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Arch2018 - Gouvernance Urbaine Et Territoriale: 01 JANVIER 2022
Arch2018 - Gouvernance Urbaine Et Territoriale: 01 JANVIER 2022
JULIAN JACQUEMIN
ANNÉE ACADÉMIQUE 2021 - 2022
Master 2
J.J. (2022)
GOUVERNANCE URBAINE ET
TERRITORIALE
1 INTRODUCTION AUX THÉORIES DE LA GOUVERNANCE .....................................................3
1.1.1 Omniprésence et ambiguïté d’un concept ........................................................................................ 3
1.1.2 Trajectoires et appropriations de la gouvernance ............................................................................. 4
1.1.3 Caractéristiques principales de la gouvernance................................................................................. 8
1.1.4 Appropriation par les sciences du territoire ...................................................................................... 9
1.1.5 Modèles de gouvernance urbaine .................................................................................................. 10
1.1.6 Lecture........................................................................................................................................... 11
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La gouvernance est un concept transversal car il est utilisé dans un grand nombre de domaines
différents qui s’en approprient une définition propre à leurs thématiques.
La gouvernance est un concept en croissance car il possède un pouvoir explicatif et analytique fort.
2. Une incohérence interne liée à la multitude de sens que peut prendre le terme en fonction du
contexte dans lequel il est employé (le domaine).
➢ Dans ce cas-ci, on parle de gouvernance dans le domaine des sciences urbaines.
3. Une incohérence sociale liée à la confusion entre observation du changement des acteurs
(coordination des acteurs) et volonté de changement.
➢ Observation = comprendre le changement
➢ Volonté = « bonne gouvernance »
→ La gouvernance « est un mot-valise employé dans le monde entier […] dont chacun
s’empare, parfois pour en préciser le sens, mais le plus souvent pour jouer de ses
ambiguïtés évidentes. »
La gouvernance est un concept lié à l’évolution de la société. Les utilisations du terme « gouvernance »
associées à leur échelle d’analyse ont successivement pris de l’ampleur dans le temps en fonction des
enjeux du moment.
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Par exemple, le terme ‘local governance’ a pris de l’ampleur dans les années 1980 car une
vague de privatisation eut lieu en Angleterre, ce qui ouvrit la porte à l’émergence d’un nouveau
concept.
Par ailleurs, on peut noter l’émergence tardive du terme ‘metropolitan governance’ qui
s’accompagne de la montée en puissance des métropoles comme moteur de l’économie.
→ Les termes apparaissent donc souvent face à des problèmes sociétaux différents.
La gouvernance est un concept colonisateur car il est associé à des thèmes variés et différents. Cela
est principalement causé par le fait qu’on associe souvent le terme de « gouvernance » aux
problématiques qui sont d’actualité ou « à la mode ».
La gouvernance est un concept complexe mais qui peut être regroupé par proximité de champ :
l’environnement, la gestion de l’Etat, les institutions sociales, les firmes, etc.
A la période classique les deux termes se découplent à la suite de la prise en importance de l’Etat
(centralisation, hiérarchisation, …). Le terme gouvernement se différencie alors en faisant
explicitement référence à un pouvoir organisé hiérarchiquement. Le terme de « gouvernance » tombe
lui en désuétude. Il va sortir du vocabulaire politique francophone et glisser dans le domaine
domestique.
Le sens le plus moderne du terme se développe durant la période contemporaine, plus précisément à
partir du milieu du XXème siècle. La littérature (scientifique) mobilise le concept de gouvernance pour
décrire les interactions complexes au sein et entre les institutions.
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Au cours du dernier siècles, on a observé une déviation du sens du terme à cause de son évolution de
langage. Au départ, la notion de gouvernance s’appliquait à la gestion des entreprises puis trois
branches s’en sont divisées. Chacune de ces branches possède une part analytique et normative :
Cette appropriation de la gouvernance a débuté dans les années 1930 aux USA. Le constat de départ
se base sur l’observation que, dans une entreprise, il y a des actionnaires (chargés de la gestion) et une
direction (chargée du contrôle). Ces acteurs ont été créés par une disjonction croissante des
organismes de gestion (propriétaires) et de contrôle dans les entreprises. Le fait est que ces acteurs
ont des intérêts divergents. L’un souhaite maximiser les profits et l’autre souhaite pérenniser
l’entreprise. Dès lors, il existe une fragmentation des acteurs concernés entrainant un problème de
compatibilité dans le fonctionnement de l’entreprise.
Bearle & Means (1932) s’interrogent sur comment articuler les uns et les autres. Ils comprennent le
grand nombre d’enjeux derrière l’articulation des acteurs et le concept de gouvernance réapparait
dans le domaine économique, ce qui permet de soulever des questions :
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− Comment les acteurs interagissent ? Cette question fait référence aux modes de régulation
(voir chapitre 7).
o Comment se coordonnent-ils ?
o Comment leurs échanges sont-ils régulés ?
o Quel est le degré de complexité des échanges ?
→ Ces questions sont transversales pour tous les systèmes de gouvernance à analyser. Il
faut répondre à ces question pour pouvoir les caractériser.
Contexte
Après la crise de 1939, un consensus sur la nécessité d’une forme de régulation étatique est établi. Ce
consensus a permis le déploiement de l’État-providence et d’un keynésianisme spatial consacrant
l’échelle nationale. La combinaison de l’Etat-providence avec un modèle keynésien a eu pour
conséquence de mettre en place un Etat actif sur le plan du développement territorial notamment
pour les infrastructures. Ces grands travaux furent rendus possible grâce à l’argent lié au
développement industriel qui rapporte à l’Etat. On parle de keynésianisme spatial lorsque les
politiques de croissance visent à répartir les activités sur le territoire pour le développer.
A partir des années 1960 et 1970, les Etats ne peuvent plus soutenir l’économie comme auparavant
car la productivité diminue. L’appareil fordiste est mis sous pression et s’érode. En plus des vagues de
régionalisations qui contribuent à l’affaiblissement de l’Etat, des privatisation et la montée en
puissance de la mondialisation remettent encore plus en question le système de gouvernance. On
observe un affaiblissement de la hiérarchisation des acteurs et une mise en concurrence des
territoires.
Parallèlement dans les années 1960, des mouvements de protestation à la fois sociaux, économiques
et politiques remettent en cause l’autoritarisme et la domination du capitalisme. On veut une nouvelle
organisation de la société où la population veut être plus active dans les décisions publiques. Ces
évolutions ont entrainé un croisement des acteurs et un changement de mode de production.
En 1975, Crozer, Huntington & Watanuki figent ce contexte en parlant de « démocratie en crise ». Le
compromis fordiste est mort et les gouvernements sont au courant. Selon ces auteurs, cette
problématique est couplée à une érosion des ressources matérielles et de l’autorité politique
disponibles pour les gouvernements.
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Théories
Dans les années 1990, on se servira de la notion de gouvernance pour comprendre les relations entre
les acteurs dans les sociétés. Kooiman (1993) parlera de « gouvernance moderne » qui est une
approche essentiellement analytique. La gouvernance « moderne » prend appui sur la crise de
gouvernabilité pour démontrer la mutation du rôle de l’État. Elle veut comprendre la manière dont les
problèmes socio-politiques sont résolus dans un contexte d’accroissement des dynamiques, de la
diversité et de la complexité des sous-systèmes sociaux, technologiques et économiques. Selon elle, la
résolution des problèmes passe par des arrangements originaux et « flexibles » entre acteurs étatiques
et non étatiques. De plus, différents acteurs disposent d’une partie des ressources nécessaires à la
résolution des problèmes, ce qui accroît l’interdépendance informelle entre eux.
En 1996, Rhodes écrira les bases de la « nouvelle gouvernance » qui est une approche essentiellement
normative. Elle postule une évaporation de l’État (‘hollowing out of the State’) au profit de réseaux
auto-organisés dans lesquels l’État n’est qu’un acteur parmi d’autres. L’Etat est donc maintenant
soumis aux mêmes règles de marché que les autres acteurs économiques (régulation de marché). Par
conséquent, il disparait. Cette théorie sera très influente en Grande-Bretagne dans les années 1980 et
1990. Dans ce contexte, M. Thatcher mettra en place des privatisation, des « agencification » qui vise
à faire passer la gestion d’un service public au domaine privé, une réduction de la capacité des
gouvernements et instaurera la NPM (‘new public management’). Cette-dernière est un processus
d’évaluation des entreprises : les services publics sont évalués comme des entreprises privées et leur
financement est lié aux résultats obtenus. En conclusions, il s’agit d’une approche de la gouvernance
a priori difficilement exportable, mais particulièrement influente dans les politiques publiques
néolibérales.
Dans la presse, le concept de « bonne gouvernance » est souvent associé à des termes tels que
« décumul », « Publifin », « Samusocial », « Nethys », « CA », … Il existe un problème de
compréhension autour de ce concept qui est souvent lié à la médiatisation.
