2016. Tous les moyens de renforcer le réseau ferroviaire, avec 19

N
de transports sont mêlés dans les rues de nouvelles lignes, passant de 80 à 300km

U DE
Bangkok, les bus roulant sur les mêmes de lignes de 2013 à 2029. On peut voir les
voies que les motos et les voitures, les travaux en cours dont d’immenses poteaux

TE E
piétons tentant désespérément de se frayer de béton qui s’accumulent au dessus

R
U R
'A U
un chemin. Une étude réalisée en 2015 des rues de Bangkok. La compagnie

D CT
par l’OMS place la Thaïlande au deuxième Uber utilisera le trafic routier douteux et

IT E
rang mondial des pays les plus meurtriers inefficace de Bangkok dans l’une de ces

O IT
sur les routes. Il est normal à Bangkok de
R H
D RC publicités en en dénonçant l’absurdité au
voir les motos conduire dans les deux sens, cœur d’une métropole. La publicité met
doubler des deux côtés, ne pas respecter en scène des centaines d’usagers dans
AU D'A

les panneaux de signalisation et rouler des voitures en carton, se bousculant et


sur les bandes d’arrêts d’urgence lorsqu’il s’entassant dans les rares espaces libres.
IS E
U UR

y en a. Les pires horaires sur le réseau Uber avait auparavant mené une enquête
routier restent les horaires de bureaux, sur le trafic routier en Asie, l’étude montrant
SO IE
M

avec des embouteillages dans toute la ville


T ER

que les conducteurs passent en moyenne


entre 7h et 9h et 16h et 19h. La gestion une cinquantaine de minutes dans les
EN UP

des transports de divise en plusieurs bouchons par jour et mettent plus de 25


M S

catégories : les bus, les minis bus, les taxis, minutes à trouver une place pour se garer.
C LE

les voitures personnelles, les motos taxis, Malgré ces embouteillages, on remarque
O A

les motos personnelles, et les piétons. En une très grande différence entre une
D ON
U

six mois, nous avons croisé un vélo, qui capitale comme Paris et une capitale telle
I

tentait d’éviter les voitures, en respirant les que Bangkok, qui est la pollution sonore.
AT

pots d’échappement. Il n’y a pas de voies Très peu de klaxons résonnent dans les
N

conçues pour les cyclistes et les trottoirs sont rues de Bangkok. Pourtant ce ne sont
LE

en général très bancals, incertains, étroits, pas les occasions qui manquent, avec les
O

et remplis d’obstacles. La ville de Bangkok conducteurs de motos qui se faufilent dans


EC

améliore la qualité et développe depuis les 50 centimètres restant entre un bus de


plusieurs années le réseau du MRT (métro) 3m de haut et un taxi au rétroviseur déjà
et du BTS (métro aérien), afin de privilégier bancal. Les motos se retrouvent alors
l’utilisation des transports en commun. Les en tête de file et démarrent à toute allure
bus très présents ne conviennent pas à la lorsque le feu passe au vert.
plupart des habitants, car ils roulent sur les
mêmes voies que les transports personnels

26
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

27
S
saisons

TE
AN
La saison chaude, la saison encore plus chaude, et la saison

N
la plus chaude sont les trois noms donnés aux saisons par

U DE
les thaïlandais. La sensation de chaleur est une habitude à
prendre, mais nous appellerons la première saison la saison

TE E
R
U R
des pluies. Et ça, nous n’y sommes pas habitués du tout.

'A U
Lors de mon arrivée, j’ai eu plusieurs mois de saison des

D CT
pluies. Parfois gênante, parfois impressionnante. Disons

IT E
que j’appréciais cette saison lorsque j’étais dans mon

O IT
R H
appartement. Au 23ème étage d’où j’avais vue sur une
D RC
partie de Bangkok, mon lit était collé à une vitre et je passais
des heures à observer les orages, les éclairs et cette pluie
AU D'A

incessante avant de m’endormir. Pendant la journée, il était


IS E

même possible de voir où la pluie tombait, sur une partie de


U UR

la ville, tandis que le soleil brillait dans notre quartier. C’était


SO IE

l’aspect spectaculaire de cette saison. En revanche, côté


M
T ER

pratique, nous nous trouvions parfois coincés pendant un


bon moment à l’école ou dans un lieu public, à regarder la
EN UP

pluie tomber, les rues se remplir d’eau, en attendant que


M S

cela se calme pour rentrer. Les rues de Bangkok ont leur


C LE

point le plus haut au centre, afin de diriger l’eau vers les


O A

égouts. Mais cela n’est pas suffisant, considérant la quantité


D ON
U

de pluie qui peut tomber en seulement 15 minutes. Nous


I
AT

nous retrouvions parfois à marcher dans les rues, avec de


l’eau qui cachait nos pieds, effrayés à chaque pas, espérant
N
LE

que l’eau ne se mette pas à bouger, ayant appris que les


serpents apprécient ce temps pour se balader dans les rues
O
EC

devenues leur terrain de jeu.

28
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

29
es rues de Bangkok sont ce problème. Lors de notre arrivée à l’école

L sujettes à des inondations


depuis des centaines d’années.
Bien qu’amplifiées par le
réchauffement climatique, la principale
raison est que la ville est située à moins de
d’architecture de Bangkok, le projet était de
réaliser une tour afin d’accueillir un hôtel pour
hommes d’affaires et touristes principalement.
Nous en parlons à un professeur qui ne
semble pas plus inquiet que les élèves à
40km à vol d’oiseau du golfe de Thaïlande, ce sujet. Pourtant, selon Tara Buakamsri,

S
et que la ville a été construite sur des terres directeur de Greenpeace Thaïlande, dans

TE
marécageuses à 1,5 mètre au dessus du un entretien à l’AFP, cette ville de plus de dix

AN
niveau de la mer. O.Sachot évoquait il y a millions d’habitants « s’affaisse aujourd’hui

N
140 ans une ville « semi-aquatique, dont la de un à deux centimètres par an et risque de

U DE
grand rue est un fleuve  » (O. Sachot, Pays subir des inondations très importantes dans
d’Extrême Orient, Paris, 1871, p. 73). Selon un futur proche ». Le géologue Thanawat

TE E
le vice-gouverneur de Bangkok, Chakkaphan Jarupongsakul nomme Bangkok « ville obèse

R
U R
'A U
Phiewngam, l’administration métropolitaine de sur un squelette d’enfant », un phénomène qui

D CT
Bangkok (BMA) a une capacité de drainage s’agrave avec la transformation permanente

IT E
de 60 mm de pluie par jour, ce qui s’avère de la ville. Pour exemple la construction en

O IT
souvent insuffisant lors de la saison des
R H
D RC cours d’un gratte-ciel de 314 mètres de haut,
pluies. La rapidité de drainage des eaux de le MahaNakhon, bâtiment le plus haut de la
pluie dépend aussi des canaux qui se jettent ville et du pays. Le directeur du département
AU D'A

dans le fleuve et du niveau de la rivière Chao de drainage et d’assainissement de Bangkok,


Phraya. Nombreux des anciens canaux Narong Ruangsri, a conscience de l’importance
IS E
U UR

servant au drainage des eaux de pluie ont de l’évolution du système de drainage, et en


été comblés et remplacés par des rues au 2017 un parc a été construit spécialement
SO IE
M

cours de l’évolution de la capitale. Cependant,


T ER

pour drainer plusieurs millions de litres d’eau


Jean Baffie, directeur de la Maison Asie- de pluie afin de limiter les inondations des
EN UP

Pacifique à Marseille écrit dans un article quartiers environnants. Le directeur sait que
M S

du Monde de 2011 qu’il reste 1395 canaux. plus de terrains sont nécessaires « Mais le
C LE

Les raisons principales de ces inondations prix du terrain très cher à Bangkok fait que
O A

sont liées au système de distribution d’eau les intérêts économiques sont prioritaires ».
D ON
U

qui a pendant longtemps été le pompage Architecture by road évoque dans l’article
I

d’eau dans la nappe phréatique de Bangkok. « Nos premiers jours dans la Venise de
AT

Vers les années 2000, environ 2 millions de l’Orient » les quartiers situés de l’autre côté du
N

m3 d’eau étaient annuellement pompés et fleuve «  Ici l’on trouve un urbanisme s’étant
LE

le sol pouvait s’affaisser jusqu’à 12 cm. Le parfaitement acclimaté à son environnement


O

gouvernement a depuis pris des mesures et n’ayant pas contraint son territoire ». Une
EC

drastiques afin de stabiliser la situation et en partie de Bangkok s’est donc construite en


2011, 91% des habitants de sont raccordés harmonie avec l’eau au lieu de la combattre
au réseau de distribution d’eau courante. : construction sur pilotis avec toitures à deux
L’autre principale raison est la construction pans pour évacuer l’eau, transports principaux
de bâtiments de plus en plus hauts et de plus par barque, et les mêmes services proposés
en plus lourds. Cependant, les habitants de dans les rues de Bangkok se trouvent aux
Bangkok ne semblent pas être concernés par abords de la rivière.

30
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

31
S
TE
AN
deuil

N
U DE
Le Roi est mort. La Thaïlande est en deuil et cela impacte
l’atmosphère dans les rues de Bangkok. Aujourd’hui, je porte

TE E
aussi du noir. Tout Bangkok se mobilise afin de commémorer

R
U R
'A U
la fin d’une année de deuil. Dans le centre historique, un

D CT
nouveau temple a été construit pour cet évènement, et tous

IT E
se dirigent vers lui. Les rues sont bondées, les transports

O IT
en commun sont gratuits pour l’occasion et remplis de
R H
personnes vêtues de couleurs sombres. Les gens semblent
D RC
tristes. Ils ne parlent pas, ne sourient pas, ne communiquent
AU D'A

pas. Je monte dans le troisième métro qui arrive, lui aussi


déjà plein à craquer. L’arrivée est pire, je tente de me faufiler
IS E
U UR

parmi les personnes et de me diriger vers le temple. Je


ne le verrai pas aujourd’hui. Tout ce que je peux voir c’est
SO IE
M

du noir. Je suis entourée de milliers de personnes en noir,


T ER

marchant lentement. Nous sommes à Phra Pin Klao, un


EN UP

pont à plusieurs voies qui aujourd’hui n’est pas accessible


M S

en voiture sauf pour les forces de l’ordre. Ce pont s’est mué


C LE

en une foule qui marche lentement, les rues alentour aussi.


O A

Nous n’entendons plus que le bruit lointain du métro en


D ON
U

cette marche lente et triste. Le silence est oppressant. Nous


I

passons plusieurs heures sous le soleil, le noir des habits


AT

chauffe, je ne peux enlever ce gilet qui découvrirai mes


N

épaules, inconvenant en Thaïlande. Mais personne ne se


LE

plaint, personne ne bouge, les rues sont noires et immobiles.


O
EC

32
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

33
e roi Bhumibol Adulyadej, mort sur Youtube ou dans les grands magasins

L en octobre 2016 à l’âge de


88 ans, a régné pendant sept
décennies en Thaïlande et était
le plus ancien monarque en exercice au
monde. La plupart des Thaïlandais n’avait
sont en noir et blanc, les sites internet le
sont aussi et les chaînes de télévision
ont été priées d’atténuer les couleurs des
programmes. Ces cinq jours de fin de deuil
ont un impact sur la capitale Thaïlandaise,
connu que lui. Le roi, appelé Rama IV, est changeant une ville pleine d’énergie, qui

S
considéré par bien des habitants comme ne dort jamais, en une ville silencieuse,

TE
un demi-dieu, de par ses actions, son long calme, et triste. Les patrons des lieux

AN
règne et sa façon d’être avec le peuple. Il est de divertissement sont aussi appelés à
de coutume d’attendre plusieurs mois entre

N
prendre en considération l’événement dans

U DE
la mort et la crémation d’une personne de la leurs horaires d’ouverture. Les transports
famille royale, et pour le roi, le deuil dure un en commun sont gratuits, et leur fréquence

TE E
an. Une année, jour pour jour, où les rues augmente afin de permettre à tous de se

R
U R
'A U
de Bangkok s’assombrissent de vêtements rendre sur le site funéraire. Le jour le plus

D CT
noirs. Aucune obligation, seulement un important, est celui de la crémation, avec

IT E
choix, une volonté de porter le deuil. le corps du roi transporté depuis le palais

O IT
Cependant, un an après, le deuil a un réel
R H royal où le corps a été conservé durant un
impact sur l’atmosphère des rues. La fin du
D RC
an, entouré d’un cérémonial bouddhiste.
deuil a lieu du 25 au 29 octobre 2017, et la Le corps du défunt sera mené au bûcher
AU D'A

crémation du roi le 26 octobre. Les rues de après une longue procession puis les
Bangkok se remplissent aux alentours du cendres placées dans un nouveau palais
IS E
U UR

Palais Royal, avec des thaïlandais venus spécialement conçu pour cela, une réplique
de toute part afin de dire adieu à l’ancien ayant été réalisée 85 fois et répartie dans
SO IE
M

roi. Le jour du 26 octobre deviendra férié, tout le pays, permettant à chacun de faire
T ER

les banques sont fermées, les centres ses adieux. Ces cérémonies permettent
EN UP

commerciaux ferment tôt dans l’après au roi de retourner sur le mont Sumeru,
M S

midi, la ville semble morte. Les thaïlandais le domaine des dieux selon la mythologie
C LE

portent tous du noir, excepté pour les brahmanique, dont le bouddhisme


O A

gardes et les personnes faisant partie de thaïlandais s’inspire. Après des décennies
D ON
U

la cérémonie de la crémation du roi. Tout de culte de la personnalité présentant le roi


I

contrevenant risque la condamnation pour comme père de la Nation, les thaïlandais


AT

crime de lèse-majesté, comme Ekachai sont prêts à tout afin de lui rendre
N

Hongkanwan, un citoyen qui recevra une hommage. Certains arrivent même sur le
LE

visite de onze gardes après avoir annoncé site funéraire des jours avant la crémation
Photographie de Roberto Schmidt - droits réservés
O

qu’il porterait du rouge lors de la cérémonie, afin d’avoir vue sur la cérémonie et de dire
EC

car c’était son droit. Ekachai disparaîtra adieu proprement au roi défunt. Des tapis
après cette visite. La garde sera aussi très s’entassent alors aux alentours du palais
présente autour du site de crémation afin et ils dorment, mangent et attendent, vêtus
de maintenir l’ordre lors de cet événement de noir, sous la pluie et le soleil. Au jour
qui réunit des milliers de personnes. Les de la crémation, des milliers de thaïlandais
écrans de télévision dans les rues et dans seront présents aux alentours du palais.
le métro sont en noir et blanc, les publicités

34
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

35
S
immobiles

TE
AN
Je suis en retard. J’entends le métro s’approcher, je cours

N
dans les escaliers, et saute dans le premier wagon. Je

U DE
ne peux qu’attendre maintenant. Je m’assois entre deux
étudiantes en uniforme. Presque 18h. Les publicités

TE E
R
U R
s’enchaînent sur les écrans du métro, créant un fond sonore

'A U
et visuel. Je préfère regarder par la fenêtre, et avoir une vue

D CT
de haut sur Bangkok. Je me tourne, m’évade en pensée.

IT E
Le fond sonore s’arrête pour laisser place à une musique

O IT
que j’ai déjà entendue en Thaïlande. Je me retourne pour
R H
D RC
regarder l’écran et vois tout le monde se lever. C’est l’hymne
thaïlandais.
AU D'A
IS E
U UR
SO IE
M
T ER

immobiles (suite)
EN UP
M S

Fin de la semaine, je me rends à une exposition dans le


C LE

centre. Il est quasiment 18h, je descends du métro et tente


O A

de trouver la bonne sortie. Direction trouvée, j’entame une


D ON
U

marche déterminée qui s’arrêtera très rapidement quand je


I
AT

réalise que je suis la seule personne à bouger. Toutes ces


N

personnes voyageant, ce chaos entre stations de métro,


LE

tout s’arrête. L’hymne thaïlandais a retenti. Je m’arrête alors


et attends. La musique s’arrête et les gens reprennent leur
O
EC

marche.

36
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

37
’hymne national de la Thaïlande, respect envers la nation. Aujourd’hui encore

L Phleng Chat Thaï, est joué


tous les jours à 8h00 et 18h00,
dans les lieux publics, et dans
certaines rues. Phleng Sansoen Phra Barami
a été l’hymne national jusqu’en 1932 : L’hymne
cette loi est en vigueur et se constate dans
les rues de Bangkok. Nous pouvons voir
le matin les policiers, devant leur bâtiment,
chanter l’hymne et se tenir droit, dans les
écoles, les enfants se rangent en ligne et font
national de la Thaïlande, Phleng Chat Thaï, de même. Dans certaines rues de Bangkok,

S
est joué tous les jours à 8h et 18h, dans les principalement dans le centre historique,

TE
lieux publics, et dans certaines rues. « Phleng près des édifices religieux, la musique est

AN
Sansoen Phra Barami » a été l’hymne national diffusée dans les rues, comme venue de nulle

N
jusqu’en 1932 : part, et le monde s’arrête. Dans les cinémas,

U DE
chaque film est précédée de l’hymne national
Moi, serviteur de Sa Majesté, diffusé et accompagné d’une vidéo montrant

TE E
Je mets mon coeur et ma tête à ses pieds, les différentes actions du roi au cours de sa

R
U R
'A U
Lui payant respect et lui donnant bénédiction, vie. Tout le monde se lève, chante ou reste

D CT
Protecteur du pays, silencieux, et se rassoit à la fin de l’hymne,

IT E
Grand de la dynastie Chakri, avant que la séance cinématographique ne

O IT
Le guide du peuple Siamois,
R H
D RC commence. L’hymne est aussi diffusé dans les
Le plus haut par le rang, transports en commun, les gens dans le métro
Qui m’a protégé et guidé. se lèvent alors. On peut entendre l’hymne
AU D'A

Tous les gens sont heureux et vivent dans la entre deux métros, les stations la diffusant
paix. par haut-parleurs, les gens s’arrêtent alors,
IS E
U UR

Nous prions, quels que soient vos vœux, les bras contre le corps, puis reprennent leur
Que le destin vous apporte, marche une fois l’hymne terminé. La télévision
SO IE
M

Ce que vous souhaitez dans votre cœur,


T ER

et la radio diffusent aussi cet hymne, deux fois


Pour vous donner la richesse. par jour.
EN UP

Nous vous acclamons


M S

La Thaïlande unit la chair et le sang des


C LE

Cet hymne fur remplacé lors du coup d’État Thaïlandais.


O A

de 1932, qui mit fin à la monarchie absolue, et La terre de la Thaïlande appartient aux Thaïs.
D ON
U

diffusé pour le première fois en juillet 1932. Les Longtemps a été notre indépendance,
I

paroles originales étaient de Khun Wichitmatra, souhaiter la souveraineté a permis de la


AT

mais en 1939, lorsque le royaume du Siam maintenir,


N

devint la Thaïlande, un concours fut organisé Parce que les Thaïlandais ont été unis pour
LE

afin d’écrire de nouvelles paroles. Les paroles toujours.


O

de Luang Saranuprapan furent adoptées en Les Thaïs sont paisibles et aimants,


EC

décembre 1939, avec une mélodie composée Dans la guerre, nous ne sommes pas des
Vidéo de Julie Bailleul- droits réservés

par Peter Feit, un conseiller royal pour la lâches.


musique, fils d’immigrant allemand. Le premier Notre souveraineté ne sera jamais menacée,
ministre de cette époque, Phibunsongkhram, Nous sacrifierons chaque goutte de notre sang
décrétera alors que l’hymne sera joué tous pour notre nation.
les jours, et qu’il est du devoir du citoyen Nous sommes prêts à mourir pour la liberté, la
thaïlandais de se lever afin de montrer son sécurité et la prospérité.

38
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

39
S
la nuit

TE
AN
Lorsque la nuit tombe à Bangkok, les ambiances diffèrent

N
d’une rue à l’autre. Nous sommes vendredi soir, l’un des

U DE
derniers week-ends que nous passons tous à Bangkok.
Après un apéro bien mérité, nous décidons d’aller à Khao

TE E
R
U R
San Road, la rue la plus réputée de Bangkok, en termes

'A U
de soirées et de tourisme. J’y suis déjà passée en journée

D CT
sans même la reconnaître. Elle est alors sinistre, les

IT E
déchets traînent au sol, tout est fermé, l’odeur nauséabonde

O IT
de fin de soirée trop arrosée est ancrée dans le béton et
R H
D RC
peu de gens y passent. Mais la nuit, cette rue piétonne se
transforme, avec ses bars en enfilade, ses néons de toutes
AU D'A

les couleurs, ses musiques toujours plus fortes et différentes


IS E

au fur et à mesure de l’avancée. Les touristes se faufilent


U UR

entre les vendeurs, des vendeurs de tout ce que l’on peut


SO IE

imaginer et de ce qui forme certains clichés de la Thaïlande


M
T ER

: scorpions, Ping pong show, t-shirt éléphants, buckets…


Nous sommes sensés y retrouver des amis thaïlandais
EN UP

de l’école. Nous cherchons désespérément le nom du bar


M S

qu’ils nous ont donné et, à la fin de la rue, nous voyons


C LE

ce panneau indiquant qu’il se trouve derrière un magasin.


O A

Entre le magasin et le bar, une petite ruelle dans laquelle


D ON
U

nous nous faufilons. Bien que toujours très proches de la


I
AT

rue, le bruit et les basses s’assourdissent, laissent place


à la musique. De grandes tablées, des canapés et des
N

guirlandes forment cet espace étonnamment contrasté par


LE

rapport à Khao San Road. Et dans ce bar, nous sommes les


O
EC

rares de type caucasien.

40
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

41
hao San Road est la rue la fonctionnement de la rue. Dans cette série de

K plus connue de Bangkok, en


particulier pour les voyageurs,
bien que très peu représentative
de la culture thaïlandaise et de l’atmosphère
générale des rues de Bangkok. La rue de
photographies, on remarque principalement
l’ouverture des magasins, restaurants et
bar en fonction des horaires. Ce que j’ai pu
remarquer en y passant une après-midi et la
nuit, est le changement d’ambiance. Lors de
Khao San remonte à 1892, et n’était au début mon arrivée vers 14H, la rue était silencieuse

S
qu’une petite rue calme au cœur du quartier et propre, les déchets ayant été enlevés

TE
historique. Khao San signifie « riz blanchi » auparavant. Les divers établissements

AN
et avait pour principale activité un des plus ouvrent, et les touristes de l’après midi

N
grands marchés de riz de la ville. La première sont en général des familles ou bien des

U DE
maison d’hôtes, Bony Guesthouse, ouvrira en fêtards ambitieux. Au fur et à mesure, les
1982, et les autres suivront. Les prix de ces familles de touristes sont remplacées par

TE E
guesthouses défiant toute concurrence, les des groupes d’amis ou des voyageurs solo,

R
U R
'A U
guides de voyage répandront l’information, et ainsi que des thaïlandais venus faire la

D CT
la rue deviendra une escale incontournable fête. Les magasins de souvenirs sont très

IT E
pour les voyageurs. Longue d’environ présents aux alentours de 18H, puis les bars

O IT
500m, piétonne, Khao San Road regorge de
R H
D RC ouvrent, et plus tard dans la soirée on voit
découvertes et de variétés de consommation. les salons de massage qui ouvrent et se
Pourtant située dans le centre historique remplissent. L’ouverture et la rotation des
AU D'A

de Bangkok, non loin du Grand palais et différents espaces est pensée en fonction
de divers établissements religieux, la rue des besoins et désirs des touristes, en
IS E
U UR

est devenue le centre de l’excès. Khan fonction de l’heure et de l’état dans lequel ils
San Road enchaîne les pubs, boites de se trouvent. L’atmosphère phonique est elle
SO IE
M

nuit, restaurants, boutiques de souvenirs,


T ER

aussi en constante évolution, avec une après


agences de voyages, salons de massage, midi sans musique, ou bien la musique vient
EN UP

Mc Donalds, 7/11, et vendeurs de rue. On y de bars avec concerts en début de soirée,


M S

trouve tout type d’insectes à déguster, des puis les basses des différents établissements
C LE

rabatteurs pour aller voir un ping-pong show, retentissent au fur et à mesure. Vers minuit,
O A

des faux chapeaux de tribus thaïlandaises, les bars se disputent la meilleure sono, en
D ON
U

et toute une panoplie de sarouels imprimés augmentant de plus en plus le son. En


I

d’éléphants. La rue de Khao San Road l’espace de trois mètres on peut distinguer
AT

répond sans aucun doute aux clichés trois musiques et ambiances différentes. À
N

thaïlandais, et reste le rendez vous des la fermeture des boîtes de nuit, les taxis et
LE

backpackers. La transformation du paysage tuktuk s’accumulent aux deux extrémités,


O

urbain de cette rue au cours d’une même


Photograhie deThaïlande Tip - droits réservés

tentant de privilégier les touristes ne sachant


EC

journée est impressionnante, et le travail pas combien un taxi doit normalement coûter,
photographique de Brenda Le Bigot, docteur ou trop ivre pour demander au chauffeur
en géographie, dans sa thèse « Penser de mettre le compteur. La rue se vide, les
les rapports aux lieux dans les mobilités établissements ferment, pour ne laisser
privilégiées. Étude croisée des backpackers place qu’aux déchets, bouteilles, plastiques
en Thaïlande et des hivernants au Maroc » qui couvrent rue et trottoirs.
met en valeur cette transformation et le

42
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

43
S
TE
la nuit (suite)

AN
Khan San Road a pour habitude de vivre jusque très tard,

N
les boîtes de nuit accueillant les personnes sortant des

U DE
bars. Mais ce soir, le personnel du bar vient nous dire qu’ils

TE E
vont bientôt fermer. On regarde l’heure, même pas minuit.

R
U R
Nos amis nous traduisent qu’apparemment les autorités ne

'A U
D CT
souhaitent pas que les bars soient ouverts après minuit.
Étonnant. Nous ne comprenons pas bien pourquoi et nous

IT E
O IT
souhaitons désespérément faire la fête ! Nous essayons
R H
alors différents bars, qui nous disent la même chose, puis
D RC
les boîtes de nuit. Nous arrêtons d’insister lorsque l’un des
AU D'A

videurs d’une boite mime les forces de l’armée Thaïlandaise


tirant sur tout le monde : « Si on ne ferme pas, c’est ce qui
IS E

va arriver ! ». Nous sommes choqués. Si le gouvernement


U UR

arrive à faire fermer Khao San Road à minuit un vendredi


SO IE

soir, que tous les commerçants obéissent, ils ont surement


M
T ER

utilisé les bons arguments, et ça n’est pas nous qui


EN UP

allons y changer quelque chose. Nous parlons à d’autres


personnes en chemin, qui nous informent que ça n’est pas
M S
C LE

que Khao San Road, mais la plupart des endroits festifs de


Bangkok. Nous rentrons alors en taxi, les rues sont noires,
O A
D ON

vides et tristes. Nous finissons la soirée au calme dans un


U

appartement, toujours choqués de ce qui est arrivé et de la


I
AT

peur que nous pouvions voir dans les yeux des personnes
N

qui comprenaient ce qui se passait. Khao San Road est


LE

passée de festive, lumineuse, vivante, à sinistre, immobile,


O

et effrayante, en l’espace de quinze minutes.


