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SOMMAIRE

INTRODUCTION ....................................................................................................... 1
I-OBJECTIFS ET CHAMP DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT ..................................... 4
A- OBJECTIFS DE LA GESTION DE LA DETTE PUBLIQUE ....................................................................4
B- CHAMP DE COUVERTURE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT ................................................4

II-INDICATEURS DE COÛTS ET RISQUES DU PORTEFEUILLE DE LA DETTE EXISTANTE A


FIN DECEMBRE 2021 ET PROJETEE A FIN 2022 ET 2023................................................. 4
III-SOURCES DE FINANCEMENT ................................................................................ 3
A- SOURCES DE FINANCEMENT EXTERIEURES....................................................................................3
B- SOURCES DE FINANCEMENT INTERIEURES ..................................................................................... 4

IV-ENVIRONNEMENT MACROECONOMIQUE DE GESTION DE LA DETTE EN 2023 ......... 4


V-CONDITIONS DE MARCHE ..................................................................................... 7
VI-MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT A MOYEN TERME AU COURS
DE L’ANNEE 2023 ................................................................................................... 10
VII-CIBLES POTENTIELLES DES INDICATEURS DE COÛTS ET RISQUES DU
PORTEFEUILLE DE LA DETTE PUBLIQUE EN 2023 ..................................................... 12
VIII-ACTIONS DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT ................... 12
IX-PLAFOND D’ENDETTEMENT PUBLIC POUR 2023................................................... 12
X-OCTROI DE LA GARANTIE DE L’ETAT EN 2023 ...................................................... 14
XI-PERSPECTIVES DE VIABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE ........................................ 14
CONCLUSION ......................................................................................................... 18
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES

TABLEAU N°1: Indicateurs du portefeuille de la dette publique au 31 decembre 2021 et projetés à fin
2022 et 2023…………………………………………………………………………………………………5
FIGURE N°1 : Décomposition de l’encours de la dette extérieure par categorie de créancier et par devise7
FIGURE N°2 : Décomposition de l’encours de la dette intérieure par instrument au 31 decembre 2022.. 8
TABLEAU n°2 : Décomposition du plafond d’endettement extérieur de 2023 ............................... 21
TABLEAU N°3 : Répartition du plafond d’endettement en monnaie locale .................................. 21
TABLEAU N°4 : Plan de financement pour 2023 .................................................................. 22
INTRODUCTION
Le Bénin a su préserver le dynamisme de son économie en obtenant un taux de croissance de 3,9%
en 2020, l’un des meilleurs d’Afrique subsaharienne, dans un contexte socioéconomique mondiale
dégradé pour cause de la pandémie de la Covid-19. En 2021, la croissance économique du Bénin a
marqué une reprise en s’établissant à un taux de 7,2% contre une prévision de 7,0% et une réalisation
avant la Covid-19 de 6,9% en 2019. Cette performance résulte entre autres de la qualité des
fondamentaux économiques du pays et des réformes ambitieuses engagées depuis 2016 par le
Gouvernement. En 2022, les réalisations à mi-parcours confirment la résilience de l’économie
béninoise face à l’inflation post Covid-19 et la guerre en Ukraine. Le déficit budgétaire devrait
s’afficher à 5,9% en 2022 et 4,3% en 2023. Sur la période 2024-2025, et en dépit de la guerre russo-
ukrainienne, les perspectives du Bénin établies en collaboration avec les services du FMI, et saluées
par les diverses agences de notation, projettent un déficit budgétaire global, dons compris rapporté
au PIB égale à 2,8%.
Dans la même dynamique, en 2023, la mobilisation des ressources en prêts et en dons pour financer
ledit déficit sera guidée par les orientations de la stratégie d’endettement à moyen terme (SDMT)
2020-2024. La mise en œuvre du plan de financement qui en découle sera orientée vers la poursuite
de cette dynamique à travers deux axes principaux à savoir i) la consolidation des acquis du PAG
2016-2021 ; ii) le relèvement des chaines de valeurs ajoutées pour le développement du secteur de
la transformation. Le financement de l’accélération de la transformation structurelle de l’économie
du Bénin et l’accroissement durable du bien-être social de sa population seront rendus possibles
grâce aux décaissements des divers bailleurs de fonds en parfaite cohérence avec le plan de
financement. De façon concrète, il s’agira pour le Gouvernement du Bénin, en 2023, de financer les
secteurs à fort potentiel dont l’agriculture, le tourisme, l’économie numérique et l’économie du
savoir, en mettant un accent marqué sur l’enseignement technique et la formation professionnelle.
Aussi, le financement des grands chantiers en cours visant à combler le déficit infrastructurel du
Bénin sera poursuivis, notamment les infrastructures de transport, d’énergie et d’assainissement. La
mobilisation des ressources en 2023 s’inscrira également dans la vision 2030 des Nations Unies
pour le développement durable, à travers le financement d’une série de projets accompagnés de
réformes conséquentes visant à atteindre les cibles prioritaires des Objectifs de Développement
durable (ODD).
Cette mise en œuvre de la stratégie d’endettement en 2023 sera rendue possible en respect des
différentes exigences (plafonds d’endettement, seuils des différents ratios de viabilité) nationales,
régionales et internationales édictées en matière d’endettement.
En matière de nouveaux engagements, conformement au plafond d’endettement de 2023, l’Etat
maintiendra son approche de gestion proactive et de choix sélectif des mécanismes et outils de
financements les plus compétitifs et attractifs (en termes de maturité, taux d’intérêt et devise) et en
phase avec la stratégie d’endettement à moyen terme (SDMT) 2020-2024. Le Bénin entend
également préserver la qualité de sa signature en vue de rassurer les investisseurs et Partenaires
Techniques et Financiers (PTF) à travers un monitoring permanent de leur perception de prime de
risque crédit du Bénin sur les marchés financiers régionaux et internationaux. Ensuite, le Bénin
poursuivra sa stratégie de diversification de ses sources de financement tout en renforçant davantage
ses relations avec ses bailleurs traditionnels.

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A l’accoutumé, le Bénin maintiendra le respect à bonne date de ses échéances de remboursement
de dette vis-à-vis de tous ses créanciers. La dynamique de la transparence implémentée ces dernières
années sera maintenue et renforcée à travers la publication périodique des statistiques de la dette
sur les canaux appropriés.
L’agence de notation financière Standard & Poor’s a maintenu en 2022 la note B+ avec une
perspective stable attestant de la qualité des fondamentaux économiques du Bénin, et de sa
résilience face à la crise de la Covid-19. L’agence Moody’s a aussi confirmé la notation B1 avec
perspective stable du Bénin. Enfin, l’agence Fich a confirmé la notation B+ stable du Bénin. Ces
différentes notations du Bénin par les diverses agences de notations témoignent de la qualité des
fondamentaux économiques du Bénin, de sa résilience face à l’inflation poste Covid-19, ainsi que
des solides perspectives de croissance portée par les réformes ambitieuses du Gouvernement en
dépit du contexte économique mondial dégradé et emprunt d’incertitudes. Lesdites notations se
poursuivront pour conforter la confiance des investisseurs et refléter l’évolution de la situation
économique et financière du pays.
Le présent document décrit la stratégie d’endettement de l’Etat pour le compte de l’exercice
budgétaire 2023, quatrième année de mise en œuvre de la SDMT 2020-2024. L’outil analytique
utilisé est celui conjointement proposé par le Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque
Mondiale (BM) pour assister les pays dans le processus d’élaboration de leur stratégie de gestion
de la dette publique. Sur la base des hypothèses macroéconomiques et des caractéristiques du
portefeuille de la dette projetée à fin décembre 2022, la stratégie optimale définie sera mise en
œuvre en tenant compte des sources de financement disponibles, des évolutions attendues sur les
marchés financiers et des arbitrages en matière de coûts et risques.

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I- OBJECTIFS ET CHAMP DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT
A- OBJECTIFS DE LA GESTION DE LA DETTE PUBLIQUE
Les objectifs de gestion de la dette sont en vigueur depuis 2015. Ils sont régis par le décret n°2015-
581 du 18 novembre 2015 portant politique d’endettement et de gestion de la dette publique du
Bénin et sont clairement définis en son article 3 ainsi qu’il suit :
 Les besoins de financement de l’Etat et le paiement ponctuel de ses obligations sont satisfaits
au coût le plus faible possible dans une perspective de moyen et long termes ;
 Le risque associé au portefeuille de la dette publique est maintenu à un niveau prudent ;
 Les indicateurs de viabilité et de soutenabilité de la dette sont en dessous des seuils définis;
 Le développement des marchés des titres d’Etat est promu.
En cohérence avec les objectifs ci-dessus, les recommandations générales en matière de stratégie
d’endettement public seront guidées par les orientations suivantes :
 Accorder la priorité à la mobilisation des emprunts extérieurs concessionnels et à l’émission
de titres publics pour la couverture du besoin de financement de l’Etat ;
 Limiter l'exposition du portefeuille de la dette publique aux risques de marché. Dans ce
cadre, une priorité est accordée aux emprunts à taux d'intérêt fixe ; le recours à des emprunts
à taux d'intérêt variable ne pouvant être autorisé que de manière exceptionnelle. Le
Gouvernement veillera également à maintenir un portefeuille de dette extérieure diversifié
en devises.

