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2016 – SUJET D’ÉCO/DROIT Polynésie – Partie Droit

À l'aide de vos connaissances et des ressources documentaires jointes en annexe, analysez la situation
juridique ci-dessous et répondez aux questions posées.

Situation juridique

Mme GASTON commande le 10 mai 2015 sur le site internet de la société E-Store Kids, SARL parisienne
spécialisée dans la vente à distance de consoles éducatives et d’accessoires, une console d’éveil au prix
de 120 euros frais de port inclus. Elle savait, après avoir étudié les offres similaires, que l’appareil était
vendu 260 euros dans les magasins de jouets près de chez elle à Marseille, et entre 230 et 250 euros
sur d’autres sites web.

Comme le veut la procédure de vente en ligne, après avoir accepté les conditions générales de vente et
réglé par carte bancaire la somme de 120 euros, Mme GASTON reçoit un courriel de confirmation
automatique de sa commande (objet, prix et date de livraison).

Néanmoins, deux heures plus tard, M. DOOM, directeur de E-Store Kids, lui indique par un courrier
électronique que le prix de sa commande est une erreur de ses services. Il lui est proposé d’annuler sa
commande ou bien de la confirmer au prix de 220 euros.

Souhaitant absolument recevoir la console d’éveil commandée, Mme GASTON sollicite votre avis.

Questions

1. Qualifiez juridiquement les faits.

2. Formulez le problème de droit.

3. Expliquez dans une argumentation juridique comment la SARL E-Store Kids peut
contester la validité de ce contrat.

4. Exposez les arguments juridiques que Mme GASTON pourra invoquer pour
demander l’exécution du contrat conclu le 10 mai 2015.

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ANNEXES

Annexe 1 - Extrait des conditions générales de vente de la société E-Store Kids

Art. 1 : DISPOSITIONS GÉNÉRALES

[…] En passant commande, par clic directement sur le site de la société E-Store Kids, le client reconnaît
avoir pris connaissance et accepter les présentes conditions générales.

[…]
Art. 5 : PRIX

Les prix sont stipulés en euros toutes taxes comprises (TTC). […] Tous les prix sont donnés sous
réserve d’erreur typographique manifeste ou d’erreur purement matérielle d’étiquetage informatique.
Le prix facturé au client est le prix indiqué sur la confirmation de commande adressée par e-mail au
client. […]

Art. 6 : GARANTIE DU MEILLEUR PRIX

La société E-Store Kids s'engage à fournir ses produits au prix les plus bas et rembourse la différence si
le client trouvait moins cher ailleurs dans les 15 (quinze) jours suivant son achat. Pour bénéficier de
cette garantie "meilleur prix" le client doit présenter un devis sur le produit identique concerné
répondant aux mêmes spécificités et services, hors période de soldes, promotions, déstockage,
liquidation, code de réduction, chèque cadeau, etc.

Art. 7 : ANNULATION OU MODIFICATION DU CONTRAT

Les commandes sont fermes et définitives et engagent réciproquement la société E-Store Kids et le
client. Une fois la commande validée, celle-ci ne pourra être annulée ou modifiée, quel qu'en soit le
motif. […]

Annexe 2 : Extraits du Code civil

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Article 1108

Quatre conditions sont essentielles pour la validité d'une convention :

- Le consentement de la partie qui s'oblige ;

- Sa capacité de contracter ;

- Un objet certain qui forme la matière de l'engagement ;

- Une cause licite dans l'obligation.

Article 1109

Il n’y a point de consentement valable, si le consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il a été
extorqué par la violence ou surpris par le dol.

Article 1110

L'erreur n'est une cause de nullité de la convention que lorsqu'elle tombe sur la substance même de la
chose qui en est l'objet. […]

Article 1134

Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites.

Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi
autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi.

Article 1591

Le prix de la vente doit être déterminé et désigné par les parties.

Annexe 3 : Extrait du code de la consommation

Article L111-1

Avant que le consommateur ne soit lié par un contrat de vente de biens ou de fourniture de services, le
professionnel communique au consommateur, de manière lisible et compréhensible, les informations
suivantes :

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1° Les caractéristiques essentielles du bien ou du service, compte tenu du support de communication
utilisé et du bien ou service concerné ;

2° Le prix du bien ou du service, en application des articles L. 113-3 et L. 113-3-1 ;

Article L113- 3

Tout vendeur de produit ou tout prestataire de services doit, par voie de marquage, d'étiquetage,
d'affichage ou par tout autre procédé approprié, informer le consommateur sur les prix et les conditions
particulières de la vente et de l'exécution des services (…)

Annexe 4 : Erreur d’étiquetage sur le Net : que dit la loi ?

Pour qu'une vente soit annulée, il faut que le prix soit « manifestement » dérisoire. Encore faut-il savoir
ce que signifient réellement ces termes...

Le droit français n'admet pas, en principe, l'erreur sur le prix comme vice du consentement pouvant
entraîner une nullité du contrat.

Mais les juges ont aménagé ce principe en faveur du vendeur qui s'est trompé dans l'étiquetage de son
produit. Il peut obtenir l'annulation de la vente quand il apparaît que l'acheteur a conscience de l'erreur
et veut en abuser.

Cela vise en particulier les prix « manifestement » dérisoires. Les tribunaux considèrent en effet avec
constance que la vente n'est nulle que si l'erreur d'étiquetage donne un prix dérisoire qu'un
consommateur normalement avisé ne peut sérieusement avoir pris pour la valeur réelle de l'article (par
exemple, un appareil à 2 euros au lieu de 200 euros).

Seuls les tribunaux peuvent se prononcer sur l'appréciation et les conséquences de l'erreur de prix.
Ainsi, un distributeur qui, sur son site, proposait un rétroprojecteur au dixième du prix de celui de ses
concurrents, s'est fait assigner par un particulier qui demandait au tribunal l'exécution forcée de la
vente. Constatant que trois autres sites Internet proposaient le même rétroprojecteur pour un prix
variant de 8 370 euros à 9 145 euros, les juges ont considéré que le prix erroné de 806 euros indiqué
au client par la société résultait « d'une erreur matérielle d'étiquetage informatique ». Ils en ont déduit
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que la vente devait être annulée (TI Strasbourg, 24/07/2002, Sté Netbusiness Planète Discount). […]

Maître I. Pottier, avocate au cabinet A. Bensoussan, extrait tiré du site web O1net.com

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