La « bonne » gouvernance est une approche prescriptive ou normative extrêmement influente dans
l’exercice de la politique contemporaine, à toutes les échelles. La bonne gouvernance diffuse ou
impose des standards à différentes échelles et sur différents systèmes : la bonne gouvernance d’une
entreprise, d’une institution (p.ex. NPM), d’une ville ou d’un pays.
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En 2018, le décret « bonne gouvernance » est signé et fixe des règles précises, des balises sur ce qu’est
la bonne gouvernance. Le problème est que ce concept est essentiellement normatif et fixe des seuils,
des chiffres qui sont dictés par le pouvoir responsable. Dès lors, on fixe des règles qui sont votées à un
moment particulier avec des acteurs en présence (une certaine coalition à un certain moment de
l’histoire). La norme traduit ce que la personne qui a le pouvoir pense être la bonne gouvernance.
Les termes de bonne gouvernance sont donc à évités car ils dépendent de l’autorité qui fixe les règles.
La bonne gouvernance est diffusée (et instrumentalisée) par les organisations internationales :
« La bonne gouvernance est centrale pour créer et maintenir un environnement qui soutient un
développement fort et équitable, et est un complément essentiel de saines politiques économiques. Les
gouvernements jouent un rôle clé dans la provision de deux types de biens publics : les règles pour rendre
les marchés plus efficaces, et, de manière plus problématique, corriger les failles de marché. » (World
Bank, 1991, p. iii)
Cet essai de définition de la Banque Mondiale est visiblement économique. L’Etat doit se mettre au
service du développement et fixer les règles. Elle met en évidence la logique de service public en tant
qu’agent économique.
Pour imposer des normes, même si on n’a pas de capacité, on peut mettre en place des mécanismes
tels que des conditions d’emprunt.
Un appareillage statistique a été mis en place pour évaluer la gouvernance. Cependant, les indicateurs
utilisés sont subjectifs et n’ont de sens que pour celui qui l’a créé.
− Il faut analyser, dans l’approche normative, les objectifs sous-jacents et les outils mobilisés
dans le but de comprendre le contexte social dans lequel s’inscrivent ces outils.
1. Un concept dont la croissance depuis les années 1970 et 1980 est intimement liée aux
transformations des organisations et des sociétés.
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4. Un concept qui rend compte des dynamiques entre les acteurs, en ce compris les outils
(instruments) qu’ils mobilisent et les résultats collectifs auxquels ils aboutissent.
Pour décrire un système de gouvernance à n’importe quelle échelle, 5 questions doivent être
abordées :
• L’application des coûts de transaction par des (géographes) économistes (p. ex. Scott, Storper)
met en évidence l’importance de la proximité dans les dynamiques d’agglomération. Il est plus
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facile que des activités complémentaires s’établissent au même endroit pour minimiser les
coûts de transaction et créer des économies d’agglomération.
• Les travaux sur les milieux innovateurs mettent en évidence l’importance du contexte
territorial pour faire émerger l’entreprise (« l’entreprise ne préexiste pas aux milieux locaux,
mais elle est secrétée par eux » (Benko & Lipierz, 1995). Les phénomènes d’agglomération
stimulent l’innovation. Les milieux denses permettent de renforcer une idée pour la vendre
sur les marchés.
• Diversité horizontale et verticale, liée tant aux évolutions des territoires, qu’aux évolutions des
politiques territoriales (cf. gouvernance locale en Angleterre). On évolue vers un système
moins pyramidal.
1. Modification de la capacité des autorités locales (p. ex. fiscalité).
2. Fragmentation des acteurs locaux (p. ex. agencification).
3. Évolutions démographiques et sociologiques.
4. Évolution des technologies (p. ex. relâchement des contraintes de mobilité).
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plus en plus importante dans l’économie et la construction de nos sociétés. Il y a une nécessité
de s’y intéresser du point de vue de la gouvernance.
1.1.6 LECTURE
Leloup F., Moyart L., Pecqueur B. (2005). La gouvernance territoriale comme nouveau mode de
coordination territoriale ?, Géographie, Économie, Société, 2005/4 (7), pp. 321-332.
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La gare des Guillemins n’est pas une grande gare au départ : 3ème gare wallonne et 11ème en Belgique.
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Le projet de la gare des Guillemins s’établit donc dans le contexte du centre-ville qui subit la fuite des
emplois vers les périphéries. Cela entraine une migration des populations du sud vers l’arc nord car
beaucoup d’emplois se sont développé le long du secteur autoroutier.
La localisation de la gare fut discutée entre Bierset et le centre-ville. La localisation centrale fut
privilégiée pour permettre le redéploiement de l’économie du centre et valoriser la connexion de la
vallée.
Du point de vue architectural, la gare est conçue selon un faciès hybride avec deux façades : une vers
les densités et les transports en communs urbains et l’autre vers l’autoroute. Ce choix permet aux
usagers internationaux de prendre facilement le TGV.
2.1.2.1 INTÉGRATION DANS UN RÉSEAU DE VILLE : LE MODÈLE RHÉNAN VS. SAINT -SIMONIEN
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Le modèle rhénan décrit un système diffus, dense d’un grand nombre de petites et moyennes villes.
Le maillage créé une organisation polycentrique entre les villes qui permet de développer des
coopérations entre elles mais il les met également en compétition. Celle-ci se réalise pour l’accueil des
services, des infrastructures et des investissements et entraine une spécialisation. L’espacement
général entre les villes est de l’ordre de 30 à 40 km, ce qui entraine de manière générale une
urbanisation de mailles du réseau et une perte des valeurs de centralité. En d’autres termes, cela
signifie que le modèle rhénan, par la proximité des grandes villes, a entrainé une urbanisation continue
des tissus par l’étalement urbain entre les polarités. Cela a pour conséquence de faire en sorte qu’un
accès au service est toujours possible peu importe où on habite dans cette maille.
Le modèle Saint-Simonien décrit un système dominé par une ville-centre attirant à elle l’ensemble des
services et des infrastructures. Le maillage est organisé par ces grande villes et le reste des territoire
est peu peuplé. L’espacement entre ces grandes villes est de l’ordre de 200 km.
La situation de Liège est entre les deux systèmes : il existe une compétition très forte entre les
villes pour attirer les services mais cette compétition peut être exagérée.
En ce qui concerne la ligne TGV de Liège, on remarque qu’elle comporte beaucoup d’arrêts
intermédiaires à cause du modèle rhénan induisant un polycentrisme fort dans cette région. Le TGV à
Liège est signé avec le système ICE allemand qui privilégie le confort dans le train plutôt que la vitesse.
Les services métropolitains peuvent être définis comme les services offerts par une ville à son
environnement. De manière générale, on retrouve plus de services dans les villes centrales, en
particulier là où le modèle Saint-Simonien est transposable. Parmi ces services, on peut retrouver :
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• Les infrastructures calculées par le nombre de destinations joignables à partir du lieu (en aller
et retour) ;
• La présence d’institutions internationales ;
• Le rayonnement touristique.
=> Etablissement d’un classement des villes européennes en classes. Pour rendre le classement
objectif, on pondère les résultats en fonction du volume de population. On y retrouve Amsterdam
comme étant la ville la plus performante par rapport au nombre d’habitants. Comparativement à la
population, il ressort également que les services ont plus d’importance que les infrastructures.
Le bassin économique de Liège est compris entre celui de Bruxelles et de Luxembourg du point de vue
des navetteurs. Le bassin est grignoté par le nord et par le sud. De plus, la localisation de Liège est peu
attractive à l’échelle européenne et belge
Pourquoi avoir préféré une localisation centrale pour la Gare des Guillemins plutôt qu’une localisation
au nord où le développement est plus important ?
• La localisation centrale permet un bon accès automobile et une liaison avec la ville émergente
(arc nord autoroutier, nouvelles technologies, logistique etc.).
• La double façade permet une solution hybride entre une face orientée vers la ville et ses
composantes et l’autre vers le réseau autoroutier (accès régional et international).
• Pas de connexion avec Londres à Liège car il nécessiterait un quai plus long et sécurisé avec
une douane.
En Belgique, le réseau ferroviaire se substitue dans un réseau préexistant hérité depuis la révolution
industrielle (voies vicinales). Le réseau ferré historique est très dense dans le nord de l’Europe, il est le
produit de la révolution industrielle bien qu’elle ait été réduite au cours des années 1970-80. Le TGV
doit s’adapter à une organisation diffuse de la ville. D’où l’importance des gares secondaires (urbaines)
pour récolter le trafic passagers.
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En termes de mobilité des personnes, on a observé une augmentation de 50% sur la période 1995 –
2006 pour les transports en commun tandis que la voiture a augmenté de 10% sur la même période,
ayant subi une explosion plus précoce. Au total, les trains ont parcouru environ 8.000 km (10%) de plus
sur cette période.
L’augmentation de 50% des usagers et de 10% des distances parcourues entraine une dégradation plus
rapide des trains, victimes de leur succès.
Le train doit s’intégrer dans un niveau régional. Alors que à Namur, Bruxelles, Anvers ou Gand
beaucoup de gens y vont en train, à Liège ce n’est pas le cas car les emplois se situent trop loin.
