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1 author:
Noomene Sleimi
University of Carthage
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Exploration des ressources phytogénétiques locales pour l'identification d'espèces halophytiques à graines protéo-oléagineuses View project
Med-JellyRisk: Integrated monitoring of jellyfish outbreaks under anthropogenic and climatic impacts in the Mediterranean sea (coastal zones): Trophic and socio-
economic risks View project
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THESE
par
Noomene SLEIMI
doi: 10.13140/RG.2.2.27448.57603
DEDICACES
Je dédie ce mémoire
REMERCIEMENTS
Le travail qui fait l'objet de ce mémoire, a été mené dans le cadre des programmes
de recherche de l'équipe de Nutrition Minérale du Laboratoire d'Adaptation et
d'Amélioration des Plantes de l'I.N.R.S.T. Il constitue une contribution à Action
Concertée "Sustainable Halophyte Utilisation in the Mediterranean and Subtropical Dry
Regions" soutenue par l'Union Européenne et à un programme de recherche sur
contrat financé par le Ministère de la Recherche Scientifique et de la Technologie,
intitulé "Étude d'espèces halophytiques d'intérêt économiques et écologiques".
Enfin, je remercie tous mes camarades de laboratoire pour leur amitié et leur
sympathie, et je ne saurais oublier le personnel technique: Lotfi Ben THABET, Tahar
KEFI, Mustapha Ben M'HAMED, Ammar M'LAIH et Slim Ben AICHA qui ont
souvent allégé ma tâche matérielle avec beaucoup d'efficacité et de dévouement.
Il est très difficile de n'oublier personne, mais je tiens à remercier sincèrement tous
ceux qui ont de près ou de loin contribué à l'avancement de ce travail.
SOMMAIRE
INTRODUCTION .............................................................................................................. 1
1. INTRODUCTION ............................................................................................................ 3
6. CONCLUSION .............................................................................................................. 44
RESUME ........................................................................................................................... 64
1. INTRODUCTION .......................................................................................................... 65
3. RESULTATS .................................................................................................................. 67
3.1. Aspect des plantes ............................................................................................... 67
3.2. Croissance pondérale ........................................................................................... 68
SOMMAIRE ............................................................................................................................................................................. iv
4. DISCUSSION ................................................................................................................ 80
4.1. Limite de tolérance au sel .................................................................................... 80
4.2. Nature des effets du sel ........................................................................................ 81
4.2.1. Effets osmotiques du sel ............................................................................... 82
4.2.2. Effets toxiques du sel .................................................................................... 85
4.2.3. Effets nutritionnels du sel ............................................................................. 87
Sélectivité d'absorption ..................................................................................... 87
Efficacité d'absorption des nutriments ............................................................. 88
Efficacité d'utilisation des nutriments .............................................................. 91
5. CONCLUSION .............................................................................................................. 93
RESUME ........................................................................................................................... 96
1. INTRODUCTION .......................................................................................................... 97
3. RESULTATS .................................................................................................................. 99
3.1. Aspect des plantes ............................................................................................... 99
3.2. Croissance pondérale ......................................................................................... 100
3.3. Hydratation des tissus ....................................................................................... 104
3.4. Composition minérale des tissus ....................................................................... 105
3.4.1. Sodium et Chlorure .................................................................................... 106
3.4.2. Potassium, calcium et magnésium ............................................................. 108
3.4.3. Azote ........................................................................................................... 112
3.4.4. Phosphore ................................................................................................... 113
SOMMAIRE ............................................................................................................................................................................... v
3.2. Effet de l'âge des feuilles sur la sécrétion de Na+ et de Cl– ................................ 139
3.3. Homogénéité de la sécrétion foliaire de Na+ et de Cl– ........................................ 142
3.4. Importance de la sécrétion par rapport aux prélèvements totaux de sel ........... 144
3.5. Sélectivité de la sécrétion ................................................................................... 145
La diminution des réserves en eau douce et des terres fertiles est un problème
commun à plusieurs régions du monde et particulièrement les pays en voie de
développement. L'utilisation des ressources hydriques non conventionnelles (eau
saumâtre, eau usée et même eau de mer) pour l'irrigation des cultures est devenue
inévitable. Cependant, la salinité de ces eaux dépasse les limites de tolérance de la
plupart des plantes cultivées. L'amélioration de la tolérance au sel par la transgenèse
est envisageable et peut contribuer à la valorisation de ces eaux de qualité médiocre
ainsi que des terres marginales. Cependant, l'apport de cette approche demeure
limité compte tenu de la complexité des mécanismes impliqués dans la tolérance des
plantes au sel. En effet, en dépit de la diversité des études conduites dans le domaine
de la salinité, peu de plantes tolérantes ont été créées selon cette approche.
Les halophytes, plantes naturellement tolérantes au sel et présentant des intérêts
économiques (production de fourrage, de produits alimentaires, de matériaux à
haute valeur économique) et écologiques (fixation des sols salins, aménagement des
parcs et ornementation) semblent constituer un outil précieux pour la création de
systèmes productifs dans des conditions de salinité extrême.
La présente étude, inscrite dans le cadre d'une action concertée "Sustainable
Halophyte Utilisation in the Mediterranean and Subtropical Dry Regions" soutenue par
l'Union Européenne et d'un programme de recherche sur contrat financé par le
Ministère de la Recherche Scientifique et de la Technologie et qui s'intitule "Étude
d'espèces halophytiques d'intérêt économiques et écologiques", a porté sur deux halophytes
à potentialités fourragères, Suaeda fruticosa, Chenopodiaceae locale, et Spartina
alterniflora, Poaceae originaire des U.S.A. Le comportement de ces deux plantes est
analysé dans une gamme étendue de NaCl (0 à 800 mM) en vue de déterminer leur
limite de tolérance au sel et d'identifier les mécanismes physiologiques qui
s'intègrent dans leur stratégie de résistance à cette contrainte abiotique. Cependant,
comme l'objectif ultime de nos projets de recherche est de cultiver ces deux
halophytes dans des zones arides où l'eau douce constitue le principal facteur
limitant de la croissance et du développement des plantes, nous avons étudié le
comportement nutritionnel de ces deux espèces en condition d'irrigation à l'eau de
mer. Les nutriments susceptibles de limiter leurs potentialités de croissance dans ces
conditions de culture sont également identifiés.
INTRODUCTION ...................................................................................................................................................................... 2
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. INTRODUCTION
2. LES HALOPHYTES
Ces plantes peuvent être soumises dans leur biotope naturel à de fortes
concentrations salines de diverses manières. Certaines d'entre elles le sont par
l'intermédiaire de leurs organes souterrains lorsque ceux-ci se développent dans un
sol riche en sel. D'autres peuvent l'être aussi au niveau de leurs organes aériens
lorsque le sol est, d'une manière régulière ou rythmique, recouvert d'une couche
d'eau salée (Binet, 1999). Au bord de la mer, la végétation des dunes reçoit surtout
des embruns salés, alors que les plantes des marais saumâtres vivent sur un sol salé
et peuvent être, si la mer présente des marées, rythmiquement immergées par l'eau
salée. Dans les régions désertiques, notamment au niveau des chotts et des sebkhas,
le sol constitue une source de particules salées facilement entraînées par le vent vers
les terres et les cultures environnantes.
Les travaux portant sur les plantes natives des milieux salins remontent à
plusieurs siècles. Les caractéristiques de ces plantes ont été analysées afin d'identifier
les stratégies de leur tolérance au sel. Compte tenu de la diversité de la réponse au
sel, plusieurs définitions ont été proposées et discutées dans la revue
bibliographique de Waisel (1972). Il en ressort que Salicornia est la première espèce
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE............................................................................................................................. 5
typique des côtes marines, tel qu'il a été mentionné par Lobelius (1576). Ce n'est
qu'en 1809 que le mot "halophytes" a été utilisé pour la première fois par Pallas pour
désigner un groupe d'espèces se développant dans un habitat salin.
Steiner (1935) classe les halophytes en trois types en se basant sur leur contenu
tissulaire en sel. Les premières sont dites "halophytes succulentes" qui tolèrent les
concentrations élevées en chlorures dans leurs tissus comme Salicornia herbacea. Les
secondes, appelées "halophytes non-succulentes", qui résistent au sel par une
désalinisation de leurs tissus en secrétant l'excès du sel par des glandes à sels comme
Spartina alterniflora. Enfin, les halophytes accumulatrices qui n'adoptent pas de
mécanisme spécial pour la compartimentation du sel.
Tsopa (1939) est le premier à classer les halophytes selon leur besoin
physiologique en sel. Il distingue 4 catégories:
(i) Les halophytes obligatoires qui ont besoin du sel pour vivre et croître
(ii) Les halophytes préférentielles qui montrent une croissance optimale
dans des environnements salins.
(iii) Les halophytes secondaires (supporting halophyte) qui sont capables de
croître dans des habitats salins.
(iv) Les halophytes accidentelles qui apparaissent occasionnellement dans
les milieux salés.
De son côté, Chapman (1942) distingue les miohalophytes des euhalophytes. Les
premières se développent dans un milieu légèrement salé (< 0.5 % de NaCl) et les
secondes colonisant des habitats fortement salés. Il divise les euhalophytes en trois
groupes: les mésohalophytes (plantes se développant dans des milieux où la salinité
est comprise entre 0.5 et 1 % du sol sec), les mésoeuhalophytes (plantes colonisant
des habitats dont la salinité est supérieure à 0.5 %) et les eueuhalophytes (plantes
exigeant une salinité minimale de 1 %).
Une autre classification des halophytes, reposant sur l'aptitude des plantes à
ajuster leur potentiel osmotique, a été proposée par Henkel et Shakhov (1945). Ils
distinguent trois catégories:
(i) Les plantes accumulatrices du sel appelées "euhalophytes".
(ii) Les plantes éliminatrices du sel, après son absorption par les racines,
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appelées "crinohalophytes".
(iii) Les plantes, qui accumulent et compartimentent le sel dans des tissus
spécialisés, appelées "glycohalophytes".
En 1964, Kreeb a distingué les halophytes des glycophytes en se basant sur leurs
comportements vis-à-vis du sel. En effet, la croissance des glycophytes diminue avec
l'augmentation de la salinité du milieu, alors que celle des halophytes semble être
optimale en présence de sel.
Analysant toutes ces données, Waisel (1972) groupe sous le terme "halophytes"
toutes les plantes qui croissent et complètent leur cycle de vie dans un habitat
fortement salé. Généralement, ce terme est réservé seulement aux plantes qui
apparaissent constamment et spécifiquement dans les habitats salés. Les plantes qui
présentent un cycle de vie court se limitant à la saison pluvieuse et celles qui ne se
retrouvent dans les milieux halomorphes que parce qu'elles sont évincées des sols
non salés par des espèces plus compétitives, sont appelées les pseudo-halophytes ou
les halophytes facultatives (Waisel, 1972; Rozema, 1996).
Greenway et Munns (1980) distinguent les halophytes dicotylédones, qui sont
capables de croître sur 200 à 500 mM NaCl, des halophytes monocotylédones, qui
montrent un ralentissement de leur croissance à partir de 100 mM NaCl.
Selon Gorham (1996), les halophytes sont des plantes rencontrées sur les sols où la
conductivité électrique (C.E.) excède 4 mS.cm-1, soit 40 mM de NaCl.
Enfin, Binet (1999) désigne par halophytes tous les végétaux qui sont soumis, dans
la nature, à des concentrations de sel anormalement élevées, concentrations qui
seraient nocives pour la plupart des plantes cultivées.
la tolérance au sel (Mudie, 1974). En dépit de la diversité des études conduites dans
ce domaine, le nombre de plantes tolérantes ainsi obtenues est très limité à cause
d'une méconnaissance du contrôle génétique des mécanismes impliqués dans leur
réponse au sel. Ce n'est que lors de la dernière décennie qu'il a été démontré que la
sélectivité K+ / Na+ chez Aegilops squarrosa est contrôlée génétiquement et liée à la
présence du génome D. Elle est codée sur un locus du bras long du chromosome 4 D
(Gorham, 1990). L'incorporation de tels génomes d'une espèce à une autre a conduit
à une amélioration de la tolérance au sel. En effet, le transfert du génome E des
espèces de Lophopyrum au blé hexaploide, s'est traduit par une augmentation de
deux déterminants importants de la tolérance au sel qui sont l'efficacité d'exclusion
de Na+ et la sélectivité K+ / Na+ (Schachtman et al., 1989). La restriction du transport
du sodium vers les feuilles chez Elytrigia elongatum est probablement contrôlée par
un ou plusieurs gènes qui peuvent aussi être transférés au génome de Triticum
aestivum pour améliorer sa tolérance au sel (Storey et al., 1985). D'autre part, le
transfert des gènes de Thinopyrum bessarabicum au blé hexaploide a permis d'obtenir
une nouvelle céréale, Tritipyrum, plus tolérante au sel que le blé (King et al., 1997).
En revanche, les qualités agronomiques des halophytes peuvent être améliorées à
travers des croisements avec des plantes cultivées. A titre d'exemple, il a été
remarqué qu'un écotype spontané de tomate originaire des îles Galápagos est
capable d'exprimer une forte production de fruits en dépit de l'abondance de sel
dans son biotope. Cependant, ces derniers sont de petite taille et de goût amer. Le
croisement de cet écotype sauvage avec une variété de tomate cultivée a permis
l'obtention d'un hybride exprimant les caractères des deux parents. En effet, les fruits
produits en condition d'irrigation à l'eau de mer légèrement diluée (70 % eau de mer)
sont parfumés et de taille acceptable (Shay, 1990).
Outre ces intérêts, plusieurs données récentes suggèrent de nombreuses voies
d'utilisation des halophytes sans modification préalable de leur génome.
Certaines données montrent que les halophytes améliorent les propriétés physico-
chimiques du sol. À titre d'exemple, Halocnemum strobilaceum et Arthrocnemum
indicum fertilisent et dessalent l'horizon supérieur du sol permettant ainsi un
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Selon l'ouvrage de Shay (1990) portant sur les voies d'utilisation des halophytes,
nous avons dénombré jusqu'à 100 espèces pouvant faire partie de la ration
alimentaire de l'homme. Par exemple, les grains de Zostera marina et de Distichlis
palmeri sont riches en amidon. Les graines de quelques halophytes comme Cakile
edentula, Crithmum maritimum, Kosteletzkya virginica et Salicornia bigelovii constituent
une source importante de lipides qui représentent respectivement 51, 41, 18 et 28 %
de la matière sèche des graines (O'leary et al., 1985; Glenn et al., 1991; Zarrouk et al.,
2001). Ces taux sont de même ordre de grandeur ou dépassent ceux des espèces
oléagineuses conventionnelles telle que le carthame (16 %) (Hamrouni et al., 2001).
Dans ce contexte, il a été montré qu'Argania spinosa, arbre forestier endémique du
Maroc, produit traditionnellement une huile de bonne qualité nutritionnelle (Chimi
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Alaoui et al., (1995) ont montré que les saponines du bois et du tourteau d'Argania
spinosa, résultant de l'extraction de l'huile, ont des usages médicaux. Les stérols
triterpéniques (Farines et al., 1981) et les flavonoïdes des feuilles et de la pulpe du
fruit peuvent présenter les mêmes intérêts (Fellat-Zarrouk et al., 1987).
Fowler et al. (1985) ont isolé de Salsola kali et Salsola subaphylla respectivement de la
salsolidine et de la N-feruloyl-putrecine qui sont des composés bioactifs ayant des
propriétés anti-hypertensives. De même, il a extrait de Salsola richteri le salsolinol et
la salsoline qui interviennent respectivement dans la stimulation des battements
cardiaques et la vasodilatation.
Les graines de Calophyllum inophyllum contiennent un composé actif, le complexe
4-phényl-coumarine appelé aussi le Callophyllolide qui est un anti-inflammatoire
utilisé dans le traitement du rhumatisme. Les feuilles de cette plante sont riches en
stéroïdes et en alcaloïdes.
D'autre part, on extrait des feuilles d'Adhatoda vasica un alcaloïde, la vascine,
utilisée dans le traitement des asthmes et des bronchites (Shay, 1990).
Les fruits de Balanites roxburghii sont riches en diosgénine qui est un précurseur de
stéroïdes telles que la progestérone, la cortisone et les hormones cortico-
stéroïdiennes. Anemopsis californica présente également un intérêt médicinal; elle est
utilisée pour le traitement du rhume, de la toux et des problèmes de l'indigestion
grâce à son composé actif, le 4-allylveratrole (Shay, 1990).
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Les études de Sleimi et Abdelly (2000) montrent que les parties aériennes de
Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora sont riches en azote, 3 à 4.2 % de la matière
sèche. D'autre part, Goodin (1979) signalent que les parties aériennes d'Atriplex
accumulent d'importante quantité de protéines brutes avec une teneur de 11 à 24 %
de la matière sèche. Ce taux dépend essentiellement de l'âge des plantes au moment
des récoltes et de la salinité du milieu de culture. Il est de l'ordre de 12 % du poids de
matière sèche chez la plupart des halophytes examinées par Bayoumi et al. (1990). À
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titre d'exemple, Atriplex halimus, Suaeda fruticosa et Nitraria retusa ont une teneur en
protéines, respectivement, de 13.2, 12.1 et 11.3 %. Atriplex barclayana et Atriplex
lentiformis, cultivés sur eau de mer, en contiennent respectivement 11.6 et 16.7 %
(Glenn et O'leary, 1984). Par contre, Zygophyllum album ne contient que 6.2 % de
protéines (Abd El Rahman, 1996). Par ailleurs, les résultats sont également attrayants
lorsqu'on examine la quantité de protéines totales accumulées par les différentes
halophytes. Glenn et al. (1996) montrent que des espèces comme Batis maritima,
Atriplex linearis, Salicornia bigelovii, Suaeda esteroa et Sesuvium portulacastrum
produisent une matière sèche relativement riche en protéines, environ 2 tonnes par
hectare. La production de protéines totales de la plupart des halophytes fourragères
varient de 0.6 à 2.6 tonnes par hectare (O'leary et al., 1985). L'estimation de la teneur
moyenne de trois prélèvements échelonnés dans le temps, montrent que Atriplex
barclayana et Atriplex nummularia contiennent respectivement 18 et 24 % de protéines
par rapport au poids sec des feuilles. Il apparaît ainsi que le rendement quantitatif et
qualitatif est sensiblement le même que celui de la luzerne irriguée à l'eau douce qui
ne produit que 0.5 à 3 tonnes de protéines totales par hectare (O'leary et al., 1985).
Ces teneurs en protéines rencontrées chez les halophytes sont largement suffisantes
pour l'alimentation animale. Kearl (1982) considère que des teneurs en protéines
brutes de l'ordre de 10 % sont assez élevées pour l'entretien et la croissance des
moutons et des chèvres. Cependant, les espèces fourragères ayant des taux bas en
protéines, peuvent être utilisées par les ruminants et permettent de couvrir les
exigences de leurs micro-organismes (El Shaer, 1997).
Le sel accumulé au niveau des tissus végétatifs n'est pas mobilisé vers les graines.