EC

44
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

45
RAP CONTRE LA DICTATURE Un pays si puissant qui mange les
ma traduction d’après le sous titrage anglais panthères comme du sashimi
Pas de comptabilité, pas de coupable
Le pays où le meurtre est facile avec de
Le pays a reçu un coup de fusil dans la l’argent
panthère noire. La loi peut déployer plus d’armes que Luffy
Le pays prêche la morale, mais son taux Continue à en dire du bien, dire du bien

S
de criminalité est plus élevé que la Tour C’est ça mon pays

TE
Eiffel C’est ça mon pays

AN
La loi ne peut pas se battre contre Dharma

N
ou la Bible Le pays qui braque une arme sur votre

U DE
Les bonnes personnes ne sont jamais gorge
salué comme idole Il prétend avoir la liberté mais ne donne

TE E
pas le droit de choisir

R
U R
Le pays dans lequel les juges vivent dans

'A U
un complexe construit à l’intérieur d’un Tu ne peux pas dire de la merde même si

D CT
parc national c’est dans ta tête

IT E
et dans lequel le centre-ville devient un Peu importe ce que tu fais, le dirigeant te

O IT
champ de tir! R H verra
D RC
Le pays où les dirigeants mangent les Le pays où les trous du cul possèdent la
taxes tel un bon repas souveraineté
AU D'A

C’est ça mon pays Tu dois choisir entre ravaler la vérité ou


avaler une balle
IS E

C’est ça mon pays


U UR

Le pays où les gros passions mangent les


petits par des escouades d’enculés
SO IE

Le pays n’a pas de corruption, de freins et


M

C’est ça mon pays


T ER

contrepoids
Le pays dont la montre du ministère C’est ça mon pays
EN UP

appartient à un fantôme
M S

La maison du parlement est un parc de jeu Le pays dont le gouvernement est


C LE

pour les soldats intouchable


O A

La charte est écrite et effacée par la botte La police utilise la loi pour menacer les
D ON
U

de l’armée gens
I

Même si tu as le feu en toi tu dois


AT

Le pays dont l’artiste est la rébellion


Le pays où la rébellion obéit au pouvoir de prétendre de dormir
N

l’État Même si tu ne veux pas vivre, ils te


LE

Le pays qui suit les dirigeants comme un forceront


O

Le pays où les gens lisent moins,


EC

nid de fourmi
C’est ça mon pays particulièrement les dirigeants
C’est ça mon pays Le pays qui te demande de rester
silencieux ou de rester en prison
Le pays où les personnes en uniformes ne Le pays où la corruption est toujours sûre
font jamais ce qu’ils disent pour les riches
Les pauvres doivent mourir parce qu’ils C’est ça mon pays
n’ont pas d’assurance santé à 30 baths C’est ça mon pays

46
Le pays dont la politique est divisée en C’est ça mon pays
deux
Le pays où les citoyens sont divisés en Le bon et putain d’éternel pays
deux Le gouvernement glorieux abuse des
Le pays où les gens se font tués des deux gens, est haï internationalement
cotés Le pays est sanctionné, les gens souffrent
Le pays où les deux côtés craignent partout

S
l’armée Le pays où les coups diaboliques sont

TE
Quatre années déjà, putain, toujours pas déguisés, et les gens supprimés

AN
d’élection Ce pays qui déclenche des manifestants

N
Pays libre ? Faux ! Ne me dis pas que je de nuit

U DE
peux choisir Le pays sans foi ni loi et cette ville foutue
Même le premier ministre est choisi par Continuez de faire des bébés et de

TE E
l’armée manger les taxes

R
U R
'A U
C’est ça mon pays C’est ça mon pays

D CT
C’est ça mon pays C’est ça mon pays

IT E
O IT
Le pays dont le budget national est illimité
R H Le pays qui peut utiliser la loi en excuse
D RC
L’étrange pays à la monnaie cachée dans comme par magie
les maisons des bureaucrates Les gens portent l’espoir comme t-shirt et
AU D'A

Le pays dont le dirigeant est ennuyant la pauvreté comme short


Le pays qui brisent les règles avec des Le pays qui ferme ses oreilles, n’entends
IS E
U UR

flingues jamais les personnes dans le vide


Les gens vivent heureux mais toujours Le pays dont tout le monde parle, que tout
SO IE
M

dans des grottes le monde écoute


T ER

Quatre années sous les bottes, personne Les gens ne sont bons qu’à passer des
EN UP

ne travaille à la maison examens et veulent juste devenir riches


M S

Le pays fastidieux, cela va sans dire Le pays qui fait de fausses promesses
C LE

C’est ça mon pays comme un chargement de balles, créer un


O A

C’est ça mon pays régime dit l’utiliser pour l’aimer


D ON
U

Le pays dont le siège est la réponse


I

Le pays qui a tout sauf un sens commun Vous verrez si vous êtes bons à compter
AT

Dirigé par l’argent comme par magie les jours


N

Le temps passe, cela devient un diamant C’est ça mon pays


LE

du mal C’est ça mon pays


O

Adoré par les singes comme un monolithe


EC

d’égoïsme
Ivre sans cervelle, qui ne peut répondre
merde
Ignore la justice, laisse les bêtes être Polariser le peuple est l’arme ultime des
arrogantes autorités. Quand cela arrive, le pouvoir
Dirige tout par les ténèbres et la peur des gens s’en ira. En mémoire aux
C’est ça mon pays victimes des crimes d’État

47
e coup d’État de 2014 fin de soirée lorsque l’alcool délie les langues

L en Thaïlande renverse le
gouvernement précédemment
élu, après six mois de
manifestations de la part des thaïlandais,
fatigués de la corruption et à la demande
et libére les pensées ! Lorsqu’un étudiant en
parlait, les autres riaient et imitaient un laser
de mitraillette dirigé entre les deux yeux de
l’étudiant. « Peu importe ce que tu fais, le
dirigeant te verra ». La présence de l’armée
des réformes. Cela fait donc quatre ans que dans les rues de Bangkok ne nous intimide

S
la junte militaire s’est emparée du pouvoir pas lorsque nous arrivons en Thaïlande,

TE
afin de rétablir l’ordre, promettant de bannir étant habitués à la présence des forces de

AN
la corruption, de réformer les institutions police dans les lieux publics en France. Mais

N
et d’offrir de nouvelles élections. La junte ce ressenti changera au cours du temps,

U DE
militaire démantèlera un vaste réseau de lorsque nous comprendrons l’ampleur
corruption mais lorsqu’une affaire impliquera du pouvoir de l’armée. Les discussions

TE E
un membre militaire, l’affaire sera étouffée. sont cependant intéressantes, et nous

R
U R
'A U
La corruption continuera donc pendant ces comprenons que beaucoup de personnes

D CT
quatre ans, avec pour différence que cette de la nouvelle génération ont la volonté de

IT E
fois les thaïlandais ne peuvent plus répliquer. se battre pour un meilleur gouvernement,

O IT
Le régime militaire a publié des décrets
R H
D RC mais que sous le contrôle de la junte militaire,
interdisant les rassemblements politiques toute action se fait au péril de sa vie. C’est
et toutes activités des partis politiques. Une pourquoi le clip de rap a eu un énorme
AU D'A

simple phrase sur les réseaux sociaux peut succès, prononçant à voix haute ce que
valoir une arrestation. La peur règne depuis beaucoup de gens pensent « Le pays où les
IS E
U UR

quatre ans à Bangkok et beaucoup de gens coups diaboliques sont déguisés, et les gens
souhaitant protester contre la junte militaire supprimés » et ils ont eu assez de succès
SO IE
M

doivent se taire au risque d’être emprisonnés.


T ER

pour ne pas finir en prison, pour l’instant. Les


« Rap contre la dictature » sortira fin octobre thaïlandais ont protesté afin de mettre fin à un
EN UP

2018 sur les réseaux sociaux, et deviendra gouvernement, remplacé par une dictature
M S

viral avec au jour d’aujourd’hui plus de 35 militaire qui ne leur apporte rien de plus, et
C LE

millions de vue. Les dix rapeurs, dont certains leur supprime la liberté d’expression : «Un
O A

se masquent le visage dans la vidéo, abordent pays divisé en deux, des morts dans les deux
D ON
U

les problèmes sociaux et politiques du pays camps, des deux côtés on craint l’armée».
I

: violence, politique de division, corruption, Ce clip a une importance cruciale car c’est
AT

injustices et inégalités. Les paroles font parfois la première fois qu’un collectif d’artistes
N

référence à des événements précis cachés s’en prend directement au gouvernement, à


LE

par la junte militaire. Lors de mon échange l’armée et à l’élite. La situation est délicate
Vidéo de Rap against dictatorship - droits réservés
O

à Bangkok, il était très difficile d’aborder le pour l’armée, qui tient à être élue lors des
EC

sujet de la politique avec les étudiants. Nous prochaines élections afin de garder le pouvoir,
avons compris au fil des mois que ça n’était et laissera donc la vidéo sur internet, mais
pas l’envie qui manquait, mais qu’ils ne se les commentaires seront indisponibles. Le
sentaient pas autorisé à en parler, ils étaient porte parole du gouvernement Buddhipongse
apeurés. Les rares fois où nous avons pu Punnakanta déclara « nous sommes très
avoir des discussions étaient lorsque nous triste et déçus et nous voulons savoir qui se
étions en petit groupe, en privé et souvent en cache derrière cette vidéo ».

48
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

49
S
^

TE
cables

AN
N
Il pleut, les rues sont grises. La couleur béton des bâtiments

U DE
se mêle à celle du goudron et au noir des câbles électriques
disposés en anarchie au dessus de ma tête. Seule la

TE E
R
U R
couleur de la végétation ressort, et les vestes fluos des moto

'A U
taxis et travailleurs. Protégée tant bien que mal sous un petit

D CT
parapluie, je tente d’avancer dans les rues de mon quartier

IT E
pour trouver un restaurant où déjeuner à l’abri. Je m’assieds

O IT
dans cet espace entrouvert sur la rue et commande un
R H
D RC
«pad thaï». Les rues sont plus vides que d’habitude. Seuls
des thaïlandais en uniforme poursuivant la même quête se
AU D'A

précipitent vers les restaurants abrités. J’observe la rue


IS E

en attendant mon repas. De l’autre côté de la rue, trois


U UR

hommes, employés chargés de la maintenance des câbles


électriques. Deux regardent, un travaille. Un homme en haut
SO IE
M
T ER

d’une échelle en bambou répare les câbles électriques…


sous la pluie. Cela ne semble pas choquer grand monde,
EN UP

et cet homme semble parfaitement serein. Les deux autres


M S

papotent, fument une cigarette, en tenant nonchalamment


C LE

l’échelle. Des tas de câbles sont disposés au sol, dans tous


O A

les sens, des nœuds les regroupant. Certaines personnes


D ON
U

descendent du trottoir afin de les éviter, d’autres marchent


I
AT

entre les câbles, d’autres encore passent sous l’échelle. Ce


scénario dure pendant tout mon déjeuner. La pluie n’est plus
N

que gouttelettes, l’homme en haut de l’échelle s’allume une


LE

cigarette, et continue à farfouiller dans les câbles, la clope


O

au bec.
EC

50
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

51
es poteaux électriques Gates montre des câbles pour télévision

L surchargés de câbles font


partie intégrante du paysage
urbain de Bangkok. Certains
quartiers disposent de plus de câbles
que d’autres, mais on peut en voir
et portable. Bill Gates supprimera le post,
mais cette gaffe incitera le gouvernement
de Bangkok à lancer le projet de placer
les câbles sous terre, afin de rendre la
ville plus propre, la maintenance plus
partout, que l’on soit dans le quartier simple, tout en diminuant les problèmes et

S
d’affaires ou encore dans des quartiers coupures. Début 2017, le gouvernement

TE
pauvres. Au cours de cet erasmus, nous thaïlandais met en place un projet de

AN
avons remarqué que la possession de 3,5 milliards d’euros afin d’enterrer

N
télévision et de portables n’a pas de les câbles des grandes villes du pays.

U DE
lien avec le niveau de vie. Les familles Prasonk Kumpradit, un responsable de la
thaïlandaises peuvent habiter dans des compagnie d’électricité publique espère

TE E
maisons sans réelle séparation avec la que le projet se répande : « C’est une

R
U R
'A U
rue, avec peu de meubles mais beaucoup rue commerçante, il y a des hôtels et

D CT
de récupération, dormir à quatre dans des étrangers qui vivent par ici. Quand

IT E
la même pièce, mais toujours avec un ils verront comme la rue est belle, ils se

O IT
écran de télé allumé. Cela explique la
R H
D RC passeront le mot ». En Janvier 2018,
quantité affolante de câbles électriques 1184 poteaux électriques ont disparu des
présents au dessus des trottoirs des rues trois plus grandes rues de Bangkok et le
AU D'A

de Bangkok. Deux différents niveaux de projet planifie de retirer les câbles de 39


câbles dans les rues, avec un premier autres rues au cours des cinq prochaines
IS E
U UR

niveau anarchique pour la télévision, les années, soit un total de 127 kilomètres
portables et internet, et au-dessus les de réseau. Le réseau de Bangkok et sa
SO IE
M

câbles pour le courant électrique, mieux région est de 3000 kilomètres, mais les
T ER

rangés, et hors d’atteinte. Cette distinction autorités se concentrent principalement


EN UP

vaudra les foudres des habitants de sur le centre de Bangkok. Prasonk ajoute
M S

Bangkok sur Bill Gates, qui, en 2016, « Le principal avantage de ce système est
C LE

critique les câbles électriques de Bangkok la sécurité. Une fois que les câbles seront
O A

sur les réseaux sociaux en postant une souterrains, le problème des perturbations
D ON
U

photographie et commentant « En raison pouvant causer des pannes aura


I

d’une infrastructure défectueuse, de disparu ». Cependant les avis divergent


AT

nombreuses zones urbaines souffrent concernant le retrait de ces lignes, certains


N

régulièrement de coupures de courant considérant ces câbles comme un charme


LE

et le réseau électrique, souvent, ne sert de la ville et représentatif de la ville et


O

pas les gens qui en ont le plus besoin. craignent que la ville ne se transforme
EC

Je suis allé dans plusieurs villes où l’on en Singapour et perde de son charme.
peut voir des câbles s’enchevêtrer comme D’autres en revanche sont ravis de voir
sur la photo et où les gens se connectent la ville plus propre. Ce qui est certain,
illégalement sur le réseau électrique pour c’est que l’ambiance et l’atmosphère des
puiser ce dont ils ont besoin, ce qui n’est rues changera une fois les poteaux et les
pas sans risque ». Les thaïlandais sont câbles électriques sous terre.
furieux, d’autant plus que la photo de Bill

52
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

53
54
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT

Pratiques
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
deambulation
U DE
R
N
AN
TE
S

55
trottoirs

S
Les trottoirs de Bangkok sont difficilement descriptibles

TE
car chaque trottoir emprunté est différent du trottoir d’en

AN
face, ou de la rue d’à côté. Je marche sur les trottoirs de
la rue Rama IV, une rue à deux grandes voies, où le trafic

N
des voitures est incessant. Les pierres y ont des formes,

U DE
couleurs et hauteurs différentes. Les passages piétons ne

TE E
se trouvent pas sur la route, je cherche comment traverser,

R
U R
'A U
et aperçois une centaine de mètre plus loin des escaliers

D CT
et un passage en hauteur. Chaque passage piéton est en

IT E
hauteur, disposant de deux ou quatre escaliers et d’une

O IT
passerelle en béton. Je regarde autour de moi et repense à
R H
mes différents déplacements dans Bangkok. Je réalise alors
D RC
que je n’y ai jamais vu de poussette ou de fauteuil roulant
AU D'A

et je comprends maintenant pourquoi. Les restaurants


utilisent souvent le trottoir afin d’étendre leur superficie et
IS E
U UR

les vendeurs de rue installent leur chariot à même le trottoir.


Ces installations anarchiques rendent les trottoirs uniques,
SO IE

et changent leur largeur, ne laissant parfois que très peu de


M
T ER

place pour marcher. J’arrive à destination, épuisée. Marcher


EN UP

sur les trottoirs de Bangkok requiert autant d’attention que


M S

la conduite en Europe et la chaleur m’étouffe. Mon regard


C LE

n’est toujours pas habitué à voir autant d’éléments différents


O A

en si peu de temps. Ma seule envie, en attendant que les


D ON
U

personnes que je dois rencontrer arrivent, est de m’asseoir.


Mais s’asseoir dans les rues de Bangkok n’est pas si simple.
I
AT

Pas de banc, pas d’espace inutilisé. Je trouve des marches


N

à l’entrée d’une tour de bureaux. Je suis tentée. Un de mes


LE

professeurs m’avait dit que de s’asseoir sur des marches


O

ne se faisait pas dans la culture Thaïlandaise, car les pieds


EC

sont la partie non noble, grossière du corps, et que les gens


ne s’assoient pas là où ils marchent. Je patiente debout, et
observe cette agitation incessante.

56
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

57
yx, étudiante en architecture, des lieux de partage lorsque les vendeurs

N m’explique le rapport aux


trottoirs qu’ont les Thaïlandais
: « Je pense que c’est mauvais
parce que nous n’avons pas les bonnes
infrastructures, des trottoirs défectueux,
y installent des chaises et des tables,
mais cela n’est agréable qu’en bord de
route à une voie. Sascha, un voyageur
allemand ayant passé six mois en Asie,
et plusieurs semaines à Bangkok, parle
beaucoup de vendeurs de rues donc de choc culturel en pensant aux trottoirs

S
ça ne donne pas aux gens l’envie ou la de la ville : « À Bangkok je me suis assis

TE
possibilité de passer entre et on n’a pas près de la route deux ou trois fois, mais

AN
d’espace partagé, pas même de banc. c’était toujours trop bruyant pour rester

N
Donc je pense que les gens ne se sentent dehors. Aussi parce qu’il y a beaucoup de

U DE
pas à l’aise à l’idée de passer beaucoup circulation, beaucoup de poussière dans
de temps sur les trottoirs ». Lorsque je l’air. En Allemagne c’est assez commun

TE E
posais des questions sur les trottoirs en de s’asseoir en bord de route avec une

R
U R
'A U
début d’année à Nyx, elle me répondait bière quand il n’y a pas beaucoup de

D CT
: « Tu verras, dans un mois tu prendras circulation. » De plus, avec des passages

IT E
aussi des motos taxis pour faire 500 piétons en hauteur, au-dessus de la route,

O IT
mètres ». J’ai effectivement compris au
R H
D RC on impose aux piétons un changement
bout de quelques mois que les trottoirs constant d’atmosphère et une circulation
n’étaient pas pensés pour la marche. On y moins fluide. Les passerelles piétonnes
AU D'A

trouve parfois des obstacles improbables sont bien moins fréquentes que les
(cf photo), qui les bloquent. Une grille à passages piétons en Europe, nécessitant
IS E
U UR

gauche, de l’eau à droite, on doit alors plus de travail, de place, et d’argent. Dans
passer par dessus ou ramper sous « La ville », Simmel, philosophe allemand,
SO IE
M

l’obstacle. Et marcher en bord de route énonce le problème de l’impersonnalité de


T ER

n’est pas possible, les voitures roulant à l’homme en ville, et des villes qui rendent
EN UP

toute vitesse. Les trottoirs de Bangkok l’homme blasé. On remarque dans les rues
M S

sont difficilement descriptibles, tant ils sont sans vendeurs, bien moins d’échanges
C LE

disparates : plus ou moins haut, souvent et de sourire que dans tout autre endroit
O A

non plans, plus ou moins larges, parfois de la ville. L’atmosphère des trottoirs
D ON
U

vides, parfois prisés par les vendeurs de n’est pas pour moi représentative de
I

rue, parfois en bon état avec un même l’atmosphère de Bangkok. Selon Simmel,
AT

matériau sur tout la longueur de la rue, la sur-information, la demande trop


N

mais le plus souvent on y voit trois sortes élevée entraine des pensées négatives
LE

de pierres posées en anarchie. J’ai vu peu que l’homme garde en lui. Les mêmes
O

de trottoirs permettant d’y faire rouler un visions quotidiennes urbaines ne l’aident


EC

fauteuil ou une poussette. Les trottoirs pas à passer à autre chose. On trouve
rendent les rues de Bangkok impraticables à Bangkok des stimulations constantes,
aux piétons. La notion de partage, oppressantes, qui empêchent tout temps
pourtant importante en Thaïlande, se de spiritualité.
retrouve plus dans les rues Européennes
que dans les rues de Bangkok. Les
trottoirs sont à éviter. Certains deviennent

58
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

59
S
dechets

TE
AN
Je sors d’un 7-Eleven, supérette thaïlandaise : trois articles,

N
trois sacs en plastique. Je bois mon chocolat froid dans son

U DE
gobelet en plastique avec une paille, une partie en carton
pour ne pas avoir froid aux mains, le tout dans un sac

TE E
R
U R
plastique de la taille du gobelet. Je commence à grignoter

'A U
mon croque monsieur préchauffé dans le magasin. Il se

D CT
présente à l’achat dans un carton puis dans un emballage

IT E
en plastique. Lorsqu’ils le réchauffent, il jettent le carton et le

O IT
plastique, et une fois chauffé, le place dans un autre carton
R H
D RC
puis dans un autre sac en plastique. Dans le troisième sac,
une petite bouteille d’Ice Tea, avec une paille en plastique
AU D'A

dans un emballage en plastique transparent. Après quelques


IS E

minutes de marche, j’ai fini de boire mon chocolat, fini de


U UR

manger mon croque monsieur, pas fini de chercher une


SO IE

poubelle. Depuis que je suis sortie du 7-Eleven je n’ai pas vu


M
T ER

une seule poubelle. Des sacs poubelles s’entassent au pied


des poteaux électriques en bord de rue, les enlaidissant la
EN UP

journée, créant des masses difformes la nuit. Il fait quasiment


M S

nuit. Je m’approche d’une pile de sacs poubelles pour en


C LE

ouvrir un et y placer les déchets provenant de 7-Eleven.


O A

En bougeant le sac, je vois quelque chose remuer. Je fais


D ON
U

un bond en arrière et voit un rat traverser rapidement pour


I
AT

se cacher dans les buissons. J’hésite et tente une seconde


fois, pour cette fois-ci trouver sous les sacs poubelles des
N

cafards. Je retire ma main, continue à marcher en observant


LE

attentivement les éventuels rats qui traversent, et attendrai


O
EC

d’être chez moi pour trouver une poubelle.

60
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

61
elon Nyx, « C’est à un magasin, demande un sac plastique

S cause de l’organisation
du gouvernement, parce
que comme tu le sais la
politique en Thaïlande est mauvaise,
les changements coûtent cher, et ça a
que le vendeur ne donnera pas à moins
de l’acheter. De plus, les habitants ont
pour habitude d’acheter tous leurs repas
en barquette ou en sac plastique aux
vendeurs de rue et les supermarchés ne
un impact sur tout. Pour la gestion des donnent pas un meilleur exemple. Un

S
déchets, ça fait un moment que c’est Thaïlandais utilise en moyenne huit sacs

TE
comme ça, les gens jettent les déchets jetables par jour tandis que les Français

AN
dans la rue, et mettent les poubelles près en utilisent en moyenne 80 par an. Le

N
ou au pied des lampadaires et poteaux. » plastique ne se limite pas aux sacs,

U DE
Le problème vient du fait que les lois ne mais s’associe aux actions quotidiennes
sont pas assez contraignantes en terme des habitants de Bangkok, recevant une

TE E
de recyclage, mais aussi du manque de cuillère en plastique lorsqu’on achète un

R
U R
'A U
communication sur le problème. Srisuwan yaourt et une paille avec toute boisson. À

D CT
Janya, de l'association environnementale l’entrée des centres commerciaux, nous

IT E
"Stop global warning", explique qu’« en devons mettre notre parapluie mouillé

O IT
Thaïlande, les entreprises ont fait
R H
D RC dans un sac en plastique jetable. En
davantage dans ce domaine que 2016, Bangkok produisait 11.500 tonnes
l’État. » Wijarn Simachaya, directeur du d’ordures par jour, dont plus d’une tonne
AU D'A

département de contrôle de la pollution de plastique, et ce chiffre augmente


au sein du ministère de l'Environnement, d’année en année. Officiellement, à
IS E
U UR

estime que les Thaïlandais n'ont pas peine 16% est recyclé. Selon Mathilde,
encore pris conscience du problème. étudiante qui a passé six mois à Bangkok,
SO IE
M

"Nous sommes l'un des plus mauvais « les déchets il y en a souvent, ça dépend
T ER

élèves dans le monde en terme de déchets des jours, des heures, des quartiers. Sous
EN UP

rejetés en mer », des donnée confirmées les déchets parfois il y a des rats, c'est
M S

dans un rapport de l’association pas hyper agréable donc forcément on


C LE

américaine Ocean Conservancy,, où la ne va pas s'installer à côté d'une poubelle


O A

Thaïlande se situe au 4e rang des pays pour manger mais pour autant ça n’est
D ON
U

qui rejettent de plus de déchets plastiques pas non plus un obstacle à se déplacer
I

dans les océans. Bangkok de nos jours ne dans l'espace public ». Les déchets
AT

reflète pas l’image des villages thaïlandais dans les rues de Bangkok ont donc un
N

autrefois, avec les repas emballés dans impact : odeur, atmosphère, saleté mais
LE

des feuilles de bananiers. Cette époque ne représentent pas un obstacle à la


O

est résolue du fait des supermarchés circulation. Cela impacte aussi le système
EC

et des restaurants de rues. Il n’est pas de drainage de la ville, moins visible.


surprenant de trouver un magasin de rue Sarong Ruengsri, du département en
qui vend uniquement des sacs plastiques, charge du drainage et de l’évacuation des
de couleurs et tailles différentes. Les eaux de Bangkok explique « Tous les jours
sacs plastiques font partie du commerce. nous sortons en moyenne 2000 tonnes de
Lors d’un trajet en mini-bus, un enfant a déchets des canaux ».
vomi, le chauffeur s’arrête alors devant

62
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

63
S
TE
AN
N
U DE
beton

TE E
R
U R
La démesure de Bangkok se concrétise en structures de

'A U
béton que l’on peut voir à chaque coin de rue. Les passages

D CT
piétons surplombant les rues m’ont d’abord choquée, mais

IT E
c’était avant de voir qu’il était possible d’avoir des structures

O IT
comparables à des carrefours d’autoroutes, en plein cœur
R H
D RC
d’une capitale. Siam est un quartier brillant, neuf, où les
centres commerciaux et hôtels de luxe s’enchaînent. Mais
AU D'A

c’est aussi le cœur des transports en commun. Je suis dans


IS E

le métro aérien et m’arrête à Siam par curiosité. En sortant


U UR

du métro, je dois choisir entre six sorties, chacune proposant


SO IE

deux escaliers en béton. Je me dirige vers l’une au hasard et


M
T ER

me retrouve sous cette structure où les hommes semblent


si petits. Le béton cache la lumière du jour, et se poursuit en
EN UP

hauteur dans toute la rue. Je marche dans cette rue et me


M S

sens enfermée, ne pouvant voir le ciel. Des lignes massives


C LE

de béton se superposent. Je remonte au premier niveau de


O A

béton. J’entends les voitures et bus passer sous la structure,


D ON
U

les piétons se balader sur la structure, le métro passer au


I
AT

dessus de moi. Les rues de Bangkok ont trois niveaux.