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Les données montrent une chute dans la part d’emploi lorsque ceux-ci se situent à plus de 1 km. De
plus, le choix du train est préféré pour les distances longues (peu efficace pour les courtes distances).
On peut apparenter le train à un instrument de l’exurbanisation.
Au début du 19ème siècle, la gare est déconnectée dans les champs puis l’articulation se fait peu à peu
associée à un développement du quartier. Différentes étapes de densification se sont succédé après
1900.
Dans le nouveau projet, la gare est déplacée de 300 mètres, ce qui induit une perte des avantages qui
ont été mis en place par les développements successifs comme l’alignement dans l’axe de la rue des
Guillemins. Le déplacement se justifie sur base de critères techniques et urbanistiques.
Evolution du projet :
Ce schéma vise à assurer la mixité des fonctions et privilégier le logement. Il s’applique à un périmètre
très large prenant en compte le jardin botanique, le parc d’Avroy et Fragnée. La logique derrière ce
schéma est de protéger les habitants car la gare s’implante dans un quartier de vie de la ville. Ce point
de vue est soutenu par la Ville.
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La demande de permis s’accompagne d’une EIE qui rend plusieurs avis sur le projet :
Il en résulte que la ville doit fournir un plan d’aménagement de la place afin d’adapter le quartier au
projet.
Dans le projet, la ville aura toujours un temps de retard sur la SNCB et les rapports de force sont
inégaux.
Ce document prévoit une diminution de la taille du périmètre et propose l’aménagement d’une place
triangulaire. L’objectif de ce plan est de contenir la gare afin de continuer à assurer la fonction de
logement. Un périmètre d’expropriation doit être délimité afin de faire de la place. Par conséquent,
d’autres acteurs doivent être sollicités pour réaliser l’aménagement.
Coup de force de l’opérateur car elle ne doit pas faire de plan et elle possède un portefeuille foncier.
En 2003, la ville dresse un périmètre de rénovation sur le quartier des Guillemins qui permet de lever
des subsides. Cet outil de l’aménagement opérationnel permet d’accélérer les procédures dans ce
périmètre.
Art. D.V.14. §1 (CoDT) : « L’opération de rénovation urbaine est une action d’aménagement globale et
concertée, d’initiative communale, qui vise à restructurer, assainir ou réhabiliter un périmètre urbain
de manière à y favoriser le maintien ou le développement de la population locale et à promouvoir sa
fonction sociale, économique et culturelle dans le respect de ses caractéristiques culturelles et
architecturales propres. »
Art. D.V.14. §2 (CoDT) : « Lorsqu’une commune réalise une opération de rénovation urbaine, la Région
peut lui accorder une subvention. »
Les succession de vision ont eu pour implication de faire évoluer la vision du projet mais la SNCB a
toujours eu un temps d’avance.
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Le projet inclus une esplanade piétonne de la gare à la Meuse conçue d’une place large puis d’une
rambla arborée se terminant en balcon sur la berge. L’objectif majeur est de développer un axe urbain
Guillemins - Boverie - Longdoz en construisant une passerelle au-dessus de la Meuse dans l’axe de
l’Esplanade.
Ce PRU permet d’aller beaucoup plus vite car les permis sont délivrés directement en fonction du plan
directeur par le FD. Il s’agit d’un système sans cadre large dont la seule référence est une vue 3D.
Art. D.V.9. (CoDT) : « Le périmètre de remembrement urbain vise tout projet d'urbanisme de
requalification et de développement de fonctions urbaines qui nécessite la création, la modification,
l'élargissement, la suppression ou le surplomb de la voirie par terre et d'espaces publics.
Les périmètres de remembrement urbain sont arrêtés pour des raisons opérationnelles,
indépendamment des plans de secteur, schémas et guides. »
- Une multiplicité d’acteurs entre la SNCB (Etat), la Ville, la Région Wallonne, la Promotion privée et
les groupes de pression locaux.
- Une définition du bien commun donné par l’arbitrage entre développement de la ville, défense du
patrimoine et qualité de vie locale et pôle eurégional.
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2.1.4 CONCLUSIONS
1. Facteurs conditionnant : une ville en crise, avec peu de ressources, insérée dans un réseau de
villes en forte compétition.
2. Beaucoup (trop) d’attentes vis-à-vis de la gare TGV.
3. Strategic planning vs. ‘opportunity-taking’ planning : l’urbanisme d’opportunité implique
davantage d’agilité, plus de cohésion des acteurs et une bonne circulation de l’information.
4. Intégrer une gare TGV dans une ville consiste aussi à influencer sa « trajectoire urbaine » –
institutionnelle, économique, sociale etc.– même si on ne peut entièrement la changer.
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Espace ↔ gouvernance
Les métropoles se définissent comme des villes de plus de 1 million d’habitants qui regroupent des
services supérieurs.
2. Ensuite, on observe dans les villes un passage du gouvernement urbain à une gouvernance
urbaine à cause de la multiplication des acteurs (ONG, secteur privé, …) qui possèdent du
capitale de la ville.
La gouvernance des régions urbaine (‘metropolitan governance’) est relative à l’ensemble des
processus de régulation entre les acteurs urbains contribuant à s’approprier, à produire et à gérer le
territoire des régions urbaines.
Le territoire est un espace approprié qui sous-entend une maitrise relative autant physique, sociale,
économique que culturelle. Cette maîtrise est associée au pouvoir avec une acceptation politique de
gestion et d’organisation de l’espace, et éthologique de dominance exercée sur l’espace.
L’organisation du territoire s’exprime sous la forme d’un maillage, un découpage organisé, qui est
défini par les limites des entités dont il est composé.
Les limites sont définies sur des bases cohérentes et définissent une aire dans laquelle
l’autorité régulatrice exerce un pouvoir. C’est donc un espace virtuel. Les limites sont partout
(routes, propriétés, etc.), ce qui les différencie des frontières qui correspondent aux pays.
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• La limite est une forme de régulation car elle « démarque des aires relationnelles à
l’intérieur desquelles ont cours des pratiques et des connaissances, des instruments et
des codes qui sont en adéquation avec les projets collectifs ».
• La limite marque une différenciation dont la disparition est crise. Elle marque des
espaces différenciés nécessaires à l’activité humaine, et marque un « avant » et un
« après » leur définition.
• La limite suppose une relation avec les entités contigües. Cette relation est très variable.
On utilise un modèle explicatif dans les régions urbaines qui permet de donner une interprétation sur
les évolutions des systèmes urbains.
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Au Moyen-âge, on parle de semis urbains dans lequel les villes antiques sont désertées et les espaces
ruraux se développent. Grâce à certaines innovations industrielles augmentant la production agricole,
des villes se développent. Elles sont les lieux en lesquels les échanges se réalisent. La création des villes
au moyen-âge (plus ou moins grandes et spécialisées) rime donc avec un besoin croissant en
commerce. Ce semis hérité est celui qui est propre au contexte européen. Aux USA, le semis est
beaucoup moins fin.
Au cours du Moyen-âge central, un système d’appropriation basé sur une double (ou triple)
appartenance se met en place. Le système est intentionnalisé entre le pouvoir ecclésiastique et
seigneurial qui imposent chacun leurs impôts. On parle de système complexe à géométrie variable et
dynamique. Dans ce système, il est possible que des villes s’affranchissent des systèmes seigneuriaux
et ecclésiastiques en créant leur propre système (par exemple la ville de Metz).
Ce système prit fin en France en 1789. Les révolutionnaires prônent l’égalité entre les territoires et la
fin de l’ecclésiastisme. De cette manière, chaque ville, bourg ou village possède un territoire, une
frontière, ses institutions, etc. Ce changement administratif est assez brutal et exporté à l’ensemble
des territoires conquis. Cet héritage est toujours visible aujourd’hui. Ce système a été mis en place par
un intérêt collectif : l’égalité entre les territoires. En France, ce système est resté relativement stable
passant de 40.000 à 30.000 communes. En Belgique, le système a perduré jusque la fusion des
communes.
Entre 1700 et 2000, on observe une double évolution induisant un double effet. D’une part, l’exode
rural induit par une diminution de l’emploi agricole (par la hausse de la productivité) a provoqué des
mouvements de masse entre les campagnes et les villes. D’autre part, les villes sont de plus en plus
attractives et s’étendent. En d’autres termes, la part de la population urbaine a presque quadruplé en
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300 ans tandis que la part de population agricole a diminuée de presque autant. Les effets de ces
évolutions sont d’abord une croissance de l’espace urbain motivé par une croissance de la demande
en logements situés proches des emplois (les usines), ce qui a développé l’urbanisation et les
problèmes spécifiques qui y sont liés (insalubrité, la surpopulation, …). Ensuite, l’urbanisation est
devenue plus diffuse. On parle d’évolution rapide de l’urbanisation :
Les enjeux urbains sont différents en fonction des zones (exemple pour Liège) :
• La Ville de Liège connait un exode urbain à partir des années 1980 alors que l’agglomération
obtient des valeurs qui décroissent moins vite. Pour les banlieues et la zone des migrants
alternants, les gains sont constants.