En effet, les tissus végétatifs de quelques halophytes, irriguées avec une eau salée,
accumulent de fortes quantités de NaCl. Cependant, leurs graines sont riches en
protéines et accumulent, normalement, de faibles quantités de sel (O'leary et al.,
1985). A titre d'exemple, les graines d'Atriplex lentiformis, Salsola pestifer, Cakile
edentula, Kosteletzkya virginica et Salicornia europaea contiennent respectivement 13, 17,
29, 24 et 30 % de protéines (O'leary et al., 1985). Cependant, la production des graines
chez les légumineuses et les Poaceae fourragères, cultivées en zones
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 15
Les teneurs élevées en NaCl dans le feuillage des halophytes constituent une
contrainte majeure de son utilisation dans l'alimentation du bétail. En effet, les
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1 litre de lait par 2 Kg de matière sèche végétale consommée. Par contre, les bovins
consomment 9 Kg de matière sèche, pour produire la même quantité de lait (Stiles,
1987). Les études faites par Kinet et al. (1999) ont montré que les espèces, les
provenances ou les individus d'Atriplex les plus intéressants ne sont pas
nécessairement les plus agréables du point de vue goût. En effet, une palatabilité
excessive favorise le surpâturage. Les arbustes à palatabilité moyenne ou moyenne à
haute, sont préférables. Il a été montré aussi que la phytomasse fourragère provenant
des Atriplex est particulièrement riche en matières azotées, mais pauvre en énergie.
Ce déficit énergétique peut être comblé par les fourrages herbacés. Il apparaît ainsi
qu'une association équilibrée entre arbustes et plantes herbacées est nécessaire pour
assurer une bonne alimentation du cheptel (Kinet et al., 1999). A titre d'exemple,
El Shaer (1999) a montré que l'utilisation d'un ensilage d'herbacées et d'arbustes
halophytiques (Salsola, Nitraria, Atriplex) dans la diète des moutons, réduit de 47.5 %
le coût de production de la viande par rapport aux diètes conventionnelles. Le
mouton consomme 0.7 Kg par jour de foin ou d'Atriplex undulata. Cette quantité
ingérée est de 1.6 Kg lorsque le mouton consomme un mélange formé de 50 % de
foin et de 50 % d'Atriplex undulata (Malcolm, 1996 b).
À partir des résultats d'analyse chimique, il est difficile d'évaluer la valeur
alimentaire du pâturage dans la mesure où ces résultats sont le plus souvent en
dehors des limites prises en compte pour l'établissement des équations de prévision
(Andrieu et Weiss, 1981). Toutefois, on peut donner des ordres de grandeur. Chez le
dactyle, les valeurs énergétiques et azotées varient de 0.80 à 1.20 Unités Fourragères
Lait (U.F.L) par kg de matière sèche et de 80 à 230 g de Matière Azotée Digestible
(M.A.D) par Kg de matière sèche sur la base de la gamme de variation de la
composition chimique. Ces résultats montrent une très bonne valeur alimentaire
(Duru, 1987).
Expérimentalement, la digestibilité est estimée par la disparition de la matière
organique in vitro (IVOMD: in vitro organic matter disappearance). Des échantillons de
feuillage de 45 halophytes ont été incubés pendant 48 heures dans un inoculum du
liquide tampon du rumen puis digérés dans un milieu acide en présence de pepsine
durant 48 heures (O'leary et al., 1985). Ces résultats montrent que le taux de
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 18
digestibilité est élevé pour les halophytes: 50.1 à 87.2 %. Dans les mêmes conditions
expérimentales, l'IVOMD est de 39 % pour la paille du blé (Kayouli, 1979), 64.3 %
pour la luzerne (O'leary et al., 1985), 30 à 35 % pour la paille du riz (Chenost, 1995), et
de 35 à 45 % pour Panicum Sp. (Chenost et Kayouli, 1997). Pour quelques halophytes,
ce paramètre augmente avec la salinité du milieu (O'leary et al., 1985), mais il est
réduit avec la sénescence des plantes, le degré de lignification et la proportion des
parois végétales (Chenost et Kayouli, 1997).
Après leur absorption par les plantes, les ions peuvent être accumulés sur place,
dans les racines ou transportés jusqu'au xylème qui les amène vers les parties
aériennes. Dans ces dernières, les ions suivent le courant de transpiration jusqu'aux
feuilles mâtures, qui les absorbent et éventuellement les réexportent par le phloème
vers les autres organes. Parmi ces ions, Na+ représente un cas particulier de deux
points de vue. D'une part, il est susceptible d'être présent à de très fortes
concentrations dans la solution du sol (un sol jugé modérément salé, ou une eau
d'irrigation considérée moyennement saumâtre contiennent déjà 1.5 à 3.0 g.l-1 de
NaCl soit 25 à 50 mM). D'autre part, toutes les études électro-physiologiques
concordent pour appuyer l'existence d'une expulsion active du sodium
cytoplasmique sur le plasmalemme et aussi parfois sur le tonoplaste (Pennarun,
1980; Jeschke et Nassery, 1981).
Plusieurs études montrent qu'il est indispensable aussi bien pour les plantes que
pour les animaux, de protéger les enzymes cytosoliques contre Na+, en le
compartimentant dans la vacuole, ou en l'expulsant vers le milieu (Kramer, 1983).
Dans les feuilles de Citrus, le volume apoplasmique (espace libre) est très faible par
rapport au volume du symplasme, de l'ordre de 0.017 ml.g-1 de matière fraîche soit
1.7 % du volume cellulaire (Zid, 1983). Il est alors indispensable que dans ces
organes, une synchronisation exacte soit assurée entre l'arrivée de Na+ par le xylème,
son absorption et sa compartimentation vacuolaire par les cellules, et / ou sa
réexportation et sa sécrétion (Greenway et Munns, 1980).
Selon la destinée des ions Na+ absorbés, les halophytes adoptent deux stratégies
différentes pour tolérer le sel.
Depuis longtemps, il a été supposé que les ions inorganiques, en particulier Na+ et
Cl-, s'accumulent dans les vacuoles des halophytes (Flowers, 1985). Cette
accumulation du sel peut être bénéfique pour ces plantes comparativement aux
glycophytes puisqu'elle pourrait conduire à un abaissement du potentiel hydrique
des cellules, ce qui pourrait augmenter leur approvisionnement en eau et amoindrir
la transpiration. En effet, certaines halophytes peuvent maintenir une teneur en ions
relativement constante dans leurs feuilles, non seulement par rapport à la masse de
matière sèche mais aussi par rapport à la masse de matière fraîche pour une large
gamme de concentrations de sel dans le milieu. Par exemple, chez Suaeda nudiflora,
les teneurs foliaires en Na+ et en Cl- passent respectivement de 4 à 5 et de 6 à 6.5
mmol.g-1 de matière sèche lorsque la C.E. du milieu de culture passe de 10 à
40 mS.cm-1 (Joshi et Iyengar, 1987).
Chez les halophytes dicotylédones, le comportement "inclusif" est efficace parce
qu'il est associé à de fortes vitesses de croissance et une séquestration d'importantes
quantités d'ions inorganiques dans la vacuole (Sleimi et Abdelly, 2001). La plupart
des halophytes utilisent Na+ et Cl- pour l'ajustement osmotique. Toutefois, les
niveaux d'accumulation dépendent des espèces et des conditions environnementales.
Chez Salicornia rubra, la concentration en Na+ et Cl- passe de 700 à 2000 mM entre le
début et la fin de la saison de croissance (Harward et McNulty, 1965). Selon Ungar
(1991), la concentration en Na+ varie de 151 mM chez Puccinellia peisonis à 2470 mM
chez Salsola sclerantha. Celle de Cl- passe de 167 mM chez Sarcobatus vermiculatus à
2900 mM chez Atriplex turcomanica. Ainsi, la contribution de Na+ et de Cl- dans le
potentiel osmotique est de 63 % chez Limoniastrum monopetalum (Abd Elrahman,
1967) et peut atteindre 96 % chez Sonneratia alba (Chapman, 1976). Certaines
halophytes utilisent plutôt K+ et SO 4 2- pour l'ajustement osmotique. La concentration
en potassium varie de 40 mM chez Halimione portulacoides à 910 mM chez Atriplex
turcomanica (Ungar, 1991). Chez Lepidium integrifolium se développant dans son
biotope naturel (désert de l'Utah), la part des sulfates dans le potentiel osmotique est
de 35 % contre 30 % pour NaCl (Weber, 1995).
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 21
Pour maintenir une concentration en sel constante, les halophytes diluent leurs
sucs cellulaires par la formation d'organes succulents. Ainsi, chez Sonneratia alba,
quand l'épaisseur des feuilles passe de 0.44 à 2.46 mm, le potentiel osmotique évolue
de -32.6 à -35.1 bars, les chlorures étant essentiellement responsables de cette
évolution puisqu'ils contribuent pour 71 à 96 % de ce potentiel, respectivement dans
les feuilles les plus minces et les feuilles les plus épaisses (Chapman, 1976). Dans les
feuilles jeunes ou âgées de Rhizophora mucronata, la concentration en Cl- est toujours
comprise entre 500 et 550 mM malgré l'arrivée constante de NaCl par le flux de sève
xylémique. Cette régulation de la chlorinité est obtenue grâce à une augmentation
régulière du volume des feuilles de 0.03 ml par ml (Atkinson et al., 1967). Il y a donc
un processus de dilution du sel au fur et à mesure de son arrivée dans les parties
aériennes (Chapman, 1976). Ce phénomène de succulence se rencontre aussi bien
chez les espèces des marais saumâtres (Triglochin maritimum, Aster tripolium, Glaux
maritima Cochlearia anglica) et des mangroves (Avicennia, Ceriops, Bruguiera) que chez
les espèces des sables littoraux (Salsola kali, Honckenya peploides, Cakile maritima), des
milieux continentaux salés (Zygophyllum album) ou des falaises (Binet, 1999).
Chez les halophytes, la turgescence est assurée par l'absorption des ions
inorganiques tels que Na+ et Cl-. Il a été rapporté que ces ions sont essentiellement
séquestrés dans les vacuoles puisque les différentes enzymes des halophytes ne
montrent pas une adaptation particulière aux concentrations élevées en électrolytes
(Munns et al., 1983). L'accumulation et la compartimentation des solutés organiques à
faible poids moléculaire, comme la proline et la glycine bétaïne, dans le cytoplasme
permet de maintenir un équilibre osmotique entre le cytoplasme et la vacuole (Wyn
Jones et Gorham, 1983). Cependant, les méthodes fiables manquent pour quantifier la
répartition des solutés organiques dans les différents compartiments cellulaires.
La proline
Beaucoup de plantes supérieures ont été signalées pour leur pouvoir d'accumuler
de la proline libre en réponse essentiellement à la sécheresse (Naidu et al., 1992) et à
la salinité (Ashraf, 1989; Madan et al., 1995; Haouala, 1999).
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 22
Joshi et Iyengar (1987) ont mis en évidence chez Suaeda nudiflora Moq. une
corrélation positive entre la concentration en NaCl dans le milieu de culture et les
quantités de proline accumulées. En effet, les teneurs en proline augmentent de 196 à
293 µg.g-1 de matière sèche lorsque la conductivité électrique du milieu de culture
varie de 10 à 40 mS.cm-1. Ce comportement est observé aussi au niveau des racines et
des feuilles de Spartina alterniflora et de Spartina patens (Naidoo et al., 1992). Frankenia
thymifolia et Zygophyllum Sp. peuvent accumuler respectivement 140 et 45 mM de
proline par Kg de matière fraîche (Popp et Albert, 1995). De même, Cavalieri et
Huang (1979) montrent que la proline n'augmente significativement dans les tissus
de Limonium carolinianum, Spartina alterniflora et Salicornia virginica que lorsque la
salinité dépasse respectivement 250, 500 et 700 mM de NaCl. Cependant, chez
Atriplex spongiosa et Spartina townsendii, l'accumulation de proline n'augmente pas
avec la salinité du milieu (Storey et Wyn Jones, 1975).
Outre son rôle d'osmorégulation et de mise en réserve de l'azote, la proline
contribue à la conservation de l'intégrité des tissus des plantes soumises à divers
stress, en tant que protecteur hydrophobe des enzymes et des structures cellulaires
(LeRudulier et al., 1984; Madan et al., 1995). Les niveaux élevés de la proline, chez les
plantes stressées, s'expliquent par une stimulation des voies de sa biosynthèse et une
inhibition de sa dégradation. À titre d'exemple, il a été rapporté, chez Triticum
aestivum, que l'activité de la pyrroline 5-carboxylate réductase, enzyme impliquée
dans la biosynthèse de la proline, est significativement augmentée (Charest et Pan,
1990). Parallèlement, Madan et al. (1995) ont montré une inhibition de l'oxydase de la
proline, enzyme du catabolisme, chez Brassica juncea L. soumis au sel. Les travaux de
Ketchum et al. (1986) ont révélé, chez Distichlis spicata, que ce composé azoté est
localisé dans le cytoplasme où il pourrait développer un potentiel osmotique
équivalent à celui du milieu de culture et ce, sans gêner les activités enzymatiques
puisque, in vitro, des concentrations de proline de 600 mM ne sont pas montrées
inhibitrices des enzymes. Il a été montré, par exemple, que la proline stabilise l'une
des formes de la glutamine synthétase des feuilles de Triglochin maritimum (Ahmad et
al., 1982). Par ailleurs, la malate déshydrogénase, extraite des feuilles de Juncus
articulatus, est légèrement activée en présence de proline 2 M (Rozema, 1979).
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 23
D'autres études ont déduit que la biosynthèse de cet acide aminé est régulée par sa
concentration tissulaire: un apport exogène de proline inhibe sa bioshynthèse. Il
semble qu'une fois synthétisée, la proline inhibe les enzymes responsables de sa
synthèse ou agit sur l'expression des gènes codant ces enzymes (Heyser et al., 1989).
La glycine bétaïne
L'augmentation de la salinité dans le milieu de culture des halophytes induit une
augmentation de la concentration des osmolytes compatibles telle que la glycine
bétaïne (Wyn Jones et al., 1984). Les Chenopodiaceae produisent la glycine bétaïne en
réponse aux stress hydrique et salin (Marcum et Murdoch, 1992). Une corrélation
positive entre l'accumulation de la glycine bétaïne et la concentration en sel a été
observée chez Spartina alterniflora (Otte et Morris, 1994), Sesuvium portulacastrum
(Venkatesalu et al., 1994 a), Atriplex semibaccata, A. halimus et A. griffithii (Koheil et al.,
1992; Khan et al., 1998). Chez Suaeda fruticosa, la teneur en glycine bétaïne augmente
significativement de 600 à 1200 mM.Kg-1 de matière sèche lorsque la salinité du
milieu passe de 0 à 600 mM NaCl. À partir de 800 mM NaCl, les teneurs en glycine
bétaïne demeurent stables (Khan et al., 1998). Des travaux récents ont montré que la
glycine bétaïne s'accumule particulièrement dans les feuilles jeunes de Spartina
alterniflora (Colmer et al., 1996) et d'Avicennia marina (Ashihara et al., 1997).
Cet osmoticum est produit essentiellement dans le cytoplasme (Wyn Jones, 1984).
Si la majorité de la glycine bétaïne est séquestrée dans le cytoplasme, qui représente
environ 10 % du volume cellulaire total, une concentration de 200 à 300 mM serait
suffisante pour assurer un équilibre osmotique entre le cytoplasme et la vacuole de
Sporobolus virginicus cultivé en présence de forte concentration saline (Marcum et
Murdoch, 1992). En plus de son rôle osmotique, la glycine bétaïne assure une
protection des cellules contre certaines voies de dégradation. À titre d'exemple, dans
des feuilles excisées de Suaeda macrocarpa, l'apport de 130 mM de NaCl dans le milieu
de flottaison crée l'apparition d'une forte activité ribonuléasique. Ce phénomène est
fortement réduit par un apport exogène de glycine bétaïne (Billard et al., 1986). En
1985, Rozema et al. ont montré, chez Salsola kali, que les effets délétères du sel
s'expriment rapidement lorsque cette halophyte est soumise à un régime limitant en
azote, très probablement en raison d'une inaptitude des plantes à synthétiser la
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 24
Di-methyl-sulfonio-propionate (DMSP)
Le DMSP est un composé compatible accumulé chez certaines angiospermes
tolérantes au sel (Malin et Kirst, 1997; McNeil et al., 1999). Du point de vue structure,
il est analogue aux bétaïnes et il joue le rôle d'un osmoprotecteur (Vianney et al.,
1998). Le DMSP diffère des bétaïnes par le fait qu'il contient du soufre à la place de
l'azote. En effet, chez les plantes accumulatrices de DMSP, il apparaît que la
substitution des bétaïnes par le DMSP se fait lorsque l'azote est rare (Colmer et al.,
1996; Cooper et Hanson, 1998). Chez Spartina alterniflora la biosynthèse du DMSP
semble être induite par le sel. Il s'accumule spécifiquement dans les feuilles (Dacey et
al., 1987). Cependant, les travaux de Otte et Morris (1994) sur Spartina alterniflora L.
suggèrent que les voies de la biosynthèse du DMSP s'expriment de manière
constitutive indépendamment de la salinité du milieu.
Spartina alterniflora synthétise le DMSP par la voie du S-méthyl-Methionine
(Fig. 1.1) qui donne en premier lieu le 3-DMSPamine en présence d'une enzyme,
appelée "S-méthyl-Methionine decarboxylase" (Kocsis et Hanson, 2000).
NH3+ NH3+
+ CH3 +
S COO- S COO-
L-Met L-SMM
NH3+
+
S
DMSP-amine
COO- CHO
+ - 2H +
S S
BA dehydrogenase
DMSP DMSP-aldehyde
Selon ces auteurs, il existe aussi chez Spartina alterniflora une deuxième enzyme
appelée "di-methyl-sulfonio-propionate oxydase", qui intervient dans l'oxydation
catalytique du 3-DMSPamine pour donner le 3-DMSPaldéhyde. Enfin, la synthèse du
DMSP à partir de ce dernier composé se fait grâce à une enzyme commune à tous les
angiospermes appelée "bétaïne-aldehyde dehydrogenase" (Trossat et al., 1997;
Vojtěchová et al., 1997). La figure 1.1 schématise la voie de biosynthèse du di-methyl-
sulfonio-propionate.
travers les connections du plasmodesme entre les deux cellules. Une solution
enrichie en sel est stockée dans la chambre de collection entre la paroi de la cellule
apicale et la cuticule qui s'est décollée. Cette dernière s'étire en ramenant la solution
saline à la surface de la feuille via de petits espaces libres de la cuticule
(Gorham, 1996).