B- CHAMP DE COUVERTURE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT


Le périmètre de la dette porte sur la dette extérieure et la dette intérieure publique et publiquement
garantie. La dette extérieure comprend la dette libellée en devises contractée auprès des créanciers
multilatéraux, des créanciers bilatéraux, les banques commerciales internationales et les obligations
internationales. La dette intérieure, libellée en FCFA, est composée des titres publics (bons et
obligations du Trésor) émis sur le marché financier régional, des prêts contractés auprès des banques
locales à la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) .
Les données de base de l’analyse tiennent compte du portefeuille de la dette publique projetée à fin
décembre 2022.

II- INDICATEURS DE COÛTS ET RISQUES DU PORTEFEUILLE DE LA DETTE


EXISTANTE A FIN DECEMBRE 2021 ET PROJETEE A FIN 2022 et 2023
Le tableau n°1 présente les indicateurs de coûts et risques du portefeuille de la dette existante à fin
décembre 2021 et projetés à fin décembre 2022 et 2023.

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Tableau N°1: Indicateurs du portefeuille de la dette publique au 31 décembre 2021 et projetée à fin 2022 et 2023
A fin décembre 2021 Projété à fin 2022 Projété à fin 2023
Dette Dette Dette Dette Dette Dette Dette Dette Dette
Indicateurs de coûts et risque extérieure intérieure publique extérieure intérieure publique extérieure intérieure publique
(A) (B) (A)+(B) (A) (B) (A)+(B) (A) (B) (A)+(B)
Montant de la dette publique (milliards FCFA) 3 345,2 1 540,6 4 885,8 3 818,5 1 780,9 5 599,3 4 128,6 1 962,2 6 090,7
Montant de la dette publique (millions de USD) 5 764,6 2 654,9 8 419,5 6 580,2 3 068,9 9 649,1 7 114,5 3 381,3 10 495,8
Dette publique en % du PIB 34,1 15,7 49,81 35,2 16,4 51,66 35,1 16,7 51,74
Valeur actuelle de la dette publique en % du PIB 26,9 15,7 42,6 26,8 16,4 43,19 25,76 16,67 42,43
Paiement d'intérêts en % du PIB 0,9 0,8 1,7 0,8 0,8 1,6 0,8 0,8 1,6
Coût de la dette
Taux d'intérêt moyen pondéré (%) 2,53 5,34 3,41 2,35 5,09 3,22 2,24 5,03 3,14
Durée moyenne d'échéance (ans) ATM 12,0 4,4 9,6 11,2 5,2 9,3 10,60 5,83 9,07
Risque de
Dette amortie durant l'année prochaine (% du total) 2,8 17,1 7,35 3,55 21,46 9,23 4,78 14,49 7,90
refinancement
Dette amortie durant l'année prochaine (% du PIB) 1,0 2,7 3,6 1,3 3,5 4,8 1,68 2,42 4,10
Durée moyenne à refixer (ans) ATR 12,0 4,4 9,58 11,2 5,2 9,28 10,6 5,8 9,04
Risque de taux
Dette refixée durant l'année prochaine (% du total) 4,8 17,1 8,68 5,2 21,5 10,36 6,1 14,5 8,77
d'intérêt
Dette à taux d'intérêt fixe (% du total) 97,8 100,0 98,5 98,1 100,0 98,7 98,5 100,0 99,0
Exposition au Dette en devises (% du total) 68,47 68,20 67,78
risque de taux de
Dette en devises hors euro (% du total) 23,78 22,91 22,06
change
Source : CTA/CNE

L’encours de la dette publique rapporté au PIB à fin décembre 2022, s’établirait à 51,66% contre 49,81% en 2021, soit une hausse de 1,85 points de
pourcentage. La hausse du taux d’endettement à fin 2022 s’explique par les financements additionnels mobilisés en vue de conserver les gains
économiques durement acquis à travers les progrès importants en termes de gestion macroéconomique et de la dette au cours des cinq dernières années
face à l’inflation poste Covid-19, l’inflation en lien avec la guerre en Ukraine, et la situation sécuritaire dans le nord du pays1. Le Bénin devrait également
mobiliser davantage de financement aux fins de répondre aux besoins urgents de financements dans le cadre de la mise en œuvre de son Plan National
de Développement (PND) 2018-2025. Par ailleurs, les réformes opérées dans le processus de décaissements et dans le domaine des marchés publics ont
permis une bonne performance des tirages sur certains prêts et par ricochet sur l’exécution des projets financés par lesdits prêts.

1
FMI

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En effet, à fin juin 2022, le taux de réalisation des tirages se chiffre à 67,66% des prévisions de la
loi des finances initiale de 2022. D’autre part, tenant compte de l’inflation post Covid-19 et de
celle induite par la guerre en Ukraine, les prévisions du taux de croissance du PIB ont été réduites
pour l’année 2022. De plus, dans une optique d’obtenir plus de ressources pour le financement du
budget de l’Etat, le Bénin a signé avec le FMI, le 08 juillet 2022, un programme économique et
financier de 42 mois pour un montant total de 650 millions de dollars US. Au cours de l’année
2022, le Bénin devrait recevoir du FMI un décaissement s’elévant à environ 300 millions de
dollars US. Ce décaissement a été considéré dans les projections à fin décembre 2022, soit 1,60%
du PIB. Ces tirages devraient permettre au Bénin de consolider la protection sociale, l’Etat de droit
et la gouvernance, renforcer la mobilisation des recettes et d'atténuer les risques sécuritaires
comme suit :
 En ce qui concerne les tirages au titre des projets, 28,224 milliards de FCFA sont prévus
pour accroitre la résilience des villes aux changements climatiques, la résilience des zones
côtières et le renforcement du système de santé des malades, 58,324 milliards de FCFA
sont à décaisser au cours de l’année 2022 pour l’aménagement, l’assainissement et le
bitumage des routes et l’assainissement pluvial des villes. 16,627 milliards de FCFA de
décaissement seraient accordés au logements sociaux courant l’année 2022.
 Pour combler le déficit d’infrastructures, 58,765 milliards de FCFA sont prévus pour être
décaissés avant la fin l’année 2022. Pour la poursuite des objectifs de l’accès à l’eau pour
tous, 23,874 milliards de FCFA devraient être tirés auprès des bailleurs de fonds avant la
fin de 2022.
 Pour ce qui est de l’accès à l’énergie, 35,307 milliards de FCFA devraient être mobilisés
dans ce cadre avant la fin de l’année 2022 et 37,941 milliards de FCFA pour le secteur de
la santé.
En lien aves les options de financement retenues au cours de l’année 2022, la part de la dette en
dévise dans le portefeuille de la dette publique diminuerait de 0,27 points de pourcentage
passant de 68,47% à fin 2021 à 68,20% à fin 2022. La part de la dette en Euro dans le portefeuille
de la dette en devise s’établirait à 66,41% contre 66,85% à fin 2021. Par ailleurs, la part de la
dette concessionnelle dans le portefeuille de la dette en devise hors euro s’établirait à 62,58% à
fin 2022. La dette en devise hors euro dans le portefuille de la dette extérieure du Bénin est
essentiellement contractée en des termes concessionnels. En effet, le taux moyen pondéré de la
dette en devise hors euro s’afficherait à 0,82% avec une maturité résiduelle moyenne pondérée de
18,86 ans. L’amélioration de la qualité du portefeuille est aussi perceptible au niveau des autres
indicateurs de coûts et risques du portefeuille de la dette publique.
Ainsi, les taux d’intérêt moyens pondérés du portefeuille de la dette intérieure et extérieure
passeraient respectivement de 5,34% et 2,53% à fin 2021 à 5,09% et 2,35 à fin 2022 s’inscrivant
sur une tendance baissière. La durée moyenne d’échéance du portefeuille de la dette intérieure
ainsi que sa durée moyenne à refixer s’amélioreraient également et passeraient de 4,4 ans à fin
2021 à 5,2 ans à fin 2022, en lien avec les obligations de longues maturités que le Bénin a émises
sur le marché régional de l’UEMOA et l’opération de reprofilage des titres publiques en cours. La
part de la dette publique de maturité inférieure à un an représente 5,95% du portefeuille de la dette
publique. La part de la dette extérieure de maturité inférieure à un (01) an se chiffrerait à 5,72%
du portefeuille de la dette extérieure.