• Les populations à Liège se concentrent principalement dans la première couronne et dans les
espaces créés par la périurbanisation. Dans le même temps, la Ville de Liège expérimente une
paupérisation du centre-ville car ceux qui migrent (exurbanisation) sont ceux qui sont les plus
aisés et qui peuvent obtenir une voiture ou un terrain. En d’autres termes, les personnes ayant
des hauts revenus quittent le centre-ville en direction de la première et de la deuxième
couronne tandis que les populations pauvres se concentrent au centre, là où il y a plus de
services.
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• En plus des flux de personnes, les activités économiques également s’exurbanisent : les
emplois se développent le long de l’arc nord et des axes routiers en général.
Les indicateurs de la fragmentation sont représentatifs d’un certain système de gouvernance. Par
exemple, en Belgique, Liège, Seraing, Herstal puis les autres suivraient une relation linéaire. En
revanche, en France, l’ensemble urbain est dominé par la ville-centre.
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3.1.3.2.1 EN FRANCE
A Saint-Etienne, on a élargi la zone urbaine vers les faubourgs pour des questions de gestion politique
(augmenter le poids politique de la zone urbaine). Un mouvement d’élasticité créé par la fusion.
• Loi Marcellin (1971) qui vise à inciter les communes à fusionner sur base volontaire en
fournissant une conservation des avantages.
o Effet faible car le Sénat a fait en sorte que cette démarche soit un processus volontaire.
o Les élus locaux n’avaient aucun intérêt à fusionner (plus de mandats, de conseillers,
etc.)
o Pendant 40 ans on a observé des défusions.
• Loi sur les communes nouvelles (2010 à 2015) qui incite les communes à la fusion en octroyant
une diminution des ressources aux communes qui ne le ferait pas.
o Distribution non hétérogène car les préfets ont été à l’initiative auprès des élus locaux.
3.1.3.2.2 EN ANGLETERRE
Aux Royaume-Unis, la fusion des communes s’est réalisée d’un point de vue fonctionnel : on a étendu
les limites des zones urbaines vers les faubourgs et vers les territoires ruraux qui sont en liens avec la
ville centre. La fusion s’est aussi faite de façon gouvernementale mais le nombre d’entité étant plus
faible, la gestion est plus simple.
3.1.3.2.3 EN BELGIQUE
La fusion des communes de 1977 a fait diminuer le nombre de communes de 2359 à 596 (puis 589).
Elle s’est réalisée selon une logique fordiste, c’est-à-dire de manière autoritaire sur base fonctionnelle
à partir de la problématique des commerces en vue d’établir une meilleure cohérence (même si
certaines situations restent incohérentes).
L’objectif est de fusionner la situation de fait avec la situation de droit mais la situation reste aberrante
car on a coupé l’agglomération morphologique.
1. Prise de conscience que les communes sont trop petites : ce sont les idées qui percolent
2. Des solutions sont possibles : fusions, intercommunales
3. Etape de convergence des idées et des solutions qui induit une transformation du système de
gouvernance.
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J.J. (2022)
Cela a été possible en Belgique mais pas en France car il n’y a pas eu de convergence.
Ce modèle favorise la diversité locale et prône le changement de commune si l’acteur n’est pas
content. Il s’inscrit dans une réponse à la demande de marché et s’intègre dans une logique de
compétition entre les communes pour avoir un projet. Un projet peut permettre à une commune
de se développer et l’entrepreneur choisira celle qui offre le plus d’avantages. Il en est de même
pour les logiques de résidence des individus. Les communes peuvent faire varier leur taux
d’imposition pour attirer des populations ou des investisseurs.
La diversité des entités offre une diversité de choix pour les populations et les entreprises.
2. Fusionner ou consolider
L’idée est de maintenir les collectivités locales mais on développe un organisme de gestion à plus
grande échelle qui génère une identité collective. L’objectif est d’améliorer la coordination et
d’augmenter les dépenses publiques car les moyens sont déplacés vers le niveau supérieur, ce qui
augmente les coûts de transaction.
En France, on observe une tendance vers la diminution du nombre de communes isolées, vers une
augmentation de la taille des EPCI mais une diminution de leur nombre. En d’autres termes, on n’a pas
réussi à fusionner les communes en France mais on les a regroupées dans des EPCI puis on a réussi à
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J.J. (2022)
fusionner les EPCI entre-elles. Ce nouvel étage complexifie le mille-feuille français qui est imparfait et
évolutif.
A Liège, des conférences de dialogue entre bourgmestres sont mises en place à partir de 2000 (Liège
Métropole). Cette conférence n’a pas de ressource ni de fond. Il s’agit d’une agence politique
informelle.
Liège Europe Métropole concerne la province et les communes de la province. Au sein de cette
structure, 4 ASBL des élus. Cette structure a même proposé des essais d’aménagement du territoire.
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Le projet du méga-musée Curtius est un projet porté à l’échelle de l’eurégio et qui vise à établir un
musée au sein d’un îlot bâti et classé.
La bâtiment Curtius est classé comme Patrimoine Exceptionnel car il est réalisé dans un style
architectural de renaissance mosane qui est un exemple pour la Région.
Le projet consiste à créer un méga-musée commun dans un ilot comprenant déjà des musée dans des
bâtiments de styles très différents afin d’augmenter la visibilité. Chaque bâtiment possède son musée
et ses curateurs.
Dans ce projet, la Ville de Liège souhaite établir un double axe dans l’îlot :
L’opération vise donc à décloisonner le centre de l’îlot. L’agence Repérage a été sélectionnée pour son
projet qui vise à placer un bâtiment en verre pour favoriser les liaisons transversales et longitudinales
à partir de 3 niveaux ainsi qu’un espace de bureau au R+3 avec une grande ouverture.
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J.J. (2022)
Suite à ce projet, beaucoup de controverses de la part des citoyens ont eu lieu car le projet a été
jugé comme dénotant trop avec le contexte et les gabarits environnants.
En 1993, un schéma d’intention est dressé. Celui-ci fixe les intentions du projet de création d’un
nouveau musée basé sur la mise en commun des musées préexistants et d’une ouverture côté Meuse
et côté ville.
→ La ville de Liège n’a pas les moyens de financer ce projet et fait appel à un financement
FEDER. Pour l’octroi de ce subside, une fiche doit être rendue et doit décrire le projet et
ses retombées. Cependant, la ville finance une étude pour évaluer la pertinence du
projet d’un point de vue économique.
En 1994, réalisation d’un concours organisé par la ville de Liège qui charge la SPI de réaliser le projet.
La ville délègue la maitrise d’ouvrage à la SPI qui a maintenant la charge de choisir le bureau qui
remportera le concours.
Afin de réaliser le projet, un permis doit être demandé et celui-ci requiert une enquête publique. La
contestation citoyenne se fait sentir sur le projet car les gabarits sont jugés trop imposants, des
bâtiments seront détruits, le front linéaire sera interrompu. Une pétition circule parmi la population.
Le permis reçoit cependant un avis favorable sous conditions par le fonctionnaire délégué : le front
continu doit être maintenu sur le quai et la hauteur du bâtiment central doit être diminué d’un étage.
Un recours au conseil d’état est introduit (cours qui analyse si l’acte a été réalisé dans des conditions
légales). Ce recours entraine une suspension du permis (1996) car les conditions octroyées sont jugées
excessives par rapport au projet : elles sont trop importantes si on considère que ce serait pour un
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J.J. (2022)
autre projet. Cependant, le financement FEDER est chronométré et des dépenses doivent être
réalisées.
Le recours en suspension est plus rapide qu’en annulation. La SPI se conforme aux conditions du
fonctionnaire délégué et reformule une demande de permis (1996). Une enquête publique a à
nouveau. Un avis favorable est rendu par le fonctionnaire délégué et le permis est octroyé sans
conditions. Cependant, un recours au conseil d’état est introduit sur initiative citoyenne et le permis
est suspendu car des biens classés ont été détruits.
Lors de la première version du permis, la ville a notifié la commande, ce qui signifie qu’elle s’est
engagée à acheter un entrepreneur et des matériaux, une perte financière pour elle. Par conséquent,
lors de la seconde version du permis, la SPI et la Ville ont commencé les travaux (retrait des toitures).
Ce tour de force a permis de rendre les choses irréversibles afin de forcer la décision dans le sens du
projet.
Sur ce projet, on a un agencement entre des acteurs locaux et supra-locaux. Le conseil communal est
à la base d’une demande de projet pour sa commune.
Les acteurs intermédiaires sont les auteurs de projet (bureau parisien, architectes liégeois et bruxellois,
…), des promoteurs (car partenariat public-privé), la province (via la SPI devenue maitre d’ouvrage par
délégation de la ville), les visiteurs qui vont permettre de mesurer l’attractivité du projet.
Quels sont les registres mobilisés lors de controverses (dont pour le recours dans ce genre de projet).