N
LE
O
EC

64
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

65
66
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

67
es deux cartes représentent coins comme Sukkumvit, ou même Rama

L Bangkok, la ville en pleine


évolution en 1931 et la ville
béton en 2018. La première
carte provient de l’atlas « Maps of
Bangkok », carte réalisée par le Royal
IV, ça aurait était moins agréable parce qu'il
y a énormément de trafic autour. Et quand
on va dans ces quartiers là finalement il y
a de moins en moins de « street food » et
de plus en plus de cafés dans lesquels on
Survey Department. On peut y voir la ville est obligé de rentrer et de payer » raconte

S
et sa périphérie qui s’urbanisent. Les voies Mathilde. On prendra conscience plus tard

TE
sont représentées en rouge, le bâti en rouge que la circulation n’est pas le seul point

AN
et noir : les constructions en bois en noir et rendant ces rues moins agréables, mais

N
les constructions en maçonnerie en rouge. que les constructions en béton y sont pour

U DE
On remarque que les constructions en bois beaucoup. Dans le quartier de Sukhumvit,
sont très présentes, en général espacées quartier très vivant des expatriés, nous

TE E
des autres constructions afin de laisser nous arrêtions à l’arrêt de BTS Thong

R
U R
'A U
place à des zones vertes individuelles. Les Lo, pour nous rendre chez des amis. La

D CT
canaux y ont une place plus importante rue Sukhumit où s’arrête le BTS, est une

IT E
que les routes. Lorsque l’on compare cette double voie, d’une largeur comparable à la

O IT
carte à l’actuelle, on remarque que les
R H
D RC rue perpendiculaire Thong Lo. La grande
canaux ont disparu aujourd’hui sous des différence dans ces deux rues était le
couches de béton pour laisser place à des passage du BTS, impliquant les structures
AU D'A

routes que les constructions en bois et les de béton venant cacher le soleil, rendant
jardins privatisés ont été remplacés par la rue sinistre et sale. La rue Thong Lo,
IS E
U UR

des bâtiments en béton, et que le béton se au contraire, semblait plus vivante car
répand dans les périphéries de Bangkok notre regard pouvait se lever au dessus
SO IE
M

qui empiètent sur les anciennes terres des immeubles, et nous n’avions pas la
T ER

agricoles. La région entourant Bangkok a sensation d’être enfermés. Le béton règne


EN UP

été remplacée par une jungle de béton. Le à Bangkok, et fait partie de l’image qu’ont
M S

paradoxe est que ces structures en béton les voyageurs de cette ville, mais aussi de
C LE

sont bâties pour améliorer la qualité de vie ses habitants, entourés chaque jour de ces
O A

des habitants, libérer les routes, favoriser les structures aux dimensions inhumaines.
D ON
U

transports en commun, diminuer le temps On retrouve ce mal-être exprimé dans le


I

moyen passé dans les embouteillages et recueil de nouvelles de Bundit Chulasai,


AT

réduire la pollution. Ces structures veulent 1998, « Le mal au cœur du béton » qui
N

faire évoluer Bangkok mais viennent traduit les peurs de citadins générées par
LE

réduire des points essentiels au bien être l’évolution, la démesure et le gigantisme de


O

humain. Lors de notre échange, nous la ville de Bangkok, par un environnement


EC

apprécions les petites rues pour se balader, incontrôlable. Une des nouvelles « Le
manger, s’arrêter dans un café. L’ambiance condominium de l’Arc-en-ciel » met en
dans les grandes rues est complètement évidence le paradoxe entre un immeuble
différente : « Je pense aussi qu'on habitait dont la commercialisation vend un bâtiment
dans un quartier où on avait la chance de féerique, aux couleurs chatoyantes et
ne pas prendre la « street food » sur des un condominium bétonné qui affecte les
grosses avenues. Si on avait été dans des personnes vivant dedans et aux alentours.

68
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

69
chiens
Vendredi après midi, les cours sont terminés. Nous sommes
six étrangers à étudier l’architecture à Kasetsart, et ce soir
nous prenons l’apéro chez deux d’entre eux, qui habitent

S
TE
près de l’école. Il n’est pas tard, mais la nuit commence à

AN
tomber sur la ville. On se dirige vers un 7-Eleven pour faire
les provisions de la soirée, puis on interpelle deux taxis

N
pour se rendre à leur appartement. Ne sachant prononcer

U DE
correctement le nom de leur rue, ils font depuis des mois

TE E
comme ce que la majorité des étrangers font : trouver un

R
U R
point connu proche du lieu, apprendre à en prononcer

'A U
D CT
correctement le nom, et donner ce nom là au chauffeur de
taxi. Nous arrivons, les deux taxis se garent en file indienne,

IT E
O IT
nous payons, descendons, et nous voilà à cinq minutes à
R H
pied de leur appartement. Un des garçons nous prévient
D RC
: il fait nuit, on risque de croiser des chiens. Jusque là, je
AU D'A

n’ai eu aucun problème avec les chiens de Bangkok, les


croisant de loin, ils étaient en général en train de dormir sur
IS E

le trottoir. On a toujours un peu l’appréhension d’en croiser


U UR

un qui a la rage, d’autant plus que je ne suis pas vaccinée.


SO IE

Nous sommes six et nous occupons toute la largeur de cette


M
T ER

rue où peu de voitures circulent. Au bout on aperçoit des


EN UP

silhouettes noires bouger. Les deux français sont habitués,


nous sommes juste bouche bée devant cette scène digne
M S
C LE

d’un dessin animé. Cinq chiens se sont répartis sur la


largeur de la route, le regard fixé sur nous, et commencent
O A
D ON

à s’approcher. Les deux français nous disent de reculer


U

doucement, mais les chiens accélèrent. Si nous courrons,


I
AT

ils nous rattrapent. On cherche dans les provisions achetées


N

auparavant ce qui pourrait les distraire. Un des français


LE

sort une saucisse encore chaude et la lance en direction


O

des chiens en nous disant de courir dans une petite rue


EC

perpendiculaire. Nous courrons. Une fois les chiens semés,


nous diminuons la cadence. Les deux français ont l’habitude
de ce scénario, et connaissent leur quartier par coeur à force
de devoir dévier de leur chemin pour éviter les chiens. La
soirée commence bien !

70
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

71
es chiens de rue de Bangkok, vaccination à Bangkok permet de limiter

L appelés « soi dogs » sont


présents jour et nuit, souvent
en meute, dans certaines
rues de Bangkok. Ils se trouvent parfois
près des vendeurs de rue, pour nettoyer
les risques à la fois pour les humains et
pour les animaux. La Soi Dog Foundation,
en grande partie responsable des
changements en faveur des animaux
abandonnés, continuent d’organiser des
les trottoirs une fois que les vendeurs opérations limitant leur nombre ou les

S
partent, ou ramasser le premier morceau accueillant. Cependant, Martin Turner, un

TE
de poulet qui tombe. On peut aussi les des porte-paroles de la fondation, explique

AN
trouver dans les rues de restaurants, qui qu’il faudrait plus de sept ans pour stériliser

N
leur donneront un peu de nourriture à la la totalité des animaux errants. Bangkok est

U DE
fermeture. Et enfin on les trouve dans des une ville où je me suis sentie en sécurité
rues quelconques, en meute. En tant que avec les autres humains, ce qui n’est pas

TE E
voyageur, touriste, ou expatrié à Bangkok, le cas dans la plupart des villes où j’ai vécu

R
U R
'A U
les chiens peuvent facilement nous effrayer, en France. En revanche, j’y ai eu peur

D CT
n’ayant en général pas eu affaire à la rage, des chiens, lorsque je me baladais, bien

IT E
ne sachant reconnaître un chien en rage, que mon quartier ne fut pas le plus peuplé

O IT
et ne sachant quelle réaction adopter. En
R H
D RC d’animaux errants. Après avoir parlé aux
2016, le Bangkok Post compte plus de 300 erasmus vivant près de l’école, je compris
000 soi dogs dans les rues de Bangkok, que les soi dogs pouvaient être un réel
AU D'A

dont très peu sont vaccinés. En 2005, afin problème dans l’espace urbain, incitant les
d’améliorer la situation, l’Administration humains à adapter leur comportement aux
IS E
U UR

métropolitaine de Bangkok (BMA), met animaux : changer de rue, courir, regarder


en place un système d’enregistrement autour. La présence de chiens peut
SO IE
M

par puce électronique, afin de diminuer enlever la sérénité d’une balade et rendre
T ER

les abandons, cause de leur présence certains endroits de la ville effrayants et


EN UP

dans les rues et de pouvoir retrouver les inaccessibles. Cependant cela reste une
M S

propriétaires. Le système est toujours en des caractéristiques de la ville. On trouve


C LE

place de nos jours, le problème est que là aussi un paradoxe dans la culture
O A

la puce électronique est payante et une Thaïlandaise, car s’abstenir de nuire à la vie
D ON
U

amende encore plus coûteuse est donnée d’autres être vivants fait partie des premiers
I

par le gouvernement si le propriétaire préceptes du Bouddhisme, inculqués


AT

n’enregistre pas son chien. Cette loi a dans les premières années d’école. Les
N

Photographie du site internet The Taiger - droits réservés

donc eu pour effet que des propriétaires Thaïlandais apprennent très tôt à être
LE

ne souhaitant ou ne pouvant pas payer charitables envers les animaux et pourtant


O

l’enregistrement abandonnent leur chien beaucoup restent battus, abandonnés et


EC

et le nombre de chiens dans les rues de deviennent par la suite un problème dans
Bangkok augmente. Pour y remédier, la l’espace urbain.
BMA décide en 2010 d’organiser deux dates
par an, périodes au cours desquelles les
propriétaires ont la possibilité de vacciner
leurs animaux domestiques gratuitement.
Cette campagne de stérilisation et de

72
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

73
khlongs

S
TE
La fin de la saison des pluies approche, le soleil brille à

AN
Bangkok. La journée parfaite pour se balader. En revanche,

N
pas envie de me balader en bus, au milieu de la pollution et

U DE
des embouteillages, à transpirer sur des sièges en cuir. Pas
envie non plus de marcher plus d’une heure sous le soleil.

TE E
Pas plus envie de me déplacer en métro où la climatisation

R
U R
'A U
vous fait froid dans le dos. Il me reste le bateau, qui convient

D CT
parfaitement à une journée ensoleillée. Les étudiants m’ont

IT E
prévenue : ne te fais pas avoir parce que tu ressembles à

O IT
une touriste. Je m’approche des quais et deux thaïlandais
R H
se précipitent pour me vendre des tickets de tour touristique
D RC
de Bangkok à la journée, en bateau à travers les khlongs. Il
AU D'A

fallait s’y attendre, ça me fait sourire. « No tourist, ticket 10


baths ». Ils me sourient en retour, s’excusent et m’indiquent
IS E
U UR

l’endroit où je dois attendre pour les bateaux qui ne sont


pas des « tours » mais un réel moyen de transport public
SO IE
M

de Bangkok. La majorité des personnes sur ces bateaux


T ER

est thaïlandaise et a apparemment l’habitude de sauter du


EN UP

ponton pour accéder au bateau, tandis que moi j’aurai besoin


M S

d’une bonne minute pour ne pas tomber à l’eau. Toujours


C LE

touriste à priori. Je passe ma journée sur les khlongs, en


O A

m’arrêtant de temps à autre pour visiter un temple, me


D ON
U

balader dans les ruelles, grignoter, me poser dans un parc.


I

Les khlongs sont un excellent moyen de découvrir les


AT

différentes facettes de Bangkok. J’observe les personnes à


N

leur balcon étendre le linge, se reposer, jouer. Les alentours


LE

des khlongs peuvent varier à chaque tournant en passant


O

de trois mètres de largeur, entourés de murs colorés par les


EC

graffitis, à huit mètre de largeur avec de grands bâtiments


bétonnés.

74
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

75
angkok a de nombreux sortant. Ce moyen de transport est aussi

b surnoms, dont le surnom de


« La Venise de l’Asie du sud
est » durant le 19e siècle,
à cause des différents canaux présents
dans la ville. Le fleuve Chao Praya (qui
moins confortable qu’une voiture privée,
taxi, ou métro, car il n’a pas de climatisation,
le bruit du moteur est assourdissant, et
seules des bâches en plastique mises à la
va-vite sont déroulées lorsqu’il commence
signifie en thaïlandais Seigneur des eaux) à pleuvoir. Cependant, en 2012, ce

S
traverse la ville de Bangkok, et constitue moyen de transport compte plus de 100

TE
le début d’un réseau de canaux qui se 000 passagers par jour. Le transport par

AN
disperse dans la ville. Ces canaux, appelés bateau permet de voir un autre Bangkok,

N
Khlongs (parfois Klong), étaient autrefois plus en lien avec l’ancien Bangkok. Des

U DE
bien plus nombreux, les routes bétonnées maisons individuelles, appartements avec
en ayant recouvert une majorité à la fin le linge au balcon et des petits commerces,

TE E
du 19e siècle, Bangkok souhaitant suivre longent les canaux, et parfois même un

R
U R
'A U
le modèle Européen en se modernisant accès direct à l’eau, permettant d’y laver

D CT
pour accueillir la population grandissante la vaisselle ou d’accéder aux barques

IT E
avec un système de transport basé sur les privées pour le transport de marchandises.

O IT
routes. Bangkok était quadrillée de khlongs
R H
D RC Le problème des canaux et du fleuve de
qui servaient au transport, commerce et Bangkok est l’état insalubre de l’eau, qui ne
égouts. Les marchés flottants avaient donne pas envie aux habitants de profiter
AU D'A

pour habitude de couvrir ces canaux, de ces canaux pour des loisirs. Ils sont
mais aujourd’hui les quelques marchés aujourd’hui utilisés uniquement de façon
IS E
U UR

flottants restant sont en dehors de la ville pratique. Tawatchai Laosirihongthong,


et majoritairement touristiques. La plupart spécialisé dans les transports à l’université
SO IE
M

des khlongs restant se trouvent dans le Thonburi, considère que « tout est à
T ER

centre de Bangkok, rattachés au fleuve améliorer, les pontons doivent être


EN UP

principal. Les khlongs sont aujourd’hui reconstruits, des lampadaires installés ».


M S

majoritairement utilisés comme un moyen Bangkok souffre d’un manque d’espace


C LE

de transport public, permettant aux public qui, selon Mathilde, pourrait être
O A

habitants d’éviter les embouteillages sur comblé par l’aménagement de ces berges
D ON
U

les routes. Les bateaux ont des pontons « Quand on voit tous les canaux qu’il y
I

d’arrêts, et les utilisateurs disposent de avait à Bangkok, c’est vrai que venant de
AT

quelques secondes pour sauter dedans Nantes on ne peut pas s’empêcher de se


N

ou en sortir. Lorsque le bateau s’arrête, il dire qu’un aménagement de ces berges


LE

bouge toujours à cause des vagues créés pourrait être super agréable. Après je ne
O

par les autres bateaux et cela demande sais pas, peut-être qu’il y ferait 1000 fois
EC

une certaine agilité pour s’accrocher aux trop chaud, mais on aurait envie de voir des
cordes reliées à la bâche qui recouvre le espaces extérieurs comme ça et de pouvoir
bateau, afin de ne pas tomber. Bien que s’installer dehors parce que c’est quelque
plus rapide qu’en voiture, certains habitants chose qui manque à Bangkok ».
ne se risquent pas à prendre ces bateaux,
de peur d’être éclaboussés par les vagues
ou de manquer la marche en entrant ou

76
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

77
fraicheur

S
J’apprends de jour en jour les habitudes des habitants de

TE
Bangkok. L’une d’elle consiste à éviter la chaleur dans les

AN
gestes du quotidien, telles que d’aller d’un point A à un point

N
B. Je suis dans le quartier de Siam. La chaleur, la pollution

U DE
environnante et les rues bondées rendent l’atmosphère
étouffante. Je ressens ce besoin d’air frais dont nous parlent

TE E
R
U R
les étudiants thaïlandais. Aujourd’hui, je suis le mouvement

'A U
et ne prendrai pas les trottoirs mais les rues intérieures qui

D CT
sont simplement les centres commerciaux qui s’enchaînent

IT E
sur plusieurs centaines de mètres et permettent de marcher

O IT
R H
au frais. Ces espaces n’ont pas été conçus pour ça et
D RC
ressemblent aux centres commerciaux européens. Mais
c’est la principale utilité que les habitants ont fini par donner
AU D'A

à ces intermédiaires entre deux magasins. Les terrasses


IS E

sont vides mais les cafés, dans ce centre commercial, sont


U UR

pleins car ils sont frais. La fraicheur est un luxe à Bangkok.


SO IE

Je me déplace en bus pour me rendre à l’école, et j’ai le choix


M
T ER

entre plusieurs bus. Je prends généralement le premier qui


arrive. Si je monte dans un rouge, alors j’arriverai à l’école
EN UP

transpirante. Mais si je prends un jaune, je paie plus cher


M S

et j’ai la climatisation. Cette recherche permanente de


C LE

fraicheur n’est pas dans ma culture, et je m’en rends compte


O A

à plusieurs reprises. Le musée Jim Thompson de Bangkok


D ON
U

est un oasis en plein cœur de la ville. Ce musée dispose d’un


I
AT

restaurant avec une partie intérieure et une extérieure. Un


week-end où je déjeunerai là bas, je m’installe en extérieur
N
LE

près du bassin, afin d’être plus au frais. Nous sommes


étonnés de l’efficacité de ce bassin d’eau, jusqu’à ce que
O
EC

l’on se rende compte qu’au fond de la terrasse se trouve un


climatiseur de la taille d’un humain. Nous sommes dans un
restaurant de luxe.

78
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

79
vec la hausse des températures Thaïlandais passent leur temps entre leur voiture

A à Bangkok causées par le


réchauffement climatique, la
pollution, l’augmentation du
nombre de bâtiments construits et en construction,
la perte d’espaces verts, la climatisation devient
et les malls, ce qui leur permet d’être toujours dans
un environnement climatisé ». Nous n’avons pas
besoin de beaucoup de temps à Bangkok pour se
rendre compte de l’importance de la climatisation,
avec un frais ambiant dans les transports en
indispensable aux habitants de Bangkok. Entre commun, dans les malls, dans les salles de
classe, et autres lieux utilisés majoritairement

S
1998 et 2008, la climatisation a provoqué une

TE
augmentation de 240% de la consommation par la classe sociale moyenne ou élevée. La
d’électricité, ce qui impacte l’émission de CO2. La climatisation n’est pas seulement un besoin,

AN
climatisation ou son absence influence les modes il est devenu un mode de vie représentant une

N
de circulation dans l’espace urbain : « Nous on classe sociale, un bien-être réservé à ceux qui

U DE
évitait de marcher dehors. On avait tendance peuvent payer (malls, métro, études). Les malls
même à se déplacer de centres commerciaux deviennent un endroit pour passer du temps, où

TE E
les Thaïlandais se sentent bien, où ils se rendent

R
U R
en centres commerciaux, à l’intérieur», explique

'A U
Mathilde, en erasmus à Bangkok, qui prendra le non pas par besoin mais par envie. Lorsque que

D CT
rythme et les habitudes des Thaïlandais au bout je demande si les contres commerciaux sont
destinés uniquement à la consommation, Nyx

IT E
de quelques mois. Cette utilisation de l’espace

O IT
réinvente la définition de rue, la climatisation m’explique : « Non, par exemple après avoir
R H
étant l’élément majeur venant créer des rues à fini de travailler ou d’étudier ils vont dans les
D RC
l’intérieur des espaces publics et fermés. Elle centres commerciaux parce qu’ils ont besoin de
la climatisation tout le temps, parce que dehors
AU D'A

n’influe pas uniquement sur les circulations, mais


aussi sur les différents espaces publics extérieurs il fait trop chaud. Parfois je vais aussi dans les
IS E

de Bangkok, inutilisés car inutilisables la plupart centres commerciaux, là où ils ont des espaces
U UR

du temps à cause de la météo : « Il y a quelques extérieurs, mais ça n’est pas comme un parc, ils
ont un système de refroidissement, en extérieur,
SO IE

grands parcs mais il sont complètement inhabités


M

ce qui aide beaucoup. » Les restaurants et cafés


T ER

la journée parce qu'il fait trop chaud et que les


espaces d'ombres ne sont pas aménagés. Enfin en viennent donc à installer des systèmes de
EN UP

tout bêtement faire des espaces de pergolas, refroidissement de l’air en extérieur, afin d’offrir
des espaces où les clients ont la sensation
M S

des espaces brumisants ou des choses comme


d’être au cœur de Bangkok mais avec une
C LE

ça, ça changerait tout. Et ça serait des endroits


où l'on pourrait s'installer confortablement météo agréable. Ces espaces sont l’opposé des
O A

rues où les cuisines s’installent en extérieur, où


D ON

mais en fait il manque vraiment cette culture


U

de rester dehors à un moment si y'a pas la les maisons sons ouvertes sur la rue et où l’air
I
AT

clim. » L’absence d’aménagement des espaces chaud est présent partout. On retrouve dans ces
espaces climatisés la notion Occidentale d’un
N

publics extérieurs engendre la sur-utilisation


espace agréable : blanc, lumineux, propre et
LE

des espaces publics intérieurs de la ville, une


utilisation qui fait maintenant partie des habitudes frais. Jun'ichirō Tanizaki parle de cette différence
O

thaïlandaises. Ce style de vie est récent, selon dans son livre L’éloge de l’ombre, avec un
EC

Photographie de Manek - droits réservés

Niramon Kulsrisombat, professeur d’architecture esthétisme occidental en complète opposition à


et de développement urbain à l’université l’esthétisme et la réponse au bien-être japonais,
Chulalongkorn, Bangkok : « À partir des 1960, la et plus largement, Asiatique. Ici, on parle de cette
Thaïlande s’est inspirée du modèle américain, du même contradiction au cœur d’une ville, où la
style de vie à l’américaine, ce qui se traduit par climatisation prend place au fil des années dans
une certaine philosophie urbaine : peu d’espaces la représentation d’un mode de vie occidental, un
publics, une ville construite pour les voitures, mode de vie dont les Thaïlandais qui peuvent se
avec des quatre voies, des expressways etc. Les le permettre raffolent.

80
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

81
S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
R H
D RC
près la déambulation,

A l’appropriation. Elle concerne


AU D'A

celle que je me fais de l’espace


au fil des mois, à force de
IS E
U UR

déambulation et d’interactions. Mais cette


appropriation est surtout celle des habitants
SO IE
M
T ER

dans un espace qui leur est imposé.


EN UP
M S
C LE
O A
D ON
U
I
AT
N
LE
O
EC

82
l' appropriation

Mon appropriation n’est qu’une tentative de

S
me mêler à cette vie, de l’expérimenter le

TE
plus possible.

AN
N
L’appropriation concerne la vie publique

U DE
et privée. En arrivant à Bangkok, je ne
sens étrangère, touriste, regardée. Mais

TE E
R
U R
au fur et à mesure je me sens chez moi,

'A U
je prends mes marques, je m’intègre à un

D CT
rythme de vie local : celui des étudiants de

IT E
mon âge mais aussi aux rituels et pratiques

O IT
des habitants de mon quartier. Je me sens
R H
D RC
rapidement intégrée. Ce sentiment semble
improbable au vu des proportions de la
AU D'A

ville. Mais à l’échelle d’un quartier, on peut


IS E

retrouver un sentiment de vie de famille.


U UR
SO IE

Avec seulement six mètres carrés d’espace


M
T ER

public par personne, les habitants de


Bangkok ont pris pour habitude de s’étaler.
EN UP

On constate une personnalisation des


M S

espaces qui se fait rare dans les pays


C LE

Occidentaux, du moins dans les villes de


O A

cette taille. Cela me demandera du temps


D ON
U

de m’adapter et d’oser cette façon de vivre.


I
AT

Cette intégration me permettra


N

d’expérimenter jusqu’à me créer une routine


LE

afin de mieux comprendre l’appropriation


O

que se font les habitants de la ville, des


EC

quartiers, des rues et trottoirs. Bien que les


expériences se transforment en un mode
de vie, je raconte ici les premières fois de
ces expériences, les premières fois où
je questionnerai cette appropriation des
espaces qui m’est étrangère.

83
84
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
Vie publique / Vie privée
U R
TE E
l'appropriation
U DE
R
N
AN
TE
S

85
S
TE
AN
cigarette

N
U DE
Je fume, régulièrement, et la chaleur de la ville n’a pas
diminué cette envie. Il me reste du tabac de France lorsque

TE E
R
U R
j’atterris à Bangkok, et j’en ai bien besoin après ces longues

'A U
heures d’avion. En attendant un taxi, j’en allume une. Je suis

D CT
en décalage horaire, déboussolée, je ne me demande même

IT E
O IT
pas si j’ai le droit où non de fumer ici. Je veux juste fumer,
R H
je verrai bien. Ma deuxième cigarette en Asie se fera dans
D RC
les rues du quartier où le taxi nous emmène. Nous sommes
AU D'A

si excités, nous allons pouvoir poser nos affaires dans ce


qui sera notre appartement pour les six prochains mois. On
IS E

sent les regards se poser sur nous. Surement parce que


U UR

nous sommes européennes, portant des sacs à dos plus


SO IE

volumineux que nous. Après ces intenses moments, nous


M
T ER

sortons pour une petite balade dans ce que nous appelons


EN UP

maintenant « notre quartier ». Personne dans les rues ne


lève la main à la bouche afin de fumer. Peut-être à cause
M S

de la chaleur, de la pollution. Je me sens gênée de fumer.


C LE

Alors je cherche un endroit où les regards sont limités, où


O A
D ON

personne ne peut sentir. Je m’aperçois que même dans


U

les espaces publics extérieurs, des panneaux indiquent


I
AT

une interdiction de fumer. Parfois dans la rue. C’est avec


N

la cigarette que je questionnerai pour la première la notion


LE

d’espace public à Bangkok.