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La dette en devise serait constituée à 51,40% de la dette multilatérale, contractée à 67,08% en des
termes concessionnels. Les principaux créanciers extérieurs sont la Banque Mondiale (IDA ;
23,78%), le Fonds Africain de Développement (FAD ; 7,70%) et la Chine (Chine ; 5,11%). Les
Eurobonds quant à eux, représentent 28,79% de la dette extérieure.
L’Euro demeure la principale devise d’endettement extérieure du Bénin (66,41%), suivi du dollar
US (17,81%) et du CNY (8,85%). Cette configuration traduit la volonté du Gouvernement de
limiter l’exposition du portefeuille de la dette publique au risque de taux de change. (Figure N°1)
Figure N°1 : Décomposition de l’encours de la dette extérieure par catégorie de créancier et par
devise

EUR; Dette
66,41% commerci
KWD; Eurobond; Autres
ale; bilatéraux
1% 28,79% 10,30% ; 4,40%
AED;
0,03%
CHINE;5,
11%
JYP;
2,85%
Source : CAA SAR;
0,62% Autres
multilatér
GBP; IDA; aux;
2,76% 23,78% 19,92%
FAD;
USD; 7,70%
CNY;8,85%
Source : CTA/CNE 2
17,81%

La dette intérieure est constituée en majorité des obligations du Trésor qui représentent
75,58% de son encours, suivies des financement de la BOAD (13,74%) et des emprunts auprès
des banques locales (8,90%). Le portefeuille de la dette intérieure projeté à fin 2022 contient un
seul bon du Trésor représentant 1,79% du portefeuille de la dette intérieure (Voir figure N°2). La
dette envers la BCEAO, obtenue dans le cadre de l’allocation des DTS du FMI en vue de relancer
les économies suites aux effets de la Covid-19, représente 59,51% de la dette des banques locales
(environs 94 milliards de FCFA). Les obligations de maturité supérieure ou égale à 5 ans
représentent 46,70% de la dette intérieure. La part de la dette intérieure de maturité inférieure à
un (01) an s’établirerait à 18,57% du portefeuille de la dette intérieure. Cette configuration répond
à la volonté de l’Etat d’opter pour des titres publics ainsi que la dette intérieure de maturités plus
longues.

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Figure N°2 : Décomposition de l’encours de la dette intérieure par instrument au 31 décembre 2022

Financement BOAD; 13,74%


Financement
Banques Locales;
8,90%

Obligations de 10 Bons du Trésor;


ans; 23,83% 1,79%

Source : CTA/CNE
Obligations de 5 ans
et 7 ans; 22,87% Obligations de 3
ans; 28,88%

L’analyse du profil de remboursement de la dette et des indicateurs de coûts et risques à fin


décembre 2022 renseigne sur le niveau d’exposition de l’ensemble du portefeuille de la dette
publique aux risques de refinancement et de taux d’intérêt. La part de la dette existante qui serait
appelée à être remboursée en 2022 s’établirait à 9,23% contre 7,35% à fin 2021. Cette part est
constituée essentiellement de la dette intérieure (73,75%) dont 65,12% de titres publics. Il est à
noter que les échéances de remboursement des dettes intérieures sont concentrées sur les quatre
années à venir (21,46% en 2023 ; 12,77% en 2024 ; 10,46% en 2025 ; et 17,77% en 2027),
correspondant à 62,47% de l’encours de la dette intérieure projeté à fin 2022. La configuration du
profil de remboursement de la dette intérieure devrait servir, en 2023, dans les décisions
d’émission de titres publics et de signature de nouvelles dettes des banques locales.
En effet, les obligations du Trésor émises sur le marché régional de l’UEMOA (sont des
obligations in fine) ont généralement des maturités de trois (03) ans, de cinq (05) ans, sept (07)
ans, de dix (10) ans, de quinze (15) ans, et de 20 ans et donc ne peuvent echeoir (être remboursés)
sur lesdites années (2023, 2024, 2025 et 2027). En conséquence, ces titres devraient être émis en
2023, et ne peuvent donc pas accentuer le risque actuel de refinancement du portefeuille de la dette
intérieure. Le taux moyen pondéré des obligations du Trésor dans le portefeuille actuel de la dette
intérieure serait de 5,58% et leur maturité pondéré serait de 6,17 ans. Ceci traduit la nécessité
d’opter pour des obligations du Trésor de longue maturité.
L’amélioration des indicateurs de coûts et risques du portefeuille traduit l’effort continu engagé
par le Gouvernement en matière de gestion de la dette. Il est à noter que la part de la dette exposée
aux fluctuations des taux de change est essentiellement constituée de la dette multilatérale
contractée en des termes concessionnels. En effet, 62,58% de ladite dette est contractée en termes
concessionnels.
En ce qui concerne le remboursement de la dette extérieure, seulement 24,22% du portefeuille
seraient appelés à être remboursés sur les cinq (05) prochaines années et 29,45% sur les six (06)
prochaines années. Aussi, 33,88% des encours actuels de la dette extérieure seraient-ils appelés
pour être remboursés sur la période 2029 à 2033 en raison principalement de l’amortissement des
Eurobonds de 11 ans de janvier 2021 et de celui du prêt du FMI de 14 ans de juillet 2022. Le plan
de financement pour l’année 2023 s’inscrira dans l’objectif de mitigation des risques du

2 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


portefeuille de la dette publique. De ce fait, les obligations de longue maturité (par exemple, de
maturité supérieure à cinq (05) ans ) devraient être priorisées pour les émissions de 2023, et ce en
parfaite cohérence avec la stratégie d’endettement actuelle qui recommande les obligations de
longue maturité. En effet, près des trois quart (69,75%) de l’encours actuel des obligations du
trésor dans le portefeuille de la dette intérieure auraient des échéances s’étalant sur quatre (04)
années à venir : les années 2023, 2024, 2025 et 2027. Les 30,25% restant seraient remboursés sur
les seize années suivantes (sur la période 2026 et 2028 à 2042). Les obligations de maturité
supérieure à cinq (05) ans permettraient de limiter le risque de refinancement au niveau du
portefeuille des titres publics sur les cinq (05) prochaines années.
Figure N°3 : Profil de remboursement du portefeuille de la dette publique projetée à fin
décembre 2022 (en millions de FCFA)
600 000

500 000 Dette intérieure Dette extérieure

400 000

300 000

200 000

100 000

0
2023

2024

2025

2026

2027

2028

2029

2030

2031

2032

2033

2034

2035

2036

2037

2038

2039

2040

2041

2042
Source : CTA/CNE

III- SOURCES DE FINANCEMENT


A- SOURCES DE FINANCEMENT EXTERIEURES

Après les acquis du quinquennat 2016-2021, le Programme d’action du Gouvernement (PAG)


2021-2026 a pour but d’accélérer le développement économique et social du Bénin. La poursuite
de la transformation structurelle de l’économie et l’accroissement durable du bien être social des
béninois seront financés par des ressources obtenues auprès des bailleurs de fonds multilatéraux,
bilatéraux, des banques commerciales internationales, et éventuellement des euro-obligations. En
2023, la Stratégie d’Endettement à Moyen Terme (SDMT) 2020- 2024 servira de boussole pour
l’Etat dans son choix pour ce qui est de la recherche de financement pour ses nouveaux projets
d’investissement et projets de réformes innovants du quinquennat 2021-2026 :

- Dans sa recherche de financement, l’Etat portera son choix prioritairement sur ses
partenaires priviligiés multilatéraux et bilatéraux. L’Etat s’efforcera d’accroitre l’accès aux
ressources concessionnels (de ses partenaires traditionnels) qui présentent un coût moindre et
une longue matûrité et contribuant à l’amélioration du risque de refinancement et de coût du
portefeuille de la dette publique. Ces partenaires traditionnels sont essentiellement

3 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


l’Association Internationale de Développement (AID), le Fonds Africain de Développement
(FAD), la Chine, l’Agence Française de Développement (AFD), etc.
- Tenant compte de la rareté desdites ressources concessionnelles et de l’urgence d’accélérer le
développement économique et social du pays, le Gouvernement poursuivra la diversification
de ses sources de financement. Les banques commerciales internationales seront à cet effet
sollicitées et les dévises stables seront privilégiées. Ces banques offrent des financements à
des taux préférentiels et compétitifs par rapport aux taux applicables sur le marché régional des
titres publics de l’UEMOA, et des banques commerciales locales. Ces financements seront
utilisés pour la mise en oeuvre de projets d’investissement à fort taux de rentabilité et à fort
impact en matière de développement et de bien-être des populations.
- Le Bénin veillera à la qualité de son portefeuille de la dette. Ainsi, des opérations de gestion
de passif (reprofilage, échange de titres…) pourraient être envisagées aux fins de
poursuivre l’amélioration de la qualité du portefeuille de la dette publique en termes de maturité
et de coût. Ces opérations permettent en effet au Bénin de substituer une partie de la dette
intérieure plus coûteuse par des dettes extérieures moins coûteuses et de maturité plus longue.
- Le Bénin restera ouvert et attentif à l’évolution des conditions des marchés obligataires
(international et régional) et se positionnera pour des émissions de titres (régionaux/Eurobond)
aux conditions les plus attractives et en phase avec la stratégie d’endettement en cours
d’implémentation.
- Il sera possible d’exploiter les outils de gestion modernes et innovants.