Les expériences conduites par Arisz et al. (1955) montrent que la sécrétion des
chlorures est légèrement stimulée aux faibles concentrations des divers inhibiteurs
utilisés (fluorure de sodium, arsénite et cyanure de potassium). Le carbonylcyanure3-
chlorophenylhydrazone (CCCP) inhibe fortement le processus de sécrétion chez
Aegialitis, et ceci après 2 heures de son application (Atkinson et al., 1967). Ainsi, le
mécanisme de la sécrétion semble être actif puisque les conditions anaérobiques
empêchent la sécrétion au niveau des feuilles de Limonium latifolium (Arisz et al.,
1955). L'étude des potentiels transmembranaires, du transit des ions radioactifs et de
la dynamique d'entrée et de sortie des ions dans des disques foliaires de Limonium
vulgare révèle que les ions entreraient dans la glande par la voie cytoplasmique donc
par influx passif (Hill et Hill, 1973). Les sels parvenus aux cellules sécrétrices grâce
aux plasmodesmes seraient activement rejetés dans l'espace libre de ces cellules
(efflux actif) avant de passer à l'extérieur comme le suggère l'étude des potentiels
électrochimiques des ions Na+, K+ et Cl- dans l'exsudat. Une ATPase activée par Cl- a
été mise en évidence dans ces tissus. Il apparaît ainsi que chaque glande possède une
véritable pompe qui concentre dans une première phase les sels avant de les refouler
dans le milieu extérieur.
Dans le cas des poils glanduleux d'Atriplex semibaccata (Campbell et al., 1974) et de
Tamarix aphylla (Campbell et Thomson, 1975), l'étude de la localisation de Cl- suggère
que les ions migrent vers les glandes en empruntant l'apoplasme ce qui suppose une
entrée dans les glandes à travers le plasmalemme donc un influx métabolique. La
sortie du liquide salé pourrait être purement passive comme dans le cas du Limonium
latifolium où l'accumulation des sels dans les glandes crée un afflux d'eau et
augmente la pression interne. La glande étant entourée d'un squelette cutinisé rigide,
ne pouvant donc se gonfler, le liquide qui s'y accumule sous pression sort par les
pores sécréteurs (Sutcliffe, 1962).
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 32
Les substances accumulées par les tissus aériens des plantes peuvent être
éventuellement amenées vers les racines via le phloème pour être excrétés dans le
milieu. Ce phénomène contribue fortement à la limitation de l'accumulation du sel au
niveau des racines de Spartina alterniflora (Bradley et Morris, 1991 a). D'autres études
ont mis en évidence l'excrétion racinaire du sel chez Avicennia marina (Waisel et al.,
1986) et Leptochloa fusca (Gorham, 1987). Ce mécanisme a été également démontré par
Von Willert (1969) qui a décrit les fluctuations des teneurs en Na+ et en Cl- chez
Salicornia europeae cultivée en milieu salé. La diminution régulière du contenu en sels
en début d'après-midi et durant la nuit en l'absence de lessivage externe des plantes,
suggère également l'exclusion du sel au niveau des racines de cette espèce. Les ions
Na+ et Cl- seront transportés des parties aériennes vers les racines, et seront
périodiquement libérés dans la rhizosphère. Chez Spartina alterniflora, l'exclusion
racinaire représente, au moins, 91 % de l'absorption théorique maximale et augmente
significativement avec la salinité du milieu de culture (Bradley et Morris, 1991 a). De
même, Waisel et al. (1986) ont montré qu'Avicennia marina est capable d'exclure, par
ses racines, 80 % des prélèvements totaux de sel. Chez Sporobolus fimbriatus,
l'exclusion représente 94 % des sels absorbés mais n'accuse aucune variation quand la
salinité du milieu augmente de 100 à 200 mmol (Wood et Gaff, 1989).
La nutrition minérale de la plante est déjà assez complexe lorsqu'elle a lieu dans
un environnement fertile et non salin. En présence de NaCl, l'activité des nutriments
est réduite en dépit de leurs fortes concentrations dans la solution du sol.
Généralement, Na+ et Cl- peuvent dépasser largement les concentrations des
éléments nutritifs ce qui crée un déséquilibre nutritionnel. Ce dernier peut également
résulter des effets de la salinité sur la disponibilité, l'absorption et la distribution des
nutriments dans la plante ou encore d'une augmentation des exigences de la plante.
La disponibilité des ions nutritifs dans la rhizosphère et leur absorption par les
plantes sont tributaires de l'activité de l'ion dans la solution du sol qui dépend du pH
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 33
Le potassium est abondant dans la croûte terrestre, mais la majeure partie entre
dans la constitution des minéraux du sol et seule une fraction de 1 à 4 % du contenu
total en K+ est fixée au niveau des colloïdes et constitue la fraction échangeable
(Mengel et Kirkby, 1982 a). Au niveau des sols salés, Na+ se substitue à de nombreux
cations et en particulier à K+. Ce remplacement conduit à un appauvrissement
progressif du sol en K+ puisqu'une fois libéré dans la solution du sol, il peut être
facilement entraîné au cours du lessivage. Par ailleurs, les quantités prélevées par les
plantes deviennent difficiles à compenser par le complexe adsorbant du fait de sa
saturation en sodium. Outre son action sur la disponibilité de K+, NaCl limite son
absorption par les racines (Hajji, 1983; Soltani et al., 1990; Sleimi et al., 1999).
En général, la teneur des organes en K+ diminue en fonction de la salinité du
milieu chez de nombreuses halophytes telles que Spergularia marina (Cheeseman et
Wickens, 1986), Sarcocornia natalensis (Naidoo et Rughunanan, 1990), Atriplex prostrata
(Wang et al., 1997), Halosarcia pergranulata (Short et Colmer, 1999) et Suaeda fruticosa
(Sleimi et al., 1999). Cet effet est associé à une baisse de l'absorption de K+ et de son
transport vers les parties aériennes. Cependant, il existe de nombreuses exceptions à
cette règle générale. Par exemple, chez Cereus validus, l'addition quotidienne de
50 mM de NaCl dans le milieu extérieur et ce, jusqu'à une salinité globale de 600 mM,
fait passer la concentration de NaCl dans les racines de 7 à 100 mmol sans, toutefois,
affecter la teneur de K+. Dans les tiges feuillées de Cereus validus, Na+ passe de 8 à
17 mmol alors que K+ augmente de 16 à 60 mmol (Nobel et al., 1984). Chez Sesuvium
portulacastrum, la teneur foliaire en K+ augmente de 223 à 418 µmol.g-1 MS lorsque la
concentration du milieu passe de 0 à 600 mM NaCl (Venkatesalu et al., 1994 b). Au-
delà de cette concentration les teneurs foliaires en K+ diminuent pour atteindre 380
µmol.g-1 MS à 900 mM NaCl. La teneur en K+ dans les feuilles de jeunes plantes
d'Avicennia marina augmente avec la salinité du milieu (Ashihara et al., 1997).
Analysant la réponse de plusieurs halophytes au sel, Glenn et al. (1992) ont
remarqué que ces plantes diffèrent largement par les niveaux d'accumulation de Na+
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 34
et de K+ et par leur degré de tolérance au sel. Ils répartissent ces plantes en deux
groupes physiologiques, le premier dit "high-sodium physiotype" correspond aux
halophytes les plus tolérantes ou euhalophytes. Il est représenté essentiellement par
des Chenopodiaceae qui peuvent maintenir leur potentiel osmotique à des niveaux
plus bas que celui du milieu extérieur. Ces espèces sont capables de maintenir leur
potentiel osmotique à des niveaux plus bas que celui de la solution du sol grâce à
une capacité remarquable d'absorption et de séquestration de Na+ et de Cl- dans
leurs vacuoles. La contribution de K+ dans l'ajustement est d'une moindre
importance et ne dépasse guère les 4 % du potentiel osmotique chez Sarcocornia
natalensis cultivée en présence de 500 mM de NaCl (Naidoo et Rughunanan, 1990) et
4.4 à 9.2 % chez 10 autres euhalophytes se développant à 540 mM NaCl (Glenn et
O'leary, 1984). Ces plantes maintiennent des rapports K+ / Na+ inférieurs à 1 même
pour les plus faibles salinités du milieu. A titre d'exemples, chez Aster tripolium,
Plantago maritima et Spergularia media collectés dans leur biotope naturel, ce rapport
est respectivement de 0.128, 0.118 et 0.076 (Cheeseman et al., 1985). Chez d'autres
halophytes, il peut varier de 0.03 à 0.10 notamment en condition d'irrigation à l'eau
de mer (Glenn et al., 1992). Chez ce premier groupe d'halophytes, l'efficacité
d'utilisation de K+ augmente avec la salinité du milieu de culture traduisant une
forte capacité de substitution de K+ par Na+ (Cheeseman et Wickens, 1986). Ce cation
semble être réservé exclusivement pour le contrôle d'un nombre élevé d'enzymes
cytosoliques dont l'activité en dépend totalement ou partiellement (Koyro et
Huchzermeyer, 1997).
Le deuxième groupe physiologique appelé "low-sodium" ou "high potassium" est
représenté par les halophytes monocotylédones et les dicotylédones miohalophytes
caractérisées par une tolérance faible à moyenne ou par des potentialités limitées de
croissance en présence de fortes doses de sel (Glenn et al., 1992). Ces plantes
montrent des rapports K+ / Na+ de l'ordre de 2.0 quand elles se développent sur
l'eau non salée, et de 0.33 à 0.5 en présence de sel. Le potassium est fortement
impliqué dans l'ajustement osmotique, sa part varie de 16 à 46 % chez 14 halophytes
cultivées sur 540 mM de NaCl (Glenn, 1987). Chez Kosteletzkya virginica cultivée en
présence de 255 mM de NaCl, K+ représente 25 à 75 % de la charge cationique des
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 35
(Ward et al., 1986), mais n'a pas pu être mis en évidence par Peuke et Jeschke (1999)
chez la même plante.
Dans une gamme de concentrations basses en NO 3 -, l'analyse des caractéristiques
cinétiques des systèmes d'absorption du nitrate a montré que l'inhibition de
l'absorption de cet anion engendrée par le sel n'est pas de type compétitif. En effet,
dans ces conditions, c'est le système à forte affinité (HATS) qui contribue pour une
large part à l'absorption du nitrate. D'ailleurs, plusieurs données excluent une
fixation de Cl- sur le site d'absorption et son transport par ce système. Pour ces
raisons, les sels minéraux ou organiques inhibent de la même manière (par des effets
osmotiques) ce système d'absorption. Dans une gamme de concentrations élevées en
NO 3 -, l'inhibition de l'absorption de cet anion par le sel serait plutôt de type
compétitif. En effet, certaines données suggèrent que le système à faible affinité
(LATS) transporte Cl-. L'inhibition du LATS par Cl- est observée à partir de 60 mM
NaCl ou à des concentrations élevées en NO 3 - (Peuke et Jeschke, 1999).
L'effet de la salinité sur les paramètres cinétiques de l'absorption du nitrate chez le
blé a fait également l'objet de certaines études (Botella et al., 1994). D'après ces
données, l'absorption de NO 3 - en condition contrôlée serait assurée par un seul
système. La salinité réduirait le coefficient d'affinité (K m ) et / ou la vitesse maximale
(V max ) de ce système. D'après Hawkins et Lewis (1993), l'absorption du nitrate
n'implique pas une compétition entre cet anion et Cl- pour les sites d'absorption.
(Aslam et al., 1984). Ce résultat est expliqué par la compartimentation de Na+ dans la
vacuole et la nitrate réductase dans le cytoplasme, permettant ainsi une bonne
activité réductrice chez les plantes soumises au stress salin. Chez le haricot et le
cotonnier cultivés pendant plusieurs semaines en présence de sel, la diminution de
l'activité de la nitrate réductase est attribuée à une limitation de cette enzyme par son
substrat réductible NO 3 - (Gouia, 1990).
Chez les halophytes, la réponse au sel de la nitrate réductase semble dépendre du
degré de tolérance des plantes et de la salinité du milieu de culture. À titre
d'exemple, chez Suaeda macrocarpa et Suaeda flexilis, NaCl stimule l'activité de la
nitrate réductase quand sa concentration dans le milieu externe passe de 17 à
128 mM, dose optimale pour la croissance. Cette stimulation est plus prononcée chez
Suaeda macrocarpa que chez Suaeda flexilis, la première étant plus halophile que la
seconde. Ce résultat est expliqué par une amélioration de l'assimilation du CO 2 , la
disponibilité des squelettes carbonés et par la synthèse protéique (Boucaud, 1972).
Néanmoins, il a été rapporté, chez les deux halophytes, que la teneur des parties
aériennes en azote protéique diminue à forte dose de sel (390 mM), probablement en
raison de l'activation de certaines protéases. En effet, il a été remarqué que la leucine
aminopeptidase exprime une forte activité chez les plantes de Spartina alterniflora
cultivées en présence d'une gamme de salinité ne dépassant pas 500 mM NaCl. Le
comportement inverse a été observé chez Spartina patens (Gettys et al., 1980). Ces
différences vont de pair avec la sensibilité au sel de ces deux espèces, la première
étant plus tolérante que la seconde. Il apparaît ainsi que l'activation de cette protéase
confère aux plantes l'aptitude à accumuler plus d'acides aminés libres utilisés dans
l'ajustement osmotique. L'aminopeptidase présente une tolérance particulière à
NaCl: in vitro l'activité n'est réduite que de 30 % en présence de 3000 mM de NaCl.
Ceci est en relation avec la localisation de cette enzyme dans la vacuole,
compartiment cellulaire certainement le plus riche en sel (Gettys et al., 1980).
L'interaction entre la salinité et la nutrition phosphatée des plantes est peut être
plus complexe que celle entre la salinité et l'azote. L'interaction est fortement
dépendante des espèces végétales (ou cultivars), du stade de développement de la
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 43
diluée à 40 ou à 50 % que sur milieu non salin. Cet effet est dû, en partie, à
l'augmentation du rapport PA / R par la salinité. Lorsqu'on n'enrichit pas le milieu
par H 2 PO 4 -, la salinité réduit la croissance des plantes. Cependant, quand 0.05 à 0.25
mM de H 2 PO 4 - sont additionnées au milieu de culture, la salinité augmente
effectivement la croissance des plantes. Par conséquent, l'addition de H 2 PO 4 -
améliore la tolérance au sel de Lavatera arborea.
Il se pourrait donc que chez certaines halophytes, tout comme certaines algues, il
existe un mécanisme d'absorption de P activé par Na+. Mais un tel mécanisme n'a pas
pu être mis en évidence chez Cakile maritima, Cochlearia anglica et Plantago maritima
(Ullrich-Eberius et Yingehol, 1974). Il a été suggéré qu'en plus d'autres éléments
essentiels, l'absorption de H 2 PO 4 - est due à un processus métabolique actif (Bieleski
et Ferguson, 1983). Ceci est en accord avec les résultats de Venkatesalu et Chellappan
(1993) selon lesquels une plus grande accumulation de H 2 PO 4 - est liée à des
processus métaboliques comme la photosynthèse. Champagnol (1979) conclut qu'il
est peu probable que les ions Cl- et H 2 PO 4 - entrent en compétition au niveau des sites
d'absorption de la plante. Cependant, Papadopoulos et Rendig (1983) concluent que
Cl- pourrait supprimer l'absorption de H 2 PO 4 - et son accumulation au niveau des
parties aériennes de la tomate. Zhukovskaya (1973) montre que Cl- comme SO 4 2-
réduisent l'absorption de H 2 PO 4 - chez l'orge et le tournesol. Dans d'autres cas, la
réduction des teneurs en H 2 PO 4 - chez les plantes par la salinité peut résulter de la
réduction de l'activité de cet anion dans la solution du sol (Awad et al., 1990).
6. CONCLUSION
Cette analyse bibliographique fait ressortir les intérêts appliqués multiples des
halophytes. D'ailleurs, plusieurs parcelles expérimentales ont été installées en Italie,
en Allemagne, aux Émirats Arabes Unies et dans d'autres pays du monde dans
l'objectif d'étudier le comportement des halophytes dans des conditions naturelles et
notamment pour démontrer que les halophytes irriguées à l'eau de mer à différentes
concentrations peuvent transformer les terres marginales en zones productives. Les
études sont actuellement orientées vers l'optimisation des méthodologies de culture,
d'irrigation et surtout de contrôle de la salinité du milieu.
Chapitre I. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE.......................................................................................................................... 45
Les intérêts appliqués de ces plantes sont également évidents. En effet, plusieurs
mécanismes impliqués dans la tolérance au sel ont été identifiés chez des halophytes.
Il s'agit principalement des caractéristiques biochimiques et moléculaires des
antiports Na+ / H+ qui sont responsables de la compartimentation vacuolaire de Na+.
Ils ont été identifiés chez des halophytes comme Atriplex nummularia, Atriplex gmelini,
Beta vulgaris et Mesembryanthemum cristallinum. L'identification de ces critères de
tolérances suggère la possibilité de leur transfert aux plantes cultivées pour
améliorer leur tolérance. Des gènes codant des protéines impliquées dans la synthèse
des osmoticums ont été déjà transférés à plusieurs plantes cultivées.
CHAPITRE II
MATERIEL ET METHODES
1. MATERIEL VEGETAL
rameaux. Il est à tiges blanchâtres, arrondies, striées dans leur longueur et dressées.
Les racines sont ligneuses (Bonnier, 1934; Pottier-Alapetite, 1979).
En Tunisie, Suaeda fruticosa croît sur les terrains riches en sel et ne s'élève pas sur
les montagnes. Elle est assez fréquente dans les étages bioclimatiques sub-humide,
semi-arides et arides. On la rencontre sur le littoral de la Méditerranée et dans les
dépressions continentales salées telles que sebkhas (Soliman, Enfidha, Kalbia, Sidi
El Héni, El Melah, Bibène, Tader, etc).
Photo 2.1. Aspect général des plantes de Suaeda fruticosa. A: Touffes de Suaeda
fruticosa dans son biotope naturel (sebkha de Soliman). B: morphologie d'un
rameau fructifère.
L'origine du mot Spartina est le mot grec "Σπαρτζον" ou "spartion". Les tiges de
cette plante sont raides et effilées comme celles du Genêt. Dans ce genre, les épillets
aplatis par le côté n'ont qu'une fleur bisexuée à 3 étamines. Les glumelles sont un
peu inégales, la glumelle supérieure est pliée en long et plus longue que la glumelle
inférieure en carène sur le dos, entière ou échancrée au sommet. Les glumes sont
carénées, appliquées contre les glumelles et très inégales. La glume supérieure est
plus longue que l'inférieure. L'ovaire porte un long style et 2 stigmates. Le fruit est
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................48
oblong, aplati par le côté. Ce sont des plantes herbacées à feuilles enroulées, parfois
plates. Les tiges raides sont à épillets imbriqués sur 2 rangs en épis allongés et
dressés, lesquels sont espacés en une sorte de grappe terminale. On a décrit 6 espèces
de ce genre. Spartina alterniflora Loisel est une Poaceae appelée en français "Spartine à
fleurs" et en anglais "Spart-grass" ou aussi "Smooth cordgrass". Cette plante montre
des fleurs verdâtres à jaunâtres pendant les mois de juin, juillet et août. Elle peut
avoir de 30 à 75 cm de hauteur et croît dans la vase et les endroits marécageux (photo
2.2 A et B). Les feuilles, dont la ligule est remplacée par des poils, sont étroites, en
gouttière en dessus, souvent enroulées par la sécheresse, longues, effilées et raides.