O
EC

86
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

87
umer dans les espaces publics : parcs, restaurants, temples, écoles et

F publics d’une ville est pour


moi représentatif de la liberté
qu’accorde le pays dans ces
espaces. Il est intéressant de voir à Bangkok
que les personnes fumant dans la rue sont
bâtiments du gouvernement. On ajoute à cela
tous les espaces où se trouve un panneau :
« Interdiction de fumer : amende de 2000
baths », une amende qui s’applique aussi aux
personnes jetant les mégots par terre. Tash, un
une majorité de travailleurs de chantiers ou fermier thaïlandais, a vu l’évolution au fil des

S
les moto taxis. Ce sont donc les personnes les années : « Ça allait, avant que le gouvernement

TE
plus pauvres qui fument et ceux qui travaillent ne.. tu sais.. fasse sa propagande : ne pas

AN
en extérieur. Ces travailleurs n’ont pas de lieu fumer, ça n’est pas bon, ce sont les règles »

N
prédestiné pour faire de pause et l’associe et l’on comprend par cette phrase qu’il n’y a

U DE
à une discussion et une cigarette avec les pas de protestation possible, tout comme il n’y
autres travailleurs. En six mois, je n’ai jamais a pas d’explications à cette interdiction. Fumer

TE E
croisé un étudiant en uniforme avec une

R
dans les lieux publics n’est pas seulement une

U R
'A U
cigarette, et je me suis toujours sentie mal à question de lois, qui semblent imprécises et

D CT
l’aise de fumer dans les lieux publics ou dans adaptées en fonction des lieux et des personnes

IT E
la rue. Un jour de visite de site avec deux qui procédent aux arrestations, mais cela est

O IT
étudiantes thaïlandaises, nous marchions
R H
D RC aussi une question de culture et d’image que
le long des khlongs lorsqu’un homme s’est cela renvoie. Selon Dawn, les femmes ne
approché de nous et à commencé à vouloir fument pas car cela n’est pas esthétique et ne
AU D'A

me retirer la cigarette de la main, me disant renvoie pas une image féminine : « Les seules
que je ne devais pas fumer ici. Bien que cette femmes qui fument sont des prostituées. Donc
IS E
U UR

personne ne faisait pas partie de l’armée ou si tu fumes, tu ressembles à une prostituée.


du gouvernement, étant un habitant lambda C’est pour ça que tu ne verras pas beaucoup
SO IE
M

de Bangkok, je préférais éteindre ma cigarette


T ER

de femmes fumer. » Lorsque je parlerai de cette


devant lui, ne comprenant pas bien pourquoi. vision à Nyx, elle me répond que c’est aussi
EN UP

Les étudiantes me dirent après que cet homme une question de génération, qu’elle fume mais
M S

n’avait aucun droit de me demander ça mais elle évite de le faire dans les lieux publics ou
C LE

qu’ici il fallait mieux le faire pour ne pas avoir devant sa grand mère ou ses parents, car cela
O A

de problème. On me demandera parfois renvoie à une image de mauvaise éducation


D ON
U

d’éteindre ma cigarette sur les esplanades pour ces générations. Nyx se rend compte
I

en face des grands centre commerciaux, que cette réaction n’est appliquée qu’aux
AT

bien que l’espace soit en plein air, il est donc femmes et m’avouera que c’est en partie pour
N

difficile de comprendre quels sont les espaces se battre contre cette différence qu’elle se
Photographie de Christopher G. Moore - droits réservés
LE

à Bangkok où l’habitant peut fumer sans se mettra à fumer, comme une provocation. De
O

sentir hors-la-loi. Les cigarettes électroniques nouvelles lois entre en application fin 2018, du
EC

sont un autre sujet, la vente en étant interdite, département de la santé publique, obligeant
et l’utiliser en espace public étant passible de les fumeurs à se tenir à l’écart des bâtiments et
prison ou d’amendes. Cependant, aucune loi lieux publics. L’interdiction concerne aussi les
n’est écrite à ce sujet, ce qui laisse penser clients de cafés et restaurants qui sortent fumer
que les lobbys locaux du tabac peuvent être une cigarette. Un périmètre de cinq mètres aux
derrière cette « interdiction ». Les cigarettes entrées et sorties de bâtiments publics entre en
sont donc interdites dans de nombreux lieux vigueur afin d’y interdire de fumer.

88
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

89
`
A TABLE !

S
TE
AN
Mardi soir, on se balade dans les ruelles du quartier avec
ma colocataire dans l’espoir de trouver un restaurant. On

N
aperçoit des chaises en plastique, typiques des restaurants

U DE
de rue. On entre alors dans la cour, qui semble être privée et

TE E
publique en même temps. Des enfants jouent dehors, près

R
U R
'A U
de places de parking, une mère étend son linge sur le balcon,

D CT
deux personnes discutent près d’un appartement qui semble

IT E
faire office de magasin. En approchant du restaurant, deux

O IT
femmes nous sourient et nous nous installons. Le menu
R H
est en Thaïlandais, alors on tente de donner les quelques
D RC
noms de plats que nous connaissons et par chance, le «
AU D'A

Tom Kai Gai » a fonctionné. On s’installe en bout de table,


en terrasse avec vue sur parking. La terrasse est juste en
IS E
U UR

face de l’entrée du restaurant, qui a plutôt l’allure d’un salon


d’appartement. Un canapé, une télé, un aquarium et une
SO IE
M

table qui fait office de comptoir. D’où nous sommes, nous


T ER

voyons un enfant regarder la télé et un autre dormir sur


EN UP

le canapé. Les femmes sont dans la cuisine, à l’arrière du


M S

salon, que nous ne pouvons voir. Repas épicé, délicieux,


C LE

nous sommes repues. Au moment de payer, nous hésitons.


O A

Les femmes ne sont pas dans le salon et ne peuvent donc


D ON
U

nous voir, mais nous n’osons pas entrer dans cette pièce
I

qui semble être privée et intime. Après un temps d’hésitation


AT

nous entrons et tentons quelques mots en Thaïlandais afin


N

de les interpeller. Une des femmes arrive, nous donne le prix


LE

et nous payons. La gêne d’être dans cet espace ne venait


O

que de nous, la femme semblant être très à l’aise et pas


EC

choquée du tout de nous voir dans son salon, à côté de ses


enfants.

90
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

91
es limites entre espace public, floues : « Je me souviens de l'endroit où on

l privé, semi-public et semi-privé


ne sont pas matérialisées à
Bangkok et les volontés de
délimitation par les habitants ne sont pas
aussi importantes qu’en Europe. Dans les
allait tout le temps manger, où finalement
quand on mangeait à l'extérieur, dès qu’on
rentrait à l'intérieur du restaurant en fait
ils étaient en train de faire la sieste ou de
regarder la télé. Enfin c'était chez eux quoi.
quartiers touristiques on voit peu de scènes Et les gens avaient vraiment cette capacité

S
de vie familiale dans les lieux publics mais là, même les vendeurs de rue, à venir et à

TE
dès que l’on s’éloigne, la vie de famille s'installer et à faire de la rue comme si c'était

AN
est visible dans la plupart des restaurants un peu chez eux. Même s’ils ne venaient

N
et magasins de rue. Cela interpelle les peut-être même pas de l'immeuble à côté en

U DE
Occidentaux au premier abords : « Parfois fait. Parce que ça, dans les restaurants qui
c’était bizarre de voir le lit à côté de la avaient pignon sur rue, oui ça se ressentait,

TE E
réception du restaurant, la télévision du mais ça se ressentait même dans les stands

R
U R
'A U
salon dans un magasin ou encore toute de rue où les gens venaient et se posaient

D CT
une famille avec des enfants qui jouaient comme s'ils étaient chez eux, parce qu'ils

IT E
dans un petit restaurant en bord de rue, et avaient juste mis trois chaises et un stand

O IT
une femme qui cuisine avec des aliments
R H
D RC quoi » se rappelle Mathilde, qui s’est
qui sortent du frigo personnel. » Dans sa aussi retrouvée dans le doute à Bangkok :
phrase, Sascha, voyageur allemand, met « Quand on passait le hall d'entrée on était
AU D'A

en parallèle des objets du quotidien qui ont chez les gens, et en même temps on était
une valeur personnelle dans notre culture : toujours dans l'espace public parce qu'on
IS E
U UR

réfrigérateur, lit, télévision et des espaces était toujours dans le restaurant pour passer
sensés être publics : restaurant, magasin. sa commande. » Ces shophouses font partie
SO IE
M

La disposition de ces meubles engendre


T ER

intégrante du paysage urbain de Bangkok,


un gain d’espace mais permet aussi de ne et donne une ambiance particulière aux rues
EN UP

jamais être seul, de vaquer à ses occupations : « Chaque shophouse est comme une face
M S

sans avoir à changer d’espace. À Bangkok, du monde de son propriétaire. Les maisons
C LE

on trouve plusieurs types de logements derrière les clôtures… elles sont privées,
O A

dont la majorité se divise en trois catégories vers l’intérieur. Les shophouses disent
D ON
U

: les condos, les maisons privées et les « Bonjour ! ». » rapporte Ing.K, ayant grandi
I

shophouses. Les habitants des shophouses à Bangkok, dans un article du New York
AT

ont une partie de l’appartement en rez-de- Times. Cependant, des études montrent que
N

chaussée donnant sur la rue et le reste se la tendance pour les shophouses baisse. Les
LE

trouve aux étages supérieurs. Ils ont donc la demandes se portent plus vers des maisons
Photographie d’ Helena La Petite - droits réservés
O

possibilité de rentabiliser cet emplacement privées en banlieues, une demande en lien


EC

en y vendant de la nourriture, des boissons, avec l’évolution des modes de vie familiaux
massages etc. Ces shophouses font en des nouvelles générations. Il est de moins
moyenne entre 3.5m et 6m de largeur et en moins commun dans la capitale de voir
12m de longueur. Les trottoirs n’étant pas des familles sur trois générations vivant
immenses, l’activité commerciale et l’accueil dans le même habitat et les espaces de
des clients se passe au rez-de-chaussée, travail se séparent de plus en plus des
ce qui rend les limites entre public et privé espaces de vie.

92
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

93
94
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

Photographie de Mick Shippen - droits réservés


EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

95
S
TE
rendez-vous

AN
Nous avons beau vivre à Bangkok depuis plusieurs mois,

N
certaines habitudes ne disparaissent pas. Nous nous

U DE
retrouvons en appartement de temps en temps afin de

TE E
prendre l’apéro, regarder un film, passer du temps entre

R
U R
amis. Lorsque nous le proposons aux étudiants thaïlandais,

'A U
D CT
peu sont tentés de passer du temps en appartement tel
qu’on a l’habitude de le faire en Europe. Mais on s’adapte, et

IT E
O IT
ils s’adaptent. On tente différentes soirées, en leur montrant
R H
notre façon de faire, et ils nous montrent la leur. Les rues de
D RC
Bangkok sont riches en cafés, bars et restaurants. À mon
AU D'A

arrivée je me demandais comment tous ces cafés pouvaient


vivre. En sortant avec les étudiants, je comprends. Certains
IS E
U UR

cafés sont même adaptés pour y passer une journée entière


et s’y sentir comme à la maison. Certains endroits sont
SO IE

dotés de douches pour pouvoir y passer la nuit. Ces cafés


M
T ER

sont principalement utilisés par les étudiants qui passent


EN UP

des journées et nuit à étudier et se retrouvent entre amis


M S

dans ces lieux. Ils y trouvent la sensation de bien être


C LE

que l’on peut avoir dans nos appartements mais dans des
O A

espaces qui sont publics. Je passe une journée dans un


D ON
U

café du campus pour faire une maquette avec ma partenaire


de travail. L’espace est bien éclairé, a différentes assises,
I
AT

des plaids, la possibilité de s’allonger, des toilettes. Le bar


N

propose boissons et nourriture. Une musique en fond, pas


LE

besoin de plus pour s’y sentir à l’aise et pour y passer la


O

journée.
EC

96
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

97
ans le quartier où nous dans un espace où la communication est

d habitions pendant six mois,


nous avions une moyenne
de trois cafés par rue, plus
ou moins chers, mais en général avec un
intérieur et une façade plus travaillée et
engendrée par le positionnement des
tables, un autre où l’on peut s’asseoir sur de
longues marches, placer une petite table,
être seul ou à deux, avec un plaid ou non…
Différentes ambiances au sein d’un même
propre que les restaurants de rue. Ces espace qui devient plus attractif qu’une

S
cafés sont devenus un phénomène de bibliothèque où le silence ne saurait être

TE
mode à Bangkok ces dernières années, rompu. Le lieu est conçu pour offrir tout ce

AN
les réseaux sociaux et particulièrement dont un étudiant pourrait avoir besoin pour

N
Instagram ayant une grosse influence sur une journée de travail efficace et agréable :

U DE
cette évolution. Les cafés de Bangkok plaids, nourriture, boissons, toilettes, livres
sont propices à la rencontre, au repos et et photocopieuses. À Bangkok, les cafés

TE E
au travail, ces espaces proposant des sont donc considérés comme des espaces

R
U R
'A U
ambiances et atmosphères diverses en publics, car mieux pensés et plus utilisés

D CT
fonction des envies/besoins des clients. que des espaces extérieurs comme des

IT E
Ils sont donc des espaces conçus pour se parcs. Selon Mathilde, « c’est des espaces

O IT
sentir « comme à la maison » en dehors de
R H
D RC qui sont fermés, où l’on va souvent être là
chez soi, ce qui permet inconsciemment pour aller consommer, il va falloir prendre un
aux habitants de tester plusieurs habitats café pour aller y bosser toute la journée. Ça
AU D'A

en peu de temps. Les étudiants nous ne coûte pas grand-chose mais le geste est
venteront ces espaces que nous essaieront complètement différent et on ne s’approprie
IS E
U UR

sans grande conviction. Non pas que les l’espace de la même manière. » Pour
espaces ne soient pas agréables, mais Mathilde, ces cafés considérés à Bangkok
SO IE
M

nous n’avons pas pour habitude d’utiliser comme des espaces publics restent des
T ER

les cafés de cette façon. Il faut cependant commerces qui fonctionnent parce que les
EN UP

reconnaître que certains sont parfaitement espaces publics eux ne sont pas pensés
M S

conçus pour y passer la journée. Selon Nyx, pour les habitants. Cela influera sur notre
C LE

« beaucoup de Thaïlandais utilisent les façon de vivre, nos habitudes nantaises,


O A

cafés comme un lieu public où ils peuvent notre vision, appropriation et utilisation des
D ON
U

travailler. On a juste besoin d’acheter un espaces dits publics : « on était beaucoup
I

café pour s’asseoir toute la journée, ou pour plus chez nous à Bangkok parce qu’on
AT

six heures, on n’a pas besoin d’acheter plus avait des espaces plus agréables, on avait
N

que ça. Les cafés ont aussi des espaces un toit, on avait une piscine où on pouvait
LE

de co-working, pas juste des tables et des aller plutôt que d’aller dans un centre
O

chaises, cela a été pensé pour travailler (…) commercial ou dans un café qui sont pas
EC

on en trouve de plus en plus, ça marche non plus hyper sympas. Finalement on


vraiment bien. » Lorsque je me rendrai avec allait dans les cafés que quand on avait
Nyx à « Too fast too sleep » sur le campus des choses à faire, donc du travail ou autre
de l’école d’architecture, je me rends chose alors qu’à Nantes c’est l’inverse c’est
compte que l’espace a été pensé pour qu’il à dire qu’on sort de chez nous l’été quand
soit facilement conciliable à différentes il fait beau pour aller justement vaquer à
façons de travailler : avec ou sans musique, différents loisirs de type boire des bières. »

98
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

99
S
TE
AN
N
hamac

U DE
TE E
Je croise peu de personnes prenant le temps de se poser

R
U R
à l’extérieur dans les espaces publics de Bangkok. Elles se

'A U
D CT
ressemblent, ce sont en général des hommes travaillant à

IT E
l’extérieur, qui posent un hamac pour s’allonger sur l’espace

O IT
même de travail. Les utilisateurs de hamacs semblent
R H
paisiblement dormir, alors que le trafic des voitures gronde à
D RC
deux pas d’eux. Dans les parcs on croise aussi des hamacs
AU D'A

accrochés aux arbres, à l’ombre. On peut aussi en voir dans


des endroits improbables, accrochés entre un arbre et un
IS E
U UR

poteau en bord de route, avec un stand de nourriture sur le


côté, en attendant patiemment qu’un éventuel client ne se
SO IE

montre. Les hamacs viennent peupler les rues la journée


M
T ER

et disparaissent le soir. Parfois seul, parfois en groupe, les


EN UP

thaïlandais ont la capacité de se confectionner une terrasse


M S

avec quelques morceaux de tissu et chaises en plastique.


C LE

Ajoutez aux couleurs des hamacs l’orange vif des vestes


O A

des motos taxis, les différentes couleurs de motos patientant


D ON
U

sur le côté et la fumée qui s’échappe des cigarettes des


travailleurs et l’atmosphère d’un coin de rue change du tout
I
AT

au tout.
N
LE
O
EC

100
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

101
es hamacs font partie intégrante ces habitants se sentent mieux en extérieur

l du paysage urbain de Bangkok.


Lorsqu’un habitant en pose un
dans l’espace public, dans la rue
en général, nous avons en tant qu’Occidentaux
l’étrange sensation d’entrer dans un espace
que chez eux mais n’ont pas les moyens de
se poser dans un café avec climatisation et
nourriture. La rue devient alors le seul espace
possible et accessible, proche de leur travail,
où l’on peut se reposer et rendre les conditions
privé, de déranger. Cependant, le propriétaire de travail plus agréables. Preyanun Areevijit

S
du hamac est la personne qui rend cet espace reprend le concept et l’améliore pour la classe

TE
plus intime qu’il ne l’est en général, le scénario sociale moyenne, avec un espace climatisé

AN
suggérant la propriété. On n’y trouve pas de remplis de hamacs où les travailleurs peuvent

N
limite matérielle, mais le simple fait d’ajouter payer 30 minutes ou une heure de repos. Selon

U DE
deux chaises en plastique sur le trottoir, à elle, le concept de siestes durant la journée
côté du tronc d’arbre supportant le hamac, n’est pas familier aux Thaïlandais en général,

TE E
vient créer une limite. Je perçois cette limite

R
contrairement aux villes comme New York

U R
'A U
tandis que cela se transforme en une invitation qui incluent cela dans certaines compagnies.

D CT
à se poser et papoter sur ces chaises pour Je dirai qu’il ne l’est pas pour les Thaïlandais

IT E
certains Thaïlandais. La notion de privé/public pouvant se permettre de payer pour dormir

O IT
est ici encore dépendante des différentes
R H
D RC dans un hamac. « Power Nap Lounge » est
appropriations de l’espace d’une culture à récent et a pour principaux clients des étrangers
l’autre. Selon Nyx, cette habitude est aussi une vivant à Bangkok. Selon Preyanun, « les
AU D'A

question de génération : « En Thaïlande nous Thaïlandais ont toujours en tête que ceux qui
avons beaucoup de gens dans des hamacs. dorment pendant le travail sont des personnes
IS E
U UR

Je n’ai pas pour habitude de m’y poser, mais feignantes. », « certains Thaïlandais viennent
les personnes plus âgées que moi, une autre pendant la pause déjeuner, mais disent qu’ils ne
SO IE
M

génération, utilisent ces hamacs. Ça n’est pas


T ER

souhaitent pas que leurs collègues apprennent


traditionnel, mais c’est plutôt normal. ». Plus qu’ils sont ici. ». Les lieux dans Bangkok
EN UP

qu’une question de génération, ce mode de vie proposant des espaces de détente sont donc
M S

correspond aussi à une classe sociale précise payants et le gouvernement ne semble pas
C LE

à Bangkok : les travailleurs de rue ou des se préoccuper d’améliorer ces conditions :


O A

personnes en recherche d’emploi. « Ils sont en « Bangkok est construite sur le fondement d’une
D ON
U

général des personnes sans domicile fixe et s’ils customer analysis : elle répond aux besoins
I

ne le sont pas, leur appartement n’est pas assez des classes moyennes, qui travaillent dans le
AT

agréable pour vivre dedans, donc ils choisissent centre, ont une voiture, du pouvoir d’achat, et
N

des espaces publics, comme des parcs avec qui sont principalement animés par un désir de
LE

un meilleur environnement, pour y passer du consommation ; elles habitent généralement


O

Photographie de Tetsu Ozawa - droits réservés

temps. Je pense que c’est mieux que certains dans ces condos, appartements luxueux tout
EC

appartements qui peuvent être indécents : petits confort avec terrain de sport et piscine… Un
espaces, mauvais environnement, délabré, exemple éclairant : le gouverneur de Bangkok,
mauvais voisinage. ». L’utilisation des hamacs Sukhumphan, avait promis de construire un parc,
sur les trottoirs est aussi représentative du non pas pour les gens, mais pour les chiens…
manque d’espaces publics dédiés aux habitants pour satisfaire les demandes des détendeurs
de Bangkok dont les moyens sont limités. de chiens vivants dans les condos. » explique
Selon Nyx, leur utilisation est due au fait que Niramon Kulsrisombat.

102
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

103
rails
Février, je reviens de deux semaines au Laos. Le retour est
étrange, je n’ai plus d’appartement, je passe d’auberges en
appartements d’amis vivant toujours à Bangkok. Difficile de ne
pas passer pour une touriste avec un gros sac orange sur le dos.
J’ai trouvé une auberge de jeunesse dans un quartier que je ne

S
TE
connais pas encore. Je me rends à la station de métro la plus
proche, l’auberge se situe à dix minutes à pied selon Google

AN
maps. Je sors du métro, et par chance je suis du bon côté pour

N
continuer ma route. Je longe celle située sous le métro avant de

U DE
tourner dans une petite rue. Celle-ci n’est que piétonne, et a priori

TE E
a été utilisée pour les trains. Au-dessus de moi, le béton d’une

R
U R
future voie de métro s’arrête net. Sous mes pieds, deux lignes

'A U
D CT
de rail enfouies sous l’herbe et des déchets. Des deux côtés
des rails, des trottoirs tels qu’on peut les voir dans les gares. Je

IT E
O IT
commence à marcher sur l’un et à longer les rails. Google maps
R H
à l’air sûr de lui, moi beaucoup moins. Je sais pertinemment
D RC
que certains endroits de Bangkok ne sont pas fait pour que je
AU D'A

m’y balade, trop dangereux et principalement utilisés par des


thaïlandais. Je me demande si je suis dans un tel endroit. Les
IS E

regards se posent sur moi et je ne me sens pas à l’aise, les


U UR

bâtiments qui longent les rails sont des appartements. C’est une
SO IE

succession d’espaces à moitié ouvert, à moitié fermés, où les


M
T ER

délimitations entre public et privé, entre les différentes familles,


EN UP

ne semblent pas bien claires. Certaines personnes utilisent ce


trottoir comme une terrasse et j’ai le sentiment de passer au
M S

beau milieu d’un repas de famille, avec mon gros sac à dos. Je
C LE

peux difficilement passer discrètement. Certains me sourient, et


O A
D ON

lorsque je rends un sourire tout en me tournant vers eux, j’ai vue


U

sur l’intérieur de la maison, leur intimité. Je détourne le regard


I
AT

automatiquement et continue de marcher en espérant que cette


N

route étonnante s’arrête rapidement. Certaines personnes me


LE

dévisagent, se demandant sûrement ce que je fais ici, j’entends


O

quelques « farangs » au loin, accompagnés de rires. Je tourne


EC

à gauche, débouche sur un espace entre deux maisons laissant


moins d’un mètre de passage, sombre. Deux mètres plus loin,
de grands bâtiments de béton délabrés se dessinent et laissent
place à un quartier vivant. Les magasins s’y succèdent, les rues
sont pleines de personnes mangeant et marchant. Je viens
de passer par trois espaces aux atmosphères complètement
différentes, sans qu’il n’y ait de réelle limite. Je suis bel et bien
de retour à Bangkok.

104
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

105
orsque les limites entre différents ensemble sur les rails et les adolescents se

l espaces privés nous semblent


floues, il faut comprendre que
nous n’avons pas la même
notion d’intimité que les Thaïlandais. Dawn,
américaine ayant vécu la majeure partie
retrouvent autour de leur moto pour papoter.
Tous sont à proximité et bien que les attitudes
et sujets de conversation diffèrent, ils restent
ensemble et partagent ces moments. Un
mode de vie plus convivial qu’intime : les
de sa vie en Thaïlande, explique qu’ « Aux différents espaces de vie le long des rails

S
Etats Unis, l’intimité est une préoccupation sont représentatifs d’une façon de vivre mais

TE
majeure : le tien/le mien; privé/public. En aussi d’un manque cruel de moyens. Selon

AN
Thaïlande c’est l’opposé. Le mot « intimité » Sascha : « Il y a un lien entre espace public

N
ne se traduit même pas en langue thaï, parce et argent. En général, plus t’as de l’argent,

U DE
que tout est communauté. » La notion de plus t’as d’espace privé, et tu n’as pas besoin
communauté est bien plus présente, influe d’utiliser les espaces publics souvent. Tu es

TE E
sur la façon de vivre et donc d’utiliser les plus préoccupé par ton intimité parce que

R
U R
'A U
espaces. Vivre en communauté reflète une tu peux te le permettre financièrement.  ».

D CT
notion de partage difficile à comprendre pour Les habitats de cet espace sont en effet

IT E
un occidental. Selon Tash, Thaïlandais, « La composés en général d’une seule pièce pour

O IT
culture de l’Est est basée sur le partage. La
R H
D RC toutes les activités quotidiennes : cuisiner,
culture de l’Ouest est plus : ce qui est à toi est manger, dormir et parfois travailler. Cela est
à toi, ce qui est à moi est à moi. Mais pour les dù à un manque de moyens et donc d’espace
AU D'A

gens de l’est, tout appartient à tout le monde mais cela engendre un mode de vie que les
: famille, culture, objets. » Dawn ajoute à ça Thaïlandais sont plus aptes à mener que les
IS E
U UR

que « Le mot voler pour les américains est Occidentaux. Si l’on analyse la construction
partager pour les Thaïlandais. », une façon de maisons dans les villages, elles sont
SO IE
M

de penser qu’elle mettra plusieurs années à


T ER

conçues afin de créer des espaces de


comprendre, à s’y accoutumer. Selon Dawn, partage au sein de la famille mais aussi entre
EN UP

le partage n’est pas seulement matériel, il est familles et voisins. On retrouve cette façon
M S

aussi humain. Elle remarquera durant ses de vivre dans la majorité des villages , avec
C LE

études, que la volonté d’être seul n’est pas ou sans argent. Il est en revanche étonnant
O A

partagée par les Thaïlandais : « Je n’avais de voir ces espaces en coeur de mégalopole,
D ON
U

qu’un jour de libre par semaine, et je voulais la gentrification déplaçant généralement ces
I

juste rentrer à la maison, et me reposer. Mais personnes dans les banlieues, à l’écart de la
AT

les étudiants me demandaient : « Tu ne veux ville. Selon Niramon Kulsrisombat, professeur
N

pas aller quelque part? » et je leur ai répondu d’architecture et de développement urbain à


LE

« Tu ne veux jamais être seul ? ». Mais non, l’université Chulalongkorn de Bangkok, « La
O

parce que les amis sont la famille, et c’est ville de Bangkok est fondée sur l’exclusion
EC

une communauté. Ils aiment être ensemble, des populations les plus pauvres aux
et n’aiment pas être seuls. ». Lorsque je longe marges, c’est certain. Les quelques slums
ces rails, différents scénarios se présentent à qui survivent au cœur de la ville le peuvent
moi dont la plupart sont représentatifs d’une grâce à une romanisation de leur folklore
vie en communauté, non pas imposée, mais rural, qui peut servir d’une certaine manière
voulue. Certaines familles se retrouvent de « décoration » authentique aux rues de la
pour partager un repas, les enfants jouent capitale. ».

106
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

107
108
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
Photographie d’ Helena La Petite - droits réservés
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
Lieux d’échanges et de commerce
l'appropriation
U DE
R
N
AN
TE
S

109
S
TE
street food

AN
N
Je m’assieds sur une de ces chaises rouges en plastique,

U DE
bancales, entre un appartement et la rue, sur un trottoir
faisant office de terrasse, composé de pierres irrégulières.

TE E
R
U R
Je meurs de faim. J’attends. J’observe les gens en uniforme

'A U
sortant du travail pour la pause déjeuner, se dirigeant vers

D CT
les différents stands de rue. Je comprends alors qu’il faut

IT E
aussi que je me dirige vers ces stands ou personne ne

O IT
viendra prendre ma commande. Je tente de choisir le stand
R H
D RC
qui me conviendra le mieux, mais pas de menu (je n’aurai
de toute façon pas grande utilité d’un menu en thaïlandais)
AU D'A

et à première vue, tous se ressemblent. Je choisis donc le


IS E

stand avec le parasol jaune, deux femmes et des tables


U UR

et chaises de toutes les couleurs. Avec quelques mots


SO IE

anglais et beaucoup de gestes, nous nous comprenons.