B- SOURCES DE FINANCEMENT INTERIEURES


Au plan intérieur, le marché régional des titres publics de l’UEMOA constituera une source
potentielle de financement au cours de l’année 2023. Ledit marché permettra au Gouvernement
de pouvoir poursuivre sa politique de rallongement de la maturité des titres publics en vue de
réduire le risque de refinancement du portefeuille de la dette publique. Les bons du Trésor seront
moins sollicités au cours de l’année 2022 pour limiter la part de la dette venant à échéance dans
un an (soit en 2023), et par ricochet le risque de refinancement du portefeuille de la dette.
L’Etat aura également recours aux banques commerciales locales pour le financement des projets
de développement. Les financements provenant des banques régionales de développement
(BOAD & BIDC) constitueront également une part importante du financement bancaire en
monnaie locale.

IV- ENVIRONNEMENT MACROECONOMIQUE DE GESTION DE LA DETTE EN


2023
Au cours de l’année 2023, les décisions d’endettement de l’Etat seront guidées par la SDMT 2020-
2024 dans une perspective comportant des incertitudes en lien avec la guèrre entre l’Ukraine et la
Russie depuis février 2022 et la montée de l’inflation post COVID-19. Lesdits facteurs sont à la
base de la révision à la baisse des prévisions de croissance pour l’année 2022 après une belle
performance obtenue en 2021.
En effet, selon les Perspectives Economiques Mondiales (PEM) du FMI d’octobre 2022, l’activité
économique serait marquée en 2022 et 2023 par un ralentissement de la croissance après la reprise
de 2021. Le taux de croissance de l’économie mondiale devrait s’afficher à 3,2% en 2022 et 2,7%

4 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


en 2023 contre 6,0% en 2021. A moyen terme les perspectives sont incertaines pour cause de la
guèrre en Ukraine. Ce ralentissement de la croissance mondiale sur ladite période (2022, 2023 et
à moyen terme) s’expliquerait par : i) Une inflation mondiale plus élevée, en particulier aux Etats-
Unis et dans les pays européens , ce qui a conduit à un durcissement des conditions de
financement ; ii) l’aggravation des perturbations qui affectent les chaînes d’approvisionnement, et
ce à cause des récents confinements décidés dans des pôles industriels et commerciaux chinois
ainsi que l’aggravation de la crise de l’immobilier; et iii) de nouvelles répercussions négatives de
la guèrre en Ukraine.
Aux Etats-Unis, le taux de croissance devrait s’établit à 1,6% en 2022 et 1,0% en 2023 contre
5,7% en 2021. Dans la zone euro, la croissance du PIB s’afficherait à 3,1% en 2022 et 0,5% et
2023 après 5,2% obtenue en 2021. Dans les pays émergents et pays en développement, la
croissance de la production chuterait à 3,7% en 2022 et en 2023, après une estimation de 6,6%
obtenu en 2021. Au Moyen-Orient et en Asie Centrale, le taux de croissance afficherait une pente
baissante : 5,0% en 2022 et 3,6% en 2023 après une estimation de 4,5% en 2021. En Amérique
latine et les Caraibes, après l’estimation de 6,9% en 2021, la croissance connaitrait une baisse pour
atteindre 3,5% en 2022 et 1,7% en 2023.
L’Afrique subsaharienne enregistrerait un taux de croissance de 3,6% en 2022 et 3,7% en 2023
contre 4,7% en 2021. Au Nigeria et en Afrique du Sud, le taux de croissance atteindrait
respectivement 3,2% et 2,1% en 2022 et 3,0% et 1,1% en 2023 contre 3,6% et 4,9% en 2021.
Au niveau de l’UEMOA, la croissance économique ressortirait à 5,7% en 2022, puis remonterait
7,2% en 2023 avant de baisser progressivement à 6,9% en 2024, et 6,3% en 2025. Le niveau de la
croissance en 2022 s’expliquerait par la campagne agricole plus favorable aussi bien grâce à la
bonne pluviosité attendue qu’à la poursuite des investissements publics destinés à soutenir la
production des activités rurales. Le taux de croissance projeté pour 2022 est également lié à un
retour progressif à la normale des activités dans les domaines du transport et de l’hôtellerie ainsi
que du commerce, avec la tenue de grands évènements dans la région, et ce au niveau du secteur
extérieur. Enfin, le niveau de la croissance en 2022 pour ce qui concerne le secteur secondaire
résulterait de l’atonie des activités extractives et du renforcement de la branche construction. La
tendance baissière projetée pour la croissance à moyen terme serait en lien avec la persistance de
la pandémie, du caractère de plus en plus aléatoire de la production agricole ainsi qu’à l’incertitude
autour des effets attendus de la mise en œuvre des plans de relance économique et de la crise
sécuritaire. Selon la commission de l’UEMOA, le Bénin obtiendrait le meilleur taux de croissance
en 2022 après avoir occupé le second rang en terme de croissance en 2021.
Au plan national, la mise en œuvre des politiques économiques en 2023 suggère que la situation
sanitaire liée à la COVID-19 devrait s’améliorée avec l’augmentation du taux de couverture
vaccinale de la population et la poursuite du respect des gestes barrières. Toutefois, les
perspectives devraient intégrées les incertitudes liées aux tensions géopolitiques. En conséquence,
le taux de croissance de l’économie béninoise s’afficherait à 6,5% en 2023 contre 6,0% en 2022
et 7,2% en 2021. Le taux de croissance devrait s’établir en moyenne à 6,1% sur la période
2023 à 2025. Les prévisions initiales d’octobre 2021 prevoyaient une croissance de 7,0% pour
l’année 2022. Toutefois, lesdites prévisions ont été révues à la baisse à 6,0% en 2022, et ce à cause
de la crise ukrainienne, de l’inflation poste covid-19.

5 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


L’objectif de la conduite de la politique économique en 2023 est de rester conforme au nouveau
Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2021-2026 et de s’appuyer sur les piliers du Plan
National de Développement (PND) 2018-2025. La finalité de la politique économique en 2023
sera d’accelérer le développement économique et social du Bénin et en parfaite cohérence à la
vision 2030 des Nations Unies pour le développement durable. La conduite de la politique
économique permettra la mise en œuvre d’une gamme de projets et réformes visant à atteindre les
cibles prioritaire des Objectifs de développement Durable (ODD) pertinentes pour le Bénin.
Concernant la politique de gestion des finances publiques en 2023, l’ojectif global sera de renouer
avec la consolidation budgétaire de façon à respecter le critère clé de convergence à l’horizon
2024, à savoir le déficit global dons compris en pourcentage du PIB inférieure à 3%. Les objectifs
spécifiques de la politique de gestion des finances publiques en 2023 seront i) la poursuite des
grands travaux et réformes du PAG dans le domaine de l’agriculture, des infrastructures, de l’accès
à l’eau, de la santé, de l’enseignement technique ; ii) la consolidation des actions sociales ; iii) la
généralisation de l’intégration du genre dans le budget ; iv) la réforme de l’administration
territoriale ; le renforcement de l’Etat de droit et de la paix (élections législatives et communales,
sécurité et défense).

Eu égard à ce qui précède, les recettes totales (recettes fiscales et recettes non fiscales) devraient
s’établir à 1 703,700 milliards de FCFA en 2023 contre 1 541,248 milliards de FCFA en 2022
et 1 344,439 milliards de FCFA en 2021, soit respectivement une hausse de 10,54% et 26,72%.
En 2024 et 2025, elles devraient s’afficher respectivement à 1 843,30 milliards de FCFA et
2 057,60 milliards de FCFA soit un taux de progression moyen de 9,9% sur la période 2023-
2025.