Chacun de ces registres peut être mobilisé par les deux partis :
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• L’herméneutique ou le sens qu’on met dans le projet (par exemple une disqualification « boite
en verre » ou art contemporain)
• Le réputationnel ou l’image de marque (un bureau étranger ou un architecte local)
• Le purificatoire ou la préservation de l’intégrité du site (renforcé ou détérioré)
• Le fonctionnel (division selon le point de vue : un musée commun mais un étage privé)
• L’économique ou le budget
• Le civique ou le respect des procédures
• Le juridique ou la solidité du dossier
• L’éthique
• Le domestique
Rien n’est blanc ou noir dans la controverse : non-manichéen.
Tous ces points d’opposition alimentent les dynamiques de la controverse et rend les discussions plus
complexe. Le passage à une résolution juridique complexifie encore et a tendance à fermer les
discussions.
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En 2012, un mouvement citoyen ‘pic-nic the streets’ fut lancer afin de réapproprié l’espace public et
diminuer les fractures ouest – est.
Un plan de mobilité fut proposé en vue d’étendre le piétonnier mais avec des mini-rings routiers qui
seraient créés. La contestation de ce plan s’est fait entendre car beaucoup de parkings devaient être
créés (toujours une place pour la voiture), ce qui est une incohérence sur le projet. Des campagnes et
des collectifs se sont mobilisés contre ce PUM, allant jusqu’à l’introduction d’un recours. Cependant,
le projet suscite également une effervescence de la part du public.
Pour la transformation de la Bourse, la part citoyenne a fait entendre sa voix en réclamant un accès
public au premier étage afin de réapproprier les lieux à la population.
En 2015 et 2016, la circulation fut brutalement interrompue car un consensus fut atteint. Cependant,
aucune révision du plan de circulation ni aucune concertation avec les commerçants, les riverains et la
STIB n’eut lieu. Le début des aménagements commença fin 2016 et finit en 2021.
L’absence de concertation mis le feu aux poudre puis le lockdown des attentats et le Covid ont entrainé
un mal pour les commerçants et pour les fréquentations.
Il y eut un jeu politique entre les partis et les imaginaires du projet. Les imaginaires sont des questions
qui sont relevées lorsqu’on modifie la ville. Quelle place pour la voiture ? Pour qui on veut créer la
ville ? Où placer les équilibres ? Justice sociale ? Survie des commerces ?
En conséquence, le projet cristallise les tensions et souffre d’un déficit démocratique (propre à tout
projet urbain). Il n’a pas rencontré les effets escomptés et les événements récents n’y ont pas
contribué.
Le bourgmestre a appelé à la recherche afin d’objectiver les imaginaires et répondre aux enjeux et aux
problématiques du piétonnier et du centre-ville. Il crée un observatoire.
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J.J. (2022)
Selon l’observatoire, il faut sortir de la vision sectorielle de l’aménagement. Pour ce faire, il identifie 4
défis, 10 actions et 40 recommandations concrètes.
Les outils ne sont pas adaptés pour faciliter l’émergence d’une commande commune qui viendrait en
amont d’une commande publique.
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Utilisation d’un plan guide qui consiste en un outil non-réglementaire qui permet de fixer
l’aménagement du territoire de manière plus flexible et qui permet de s’adapter aux désidératas des
acteurs.
La ville s’établit à la confluence de la Loire, à la limite des eaux sujettes aux marées. La Loire est un
cours d’eau anastomosé sur cette partie et une ligne de ponts axée nord – sud relie la Bretagne à la
Vendée. Le rôle spécifique de cet aménagement est d’établir un lien entre les territoire en faisant
converger les communication vers Nantes. Le potentiel est donc très fort.
En termes de démographie :
• La croissance urbaine concerne surtout la première couronne, ce qui est facteur d’étalement.
• L’ensemble des communes sont en croissance démographique y compris la ville-centre. Cette
observation est très différente de celle qu’on peut faire sur les milieux urbains en Belgique.
• La tache urbaine a augmenté de manière importante depuis les années 1960. Le nombre
d’hectares urbanisés a augmenté d’un facteur 3 alors que la population n’a augmenté que d’un
facteur 1,5.
En termes de sociologie :
Le projet vise à augmenter la mixité des fonctions avec des objectifs chiffrés en termes de production
immobilière (450.000 logements), d’habitants (13.000 à 26.000 habitants selon des densités proches
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J.J. (2022)
de celles du centre) et d’emplois (250.000 développement économique pour 9.000 à 18.000 emplois
créés).
L’Ile de Nantes s’intègre dans la Ville de Nantes du point de vue de la gouvernance. Les chiffres vont
appartenir à la ville.
Afin de gérer ce projet de large envergure, une Communauté Urbaine nantaise a été créé en même
temps. De plus, dans le projets, les toponymes ont été changés afin de rencontrer des objectifs
d’implication publique en créant un ensemble homogène.
Les méthodes adoptées par les autorités visent à développer le projet morceau par morceau en
commençant par requalifier les espaces publics :
Le plan-guide fournit une délimitation des espaces publics clairs. Au cours des évolution du plan, on a
spécifié les fonctions à accueillir. Nous sommes dans une démarche évolutive qui va intégrer petit à
petit l’ensemble des revendications et y inscrire les évolutions.
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• La municipalité (Ville de Nantes) qui est chargée de la communication sur le projet et gère les
permis.
• La communauté urbaine (Nantes Métropole) qui est chargée du pilotage du projet et de la
coordination entre les plans.
• La maitrise d’ouvrage (SAMOA) qui est déléguée par la Communauté urbaine car elle n’en
possède pas les compétences en interne. Elle définit la commande.
o La SAMOA est une société crée et financée par la Communauté Urbaine. Son rôle est
d’acheter des terrains, les viabiliser et les revendre. Ce travail comporte un risque lié
aux prix des terrains donc il est préféré de délégué cette tâche à une société qui assure
la gestion au long terme (partenariat public-privé).
• La maitrise d’œuvre (Atelier île de Nantes) qui est chargée d’élaborer et réviser le plan-guide
tous les 3 mois en fonction des aménagements qui ont été faits. La SAMOA a délégué ce rôle
via un concours et le bureau d’urbanisme « Atelier île de Nantes » l’a remporté. L’objectif est
d’assurer la cohérence au long terme du projet.
=> On observe 3 niveaux de délégation dans la réalisation du projet. Des élus vers la CU vers la SAMOA
vers le bureau d’urbanisme : le chemin est long et le besoin de communication est donc grand.
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J.J. (2022)
Ce groupe d’acteurs va créer un document qui échappe aux outils réglementaires décrits dans le
CWATUP : un masterplan.
Deux phases constituent la mise en place du projet : la phase PIPO qui consiste en un bref diagnostic
suivi de la phase PRIO qui établit la programmation.
Au total, 60.000 habitants résident à Seraing et ce nombre est à conserver pour la commune afin de
continuer à recevoir des indemnités de « grande ville ».
Plusieurs pôles économiques doivent être repensés car ils sont liés aux hauts-fourneaux qui sont
arrêtés.
Le contexte socio-économique de la région est délicat car il concentre des populations pauvres : il est
nécessaire de retrouver un équilibre positif.
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J.J. (2022)
5.2.2 MASTERPLAN
L’étape primordiale est l’identification d’un axe structurant qui est à construire. Le masterplan prévoit
un boulevard urbain reliant plusieurs parties d’un même puzzle et dont les aménagements doivent se
réaliser de manière successives afin de séquencer les travaux. Il s’agit du récit urbanistique.
Pour ce faire, un plan directeur va être établit avec le boulevard et chaque pièce aura son
développement propre. Le plan prévoit un décalage du boulevard vers le sud afin de créer de
l’épaisseur.
A ce plan vient se superposer un plan vert qui décrit des principes, un plan de mobilité qui définit un
nouvel axe est -ouest et un axe nord – sud dévié et reconstitué.
Plusieurs questions sont débattues et réfléchies afin de trouver les meilleurs compromis :
• Le masterplan définit un boulevard urbain dont l’existence est débattue : celui doit fédérer et
ne pas couper.
• Traversée de la voie ferrée à hauteur des ateliers centraux ? Passerelle ?
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J.J. (2022)
Au niveau des réalisations, différents schémas ont vu le jour avec leurs coûts d’investissement. Le
projet a été évaluer sur une base d’évaluation budgétaire comme si le projet était réalisé. L’avis de la
commune a été favorable à condition de créer une régie foncière autonome (ERIGES), de favoriser le
partenariat public-privé et anticiper.
Le Masterplan est un outil intéressant car il permet de créer un schéma d’ensemble entre les pièces
pour assurer une cohérence (interdépendance entre les pièces). Cependant, le masterplan assure une
vision globale sans savoir si elle va être suivie.