M
T ER

Pour patienter, je me dirige vers un 7-Eleven et achète une


bouteille de thé glacé. Je retourne au stand, toujours rien.
EN UP

Je fume une cigarette. Toujours rien. Je tente d’intercepter


M S

un regard afin d’être sûre qu’on ne m’ait pas oubliée. Je ne


C LE

suis même plus certaine d’avoir encore faim. Je ne suis pas


O A

encore habituée à cette étrange sensation de faim tout en


D ON
U

étant entre odeur de barbecue et pollution. Une chose est


I
AT

sûre, les chats et les mouches ont faim et tournent autour


de chaque portion de nourriture qu’ils peuvent trouver. La
N

nourriture arrive enfin. Trois différentes assiettes et je me


LE

régale. Ce stand deviendra une habitude pour le déjeuner.


O
EC

110
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

111
a street food de Bangkok stand et permet d’absorber considérablement

l désigne la nourriture que l’on


peut trouver dans la rue, vendue
par des personnes qui placent
leur stand sur les trottoirs de la ville : des
charriots roulants, des tables et chaises en
le chômage. Bien que favorable à beaucoup
d’habitants et représentative d’un mode de vie
thaïlandais, la nourriture de rue est aussi ce qui
rends les trottoirs moins propres et praticables
qu’en Europe, ce pourquoi le gouvernement
plastique et le tour est joué. Certains vendeurs tente de centraliser et de limiter les vendeurs

S
sont en permanence au même endroit avec de rue. Les avis des habitants divergent sur ce

TE
des restaurants s’étalant sur la rue, qu’ils propos : « Je pense que parfois la nourriture de

AN
déploient chaque jour. D’autres sont mobiles rue peut affecter les trottoirs mais je pense que

N
et changent d’emplacement en fonction des c’est toujours une bonne chose, les autres pays

U DE
jours de travail et des clients. Ces vendeurs n’ont pas ça. (…) Je dirai que c’est la signature
peuvent être spécialisés, certains proposant de la Thaïlande, pas vrai ? Et si on gère ça

TE E
des fruits frais, des « mango sticky rice », des

R
correctement, ça peut être super. Parce qu’on

U R
'A U
soupes, des plats à base de riz et de viande a la nourriture de rue depuis un bon moment ! »

D CT
et enfin les vendeurs de café et chocolat raconte Nyx, qui l’expérimente depuis qu’elle

IT E
glacés. Ils sont présents dans la majorité est née. La façon de gérer souhaitée par le

O IT
des rues de Bangkok, avec un cadre plus ou
R H
D RC gouvernement enlèverai cette « signature de
moins agréable. Il est en général plus rentable la Thaïlande », en regroupant les vendeurs aux
de manger dans la rue que d’aller faire ses mêmes endroits afin de régulariser, contrôler
AU D'A

courses dans un supermarché, d’ailleurs et limiter les vendeurs. Cela permet aussi de
peu présents dans le centre de Bangkok. Ce « nettoyer » les rues. Cependant, les endroits
IS E
U UR

système de vente influe sur le mode de vie proposés pour relocaliser les vendeurs ne sont
bangkokois : « La vie de quartier était sympa pas assez nombreux pour tous et imposent
SO IE
M

parce que, comme on mangeait tout le temps


T ER

aux habitants et vendeurs de se déplacer


dehors, ça nous a aussi obligées à beaucoup pour chercher de la nourriture, enlevant alors
EN UP

nous balader autour de chez nous. On a pris le principal intérêt de la nourriture de rue.
M S

nos petites habitudes, d’aller toujours manger « Encore une fois, les considérations sociales
C LE

dans les 2,3 petits restaurants où on allait sont complètement absentes de la réflexion.
O A

tout le temps, les vendeurs de rue et toujours Les usagers quotidiens des échoppes de
D ON
U

prendre le même café au même endroit… et rue, tout comme les vendeurs, se retrouvent
I

comme tout le monde fait comme ça, on a dépourvus. Il est à noter que les militaires ont
AT

aussi l'impression de s'intégrer à un espèce tout de même prévu de préserver deux rues
N

de rituel plus global en vivant de cette manière du « nettoyage » : Yaomarat, dans le quartier
LE

là » raconte Mathilde, qui voit dans ce système


Photographie de Helena La Petite - droits réservés

chinois et Khao san Road, à destination … des


O

de consommation une possibilité d’intégration. touristes ! » indique Niramon Kulsrisombat.


EC

Cela permet aux travailleurs et habitants de La junte s’inspire donc du modèle de


Bangkok de se nourrir rapidement, à proximité, certains des pays voisins, comme Singapour,
pour peu cher et de ne pas passer de temps à occidentalisée et aseptisée, mais ne met pas
préparer un déjeuner la veille. La nourriture de en place un système satisfaisant pour les
rue permet aux vendeurs de gagner de l’argent habitants de la classe moyenne ou pauvre,
par eux-mêmes, sans patron, sans contrat, pourtant majoritaire, favorisant le bien-être des
sans avoir besoin de licence pour installer son touristes et des riches.

112
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

113
S
TE
AN
respecT

N
U DE
Il fait sombre, il est tard. La ville brille et a l’apparence d’une
capitale occidentale. Les phares et lampadaires s’ajoutent

TE E
R
U R
aux panneaux publicitaires et viennent réveiller la ville. Nous

'A U
sommes vendredi soir, je suis entourée de gens en uniformes

D CT
qui sortent du travail et de l’école. Je me fonds dans la

IT E
masse avec mon uniforme de Kasetsart University. Tous se
O IT
R H
dirigent vers les transports publics et je suis la foule vers
D RC
le BTS. Je prends mon ticket au distributeur automatique,
passe les barrières et me dirige vers le quai direction Ari.
AU D'A

La station est surpeuplée et pourtant les flux sont fluides et


IS E

organisés. Je prends l’escalateur en respectant les flèches


U UR

indiquant que je dois me placer à droite pour permettre aux


SO IE

gens de doubler. Les stations de BTS sont un monde à part,


M
T ER

bien plus propre et organisé que les rues de Bangkok qui


sont à quelques mètres au-dessous. D’ici, on aperçoit le
EN UP

brouhaha des rues qui changent de visage pour la soirée et


M S

la vie qui poursuit son cours. J’arrive sur le quai. Le mode


C LE

de fonctionnement présent est basé sur quelques règles


O A

simples que tous respectent, venant crée un dessin aux


D ON
U

lignes parfaites. Lignes jaunes au sol, rangées de publicité


I
AT

en hauteur, lignes de personnes en uniforme, les rails créent


une séparation entre ces deux plateformes aux allures
N
LE

symétriques.
O
EC

114
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

115
’il y a une chose qui me choque pour se répartir sur les différents sièges.

s toujours après plusieurs mois


passés à Bangkok, c’est le
respect de l’autre que l’on peut
observer dans les activités quotidiennes
des Thaïlandais. J’ai vécu un an à Paris,
Un mouvement fluide qui dure moins
d’une minute. Le respect et l’efficacité qui
ressortent de cette méthode quotidienne
resteront une expérience marquante. Le
métro et le skytrain (BTS) sont des mondes
à prendre le métro tous les jours, que hors Bangkok, non représentatifs de la vie

S
j’avais en horreur. On se place devant qui se déroule au-dessus du métro, au-

TE
les portes, les gens ont du mal à sortir, dessous du BTS. Ils viennent englober

AN
vous poussent, et vous poussez les une ville où les règles sont floues et

N
autres pour pouvoir entrer. Bien sûr, on adaptables, avec un fonctionnement suivi

U DE
peut commencer à s’excuser, mais quand à la règle. Le mode de fonctionnement
on n’a pas de réponse on commence à pourrait venir se dessiner dans toutes

TE E
se lasser et à agir de la même façon. À les villes, à l’aide de quelques flèches au

R
U R
'A U
Bangkok le « métro dans le ciel » permet sol mais la mentalité des utilisateurs est

D CT
d’avoir une vue sur la ville en hauteur, une partie majeure de la réalisation de

IT E
au frais. Le mode de fonctionnement se ce mode. Le respect des uns envers les

O IT
résume à quelques indications au sol que
R H
D RC autres est enseigné par les valeurs du
tous respectent. Sur le quai se trouve une bouddhisme, un enseignement suivi par
ligne jaune parallèle aux rails avec un la majorité des bangkokois. Emmanuel
AU D'A

fléchage noir et jaune au sol. Des flèches Kant considère le respect comme un
jaunes sur fond noir dirigées vers la rame devoir, une valeur morale absolue, tandis
IS E
U UR

et des flèches noires sur fond jaunes vers que les bouddhistes le voient comme une
les utilisateurs. Pas de dépassement de la démarche libre permettant de souligner
SO IE
M

ligne jaune possible, au risque d’entendre la valeur de l’être humain et de la vie en


T ER

le sifflet de l’homme en uniforme se général. Il est donc enseigné de respecter


EN UP

trouvant en bout de quai. Un seul pied tout être humain en tant qu’ « entité de
M S

empiétant sur la ligne le fera réagir. Sur vie » , permettant de respecter les autres,
C LE

le quai, on se répartit et on fait la queue soi-même et de se faire respecter. Ces


O A

en se positionnant en file indienne valeurs sont présentes au sein de la vie


D ON
U

derrière les flèches jaunes sur fond noir. dans la capitale de la Thaïlande, que l’on
I

Le BTS arrive, s’arrête et place ses portes remarque par des actions quotidiennes
AT

devant le fléchage. Les portes s’ouvrent, qui créent une différence majeure avec
N

personne ne bouge sur le quai et les gens celles d’une capitale occidentale. Le métro
LE

Photographie de Uwe Schwarzbach - droits réservés

sortent tranquillement du métro. On peut souterrain et aérien sont les deux endroits
O

sentir l’air frais qui s’évade des wagons. de Bangkok où cela se perçoit le plus, car
EC

Une fois les personnes sorties, notre tour une même action de discipline est réalisée
vient et l’un après l’autre nous rentrons, par une centaine de personnes à la fois.
deux lignes de personnes par porte,
une à droite et une à gauche. Personne
ne double, ne se bouscule, les lignes
de personnes en uniforme noir et blanc
entrent lentement et silencieusement

116
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

117
marche
Ce week-end je reste à Bangkok et décide d’aller voir un
marché qui se trouve à 20 minutes de marche de chez moi.
La vente est ce qui crée le décor des rues de Bangkok mais
le marché de Chattuchak a d’autres proportions, il recrée un

S
quartier. J’arrive à côté du parc de Chattuchack et me balade

TE
sur les trottoirs le long du marché en attendant d’en trouver

AN
l’entrée. Après quelques minutes, je vois un espace où des
gens entrent et sortent et me faufile. Je trouve un plan affiché

N
et comprends très vite que je vais me perdre. J’abandonne

U DE
alors l’idée de suivre le plan et me balade entre tous les

TE E
stands. J’ai l’impression d’être dans une rue, sans trottoir,

R
U R
'A U
les étalages remplaçant les maisons. En perpendiculaire,

D CT
des petites rues couvertes séparent certains stands et

IT E
permettent d’accéder à d’autres. Je ne sais jamais vraiment

O IT
ce qui m’attend et me rends compte que je suis depuis plus
R H
d’une heure en train de tourner en rond, au milieu de stands
D RC
qui se ressemblent tous, qui vendent principalement des
AU D'A

habits, quand soudain je prends une autre petite ruelle et


l’atmosphère change, passant des habits aux souvenirs. Je
IS E
U UR

comprends alors en tournant un peu dans ce « quartier »


que chaque regroupement correspond à un thème de vente.
SO IE
M

Je pourrais passer ma journée ici sans même m’en rendre


T ER

compte. Je passe par le quartier des bijoux où les stands


EN UP

sont propres, les objets bien disposés, au quartier artistique


M S

où les œuvres d’art s’accumulent sans ordre prédéfini, pour


C LE

ensuite entrer dans le quartier des animaux où l’odeur et


O A

le son envahissent l’espace. Je n’ai aucune idée d’où je


D ON
U

viens. Je tente de chercher les rues principales qui ne sont


I

pas couvertes afin de trouver la sortie. D’abord déterminée,


AT

la motivation se dissipe au fur et à mesure que je croise


N

toutes sortes d’objets qui attisent ma curiosité. Je me dirige


LE

vers un stand de fripes où les jeans sont entassés de toute


O

part, les vestes pendues au plafond. Je tente la négociation


EC

et repars. Je me remets à chercher la lumière et l’air frais.


J’arrive enfin dans une grande rue séparant les stands, à
ciel ouvert. En marchant quelques mètres je trouve la sortie.
Une fois dehors, je découvre qu’il y a des tas d’entrées et de
sorties et que je n’ai absolument aucune idée d’où je suis.
J’y ai passé une journée, et je pense n’avoir vu qu’une infime
partie de ce marché aux proportions démesurées.

118
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

119
es étalages à perte de vue, des souhaités plus rapidement, l’horloge devient

d odeurs de nourriture épicée,


de la musique, des œuvres
artistiques, dans un endroit qui
grouille de touristes et de Thaïlandais, nous
sommes à Chatuchak market, le plus grand
alors un point central de repère. Le marché
a ouvert en 1942, tandis qu’en 1948 une
loi fut instaurée par le premier ministre de
Thaïlande, exigeant l’installation d’un marché
dans chaque province. Il fut déplacé plusieurs
marché de Thaïlande. En plein cœur de fois avant de s’installer à Phanonyothin, en

S
Bangkok, à deux pas d’une station de métro 1978. Il s’appellera « Phahonyothin Market

TE
aérien, se trouve un grand parc peuplé de » jusqu’en 1987 avant de prendre le nom

AN
varans et cours d’eau, en bordure du marché du parc situé à côté. Seulement certaines

N
surpeuplé. Nature, calme et repos du parc sections du marché sont ouvertes en

U DE
contrastent avec l’activité incessante et le semaine et toutes ouvrent le week-end. Les
bruit constant du marché. Il y a deux options personnes visitant ce marché sont aussi bien

TE E
pour visiter le marché. La première est de s’y des touristes que des thaïlandais, mais les

R
U R
'A U
perdre, au risque de tourner en rond mais vendeurs sont tous thaïlandais. Une autre

D CT
d’être agréablement surpris. La deuxième est particularité de ce marché est l’ambiance, ou

IT E
de se référer au plan du marché, qui, malgré plutôt les différentes ambiances présentes.

O IT
une impression de fouillis, est en fait très bien
R H
D RC Certains stands sont couverts avec des rues
organisé avec les stands de ventes répertoriés intérieures, tandis que d’autres aux abords
selon leurs offres. Plus de 15000 stands des axes principaux sont ouverts sur la rue.
AU D'A

divisés en 27 sections proposant des produits Il y a un changement frappant d’atmosphère


variés : plantes, vêtements, nourriture, bijoux, entre les deux. Les stands couverts sont
IS E
U UR

antiquités, tableaux, animaux domestiques, sombres, ne permettant pas de prendre le


cosmétiques, céramique, livres, décoration, recul, avec des marchandises en vente du
SO IE
M

soie… Chatuchak market est considéré


T ER

sol au plafond, de tous côtés. On y retrouve


comme le plus grand et le plus varié des un esprit de brocante, ayant même parfois
EN UP

marchés au monde. Il s’apparente à un l’impression d’entrer chez quelqu’un tellement


M S

quartier de commerce, venant recréer des certains stands sont personnalisés. Bien que
C LE

rues. Ce « quartier » permet aux touristes chaque stand ait sa propre particularité, on
O A

et habitants de passer une journée entière, retrouve une atmosphère commune à chaque
D ON
U

les commerces répondant à leurs besoins section, comme pour celle des frippes, où
I

et envies : nourriture, boissons, souvenirs et l’on peut entrer par différents côtés, où il faut
AT

biens pour toutes types de personnes. Une fouiller dans des tas d’affaires, avec certaines
N

tour arborant une horloge se distingue parmi pièces « exposées » qui se différencie de la
LE

les stands, son emplacement étant considéré section plus « haut de gamme » des bijoux,
O

comme le centre du marché. L’horloge fut où les stands sont comparables à des
EC

Photographie de Mark Elliot - droits réservés

construite en 1987 pour l’anniversaire du roi petites salles d’exposition, très éclairées,
et est maintenant l’emblème du marché. C’est chaque pièce ayant une place bien définie.
d’ailleurs un des rares endroits du marché où Cette variété d’atmosphères, de biens, de
il n’y a pas que du passage, où certaines personnes et d’activités fait de ce marché un
personnes s’arrêtent et ralentissent le rythme. lieu atypique et vivant, nous coupant du traffic
Le marché possède de multiples entrées afin routier incessant et inhumain de Bangkok.
de faciliter les flux et d’accéder aux stands

120
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

121
transports
Le semestre fini, je prends un train direction le nord de
Bangkok. Je me rends à la gare où j’attends, assise sur un
de mes sacs, que mon train arrive. Je monte dans le train

S
et trouve une place où je suis seule. Dans la classe où je

TE
suis, le sol est vert, les sièges en cuir brûlent et les fenêtres

AN
sont ouvertes à défaut de climatisation. Un calvaire pour
les gens qui prennent ce train tous les jours, un bonheur

N
pour moi, car je peux passer ma tête au travers. J’observe

U DE
un homme qui passe à côté de moi, et fume sa cigarette

TE E
dans le compartiment où se trouvent les portes d’entrée,

R
U R
une de chaque côté, qui restent ouvertes durant le voyage.

'A U
D CT
Après qu’il soit parti, je me dirige vers ces portes, passe

IT E
la moitié de mon corps à travers en m’accrochant à une

O IT
barre de métal. L’air rafle mon corps et visage, ma main se
R H
resserre automatiquement sur la barre. Mais je m’habitue
D RC
rapidement, et y prends goût. J’apprendrai rapidement qu’il
AU D'A

faut éviter de le faire à certains endroits où la végétation


est proche des rails si on ne veut pas se faire griffer. Je
IS E
U UR

retourne à ma place côté fenêtre et observe le paysage


qui défile. En trois heures de train on ne va pas bien loin,
SO IE

les trains étant particulièrement lents. J’entends une voix


M
T ER

au loin qui se rapproche doucement. Pas de wagon-bar,


EN UP

mais des vendeurs qui se baladent de wagons en wagons


M S

en proposant nourriture et boissons. Dans les rues, en tant


C LE

que piéton, vous marchez entre les vendeurs immobiles


O A

présents sur les trottoirs, mais ici, nous sommes assis, et


D ON
U

les vendeurs se fraient un chemin entre les deux rangées de


sièges. Je suis étonnée de voir tant de vendeurs différents.
I
AT

À l’arrêt, je me tourne vers la fenêtre et me rends compte


N

que la dame qui vient tout juste de passer vendre des « pad
LE

thaïs », est dehors et que d’autres vendeurs entrent dans


O

le train. Ces vendeurs passent leur journée dans différents


EC

trains, allant d’une gare à l’autre. D’autres restent le long des


rails et se ruent vers le train lorsqu’il s’arrête en proposant
aux passagers des glaces et jus sur des plateaux par la
fenêtre. Je passe ma main, dépose une pièce sur le plateau
et prends un petit jus en échange. Les vendeurs sortent des
voies et le train redémarre.

122
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

123
es scènes de vie dans les motos-taxis ne permettent pas une réelle

l transports publics de Bangkok


sont représentatives des
différentes appropriations que
s’en font les habitants de Bangkok. Le
train devient un lieu propice au commerce
appropriation, les conducteurs ayant tous
le même look avec un gilet de moto taxi
et parfois un casque. Il est cependant
intéressant de voir la différence entre les
clients hommes et femmes, les femmes en
le bus un lieu de sieste, tandis que le BTS jupe (ce qui concerne toutes les femmes

S
contraste avec ses lumières blanches et étudiantes devant porter l’uniforme) devant

TE
ses sièges impeccablement propres, où s’asseoir en amazone sur une moto qui va

AN
l’on s’assoit simplement et on attends, à toute allure. Le conducteur ne sera pas

N
toute autre action contrastant avec le lieu. à l’aise lorsque apeurée par ma première

U DE
Il y a donc entre les modes de transports fois en moto taxi, je monterai sur la moto
une approche différente de l’intimité du avec une jambe de chaque côté et tenterai

TE E
lieu et une différente appropriation, pour de m’accrocher à sa veste. Les bus sont

R
U R
'A U
les habitants comme pour les touristes. propices à une appropriation, non pas

D CT
L’appropriation se fait aussi par la pour les clients mais pour le chauffeur ou

IT E
décoration de ces espaces. Les bus sont ses connaissances. On peut voir sur le

O IT
personnalisés par des stickers, images,
R H
D RC dessin un enfant qui dort paisiblement à
photos et objets qui pendent au-dessus gauche du conducteur, affalé, tandis que
et autour du conducteur. Les taxis et les deux femmes papotent à l’avant du bus.
AU D'A

tuktuks suivent ce même principe. Les Chaque bus est décoré avec en général
tuktuks sont des moyens de transports quelques photos du roi, parfois des photos
IS E
U UR

permettant d’avoir un conducteur et personnelles et des fleurs aux couleurs


officiellement deux passagers, dans un bouddhistes et autres signes religieux
SO IE
M

espace avec une banquette à l’arrière, un qui se balancent au-dessus de la tête du


T ER

toit et des bandes de plastiques sur les chauffeur. Les portes par lesquelles les
EN UP

côtés que l’on peut rabattre lors de fortes passagers entrent sont souvent décorées
M S

pluies. Chaque tuktuk est unique par ses par un tas de stickers collés en totale
C LE

couleurs et sa forme, certains s’amusant anarchie. Lorsque les bus sont climatisés,
O A

plus que d’autres avec la décoration. Ces les fenêtres sont fermées et viennent
D ON
U

moyens de transport sont principalement créer une réelle coupure avec le brouhaha
I

adaptés aux touristes car les conducteurs extérieur, les gens étant silencieux.
AT

font payer plus cher que les taxis, s’en Lorsque les fenêtres sont ouvertes et que
N

approchent en leur proposant un tas de les odeurs et bruits de rues entrent dans le
LE

destinations touristiques de Bangkok. Le bus, les gens continuent leurs discutions et


O

Photographie de Leigh Griffiths - droits réservés

côté atypique de cet entre-deux voiture/ l’atmosphère reflète celle de la rue.


EC

moto attirera la plupart, bien qu’en général


on se rend vite compte que ça n’en vaut
pas le coup. L’intérêt des tukstuks reste
cependant que le mode de transport
est parfois plus rapide car plus petit et
peut donc se faufiler entre les voitures
et bus, tout comme les motos taxis. Les

124
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

125
orange & vert

S
TE
Deux couleurs sont récurrentes lorsque je marche dans les

AN
rues de Bangkok : le vert et l’orange. Ce sont les couleurs de
l’enseigne du 7-Eleven. Cette chaine de magasin reprends

N
le principe de Mc-Donald : un même enseigne mais adaptée

U DE
en fonction de chaque pays. Je ne vais que très rarement

TE E
dans les grandes surfaces, d’abord parce qu’il n’y en a peu,

R
U R
'A U
ensuite cela coûte moins cher de manger dans la rue et je

D CT
préfère manger une cuisine asiatique, que je ne sais pas

IT E
cuisiner correctement. Si j’ai besoin de quelque chose, je

O IT
sais que dans la plupart des cas, 7-Eleven l’aura. On y
R H
trouve cigarettes, snacks, bières, croque-monsieur, brosses
D RC
à dent, crème solaire, t-shirts, glaces et tout ça dans 15m2.
AU D'A

On trouve tout le nécessaire dans un 7-Eleven et on trouve


des 7-Eleven plus que nécessaire. J’ai remarqué qu’un 7/11
IS E
U UR

n’est jamais seul. Si vous êtes devant, il suffit de se retourner


et un autre se trouve de l’autre côté de la rue. On peut aussi
SO IE
M

ressentir un 7-Eleven. Il suffit de marcher et lorsque vous


T ER

sentez une bouffée d’air frais, vous êtes probablement


EN UP

devant. 7-Eleven c’est aussi le meilleur moyen de se


M S

protéger de la pluie, lorsqu’une bourrasque de la saison


C LE

des pluies arrive, entrez dans le 7-Eleven pour attendre


O A

que cela passe, et bien sûr, ils vendent des capes de pluie.
D ON
U

On peut aussi entendre 7-Eleven. Ce son caractéristique


I

de l’ouverture des portes est connu de tous et si vous ne


AT

l’avez pas bien entendu en entrant, vous l’entendrez dans


N

les publicités de la radio du 7-Eleven. 7-Eleven fait partie


LE

intégrante du paysage urbain de Bangkok, partie intégrante


O

de la vie à Bangkok. La particularité de ce magasin est qu’il


EC

est ouvert à toute heure, jour et nuit. 7-Eleven ne nous a


jamais déçu.