La feuille supérieure dépasse l'inflorescence formée de 3 à 7 épis dressés, longs de 6 à
9 cm. Les épillets, d'environ 8 mm de longueur, sont tournés d'un même côté et
disposés sur 2 rangs assez lâches. Les glumes sont aiguës, munies de cils très courts
sur la carène et la glume supérieure, qui dépasse un peu les glumelles, est plus
longue que la glume inférieure environ de moitié. Les glumelles sont un peu obtuses,
la glumelle inférieure est légèrement plus courte que la glumelle supérieure et
presque lisse sur le dos. C'est une plante vivace, à tiges raides et dressées, portées
par un rhizome (Bonnier, 1934; Bonnier et De Layens, 1975).
Photo 2.2. Aspect général des plantes de Spartina alterniflora dans son biotope
naturel, dépression marécageuse aux USA, (A) et morphologie d'une
inflorescence (B).
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................49
Les semences de cette plante nous ont été fournies par le Coordinateur Général de
L'Action Concertée "Sustainable halophyte utilisation in the Mediterranean and
subtropical dry regions" en décembre 1996. La germination a lieu à l'obscurité et à
25 °C sur du papier filtre imbibé à l'eau distillée. Le taux de germination ne dépasse
guère 15 %. Néanmoins, nous avons remarqué que des séjours répétés au froid (4 °C
durant 48 heures) précédant la mise en germination améliorent nettement ce taux, de
50 % environ. Au bout de 15 jours, les jeunes plantules (coléoptile + radicule) sont
repiquées dans des pots en argile contenant du sable inerte puis dans des grands
bacs de culture (1 / 0.85 / 1 m) remplis avec un sol prélevé dans la sebkha de
Soliman (photo 2.3).
Les irrigations sont réalisées avec l'eau de robinet, à raison de trois fois par
semaine, jusqu'à l'obtention de plantes adultes régénérant de nouvelles pousses au
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................50
niveau de leurs rhizomes. Les plantes ainsi obtenues (20 individus environ) ont servi
de plantes mères pour toutes les cultures conduites sur cette espèce.
Photo 2.3. Multiplication de Spartina alterniflora sur sol prélevé dans la sebkha
de Soliman. Âges des plantes = 150 jours.
Deux types d'expériences sont réalisés sur des plants issus de bouturage: les unes
sur milieu liquide (aquiculture stricte), les autres sur support solide (sable inerte).
Après enracinement des boutures, les jeunes plants ont été repiqués
individuellement dans des pots en plastique de 750 ml contenant le milieu nutritif de
base préparé d'après la formule de Hewitt (1966). Il contient également du fer et les
principaux oligo-éléments sous forme de mélange de sels. Les milieux de culture
sont continuellement aérés à l'aide de capillaires en plastique reliés à des pompes
d'aquarium donnant le même débit d'air dans tous les pots.
Dans une autre série d'expériences, les plantes sont cultivées sur eau de mer, plus
ou moins diluée et enrichie ou non en sels minéraux, prélevée de la méditerranée
près de la zone touristique de Soliman.
Les cultures de Spartina alterniflora sont conduites, sous serre vitrée, souvent à la
fin du printemps et au début de l'été. Des observations préliminaires nous ont
montré que cette période de l'année est la plus favorable pour la croissance de cette
plante. Les irrigations sont faites avec la solution nutritive de Hewitt (1966) préparée
dans l'eau de ville de la région de Soliman. Le volume apporté à chaque irrigation
(200 ml) est suffisant pour provoquer un léger écoulement.
Dans une autre série d'expériences, les plantes sont irriguées à l'eau de mer, plus
ou moins diluée et enrichie ou non en sels minéraux, prélevée de la mer
méditerranéenne près de la zone touristique de Soliman.
ioniques à un niveau constant. Pour les cultures sur sable, conduites sous serre
vitrée, le rythme d'irrigation est tributaire des conditions climatiques. En général,
deux à trois irrigations par semaine jusqu'à écoulement de l'eau sont suffisantes en
printemps, alors qu'il en faut une par jour en été.
Des changements des milieux de cultures ou des irrigations jusqu'à l'écoulement
de la solution ont été également effectués 24 heures avant chaque récolte.
Deux récoltes sont souvent effectuées pour les différentes cultures, la première
(récolte initiale) au début et la seconde (récolte finale) à la fin de la période de
traitement. À chaque récolte, les plantes sont séparées en parties aériennes et en
racines dans le cas de Suaeda fruticosa; et en rhizomes feuillés et en racines dans celui
de Spartina alterniflora. Les racines sont rincées successivement dans trois bains d'eau
distillée glacée, puis épongées avec du papier filtre. Les parties aériennes de Spartina
alterniflora sont aussi lavées dans trois bains successifs d'eau distillée froide pour
éliminer les cristaux de sel sécrétés par les feuilles. Les différents organes sont
rapidement mis dans des sachets en papier aluminium préalablement tarés puis
pesés avant et après dessiccation à 60 °C pendant 7 jours. Les masses de matières
fraîche et sèche sont déterminées à l'aide d'une balance de précision Mettler type
AE100 au 1 / 10 de mg.
La surface foliaire est déterminée à l'aide d'un planimètre (Area Meter) type LI-
3000A, LI-COR. Seules les feuilles de Spartina alterniflora ont fait l'objet de ces
mesures dans l'objectif de ramener les quantités sécrétées de sel à la surface foliaire.
4.1. CATIONS
Les dosages sont faits après réduction des organes en poudre fine au moyen d'un
broyeur à billes (type Dangoumeau). Les échantillons sont minéralisés dans des
flacons contenant des volumes variables (selon les expériences) d'acide nitrique
(0.5 %) pendant une semaine, à la température ambiante du laboratoire.
Les cations K+, Ca2+ et Na+ sont dosés directement sur les minéralisats ou après
dilution, en émission de flamme au moyen d'un spectrophotomètre type Corning.
Sous l'effet de la température relativement élevée de la flamme, un certain nombre
d'atomes passent à l'état excité (d'énergie E h ). Lorsqu'ils reviennent spontanément à
un niveau énergétique plus bas (d'énergie E b ), l'énergie restituée E h – E b se retrouve
sous forme d'une radiation électromagnétique de fréquence ν transportant l'énergie
hν telle que:
ν = (E h – E b ) / h
avec
h: constante de Planck = 6,63 * 10-34 J.s
Ces cations (K+, Ca2+ et Na+) ont été également dosés en absorption atomique à
l'aide d'un spectrophotomètre d'absorption atomique (type Philips TYE-INICAM PI,
9000). Le principe de cette technique repose sur la propriété fondamentale qu'ont les
atomes à l'état stable de pouvoir absorber les mêmes radiations que celles qu'ils
émettent lorsqu'ils passent de l'état excité à l'état fondamental (loi de Bohr).
L'absorption d'une radiation lumineuse de longueur d'onde λ par un atome n'est
possible que si la différence d'énergie entre le niveau initial E b et le niveau E h , après
absorption, correspond à un quantum (ou photon) d'énergie émise par cette
radiation, soit:
E h – E b = hν = hc /λ ou λ = hc / (E h – E b )
avec
λ: longueur d'onde caractéristique de l'élément
h: constante de Planck
c: célérité de la lumière dans le vide
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................54
Les concentrations des échantillons sont déterminées par rapport à une gamme
étalon dont la limite supérieure est de 30 µg.ml-1 pour Na+ et Ca2+, et de 10 µg.ml-1
pour K+.
Quant à l'ion magnésium (Mg2+), il est dosé en absorption atomique (type Philips
TYE-INICAM PI, 9000) en présence de chlorure de lanthane (5 g.l-1) pour corriger les
éventuelles interférences avec les autres cations (Pinta, 1971). Le point supérieur de
la gamme étalon est de 1 µg.ml-1.
4.2. CHLORURE
Cl- est dosé sur les mêmes extraits nitriques, en présence d'un tampon acétique et
de gélatine, à l'aide d'un chloridomètre digital (type Haake Büchler) selon le principe
de titration coulométrique avec détection de fin de réaction potentiométrique. Une
électrode d'argent libère des ions d'Ag+ qui seront précipités en chlorure d'argent
dans la solution à doser. Les ions Ag+ libérés seront énumérés par un compteur
digital. Des aliquotes de 10 µl d'une solution étalon à 100 méq.l-1 sont utilisés pour
l'étalonnage de l'appareil.
4.3. AZOTE
4.4. PHOSPHORE
Les phosphates sont dosés sur les mêmes extraits préalablement décolorés par le
charbon végétal selon la technique de Fleury et Leclerc (1943). Le dosage a été
effectué au moyen d'un spectrocolorimètre UV-Visible (type Sherwood,
Spectrophotometer 259). La concentration de l'échantillon est déterminée en se
référant à des étalons préparés et dosés dans les mêmes conditions que l'échantillon
végétal (Fig. 2.1).
Y = 80,258 X + 0,10077
40
Phosphore, µg . ml -1
30
20
10
r = 0,999
0 0,2 0,4 0,6
Densité optique
4.5. GLUCIDES
Le dosage des sucres solubles est fait selon la méthode de Savouré (1980).
L'extraction est réalisée sur 25 mg de poudre végétale en présence de 10 ml d'éthanol
à 80 %.
Le dosage de l'amidon est effectué sur le culot de centrifugation obtenu lors de
l'extraction des sucres solubles. L'hydrolyse de ce carbohydrate est réalisée à l'aide de
l'acide perchlorique 35 %.
Les principales étapes de ces deux méthodes sont schématisées dans la figure 2.2.
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................56
Laisser refroidir
S 1 + S 2 à ajuster à 5 ml
Lire la DO à 640 nm
avec de l'eau distillée
Le dosage des ces deux composés glucidiques a été effectué à l'anthrone au moyen
d'un spectrocolorimètre UV-Visible (type Sherwood, Spectrophotometer 259) à
640 nm. La gamme d'étalonnage des sucres solubles et de l'amidon est établie avec
du glucose pur dilué respectivement dans de l'éthanol à 80 % et dans l'acide
perchlorique à 21 % (Fig. 2.3).
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................57
Y = 154,77 X + 3,7717
90
Glucose, µg . ml -1
60
30
r = 0,997
0 0,2 0,4 0,6 0,8
Densité optique
Figure 2.3. Courbe d'étalonnage ayant servi aux dosages des sucres solubles.
Elle est obtenue à partir de solutions de glucose de concentrations croissantes.
Les solutions nutritives utilisées dans nos cultures sont régulièrement contrôlées.
Les mesures de la conductivité électrique permettent d'estimer les teneurs globales
en sels dissous et les teneurs en NaCl dans les milieux de culture. Elles sont faites à
l'aide d'un conductimètre digital, type Metrohm 660. Les valeurs sont exprimées en
mS.cm-1 à 25°C. Selon Epstein (1983) et Rhoades et al. (1988) 1 mS.cm-1 correspond
-1 -1
approximativement à une concentration de 0,7 g.l de sels minéraux et à 0,6 g.l de
NaCl. Le tableau 2.1, élaboré par Koyro et Lieth (1999), donne les correspondances
entre plusieurs modes d'expression de la salinité.
Le pH des solutions nutritives est mesuré au moyen d'un pH-mètre digital
(Metrohm, 632).
Les dosages de K+, Ca2+, Mg2+, Na+, et Cl- des solutions sont faits en milieu
nitrique selon les méthodes décrites pour les plantes.
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................58
Le milieu marin contient dans une très large gamme de concentrations, les sels les
plus solubles de la croûte terrestre (en particulier le chlorure de sodium), mais aussi
Chapitre II. MATERIEL ET METHODES ................................................................................................................59
des quantités variables de presque tous ses constituants que souvent seule une
analyse très fine permet de détecter.
Après prélèvement, le stockage des échantillons est possible en cas d'élimination
des matières en suspension pour éviter la fixation des éléments à l'état de traces sur
les particules solides ou la mise en solution des éléments fixés sur ces particules. La
conservation des échantillons est réalisée à une température de 4 °C.
La détermination du pH et de la conductivité électrique a été réalisée directement
sur les échantillons de l'eau de mer. Le dosage des cations majeurs tels que K+, Na+,
Ca2+ et Mg2+ a été fait sur des échantillons dilués dans l'acide nitrique 0.5 %.
Les méthodes directes de dosage des nitrates par colorimétrie dans l'eau de mer se
heurtent à deux difficultés:
(i) Un manque de sensibilité.
(ii) Des interactions sévères dues à la matrice chlorure de sodium. De ce fait,
il est préférable d'utiliser des méthodes faisant appel à une réduction des
nitrates en ammoniaque tel que la technique de Kjeldahl.
Le phosphore présent dans l'eau de mer à l'état soluble ou particulaire existe sous
plusieurs formes. Analytiquement, c'est l'ion orthophosphorique qui est déterminé.
En ce qui concerne les éléments à l'état de traces, il était nécessaire d'effectuer une
concentration par cocristallisation, coprécipitation ou extraction liquide-liquide,
avant de les dissoudre de nouveau. Le dosage a été fait en absorption atomique (type
Philips TYE-INICAM PI, 9000) pour le fer et par torche à plasma (type Philips:
Source unit PV8490 ICP, Spectrometer interface PV8666, HV supply PV8492) pour le
cadmium, le plomb, le cuivre, le zinc, le manganèse et le bore.
temps et par unité de biomasse. Elle est exprimée en J-1 et calculée selon la formule
suivante (Hunt, 1990):
CMR = ΔMS / MS moy * Δt
ΔMS = MS f - MS i
MS moy = ΔMS / Ln MS f - Ln MS i
MS f : masse de matière sèche (de la plante entière ou de l'organe) à la
récolte finale. Elle est exprimée en mg.
MS i : masse de matière sèche (de la plante entière ou de l'organe) à la
récolte initiale. Elle est exprimée en mg.
Δt: = t f – t i = durée du traitement en jours
Il en résulte que
CMR = (LnMS f – LnMS i ) / (t f –t i )
Il est obtenu en ramenant l'écart entre la production de matière sèche des plantes
cultivées en présence de NaCl et celle des plantes témoins à cette dernière, selon la
formule suivante (Slama, 1986; Lachâal, 1998):
IS = 100 * (ΔMS NaCl – ΔMS témoin ) / ΔMS témoin
ΔMS NaCl : production de matière sèche sur milieu salé.
ΔMS témoin : production de matière sèche sur milieu témoin.
Les plantes absorbent puis transportent dans leurs parties aériennes une certaine
quantité de potassium indispensable à la croissance. Étant donné l'excès du sodium
par rapport au potassium dans le milieu, les plantes doivent maintenir une sélectivité
K+ / Na+ au niveau de leur système d'absorption, de transport et d'accumulation. La
sélectivité est alors définie par:
S K+ / Na+ = S 1 / S 2
S1 = ΔQK / (ΔQK + ΔQNa)
S 2 = [K+] / ([K+] + [Na+])
ΔQ: quantité de l'élément accumulé dans la partie de la plante au cours de
la période du traitement.
[---]: concentration de l'élément dans le milieu de culture.
Les moyennes des biomasses, du statut hydrique et des teneurs ioniques sont
déterminées généralement sur 10 répétitions. Les intervalles de confiance (IC) sont
calculés au seuil de 5 % selon la formule:
IC = (t x S) / √n
avec,
n: nombre d'échantillons.
S: écart-type.
t: valeur du t de Student pour un degré de liberté égale à (n – 1).
Les corrélations sont déterminées sur la base des valeurs individuelles ou les
moyennes. Leur seuil de signification sont comparés à une "Table des valeurs
critiques du coefficient de corrélation" (Dagnelie, 1986). Les coefficients de
corrélation "r" sont suivis de:
NS: corrélation non significative
*: corrélation significative (p = 0.05).
**: corrélation hautement significative (p = 0.01).
***: corrélation très hautement significative (p = 0.001).
CHAPITRE III
RESUME
La réponse au sel a été étudiée en hydroponie stricte chez des plants de Suaeda
fruticosa issus de boutures. Après une phase de prétraitement d'un mois, les plantes
sont soumises à plusieurs concentrations de NaCl: 0, 300, 400 et 800 mM. Les récoltes
ont été effectuées au bout de 46 jours de traitement. Les mesures ont porté sur la
croissance et le contenu des tissus en eau, Na+, Cl-, K+, Ca2+, Mg2+, Pi et en Nréd.
La croissance des plantes (production de biomasse et croissance moyenne relative)
est tributaire de la salinité du milieu de culture. Elle est maximale à des doses de sel
comprises entre 0 et 300 mM et diminue significativement par la suite.
Les fortes productions de matière sèche sont associées à:
(i) Une alimentation hydrique convenable.
(ii) Une forte accumulation de Na+ et de Cl-.
(iii) Une amélioration de l'efficacité d'utilisation des cations (K+, Ca2+ et
Mg2+).
(iv) Une diminution de l'efficacité d'absorption de ces cations.
(v) Une sélectivité d'absorption de K+, Ca2+ et Mg2+ aux dépens de Na+.
Ces résultats traduisent l'aptitude de Suaeda fruticosa à utiliser Na+ (et Cl-) pour
l'ajustement osmotique et à préserver les autres ions pour les fonctions les plus
spécifiques compensant ainsi la diminution de la performance de leur système
d'absorption.
La restriction de la croissance, observée particulièrement à 800 mM NaCl, semble
être liée à des effets toxiques du sel: accumulation cytoplasmique de Na+ et de Cl-,
inhibition de l'absorption d'eau et perte du pouvoir de dilution du sel par l'eau
(succulence) et par la matière sèche.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 65
1. INTRODUCTION
L'exploration de plusieurs zones salées de notre pays nous a montré que Suaeda
fruticosa, Chenopodiaceae pérenne très fréquente dans les étages bioclimatiques
subhumide, semi-aride et aride, est très appréciée par le bétail: dromadaires, caprins
et ovins (Le Houérou, 1996). Ses potentialités fourragères ont été soulignées dans
plusieurs travaux (Malcolm, 1996 a; El Shaer, 1997; Sleimi et al., 1999; Sleimi et
Abdelly, 2001). Les pousses de cette halophyte sont particulièrement riches en azote
et en protéines brutes (12 %). Les teneurs en fibres, cellulose, cendre et en silice de
Suaeda fruticosa sont respectivement 30, 22, 14 et 5 % (Bayoumi et al., 1990). Ses
parties aériennes ont été souvent utilisées dans la diète animale sans conduire à des
problèmes de toxicité (El Shaer, 1999). Néanmoins, sa contribution dans la
production primaire des écosystèmes halophiles demeure limitée particulièrement
en condition de faible pluviométrie (Abdelly, 1997).
Le présent chapitre sera consacré à l'étude de la réponse de Suaeda fruticosa au sel
dans des conditions contrôlées de culture dans l'objectif de déterminer sa limite de
tolérance à cette contrainte environnementale et d'identifier les traits physiologiques
qui sont à la base de sa performance en zones salées.
2. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
Les jeunes plants de Suaeda fruticosa sont obtenus par bouturage selon les
techniques décrites dans le paragraphe 2.1. du chapitre "Matériels et Méthodes". Les
jeunes boutures sont cultivées individuellement dans des pots de 750 ml remplis de
la solution nutritive de base préparée d'après la formule de Hewitt (1966). Cette
solution contient également du fer sous forme de complexe EDTA-K-Fe
(Jacobson, 1951) et les principaux oligo-éléments sous forme de mélange de sels:
MnCl 2 ; CuSO 4 , 5H 2 O; ZnSO 4 , 7H 2 O; Mo 7 O 24 (NH 4 ) 6 , 4H 2 O et H 3 BO 3 (Arnon et
Concentrations
Sulfate Mg 1.50
Mono-K 1.60
Phosphates
Macro-éléments Bi-K 0.30
(mM) K 3.00
Nitrates Ca 3.50
NH 4 2.00
Fe 3.00
Mn 0.50
Cu 0.04
Oligo-éléments (ppm)
Zn 0.05
B 0.50
Mo 0.02
semaine. La teneur en eau des tissus et le statut ionique (K+, Ca2+, Mg2+, Na+, Pi, N et
Cl-) ont été déterminés en début et en fin des traitements.
NaCl, 300 mM
3
T/5
1 2
NaCl, 400 mM
3
NaCl, 800 mM
3
Prétraitement Traitements
0 24 70
Jours
Figure 3.1. Protocole expérimental.
T / 5: solution nutritive de base diluée 5 fois.
1. Bouturage: Des pousses feuillées prélevées sur des plantes mères sont mises
à enraciner sur milieu nutritif dilué 5 fois.
2. Récolte de départ, repiquage des plantules enracinées et début du
traitement salin 0, 300, 400 et 800 mM NaCl.
3. Récolte finale: les plantes sont séparées en parties aériennes et en racines.
3. RESULTATS
Photo 3.1. Suaeda fruticosa après 46 jours de traitement. La culture est réalisée
en aquaculture stricte. Les solutions nutritives sont additionnées de
différentes doses de NaCl: 0, 300, 400 et 800 mM.
Pour une meilleure illustration des effets du sel sur les différentes parties la
plante, nous avons déterminé l'indice de sensibilité (IS). Ce paramètre correspond à
la baisse de production de la matière sèche en présence de sel, par rapport à la
production sur milieu témoin, 0 mM de NaCl (Tab. 3.2). Les valeurs de IS sont
toujours plus négatives dans les racines que dans les parties aériennes indiquant une
sensibilité particulière des premiers organes. Le comportement des parties aériennes
qui traduit le mieux celui de la plante entière démontre le caractère halophile de cette
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 70
NaCl, mM
-------------------------------------------------------------------
300 400 800
Pour mieux évaluer l'effet du sel sur l'activité de croissance, nous avons déterminé
la croissance moyenne relative qui exprime la production de matière sèche par unité
de temps et par unité de biomasse (Tab. 3.3).
NaCl, mM
--------------------------------------------------------------
0 300 400 800
L'apport de sel (300 et 400 mM) dans la solution nutritive conduit à une nette
amélioration de l'hydratation des parties aériennes (Fig. 3.3). En effet, nous avons
noté une succulence de ces organes à ces doses de sel. A 800 mM NaCl, la teneur en
eau diminue mais demeure voisine de celle des plantes témoins. Dans les racines,
l'hydratation accuse des variations de plus faible amplitude. Ce n'est qu'à 800 mM
NaCl qu'on note une légère baisse de la teneur en eau. Compte tenu des difficultés
inhérentes à la mesure de la surface foliaire chez Suaeda fruticosa, il nous a été
impossible d'évaluer l'indice de succulence suivant la formule proposée par Passera
et Albuzio (1978):
I S (ml H 2 O.cm-²) = (MF - MS) / S
Avec, MF: masse de matière fraîche (g), MS: masse de matière sèche (g) et
S: surface foliaire (cm²)
Néanmoins, les variations du contenu des parties aériennes en eau permettent de
décrire parfaitement le phénomène de succulence induit par le sel.
Globalement, le sel ne semble pas perturber l'alimentation hydrique de Suaeda fruticosa.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 72
Figure 3.3. Effet du sel sur la teneur en eau des parties aériennes et des racines
de Suaeda fruticosa à la récolte finale. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions
pour 800 mM). Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
mmol . g –1 MS
7,5
5,0
2,5
0
Témoin 300 400 800
NaCl, mM
Figure 3.4. Variations des teneurs en sodium et en chlorures, à la récolte finale,
des parties aériennes et des racines de Suaeda fruticosa en fonction de la salinité
du milieu de culture. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800 mM).
Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
NaCl, mM
-------------------------------------------------------------------
0 300 400 800
Figure 3.5. Variations des teneurs en K+, Ca2+ et Mg2+, à la récolte finale, dans
les parties aériennes et les racines de Suaeda fruticosa en fonction de la salinité
du milieu de culture. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800 mM).
Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 76
NaCl, mM
---------------------------------------------------------------------------
0 300 400 800
J MR
K+ 10464 2656 1112 4
Ca2+ 1736 788 366 37
Mg2+ 3651 2706 588 52
Nutriments PA (en % du J MR )
K+ 89.5 82.0 75.9 80.9
Ca2+ 89.6 86.6 86.1 91.9
Mg 2+ 34.1 36.0 80.8 81.5
IS Parties aériennes
K+ -73.3 -90.6 -99.6
Ca2+ -49.5 -79.1 -96.9
Mg2+ -9.8 -60.5 -94.8
IS Racines
K+ -52.6 -75.8 -99.2
Ca2+ -32.5 -71.0 -97.7
Mg2+ -15.9 -95.0 -99.5
IS Plantes entières
K+ -71.2 -89.1 -99.6
Ca2+ -47.7 -78.3 -97.0
Mg2+ -13.8 -83.3 -97.9
3.4.3. Azote
La fraction d'azote mesurée dans cette étude correspond à l'azote réduit (Nréd.),
qui représente la fraction dominante de ce nutriment dans les tissus végétaux,
dépassant généralement 90 % de l'azote total. Le sel provoque une forte diminution
de l'azote réduit dans les parties aériennes à 800 mM NaCl (Fig. 3.6). Aux doses plus
faibles, son effet n'est pas significatif. L'accumulation de Nréd. dans les racines
semble également peu modifiée dans une gamme de concentrations saline comprise
entre 0 et 400 mM. Le statut azoté des racines n'a pas pu être déterminé à 800 mM
NaCl à cause de la forte réduction de la croissance de ces organes à cette dose de sel.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 78
Figure 3.6. Variations des teneurs en azote réduit des parties aériennes et des
racines de Suaeda fruticosa en fonction de la salinité du milieu de culture.
Compte tenu de la croissance fortement limitée des racines des plantes
soumises à 800 mM NaCl, il nous a été difficile d'y doser l'azote réduit.
Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800 mM). Intervalles de
confiance au seuil de 5 %.
L'assimilation de l'azote est plus affectée par le sel que la croissance. En effet,
l'indice de sensibilité (IS N ) estimé sur la base de l'assimilation de l'azote (Tab. 3.6) est
plus bas que celui correspondant à la croissance (Tab. 3.2).
NaCl, mM
-----------------------------------------------------
300 400 800
3.4.4. Phosphore
culture (Fig. 3.7). Cet effet dépressif se manifeste davantage dans les racines que
dans les parties aériennes. La diminution de l'accumulation de Pi, qui constitue une
forme de réserve du phosphore, suggère que l'incorporation de Pi dans les composés
organiques dépasse son absorption par les racines. Cette situation traduirait une
diminution du prélèvement de Pi particulièrement chez les plantes soumises à des
doses élevées de sel, 800 mM NaCl.
Figure 3.7. Variations des teneurs en phosphore inorganique des parties aériennes
et des racines de Suaeda fruticosa en fonction de la salinité du milieu de culture.
Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800 mM). Intervalles de confiance au
seuil de 5 %.
Figure 3.8. Variations des teneurs en sucres solubles (exprimée en glucose) des
parties aériennes et des racines de Suaeda fruticosa en fonction de la salinité du
milieu de culture. Les chiffres portés sur l'histogramme correspondent aux
quantités moyennes des sucres solubles (mg.plante-1). Compte tenu de la
croissance fortement limitée des racines des plantes soumises à 800 mM NaCl,
il nous a été difficile d'y doser les sucres solubles. Moyennes de 10 répétitions
(6 répétitions pour 800 mM). Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
4. DISCUSSION
Cette étude a porté sur quelques aspects physiologiques de la réponse au sel d'une
halophyte locale, Sueada fruticosa. Les résultats montrent que la croissance optimale
de cette espèce se produit en absence ou en présence de 300 mM NaCl. À cette dose
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 81
de sel, la croissance des parties aériennes est légèrement stimulée. Des travaux
conduits sur d'autres espèces de Suaeda, ont démontré le caractère halophile de ce
genre, c'est à dire l'exigence physiologique en sel pour l'expression de ses
potentialités maximales de croissance. À titre d'exemple, la production maximale de
biomasse est obtenue à des salinités comprises entre 10 et 20 g.l-1 NaCl chez Suaeda
maritima (Yeo et Flowers, 1980; Clipson et al., 1985) et Suaeda flexilis (Binet, 1999). Le
caractère halophile chez d'autres Suaeda est encore plus prononcé: S. macrocarpa est
par exemple incapable de survivre en absence de sel (Boucaud, 1972).
Les résultats d'une 2ème culture, conduite dans des conditions contrôlées,
confirment parfaitement le caractère halophile de Suaeda fruticosa. En effet, la
croissance de cette espèce est significativement stimulée par le sel: les plantes
cultivées en présence de 100 mM NaCl produisent 120 % de biomasse de leurs
homologues complètement privés de sel. Par ailleurs, nos résultats montrent que les
doses excessives de sel (800 mM NaCl) réduisent fortement la croissance de cette
halophyte sans conduire à des symptômes de toxicité ou de nécrose. Cette aptitude à
résister à des salinités sévères permet à Suaeda fruticosa de survivre en dépit des
fortes variations spatiales et temporelles de la salinité dans les écosystèmes
halophiles. Dans la caractérisation des halophytes, deux niveaux de salinité sont
généralement pris en compte, le premier associé à une stimulation de la croissance et
le second correspondant à une capacité de survie. A titre d'exemple, chez Sesuvium
portulacastrum et Batis maritima (Messedi et al., 2001 b et c), l'halophilie s'exprime à
400 mM NaCl alors que la résistance s'étend jusqu'à 1000 mM NaCl.
(ii) Les seconds, de nature toxique, se manifestent lorsque Na+ et Cl- sont
accumulés dans le cytoplasme et / ou dans l'apoplasme conduisant à un
blocage du métabolisme et une déshydratation cellulaire.
(iii) Les derniers effets sont de type nutritionnel et se traduisent par une
limitation de l'approvisionnement des plantes en cations et anions
indispensables.
Nous essayerons, dans ce qui suit, d'identifier la nature des effets du sel chez
Suaeda fruticosa.
Nous avons mis en évidence une accumulation préférentielle de Na+ et de Cl- dans
les parties aériennes de Suaeda fruticosa. Ce comportement traduirait une aptitude de
cette halophyte à compartimenter Na+ et Cl- dans les vacuoles et à les utiliser pour
l'ajustement osmotique. Pour vérifier la validité de cette hypothèse, nous avons
comparé la teneur en eau des parties aériennes, leur concentration ionique globale
(estimée par {2 x (Na+ + K+) / teneur en eau}) et la concentration ionique globale du
milieu de culture (Fig. 3.9).
Cette figure montre, qu'indépendamment de la salinité du milieu de culture, la
concentration ionique globale des tissus dépasse celle de la solution nutritive. Suaeda
fruticosa est donc capable de maintenir une hypertonie par rapport à son milieu de
culture. Cependant, cet hyper-ajustement qui serait assuré exclusivement par K+
chez les plantes témoins et principalement par Na+ chez les plantes soumises au sel,
est associé à une amélioration de l'hydratation des tissus chez les plantes cultivées en
présence de 300 et 400 mM NaCl. Ces résultats suggèrent que, dans des conditions
de salinité modérée, la plante utilise Na+ (et très probablement Cl-) pour l'ajustement
osmotique.
Par comparaison aux traitements précédents, on note une forte augmentation de
la concentration ionique globale des tissus associée à une baisse de la teneur en eau
chez les plantes soumises à 800 mM NaCl. Ceci suggère une défaillance des systèmes
de compartimentation.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 83
contrairement aux halophytes monocotylédones qui utilisent les sucres solubles, les
Chenopodiaceae accumulent préférentiellement la glycine bétaïne dans le
compartiment cytoplasmique (Storey et al., 1977). Cependant, cette aptitude semble
dépendre de la salinité du milieu de culture. À titre d'exemple, Khan et al. (1998) ont
obtenu une stimulation de la synthèse de cet osmoticum dans une gamme de
concentration comprise entre 200 et 800 mM NaCl. À 1000 mM, l'accumulation de
glycine bétaïne est significativement diminuée.
3,0
2,0
1,0
0
Témoin 300 400 800
NaCl, mM
Figure 3.10. Comparaison entre la concentration ionique globale et la
concentration cytoplasmique des sucres solubles des parties aériennes de
Suaeda fruticosa. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800 mM).
Suaeda maritima, Yeo (1981) a montré que Na+ est séquestré dans la vacuole et
s'échange difficilement à travers le tonoplaste, contrairement à K+. Cette propriété se
manifeste davantage dans les cellules foliaires que celles des racines. Nos résultats
suggèrent que dans des conditions de forte salinité (800 mM NaCl), les systèmes
impliqués dans la compartimentation vacuolaire de Na+ semblent perdre de leur
efficacité conduisant à une accumulation apoplasmique de ce cation et une perte de
l'eau cellulaire. D'ailleurs, le dessèchement de 40 % des plantes à cette dose de sel
pourrait résulter l'effet osmotique du sel.
On voit que les cultures conduites sur milieu à 300 mM NaCl produisent
nettement plus de matière sèche que leurs homologues cultivés à 400 mM NaCl;
avec, cependant, les niveaux d'accumulation de Na+ similaires chez les deux types de
cultures (cf. Fig. 3.4). Ceci indique que la réduction de la croissance observée à 400
mM ne peut pas résulter de l'accumulation foliaire de Na+. Il apparaît ainsi que dans
une gamme de concentration saline n'excédant pas 400 mM, les effets toxiques de
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 86
Na+ sont très peu probables chez Suaeda fruticosa. Chez les plantes cultivées à 800
mM NaCl, les faibles niveaux de croissance sont associés à une forte teneur des
parties aériennes en Na+.
Le même résultat est obtenu quand on analyse les variations de la croissance de la
plante entière avec la charge des parties aériennes en Cl- (Fig. 3.11 B). Comme la forte
accumulation de Na+ (et de Cl-) chez les plantes soumises à 800 mM est associée à
une réduction importante de la croissance et à un dessèchement de 40 % des plantes,
on pourrait diagnostiquer un effet toxique du sel dans ce cas.
L'effet toxique du sel, résultant d'une défaillance des systèmes de
compartimentation, s'exerce sur plusieurs fonctions dont principalement la
photosynthèse qui la voie de la production de biomasse (Downton, 1977). Chez les
glycophytes en C 3 , la salinité réduit la photosynthèse en provoquant la fermeture
des stomates (Hasson et al., 1983), en diminuant le pool de la Ribulose 1-5-
biphosphate carboxylase (Seemann et Sharkey, 1986) et son activité (Miteva et al.,
1992; Haouala, 1999), en induisant un feed-back négatif sur le métabolisme carboné
comme conséquence de la réduction de la croissance (Seemann et Critchley, 1985) et
probablement en combinant tous ces facteurs (Cramer et al., 1990). Chez de jeunes
plants d'une halophyte monocotylédone (Sporobolus virginicus, Poaceae), l'assimilation
du dioxyde de carbone dépend de la salinité du milieu de culture (Naidoo et al.,
1995). En condition de salinité modérée (0 à 100 mM), l'assimilation de CO 2
augmente probablement en raison d'une amélioration du statut hydrique des parties
aériennes ayant pour conséquence une augmentation de la conductance des stomates
et de la concentration interne du CO 2 . Aux fortes doses de sel (400 mM NaCl), la
capacité photosynthétique intrinsèque est réduite par une limitation des échanges
gazeux et une diminution de l'efficience quantique estimée par la fluorescence
chlorophyllienne. Chez Aster tripolium, l'augmentation de la concentration foliaire en
sel conduit à une fermeture des stomates (Perera et al., 1994). Les données relatives à
cette plante montrent que lorsque sa capacité à compartimenter Na+ dans les
vacuoles est dépassée, la concentration apoplasmique de Na+ augmente autour des
cellules de garde conduisant à une fermeture partielle des stomates, une réduction
de la transpiration ayant pour conséquence une amélioration de l'efficacité
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 87
d'utilisation de l'eau et une restriction du flux xylémique de sel vers les feuilles.
D'autres données montrent que la capacité photosynthétique des halophytes est
fortement tributaire de leur aptitude à compartimenter Na+ et Cl-. Analysant la
distribution de Cl- dans les cellules de Salicornia pacifica var. utahensis, Hess et al.
(1975) ont mis en évidence deux niveaux de compartimentation de cet anion dans les
organes photosynthétiques de cette halophyte, le premier est intercellulaire et le
second est intracellulaire: d'une part, Cl- est beaucoup plus abondant dans les
cellules épidermiques que dans les cellules palissadiques, d'autre part, dans ces
cellules, Cl- est présent dans les compartiments cytoplasmique et vacuolaire alors
qu'il est très peu représenté dans les chloroplastes.
Chez Suaeda fruticosa, il est possible que ses faibles potentialités de croissance à
800 mM NaCl soient dues à une forte réduction de la photosynthèse induite par
l'accumulation de Na+ et de Cl- dans des compartiments cellulaires autres que la
vacuole.
Nous avons déduit, d'après le tableau 3.4, que le sel réduit le prélèvement de K+,
Ca2+ et Mg2+ et modifie leur répartition entre les organes. L'objectif de ce paragraphe
serait d'identifier les paramètres impliqués dans ces perturbations nutritionnelles.
Nous avons estimé, pour chacun des nutriments, la sélectivité d'absorption et les
efficacités d'absorption et d'utilisation.
Sélectivité d'absorption
Le rapport K+ / Na+ est toujours plus élevé dans les racines que dans les parties
aériennes (Tab. 3.7). Ce résultat s'explique par le fait que ces derniers organes
accumulent plus de Na+ et moins de K+. Le sel réduit systématiquement ce
paramètre dans les deux types d'organes. Cependant, le rapport est 3 à 8 fois plus
élevé dans les tissus que dans le milieu de culture. Ceci traduit une absorption et une
accumulation sélectives de K+ par rapport à Na+. Comparées à d'autres travaux, le
rapport Na+ / K+, dans les parties aériennes et les racines de Spergularia marina, varie
respectivement de 0.01 et 0.05 en absence du sel à 1.1 et 2.1 en présence d'une eau de
mer diluée à 40 % (Cheeseman et al., 1985).
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 88
La même analyse conduite avec Ca2+ et Mg2+ montrent que Suaeda fruticosa
conserve également une absorption sélective de ces cations en dépit de l'abondance
de NaCl dans le milieu de culture. La sélectivité vis-à-vis des cations (K+, Ca2+ et
Mg2+) est fortement affectée à 800 mM NaCl. Cette rupture du barrage sélectif
conduit à un envahissement des tissus par Na+.
