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La dot 

ou la vente aux enchères ?


La compréhension de la dot pourrait différer d’une culture à une autre et d’une religion à
une autre mais pour une définition beaucoup plus commune, elle pourrait s’entendre
comme le don de biens matériels en nature ou en argent par un des partenaires au profit de
l’autre en échange de sa main ou tout simplement pour respecter les conditions de
l’officialisation de la relation ; nous voyons cela dans beaucoup de cultures surtout dans la
tradition africaine et dans les religions révélées.
Mais pourquoi la dot ?
Si la dot est une condition incontournable du mariage, nous en comprendrons que sans
le don d’une certaine somme ou de biens de l’homme à sa future épouse ou à la famille de
cette dernière, le mariage ne pourrait pas être célébré. Cependant, cela ne doit pas donner
raison de l’appréhender comme du matérialisme ou une quelconque situation qui
s’apparente à du chantage ; la dot est symbolique et surtout noble.
L’heureux élu n’a pas rencontré et connu entièrement son âme-sœur dans la rue ou dans
des conditions pitoyables et désastreuses, il est tombé sous son charme soit parce qu’elle
est ravissante à ses yeux, soit ce sont les valeurs de la femme qui lui ont plu et différentes
raisons pour lesquelles il tient ardemment à la prendre comme épouse. Tout ce charme et
toutes ces valeurs de la fille ont une bonne source ; elle est née dans une famille qui a
beaucoup pris soin d’elle : nourrie, blanchie et éduquée jusqu’à ce qu’elle soit désirable pour
un homme. La dot permettrait à l’homme de se montrer reconnaissant à l’égard de cette
famille qui s’est bien occupée de sa future épouse jusqu’à ce qu’il la rencontre. Sachant que
l’élu ne pourrait, en aucun cas, rétribuer tout cela en biens ou en argent à la famille, la dot
est évidemment symbolique et s’immisce juste dans la procédure à grand défaut d’être à
100% reconnaissant. Dans beaucoup d’institutions comme dans certaines cultures, la somme
est fixée de manière très aisée à faciliter à l’homme, l’acquittement de cette charte. Tout
compte fait, elle varie selon les époques car le niveau de vie du XXème Siècle diffère
largement de celui de nos temps … mais aussi selon la fiancée et la position sociale de sa
famille !
La dot, symbolique ? Mais non …
Par symbolique, nous entendons la chose qui n'a pas de valeur en soi et qui ne vaut que par
ce qu'il exprime ou ce qu'il évoque. Lors de la fête de la Tabaski, le propriétaire d’un
troupeau pourrait décider de céder un de ses moutons à son ami démuni mais souhaiterait,
par considération de tout cet amour et élevage dont cette bête a bénéficié, réclamer tout
simplement une somme à titre symbolique et celui qui reçoit le mouton peut décaisser
quatre mille francs ou moins pour les lui remettre, Ndampay dit-on en wolof. Cela ne
pourrait en aucun cas être considéré comme une vente car le prix normal du mouton
dépasse vingt fois plus que la somme donnée. En revanche, si le propriétaire se met à
négocier du prix c’est parce qu’il veut basculer vers la vente…
Et c’est malheureusement ce dilemme, ci-dessus, dont la société fait face. La famille
cherche pour leur fille non pas l’homme aimable, bien constitué avec ses valeurs mais celui
qui sait offrir le plus. La dot est fixée préalablement par la famille et non négociable dès fois
ou écoute déjà le discours du prétendant pour jauger la situation, s’il offrira plus que ce qui a
été prévu. Comment pourrait-on comprendre cela ? La dot ou la vente ?... Combien d’idylles
se sont vu éclater pour une histoire de dot ou plutôt de négoce ?

Les hommes hésitent, les femmes paient les pots cassés …


L’augmentation du montant des dots de ces dernières années n’est sans effets favorisant la
crainte des hommes. Entre cherté de la vie, instabilité de leurs emplois et le soutien familial,
ils ont du mal à collecter la somme nécessaire qui servira de dot ou de Mayé bou nieuk. Ils
ne visent pas moins de cinq cent mille actuellement tout en tenant bien en compte que cette
somme précitée représente une injure sans nom à l’égard de certaines femmes et de leurs
familles. Il faut dorénavant fleurter avec les millions pour oser prétendre la main d’une
femme ou de certaines familles « royales ». La sottise ne s’arrête pas là, plus la fille est belle,
plus le prix augmente … Lapsus, plus la dot augmente. Et plus l’homme doit faire des efforts
de décaisser. Cela explique le fait que beaucoup d’hommes atteignent la trentaine sans
convoler, ce n’est pas le désir qui manque mais c’est le prix qui est cher… et qu’ils doivent se
contenter de regarder l’objet de leur convoitise à travers les belles vitrines de la boutique
familiale jusqu’à avoir le prix.
La marchandise achetée après tant de sacrifices devient alors à la merci de l’homme.
Ce dernier ne comprendra pas que la femme lui a été donné en mariage mais plutôt en
vente, en contrepartie d’un bon sac rempli de billets de banque. Beaucoup d’hommes
raisonnent ainsi et prennent leurs épouses pour acquises et des esclaves qui méritent de
supporter toutes leurs humeurs et deviennent ainsi les souffre-douleurs de leurs maris. Dans
le cas où seul le divorce est très envisageable car l’épouse est arrivée au summum de la
souffrance, étant donné que la dot avait atteint un montant excessif, en général, l'homme va
la tenir en otage ; il lui fera voir de toutes les couleurs pour lui rappeler qu’elle a été achetée
et seule la rétribution du prix lui permettra de se libérer. Si la dot était modeste, ils se
sépareraient facilement.
Devant toutes ces incommodités, la dot doit être revue et la fiancée doit en être la plus
avisée ainsi que sa famille. Si les gens pouvaient réduire le montant des dots, et s'entraider
dans ce domaine, et si certains mettaient cela en application, il se produirait un grand bien
pour la société, un soulagement, et cela préserverait la chasteté de beaucoup d'hommes et
de femmes car le prophète Mouhamed ( PSL ) disait lui-même : « Le mariage qui récolte le
plus de bénédiction est celui qui a occasionné le moins de dépenses. »
Mame Sidy Seck

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