126
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

127
-Eleven est une chaine de répondant en général aux besoins et envies

7 supérettes présente en masse


dans la ville de Bangkok et
en Thaïlande en général.
Les 7-Eleven sont placés à des points
stratégiques afin de répondre aux besoins
des habitants. Selon Mathilde, les 7-Eleven
faisaient aussi partie de cette culture
Thaïlandaise, comme la nourriture de rue,
répondant aux mêmes critères : dans la rue,
peu cher, et prêts rapidement : « J'ai trouvé
des habitants. En moyenne, dans le centre ça super chouette de pouvoir trouver de la

S
de Bangkok, il y’ a toujours un 7-Eleven à nourriture partout, et que ça soit un petit

TE
moins de cinq minutes à pied autour de soi. peu informel (…) à n'importe quelle heure

AN
L’appellation vient des horaires d’ouverture aller se trouver un petit truc à manger, à

N
d’origine, qui ont ensuite changé pour devenir boire. Et même le fait que les supermarchés

U DE
un magasin ouvert 24h/24, 7 jours sur 7. soient partout, des tout petits supermarchés
Ces magasins sont adaptés en fonction des de proximité. On était toujours en train

TE E
pays et des villes. À Bangkok, on trouve de de consommer un truc mais c'était aussi

R
U R
'A U
la nourriture, des boissons, et des articles agréable parce qu’on avait l'impression

D CT
pour la vie de tous les jours (dentifrice, gel qu'on pouvait s'arrêter partout pour faire une

IT E
douche, crayons…). Le premier 7-Eleven pause. » Cette chaine influe sur le mode de

O IT
de Thaïlande a ouvert à Bangkok, dans la
R H
D RC vie des habitants et la conception urbaine.
rue Patpong, le 1er juin 1989, selon Richard En implantant ces magasins à chaque
Barrow. En 2013, environ 7000 magasins coin de rue, les emplacements et locaux
AU D'A

étaient présents en Thaïlande, dont plus de sont voués à la consommation et non à la


3000 à Bangkok. En 2017, plus de 10 000, culture, au partage, et à la détente. Selon
IS E
U UR

avec une volonté de passer à 11 000 pour Rem Koolhaas, « Le shopping est devenu la
2018. CP, le propriétaire de la franchise, a quintessence de la vie urbaine; c’est l’unique
SO IE
M

pour but de se répandre le plus possible


T ER

activité qui nous reste ». Les Thaïlandais


afin de dominer le marché. À Bangkok, se répondent à cette phrase, avec une
EN UP

répandre est nécessaire, étant donné que les explosion de lieux dédiés à la consommation
M S

habitants n’aiment pas marcher, il faut donc : les malls et les 7-Eleven. L’aménagement
C LE

un maximum de magasins dans les rues. La urbain de Bangkok concentre les malls
O A

proximité est la raison première du succès de dans l’hypercentre, vers Siam, tandis que
D ON
U

la chaine, en ajoutant le prix et les horaires. les magasins de proximité viennent se


I

Les 7-Eleven ont un design principalement placer ponctuellement, dans la plupart


AT

orange et vert, toutes les enseignes se des rues alentours jusqu’aux banlieues de
N

reconnaissant de loin, transformant les rues Bangkok. Selon Niramon Kulsrisombat,


LE

de Bangkok, car peu d’autres magasins « L’hyperconsumérisme au détriment du


O

Photographie d’ Allan Wilson - droits réservés

de proximité s’y trouvent. Le magasin est culturel est favorisé par l’aménagement de
EC

pensé afin d’arranger les clients: touristes ou l’espace urbain… Bangkok est une ville où on
habitants. Nous pouvions payer nos factures lit très peu, et où l’on consomme beaucoup.
d’électricité, nos billets d’avion, trouver alcool L’espace est colonisé par les centres
et tabac et avoir un plat réchauffé par les commerciaux, voués à la consommation
caissiers à toute heure. Le développement et au divertissement, un aspect qu’on ne
de cette chaine semble être un atout pour retrouve pas, du moins dans les mêmes
beaucoup de travailleurs, car à proximité et proportions, dans les pays voisins. »

128
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

129
S
TE
AN
taxi

N
Sauter dans un taxi, comme dans un film, cela m’a semblé

U DE
être la solution la plus simple pour me rendre chez moi

TE E
rapidement. Erreur de débutante européenne à Bangkok :

R
U R
'A U
Je ne connais pas un mot de Thaïlandais et la langue de

D CT
Shakespeare est totalement étrangère à mon chauffeur. Je

IT E
tente de remettre la main -quelque part au fond de mon sac-

O IT
sur le morceau de papier où j’avais écrit l’adresse car je ne
R H
sais pas encore la prononcer. « Pahon Yothin Soi 7 ». Cela ne
D RC
fonctionne pas. Je tente Google maps mais je comprendrai
AU D'A

ce jour là que lire une carte n’est pas une habitude présente
dans toutes les cultures. Une américaine ayant enseigné en
IS E
U UR

Thaïlande m’expliquera plus tard que l’enseignement des


enfants est complètement différent du nôtre : Ils ont du mal
SO IE

à raconter une histoire qui contienne un début, une fin et


M
T ER

un déroulement chronologique et n’ont jamais appris à se


EN UP

repérer par le biais des cartes. Je cherche désespérément


M S

un moyen de faire comprendre à mon chauffeur où je


C LE

souhaite me rendre. « Ari ! » je tente de prononcer ce mot


O A

de trois façons différentes avant qu’il ne comprenne. Ce mot


D ON
U

de seulement trois lettres qui me semblait simple s’avère


I

compliqué à prononcer correctement. Le chauffeur, toujours


AT

souriant, fini par comprendre, Ari étant le nom d’une station


N

de BTS. Le plus dur est fait, il ne reste plus qu’à attendre la


LE

reprise du trafic.
O
EC

130
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

131
l est facile de reconnaître certaines son âge avancé. Le métier de taxi semble

I villes à l’aide d’une photographie de


rue, les taxis en étant représentatifs.
On pense à New-York, Londres mais
il en est de même pour Bangkok. Ils
s’approprient les rues et dessinent une
être la réponse, car il offre beaucoup de
liberté. Les horaires sont conséquents,
mais choisis par les chauffeurs. Le salaire
n’est pas énorme mais ils n’ont pas à
subir la pression d’un employeur. Dans
image récurrente que l’on se fait de la « Thaïlandais, lignes de vie d’un peuple »,

S
ville. Les taxis sont une forme populaire Eugènie Mérieau parle de la politisation

TE
de transport, le terme regroupant voitures, des chauffeurs de taxi et de mototaxi, qui

AN
motos et tuk-tuks. Nous parleront ici des semblent être plus politisés que la plupart

N
voitures, la majorité étant des Toyotas des bangkokois. Pansak Srithep considère

U DE
Corolla vertes, jaunes, bleues, roses etc que vivre dans l’espace public via le
venant colorer les rues. On compte 13 métier est la réponse à leur politisation

TE E
000 taxis en 1992, puis environ 100 000 : « On rencontre des passagers de tous

R
U R
'A U
en 2009, soit une augmentation de 800%. horizons, de toutes sensibilités politiques,

D CT
Le nombre ne cesse de croître pour se de tous métiers... Aussi, en conduisant, on

IT E
répartir près d’un million de passagers par écoute la radio : ce sont généralement des

O IT
jour. Certains taxis appartiennent à des
R H
D RC émissions politiques. On discute avec les
compagnies tandis que d’autres sont des passagers tout le temps... ». La radio que
voitures personnelles. L’appropriation de Pansak énonce est un facteur important
AU D'A

leur outil de travail se fait dans ces derniers. quand à l’ambiance dans un taxi : musique,
On y retrouve les mêmes photos que l’on émissions, radio éteinte. Des scénarios
IS E
U UR

pourrait placer sur un bureau dans un cadre, dans des oeuvres cinématographiques
des représentations du roi et des objets montrent que le lecteur radio joue un
SO IE
M

personnels et boudhistes. L’appropriation rôle important : un moyen d’évasion des


T ER

va parfois jusqu’à créer des atmosphères chauffeurs et une réalité qui s’insère au
EN UP

complètement différentes en fonction des sein d’un espace clos. Ils ont donc la
M S

taxis et horaires. Lors d’une soirée dans un possibilité de se rapprocher de l’actualité


C LE

quartier festif, un rabatteur propose de nous plus facilement et plus souvent que les
O A

emmener dans une autre boîte que celle en autres travailleurs. « Et donc les chauffeurs
D ON
U

face de nous. En plus d’être rabatteur pour de taxi, pour la plupart, s’intéressent
I

deux boîtes, il semble être chauffeur de beaucoup à la politique et aux questions


AT

taxi. On monte dans le taxi : boule disco au de société... Sans oublier qu’ils peuvent en
N

plafond, musique thaïlandaise au volume observer les effets directs sur leur mode de
LE

maximum et... les lumières s’allument et vie et ceux des passagers. » Leur rapport
O

tournent. On y retrouve une ambiance de à l’actualité et leur possibilité d’observation


EC

soirée. Chaque taxi est unique. Pansak les rapprochent des vies variées des
Srithep est un citoyen bangkokois, bangkokois, et de ses événements.
cofondateur d’une organisation de
résistance civile au gouvernement militaire
et chauffeur de taxi. Il démissionne de son
travail en 2004 et tente d’en trouver un
nouveau, ce qui s’avère difficile en raison de

132
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

133
S
TE
e mémoire est le début d’une

c longue aventure. Il est le

AN
résultat d’expériences, de

N
recherches, d’entretiens et

U DE
d’enquêtes menés durant un an et demi.

TE E
Il est l’histoire d’un mode de vie dont je

R
U R
souhaite approfondir la découverte en

'A U
D CT
retournant vivre sur place.

IT E
O IT
L’idée est d’y réaliser un stage en agence
R H
d’architecture puis d’y travailler pendant
D RC
deux ans, une nouvelle expérience dans
AU D'A

un cadre autre que celui d’étudiante


en erasmus. Je souhaite intégrer une
IS E

vie professionnelle qui m‘ouvrira des


U UR

portes vers des expériences aujourd’hui


SO IE

inexplorées, me montrant une autre facette


M
T ER

de la folle mégapole.
EN UP

Des personnes ancrées dans le monde


de l’architecture me demandent parfois
M S

pourquoi je souhaite développer une


C LE

pratique architecturale dans une ville où


O A
D ON

l’architecture ne répond que très peu aux


U

idées que l’on nous inculque en école. Une


I
AT

association entre des personnes ayant


N

différents mode de vie est selon moi le


LE

meilleur moyen d’innover et de trouver une


O

réponse architecturale à un projet.


EC

134
conclusion
J’ai pu l’expérimenter à l’échelle scolaire en était un workshop où nous avons rencontré
effectuant des travaux de groupe en France les habitants d’un quartier défavorisé. Une
avec des étudiants venant de toutes parts, place centrale était inutilisée. L’idée n’était
mais surtout en travaillant pendant six pas de débouler avec un projet tout fait,

S
mois avec des thaïlandais. Nyx a été ma en espérant que cela fonctionne mais de

TE
partenaire de travail pour un semestre et passer du temps avec ces personnes pour

AN
je pense que nous sommes toutes deux comprendre au mieux ce qu’ils souhaitent et

N
reparties avec des idées nouvelles. Notre d’adapter le projet en fonction. La deuxième

U DE
projet était le résultat d’une association expérience était de passer deux semaines
de recherches et idées engendrées par dans un petit village perdu au milieu de

TE E
R
U R
deux cultures différentes qui fonctionnaient la jungle, en compagnie d’une centaine

'A U
ensemble. Nous aurions aimé avoir plus d’étudiants thaïlandais, à construire une

D CT
de temps pour poursuivre notre travail en école pour enfants. Ce camp de construction

IT E
binôme. J’ai conscience qu’en travaillant combinait une expérience sociale et

O IT
là-bas je repartirai avec un regard changé,
R H architecturale. Chaque jour levée à 7h, je
D RC
évolué. J’acquerrai des savoirs sur le plan me dirige vers un espace entre-ouvert où
architectural mais aussi sur le plan social. les étudiants préparent à tour de rôle le petit
AU D'A

J’ai aussi conscience que ma formation déjeuner, puis direction le chantier jusqu’à
IS E

initiale peut être intéressante pour eux, ce que la nuit tombe. L’ambition était d’offrir
U UR

l’atout étant le mélange de ces différentes une autre salle de classe à une école déjà
SO IE

idées. construite qui manquait de locaux. Le


M
T ER

projet était sponsorisé et nous travaillions


Écrire un mémoire sur les rues de Bangkok bénévolement, en campant sur le terrain
EN UP

n’est pas anodin. Il m’a permis d’approfondir de foot de l’école afin de minimiser au
M S

mes connaissances sur une société dont la maximum le coût de réalisation. Ce camp
C LE

vie se passe essentiellement en extérieur. de construction m’a permis de découvrir


O A

En passant du temps dans les rues de et de comparer la réalisation et non la


D ON
U

Bangkok, on peut recueillir beaucoup conception d’un projet architectural, ce qui


I
AT

d’informations déterminantes pour penser m’a conforté dans l’idée de travailler dans
des projets adaptés à ce mode de vie. Mais une agence où l’on combine les deux.
N

ce temps a aussi été l’élément déclencheur


LE

de ma volonté de travailler là-bas. Comme Bangkok se remplit jour après jour de


O
EC

expliqué dans le mémoire, les espaces tours, destinées à un faible pourcentage


ne sont pas pensés pour la majorité des de la population et ce malgré l’affaissement
bangkokois. C’est donc ma volonté de du sol. Ce mémoire est un travail que
travailler dans une agence qui oeuvre pour je souhaite approfondir en habitant et
une architecture pensée pour les gens, travaillant à Bangkok, dans une agence
pour les rues. où j’aurai la possibilité de participer à
la conception et construction de projets
Deux expériences durant mon échange venant améliorer les conditions de vie dans
universitaire m’ont motivées. La première les rues de Bangkok.
135
136
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
entretiens

S
TE
Sasimar Srisakulwan, Nyx

AN
Entretien réalisé le 18/12/2017
Etudiante en architecture à à KU, Bangkok

N
Thaïlandaise, 23 ans

U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
Jessada Suwaratana (Tosh) & Dawn
R H
Entretien réalisé le 11/12/2017
D RC
Fermiers
AU D'A

Vivent en Thaïlande, mariés depuis 38 ans


Thaïlandais et Américaine
IS E
U UR
SO IE
M
T ER
EN UP

Sascha Fritsch
M S

Entretien réalisé le 15/01/2018


C LE

Chef de projet
O A

Six mois de voyage en Asie


D ON
U

Allemand, 31 ans
I
AT
N
LE
O
EC

Mathilde Pinatel
Entretien réalisé le 17/04/2018
Etudiante en architecture à Nantes
Erasmus à Bangkok
Française, 25 ans

137
Sasimar
Srisakulwan (Nyx)

G. So maybe, to begin, you can just present

S
yourself ?

TE
AN
N. Ok, My name is Sasimar Srisakulwan,

N
you can call me Nyx by the way. I live in

U DE
Bangkok since the day I born, and now I’m

TE E
22, studying at the faculty of architecture in

R
U R
kasetsart University? Yeah, that’s me.

'A U
G.. So you think it’s not just for student

D CT
people, but for everyone ?
G. Could you give me a definition of a

IT E
O IT
public space, for you ?
R H N. Yes it’s for everyone, but we have also
D RC
coworking space that wish to be also a
N. The definition of public spaces for me coffee and it’s really working, we can find
AU D'A

is like a space where a lot of people can more and more places like this.
go and not spend any money, people from
IS E
U UR

every social types. The can go there and


met each others. It could be a space to do a G. About the park in the city, do you use it ?
SO IE
M

lot of differents things.


T ER

N. By myself, no, I’m not using a lot,


EN UP

G. You told me before that you consider because it’s quite not safe I think and it’s
because of the weather, which is so so hot
M S

coffees as public spaces in the way you use


C LE

it, could you talk about that ? all the times, so people prefer to go in some
shopping mall instead.
O A
D ON
U

N. I think a lot of Thai people use coffee


G. OK, could you talk to me about the
I
AT

shop or a café as a public space where they


can work. We only have to buy like a cup of relation you have with the sopping mall ?
N

You or Thai people in general ?


LE

coffee to sit in there on day or like 6 hours,


we don’t have to buy more than that. We
O

N. I think when you want to buy something,


EC

have a lot of coffee shop in Thailand, every


block they gonna have one. They also have you go to a shopping mall more than
coworking spaces, it’s not like coffee shop, a market or a stand alone shop. We
because they don’t have only tables, it have a lot of shopping mall in Thailand,
was thought for work. Oh and they also let every district will have one. And in a
people rent rooms for meetings or anything, shoppnig mall they have a lot of things
some spaces you cannot have in a coffee like a theater, a supermarket, restaurants,
shop. coworking spaces, fitness sometimes.

138
don’t use a lot their appartments, to work
G. Ok, so it’s not just to shop ? together, or having a beer, or eaven to
make party ?
N. No, like after they finisk to work or study,
they go to the shopping malls because they N. Yes
need to have the air conditionner all the time
because the weather outside is too hot. G. Do you know why ?

S
TE
G. Ok, and i you need a nice place to stay N. For me, I used to have party at my room

AN
with your friends, and have a drink, where and the owner of the doorm don’t like it, and

N
do you go ? we had to do it outside of the dorm. And yes,

U DE
sometimes we also go to bar, some places

TE E
N. We have some districts where we have where they have music and probably a lot

R
U R
of people there, so it’s better. But if I want

'A U
nightclubs, Sukkumvit, Silom and Tonghlor,

D CT
somes places like that, or maybe Khao San. to hang out with only my friends, I prefer to
be at my dorm.

IT E
O IT
G. Ok, but you’re always going into bars ?
R H G. And what do you think about the people
D RC
N. Yes who spend dome hours in parks ? For
AU D'A

example I saw some people in hamacs.


IS E

G. You never go for example outside, and


U UR

buy your beer and food at 7/11 and just sit N. I think it’s great, in your country
you don’t have that right ? (laughs)
SO IE

somewhere outside?
M
T ER

G. No we don’t
EN UP

N. No, but sometimes we buy it and drink it


at our rooms.
M S

N. In Thailand we have a lot of it. I’m not


C LE

G. Ok, and what do you need to feel good used to do it but some people older than
O A
D ON

me, from another generations, thay use it,


U

in a public space ? Air conditionner as you


said, and what else ? or people who come from outside Bangkok.
I
AT

It’s not traditionnal but it’s kind of basic.


N

N. I think the activities in the public space


LE

are quite important for me. In Lumpini park G. But why they does that ? They prefer to
O

they have yoga, and a lot of activities which be outside, and have a rest outside ?
EC

make the space better, more than the other,


like Chattuchak park. Yes, it’s big, really big, N.They might be homeless people, or
but it’s big and there is nothing, no one go if they are not, thei appartments are not
there, they just walk to pass throught it and good to live in there, so they want some
the market. public spaces, like some parks with better
environment to live in. Yes, I think it’s
G. Ok. From what I saw, Thai students better than thei appartment because some

139
appartment in Thailand are sooo bad, with lot.
small rooms, bad environment and bad
neighbourhs. G. OK, and what to you think about the fact
that there is no garbage into the city ?
G. Ok, and if you want to be alone, but
outside, to read a book or something, where N. It’s because of the management of the
do you go ? government, because as you know the

S
TE
politics in Thailand is really bad and that cost
N. In a coffee shop a lot, and that have effect on everything. For

AN
the garbage it’s being like this for quite a

N
G. So never in outside space ? while and people just throw the trash in the

U DE
street or on the ground near the street lights
and they just put the garbage on the base

TE E
N. Sometimes I can go to shopping mall,

R
U R
of it.

'A U
where they have exterior spaces, but it’s

D CT
not park and there is passive cooling which
G. Did you heard about the fact that

IT E
help a lot .

O IT
Bangkok want to put all of the street food
R H in one market ?
G. And we speak about park, coffee,
D RC
shopping mall, do you think about others
AU D'A

places that thai people likes to use ? N. Yes !!


IS E
U UR

N. I don’t know (laughs). Because we G. What do you think about that ?


SO IE

use a lot of shopping mall, or the spaces


M

N. Actually, I think that sometimes street


T ER

in front of the shopping mall, so I think it’s


always connected to shopping mall. Oh food can affect the footpath and affect a lot
EN UP

and we have a lot of night market too, like of things in a bad way but I think it still a
M S

with some events at the market in an open good thing, like the others countries dosen’t
C LE

space. We have a lot of it nowadays. have it. In Japan for example they have a
O A

management of it, they could have a street


D ON
U

G. Ok ! And what about the street ? That’s like this but they have to put a name of this,
I
AT

funny because it’s always used by people, and it’s controled by a system. So actually
street food it’s like the signature of Thailand
N

like people who sell food, but nobody stay


right ? And if we manage it correctly it’s
LE

or seat there to eat or anything, what do you


think about that ? gonna be great. Because we have street
O
EC

food for a long time !


N. I think it’s bad because we have bad
infrastructure, a bad footpath, a lot of G. Yes and also because I think that if you
street food so that doen’t make people feel put everything at the same place there is no
passing through and we don’t have sharing interest anymore because the interest is in
spaces, like even bench, so I think people finding food anywhere, at any moment.
don’t feel like spending time in a footpah a

140
N. (laughs) : Yes all the time, I think it’s always opened ?
great, but sometime we have to manage it
correctly . N. No they close, and their is still homeless
in there, that’s also why it’s not safe.
G. And everybody can just go outside and
sell food right ? G. Ok, thanks for everything Nyx.

S
N. Yes, you don’t need a licence, you

TE
don’t need to pay anything for it. I think it’s

AN
because of the government too (laughs)

N
U DE
G. Do you know if their is differences

TE E
between the way people use public space

R
U R
in country side and big city ?

'A U
D CT
N. Yes, there is a lot of differences. In my

IT E
O IT
countryside’s home they use a lot of local
R H
market to be public spaces. Thay also
D RC
use a lot of parks, more than in cities. And
AU D'A

sometimes they go to someone’s home. In


one district they gonna have one big home
IS E
U UR

that everybody knows and it their is some


events they gonna go there.
SO IE
M
T ER

G. But this a house of someone, or like a


EN UP

public home ?
M S
C LE

N. No it’s not a public home, it’s own by


O A

someone. But in a countryside they know


D ON
U

each other better than in Bangkok.


I
AT
N

G. I think it’s ok, maybe you want to add


LE

something else ?
O
EC

N. I think that sometimes publics space in


other countries, like your country, are better
in the terms of publicness. Because it’s really
public, more than here. We have parks, but
not good enough to be used by everyone.

G. And about the parks you have, they are

141
jessada
suwaratana (Tosh)
& dawn
G. Could you just present yourself, and

S
quickly what did you do in your life ?

TE
AN
D. Ok, my name is Dawn Suwaratana, I was

N
born in the United States but I’ve only live

U DE
there for 12 years of ly life because when I

TE E
was young my family traveled. We traveled

R
U R
to Israel and we lived there two years and

'A U
out of the society, so we wanted to make
then my father went back to united states

D CT
some changes. And we move here about
briefly and we were going to immigrate to

IT E
22 years ago, to be self-sustainable, to

O IT
Australia. But we were travelling before
R H do some agriculture. I have a radio station
going to Australia. We went to Israel, to
D RC
here, a community radio station, with music
India.. And on our way, the last airplane
and messages.
AU D'A

to go to australia, we had a change for a


flight in Bangkok. And they found out that
G. Ok, thanks ! So I would like to speak
IS E

our visa were not in order so my father try


U UR

to apply for an immigrate visa from Bangkok with you about public spaces. So I have
SO IE

that he never got. So my father stayed in a few questions. How could you define a
M
T ER

Thailande for 22 years and I’m here for 41 public space, what is it for you ? Either in
America or in Thailand.
EN UP

years now. And I went to a thai school, I


did a thai language high school. I met my
M S

husband when I was 17, he’s 6 years older D. Well, of course, in America, privacy is
C LE

than me. We got married when I was 18 and a big issue. Mine/Yours, Public/Private
O A

is a major issue. I was growing up in my


D ON

he was 24. So we’ve been married for 38


U

years now, and we have 10 childrens, the family, which was a very private family,
I
AT

oldest one is 34 and the youngest one is 12, and even within the family, everything was
N

or 13, something like that (laughs). quite devided. So that was only for a part of
LE

my life. Thailand is the absolute opposite.


The word «privacy» is not even able to be
O

T. Ok, my name is Tosh Suwaratana. I was


EC

born in Chiang Mai, up North of Thailand. I translated in Thai, because everything is


went to America when I was 17 and I stay community. When you talk about family,
in America about 10 years. I came back you talk about aunt, uncle, grandma,
to Thailand and I met Dawn, and married granpa, grandchilds, this is all family. So it
her right away. I worked in education. was a big adjustment for me when I came
These are the people living around the to Thailand, when I get married, because I
border, they have no education, they live felt like if everything was exposed. Anybody
was allowed to go anywhere in my house

142
when they came to visit. For decades I have not understand that this is stealing ?
to deal with it, like people comming to my By this time we had planted some corn,
door of my house telling me «May I use near the frontier. And we didn’t pick it when
your bathroom ?» . And my bathroom was it was ripe because the cafeteria was near,
always at the back of the house, and they so every time we made a meal and we need
could see every single room. It was quite it, we just went to pick some, and we cook
stressfull because I had 10 childrends, so it. One day we went there to pick it, and it

S
the house was always a mess, you know. was all gone. «Somebody stole our corn !».

TE
So finally, after many decades I begin to ask And at the church, the next day, we said :

AN
question to myself : «What is privacy and «This is bad, somebody stole our corn».

N
public for them?» because I could not get And somebody just said : «Oh I took it!», so

U DE
them to understand my privacy, there is no we ask why and he said «Because it was
way they can, it was not going that way. So ripe and you didn’t pick it so i thought you

TE E
how do they deal with this ? So one thing

R
didn’t want it !». So this is the rule, and then

U R
'A U
I notice, was locking the doors. Everything I knew : If this is laying around, it means you

D CT
if you really want it yours and if you don’t don’t need it. And if I need it, I’m free to take

IT E
want anybody in it, you have to lock it. And it. So they have different definition of what

O IT
people are ok with that, nobody ask what’s
R H is stealing. And after that, I was like, ok,
D RC
in there, nobody ask why is it locked. That anything, if I really value it, I have to keep
was the language to say : that’s private. And it inside, locked up. Not because people
AU D'A

they don’t own a lot of things, so that was are bad, but because they don’t own a lot
the second things I did. I cannot have a lot of things, so they don’t understand, they
IS E
U UR

of things if i live in a place where there is not thinks that you have so much, you don’t
a lot of privacy. So if you only have a few need it, and it’s ok if they take it.
SO IE
M

things that you really like, you keep them.


T ER

But if i had so many things i cannot manage T. Eastern culture is sharing. Western
EN UP

them, i have to say ok if that disappear. is : whatever is mine, is mine, whatever


M S

Because when they are looking at it, they is yours, is yours. But for the eastern,
C LE

don’t always just leave it alone, they don’t everybody belongs to everybody : family,
O A

just look at it, sometimes it disappear. And culture, things. So to protect, like Dawn
D ON
U

it was another asjustment for me. I was said, you have to be sure that this is yours.
I

teaching people «this is stealing, you should


AT

But even with that, people steal. I mean, if


not stealing» but it didn’t work. Even for our you leave something out, they think that we
N

school students. For example i was puting share, because we have. So this is sharing
LE

a clothe on my baby, and on the clothes I for us, but this is hard for Western people to
O

wanted to put some pins, like the pins in


EC

understand.
America, with cute little bear and animals
you know, and I couldn’t find my pins ! And
D. The word «steal» to Americans, is
I look at a girl, one of a student going to the
«share» to Thais.
same school, and she had pins on her bag.
And I told her «why did you take my pins ?».
So after all of this stories I was questionning G. Yes and I’m not afraid in Thailand to let
myself, what is happenning, why do they stuff like cellphone and just go somewhere

143
else, because they know you care about it D. (To tash) So the living space, it’s open,
for this kind of stuff. And, we noticed, you but does that mean that everybody can go
know the other time, when we went to put in ? like people you don’t know ?
the glass in one Thai people house, and
you and they told us, that we could go T. No, if you don’t know them you shouldn’t
inside to wash our hands. So it was kind of go in. But for the people who are close, like
a public space for me, because their was a the relatives, friends, and neighbours, they

S
roof, but high, and open to the street. But can just walk in.