Art. D.V.13. §1 (CoDT) : « L’opération de revitalisation urbaine est une action visant, à l'intérieur d'un
périmètre défini, l'amélioration et le développement intégré de l'habitat, en ce compris les fonctions
de commerces et de services, par la mise en œuvre de conventions associant la commune et le secteur
privé. »
« la convention visée au paragraphe 2 respecte le principe salon lequel, pour chaque euro pris en
charge par la Région, la ou les personnes physiques ou morales de droit privé visées au paragraphe 2
investissent 2€ minimum dont au moins un dans une ou plusieurs des actions suivantes […] »
Objectifs du masterplan :
Il permet une transformation radicale sans base légale. La confiance est placée par les opérateurs. Les
temps de réalisation sont beaucoup plus courts grâce à l’absence de base légale (EIE, recours au CE,
…). De plus, on peut définir ce qu’on ne veut pas, ce qui est bien compte tenu de l’incertitude.
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J.J. (2022)
A-t-on encore les moyens de réaliser des masterplans ? Les zones couvertes sont généralement très
larges et les budgets conséquents. Par ailleurs, les moyens publics ne cessent de diminuer et les
investissements privés également.
Les approches de gouvernance sont de plus en plus horizontales et l’intérêt pour le DIY, l’économie
collaborative et les media sociaux (approche peer-to-peer) prend de l’importance. De plus, on observe
un regain d’intérêt pour les cycles courts en urbanisme
« L’urbanisme tactique propose à tout citoyen d'agir matériellement sur son environnement
urbain immédiat et quotidien afin de le rendre plus agréable à vivre, et ce sans attendre que les
autorités/acteurs en charge de l'aménagement et de l'urbanisme répondent à ses aspirations. »
(Douay et Prévot, 2016)
L’urbanisme tactique provient donc de mouvements citoyen avant l’attente de plans stratégiques. Il
consiste en des actions low-cost, à court-terme pour des effets à long terme, suivant 5 principes clés :
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J.J. (2022)
Le choix des lieux et de la rapidité des interventions sont ici des paramètres fondamentaux : notion
d’agilité et d’acupuncture urbaine.
Trois basculements :
• Alignement vs. Détournement des obstacles (par exemple les contraintes administratives)
• Irréversible vs. Éphémère (court terme et réversible)
• Planification vs. Expérimentation (rendu possible par l’urbanisme tactique)
Le masterplan (urbanisme stratégique) est une suite de projet avec une temporalité longue entre les
réalisations. De plus, la longue temporalité impose une contrainte de cohérence de document sur une
durée de 15 à 20 ans.
En urbanisme tactique, on commence par lancer les projets puis on les met en débat. L’évolution,
l’analyse et les débats se font au fur et à mesure alors que dans une démarche d’urbanisme stratégique
qui pose ces questions avant.
L’urbanisme tactique possède son vocabulaire spécifique d’actions pour reconquérir l’espace public.
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J.J. (2022)
Dans les faits, les projets se réalisent rapidement et sans avis extérieurs et tendent à mettre en
évidence des transgressions ou des aberrations. Dans un second temps, on peut espérer une prise de
conscience des autorités qui ont la capacité de réviser les documents.
L’intérêt d’une telle méthode réside dans la consultation citoyenne qui est beaucoup plus effective car
on matérialise une transformation de l’espace. Par exemple, dans le projet ‘Walking Madou’, la
population a pris l’initiative de peindre la rue en jaune pour matérialiser le projet et a développé une
occupation provisoire. Cela a permis de mettre en évidence une contestation des commerçants et le
projet a été révisé.
Le projet vise à végétaliser le quartier via de petits projets (acuponcture urbaine) mais qui couvrent
tout l’espace. L’objectif de ces interventions est de créer du lien social via la mobilisation des citoyens
(‘empowerment’ de la population).
• Des résultats parfois « hors champ » : fêtes de quartier et/ ou de rue, opérations portes
ouvertes etc. Une joyeuse confusion entre fins et moyens…
• De l’importance de l’évaluation, pour stabiliser/transposer expériences.
• Les acteurs sociaux et culturels au cœur de la démarche de l’urbanisme tactique :
‘empowerment’ et éducation.
• Un mode opératoire qui ne peut cacher le manque d’investissements structurels dans les
quartiers en difficulté (espaces verts, mobilité alternative, qualité de l’habitat).
• Urbanisme tactique et évaluation : un monitoring de l’usage avant généralisation.
• Urbanisme tactique et gentrification : des dynamiques qui se croisent dans l’espace et
émergence de nouveaux professionnels.
• Une institutionnalisation en cours : vers une nouvelle modalité d’ingénierie de l’action urbaine
(maîtrise d’ouvrage) ?
• Vers un couplage entre urbanisme tactique et stratégique. Les deux outils sont compatibles
et complémentaires.
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J.J. (2022)
La régulation peut être synonyme de coordination ou d’organisation. Elle fait référence à des
questions d’analyse dans un système de gouvernance :
• Comment les acteurs économiques interagissent-ils ? (point de vue des sciences sociales)
• Comment les acteurs de la société interagissent-ils ? (point de vue de la gouvernance
moderne)
La gouvernance urbaine est relative à l’ensemble des processus de régulation entre les acteurs
contribuant à s’approprier, à produire et à gérer les territoires urbains. Cependant, qu’entend-t-on par
régulation ?
a. Berle & Means (1932) : ils s’interrogent sur le fonctionnement des entreprises et sur les
intérêts divergents des acteurs.
b. Coase (1937) : il identifie l’organisation hiérarchique des entreprises et s’interroge sur les
raisons de son existence étant donné que le mode de régulation est le marché.
De plus, Coase introduit la notion de coûts de transactions (coûts échangés lors de chaque
échange entre humains). Il remarque que les entreprises veulent internaliser ces coûts grâce
à la hiérarchie. De cette manière, des questions ne se posent plus. Par conséquent, les coûts
de transaction exercent une influence spatiale car ils permettent de réduire en plus certains
autres coûts dont ceux liés au transport.
« La raison principale pour laquelle il est profitable d’établir une firme est qu’il y ait un coût
d’utilisation du mécanisme de prix. Le coût le plus évident est d’organiser la production à
travers le mécanisme de prix pertinent […] Les coût de négociations et de conclusion d’un
contrat séparé pour chaque échange […] » (Coase, 1993, p. 360)
c. Richardson (1972) : il nuance les travaux de Coase en ajoutant d’autres modes de régulation
que le marché et la hiérarchie. Il ajoute la coopération qui est l’entre-deux et se réalise via des
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J.J. (2022)
alliances. Il propose donc qu’une continuité existe entre la marché et la hiérarchie avec la
coopération.
« […] continuum passant des transactions, comme celles organisées sur le marché des matières
premières, ou l’élément de coopération est minimal, par des zones intermédiaires dans
lesquelles il y a des liens entre connexions traditionnelles et bonne volonté, et finalement à ces
grappes complexes et imbriquées, aux groupes et aux alliances qui représentent la coopération
totalement et formellement développée » (Richarson, 1972, pp. 883-896).
d. Williamson (1976) : il décrit que le passage d’un mode de régulation à un autre ne se fait pas
par hasard. Il se fait par le choix de l’efficacité du dispositif.
Selon lui, l’efficacité supposée du mode de régulation présuppose le choix du mode de
régulation (// rationalité limitée des acteurs du système). Cela justifie pourquoi une institution
ou une entreprise dysfonctionnelle peut rester longtemps dans sa situation avant de modifier
son mode de régulation.
La division du travail se réalise selon des compétences fixes et en fonction de tâches identifiées et
codifiées. Les procédures sont formelles (et transparente). Les travailleurs sont formés et
interchangeables.
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J.J. (2022)
Le grand avantage de la régulation par le marché est la flexibilité motivée par les choix liés aux
opportunités. Il y a une grande indépendance des agents qui peuvent échanger quand ils le souhaitent.
La liberté de choix est un fondement du marché.
Le modèle est auto-régulé en principe sauf pour garantir la flexibilité de la monnaie et la propriété. En
revanche, il existe des distorsions de marchés (des situations de monopole, monopsone, …) et cela
entraine un manque de flexibilité.
Dans de nombreux cas, les acteurs sont hétérogènes (du point de vue des ressources dont ils
disposent, des intérêts, …) et cela implique une asymétrie dans les relations. En effet, il est courant
d’observer une instrumentalisation du dispositif par un acteur afin de contrôler les concurrents.
Les échanges d’informations sont centraux dans le réseautage. L’échange des idées permet de
bénéficier de l’avantage des autres : connaissances partagées. La géométrie des configurations peut
cependant être variable. L’éthique dans la conduite des aspects publics pose question car le réseau se
cristallise hors de tout cadre officiel et échappe au contrôle étatique.
Le modèle de Meuleman (2008) est plus précis dans la typologie des dimensions organisationnelles
(47bis).
Ces modes sont archétypiques. Cela signifie qu’ils n’existent pas dans leur forme la plus pur. Les essais
de paramétrage sont réalisés dans des buts analytiques. Dans les faits, les modèles sont toujours
mixtes : un peu d’un et plus d’un autre.
46
J.J. (2022)
b. Tram’Ardent (prestataire) : il s’agit d’un consortium qui est monté spécialement pour réaliser
les constructions. On parle de société de projet qui a été créé sur une base de partenariat
public-privé.
c. La Ville de Liège : elle est demandeuses pour les extensions futures en fonction des fonds
européens.