Tableau 3.7. Comparaison des rapports K+ / Na+, Ca2+ / Na+ et Mg2+ / Na+
dans les parties aériennes et les racines de Suaeda fruticosa à ceux du milieu de
culture. Ces rapports sont déterminés sur la base des concentrations de ces
nutriments dans les tissus. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions pour 800
mM). Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
NaCl, mM
-------------------------------------------------------------------
0 300 400 800
d'absorption de K+ était nettement plus élevée que celle des autres cations bivalents.
Cependant, l'absorption de K+ diminue de manière régulière avec la salinité du
milieu de culture pour s'annuler complètement chez les plantes soumises à 800 mM
NaCl. Ce résultat suggère que NaCl affecte particulièrement les systèmes
d'absorption de K+. Nous avons vu dans l'analyse bibliographique que l'absorption
de K+ est réalisée par deux systèmes, le premier doté d'une grande affinité pour K+
assurerait une alimentation potassique de base même en présence de forte salinité
alors que le second contrôle l'absorption de K+ à des concentrations externes élevées
en potassium et présente une plus grande sensibilité à Na+ comparativement au
premier système. Nos résultats suggèrent que pour une salinité aussi élevée que 800
mM NaCl, les deux systèmes sont complètement bloqués, et il est possible que
certaines plantes ont tendance à perdre K+ dans le milieu de culture.
80
Potassium
Calcium
60 Magnésium
Efficacité d’absorption,
méq . g –1 MS racines
40
20
Suaeda fruticosa conserve une capacité très limitée à prélever Ca2+ et de Mg2+ à 800
mM NaCl. Néanmoins, l'absorption de ces deux cations n'est affectée de manière
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 90
D'ailleurs, la figure 3.13, qui met en relation la croissance de la plante entière avec
les prélèvements des éléments minéraux, montre que le coefficient de corrélation est
nettement plus élevé pour Mg2+ et Ca2+ que pour K+. Toutefois, les corrélations sont
très hautement significatives pour les trois nutriments.
Racines Potassium
Calcium
Efficacité d'utilisation, g MS . méq –1 Nutriments
Magnésium
Azote
0
Parties aériennes
0
Témoin 300 400 800
NaCl, mM
Figure 3.14. Variations de l'efficacité d'utilisation des nutriments (K+, Ca2+,
Mg2+ et N) pour la croissance des racines et des parties aériennes chez Suaeda
fruticosa en fonction de la salinité du milieu de culture. Ce paramètre est
estimé en ramenant la MS produite par les organes aux quantités de
nutriments qui leur sont allouées. Moyennes de 10 répétitions (6 répétitions
pour 800 mM). Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 92
Ce résultat est lié au fait qu'en condition non limitante en potassium, la majeure
partie du nutriment est accumulée dans la vacuole pour maintenir le potentiel
osmotique et la turgescence cellulaire. De ce fait, elle n'est pas directement impliquée
dans la production de matière sèche. L'apport de sel au milieu de culture conduit à
une augmentation de l'efficacité d'utilisation de K+ et de Ca2+ et à un degré nettement
moindre, de Mg2+. Cette propriété s'exprime davantage dans les parties aériennes
que dans les racines. Par contre, le sel ne semble pas modifier significativement
l'efficacité d'utilisation de l'azote. Toutefois, nos résultats montrent que l'assimilation
de l'azote (Tab. 3.6) est plus sensible au NaCl que la croissance (Tab.3.2). Cette
situation résulterait d'une diminution de l'absorption des nitrates liée à
l'antagonisme Cl- / NO 3 - ou encore à une diminution de la disponibilité des
squelettes carbonés destinés à l'incorporation de l'azote réduit. En effet, il a été
montré que l'inhibition de la photosynthèse chez les plantes soumises au sel, d'une
part, et l'augmentation de leur respiration de maintien, d'autre part, conduit à une
diminution des squelettes carbonés ayant pour conséquence une inhibition de la
réduction de NO 3 - ainsi que de son absorption par les racines (Gale et Zeroni, 1985;
Bouma et De Visser, 1993).
L'amélioration de l'efficience d'utilisation de K+ traduit la capacité des plantes à
utiliser Na+ essentiellement pour l'ajustement osmotique et à réserver K+ pour les
fonctions qui exigent spécifiquement ce cation, comme le maintien d'un
environnement ionique convenable pour le déroulement des processus métaboliques
au niveau du cytoplasme (Harvey et al., 1981; Flowers et Läuchli, 1983). Elle pourrait
également résulter d'une capacité des plantes à remobiliser ce cation à partir des
organes sénescents vers les organes jeunes en pleine activité de croissance (Hommels
et al., 1989). En accord avec les travaux de Clarkson et Hanson (1980), nos résultats
suggèrent qu'au moins dans la gamme de concentration saline comprise entre 0 et
400 mM NaCl, le sodium tissulaire est utilisé dans l'ajustement osmotique à la place
de K+). L'économie d'utilisation de K+ a été observé aussi bien chez des glycophytes
comme la lentille (Lachâal, 1992) et les espèces spontanées de Medicago (Abdelly et
al., 1996) que des halophytes telles que Spergularia marina (Cheeseman et Wickens,
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 93
1986), Atriplex gmelini (Matoh et al., 1987) ou encore Halosarcia pergranulata subp.
pergranulata (Short et Colmer, 1999).
Ca2+ entre dans la constitution des parois et contribue au maintien de l'intégrité
des membranes cellulaires. La présence de sel dans le milieu de culture réduit son
transport vers les parties aériennes. En effet, les racines sont agressées en
permanence par du sel, ainsi le blocage du calcium au niveau des racines justifie son
rôle protecteur. Cependant, cette restriction du transport de Ca2+ vers les organes
photosynthétiques ne semble pas nuire au bon développement de Suaeda fruticosa
cultivée sur des salinités n'excédant pas 400 mM NaCl. Ce comportement décrit par
Caines et Shennan (1999) traduit l'aptitude de cette espèce à conserver son activité de
croissance avec des teneurs faibles en Ca2+.
5. CONCLUSION
(ii) L'effet toxique du sel ne s'installe que dans des conditions de salinité
sévère (800 mM NaCl). À des salinités plus faibles, la compartimentation
efficace de Na+ d'une part et l'enrichissement des parties aériennes en eau
d'autre part (succulence) protègent les parties vitales de la plante contre les
effets délétères de Na+ et de Cl-.
(iii) La réduction de la croissance observée à partir de 400 mM résulterait
très probablement d'une diminution de la performance des systèmes
d'absorption de K+, Ca2+ et Mg2+. Néanmoins, cet effet est en partie
compensé par une utilisation plus économique de ces nutriments pour la
croissance.
(iv) La rupture du barrage sélectif de l'absorption des cations aux dépens de
Na+ ne se produit qu'à 800 mM NaCl.
En résumé, la tolérance au sel de Suaeda fruticosa repose sur une croissance rapide
et une forte aptitude à transporter le sel vers les parties aériennes et à le
compartimenter dans les vacuoles, condition favorable pour maintenir l'hypertonie
des cellules et entretenir leur alimentation hydrique. Comme elle est basée sur la
capacité de la plante à ajuster le potentiel osmotique de ses cellules à celui du milieu,
cette stratégie est dite osmotique (Fig. 3.15).
Chez Suaeda fruticosa, la stratégie osmotique est basée sur une forte capacité
d'absorption racinaire des éléments minéraux pour soutenir une croissance rapide.
Ceci est conforme au comportement de la plante dans son biotope naturel. En effet,
la croissance végétative de cette Chenopodiaceae pérenne est limitée à 5 mois de
l'année (mars-juillet). Cette période est caractérisé par une meilleure disponibilité des
éléments minéraux dans la solution des sols halomorphes.
Chapitre III. PHYSIOLOGIE DE LA REPONSE AU SEL CHEZ Suaeda fruticosa ........................................................ 95
Vacuole
3
Cellules Na+
foliaires
Cytoplasme
Na+
Phloème
Xylème
2
Cellules
racinaires
Na +
MILIEU
1
K + , Na + , Cl -, Ca 2+ NO 3 -, ...
Figure 3.15. Représentation schématique des principales composantes de la
stratégie osmotique adoptée par les halophytes dicotylédones (comme Suaeda
fruticosa). (1) forte capacité d'absorption racinaires, (2) allocation préférentielle
de Na+ aux parties aériennes (prédominance de la conduction ascendante de
Na+ sur la conduction descendante) et (3) compartimentation vacuolaire de
Na+.
CHAPITRE IV
RESUME
1. INTRODUCTION
2. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
Les jeunes plants de Spartina alterniflora ont été obtenus par bouturage: des unités
feuillées de rhizome, de 5 à 10 cm de long, prélevées sur des plantes mères sont mises
à enraciner individuellement dans des pots en plastique remplis de sable inerte
préalablement lavé. Les plantules enracinées (au bout de 1 mois environ) sont
irriguées 3 fois par semaines (toutes les 48 heures): les deux premières irrigations
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora ................................................ 98
sont réalisées à l'eau de ville, la troisième avec la solution nutritive (Hewitt, 1966)
préparée dans l'eau de ville de la région de Soliman. Cette solution nutritive contient
également du fer sous forme de complexe EDTA-K-Fe (Jacobson, 1951) et les
principaux oligo-éléments sous forme de mélange de sels: MnCl 2 ; CuSO 4 , 5H 2 O;
Concentrations
Sulfate Mg 3.375
Mono-K 1.600
Phosphates
Bi-K 0.300
Macro-éléments
K 5.850
(mM)
Nitrates Ca 8.000
NH 4 2.125
Chlorure Na 10.20
Fe 3.00
Mn 0.50
Cu 0.04
Oligo-éléments (ppm)
Zn 0.05
B 0.50
Mo 0.02
Les cultures sont conduites, sous serre vitrée, souvent à la fin du printemps et au
début de l'été. Des observations préliminaires nous ont montré que cette période de
l'année est la plus favorable pour la croissance de cette plante. La photopériode est de
13 à 14 heures. La température et l'humidité relative moyenne sont respectivement 30
± 5 °C, 50 ± 5 % le jour, et 20 ± 5 °C, 75 ± 5 % la nuit.
Après une phase de prétraitement de 57 jours, une première récolte est réalisée
puis les pots sont répartis en 5 lots homogènes de 10 plantes chacun. Les irrigations
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora ................................................ 99
sont alors réalisées avec la solution nutritive additionnée de différentes doses de sel:
0, 100, 300, 400 et 800 mM NaCl. Au bout de 100 jours de traitements, les plantes sont
séparées en rhizomes feuillés d'une part et en racines d'autre part (récolte finale).
Pour une raison de commodité, l'ensemble des feuilles et du rhizome sera qualifié de
parties aériennes. Le protocole expérimental est schématisé dans la figure 4.1.
NaCl, 100 mM
3
NaCl, 400 mM
3
NaCl, 800 mM
3
Prétraitement Traitements
0 57 157
Jours
Figure 4.1. Protocole expérimental.
Témoin: solution nutritive de base préparée dans l'eau de ville.
1. Bouturage: Des unités feuillées prélevées sur les rhizomes des plantes mères
sont mises à enraciner sur sable inerte irrigué par la solution nutritive.
2. Récolte de départ et début du traitement: 0, 100, 300, 400 et 800 mM NaCl.
3. Récolte finale: les plantes sont séparées en rhizomes feuillés et en racines.
3. RESULTATS
La photo 4.1 illustre l'aspect des plantes de Spartina alterniflora au bout de 100 jours
de traitement. On doit noter au départ qu'en dépit du volume relativement limité des
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 100
Photo 4.1. Spartina alterniflora après 100 jours de traitement. La culture est
réalisée sur sable inerte. Les irrigations sont faites par la solution nutritive
additionnée de différentes doses de NaCl: 0, 100, 300, 400 et 800 mM.
alterniflora est capable de maintenir une activité de croissance pour toutes les
concentrations salines utilisées, et que la présence d'une dose modérée de sel (100
mM) semble indispensable pour l'expression des potentialités maximales de
croissance de cette plante (Fig. 4.2).
Figure 4.2. Production de matière sèche (MS) des parties aériennes et des
racines de Spartina alterniflora avant (TD) et après le traitement salin. Les
chiffres portés sur l'histogramme indiquent les rapports de matière sèche
R / PA. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
NaCl, mM
-------------------------------------------------------------------
100 300 400 800
Par comparaison à Suaeda fruticosa qui produit 2 à 4 g MS.plante-1 (cf. Fig. 3.2),
Spartina alterniflora montre une production de biomasse nettement plus importante, 5
à 10 g MS.plante-1. Cependant, on ne peut pas en déduire une meilleure croissance
chez la seconde espèce puisque la durée des traitements et la vigueur des plantes lors
de l'application du sel sont différentes. Pour ces raisons, nous avons choisi de
comparer les deux espèces sur la base de la croissance moyenne relative (Tab. 4.3).
20
Suaeda fruticosa
Spartina alterniflora
0
ISCMR, plantes entières
-20
-40
-60
-80
-100
100 300 400 800
NaCl, mM
Figure 4.3. Variations de l'indice de sensibilité de la plante entière en fonction
de la salinité des solutions d'irrigation chez Spartina alterniflora et Suaeda
fruticosa. IS est estimé sur la base de la croissance moyenne relative. Moyennes
de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
diminuent significativement dans les deux types d'organes. À 800 mM NaCl, elles ne
représentent qu'environ 50 % de leur valeur maximale.
Figure 4.4. Effet du sel sur la teneur en eau des parties aériennes et des racines
de Spartina alterniflora à la récolte finale. Moyennes de 10 répétitions.
Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Les plantes de Spartina alterniflora sécrètent du sel par leurs parties aériennes.
Cette particularité sera analysée ultérieurement (chapitre V). Les sels accumulés à la
surface des feuilles ont été éliminés par trois lavages successifs des organes dans de
l'eau distillée pré- refroidie. Les analyses ont donc porté dans ce chapitre sur les
éléments accumulés à l'intérieur des tissus.
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 106
Les plantes cultivées en présence de sel accumulent Na+ et Cl- dans leurs parties
aériennes et leurs racines (Fig. 4.5). Néanmoins, les niveaux d'accumulation sont
relativement faibles et ne dépassent guère 1.2 et 2 mmol.g-1 MS respectivement pour
Na+ et Cl-. Alors que dans les parties aériennes de Suaeda fruticosa, les teneurs de ces
deux ions augmentent régulièrement avec la salinité du milieu de culture pouvant
atteindre 10 mmol.g-1 MS (Fig. 3.4). Cependant, Spartina alterniflora accumule plus de
Cl- et de Na+ dans ses racines que dans ses parties aériennes, contrairement aux
halophytes inclusives, comme Suaeda fruticosa, ou aux glycophytes tolérantes.
Indépendamment des organes, la teneur en Cl- dépasse toujours celle de Na+.
2,5
2,0
mmol . g –1 MS
1,5
1,0
0,5
0
Témoin 100 300 400 800
NaCl, mM
Figure 4.5. Variations des teneurs en sodium et en chlorures, à la récolte finale,
dans les parties aériennes et les racines de Spartina alterniflora en fonction de la
salinité des solutions d'irrigation. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de
confiance au seuil de 5 %.
Ce comportement annonce une exclusion de Na+ par cette plante. Par ailleurs,
l'examen des variations des teneurs en Na+ et de Cl- avec la salinité du milieu de
culture montre que les teneurs maximales sont atteintes chez les plantes cultivées à
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 107
NaCl, mM
-----------------------------------------------------------------
0 100 300 400 800
retenir une fraction non négligeable de ces ions au niveau de son système
racinaire.
(ii) La vitesse d'absorption de Na+ est en moyenne 20 à 25 fois plus faible que
celle de Suaeda fruticosa. Cependant, il serait important de noter que les
valeurs de la vitesse d'absorption chez Spartina alterniflora sont sous estimées
puisque seules les quantités de Na+ accumulées dans les organes sont prises
en considération. Par ailleurs, Bradley et Morris (1991 a) ont montré, chez la
même espèce, que les quantités de sel éliminées par sécrétion foliaire et
exclusion racinaire représentent en moyenne 95 % des prélèvements totaux.
Dans ces conditions, on doit multiplier d'un facteur 20 la vitesse d'absorption
de Na+. En apportant ces corrections, J Na+ devient du même ordre de
grandeur chez les deux halophytes. Il apparaît, ainsi, que les faibles teneurs
en Na+ dans les parties aériennes de Spartina alterniflora ne résultent pas
d'une plus forte aptitude de cette espèce à contrôler l'absorption de Na+ par
les racines.
Figure 4.6. Variations des teneurs en K+, Ca2+ et Mg2+, à la récolte finale, dans
les parties aériennes et les racines de Spartina alterniflora en fonction de la
salinité des solutions d'irrigation. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de
confiance au seuil de 5 %.
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 110
NaCl, mM
----------------------------------------------------------------------------
Témoin 100 300 400 800
J MR
K+ 77245 6464 2464 1461 - 171
Ca2+ 2341 1713 754 526 104
Mg2+ 1727 1409 565 304 14
Nutriments PA (en % du J MR )
K+ 89 86 83 80 85
Ca2+ 86 88 86 83 83
Mg 2+ 81 74 70 67 71
IS Parties aériennes
K+ - 16 - 64 - 76 - 92
Ca2+ - 24 - 62 - 72 - 88
Mg2+ - 22 - 67 - 79 - 91
IS racines
K+ -6 - 33 - 42 - 87
Ca2+ - 26 - 61 - 65 - 84
Mg2+ 12 - 27 - 49 - 81
IS Plante entière
K+ - 15 - 61 - 72 - 91
Ca2+ - 25 - 62 - 71 - 88
Mg2+ - 17 - 61 - 74 - 90
l'effet dépressif du sel s'exprime de la même manière pour K+ que pour les
deux cations divalents Ca2+ et Mg2+.
(ii) Les nutritions potassique, calcique ou magnésienne sont plus sensibles au
sel que la croissance de la plante entière. Les indices de sensibilité estimés sur
la base du prélèvement de ces nutriments par la plante sont plus négatifs que
ceux calculés sur la base de la croissance. Ce résultat explique les
diminutions des teneurs observées particulièrement dans les parties
aériennes suggérant une dilution des nutriments par la croissance.
(iii) Au niveau de la plante entière, le prélèvement des trois cations est
affecté de la même manière. Cependant, les indices relatifs à l'allocation de
K+ et de Mg2+ sont plus négatifs dans les parties aériennes que dans les
racines. Ce résultat indique une allocation préférentielle de K+ et de Mg2+ aux
racines chez les plantes cultivées en présence de sel. D'ailleurs, on remarque
une diminution de la part des parties aériennes en K+ et particulièrement en
Mg2+ chez ces plantes. Pour le calcium, ce phénomène n'apparaît que pour
les fortes doses de sel, 400 et 800 mM.
À la lumière de ces résultats, il apparaît que le sel réduit le prélèvement de K+, de
Ca2+ et de Mg2+. Le transport de ces nutriments (particulièrement K+ et Mg2+) vers les
parties aériennes semble également être affecté. Globalement, ce comportement
rappelle celui de Suaeda fruticosa (cf. Tab. 3.5). Néanmoins, cette halophyte
dicotylédone se distingue par:
(i) Des teneurs élevées en K+, Ca2+ et Mg2+ particulièrement en l'absence du
sel.