TE
it was definitely a house because a family

AN
is living inside. And their was a bathroom
D. So traditionnaly, and in the village, like

N
and a kitchen, but still, the kitchen is also
the very small village, the house will be

U DE
open to the street, like if it was street food.
on stilts, and upstairs, it’s one open room,
So I don’t really understand wat is the limit

TE E
completely open. Upstair, it’s only for
for Thai people between the house and the

R
U R
sleeping, and they will have the matress,

'A U
street ? And what about the space between

D CT
no bed, no furniture. So they have matress
?
and mosquito net. So the mosquito net

IT E
O IT
is to divide. The mother and father have
D. Well the fact that she had her kitchen
R H their mosquito net, the children have their
D RC
right next to the street makes me wonder. mosquito net, this how they divide the
Usually the kitchen is at the back of the
AU D'A

room. And nobody goes up there exept


house. I’m wondering if she’s planning of for the family, because there is nothing
IS E

maybe, selling some food or somethinglike to do, and it’s hot, in a day time. So only
U UR

that. Maybe that’s why she put it like that, the family go up there at night to sleep.
SO IE

and make it open, and so close to the road. And traditionnaly, for country living, they will
M
T ER

So maybe she’s thought in the future she hang a rope, between two nails ?? , and
might do that. But usually the kitchen is at
EN UP

they will put the clothes over the rope . No


the back of the house.. In the city ! But in hangers, nothing, they just flop it over ??
M S

the countryside, the kitchen is outside. The . And then, everybody that comes to visit,
C LE

kitchen is never inside, in most houses. everything happens underneath the house
O A

That what is traditionaly at least. So for


D ON

?? . There will be a big table, very low, then


U

house with their own style, the kitchen will people sit on, you prepare your food there,
I
AT

be outside. you talk to your neighbourh, you take a nap


N

there in the afternoon, the cooking would


G. So in countryside, you can just enter in
LE

be close by and so this is the public space,


the house of people, in some part at least.
O

unbeniev the house ?? . And the upstairs


EC

I know that in this house, we saw some is private.


closed part, I think it was the bedrooms,
so we can see it. But a lot of parts, like T. But this is the country, in city it’s different.
the living room, where everybody was, we
could enter. So does they want the view
open ? Why they are not closing ?
G. Ok, I would like to speak more about big
public space, like the parks, or big space
like they have in city, as community malls, if

144
you have this in country side ? Space where like that. And it could be a wide and quite
you can go and meet people ? area.

T. Not in countryside, no. G. Ok, and for exemple if you want to meet
your family, are you going to invite them in
D. The public space in the village, here, your house ?
is the chief of the village’s house. In front

S
D. If your friends or family come and you

TE
of his house, he will have a public space,
where the postman brings the mails, he put want to do something, either you will go

AN
it on the table in front of the chief’s house. to the reservoir, the park, to sit and eat

N
All of us have to go in front of this house to together or you just stay home. If they

U DE
get the mails. When he has a meeting, he’s come from far away you just stay home. If
calling a meeting when he has to discuss you want to meet up somebody and just to

TE E
R
U R
with everybody from the village, so their will speak with him, well, it just doesn’t happen,

'A U
be a lot of speakers, so everybody come in because in the village you see everybody

D CT
front of his house, and that’s where they will everyday. In the afternoon, if somebody is

IT E
O IT
sit. sleeping and you just walk pass, and talk to
R H them, so you actually don’t need to make an
D RC
G. Ok, and do you know about public space appointment to meet them and talk to them.
AU D'A

in city ?
G. And in biggest city ?
IS E

D. There is a park in Pak Chong, in town.


U UR

I won’t put an hammoc there, but their is D. In Pak Chong, sometimes we meet our
SO IE

some places where you can sit. People friends who came from Bangkok, we meet
M
T ER

usually don’t take their food there because them at a store, and we sit and grab a
EN UP

it’s not peaceful enough. But it’s still public, coffee there.
M S

people go there at night sometimes to hang


C LE

out . If they want to take a picnic, they will G.. Ok, because in Bangkok, I could see
O A

go out to the dam, to the reservoir. that they prefer to use public coffee for
D ON
U

example than appartment to work, or to


T. Or to the waterfalls, to the national park.
I

meet people do you know why ?


AT
N

D.. There is another public area in front of D. Because at home, they have mum,
LE

the police station. Once a week there is a dad, grama, grandpa, they are not living by
O

market, so they just come there, or if they


EC

themself.
are wainting for somebody. But it’s very
dirty. But there is also the time when private G.. Ok, and i was also wondering if
area becomes public, for a fair or an event. everybody can sell food, in city and
So they will hire an empty lot. It belongs to countryside,or if they need a licence or
somebody but during the event it’s public. something ?
Everybody goes, people set up their shop,
people walking, seating and eating and stuff

145
D. No but you may have to pay a little bit to community, a all community. They like to be
the owner of the land . If their is a market, together, they don’t like to be alone.
this is how the owner makes money,
everybody pays, maybe a 100 baths or G. Ok. And I heard that in Thailand, you
something . It depends of the place, you grew up in a house, and after, when you
know. You pay and then you can set up. But work, you stay in the house and take care
there is no licence or anything. of your parents. Do you think this is only a

S
question of money ?

TE
G. Even in big city like bangkok ?

AN
D. It’s just practical. So first of all, the

N
D. For Bangkok, they don’t need a licence, parents stay in the house to raise the

U DE
but they have to have a zone, to get children, then, when the children are young
adults, they have a family on their own, so

TE E
permission to ben in the all event you know

R
U R
but within the event they don’t check. they need somebody to take care of the

'A U
children because they are going to work. So

D CT
G. What would be the perfect public space their parents can take care of the children.

IT E
O IT
for you in Thailand ? And they give money to the parents, so the
R H parents, because they are getting older,
D RC
they don’t need to work. So the parents can
D. Like if you want to go somewhere and
AU D'A

just go to work and they have energy. It just


just chill, you can just walk, that would be
works better. And when the parents get old,
the perfect place. We have this problem,
IS E

they can live next to them.


U UR

because we are so confortable in our own


place. The perfect public place for us is our
SO IE

G. Ok. And one last question, about


M

porch. But when our children come and we


T ER

want to go somewhere else, we go to the smoking in public space. In Bangkok, some


EN UP

reservoir, which is quiet, with nature, this is space, like in front of community mall, are
public, for me. But you cannot smoke there.
M S

where we would go.


C LE

So I was wondering, how Thai people react


to smoking in the street and public space ?
O A

G. Ok ! Because some Thai’s friends told


D ON
U

me that a lot of Thai people, after work, are


D. For me, as a women, women do not
I
AT

going to community mall.


smoke. It’s not beautiful. In fact, the only
N

ladies that smoke are the prostitute. So if


T. That’s Bangkok !
LE

you’re smoking, you’re like a prostitute. So


O

this is why you won’t see women smoking.


EC

D. But I also thought the same thing when I It’s just doesn’t look lady like to them. For
went to school, because I only had one day the men smoking, I don’t know, because i
off a week, and I just wanted to go home, don’t really smoke, I never pay attention to
and relax. But student ask me, « don’t you that. What do you think ? Tash also doesn’t
want to go somewhere ? » and I told them smoke.
« don’t you never want to be alone ? » . But
no, because friends are family, and this is a
T. It was ok, until the government kind of,

146
you know, put a propaganda : no smoking,
not good that’s the rules. Actually, in the
holidays, the ladies smoke too, up north.
But this is not a secret like this, with the
army things, you know. Smoking become
prohibit just recently, but people try to
protest. For me, it doesn’t matter

S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
R H
D RC
AU D'A
IS E
U UR
SO IE
M
T ER
EN UP
M S
C LE
O A
D ON
U
I
AT
N
LE
O
EC

147
Sascha fritsch

G. Hello. Could you present yourself ?

S
TE
S. My name is Sascha Fritsch, I came from

AN
Germany. I’m 30 years old.

N
After school I went to england for one year,

U DE
I worked in a little village in the south of
England. After that I started studying IT and

TE E
R
U R
telecommunication. While studying, I’ve

'A U
you get to be aware in a public space.
been twice in Valencia, Spain : once for half

D CT
For example with garbages, or you own
a year and another time for three months.

IT E
behavior, with people around you in public

O IT
After graduating the master degree, I
R H space.
starded working as a project manager IT
D RC
for the deustch telecom. During the last
G. Like what ?
AU D'A

six years i’ve been working six month


in Barcelona. I travel one month in new
IS E

Zealand and since November I’m travelling S. Well for example I think that a lot of
U UR

through south east Asia, which involve asian people don’t see the environment
SO IE

Singapore, Malaysia, Thailand, Laos, as important as some european people,


M
T ER

Cambodia, Vietnam, hong kong and Japan. the government doesn’t care as much
EN UP

I haven’t been to Vietnam, hong kong, and as european government. But also how
japan yet. different culture and different types of
M S

In Germany I live in Leipzig, a city with half humans behave in public space : being
C LE

a million inhabitants, in former east part of noisy/quiet. Needing a lot of public space,
O A

little space. There is differences between


D ON

Germany.
U

what people talk in public, what people


I
AT

G. What is for you a public space ? What wear, how people are aware of other people
N

could be your definition ? in public space.


LE

G. Do you use a lot public space in


O

S. First I would say sea, forest, a park but I


EC

think also of a street or a restaurant. Germany, and what kind ?

G. Ok, and did your travel in Asia change S. The street, the parks, the lakes and the
the vision you have of public space ? beaches, public sport places (for football
and tennis), and market I would say.
S. Maybe a little, you get to know a lot of
ways of people behave in public spaces, G. You say that you use street, how ?

148
view, and a balcony.
S. By walking, driving and seating. In my
city it’s quite commun that we seat on the G. Why not a coffee ?
street with a beer when there is not a lot
of trafic. S. Oh yes but Bangkok is so huge, and
since I don’t know Bangkok and its area
G. So does that chock how they use street very well I just think that in a lot of areas

S
TE
in Thailand ? there is café, restaurants, bars and good
people to meet.

AN
S. It was really different, yes. They don’t

N
have a lot of side walks, but still people G. What was the most surprising about the

U DE
sit along the street, or in cafe, restaurant use of public space in Thailand ?

TE E
and bars. But only in areas with less trafic :

R
U R
villages, towns. S. First of all, trafic rules, are not as

'A U
D CT
important as in Germany, the way they
G. What about Bangkok ?

IT E
use their beach and riverside because

O IT
here it’s more a business, like fishing boat
R H
S. In Bangkok i set down close to the road or transportation for the local. In germany
D RC
twice or three times, but it was always too there is not as much jobs related to water or
AU D'A

noisy to stay outside. Also because if their to the sea. Or how they use their street as
is a lot of trafic, their is a lot of dust going street food wouldn’t work in Germany.
IS E
U UR

though the air. And outside is too hot, inside


it’s too cold, a lot of time. G. What about park ?
SO IE
M
T ER

G. Ok, and if you would have to work in S. We use a lot of parks in Germany, but I
EN UP

Thailand, where would you go ? was just walking through park to see them
M S

in Thailand, but not to relax or to do sport,


C LE

S. If it would have been connected to my but the usage of a park is similar to the
O A

usage to a park in Germany : people are


D ON

job I would have been to bangkok, because


U

it’s the economic center, and a lot of jogging, sitting and talking, and people are
I
AT

companies within my area. being in a social environment.


N

G. So why you didn’t used it ?


LE

G. Oh, yes but I mean, in which kind of


O

space, would you go to work ?


EC

S. Because I didn’t saw a lot of park, and if


S. I think I would go to .. that’s hard. I think I saw one, it wasn’t the right time to hanging
i would prefer going to the beach. on with friends or doing social activities.

G. And if you were in Bangkok ? G. What about hanging around to have a


beer?
S. I would get an apartment with a nice

149
S. Yes, I feel i could use a park the same G. And did you felt not welcomed because
way as in Germany. of that ?

G. So no different approach in public space S. I had only good experience with hostel
while smoking and drinking ? and guesthouse’s owners, shop’s owners,
or into the shop and restaurant I sed. They
S. Well, in Thailand I would choose a place were very welcoming at least, most of them

S
had a smile. Of course I sometimes didn’t

TE
to drink more sensitively than in Germany
because in Germany I can do it everywhere. feel welcomed but this was the exception.

AN
Because of the store owner who didn’t look,

N
G. What about privacy in Thailand ? talk or interact at all.

U DE
G. What are you thinking about if you want

TE E
S. Privacy is not as important in Thailand as

R
U R
to make public spaces better in Bangkok ?

'A U
it is in Germany, especially if you go to the

D CT
countryside, there are a lot of people who
S. What I really like was the concept in

IT E
spend the all day outside where everybody

O IT
can see them, even having a shower, or Spain, in Barcelona and Valencia, they
R H
taking care of kids, without a barrier to the cut the edges of the crossing, so instead
D RC
public, which seems normal. I think it is on of a building at the edge, there is a public
AU D'A

their property, like garden, boat, or field, space, which could be a garden or more a
but there is nothing like a wall, edge or little area like a playground or a restaurant,
IS E
U UR

something. In Germany, they are very aware a little park. Not very big but the it seems
of their privacy. Maybe they are in Thailand, more open, more like a place to hang out
SO IE

but since i’m not a big fan of drinking at


M

but they just cannot afford it, I don’t know.


T ER

Bangkok was very different because there loud places, which most of the street are in
EN UP

are mostly buildings, no garden, front yard, Bangkok, I would prefer having a backdoor,
M S

there was only streets, and a lot of shops, restaurant, bar, shop, which open on the
C LE

restaurant or convenience stores which other side, not on the street side.
And definitely I would suggest Bangkok to
O A

are located within the house of the family


D ON
U

owner. reduce traffic, and I would prefer having a


beer in public area.
I
AT

G. And were you confortable with that ?


N

G. Do you think that there is a link between


LE

S. Sometimes it was strange to see the bed money and public space ?
O
EC

next to the reception of the restaurant, or to


see the television of the living room inside S. Yes there is. In average, the more
of a shop or a hole family with children wealthy you are, the more privacy you
playing in a little restaurant along the street have, and you don’t have to use a lot of
and women cooking from the fridge, that public space. You’re more concerned about
they use for their own fridge as well. your privacy because you can afford it.

G. So do you think that public space should

150
be free ?

S. Yes in general. There are some


exceptions, like natural parks, to use
entrance fees for restoring or keeping the
place alive, it’s ok, but public space in
general should be free.

S
TE
AN
N
U DE
TE E
R
U R
'A U
D CT
IT E
O IT
R H
D RC
AU D'A
IS E
U UR
SO IE
M
T ER
EN UP
M S
C LE
O A
D ON
U
I
AT
N
LE
O
EC

151
mathilde pinatel

M. Je m'appelle Mathilde Pinatel, je suis

S
étudiante à l'école d'architecture de Nantes

TE
en première année de Master je viens

AN
de rentrer d’un échange universitaire en

N
Thaïlande.

U DE
G. D’accord j'aimerai savoir quels ont été

TE E
R
U R
tes différents endroits d’habitat ?

'A U
parce que j'avais une amie qui habitais

D CT
dedans et donc je l’ai récupéré quand elle
M. Les différents endroits où j'ai pu habiter

IT E
est partie. Je voulais le garder parce qu’il

O IT
dans la ville tu veux dire ?
R H
D RC est bien, enfin il est petit mais il est à taille
humaine pour une personne et il est assez
G. Oui où tu y as habité par toi-même. pratique et confortable. Tout n'est pas dans
AU D'A

une seule pièce, la chambre est à l'étage


M. J'ai d'abord habité pendant deux ans donc je peux quand même recevoir du
IS E

à Lyon pendant ma classe préparatoire,


U UR

monde sans que ça soit sur mon lit donc


j'étais en colloque avec trois colloques c'est agréable et c'est pas trop long à
SO IE

différents sur deux ans. Ensuite je suis


M

ranger, tout est proche.


T ER

venue à Nantes où j'habite depuis 2013,


EN UP

une fois seule et une fois en colloque. J'ai


eu aussi des périodes à l’étranger, donc à
G. Et pourquoi un appartement à cet
M S

endroit ? Est-ce que tu prenais en compte


C LE

Berlin où j'ai habité avec un groupe d'amis


la localisation quand tu l’as choisi ?
puis en collocation et en Thaïlande j'étais
O A
D ON

en collocation avec une amie.


U

M. Évidemment. Alors j'avais déjà habité


I
AT

près de la place royale et sur la place


G. Et tu coup maintenant où est-ce que du bouffay avant à Nantes et je voulais
N

t'habites ? vraiment rester dans bouffay parce que


LE

c'est un quartier que j'aime beaucoup et


O

M. J'habite à Nantes toute seule. qui est très vivant, où il se passe tout le
EC

temps des choses, où je suis proche de


G. Et pourquoi tu as choisi cet appartement pleins d'autres gens. Comme je ne suis
? pas quelqu'un qui aime beaucoup rester
seule, pour moi c'est important d'avoir du
M. C'était l'appartement que j'avais déjà monde à proximité, pour voir mes amis
avant de partir en Thaïlande en fait. Je l'ai assez souvent. Et c'est aussi pour ça que
sous-loué pendant six mois et je l'ai choisi j'ai gardé cet appartement parce que c’était

152
un des seuls appartements dans bouffay à ? Est-ce qu’y aller à pied c'est un choix ou
avoir du double vitrage donc c'est pas trop c'est juste plus pratique ?
bruyant.
M. À Nantes si j'avais le choix je n'irai pas
G. OK. Quels sont tes modes de en voiture parce que c'est moins pratique
déplacements dans la vie de tous les jours mais par exemple je préfère venir à l'école
? Que ça soit à Bangkok à Berlin ou à à pied qu’en vélo finalement même si je

S
Nantes. met plus de temps, parce que je suis plus

TE
tranquille et c'est un peu mon petit rituel du

AN
M. Principalement à pied à Nantes. J'ai matin où je vais écouter de la musique pour

N
aussi un peu pu me déplacer à trottinette ou venir en cours, je vais prendre un quart

U DE
à vélo selon là où j'avais cours. J'ai eu une d'heure juste pour marcher tranquillement
période trottinette mais finalement c'était et pas penser à grand chose. Alors qu'à

TE E
vélo, bon finalement il faut quand même

R
U R
pas pratique. Et à Bangkok je prenais un

'A U
super bus pour aller à l'école et parfois le être un minimum vigilant sinon c'est

D CT
BTS quand on avait des sorties un peu plus dangereux, on ne peut pas trop écouter de

IT E
aventureuses un peu plus loin dans la ville. musique et j'aime mieux que ce trajet soit

O IT
R H un peu plus long.
D RC
G. Et du coup pas trop piéton dans
G. Et à propos de ton quartier que ça soit à
AU D'A

Bangkok ?
Berlin à Bangkok ou à Nantes, c'était quoi
IS E

M. Non les contacts que t’avais avec ton quartier ?


U UR

M. Alors à Nantes je n'ai jamais eu


SO IE

G. Pourquoi ?
M
T ER

trop de contacts avec mes voisins, si là


actuellement j'ai un voisin en dessous de
EN UP

M. Parce que c'était trop grand


chez moi que je vois de temps en temps
M S

parce qu'il a un chien super mignon et


C LE

G. Mais est-ce que c'était agréable? qui est vraiment adorable et aussi que j'ai
O A

eu un dégât des eaux qui a explosé son


D ON

M. De marcher à Bangkok ? Non, il faisait


U

plafond et du coup maintenant on se parle


trop chaud et c'était hyper pollué. Enfin
I
AT

un peu quand on se croise, c'est chouette,


il y avait des coins sympas mais nous ça nous a rapproché. Mais en dehors de
N

on évitait de marcher dehors. On avait ça je connais très mal mes voisins, ce qui
LE

tendance même à se déplacer de centres est dommage parce qu'il y a que quatre
O

commerciaux en centres commerciaux, à


EC

appart dans l'immeuble, donc ça pourrait


l'intérieur, ou à prendre les taxis et moto être sympa qu'on se parle un peu plus.
taxi pour ne pas marcher trop longtemps À Berlin, la première fois j'habitais avec
dehors, surtout à la fin. tout un groupe de copains dans un étage
d'une auberge de jeunesse où on bossait,
G. Est-ce que tu penses que tu as des donc nos voisins finalement ça n'était pas
modes de déplacement différents en vraiment nos voisins, c'était des gens qui
fonction de tes obligations ou de tes loisirs étaient clients de l'auberge, donc ça n'était

153
pas le même rapport. Et après quand j'étais se permette de mettre les 1000 €. Ici ça
en colloque, c'était super parce que c'était pourrait correspondre à des frais d'agences
une espèce de communauté d'accès à la plus une caution donc ça n'est pas si
propriété et il y avait beaucoup de jeunes. hallucinant que ça, mais c'était des gens
C'était dans le Wedding, donc l'ancien qui prévoyaient aussi de rester longtemps
quartier français tout au nord de Berlin, dans cet immeuble et c'est ça qui était
et ce qui se passait, c'est que pour être agréable c'est que les gens se projetaient

S
locataire il fallait acheter des parts de vraiment à vivre ici et apprenaient à se

TE
l'immeuble, donc pas forcément énorme, connaître et à construire quelque chose

AN
mais en gros tout le monde avait participé ensemble dans ce quartier là, qui en plus,

N
à peu près à hauteur de 1000 €, pour en dehors de ça, n’était pas forcément le

U DE
acheter des parts et être investi dans la quartier le plus chaleureux de Berlin. Donc
vie de l'immeuble. C'était en fait trois petits vraiment il y avait un truc sympa là-bas. Et

TE E
immeubles, c'était drôle, parce que ça à Bangkok on a très peu croisé nos voisins,

R
U R
'A U
faisait très quartier français, ça ressemblait c'était cordial quoi, on les croisait on leur

D CT
beaucoup au 16e arrondissement de Paris disait bonjour, mais on ne les connaissait

IT E
architecturalement parlant, mais dans pas du tout pour le coup.

O IT
l'esprit c'était complètement différent parce
R H
D RC
que c'était vraiment un habitat partagé, on G. Et la vie de quartier à Bangkok?
avait des espaces communautaires pour
AU D'A

une association, donc les habitants avaient M. Alors la vie de quartier pour le coup était
par exemple une espèce de grande salle
IS E

sympa parce que comme on mangeait tout


U UR

commune où ils pouvaient choisir de faire le temps dehors, en fait ça nous a aussi
des conférences, des événements, des
SO IE

obligé aussi à beaucoup nous balader


M

petites choses. Et vraiment le voisinage


T ER

dans les 200 m autour de chez nous. On a


était particulièrement agréable là-bas pris nos petites habitudes, d’aller toujours
EN UP

parce qu'il y avait vraiment ce sentiment manger dans les 2,3 petits restaurants
M S

d'appartenance à un même groupe. Il où on allait tout le temps, ou les trucs de


C LE

y avait aussi plein de services mis en rue et toujours prendre le même café au
O A

commun dans cet immeuble, Je vais même endroit… et comme tout le monde
D ON
U

penser aux machines à laver, des trucs fait comme ça, on a aussi l'impression de
I

bêtes comme ça mais aussi parfois il y avait


AT

s'intégrer à un espèce de rituel plus global


des gens qui faisaient livrer des fruits et des en vivant de cette manière là.
N

légumes, des choses comme ça pour tout


LE

l'immeuble. C'était vraiment super chouette G. Et du coup est-ce que tu as un avis sur
O

comme endroit j'aimais beaucoup.


EC

la politique urbaine, qu'elle soit actuelle ou


son évolution?
G. Ça fait un peu penser aux résidences
étudiantes M. Comment ça ?
M. Ouais mais c'était des étudiants G. Ça peut être plein de choses comme la
qui étaient déjà un peu plus vieux je Street Food par exemple.
pense, parce que déjà il fallait pouvoir

154
M. Ah comment il faudrait que ça évolue? M. Non pas du tout, au contraire, moi la
Street Food j'étais carrément pour, enfin
G. Oui ou comment tu voudrais que ça j'aime bien manger quoi, ca fait partie de
évolue, ou comment c'était quand on y était. mes caractéristiques majeures. Et du coup
j'ai trouvé ça super chouette de pouvoir
M. A Nantes j'aurais du mal à dire parce trouver de la nourriture partout, et que

S
qu'à bouffay on ne ressent pas trop de ça soit un petit peu informel, c'est-à-dire

TE
changements dans le centre. Une chose à qu’on puisse un peu attraper la nourriture

AN
laquelle je suis confrontée à Nantes c'est à n'importe quelle heure, (bon tant que

N
que les gens changent très très souvent c'était avant 18h30 hein) mais à n'importe

U DE
d'appartement, en particulier à bouffay, il quelle heure aller se trouver un petit truc
y a beaucoup d'étudiants qui sont là pour à manger, à boire. Et même le fait que

TE E
les supermarchés soient partout, des tout

R
U R
six mois, qui viennent et puis qui repartent.

'A U
Donc c'est peut-être aussi un frein pour petits supermarchés de proximité. On était

D CT
créer une vie de quartier ou un sentiment toujours en train de consommer en truc

IT E
collectif mais après ça reste un quartier mais c'était aussi agréable parce qu’on

O IT
qui est très agréable parce que quand on
R H avait l'impression qu'on pouvait s'arrêter
D RC
y reste un moment on finit par prendre ses partout pour faire une pause.
habitudes aussi. C'est une ville que j'aime
AU D'A

énormément parce que l'on peut beaucoup G. Mais quand tu dis s’arrêter partout pour
IS E

se promener à pied ou à vélo et que faire une pause qu'est-ce que t'en penses
U UR

finalement on se rend compte justement de comment les rues sont faites pour faire
SO IE

en allant dans des villes de l'échelle de des pauses à Bangkok ?


M
T ER

Bangkok que ça n'est pas si évident que ça.


C'est quelque chose qui est très agréable M. Ben justement c'est ce que j'allais dire,
EN UP

mais on ne sent pas compte avant que ça c'est qu’au delà de ça, c'est pas si bien pour
M S

nous manque vraiment et qu'on ne puisse faire des pauses. Bon après forcement t’as
C LE

pas se promener librement dans une ville des petits trucs où c'est sympa, il y a des
O A

sans que ça soit complètement suffoquant, petits tabourets où on se pose dans la rue,
D ON
U

que ça soit blindé, que ça pue, qu’il y ai des et je trouve ça amplement suffisant, parce
I
AT

voitures partout. Et c'est une chose dont on que on y est bien finalement. Mais je pense
prend plus conscience en quittant Nantes et aussi qu'on habitait dans un quartier où on
N

en étant confronté à autre chose. avait la chance de ne pas prendre la Street


LE

Food sur des grosses avenues. Si on avait


O
EC

G. Mais du coup pour toi le fait que ces été dans des coins comme Sukkumvit,
rues ne soient pas agréables c'est aussi lié ou même Rama IV, ça aurait était moins
à la Street Food? agréable parce qu'il y a énormément de
trafic autour. Et quand on va dans ces
M. À Bangkok? quartiers là finalement il y a de moins moins
en de Street Food et de plus en plus de
G. Oui. cafés dans lesquels on est obligé de rentrer
et qui sont beaucoup plus cher parce que

155
finalement les gens doivent payer les restaurant, l'espace extérieur était super
locaux et que c'est pas du tout donné les agréable et on a mit quatre mois à se
locaux à Bangkok. rendre compte qu’il y avait la clim dehors en
fait et que c'était pour ça que c'était super
G. OK et toujours sur l'espace public, peut- agréable.
être me parler un peu des opportunités
que t'as pu voir ou des gènes que tu as G. Ok et tu penses que ça joue un rôle les

S
pu ressentir, que ça soit en France ou à déchets et les sans-abri dans le fait qu'on

TE
Bangkok, et peut être aussi tout ce qui est ne veuille pas forcément s'installer dans la

AN
déchets, sans-abri, cette gestion là ? rue ?