Le projet s’articule autour d’un partenariat public-privé qui se développe autour d’un cahier des
charges précis décrivant les sanctions. Ce cahier permet de définir les standards de qualité. De plus, il
permet de payer la commande sur une base fixe pendant 31 ans et pas débourser 430 millions d’euros
d’un coup.
Le prestataire a défini les coûts du projet à 430 millions dont 50 millions de construction, de rénovation
et 380 millions de redevance sur l’investissement et de maintenance (soit 32 millions par an).
En ce qui concerne l’historique, le constat de départ sont les problèmes de congestions à Liège,
conséquences de l’aménagement des années 1960. La réaction a eu lieu en 2007 en proposant le tram.
En 2011, on choisit le tracé qui sera court. En 2019, le contrat est signé. En 2020-2021, le projet prend
du retard à cause de la crise sanitaire.
La ville ne débourse rien mais elle délivre les autorisations pour la police, etc.
Le tracé prend en compte toutes les manifestations et événements du calendrier liégeois ayant une
influence.
Il peut comprendre 310 passagers (soit 3 double-bus) et permettra d’acheminer 40.000 voyageurs par
jour au centre de Liège.
Des dispositifs de compensation sont pris en compte dans le projet : réaménagement des espaces
publics, nouveaux arbres, herbage des rails, etc.
On peut parler de l’utilisation d’un outil de communication comme outil de gouvernance. On sous-
entend une approche de l’acceptabilité par le support.
47
J.J. (2022)
Des actions participations voient le jour durant cette période. On remarque aussi des actions
spontanées comme de l’auto-construction qui s’opposent à la participation institutionnelle).
Dans les années 70, des mouvements de participation se développent dans les bas quartiers
américains. C’est là que née le terme ‘Empowerment’ (=empouvoirement) notamment avec les
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J.J. (2022)
mouvements féministes. On prend également en compte des personnes privées de liberté politique
(enfants, SDF, …)
Le droit à la ville d’Henry Lefbvre. Dans cet ouvrage, il critique le fonctionnalisme et la gestion de
l’espace qui créé une ségrégation de l’espace. Chaque fonction a son temps et son espace propre sans
donnée son temps à la fête. Il reproche aux architectes et urbanistes de produire de l’habitat (fait
d’habiter) et non de l’habité. L’urbanisme est seulement pensé par un certains types de personnes et
pas par des philosophes ou autres. Selon lui, par participation, on pratique de l’animation : on ne
donne pas l’espace pour que les citoyens soient acteurs du changement. Il oppose la ville produite à la
ville œuvre où le rôle de l’usager à toute son importance dans la modification de la ville.
Plusieurs raisons :
− Au niveau de la société
o Sensibiliser autour d’un sujet, une question
o Faire évoluer les relations entre les acteurs
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J.J. (2022)
Le cadre de vie local à de plus en plus d’importance dans la planification urbaine. Il y a de réels écart
entres les développement en cours et les besoins (exemple du master plan de Seraing qui est vieux,
les habitants des quartiers ne sont plus les mêmes, les besoins ont aussi évolués avec le temps (ex :
pistes cyclables)). Les outils de type masterplan manquent de flexibilité en général. On suit plus ou
moins toujours le premier plan sans forcément tenir compte de l’évolution des besoins des citoyens.
L’activité de planification est de plus en plus fragmentée et il faut donc faire action d’assemblage
(projet, acteurs, politique).
Bowmester : personne élue (par un panel de professionnel (architecte, politique), n’est pas élu par les
citoyens) tous les 5 ans qui est détachée des administrations (neutre) pour mettre en place des outils
aidant à hausser la qualité urbanistique et architectural. On parme de ‘Collage city’ ou de ‘bricolage
planning’. En d’autres termes, il dit que pour faire évoluer la ville, il faut que la gouvernance urbaine
puisse se renouveler.
Émergence assez grande des citoyens à la suite de la crise covid pour obtenir des espaces publics, faire
la ville autrement. L’organisation en triangle (politique, expert, citoyen) est recommandée.
50
J.J. (2022)
Bruxelles : Manifestation ‘picnic the street’ devant la bourse de Bruxelles, ils se sont approprié l’espace
automobile pour revendiquer la mobilité douce et de promouvoir la réappropriation des espaces par
les piétons et cyclistes (cf. A. Mezoued : Le projet du piétonnier de Bruxelles). On parle d’urbanisme
transitoire quand l’occupation temporaire sert de de transition.
Urbanisme tactique (voir chapitre 7) : mise en place d’actions low-cost, à court-terme pour des effets
à long terme, suivant 5 principes clés :
Il y a différents fonds FEDER (subventions européennes). Ce projet bénéficie des fonds FEDER Interreg
qui visent à la coopération transfrontalière pour nourrir en pratique les villes partenaires. Des
partenaires proposent un projet en fonction des thématiques mises en place par FEDER (par exemple la
réduction de la ségrégation) et sur base des projets proposés, un est choisi.
N-POWER est un projet qui vise à croiser d’avantage les politiques « sociales » et « spatiales ». Il sert
à soutenir les projets qui participent à améliorer conjointement la situation du quartier et de ses
habitants (objectif d’émancipation). Il vise également à augmenter l’implication des communautés et
des organisations dans le processus de développement des quartiers = lieux appropriés ainsi que leur
respect.
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− DÉFI : Rééquilibrer les inégalités entre les quartiers et les populations (objectif de l'UE d'une
croissance intelligente, durable et inclusive).
− OBJECTIF PRINCIPAL : Soutenir des " politiques de développement de quartier " innovantes
permettant aux villes de la zone EMR de réintégrer efficacement leurs quartiers et populations
" exclus " dans une voie de développement créative, inclusive et durable ainsi qu’inciter cette
population à devenir des acteurs engagés.
Il est vital de trouver des solutions plus innovantes pour revitaliser les quartiers en difficulté et
impliquer leurs habitants et usagers.
➔ Rôle des politiques locales : plus de transversalité entre service et département (intégrer les
politiques « sociales » et « spatiales ») et rôle de facilitateur plutôt qu'une position de leader.
Implication des communautés et des organisations dans le processus de développement des
quartiers = lieux appropriés ainsi que leur respect. « Zoomer » (travailler par petits pas): avoir
une approche concentrée sur la demande/le processus plutôt que sur l'offre/le résultat final
Faire « avec » et non « pour » les citoyens (participation active + renforcer les capacités
personnelles)
➔ Les habitants, les entreprises, les associations et les coopératives jouent un rôle actif en
stimulant leur renforcement des capacités.
Flexibilité organisée : les pouvoirs locaux devraient se spécialiser dans le regroupement d'initiatives,
l'établissement de liens là où les intérêts se rencontrent et la création de valeurs collectives.
Coupler une planification plus spontanée avec un cadre stratégique (mécanisme « top-down » avec
des initiatives « bottum-up ») : les interventions ponctuelles et la mobilisation citoyenne nécessitent
le soutien des autorités publiques et des acteurs intermédiaires.
− Top-down : les autorités publics imposent une vision
− Buttom-up : vient des citoyens
Si les citoyens se sentent concernés, cela permet de conduire à une pérennité du projet.
Pour reprendre le premier schémas, le projet N-Power se situe dans la logique du pouvoir effectif des
citoyens.
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C’est bien de faire une partie digital dans la participation mais pas que car sinon ça exclu une partie de
la population. L’évaluation est très importante, des retours vers les citoyens à la suite voir pendant le
projet.
« La participation communautaire est pensée comme un processus social dans lequel des groupes
ayant des besoins communs et vivant dans une zone de proximité s’emploient à définir activement ces
besoins, décident de vouloir y chercher une réponse et se dotent des mécanismes destinés à les
satisfaire » (Freire P.,1977)
Cependant,
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− La participation n’est résolument pas une science exacte qui peut se fonder sur des
démonstrations logiques
− Sur le plan des pratiques, les expériences participatives ne sont pas reproductibles telles
quelles et il s’agit donc de toujours adapter la méthode au contexte
➔ Adapter les groupes ciblés (pas toujours nécessaire d’inclure absolument tous les groupes
citoyens dans l’ensemble de la démarche).
Au sein d’un quartier, on retrouve trois types de citoyens : les citoyens indifférents (au projet), les
clients (n’intervient pas, c’est aux autorités de faire ça) et les acteurs. Passer du profil 1 ou 2 au profil
3 nécessite du temps et de l’énergie…
− Le but est l’émergence et le renforcement d'initiatives locales, leur mise en réseau et leur
articulation avec d'autres acteurs afin d’aboutir à un développement urbain à l’échelle du
quartier.
− Rapidement engendrer un résultat (même petit) et assurer une bonne communication afin
de garder les citoyens engagés.
− Retour d’information : montrer de la reconnaissance, partager les histoires.
− Prendre du recul mais ne peut être un prétexte à une déresponsabilisation des pouvoirs
publics.