Concernant les dépenses totales et prêts nets (dépenses courantes et dépenses d’équipement
et prêts nets), elles se devraient s’établir à 1 949,4 milliards de FCFA en 2021, puis à 2 184,9
milliards FCFA en 2022. En 2023 et 2024 elles devraient se chiffrer respectivement à 2 258,1
milliards de FCFA et 2 303,80 milliards de FCFA. Sur la période 2023-2025 les dépenses totales
et prêts nets présenteraient un taux de progression moyen de 5,13% contre celui de progression
moyen de 21,86% sur la période 2020-2022. Cette évolution des dépenses traduit les efforts du
Gouvernement dans la rationnalisation des dépenses publiques. Les dépenses budgétaires, à
moyen terme, permettraient de financer les affaires économiques (27,5% sur la période sous
revue), les services généraux des administrations publiques (25,2%), l’enseignement (16,4%) et
la santé (6,4%).

Ainsi, ces augmentations des recouvrements des recettes intérieures induites porteraient le
déficit budgétaire (dons compris) en pourcentage du PIB, de 5,73% en 2021 à 5,85% en 2022,
4,30% en 2023, 2,87% en 2024 et 2,80% en 2025, soit une moyenne de 3,33% à moyen terme
(2023-2025). Le Bénin envisage ainsi renouer sur le moyen terme avec le respect du critère de
convergence relatif au déficit budgétaire et confirmer ses efforts de maîtrise des dépenses
publiques. Le déficit budgétaire devrait ainsi connaitre un atterrissage progressif vers la norme
communautaire de 3,0%.

Pour ce qui est des prix, l’inflation devrait ralentir, en lien avec une légère augmentation de l’offre
de main-d’œuvre et une résorption progressive des déséquilibres entre l’offre et la demande,
conséquence de la guère en Ukraine. Lesdites prévisions sur les prix sont également entourées

6 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


d’incertitude : une aggravation des déséquilibres entre l’offre et la demande ainsi que de nouvelles
hausses des cours des produits de base pourraient maintenir l’inflation à la hausse. Le maintien à
la hausse du niveau des prix susciterait une augmentation des anticipations d’inflation, et
engendrerait une augmentation plus soutenue des salaires. En conséquence, selon les prévisions
revues en lien avec les effets de la crise en Ukraine, le taux d’inflation devrait s’établir à 5% à fin
2022 (l’inflation due aux effets de la guèrre en Ukraine est de l’ordre 2,2% et l’inflation post-
COVID pour 0,8%) contre une prévision initiale de 2%. En 2021, le taux d’inflation s’est établi à
3,0% en 2021 en lien avec les effets de la pandémie de la COVID-19 sur les prix

Le secteur extérieur devraient également connaitre une reprise à moyen terme. En effet, le
déficit de la balance courante devrait passé à 5,10% du PIB en 2023 après 5,7% en 2022. La baisse
enclenchée en 2023 devrait se poursuivre pour s’établir à 4,70% en 2024 et à 4,40% en 2025, soit
une moyenne de 4,74% sur la période 2023 à 2025. La tendance baissière observée sur la période
2022 à 2025 est le résultat de la basse plus importante des importations par rapport aux
exportations.

Les perspectives suscitées sont sujettes à des incertitudes qui pourraient affecter leur réalisation.
Au nombre de ces incertitudes, on peut citer :
 la pression inflationniste post-Covid-19 ;
 les tensions géopolitiques à l’echelle mondiale ; ;
 le risque sanitaire ;
 le risque sécuritaire ;
 les politiques économiques et de change du Nigéria ;
 les aléas climatiques ;
 l’évolution des conditions financières internationales.
Pour soulager la population face aux effets immédiats de la hausse des prix et aux tensions
inflationnistes futures, le Gouvernement a pris une batterie de mesures fiscales et non fiscales. Les
mesures conjoncturelles sont principalement d’ordre fiscal et sont orientées vers les exonérations
sur les importations et sur certains produits fabriqués localement. Ces mesures sont aussi en lien
avec la subvention des prix des produits énergétiques (électricité et produits pétroliers). Les
mesures qui sont engagées pour prévenir les tensions inflationnistes futures concernent la
sécurisation de la production agricole des campagnes à venir, à travers notamment la subvention
des prix des intrants agricoles et les dispositions pour les rendre disponibles.

V- CONDITIONS DE MARCHE
Selon la BCE, la guerre en Ukraine déstabilise les échanges commerciaux, et est ainsi l’une des
causes majeures de la hausse des prix de l’énergie et des biens agricoles. Les pénuries de
matériaux, d’équipements et de main d’œuvre liées à la pandémie de la Covid-19 poussent
également les prix à la hausse. C’est une inflation qui résulte en majeur partie des facteurs qui
échappent au contrôle des banques centrales. Toutefois, la BCE promet de veiller à ce que cette
inflation ne devienne pas persistante. Comme réaction conséquente, la BCE a entrepris de mettre
fin aux taux d’intérêts négatifs jusqu’à ce que le taux d’inflation revienne au niveau objectif de
2% à moyen terme. En conséquence, le conseil des gouverneurs de la BCE a décidé de relever les
taux d’intérêt de la zone euro de 0,5 point de pourcentage le 23 juillet 2022, après une période de
huit ans de taux négatifs et une première hausse après onze années. Le 8 septembre 2022, ledit

7 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


conseil a décidé une nouvelle fois d’augmenter ses trois taux d’intérêt directeurs de 75 points de
base à compter du 14 septembre 2022. Le 27 octobre 2022, le conseil a une nouvelle fois décidé
d’augmenter ses trois taux d’intérêt directeurs de 75 points de base à compter du 02 novembre
2022. Les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement est relevé à 2,00%. Celui de
la facilité de prêt marginal augmenté à 2,25%. Le taux de la facilité de dépôt est quant-à lui, relevé
à 1,50%. La BCE a pris l’engagement de continuer de relever ses taux d’intérêts aussi longtemps
que nécessaire aux fins de ramener l’inflation à 2%, le niveau objectif de la BCE. Enfin, le conseil
des gouverneurs de la BCE a décidé de réexaminer la situation et prendre les décisions idoines au
fur et à mesure selon l’évolution de la conjoncture économique européenne.
La Réserve Fédérale Américaine (FED) a, quand à elle, décidé de remonter une quatrième fois ses
taux directeurs le 27 juillet 2022. En effet, la FED avait baissé ses taux directeurs dans la fourchette
de 0 à 0,25% en mars 2020 pour soutenir l’économie face à la double crise de Covid-19. En mars
2022, face à la hausse de l’inflation, la FED a revu ses politiques en relevant ses taux directeurs
de 0,25 point. En mai 2022, les taux directeurs de la FED ont été relevés une seconde fois, de 0,5
point. Pour une troisième fois, la FED a relevé ses taux d’intérêts directeurs, et cette fois-ci de
0,75 point, lors de la réunion de son comité politique monétaire du 15 juin 2022. Les taux
directeurs sont compris desormais entre 1,5% et 1,75%, une telle hausse n’avait pas été observée
depuis 1994. Le 27 juillet 2022, la FED a fait grimper ses taux de 0,75 point (une deuxième hausse
de 0,75 point. Les taux se situent entre 2,25% à 2,5%). Le 21 septembre 2022 la FED a fait grimper
ses taux de 0,75 point (une troisième hausse de 0,75 point). Lesdits taux se situent désormais dans
la fourchette de 3,00% et 3,25%. La FED prévoit de continuer ce mouvement face à l’inflation,
qui demeure très élevée et qui a augmenté jusqu’à 9,1% par an en juin 2022. La FED justifie ses
actions par le fait que les récents indicateurs de dépenses et de production ont ralenti, mais les
créations d’emploi sont restées robustes ces derniers mois.
Dans la zone UEMOA, et tenant compte des risques sur l’ancrage des anticipations d’inflation en
lien avec la persistance de la déviation de l’inflation par rapport à sa cible, le Comité de Politique
Monétaire (CPM) a jugé opportun de maintenir une politique monétaire accommodante. De ce
fait, après le relèvement des taux directeurs de 25 points de base le 1er juin 2022, le CPM, lors de
sa réunion ordinaire du 14 septembre 2022, a décidé de rélever une nouvelle fois les taux directeurs
de la BCEAO de 25 points de base aux fins de favoriser le retour progressif de l’inflation dans sa
zone cible. Cette politique constitue une condition indispensable pour une croissance économique
saine et inclusive. Le 09 décembre 2022, le Comité de Politique Monétaire a, une troisième fois
relevé les taux directeurs de la BCEAO de 0,25 points de base à compter du 16 décembre 2022.
En conséquence, le taux minimum de soumission aux appels d’offres d’injection de liquidité passe
de 2,50% à 2,75% et le taux du guichet de prêt marginal de 4,25% à 4,50% à compter du 16
septembre 2022 (Ce dernier est resté inchangé). Le coefficient de réserves obligatoires applicable
aux banques de l'Union reste inchangé à 3,0%.
Au plan national, le Bénin a conclu un accord avec le Fonds Monétaire International, au titre de
la Facilité Elargie de Crédit (FEC) et du Mécanisme Elargi de Crédit (MEDC) pour une période
de 42 mois sur la période 2022-2025 d’un montant d’environ 400 milliards de FCFA. Il est prévu
un décaissement pour le Bénin équivalent à environ la moitié dudit montant courant l’année 2022.
Le programme permettant un financement exceptionnel sera centré sur le social conformément au
PAG 2021-2026. Les devises présentent dans le portefeuille de la dette publique devraient fluctuer
suivant les tendances du marché.

