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LES COCCIDIOSES INTESTINALES 

: EPIDEMIOLOGIE, DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE, PRINCIPES


THERAPEUTIQUES ET PREVENTION

1 - GENERALITES
1.1- Définition
Parasitoses dues au développement, dans les cellules intestinales de l’hôte, de protozoaires
(coccidies) appartenant à quatre genres : Cryptosporidium, Isospora, Cyclospora et Sarcocystis.
Deux genres sont incriminés en Afrique : Cryptosporidium et Isospora.

2 – EPIDEMIOLOGIE
2.1- Agents pathogènes
Le Genre Cryptosporidium comprend deux espèces : Cryptosporidium hominis et
Cryptosporidium parvum
Le genre Isospora  : Isospora belii
2.1.2- Morphologie
Plusieurs stades de développement. Seule la morphologie de l’oocyste, éliminé dans les
matières fécales, présente un intérêt diagnostic et épidémiologique
2.2- Réservoir de parasites
Cryptosporidium hominis est spécifique de l’Homme
Cryptosporidium parvum  : l’Homme et de nombreuses espèces animales mammifères (ovins
et bovins chevaux), aussi les poissons et les petits animaux (rongeurs, chiots et chatons).
Pour Isospora belli, le réservoir est strictement humain.
2.3- Mode de contamination
La contamination se fait par voie orale, en ingérant des oocystes matures contenus dans
l’eau et les aliments souillés ou à la faveur des mains sales.
Les oocystes de Cryptosporidium résistent à la chloration (l’hypochlorite de soude ou eau de
javel)
2.4- Voie de sortie du parasite
Les oocystes sont éliminés avec les selles dans le milieu extérieur :
- infectants pour Cryptosporidium
- non infectants pour Isospora belli.
2.5- Cycle biologique
2.5.1- Cycle biologique de Cryptosporidium sp.
Cryptosporidium sp est un parasite monoxène.
Le cycle comporte une phase asexuée et une phase sexuée.
Après leur ingestion, la paroi des oocystes mûrs est lysée dans l’intestin Les sporozoïtes sont
libérés dans la lumière intestinale de l’hôte.
Chaque sporozoïte se fixe à un entérocyte et induit la formation d’une vésicule parasitaire. Le
sporozoïte devient un trophozoïte. Le noyau du trophozoïte se divise, c’est le schizonte. A l’intérieur
du schizonte (dit de type I), chaque noyau s’entoure d’une membrane. La paroi du schizonte mature
est lysée libérant les mérozoïtes qui vont se fixer sur d’autres cellules et donner à leur tour des
nouvelles générations des mérozoïtes.
D’autres schizontes produisent des mérozoïtes qui vont se transformer en macrogamontes
femelle et en microgamontes mâles. Le macrogamonte femelle grossit et devient un macrogamète.
Le microgamonte mâle produit quelques microgamètes mâles mobiles qui vont féconder les
macrogamètes femelles fixés aux entérocytes. La fécondation du macrogamète par le
microgamètocyte aboutit à la formation d’un oocyste qui, après division du noyau, contient quatre
sporozoïtes. Ces oocystes sont libérés dans la lumière intestinale. Deux types d’oocystes sont
produits :
- des oocystes à paroi épaisse infectants dès leur émission avec les selles et assurent la
propagation des parasites et la contamination du milieu extérieur et des autres hôtes,
- des oocystes à paroi mince qui sont à l’origine de la réinfection de l’hôte (endo-
autoinvasion) dès leur libération dans la lumière intestinale.

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2.5.2- Cycle biologique d’Isospora belli
Le parasite est monoxène, l’Homme unique hôte définitif.
Le cycle comporte une phase de multiplication asexuée, une phase de multiplication sexuée.
Contamination s’effectue par voie orale, après ingestion d’oocystes sporulés, la paroi de
l’oocyste est lysée sous l’action des enzymes et des sels biliaires. Les huit (8) sporozoïtes sont libérés
dans la lumière intestinale et pénètrent chacun dans une cellule intestinale formant une vacuole
parasitophore dans le cytoplasme de l’entérocyte. Il s’arrondit (trophozoïte), son noyau se divise et
forme un schizonte contenant de nombreux mérozoïtes. La cellule intestinale est lysée en même
temps que le schizonte éclate libérant les mérozoïtes qui vont pénétrer de nouvelles cellules
épithéliales et donner de nouveaux shizontes qui vont libérer à leur tour des mérozoïtes.
Après plusieurs cycles asexués, les mérozoïtes subissent une différenciation et donnent des
éléments sexués : le microgamétocyte et le macrogamétocyte. Le noyau du microgamétocyte se
fragmente. Plusieurs gamètes mâles très mobiles sans flagelle sont produits. Le noyau du
macrogamétocyte augmente de volume et aboutit à la formation d’un gamète femelle ou
macrogamète. La fécondation du macrogamète par le microgamète à lieu dans la cellule produisant
un oocyste. Cet oocyste est libéré dans la lumière intestinale puis avec les selles dans le milieu
extérieur. A l’émission, l’oocyste d’I. belli contient une masse granuleuse, le sporoblaste, Dans le
milieu extérieur, l’oocyste subit une maturation et contient à maturité deux sporocystes contenant
chacun quatre (4) sporozoïtes.
2.6- Répartition géographique
Cryptosporidium sp  : cosmopolite. Mais prévalence plus élevée dans les pays en
développement.
Isospora belli : distribution en zone tropicale : Amérique centrale et du sud, Asie du sud-est,
Afrique.

4- DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
4.1. Circonstances du diagnostic biologique
Il s’agit le plus souvent d’un syndrome diarrhéique :
Pour Cryptosporidium sp.
*Sujet immunocompétent : diarrhée de trois (3) à dix (10) selles liquides/ jour, accompagnée de
douleurs abdominales et de vomissements.
Un tableau sévère peut être observé chez les enfants, la guérison spontanée est la règle.
*Chez le sujet immunodéprimé : diarrhée cholériforme non sanglante, incoercible (10 à 20 selles/
jour. Des signes extradigestifs peuvent être observés :
-douleur de l’hypochondre droit évoquant une atteinte des voies biliaires (cholécystite)
- dyspnée, toux accompagnée d’une expectoration traduisant une atteinte respiratoire
L’évolution se fait vers une aggravation progressive avec perte de poids importante.
Pour Isospora belli
*Sujet immunocompétent, possibilité d’un tableau clinique infectieux à la primo-infection avec
diarrhée aiguë faite de selles liquides, glaireuses et fièvre (39-40°C).
Accompagnée de douleurs abdominales, de nausées et parfois des vomissements. La guérison
est de règle.
*Sujet immunodéprimé, particulièrement VIH avec des CD4 <100/mm 3 : diarrhée d’allure
chronique, faite de selles liquides glairo-sanglantes avec des périodes de rémission.
4.2- Diagnostic biologique
4.2.1- Modifications biologiques non spécifiques
I. belli hyperéosinophilie avec cristaux de Charcot Leyden dans les selles  hyperéosinophilie
tissulaire.
4.2.2- Diagnostic parasitologique
4.2.2.1- prélèvements 
Selles diarrhéiques, à répétés car l’excrétion des oocystes est irrégulière

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4.2.2.2- Les techniques
Techniques coprologiques:
La technique de Ziehl-Neelsen modifiée par Henriksen-Poblentz (coloration de référence) pour
Cryptosporidium sp.
L’examen direct et les techniques de concentration diphasiques: Merthiolate-iode-formol
(MIIFC), Ritchie pour I. belli.
4.2.2.3- Intérêt
Ces techniques permettent de faire le diagnostic de genre de Cryptosporidium sp. et le diagnostic
d’Isospora belli
4.2.2.4- Résultats
Mise en évidence des oocystes (taille, forme, contenu, couleur) :
- Cryptospridium sp. : 4-8µm, sphérique, contient 4 sporozoïtes colorés en rouge. Il apparaît
en rouge sur fond vert à la coloration de Ziehl-Neelsen.
- I. belli : 25-30/12-16µm, forme ovalaire, contient un sporoblaste ou deux sporocystes
colorés en rouge à la coloration de Ziehl-Neelsen.
4.2.3. Diagnostic immunologique spécifique
La recherche des anticorps sériques est sans intérêt pour le diagnostic de routine.
Pour le diagnostic de la cryptosporidiose, dans les prélèvements coprologiques :
- Immunofluorescence directe : détection des oocytes à l’aide d’anticorps monoclonaux
- ELISA : détection des coproantigènes par des anticorps monoclonaux :
5- PRINCIPES THERAPEUTIQUES
5.1- But
Interrompre l’excrétion des oocystes, améliorer les symptômes cliniques et la survie du patient
5.2- Moyens
5.2.1- Moyens médicaux spécifiques et indications
- pour la cryptosporidiose :
Nitazoxanide (Cryptaz®, Alinia®)
Paromomycine (Humatin®)
- pour l’isosporose :
Triméthoprime- Sulphamétoxazole (Bactrim Fort®)
Ciprofloxacine (Ciflox®), alternative en cas d’échec au Bactrim®
5.2.2- Moyens généraux 
Traitement de la déshydratation si nécessaire
Prise en charge de l’infection à VIH car l’arrêt de l’excrétion des oocystes n’intervient des que le taux
des T CD4 augmente.
5.3- Evolution 
- Pour la cryptosporidiose, aucun médicament n’est totalement efficace. Les molécules citées
peuvent réduire la durée des symptômes sans éradiquer les parasites.
- Pour isosporose, les molécules sont efficaces. Toutefois, les rechutes sont fréquentes
6- PREVENTION
Parasitoses liées au péril fécal, la prévention passe par lutte contre le péril fécal.
6.1- Prévention individuelle
Laver les mains à chaque fois que cela est nécessaire.
Diagnostic étiologique puis traitement systématique et adéquat des diarrhées, surtout sujets à
risques.
Laver les aliments avant leur consommation, bouillir l’eau des puits avant de la boire.
Pour les personnes au contact des patients infectés, hygiène individuelle rigoureuse est nécessaire.
6.2- collective
Construire des latrines et des toilettes pour le contrôle d’évacuation des excrétas.
Approvisionner les villes et les zones rurales en eau potable.
Assainir l’environnement

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Eduquer les populations (surtout les populations à risques) sur les mesures individuelles et collectives
pour éviter une coccidiose (Communication pour le Changement de Comportement : CCC).

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