− Partir des gens et non des espaces : identifier leurs besoins, leurs motivations (personnelles
ou sociétales), leurs compétences (qui ne sont pas figées et peuvent aussi être développées
au cours du temps)
− Aller à la rencontre de ces groupes de population, là où ils se trouvent (écoles, formations
continues, fêtes de quartier, lieux de sports et loisirs, etc.)
− Leur proposer des activités en lien avec leurs centres d’intérêt et compétences (tous les
citoyens ne sont pas capables de participer à un atelier de réflexion sur l’aménagement d’un
parc)
− S’amuser !!
« Soupe aux caillou » : il est important de partir des communautés pour arriver à un projet réussi.
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L’élaboration de cet outil a été réalisée via une manière différentes des méthodes classiques. On se
situe plus dans une démarche exploratoire qui suscite beaucoup d’intérêt auprès des autres
communes, de la région, de certains secteurs particuliers tels que l’immobilier. Cette démarche
exploratoire est par définition risquée car les résultats ne peuvent pas être assurés pleinement.
Quoiqu’il en soit le résultat positif de cette méthode est la progression dans une démarche non
classique qui permettra de toute façon de retirer certains résultats intéressants pour les évolutions
futures.
SDC : outil prévu dans le CoDT qui est un outil d’orientation servant à guider le développement d’un
territoire dans son ensemble. La Ville de Liège ne possède pas cet outil à l’heure actuelle et a souhaité
l’élaborer. La multiplication des grands projets urbains et la modernisation rapide de la ville a poussé
les autorités à adopter rapidement une vision stratégique globale afin de garantir une cohérence.
PST (plan stratégique transversal) = feuille de route pour du collège et de l’administration pour la
législature en cours (= intentions). Le SDC est inscrit dans le PST :
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Liège Métropole se sont entendu sur toute une série d’ambitions pour le territoire en termes
d’aménagement ou de mobilité. Une de ces ambitions concerne la répartition de la croissance
démographique sur le territoire. La répartition aujourd’hui est déséquilibrée. L’objectif est de replacer
la ville comme pôle de son agglomération en limitant les pertes de population au profit de la première
et deuxième couronne. Un scénario de rééquilibrage propose de créer une quantité égale de logement
dans chaque aire.
Il doit traduire spatialement les attentes citoyennes exprimées dans le cadre de « Liège2025 » et
inscrites dans le PST. Ces idées ne sont pas encore reliées avec une stratégie spatiale. Le SDT servira
de lien.
Il doit donner un cadre pour accueillir les projets et faire évoluer la ville de manière harmonieuse et
cohérente.
Un outil stratégique et d’orientation, qui doit guider les choix et les interventions sur le « temps
court », tout en les inscrivant dans une logique globale et d’avenir, et en guidant l’évolution du
territoire sur le « temps long »
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1. Capitaliser sur l’ensemble des études qui ont été faites afin d’identifier les enjeux du territoire
et mettre en place une analyse contextuelle (diagnostic du territoire).
2. Lancement d’un marché européen pour désigner 3 bureaux d’étude avec une commande
différente pour chaque (un angle d’approche spécifique). Chaque bureau choisi une
thématique sur laquelle il veut travailler et va à fond dans cette direction jusqu’à proposer une
vision du territoire de la Ville de Liège sur cette thématique.
3. Les 3 visions territoriales différentes et complémentaires doivent être synthétisées en un
projet de territoire cohérent.
4. Les étapes suivantes sont des procédures réglementaires : une fois ce projet de territoire
réalisé, souhaite-t-on l’introduire sous une forme CoDT (réglementaire) ?
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Le code définit ce qu’est le SDC et définit le contenu du document ainsi que la procédure (bureau
d’étude, choix du CC, validation, etc.). La ville a souhaité ne pas s’inscrire dans cette procédure car elle
semblait avant tout techniciennes : les sujets développés sont les mêmes pour toutes les communes
peu importe leur nombre d’habitant, ce qui exclus des problématiques plus urbaines. Sortir de cette
démarche permet de stimuler le débat d’idée en ouvrant tout le champ des possibles. La ville ne
souhaitait pas sous-traité la réalisation. Dans le CoDT, un seul bureau d’étude agréé doit être
sélectionné et il réalise un SDC selon le format CoDT. La ville a souhaité sortir de ce processus pour
obtenir une plus grande flexibilité dans les scénarios proposés et dans les choix possibles. Enfin, la
ville souhaite interroger les limites communales et voir le territoire comme un continuum bâti
entretenant des liens avec les communes voisines.
Le projet de territoire sera mieux calibré en s’intéressant à toute une série d’éléments. La ville
n’exclut pas la possibilité de retomber dans une procédure CoDT par après mais l’ouverture au
champ des possible préalable devait être réalisée.
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− Oriol Clos : permet de relire les documents et de mettre en évidence les incohérences.
− Partie Prenante : bureau qui est spécialisé dans la participation dans les projets de territoire.
Le cahier des enjeux comprend ces 3 macro-enjeux déclinés en d’autres enjeux secondaires. Il a permis
de lancer le marché de service européen en mars 2020 afin de sélectionner 3 bureaux d’étude. Il leur
a été demandé de préciser les angles d’approches et pistes de travail contrastés et/ou
complémentaires, qui s’enrichiront mutuellement à travers un processus de mise en dialogue. L’appel
rejette la composition d’équipe « généraliste » (pas sur tous les enjeux) et aucune concurrence sur le
prix (le prix est fixé d’avance).
Le marché a eu un grand succès : 19 équipes parmi lesquelles 3 équipes furent retenues pour mener
cette consultation internationale :
Ils abordent la ville sous l’angle de la géographie de la ville et des problématiques (mobilité, etc.) qui y
sont liées ainsi que sur l’économie dans la ville (localisation de l’université).
Ils travaillent sur la question de la création des 15.000 nouveaux logements : comment peut-on
spatialiser la nouvelle offre en logement. Ils partent sur 3 postulats :
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• Habiter la ville sur la ville, c’est-à-dire d’arrêter l’artificialisation des sols dans la production
de logement.
• Habiter la nature en ville, offrir des nouveaux logements tout en permettant à la nature
de se développer en ville.
• Habiter la métropole des voisins, comment avoir une relation à la proximité qui soit
différente : c’est-à-dire développer une métropole des 15 minutes.
Pour spatialiser la production de logements, ils ont identifié 4 scénarios dont la ville en transition
(développement des faubourgs et des secteurs d’entre-deux bien connectés = 60% de l’offre en
logements), la ville paysage (ville qui s’étire sur les coteaux = 20%), la ville de cœur (mutation du bâti
en ville = 10%), la ville des noyaux spécifiques (localités autours = 10%).
− Agence Michel Desvigne paysage : paysagistes français qui travaillent la question du paysage.
Ils abordent la ville sous l’angle du non-bâti, espaces verts ou non. Ils proposent de révéler le potentiel
du territoire de la ville sur ces espaces et de les mettre en réseau pour offrir une charpente paysagère
à la ville dans le but d’aboutir à une carte des espaces verts pour les citoyens dont les accès sont faciles.
Phasage
Les équipes travaillent à différentes échelles : celle de la ville (phase 1) et celle des sous-secteurs
(phase 2) pour les obligés à se confronter aux réalités territoriales et de voir comment leur vision peut
réellement se mettre en place.
Certains secteurs ont été travaillés en binômes afin de croiser les idées et d’identifier les convergences
et les angles de débat.
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La « fabrique urbaine » n’est pas une instance de mise en œuvre : le terme « fabrique » ne doit pas
être pris au premier degré, c’est un espace de discussion et de propositions mais pas de mise en œuvre
de projets.
Elle permettra :
− De discuter collectivement des choix et des arbitrages à venir dans un climat de confiance ;
− De faire des retours sur les productions des équipes de la consultation internationale ;
− D’être un outil évolutif pour traiter les grands (et petits) sujets à venir.
Actuellement, elle se réunit autour du SDC et propose des ateliers de discussion sur les propositions
des équipes avec la Fabrique Urbaine. Ensuite, cela permet de faire un retour aussi aux équipes et au
collège.
Mise en place future d’un panel citoyen qui réunit des habitants de différents quartiers de la ville et
qui remettront des avis sur les productions des équipes et donc s’exprimer sur ce qui a été dit.
Un panel d’une trentaine de personnes, tirées au sort, venues de tous les quartiers de la ville, sera
invité à réagir sur les propositions des trois équipes et à sélectionner les idées les plus marquantes
pour le projet de territoire. Ce groupe donnera un retour habitant/usager sur les visions et les projets
des équipes internationales. Ce groupe permettra en outre de tester la bonne compréhension des
productions des équipes et forcera les experts à vulgariser leurs travaux.
Dans une phase terminal, le résultat des travaux des groupes sera clôturé avec une exposition et une
publication qui aurait lieu en novembre 2022 avec pour objectif d’être un premier pas à l’ouverture de
débats plus larges sur le SDC. Cette exposition servira aussi à débuter le travail de synthèse qui se
mettra en parallèle de cela.
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