8 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


Les taux d’intérêt des prêts concessionnels devraient demeurer inchangés, mais pourraient
connaître une réduction en lien avec l’accompagnement des institutions multilatéraux pour la
poursuite de la relance des économies surtout dans un contexte de la hausse de l’inflation poste
COVID-19 et de la guerre russo-ukrainienne.
Tenant compte de la hausse de l’inflation post COVID-19 et des effets de la guerre entre l’Ukraine
et la Russie ainsi que le relèvement des taux directeurs des banques centrales (y compris la
BCEAO), une augmentation des taux d’intérêts des prêts sur le marché régional des titres publics
pourrait être observée pour l’année 2023.

Encadré : Perception du risque crédit du Bénin sur les marchés financiers


Plusieurs évenements intervenus au cours de l’année 2022 confirment la bonne santé financière du Bénin et
augurent de bonnes perspectives quant à l’appréaction du risque crédit du Bénin. Il s’agit de :
Confirmation de la notation B+ avec perspective stable du Bénin par Fitch Rating :
Le Bénin vient de conforter sa position parmi les pays africains ayant bénéficier de la meilleure notation du
risque de crédit. Sa position vient ainsi d’être renforcée sur le marché financier international. La note "B+ avec
perspective stable" de la République du Bénin vient d’être confirmée par l’agence de notation financière
internationale Fitch Rating lors de son évaluation le 8 avril 2022. Cette confirmation de la notation atteste la
résilience du Bénin face à la pandémie de COVID-19 et la qualité de la gestion des finances publiques.
La croissance du Bénin, le niveau d’endettement plus faible que celui de ses pairs et la qualité des réformes
menées au cours des dernières années sont aussi les motifs de cette notation. L’efficacité des mesures de riposte
à la pandémie de la COVID-19 du Bénin ont participé à la reprise de la croissance économique s’établissant à
7,2% en 2021. Ce niveau de la croissance obtenu par le Bénin en 2021 a excédé les niveaux réalisés avant la
COVID-19 ainsi que les précédentes prévisions. Selon les anticipations de Fitch, cette tendance devrait se
poursuivre à moyen terme pour se stabiliser à 6,3% à 2026. Fitch note que la croissance est tirée par une
augmentation de la production agricole, notamment le coton, et la poursuite des investissements dans le cadre
du nouveau Programme d’Actions du Gouvernement (PAG).
En outre, Fitch a relevé la relative stabilité des prix au Bénin en lien avec les récentes initiatives de soutien
introduites par le Gouvernement en mars 2022.
Fitch note la hausse modérée du déficit budgétaire enregistrée en 2021, à 5,7% contre sa prévision de 6,5%, en
lien avec la mise en œuvre des mesures de soutien à l’économie du Gouvernement. L’agence anticipe un retour
à une trajectoire de consolidation fiscale dès 2022, permettant de converger vers le critère de convergence de
3% de l’UMOA à horizon 2024.
Enfin, l’agence salue le taux d’endettement public du Bénin, qui s’est établi à 49,8% en 2021, soit un niveau
nettement inférieur au plafond de 70% fixé par l’UEMOA et sensiblement plus faible que ses pairs. La qualité
de la gestion de la dette a été saluée par l’agence de notation internationale Fitch Rating, en lien avec les efforts
de diversification des sources de financement, et la gestion proactive de la dette limitant les risques de
refinancement.
Fitch estime enfin que l’endettement du Bénin se stabilisera à 49% du PIB sur le moyen terme en lien avec les
progrès en matière d'assainissement budgétaire et la forte croissance anticipée.
L’agence a relevé que des perspectives stables qui sont confrontées à la guerre entre l’Ukraine et la Russie ainsi
qu’à la crise inflationniste avec ses corolaires qui peuvent conduire à des ajustements necessaires sur le cadrage
macroéconomique.
Maintien de la notation financière du Bénin par l’agence Standard &Poor’s (S&P) :
La note B+ avec perspective stable du Bénin a été reconduite par l’agence Standard & Poor’s (S&P) courant le
mois d’avril 2022 . Ce maintien de la notation du Bénin s’explique par la qualité des fondamentaux économiques
du pays, de sa rélience face à l’inflation poste Covid-19 et la crise russo-ukrainienne. L’agence S&P a salué les
solides perspectives de croissance du Bénin portées par les réformes ambitieuses du Gouvernement dans un
contexte mondial dégradé. Lesdites réformes ont pour finalité de soutenir la croissance économique et participer
à l’amélioration des performances économique du Bénin au cours des prochaines années.

9 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


L’agence S&P projette pour le Bénin une convergence du déficit vers la norme communautaire de 3,0% de
l’UEMOA pour le moyen terme à l’horizon 2024. L’agence prévoit une augmentation des recettes des recettes
budgétaires , en lien avec le renforcement de l’activité économique et les réformes budgétaires en cours. Une
diminution du niveau d’endettement du pays dès 2024 devrait suivre la réduction du déficit budgétaire et le
renforcement de la croissance.
L’agence S&P reconnait enfin les éffets de diversification des sources de financements du Bénin qui renforce
davantage sa résilience en cas de détérioration des conditions de marché.
Reconduction de la notation financière du Bénin par l’agence internationale Moody’s :
L’agence Moody’s a reconduit la note B1 avec perspective stable du Bénin, et ce dans un contexte marqué par
l’inflation post covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine. L’agence a salué le fort potentiel de croissance
du Bénin en lien avec les réformes ambitieuses de Gouvernement. Moody’s projette pour le Bénin une croissance
qui devrait se situer autour de 6% sur le moyen terme. Le rythme soutenu des investissements, le dynamisme de
la production agricole et du secteur tertiaire expliquent la résilience de l’économie béninoise et par ricochet le
rebond de son économie et le taux de croissance projeté sur le moyen terme en depit de l’inflation post covid-19
et la guerre en Ukraine.
Selon l’agence Moody’s, la résilience de l’économie béninoise face au covid-19, l’inflation post covid-19 et la
guerre en Ukraine trouve également son fondement dans les apports importants du Programme d’Actions du
Gouvernement (PAG) pour le développement économique et social du pays.
Les mesures ambitieuses du Gouvernement pour préserver les populations béninoises des hausses de prix liées
à l’inflation post covid-19 et à la guerre en Ukraine contribuant aussi à sa résilience ont été saluées par l’Agence
de notation Moody’s.
Enfin, l’agence Moody’s salue la stratégie de financement diversifiée et de gestion proactive de la dette de la
République du Bénin. Selon l’agence cette stratégie de gestion de la dette du Bénin à permis de renforcer la
qualité de son portefeuille de dette.

VI- MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT A MOYEN TERME


AU COURS DE L’ANNEE 2023
L’analyse du profil de remboursement de la dette publique indique que près de la moitié (37,38%)
du stock de la dette à fin 2022 arriverait à échéance sur les cinq (05) prochaines années (2023-
2027) et ce, principalement à cause des échéances des obligations du Trésor, des prêts FMI et de
l’instrument de reprofilage de la dette intérieure de 2018. Par ailleurs, près de 24,73% du stock
de la dette existante projetée à fin décembre 2022 serait remboursé sur la période 2029 à 2032, en
raison de l’eurobond 11 ans de janvier 2021, des obligations du Trésor et des prêts FMI. Le risque
de refinancement est essentiellement lié au remboursement des titres publics. Ces derniers
représentent 65,12% des remboursements de 2023.

Les décisions d’emprunts de l’Etat en 2023 seront basées sur la stratégie de dette à moyen terme
dont l’objectif est d’améliorer le profil de remboursement de la dette publique en priorisant les
obligations du Trésor de maturités de plus en plus longues.

En effet, le plan d’emprunt de 2023 prévoit une réduction du financement extérieur au profit du
financement intérieur avec une dominance des titres publics de longue maturité et de préférence
les obligations de maturité supérieure à cinq (05) ans. Toutefois, au cas où les conditions sur le
marché financier international seraient plus attractives, le recours à une émission d’obligations
internationales serait envisageable.