N
U DE
M. Alors des gênes dans l'espace public M. Ben finalement à Bangkok les déchets
en France, enfin à Nantes je dirais que il y en a souvent, bon après ça dépend des

TE E
R
U R
c'est quand même principalement la météo jours, des heures, des quartiers, et sous les

'A U
donc c'est pas quelque chose auquel on déchets parfois y'a des rats donc forcément

D CT
peut faire grand-chose mais finalement c'est pas hyper agréable donc forcément on

IT E
il y a plein plein d'espaces qui sont hyper ne va pas s'installer à côté d'une poubelle

O IT
agréables à Nantes mais où tu ne peux
R H pour manger mais pour autant ça n’est pas
D RC
en profiter que l'été. Mais bon ça c'est non plus un obstacle à se déplacer dans
complètement naturel, comme les berges l'espace public et des sans-abri finalement
AU D'A

et les choses comme ça. Mais c'est vrai que on en voyait pas tant que ça. On a vu des
IS E

l'hiver à Nantes on se sent beaucoup moins gens qui faisaient la manche sur le pont au-
U UR

détendu, beaucoup moins relaxé parce dessus de l'autoroute vers l'école, parfois
SO IE

qu'en fait quand on sort c'est pour aller dans vers Sukhumvit il en avait aussi, mais c'est
M
T ER

des cafés donc finalement autant rester chez quelque chose auquel on était rarement
soi boire une bière avec les copains quoi. confronté et je crois que d'ailleurs la
EN UP

Après à Bangkok, de gêne dans l'espace mendicité est interdite plus ou moins en fait
M S

public, je dirais que c'est principalement donc voilà. Alors qu'en France oui quand
C LE

la pollution et l'absence d’espaces verts, on sort dans l'espace public c'est quelque
O A

ou du moins d'espaces verts qui soient chose auxquelles on va être confronté dans
D ON
U

agréables. Parce qu'il y a quelques grands les centre-villes, à Nantes par exemple
I
AT

parc mais il sont complètement inhabités la mais qui en même temps en fait partie.
journée parce qu'il fait trop chaud et que les Enfin je n'y dirais pas que c'est une gêne à
N

espaces d'ombres ne sont pas aménagés. utiliser l'espace public, au contraire.


LE

Enfin tout bêtement faire des espaces de


O
EC

pergolas, des espaces brumisants ou des G. Est-ce que tu serais capable de me


choses comme ça, ça changerait tout. Et ça donner une définition d'espace public ? Ta
serait des endroits où l'on pourrait s'installer définition
confortablement mais en fait il manque
vraiment cette culture de rester dehors à M. Pour moi c'est un espace où on peut
un moment si y'a pas la clim. Quand on accéder librement, où on peut s'installer
était, enfin c'était peut être pas tout à fait aussi librement
un espace public, mais à Jim Johnson au

156
et tout, c'est vrai que venant de Nantes on
G. Librement ça veut dire sans payer ? ne peut pas s'empêcher de se dire qu'un
aménagement de ces berges là ça pourrait
M. Ça veut dire sans payer, ça veut dire être super agréable. Après je ne sais pas
aussi sans frontière physique. Parce qu'il peut-être il ferait 1000 fois trop chaud et
y a des espaces publics par exemple à que ça ne le serait pas, mais on aurait envie
Nantes qui vont être ouverts à tous par de voir des espaces extérieurs comme ça

S
exemple des galeries, des choses comme et de pouvoir s'installer en extérieur parce

TE
ça qui sont gratuites, et pourtant on ne le que c'est quelque chose qui manque aussi

AN
ressent pas comme un espace public parce à Bangkok.

N
que pour y aller il faut avoir une certaine

U DE
culture, une certaine éducation, et ça ne G. Mais est ce que du coup ta notion et
semble pas ouvert à tous. Donc il faut aussi définition d'espace public a évoluée en

TE E
R
U R
que ça se montre ouvert à tous. Et c'est un fonction des expériences que tu as eues ?

'A U
endroit aussi où l'on peut s'installer pour

D CT
moi un espace public, où l’on peut rester. M. Alors entre Berlin et Nantes non, parce

IT E
que finalement c'est assez similaire dans

O IT
G. Et t’es satisfaite des espaces publics à
R H la manière de fonctionner, c'est-à-dire
D RC
Nantes ? que ce que je ressens comme un espace
public très agréable à Nantes ça va être par
AU D'A

M. Ben à Nantes c'est ce que je disais, exemple les berges de Loire ou de l’Edre
IS E

c’est que l'été c'est super agréable parce et à Berlin ça va être le canal qui l'été est
U UR

que ouais y'a plein d’espaces publics aussi hyper investi et très agréable etc. Et
SO IE

gratuits extérieurs où l'on peut aller, qu’on à Bangkok c'est ce que je disais c'est que
M
T ER

peut investir, et dont on peut profiter l'espace public c'est devenu aller dans
des cafés ou des centres commerciaux
EN UP

vraiment. Alors qu'à Bangkok ce qu'on


ressent comme un espace public ça va être mais pour autant c'était pas spécialement
M S

le café ou le centre commercial mais en fait ressenti comme un espace public agréable
C LE

c'est des espaces qui sont fermés, où l'on quoi. On passait beaucoup plus de temps
O A

chez nous à Bangkok finalement. Entre le


D ON

va souvent être là pour aller consommer, il


U

va falloir prendre un café pour aller y bosser moment où il fait chaud à Bangkok, donc
I
AT

toute la journée. Ça ne coûte pas grand- tout le temps, et le moment où il fait chaud
à Nantes, on était beaucoup plus chez nous
N

chose mais le geste est complètement


à Bangkok parce qu'on avait des espaces
LE

différent et on ne s’approprie l’espace de la


même manière. plus agréables, on avait un toit, on avait une
O
EC

piscine où on pouvait aller plutôt que d'aller


G. Et du coup c'est des habitudes dans un centre commercial ou dans un
d’espaces publics qui t'ont manqué quand café qui sont pas non plus hyper sympas.
t’étais à Bangkok ? Finalement on n’y allait que quand on avait
des choses à faire, donc du travail ou autre
M. Ouais j’avoue que quand on voit tous chose alors qu'à Nantes c'est l'inverse
les canaux qu'il y avait à Bangkok, la rivière c'est à dire qu’on sort de chez nous de
l'été quand il fait beau pour aller justement

157
vaquer à différents loisirs de type boire des cette rue étaient en fait des cafés de jeux
bières. donc été interdits aux femmes et pourtant
je ne me suis jamais senti mal regardée
G. Ah oui et la sécurité sur les espaces dans ce quartier en fonction de comment je
publics ? m’habillais, e me suis jamais senti agressée
et je ne me suis jamais senti en insécurité
M. Ben écoute à Nantes moi je ne me même en rentrant parfois tard le soir, ça

S
sens pas spécialement en danger dans restait très agréable, et finalement une fois

TE
cette ville, après c'est vrai que c'est aussi que j'ai dépassé les différences culturelles,

AN
un endroit où on ne se sent pas en danger ça allait. Tout bêtement il y avait un coiffeur

N
mais on entend toujours des histoires sur pour hommes au bout de ma rue, Musulman

U DE
bouffay, sur la place du Commerce quand et un moment j'ai commencé à aller chez
on rentre tard le soir etc. Enfin moi je suis lui parce que c'était plus pratique et plus

TE E
près , et on a un peu créé un contact et au

R
U R
une fille donc quand je rentre tard le soir

'A U
toute seule je vais forcément être un peu fur et à mesure je me suis rendue compte

D CT
plus vigilante, même en rentrant chez moi à que ces gens là me disaient bonjour quand

IT E
bouffay je vais faire un peu plus gaffe. Ou ça j'étais dans la rue, que finalement les gens

O IT
va m'arriver de prendre un uber ou un truc
R H du café à côté ont commencé à me dire
D RC
comme ça si je me sens vraiment pas en bonjour et que je commençais à connaître
sécurité, après je n'ai jamais vraiment été un peu les gens de la rue et que du coup
AU D'A

confronté à une situation de danger, donc il y avait vraiment aussi à l’échelle du


quartier ce sentiment de vie de quartier et
IS E

ça va. À Berlin on se sent complètement en


U UR

sécurité partout, à n'importe quelle heure de proximité. Et à Bangkok je pense que


l'insécurité on ne l’a pas ressentie parce
SO IE

du jour et de la nuit, c'est assez incroyable.


M

qu'on ne sortait pas n'importe où non plus,


T ER

Vraiment, cette ville je la trouve fantastique


aussi pour ça. Du coup quand j'y habitais qu'en fait on habitait dans un quartier qui
EN UP

il y a plus d'un an, j'étais donc dans ce certes, n'était pas tant un quartier d'expat
M S

quartier de Wedding qui est maintenant que ça mais qui était un quartier de riches
C LE

un quartier très turc et très musulman. Thaïs, qu'on habitait dans un condo, avec
O A

C'était assez amusant parce que donc une sécurité 24h/24, que quand on sortait
D ON
U

moi j'habitais dans une rue qui était une c'était dans des quartiers d'expats. Mais
I

c'est vrai que les trajets on les faisait très


AT

rue pavée avec que des immeubles de


type 16ème arrondissement de Paris et en souvent en taxi parce que c'était pas cher
N

fait j’avais genre cinq minutes de marche donc on n’avait pas à être confronté à ça.
LE

depuis le U-Bahn pour y aller et où du coup Et surtout on s'est rendu compte, enfin je
O

me souviens d'une fois où on était en visite


EC

c'était cinq minutes dans une grosse rue qui


faisait beaucoup plus populaire et où toutes de site, que l'insécurité on pouvait aussi ne
les femmes étaient voilées, il y avait aussi pas l'apercevoir à cause de la barrière de la
beaucoup d'enfants voilées, moi ça m'a langue. On se baladait au bord du canal et
marqué parce qu'il y avait des gamines qui on était avec deux Thaïs qui à un moment
devaient avoir 8/10 ans et qui portaient des nous on dit qu'il fallait qu’on se dépêche
burkah alors que leur féminité n'était pas du parce qu'on était dans un quartier qui
tout développée. La plupart des cafés dans craignait et que les gens étaient en train de

158
parler de nous. Du coup elles s'inquiétaient
pour nous, qu'on se fasse, je ne sais pas, G. OK. Comment et quand est-ce que
peut-être truander nos affaires ou quelque t’as ressenti la différence entre la rue et
chose, et c'est vrai que nous on ne l'avait l’habitat ? Donc là c'est plus du coup pour
pas du tout ressenti en fait cette hostilité là. la Thaïlande.
Donc on n'était pas vraiment conscient en
Thaïlande je pense, c'était dur de se rendre M. Notre habitat ou l'habitat des gens tu

S
compte de cette insécurité là. Surtout que veux dire ?

TE
tout le monde était très très très sympa

AN
avec les étrangers, tout le temps. G. L'habitat des gens.

N
U DE
G. OK, pour revenir sur la rue, est-ce que M. Ben ça dépend parce que finalement
tu considères que c'est un espace public ? les habitats qui vont dépasser sur la rue

TE E
R
U R
c'est souvent parce qu'ils vont vendre un

'A U
M. Oui truc, donc souvent du café ou de la bouffe

D CT
encore une fois, et du coup c'est vrai que

IT E
G. OK et peu importe, en fonction des
O IT
la différence on la perçois peu par ce
cultures ? R H que parfois, enfin moi je me souviens de
D RC
l'endroit où on allait tout le temps manger,
M. En fait je pense que ça devrait être un
AU D'A

où finalement quand on mangeait à


espace public, peu importe les cultures, l'extérieur, dès qu’on rentrait à l'intérieur du
IS E

mais que déjà les conditions climatiques restaurant en fait ils étaient en train de faire
U UR

font qu'on se l'approprie plus ou moins. Par la sieste ou de regarder la télé, Enfin c'était
SO IE

exemple, là c'est génial parce qu'on voit le chez eux quoi. Et les gens avaient vraiment
M
T ER

printemps à bouffay, toutes les terrasses cette capacité là, même les vendeurs de
EN UP

sont en train de sortir, il y a le Carré Feydeau rue, à venir et à s'installer et à faire de


à côté de chez moi, les gens comment à la rue comme si c'était un peu chez eux.
M S

s'installer sur les bancs. Forcément ça Même s’ils ne venaient peut-être même
C LE

manque d'équipement pour s'installer de pas de l'immeuble à côté en fait. Parce que
O A
D ON

manière gratuite dans ces lieux là, mais je ça, dans les restaurants qui avaient pignon
U

pense que dès que la météo est propice, sur rue, oui ça se ressentait, mais ça se
I
AT

les gens veulent sortir de chez eux, en tout ressentait même dans les stands de rue
N

cas en ville, et profiter de la lumière et de où les gens venaient et se posaient comme


LE

tout ça et donc la rue devient espace public. s'ils étaient chez eux, parce qu'ils avaient
À Bangkok, c'est vrai que l'endroit où l'on juste mis trois chaises et un stand quoi.
O
EC

s'installe pour manger, pour prendre un


café, pour quelque chose, c'est la rue, et G. OK et du coup toujours là dessus, sur les
c'est un espace public qui est vachement limites visuelles et matérielles qui délimitent
intéressant parce qu’il nous sert à la fois l'espace public et espace privé, T'as vu quoi
à nous déplacer, à aller quelque part mais et t'en as pensé quoi ?
aussi à s'installer pour manger un truc, ou
boire une bière. M. Ça dépend mais par exemple entre la

159
rue à Bangkok et le centre commercial, on passait le hall d'entrée on était chez les
comme les deux sont un espace public, gens, et en même temps on était toujours
en fait la délimitation elle se fait par le fait dans l'espace public parce qu'on était
qu'il y ait un espace qui soit fermé et qui toujours dans le restaurant pour passer sa
soit climatisé et c'est plus ça qui fait la commande.
différence. Il y avait cette sortie de BTS, je
ne sais pas si tu te souviens, ça devait être G. Et tu as eu des gènes par rapport à ça,
vers Siam ou dans ce coin là, où quand tu

S
ou tu t'es toujours senti accueillie ?

TE
sortais du BTS, pour rejoindre les centres
commerciaux et ne pas passer par la rue, M. Bah écoute il ne me semble pas, j’essaie

AN
tu pouvais passer par un hôtel. Et en fait de me souvenir, mais il ne me semble pas

N
c'était vachement marrant parce qu’en que ça ait déjà été très gênant.

U DE
fait c'était un hall d'hôtel un peu luxueux,

TE E
mais super laid d'ailleurs l’hôtel hein, note

R
U R
le, et finalement qui était utilisé par tout le

'A U
D CT
monde comme si c'était la rue, et comme
si c'était un espace public, alors que pour

IT E
O IT
le coup ça n'en n’était pas un quoi. Et par
R H
contre, espace privé, là moi je vais penser
D RC
plutôt au condo, où directement il y a une
AU D'A

sécurité, il y a quelqu'un qui vous demande


ce que vous faites comme vous arrivez si
IS E

on ne vous connaît pas, soit on a une carte


U UR

à bipper à l’entrée, soit il faut que quelqu'un


SO IE

descende nous chercher. La sécurité varie


M
T ER

selon les condos mais grossomodo on ne


EN UP

se sent pas du tout libre de circuler dans


ses espaces là.
M S
C LE

G. OK, et tu aurais été capable de placer


O A
D ON
U

une limite dans les habitations et logements


des gens plus de campagne ?
I
AT
N

M. Ben la limite c'est que, des habitations


LE

sur rez-de-chaussée, qui ne faisaient


O

pas restaurant il y en avait très très peu


EC

finalement, où on les voyait peu déborder


sur la rue. Ces habitations là étaient plutôt
en étage, donc le problème ne se posait
pas de la même manière. Mais en rez-
de-chaussée comme souvent c'était des
habitations qui faisaient aussi restauration,
la limite était très floue parce que quand

160
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

161
162
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
bibliographie
Livres
Mérieau Eugénie. Thaïlandais : Lignes de vie d’un peuple. HD ateliers henry dougier. Paris, 2018, 155p.

Jun’ichirō Tanizaki. Éloge de l’ombre. Éditions Verdier, 1933, 73p

S
TE
Videos /
film s

AN
Architecture by Road TEASER #1 - A touch of Bangkok - Thailand, Architecture by road, avril 2014, https://www.youtube.
com/watch?v=N_NQkMnt3Rs

N
Rap against Dictatorship - , Rap against Dictatorship, Octobre 2018, https://www.youtube.com/

U DE
watch?v=VZvzvLiGUtw
La plage, Danny Boyle, 2000

TE E
Une prière avant l’aube, Jean-Stéphane Sauvaire, 2017

R
U R
'A U
D CT
Theses
etudes

IT E
Brenda Le Bigot. Penser les rapports aux lieux dans les mobilités privilégiées. Étude croisée des backpackers en Thaïlande

O IT
et des hivernants au Maroc. Thèse. Géographie. Paris : Université Paris 1, 29 mai 2017. Disponible sur http://www.theses.
fr/2017PA01H018 R H
D RC
Anders Sørensen. Backpacker ethnography. Étude. Ethnographie. Danemark : Centre for regional and tourism research,
AU D'A

2003. Vol. 30, No. 4, pp. 847–867. Disponible sur https://is.muni.cz/el/1431/podzim2006/Z0042/um/2510689/Backpac-


ker_ethnography.pdf
IS E
U UR

Tirapas Chamnarn et Boonyachut Supawadee. Flexibility Survey of Bangkok Shophouses for Mixed-Use Development.
SO IE

Étude. Technologie. Bangkok : King Mongkut’s University of Technology Thonburi. Disponible sur : http://www.arch.kmutt.
M
T ER

ac.th/files/research/inter_Conference/2012/27.Flexibility%20Survey%20of%20Bangkok%20Shophouse.pdf
EN UP

Pailin Charoensinoran. Brand loyalty of chain convenience store (a study of 7-Eleven stores in Bangkok). Étude indé-
pendante. Commerce. Bangkok : The graduate school of Bangkok University, master of business admnisitration, 2009.
M S

Disponible sur http://dspace.bu.ac.th/bitstream/123456789/529/1/Pailin_char.pdf


C LE
O A

Thanee Ngaochay et John Cristopher Walsh. Sucess factors 7-Eleven in Thailand. International Conference on Business
D ON

and Economics research, 2010. Vol.1, IACSIT Press, Kuala Lumpur, Malaysia. Disponible sur http://www.ipedr.com/
U

vol1/32-B10013.pdf
I
AT

Serene C. L. Ching et James A. Eaton. Snapshot of an on-going trade: an inventory of birds for sale in Chatuchak weekend
N

market, Bangkok, Thailand. BirdingASIA 25, 2016. P.24–29


LE
O

site internet
EC

Wikipédia :
Phleng Chat
Khaosan
Street dogs in Thailand
Khlongs

https://www.7eleven.co.th/main.php
https://www.thairath.co.th/content/1412801

cartes
Le plan de 1931 du Royal Survey Department, Maps of Bangkok A. D. 1888-1931.
163
Articles de Revues
Busaba Sivasomboon. Dans les déchets, il n’y a plus rien à jeter. Courrier international. Du 26 juillet au 15 août 2012, hebdo
n°1134.

Articles internet
Bangkok inondée, une constante dans l’histoire (en ligne), Le Monde, Décembre 2011. Disponible sur https://www.lemonde.fr/
idees/article/2011/12/07/bangkok-inondee-une-constante-dans-l-histoire_1614028_3232.html (consulté juillet 2018)

Sciences et Avenir avec AFP, «Inexorablement, Bangkok s’enfonce dans les eaux», Sciences et Avenir, Septembre 2018,
https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/meteo/bangkok-s-enfonce-dans-les-eaux_127149

S
TE
Abroad, «La Venise de l’Orient», Architecture by road, Avril 2014, http://www.architecturebyroad.com

AN
Bangkok, l’eau comme la fabrique de la ville et de ses habitats (en ligne), Demain la ville, Mai 2014. Disponible sur https://

N
www.demainlaville.com/bangkok-leau-comme-fabrique-de-la-ville-et-de-ses-habitats/ (consulté juillet 2018)

U DE
AFP, «À Bangkok, la chasse à l’anarchie des fils électriques», Le Point International, Janvier 2018, https://www.lepoint.fr/
monde/a-bangkok-la-chasse-a-l-anarchie-des-fils-electriques-11-01-2018-2185564_24.php

TE E
R
U R
'A U
Mimi Kirk, «That Time Bill Gates Accidentally Shamed Bangkok Into Burying Its Power Lines», CityLab, Juillet 2016, https://

D CT
www.citylab.com/solutions/2016/07/bangkoks-tangled-power-lines-are-going-underground/490763/

IT E
AFP, «Thaïlande: un an après la mort du roi, dernière phase de deuil avant la crémation», L’express, Octobre 2017,

O IT
https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/thailande-un-an-apres-la-mort-du-roi-derniere-phase-de-deuil-avant-la-crema-
R H
D RC
tion_1952164.html
AU D'A

Après un an de deuil, la Thaïlande se recueille pour les obsèques du roi (en ligne), Courrier International, Octobre 2017,
Disponible sur https://www.courrierinternational.com/article/apres-un-de-deuil-la-thailande-se-recueille-pour-les-obseques-
IS E

du-roi (consulté septembre 2018)


U UR

EPA, «Funeral of Thailand’s King Bhumibol Adulyadej», The Telegraph, Octobre 2017, https://www.telegraph.co.uk/news/0/
SO IE

funeral-thailands-king-bhumibol-adulyadej-pictures/king-bhumibol-also-known-king-rama-ix-died-last-october-aged/
M
T ER

Thaïlande : fin d’une année de deuil pour le roi Bhumibol (en ligne), Europe 1, octobre 2017. Disponible sur http://www.
europe1.fr/international/thailande-fin-dune-annee-de-deuil-pour-le-roi-bhumibol-3477830(consulté septembre 2018)
EN UP
M S

Bidding farewell to ‘The People’s King’ (en ligne), Independent, Octobre 2017. Disponible sur https://www.independent.
co.uk/arts-entertainment/photography/the-peoples-king-thailand-funeral-king-bhumibol-adulyadej-king-maha-vajiralong-
C LE

korn-a7995401.html (consulté septembre 2018)


O A
D ON
U

Carol Isoux, «Thaïlande : un groupe de rap taille la junte», Libération, Octobre 2018,
https://www.liberation.fr/planete/2018/10/28/thailande-un-groupe-de-rap-taille-la-junte_1688453
I
AT
N

AFP, «En Thaïlande, la junte se met au rap», L’express, novembre 2018, https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/en-thai-
lande-la-junte-se-met-au-rap_2046004.html
LE
O

Jean-Yves Nau «Vivre à proximité d’une route surchargée augmente les risques de démence», Slate, janvier 2017, http://
EC

www.slate.fr/story/133334/route-trafic-demence

AFP, «Bangkok : le combat des contrôleuses de bus pour le droit à la pause pipi», Le Point International, Juin 2014, https://
www.lepoint.fr/monde/bangkok-le-combat-des-controleuses-de-bus-pour-le-droit-a-la-pause-pipi-30-05-2014-1829397_24.
php

Où passe-t-on le plus de temps dans les embouteillages ? (en ligne), Euronews, Février 2017. Disponible sur https://fr.eu-
ronews.com/2017/02/23/ou-passe-t-on-le-plus-de-temps-dans-les-embouteillages (consulté juillet 2018)

Arnaud Dubus, «Thailande: le nouvel eldorado des déchets du monde entier», RFI, Juin 2018, http://www.rfi.fr/emis-

164
sion/20180619-thailande-nouvel-eldorado-dechets-monde-entier

AFP , «Thaïlande: Bangkok noyée sous les déchets plastiques», Le Point International, septembre 2016, https://www.
lepoint.fr/monde/thailande-bangkok-noyee-sous-les-dechets-plastiques-06-09-2016-2066197_24.php

Julien Beideler, «Ingénierie Infrastructures géantes dans le ciel de Bangkok», Le Moniteur, Octobre 2005, https://www.
lemoniteur.fr/article/ingenierie-infrastructures-geantes-dans-le-ciel-de-bangkok.591654

Aekarach Sattaburuth, «Stray dogs set to reach one million», Bangkok Post, avril 2016, https://www.bangkokpost.com/news/
general/944169/stray-dogs-set-to-reach-one-million

S
TE
Vanniya Sriangura, «It’s a Thai dog’s life», Bangkok Post, mars 2016, https://www.bangkokpost.com/opinion/opinion/888364/
it-a-thai-dog-life

AN
Arusa Pisuthipan, «The truth about cats and dogs», Bangkok Post, octobre 2018, https://www.bangkokpost.com/lifestyle/

N
social-and-lifestyle/1562990/the-truth-about-cats-and-dogs

U DE
Clara Young, «Bangkok plus vert», L’observateur, 2016, http://observateurocde.org/news/fullstory.php/aid/4143/Bang-

TE E
R
kok_plus_vert.html

U R
'A U
D CT
Catherine Bodry, «Exploring Bangkok’s canals», BBC, Août 2012, http://www.bbc.com/travel/story/20120827-exploring-bang-
koks-canals

IT E
O IT
Chayanit Itthipongmaetee, «Sleepless in Asoke ? Curl up at Bangkok’s 1st nap lounge», Khao Sod, Juin 2018, http://www.
R H
khaosodenglish.com/life/arts/2018/06/14/sleepless-in-asoke-curl-up-at-bangkoks-1st-nap-lounge/
D RC
AU D'A

Jennifer Chen, «Shophouses: Reviving the distinctive face of Bangkok», New York Times, Mars 2017, https://www.nytimes.
com/2007/03/20/realestate/20iht-reshop.4966716.html
IS E
U UR

Pitsinee Jipleecheep, «7-Eleven poised to top 11,000 stores in 2018», Bangkok Post, janvier 2018, https://www.bangkok-
post.com/business/news/1404750/7-eleven-poised-to-top-11-000-stores-in-2018
SO IE
M
T ER

Sarah Shaw, « Where is the World’s largest weekend market ? », Wanderlust and lipstick, 24 mai 2013, http://wanderlustan-
dlipstick.com/blogs/wandershopper/2013/05/24/where-is-the-worlds-largest-weekend-market/
EN UP
M S

Pierreto, « Chatuchak, le marché du week-end à Bangkok», Toute la Thaïlande, 25 février 2018, https://toutelathailande.fr/
chatuchak-le-marche-du-week-end-a-bangkok/
C LE
O A

Bangkok market a hub for illegal international trade in freshwater turtles and tortoises (en ligne), IUCN (International Union
D ON
U

for Conservation of Nature), 25 avril 2008. Disponible sur https://www.iucn.org/content/bangkok-market-hub-illegal-internatio-


nal-trade-freshwater-turtles-and-tortoises (consulté en mars 2018)
I
AT

Asaree Thaitrakulpanich, «Tougher smoking laws come into effect today», Khao Sod, 4 juillet 2017, http://www.khaosodengli-
N

sh.com/news/2017/07/04/tougher-smoking-laws-come-effect-today/
LE
O

The Thaiger, «No more smoking in public in Thailand», The Thaiger, 6 novembre 2018, https://thethaiger.com/news/national/
EC

no-more-smoking-in-public-in-thailand

Marie Goullieux, «Pratique - Ce que les fumeurs et e-fumeurs en Thaïlande doivent savoir», Le petit journal Bangkok, 23
Août 2017, https://lepetitjournal.com/bangkok/installation/pratique-ce-que-les-fumeurs-et-e-fumeurs-en-thailande-doivent-
savoir-162314

Richard Barrow, «“No Smoking” Warning for Tourists in Bangkok», Thai travel news & events, 8 décembre 2014, https://
www.thaitravelblogs.com/2014/12/no-smoking-warning-for-tourists-in-bangkok/

165
166
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
fin N
AN
TE
S

167
168
EC
O
LE
N
AT
I
D ON
O A
C LE
U
M S
EN UP
T ER
SO IE
U UR
M
IS E
AU D'A
D RC
R H
O IT
IT E
D CT
'A U
U R
TE E
U DE
R
N
AN
TE
S

Vous aimerez peut-être aussi