(ii) Une plus grande sensibilité de sa nutrition potassique, indépendamment
de la concentration saline dans le milieu de culture.
(iii) Une plus forte restriction de son alimentation en cation divalent (Ca2+ et
Mg2+) pour les fortes doses de NaCl (400 et 800 mM).
(iv) Une plus grande aptitude à transporter Mg2+ vers les parties aériennes en
condition de salinité sévère (400 et 800 mM NaCl).
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 112
3.4.3. Azote
Figure 4.7. Variations des teneurs en Nréd. des parties aériennes et des racines
de Spartina alterniflora en fonction de la salinité des solutions d'irrigation.
Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
NaCl, mM
-------------------------------------------------------------------
100 300 400 800
Parties aériennes 4 - 35 - 50 - 76
Racines 6 - 41 - 46 - 78
Plantes entières 4 - 36 - 49 - 76
3.4.4. Phosphore
À part une légère baisse de la teneur dans les racines des plantes cultivées à
400 mM NaCl, le phosphore inorganique (Pi) n'accuse pas de modifications
significatives sous l'effet du sel (Fig. 4.8). Le maintien de Pi à des niveaux constants
suggère un équilibre entre l'absorption de ce nutriment et son utilisation pour la
croissance chez Spartina alterniflora. Cette capacité de maintenir une alimentation
phosphatée équilibrée en présence de sel est moins évidente chez Suaeda fruticosa.
Chez cette dernière, qui est plus riche en Pi accumulé préférentiellement dans ses
racines, on a observé une diminution significative de la teneur en Pi dans ses parties
aériennes et dans ses racines particulièrement à 800 mM NaCl.
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 114
Figure 4.8. Variations des teneurs en Pi des parties aériennes et des racines de
Spartina alterniflora en fonction de la salinité des solutions d'irrigation.
Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Figure 4.9. Variations des teneurs en sucres solubles des parties aériennes et
des racines de Spartina alterniflora en fonction de la salinité des solutions
d'irrigation. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de
5 %.
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 115
La figure 4.9 montre que la teneur des tissus en sucres solubles augmente
régulièrement avec la salinité des solutions d'irrigation. Cette propriété apparaît
d'une manière spectaculaire dans les parties aériennes: les teneurs sont au moins 5
fois plus élevées chez les plantes soumises à 800 mM NaCl que leurs homologues
cultivés en absence de sel.
4. DISCUSSION
et 450 mM NaCl (Rozema et Van Diggelen, 1991). Des résultats comparables sont
observés chez Puccinellia maritima. Cependant, chez Aster tripolium et Elymus
pycnantus, halophytes moins tolérantes au sel, la CMR est de l'ordre de 0.09 jour-1 à
150 mM NaCl mais diminue à 0.01 jour-1 à 450 mM NaCl (Rozema et Van Diggelen,
1991). Comparées à ces halophytes, Spartina alterniflora montre une plus faible activité
de croissance en condition optimale de salinité. Néanmoins, elle se distingue par une
meilleure aptitude à conserver ses potentialités de croissance en condition de salinité
sévère.
L'aptitude des plantes à croître en milieu salin est fortement tributaire de leur
capacité à maintenir la turgescence de leurs parties aériennes et l'expansion de leurs
organes photosynthétiques. Ainsi, il a été démontré dans plusieurs études que
l'activité de croissance dépend davantage de la surface foliaire que de la capacité
photosynthétique intrinsèque. De ce fait, certaines études attribuent la réduction de
la croissance par le sel à une diminution de l'expansion des feuilles plutôt qu'à une
baisse de leur activité photosynthétique (estimée par l'ANSF), aussi bien chez des
glycophytes (Curtis et Läuchli, 1986) que chez des halophytes (Shennan et al., 1987).
Dans une étude comparative de la tolérance au sel d'une plante fourragère (Beta
vulgaris ssp. vulgaris) et son ancêtre Beta vulgaris spp. maritima, la CMR diminue de 20
à 30 % quand la salinité du milieu de culture atteint 400 mM NaCl (Rozema et Van
Diggelen, 1991). Dans ces conditions de culture, la surface foliaire massique (SFM =
surface foliaire / matière sèche), diminue d'environ 35 % chez les deux espèces alors
que l'assimilation nette par unité de surface foliaire n'est pas affectée. La réduction de
la SFM est associée à une diminution marquée de la surface foliaire et à une
augmentation de la succulence des feuilles. Plusieurs autres études démontrent que
la réduction de la croissance par le stress salin est liée à une réduction de l'élongation
foliaire à travers des effets osmotiques diminuant la turgescence des cellules et
l'expansion des tissus (Papp et al., 1983; Rawson et al., 1988; Thiel et al., 1988; Rozema,
1991). Pour rechercher le paramètre le plus impliqué dans la réduction de croissance
de Spartina alterniflora en milieu salé, nous avons mis en relation la croissance
moyenne relative des plantes avec la surface de leurs feuilles (Fig. 4.10 A) ou avec
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 117
l'assimilation nette par unité de surface foliaire (ANSF) (Fig. 4.10 B). Ce paramètre
permet d'évaluer, selon Hunt (1990), la performance photosynthétique des feuilles.
On voit que la CMR est fortement corrélée (p = 0.001) à l'expansion de la feuille ainsi
qu'à l'assimilation nette par unité de surface foliaire. Les plantes soumises aux fortes
doses salines présentent les surfaces foliaires les plus basses ainsi que les capacités
assimilatrices les plus limitées.
Nos résultats suggèrent que la réduction de la CMR, due à NaCl, n'est pas liée
uniquement à une diminution de l'élongation foliaire, comme le montrent les études
présentées en début de ce paragraphe, mais également à une inhibition de l'activité
photosynthétique des feuilles. Akita et Cabuslay (1990) ont montré que les réductions
de la CMR en condition de salinité sont attribuables aux diminutions de l'ANSF et de
la SFM, sans quantifier les contributions de chacun des deux paramètres. Comparant
les réponses physiologiques au sel de quatre halophytes (Aster tripolium, Spartina
anglica, Puccinellia maritima et Elymus pycnanthus), Rozema et Van Diggelen (1991) ont
observé une réduction de la croissance et de la photosynthèse nette à des salinités
comprises entre 300 et 450 mM chez les trois premières espèces et uniquement à
150 mM chez la dernière. Néanmoins, l'inhibition de la photosynthèse nette par la
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 118
salinité n'est pas la cause principale de la réduction de la croissance observée chez les
quatre halophytes. Par contre, chez l'orge, la baisse de la CMR est due
principalement à une forte réduction de l'ANSF (Cramer et al., 1990). L'ANSF
implique deux processus physiologiques: la photosynthèse et la respiration. La
diminution de l'ANSF peut être attribuée à une diminution de la photosynthèse
et / ou à une augmentation de la respiration de maintenance. En effet, la survie sur
milieu salé implique plusieurs processus consommateurs d'énergie. À titre
d'exemple, Schwarz et Gale (1983) ont montré qu'en présence de sel, les valeurs de la
respiration de maintenance sont multipliées par un facteur de 3 chez une glycophyte
(Xanthium strumarium).
En résumé, nos résultats montrent que le sel restreint la production de biomasse chez
Spartina alterniflora par des effets osmotiques limitant l'élongation foliaire et réduisant la
surface assimilatrice, et par des effets toxiques affectant les performances photosynthétiques de
la surface foliaire résiduelle. Ce type d'effet du sel est bien illustré par une corrélation
négative et très hautement significative entre la teneur foliaire en Na+ et la croissance de la
plante entière (Fig. 4.11).
r = 0,952 ***
100 mM
10,0
MS, g . plante -1
7,0
300 mM
400 mM
4,0
800 mM
1,0
0,8 1,0 1,2 1,4
Na+, mmol . g –1 MS parties aériennes
tissus n'est pas compartimentée dans les vacuoles conduisant à une perte d'eau
cellulaire. Ce comportement est confirmé davantage sur la figure 4.13 qui met en
relation l'hydratation des parties aériennes avec leur contenu ionique. Il apparaît des
corrélations très hautement significatives entre la teneur en eau et celle de K+
(Fig. 4.13 A) et de Na+ (Fig. 4.13 B). En effet, les parties aériennes les plus riches en
eau sont celles qui présentent les plus fortes teneurs en K+ et les charges les plus
faibles en Na+, et inversement.
Figure 4.13. Relations entre la teneur moyenne en eau et les teneurs en K+ (A)
ou en Na+ (B) dans les parties aériennes de Spartina alterniflora. Moyennes de
10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Outre les solutés inorganiques, l'osmorégulation peut être assurée par les
carbohydrates solubles particulièrement chez des Poaceae soumises au stress salin
(Premachandra et al., 1992; Kameli et Lösel, 1995). À titre d'exemple, il a été montré
que le glucose et le saccharose jouent le rôle d'osmoticum respectivement dans les
feuilles jeunes et âgées de Spartina alterniflora (Colmer et al., 1996).
Nos résultats ont montré une forte accumulation des sucres solubles dans les
parties aériennes de Spartina alterniflora cultivée en présence de sel. Pour vérifier si
ces composés sont impliqués dans l'osmorégulation, nous avons comparé la
concentration ionique globale à celles des sucres solubles (Fig. 4.14), en supposant
que Na+ et K+ sont exclusivement séquestrés dans les vacuoles alors que les
carbohydrates solubles sont accumulés dans le cytoplasme (Lachâal et al., 1995).
Sucres solubles
Concentration ionique globale
4,0
Concentration, M
3,0
2,0
1,0
0
Témoin 100 300 400 800
NaCl, mM
Tableau 4.8. Comparaison des rapports K+ / Na+, Ca2+ / Na+ et Mg2+ / Na+
dans les parties aériennes et les racines de Spartina alterniflora à ceux des
solutions d'irrigation. Ces rapports sont déterminés sur la base des
concentrations de ces nutriments dans les tissus. Moyennes de 10 répétitions.
Intervalles de confiance au seuil de 5%.
NaCl, mM
--------------------------------------------------------------------
Témoin 100 300 400 800
Potassium
35 Calcium
Magnésium
Efficacité d’absorption
méq . g –1 MS racines
Azote réduit
25
15
-5
Témoin 100 300 400 800
NaCl, mM
Figure 4.15. Variations de l'efficacité d'absorption des éléments (K+, Ca2+, Mg2+
et N) chez Spartina alterniflora en fonction de la salinité des solutions
d'irrigation. Ce paramètre est déterminé en ramenant les prélèvements totaux
à la masse moyenne du système racinaire. Moyennes de 10 répétitions.
Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 125
Figure 4.16. Effet du sel sur le flux (J MR ) et l'efficacité d'absorption de K+, Ca2+,
Mg2+ et N chez Spartina alterniflora. Les résultats sont exprimés en % du
témoin. Moyennes de 10 répétitions.
qu'à 100 mM NaCl, les valeurs relatives des prélèvements totaux (J MR ) dépassent
celles de l'efficacité d'absorption et ceci pour tous les ions étudiés (Fig. 4.16). Ce
résultat s'explique par le fait qu'à cette salinité, la diminution des prélèvements liée à
la baisse de la performance des systèmes racinaires est, en partie, compensée par une
stimulation de la croissance des racines. Nous avons vu en début de ce chapitre
(Tab. 4.2) qu'une dose de 100 mM NaCl stimule davantage la croissance des racines
que celle des parties aériennes. Pour les autres doses de sel, les prélèvements totaux
sont ramenés à des niveaux généralement plus bas que ceux de l'efficacité
d'absorption indiquant que la diminution des prélèvements des éléments résulte à la
fois d'une baisse de la performance des systèmes d'absorption et d'une diminution de
la croissance des racines.
12,0 12,0
MS, g . plante -1
100 mM 100 mM
9,0 9,0
Témoin Témoin
6,0 6,0
300 mM 300 mM
400 mM 400 mM
3,0 3,0
800 mM 800 mM
r = 0.946 *** r = 0.907 ***
0 0
3,0 6,0 9,0 12,0 0 0,5 1,0 1,5
K+, mmol . plante -1 Ca2+, mmol . plante -1
12,0 12,0
MS, g . plante -1
100 mM 100 mM
Témoin 9,0
9,0
Témoin
6,0 6,0
300 mM 300 mM
400 mM 400 mM
3,0 3,0
12,0 12,0
100 mM 100 mM
Témoin Témoin
MS, g . plante -1
9,0 9,0
300 mM 300 mM
6,0 6,0
400 mM 400 mM
r = 0.815 ** r = 0.731 *
0
0 0,3 0,6 0,9 1,2 0 0,05 0,10 0,15
K+, mmol . g –1 MS Ca2+, mmol . g –1 MS
12,0 12,0
100 mM 100 mM
Témoin
MS, g . plante -1
9,0 9,0
Témoin
300 mM 300 mM
6,0 6,0
400 mM
400 mM
3,0 800 mM 3,0
800 mM
r = 0.797 ** r = 0.644 *
0 0
0,05 0,10 0,15 0,4 0,8 1,2 1,6 2,0
Mg2+, mmol . g –1 MS Nréd., mmol . g –1 MS
15 Potassium
Calcium
Magnésium
g MS . méq –1 Nutriments
Efficacité d’utilisation,
Azote réduit
10
0
Témoin 100 300 400 800
NaCl, mM
clairement que le sel soumet les plantes à des effets nutritionnels se traduisant
essentiellement par une limitation du prélèvement de K+, Ca2+ et Mg2+ partiellement
compensée par une utilisation parcimonieuse des éléments. Nos résultats sont en
accord avec ceux de Bradley et Morris (1991 a) qui ont mis en évidence une inhibition
de l'absorption du potassium en raison d'une compétition entre K+ et Na+ pour les
sites d'absorption et d'une perte de l'intégrité des membranes cellulaires. De même
Parrondo et al. (1981) ont montré que chez Spartina alterniflora et Distichlis spicata,
l'absorption du Rubidium (voie d'absorption similaire à celle de K+) est affectée par
NaCl, CaCl 2 et MgCl 2 . La vitesse d'absorption du Rb est réduite dès la plus faible
dose de NaCl, 10 mM et s'accentue pour les plus fortes doses de sel. Néanmoins,
l'absorption du Rb est rétablie par addition de Ca2+ (2 mM) et non par Mg2+ bien qu'il
soit fourni à une concentration 10 fois plus importante que Ca2+. Cette étude montre
clairement que l'absorption de K+ dépend de l'aptitude des plantes à conserver
l'intégrité de leurs membranes, Mg2+ ne peut pas se substituer à Ca2+ pour cette
fonction.
Nos résultats suggèrent également une baisse des prélèvements de l'azote minéral
et de son assimilation. L'azote a été apporté dans notre milieu de culture sous formes
nitrique et ammoniacale. L'antagonisme Cl- / NO 3 - pourrait contribuer à la
restriction de l'alimentation azotée. Néanmoins, il a été rapporté chez plusieurs
halophytes comme Atriplex triangularis, Atriplex spongiosa, Atriplex vesicaria et Suaeda
maritima que le sel n'affecte ni l'absorption du NO 3 - par les racines, ni son exportation
vers les parties aériennes, même si le rapport Cl- / NO 3 - dépasse 100 (Osmond et al.,
1980). Ces halophytes seraient dotées d'un système d'absorption très efficace leur
assurant une alimentation azotée convenable dans un milieu riche en Cl-. D'autres
études ont montré qu'en condition de forte salinité, l'absorption de NH 4 + chez
Spartina alterniflora est réduite en raison d'une compétition NH 4 + / Na+ pour les
mêmes sites d'absorption (Bradley et Morris, 1991 b).
Chapitre IV. STRATEGIE DE LA TOLERANCE AU SEL CHEZ Spartina alterniflora .............................................. 130
5. CONCLUSION
Cellules
foliaires Vacuole
Na+
Cytoplasme Sécrétion
Na+ 3
Na+
Phloème
Xylème
4 2
Cellules
racinaires
Na+ MILIEU
Exclusion
K+, Ca2+, Na+, 1
NO3-, Cl-…
Figure 4.20. Représentation schématique de la stratégie d'évitement adoptée
par Spartina alterniflora. (1) absorption des ions, (2) transport ascendant des
ions, (3) sécrétion de Na+ et de Cl- et (4) transport descendant de Na+.
CHAPITRE V
RESUME
Les résultats du chapitre précédent montrent que Spartina alterniflora est capable
de maintenir l'accumulation de Na+ et de Cl- à des niveaux relativement bas dans une
gamme étendue de salinité du milieu de culture. Cette caractéristique serait basée
principalement sur la sécrétion foliaire de Na+ et de Cl-. La présente étude a pour
objectif de déterminer la nature et les quantités de sel sécrétées.
Des plantes de Spartina alterniflora, obtenues par bouturage, sont cultivées sur du
sable inerte et irriguées avec une solution nutritive additionnée de différentes doses
de NaCl: 100, 300 et 400 mM. Au bout de 10 jours de traitement, cinq récoltes ont été
régulièrement effectuées tous les 2 jours. Les récoltes ont porté sur des feuilles âgées
et d'autres en pleine activité de croissance. Les ions sécrétés toutes les 48 heures, sont
dissous dans l'eau distillée puis dosés et ramenés à la surface foliaire ou à la masse
de matière sèche correspondante.
Nos résultats montrent que Na+ et Cl- sont les principaux ions sécrétés. La
sécrétion augmente régulièrement avec la salinité des solutions d'irrigation. À
400 mM NaCl, elle s'exprime davantage dans les feuilles supérieures que les feuilles
inférieures. Les quantités de sel sécrétées représentent 60 % des prélèvements de sel
opérés durant les traitements. L'étude met en évidence l'importance de la stratégie
d'évitement pour la protection des tissus contre l'accumulation excessive des ions
Na+ et Cl-.
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 134
1. INTRODUCTION
Nous avons vu dans le chapitre précédent que les niveaux d'accumulation de Na+
et de Cl- dans les tissus de Spartina alterniflora demeurent relativement bas en dépit
de l'abondance du sel dans le milieu de culture. Par ailleurs, nous avons remarqué
que cette espèce présente des cristaux de sel à la surface de ses feuilles quand les
cultures sont conduites en présence de NaCl (Photo 5.1). Ces données suggèrent que
Spartina alterniflora protège ses tissus contre l'accumulation excessive de Na+ et de Cl-
en les sécrétant par ses organes photosynthétiques. Le présent chapitre est consacré à
l'estimation de la sécrétion foliaire du sel et à l'étude de ses variations en fonction de
la salinité du milieu de culture, de l'âge des feuilles et de la nature du fragment
foliaire. Le caractère sélectif de la sécrétion sera évalué en comparant la sécrétion
foliaire de Na+ et de Cl- à celle de K+et de Ca2+.
2. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
Des plantes de Spartina alterniflora, obtenues par bouturage selon les techniques
décrites précédemment (cf. chapitre II, § 2.2) sont cultivées pendant 1 mois sur du
sable inerte, et irriguées avec la solution nutritive de base (phase de prétraitement).