Au plan extérieur, l’effort engagé dans la quête des ressources concessionnelles et quasi
concessionnelles sera poursuivi et la priorité sera accordée aux prêts libellés en euro. Le recours
aux banques internationales en privilégiant des devises stables est également projeté en 2023. Pour

10 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


ce qui concerne les prêts libellés en devises hors euro, les prêts concessionnels seront priveligiés
par l’Etat courant l’année 2023.

11 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


VII- CIBLES POTENTIELLES DES INDICATEURS DE COÛTS ET RISQUES DU
PORTEFEUILLE DE LA DETTE PUBLIQUE EN 2023
Les cibles potentielles des indicateurs de coûts et risques du portefeuille de la dette pour l’année
2023 sont formulées ainsi qu’il suit :
 La part de la dette extérieure
Tenant compte des prévisions des tirages et des remboursements au titre de l’année 2023, la part
de la dette en devise dans le portefeuille de la dette publique en 2023 serait comprise entre 58%
et 67%.
 Risque de refinancement du portefeuille de la dette publique
La part de la dette venant à échéance dans un an et devrait demeurrer inférieure à 13% en lien
avec l’intervalle de variation définie par la SDMT 2020-2024.
 Risque de liquidité
Dans une perspective de gestion prudente du risque de liquidité, il est envisagé de maintenir le
ratio de liquidité service de la dette extérieure sur les recettes budgétaires dans l’intervalle de
14% à 17%.

VIII- ACTIONS DE MISE EN ŒUVRE DE LA STRATEGIE D’ENDETTEMENT


Courant l’année 2023, le Gouvernement du Bénin veillera à poursuivre le dialogue instauré avec
ses partenaires, aussi bien à travers le site web de la Caisse Autonome d’Amortissement que les
échanges directs avec les acteurs du marché intérieur, régional et international. Les efforts seront
redoublés en vue de la production et de la diffusion régulière de données économiques et
financières exhaustives. Selon l’évolution des conditions du marché et des besoins de l’Etat, le
plan annuel de financement pourrait faire l’objet d’ajustements. Plusieurs cannaux de
communications, notamment, les bulletins statistiques, les rapports publiés sur les sites internet de
la CAA et du ministère en charge des finances, seront utilisés pour informer le public sur la
situation de la dette et l’exécution de la stratégie d’endettement au cours de l’année 2023.

IX- PLAFOND D’ENDETTEMENT PUBLIC POUR 2023


A- JUSTIFICATION DE L’EMPRUNT
Le PAG 2021-2026 repose sur trois piliers essentiels à savoir i) le renforcement de la démocratie,
l’Etat de droit et la bonne gouvernance ; ii) la poursuite de la transformation structurelle de
l’économie ; et ii) l’accroissement durable du bien-être social de la population.
Sur la période 2023-2025, la poursuite de la transformation structurelle de l’économie sera
orientée à travers deux axes principaux à savoir : la consolidation des acquis du PAG 2016-2021
; ii) le relèvement des chaines de valeurs ajoutées pour le développement du secteur de la
transformation.
En 2023, de façon concrète, le Gouvernement aura pour mission la poursuite et le renforcement
des mesures en cours visant la promotion des secteurs à fort potentiel. Lesdits secteurs sont entre
autres l’agriculture, le tourisme, l’économie du numérique et l’économie du savoir. L’Etat mettra
également l’accent en 2023 sur l’enseignement technique et la formation professionnelle. Il

12 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


s’évertuera à combler le déficit infrastructurel en poursuivant les grands chantiers en cours. Ces
chantiers concernent les infrastructures de transport, d’énergies et d’assainissement. En outre,
plusieurs mesures envisagées viseront d’une part, à améliorer l’environnement des affaires en vue
de créer un cadre favorable à l’éclosion d’un secteur privé dynamique et compétitif, la promotion
d’un secteur industriel sélectif, et d’autre part, à promouvoir l’intégration régionale pour un cadre
de partage des atouts nationaux pour le développement collectif au plan régional.
En 2023, l’Etat accordera une attention particulière à l’atteinte des cibles prioritaires des ODD
pertinentes pour le Bénin à travers la mise en œuvre d’une série de projets et de réformes dans ce
sens.
A cet effet, les besoins de l’Etat en 2023 seraient couverts en partie par des tirages sur prêts projets
pour 426,19 milliards de FCFA soit 3,62% du PIB et l’émission de bons et obligations du Trésor
pour 617,55 milliards de FCFA, soit 5,25% du PIB.
B- PLAFOND D’ENDETTEMENT PUBLIC
Le plafond d’endettement public (montant total des nouveaux engagements de l’Etat vis-à-vis des
bailleurs de fonds) s’établirait à 1 704,14 milliards de FCFA, soit 14,47% du PIB.
La décomposition de ce plafond d’endettement ainsi que les termes indicatifs des nouveaux
emprunts se présentent ainsi comme suit :

Tableau N°2 : Décomposition du plafond d’endettement extérieur de 2023


Montants en milliards de % du Maturité Différé Taux d'intérêt
%
FCFA PIB indicative indicatif indicatif en %
Concessionnel 582,08 59,05 4,94
Prêts multilatéraux 496,90 50,41 4,22 19 à 51 ans 5 à 27 ans 0 à 2,00
Prêts bilatéraux 85,18 8,64 0,72 16 à 37 ans 5 à 15 ans 0 à 1,75 ans
Semi concessionnel 187,02 18,97 1,59
Prêts multilatéraux 133,54 13,55 1,13 10 à 30 ans 3 à 14 ans 0,00 à 3,00
Prêts bilatéraux 41,98 4,26 0,36 19 à 30 ans 3 à 11 ans 1,08 à 3
Prêts commerciaux 11,50 1,17 0,10 10 à 20 ans 2 à 4 ans 1,34 à 3,00
Non concessionnel 216,64 21,98 1,84
Prêts multilatéraux 57,74 5,86 0,49 10 à 30 ans 5 à 9 ans 0,00 à 3,00
Prêts bilatéraux 4,79 0,49 0,04 10 à 27 ans 3 à 7 ans 0,00 à 3,00
Prêts commerciaux 154,11 15,63 1,31 3 à 15 ans 0 à 5 ans 0,83 à 5,50
Total avec BOAD 985,74 100,00 8,37
Source : CTA/CNE

Tableau N°3 : Répartition du plafond d’endettement en monnaie locale


(En milliards de FCFA)
Montant de la nouvelle % du Maturité Différé Taux d'intérêt
%
dette pour 2023 PIB indicative indicatif indicatif en %
Bons du Trésor 53,29 7,42 0,45 01 an 0 3,5 à 5,34
Emprunts Obligataires 564,26 78,54 4,79 3 à 20 ans 0 à 9 ans 5,00 à 6,57
Financement banques
100,85 14,04 0,86 8 à 43 ans 0 à 40 ans 0,05 à 8,50
locales y compris BOAD
Total 718,39 100 6,10
Source : CTA/CNE

13 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


C- TIRAGES PREVUS SUR FINANCEMENTS EXTERIEURS ET INTERIEURS EN
2023
Le montant total des tirages prévus sur emprunts projets s’établirait à 426,19 milliards de FCFA
en 2023, décomposé ainsi qu’il suit :
 342,45 milliards de FCFA pour les financements extérieurs ; et
 83,74 milliards de FCFA pour les financements obtenus des banques locales et de la
BOAD.
Les émissions des titres publics prévues pour 2023 se chiffrent à 617,55 milliards de FCFA dont
53,29 milliards de FCFA pour les émissions des bons du Trésor. La mise en œuvre dudit plan de
financement au cours de l’année 2023 conduirait à un encours du portefeuille de la dette publique
projeté à fin 2023 de 6 090,72 milliards de FCFA, soit un taux d’endettement public de 51,74%
du PIB.
Le plan de financement de l’Etat pour 2023 se présente de la façon suivante :
Tableau N°4 : Plan de financement pour 2023
Montant des tirages en milliards de FCFA % % du PIB
Concessionnel 217,00 20,79 1,84
Prêts multilatéraux 190,38 18,24 1,62
Prêts bilatéraux 26,61 2,55 0,23
Semi concessionnel 27,29 2,61 0,23
Prêts multilatéraux 12,38 1,19 0,11
Prêts bilatéraux 6,21 0,59 0,05
Banques internationales 8,70 0,83 0,07
Non concessionnel 98,16 9,40 0,83
Prêts multilatéraux 16,90 1,62 0,14
Prêts bilatéraux 0,19 0,02 0,00
Banques internationales 81,07 7,77 0,69
Total tirages sur emprunts extérieurs 342,45 32,81 2,91
Bons du Trésor 53,29 5,11 0,45
Emprunts Obligataires 564,26 54,06 4,79
Financement banques locales y compris BOAD 83,74 8,02 0,71
Total tirages sur emprunts intérieurs 701,29 67,19 5,96
Total 1 043,74 100,00 8,87
Source : CTA/CNE

X- OCTROI DE LA GARANTIE DE L’ETAT EN 2023


A l’instar des deux années antérieures, aucune émission de garantie souveraine de l’Etat n’est
prévue au titre de l’année 2023. En effet, l’Etat mise sur une bonne gestion administrative et
financière des entreprises publiques et les encourage à se porter vers des solutions alternatives et
innovantes de financement.
XI- PERSPECTIVES DE VIABILITE DE LA DETTE PUBLIQUE
En lien avec les hypothèses macroéconomiques retenues et la stratégie d’endettement définie, la
dette publique du Bénin demeurerait viable avec un risque de surendettement extérieur et global
modéré. Le Bénin disposerait d’une marge d'absorption limitée des chocs liés à l’inflation post

14 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


Covid-19, l’inflation résultant de la guerre en Ukraine et la détérioration de la situation sécuritaire
dans le sahel. Les résultats de l’AVD sont en lien avec les pesrpectives du Bénin établies en
collaboration avec les services du FMI, et saluées pars les diverses agences de notation. Lesdites
perspectives projettent un déficit budgétaire global devrait s’afficher à 5,6% en 2022 et 4,3% en
2023. Sur la période 2024 – 2025, les perspectives projettent un déficit global, dons compris,
rapporté au PIB égal à 2,9%. Il faut aussi noter que le Bénin est en programme avec le FMI pour
42 prochains mois , ce qui conforte la qualité de ces perspectives. Aucun dépassement n'est
projeté dans le scénario de référence en ce qui concerne les ratios d’analyse de la viabilité.
Le risque de dépassement de seuils ne pourrait se produire qu’en cas de scénario de choc le plus
extrême.
L’indicateur valeur actuelle de la dette extérieure en % du PIB devrait demeurer largement en
dessous du seuil de 40% fixé en application du cadre de viabilité de la dette du FMI. Il évolue
suivant une tendance baissière sur la période de projection L’indicateur valeur actuelle de la dette
extérieure en % des exportations reste en dessous de son seuil de 180% dans le scénario de
référence du cadrage macroéconomique mais dépasse son seuil en cas de scénario de choc extrême
sur les exportations d’après les projections. Il suit également une tendance baissière sur la période
de projection à l’instar de l’indicateur valeur actuelle de la dette extérieure en % du PIB. Les ratios
présentant le plus de vulnérabilité sont les ratios service de la dette extérieure rapporté aux
recettes budgétaires et service de la dette extérieure rapporté aux Exportations. Le ratio service
de la dette extérieure rapporté aux Exportations évolue dans la bande 10%-13% sur toute la
période de projection dans le scénario de référence du cadrage macroéconomique. Il devrait
dépasser le seuil seulement en cas de choc extrême sur les exportations. Le ratio service de la dette
extérieure rapporté aux Exportations qui est l’indicateur le plus pertinent, s’est quelque peu
rapproché de son seuil sur la période de projection et évolue dans la bande 12%-18%.3 Un
rapprochement de seuil majeur est observé en 2030 en raison de la forte tombée d’échéance sur la
dette extérieure (Eurobond, dette envers les banques commerciales internationales). Toutefois, ce
rapprochement de seuil ne compromet pas la viabilité extérieure de la dette du Bénin. Le ratio
Valeur Actuelle de la dette publique rapporté au PIB est demeuré en dessous de son seuil de
55% sur toute la période de projection dans le scénario de référence. Les principaux ratios
d’analyse de la viabilité de la dette publique (valeur actuelle de la dette publique en % des
recettes, service de la dette totale en % des recettes) évoluent sur une tendance soutenable.
Des analyses qui précèdent, l’on peut déduire que la dette publique du Bénin demeure viable et
que le Bénin bénéficie d’un risque modéré de surendettement.

3L’indicateur le plus pertinent est défini comme celui se rapprochant le plus de son seuil indiquant ainsi une plus forte
contrainte.

15 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


Figure N°4 : Résultats de l’Analyse de Viabilité de la Dette publique.
Ratio VA de la dette extérieure rapportée
Ratio VA de la dette extérieure rapportée au PIB
aux exportations

Ratio Service de la dette extérieure rapporté aux Ratio Service de la dette extérieure rapporté
Exportations aux Recettes

Indicateur Valeur Actuel de la Dette Publique rapporté au PIB

16 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


Indicateur Valeur Actuelle de la dette publique sur Indicateur Service de la dette publique sur
recettes recettes

Source : CTA/CNE

17 STRATEGIE ANNUELLE D’ENDETTEMENT DE L’ETAT 2023 © MEF Bénin


CONCLUSION
Selon les agences de notations, la qualité de la gestion de la dette, notamment les efforts de
diversification des sources de financement du Bénin et la gestion proactive de sa dette, renforce
sa résilience dans un contexte de détérioration des conditions de marché. En effet, dans un contexte
marqué par des incertitudes dûes à l’inflation post Covid-19, l’inflation liée à la guerre en Ukraine
et la détérioration de la situation sécuritaire dans le sahel, le Bénin a pu mobiliser plus de
financement pour préserver ses performances économiques durement acquises courant ces cinq
(05) dernières années et répondre aux besoins urgents de financements dans le cadre de la mise en
œuvre de son Plan National de Développement 2018-2025. Parmi lesdits financements
s’inscrivent les droits de tirages spéciaux d’un montant de 650 millions de dollars US dans le cadre
du nouveau programme de 42 mois du FMI avec le Bénin. Il est prévu un décaissement d’environs
300 millions de dollars US en 2022 (dont 143 millions de dollars US environ déjà décaissés dès
la signature du programme le 08 juillet 2022).
En conséquence, le taux d’endettement s’établirait à fin 2022 à 51,66% du PIB contre 49,81% à
fin 2021 et 46,14% à fin 2020, soit une hausse de 1,85 points de pourcentage entre 2022 et 2021
contre 3,67 points de pourcentage entre 2021 et 2020.
Toutefois, une baisse du niveau d’endettement est projetée dès 2024, en lien avec la convergence
du déficit vers la norme communautaire de 3,0% de l’UEMOA dès 2024. En effet, l’augmentation
progressive des recettes de l’Etat, tirée par le renforcement de la croissance de l’activité
économique et les réformes budgétaires en cours, permettrait de projeter le déficit global dons
compris à 2,9% à moyen terme.
Les taux d’intérêt moyen pondéré de la dette intérieure et extérieure passeraient respectivement
de 5,34% et 2,53% à fin 2021 à 5,09% et 2,35 à fin 2022. La maturité moyenne du portefeuille
de la dette intérieure et la durée moyenne à refixer de la dette intérieure passeraient
respectivement de 4,4 ans à fin 2021 à 5,2 ans à fin 2022. La part de la dette exposée aux
fluctuations des taux de change passerait de 23,78% en 2021 à 22,91% à fin 2022.
La dette publique du Bénin demeure viable selon les résultats de la dernière analyse de viabilité
de la dette. Le risque de surendettement extérieur reste modéré et la dette intérieure ne crée pas
de vulnérabilité particulière.
En 2023, le Gouvernement poursuivra sa politique de rallongement de la maturité des titres publics
en vue de réduire davantage le risque de refinancement du portefeuille de la dette publique.
Toutefois, si les conditions sur le marché international sont attrayantes et meilleures en 2023, un
recours à une émission d’Eurobond pourrait être envisagé et viendrait en substitution d’une partie
du plan d’émission des titres publics prévus sur le marché financier régional de l’UEMOA.
Les opérations de gestion de passif et de reprofilage pourraient être renouvelées suivant les
conditions du marché afin de poursuivre l’amélioration de la qualité du portefeuille de la dette :
(i) réduction du coût du portefeuille de la dette publique et (ii) alignement de la durée de
remboursement des prêts avec la période de mise en œuvre des projets.
En conséquence, le montant total des tirages sur emprunts projets de développement prévus pour
2023 s’établirait à 426,19 milliards de FCFA, soit 342,45 milliards de FCFA au titre des
financements extérieurs et 83,74 milliards de FCFA pour les financements espérés des banques

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locales et de la BOAD. Les émissions de titres publics s’établiraient à 564,26 milliards de FCFA
pour les obligations du Trésor et 53,29 milliards de FCFA pour les bons du Trésor en 2023.
Toutes les actions d’endettement du Bénin au cours de l’année 2023 resteront en phase avec la
SDMT 2020-2024 et avec les principes en la matière édictés par le FMI et la Banque Mondiale,
dans une perspective de préservation de la viabilité et de la soutenabilité de la dette publique.

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