Par la suite, elles sont irriguées avec cette même solution additionnée de différentes
doses de sel: 100, 300 et 400 mM NaCl. Au bout de 10 jours de traitement, cinq
récoltes de feuilles ont été régulièrement effectuées sur 15 plantes à raison d'une
récolte (3 plantes) tous les deux jours (Fig. 5.1).
NaCl, 100 mM
3 4 5 6 7
NaCl, 300 mM
Prétraitement
1 2 3 4 5 6 7
NaCl, 400 mM
3 4 5 6 7
0 30 40 42 44 46 48
Jours
Figure 5.1. Protocole expérimental de mesure de la sécrétion de Na+ et de Cl-.
1. Prétraitement.
2. Répartition des plantes en trois lots et début des traitements.
3, 4, 5, 6 et 7. Récoltes des feuilles à raison de quatre feuilles par plante et par
traitement.
48 heures avant chaque récolte, les feuilles sont préalablement lavées à l'eau
distillée. À chaque récolte, quatre feuilles sont prélevées par plante et par traitement,
deux dans la partie inférieure de la plante correspondant à des feuilles adultes, et les
deux autres au niveau la partie supérieure correspondant à des feuilles jeunes en
pleine activité de croissance. Chaque feuille récoltée est séparée en deux parties (une
partie apicale et une partie basale) qui sont rincées deux fois à l'eau distillée à 0 °C
(2 x 10 ml). L'eau de lavage, 20 ml par échantillon, est conservée au réfrigérateur
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 136
jusqu'au jour du dosage. Les segments foliaires sont par la suite épongés dans du
papier filtre puis leur surface est déterminée au moyen d'un planimètre (Area Meter,
type LI-3000A, LI-COR). La masse de matière fraîche et de matière sèche (au bout
d'une semaine de dessiccation à 60 °C) est déterminée. La figure 5.2 schématise la
méthodologie adoptée.
Figure 5.2. Méthodologie des récoltes et d'estimation de la sécrétion foliaire des ions.
La sécrétion est estimée en ramenant les quantités des ions dosés dans l'eau de
lavage à la masse de matière fraîche ou sèche ou encore à la surface foliaire
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 137
correspondante. L'accumulation des ions à l'intérieur des tissus est déterminée après
extraction des ions à partir des segments de feuilles séchés.
3. RESULTATS
Na+ ET DE Cl-
sécrétion dans le contrôle de l'accumulation de Na+ et de Cl- dans les tissus foliaires
de Spartina alterniflora.
Bien que, les teneurs en Na+ et Cl- soient plus élevées dans les feuilles adultes que
dans les feuilles jeunes, les quantités moyennes de Na+ et Cl- (µmol.plante-1) sont
légèrement plus importantes dans les secondes que dans les premières à 300 et à
400 mM NaCl (Fig. 5.6). Ce résultat est lié à une masse de matière sèche plus élevée
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 141
Nous venons de voir que, globalement, la sécrétion se fait avec la même vitesse
aussi bien dans les feuilles jeunes que dans les feuilles adultes. Cependant, les
différentes parties d'une feuille ne semblent pas contribuer avec la même efficience à
la sécrétion du sel. En effet, l'abondance des cristaux de sel dans les régions basales
par comparaison aux régions apicales suggère une sécrétion de sel plus importante
dans les premières que dans les secondes parties des feuilles. Pour vérifier la validité
de cette hypothèse, les feuilles prélevées à chaque récolte ont été réparties en deux
lots correspondant respectivement à leurs fragments basaux et apicaux. Les
variations de la sécrétion de Na+ et de Cl-, par ces deux lots de fragments foliaires,
sont représentées dans la figure 5.7. Cette dernière montre clairement que la salinité
du milieu de culture conduit à une augmentation de la sécrétion de Na+ et de Cl-
dans les fragments foliaires prélevés sur des feuilles âgées ou des feuilles jeunes.
Il apparaît également, qu'indépendamment de la salinité du milieu de culture, la
vitesse de sécrétion est nettement plus importante dans les parties basales que dans
les parties apicales des feuilles. Cet écart de la vitesse de sécrétion s'accentue avec la
salinité du milieu de culture. Comme les feuilles de Spartina alterniflora sont érigées,
on pourrait penser que les gouttelettes sécrétées par les parties supérieures des
feuilles s'écoulent vers les parties basales ayant pour conséquence un dépôt de sel
plus important conduisant à une surestimation de la sécrétion dans ces régions
foliaires. Cependant, les feuilles de cette halophyte étant velues, les gouttelettes
sécrétées auraient plutôt tendance à s'accrocher au niveau des poils favorisant ainsi
l'accumulation des cristaux de sel au niveau de leurs sites de sécrétion.
Par ailleurs, les teneurs en Na+ et en Cl- sont environ 1.5 fois plus importantes
dans les parties basales ( plus âgées, Camefort, 1972) que dans les parties apicales,
indépendamment de la concentration saline du milieu de culture. Cette
compartimentation intra-foliaire appuie l'idée d'une sécrétion plus prononcée de ces
ions au niveau du fragment basal de la feuille.
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 143
La plus grande aptitude des plantes à sécréter le sel par les parties basales des
feuilles par rapport aux parties apicales s'expliquerait par une différence au niveau
de la densité des glandes sécrétrices et / ou de la vascularisation. La plus grande
taille des nervures dans les régions basales des feuilles conduirait à un important
flux xylémique et une surcharge plus importante des tissus en sel induisant à son
tour une plus forte sécrétion. Une étude structurale, à différents niveaux de la feuille,
apporterait des éléments de réponses à ces questions. La concentration de la sève
xylémique en Na+ et en Cl- serait plus faible dans les parties apicales que dans les
parties basales en raison d'un dessalement progressif de la sève. La récolte de sève à
différentes régions foliaires permettrait de vérifier la validité de cette hypothèse.
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 144
SEL
NaCl, mM
--------------------------------------------------------------
100 300 400
Sécrétion
Na+ / K+ (feuille entière) 29.1 82.8 103.5
Accumulation
Na+ / K+ (feuille entière) 1.8 3.7 4.8
NaCl, mM
--------------------------------------------------------------
100 300 400
Sécrétion
Na+ / Ca2+ (feuille entière) 47.3 140.0
202.0
Accumulation
Na+ / Ca2+ (feuille entière) 4.2 8.6 9.8
Au niveau de la feuille entière et abstraction faite à son âge, les valeurs du rapport
Na+ / K+ sont nettement plus faibles quand elles sont estimées sur la base des
teneurs tissulaires (accumulation) que sur la base des quantités sécrétées. L'écart
entre les deux types de rapport est nettement plus prononcé à 300 et 400 qu'à 100
mM NaCl. Ces résultats suggèrent une sécrétion sélective de Na+ aux dépens de K+
et une aptitude des plantes à mieux exprimer cette caractéristique en condition de
salinité sévère qu'en condition modérée. Le même résultat est retrouvé pour Ca2+.
Néanmoins, les valeurs des rapports Na+ / Ca2+ sont plus élevées que celles de
Na+ / K+ aussi bien au niveau de l'accumulation que de la sécrétion. Outre, une plus
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 147
faible accumulation de Ca2+ par rapport à K+ dans les feuilles, ce résultat montre
également que la part qui revient à Ca2+ dans la sécrétion est plus faible que celle de
K+. Au niveau des fragments foliaires, les rapports de sécrétion Na+ / K+ et
Na+ / Ca2+ sont généralement plus élevés dans les parties basales que les parties
apicales des feuilles indépendamment de leur âge. Ce résultat serait lié à une
sécrétion en faveur de Na+ au niveau des fragments basaux des feuilles. Nous avons
vu précédemment que la vitesse de sécrétion de Na+ est particulièrement élevée dans
ces régions des feuilles.
En résumé, la sécrétion est plus sélective en faveur de Na+ que de K+ et de Ca2+. Cette
propriété s'exprime davantage dans les parties basales que les fragments apicaux des feuilles.
La figure 5.9, qui représente les parts respectives des différents cations dans la sécrétion
journalière par unité de matière sèche ou par unité de surface foliaire, illustre parfaitement la
sélectivité de sécrétion de Na+ aux dépens de K+ et particulièrement de Ca2+.
Figure 5.9. Variations des parts respectives des cations Na+, K+ et Ca2+ dans la
sécrétion en rapport avec la salinité de la solution d'irrigation.
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 148
4. DISCUSSION
IONIQUE
Le présent chapitre s'est fixé comme objectif d'estimer la sécrétion foliaire de sel et
d'étudier ses variations en fonction de l'âge des et la position des fragments de
feuilles. Nos résultats montrent que Spartina alterniflora peut sécréter
quotidiennement 3 à 28 % de Na+ des quantités accumulées durant un traitement de
10 à 20 jours. Ce résultat qui illustre l'importance de ce phénomène dans
l'élimination du sel parvenant aux organes photosynthétiques, a été observé chez
d'autres halophytes. À titre d'exemple, les feuilles d'Avicennia marina sécrètent 0.302
mmol de NaCl par jour et par gramme de matière sèche ce qui représente 40 % des
quantités accumulées quotidiennement dans ses feuilles (Waisel et al., 1986). Nos
résultats montrent également que les feuilles sécrètent en moyenne 60 % des
prélèvements totaux de sel. Étudiant la sécrétion chez quatre Poaceae (Spartina anglica,
Limonium vulgare, Armeria maritima et Glaux maritima), Rozema et al. (1981) ont
rapporté que la première espèce, originaire des habitats les plus salins, montre la
sécrétion la plus importante de Na+; 60 % environ des quantités de sel absorbées sont
sécrétées. Cette caractéristique lui confère une plus grande aptitude à maintenir une
concentration interne stable en sodium. Chez Limonium vulgare, Glaux maritima et
Armeria maritima, la sécrétion représente respectivement 33, 20 et 4 % seulement des
prélèvements de sel.
Les parts respectives de l'exclusion racinaire et de la sécrétion foliaire dans le
contrôle de l'accumulation interne de sel ont été déterminées chez Spartina alterniflora
en condition de culture sur eau de mer (Bradley et Morris, 1991 a). D'un point de vue
quantitatif, les quantités de sel éliminées représentent 91 à 97 % de l'absorption
théorique maximale. La sécrétion assure, approximativement, l'élimination de 50 %
des quantités de sel absorbées. Dans cette étude, les teneurs des ions examinés (K+,
Ca2+, Mg2+, SO 4 2- et Cl-) ne varient pas avec la salinité du milieu de culture.
Néanmoins, Na+ est au moins deux fois plus abondant dans les tissus à 40 qu'à
10 g.l-1 de sel.
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 149
Outre l'importance de la sécrétion par rapport aux prélèvements totaux de Na+ (et
de Cl-), nos résultats ont mis en évidence une caractéristique importante de la
sécrétion qui est la sélectivité en faveur de Na+ aux dépens de K+, et notamment de
Ca2+. Plusieurs travaux ont souligné l'intérêt de cette sécrétion sélective pour la
protection des tissus contre des déséquilibres nutritionnels. La sécrétion sélective a
été observée chez plusieurs espèces. Chez Tamarix aphylla, les cations sont sécrétés
selon un ordre décroissant de priorité: Na+ > Ca2+ > K+ (Waisel, 1961). Chez la même
espèce, Berry (1970) démontre que la sécrétion des cations divalents est plus
importante que celle des cations monovalents. La sélectivité de Na+ par rapport à K+
est retrouvée encore chez Glaux maritima (Rozema et Riphagen, 1977) et Aeluropus
littoralis (Pollak et Waisel, 1979).
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 150
Bien que, des travaux très anciens aient démontré que NaCl est le principal sel
sécrété par Spartina alterniflora (Klugh, 1909; in Bradley et Morris, 1991 a), des études
plus récentes ont rapporté que la sécrétion peut porter sur d'autres ions majeurs
quand les cultures sont conduites sur l'eau de mer (McGovern et al., 1979). Selon ces
derniers auteurs, le rapport Na+ / K+ (mole / mole) des sels sécrétés chez Spartina
alterniflora cultivée sur eau de mer est d'environ 32 (contre 45 pour l'eau de mer). Ce
résultat traduit une certaine sécrétion sélective en faveur de K+. Par ailleurs, dans
une étude conduite sur la même plante, le rapport de sécrétion Na+ / K+ varie 11 à 29
quand la salinité du milieu de culture augmente de 10 à 40 g.l-1 (Bradley et Morris,
1991 a). Dans les mêmes conditions expérimentales, le rapport Na+ / K+ dans le flux
xylémique augmente de manière linéaire de 10.22 à 17.11. L'analyse de ces données
montre que dans une gamme de salinité allant de 10 à 30 g.l-1, la sécrétion de Na+
évolue de 40 à 59 % des prélèvements totaux alors que celle de K+ n'augmente que de
26 à 30 %. Cependant, la situation est inversée dans des conditions de salinité plus
sévères. En effet, à 40 g.l-1, 62 % de K+ et 48 % de Na+ prélevés sont sécrétés. La
sécrétion relativement élevée de Na+ par rapport à celle de K+, observée pour des
salinités comprises entre 10 et 30 g.l-1, doit contribuer au maintien des concentrations
en Na+ à un niveau relativement bas à l'intérieur des tissus. La diminution brusque
du rapport Na+ / K+ à des salinités supérieures à 30 g.l-1 est interprétée comme une
défaillance du mécanisme sélectif conduisant à une sécrétion plus importante de K+
ou résultant d'une augmentation de la fuite des sels à partir des feuilles sénescentes
(Bradley et Morris, 1991 a).
Chez Aeluropus littoralis, la distribution des ions à l'intérieur des feuilles peut
expliquer la sélectivité des mécanismes de sécrétion en faveur du sodium par
rapport au potassium. Le contenu en K+ des feuilles de cette espèce est généralement
élevé: seule une faible fraction de ce cation est sécrétée, même lorsque le mécanisme
de sécrétion est activé par l'addition de sel. Ce résultat suggère une plus grande
affinité des systèmes de sécrétion vis-à-vis de Na+ associée à une faible affinité de la
vacuole et des organites cellulaires pour ce cation. L'équilibre entre la sécrétion et
l'accumulation de K+ n'est déplacé vers la sécrétion que suite à un
approvisionnement substantiel des feuilles en K+ conduisant à son accumulation
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 151
Nos résultats (Fig. 5.10) montrent que la sécrétion est positivement corrélée (p =
0.05 et 0.001 respectivement pour les feuilles jeunes et adultes) avec la charge
tissulaire en Na+ et la salinité du milieu de culture (100 à 400 mM NaCl). Chez
Aeluropus littoralis, la sécrétion est fortement affectée à 600 mM NaCl (Pollak et
Waisel, 1979). Cet effet semble lié essentiellement à un déficit hydrique engendré par
la composante osmotique du sel. Le même résultat est observé lorsque la plante est
cultivée dans une atmosphère sèche. La sensibilité de la sécrétion du sel en condition
de stress hydrique suggère que Aeluropus littoralis nécessite un approvisionnement
adéquat en eau pour contrôler sa concentration interne en sel et se maintenir dans
des habitats salins. La forte exigence pour l'eau semble constituer une caractéristique
des halophytes sécrétrices, dont la plupart sont des hydrohalophytes typiques
comme Limonium, Aeluropus, Spartina, Tamarix, Cressa, Avicennia, Aegialitis). Le genre
Reaumuria semble constituer une exception à cette règle puisqu'il comporte des
xérohalophytes sécrétrices du sel (Pollak et Waisel, 1979).
Lors des différentes cultures de Spartina alterniflora, nous avons remarqué que les
cristaux de sel apparaissent à la surface des feuilles au milieu de journée, lorsqure la
température atteint un maximum. Les cultures de cette plante sont généralement
conduites en fin de printemps et en été (la croissance est fortement limitée en hiver).
Le dépôt de sel est précédé par l'apparition de nombreuses gouttelettes depuis le
début de la journée. Ceci reflète une capacité sécrétrice nocturne de Spartina
alterniflora. Les données relatives aux variations journalières de la sécrétion sont très
Chapitre V. SECRETION DU SEL PAR LES FEUILLES DE Spartina alterniflora ..................................................... 152
rares. Néanmoins, une étude conduite sur Aeluropus littoralis a montré que
l'éclairement accroît de manière significative la sécrétion foliaire (Pollak et Waisel,
1979). Ce résultat traduit une action directe de ce paramètre sur le mécanisme
sécrétoire. La lumière augmenterait la vitesse de transport du sel vers les parties
aériennes à travers une stimulation du flux transpiratoire. Néanmoins, cette étude a
mis en évidence que cette caractéristique permet aux feuilles de vider leur contenu
en sel accumulé le jour d'avant. Les feuilles débutent ainsi la matinée avec un faible
contenu en sel avant qu'une nouvelle charge ne se produise par le courant
transpiratoire. La sécrétion nocturne présente des avantages puisqu'elle se produit
dans des conditions caractérisées par une forte humidité de l'air et un stress
hydrique moins limitant.
Feuilles adultes
400 mM
45
300 mM
30
Na+ secrété, µmol . jour -1
100 mM
15
r = 0,994 ***
0
Feuilles jeunes 400 mM
80
60
40 300 mM
20 100 mM
r = 0,884 *
0 0,4 0,8 1,2 1,6
Na+, mmol . g-1 MS
5. CONCLUSION
RESUME
1. INTRODUCTION
Nous avons vu dans les trois chapitres précédents que Suaeda fruticosa et Spartina
alterniflora expriment de fortes potentialités de croissance à des concentrations en
NaCl voisines de 2 % (300 mM NaCl), ce qui correspond environ à la salinité de l'eau
de mer diluée deux fois. Par ailleurs, ces deux halophytes sont capables de produire
une matière sèche relativement riche en azote (3 à 4 % de MS) en dépit de
l'abondance du sel dans le milieu de culture. Ceci dénote d'une forte sélectivité pour
NO3- aux dépens de Cl-. Ces résultats suggèrent la possibilité de l'introduction de ces
deux halophytes fourragères dans les zones fortement salées pour y augmenter la
production de biomasse et améliorer la valeur pastorale. Cependant, la productivité
de ces espèces serait fortement tributaire de l'irrigation puisque la plupart de nos
régions salées sont arides. Compte tenu de la raréfaction de l'eau douce dans ces
régions, le recours à l'utilisation de l'eau de mer pourrait constituer une approche
prometteuse. En effet, nos côtes marines s'étendent sur plus de 1300 Km avec des sols
en majorité sablonneux se prêtant à une irrigation par les eaux non conventionnelles.
À l'échelle mondiale, l'irrigation à l'eau de mer pourrait résoudre à la fois les pénuries
d'eau et de terre: 43 % de la surface des terres émergées sont aride ou semi-aride, et
environ 15 % des déserts salés ou semi-salés seraient cultivables avec une irrigation à
l'eau de mer, soit 130 millions d'hectares de nouvelles terres agricoles (Glenn et al.,
1998).
Le présent chapitre, inscrit dans le cadre de cette approche, a pour objectif
d'évaluer la production de biomasse de ces deux halophytes en condition d'irrigation
à l'eau de mer et d'analyser leur statut minéral en vue de diagnostiquer les limitations
nutritionnelles dans ces conditions de culture.
2. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
pour S. fruticosa et S. alterniflora), les plantules de chaque espèce sont réparties en cinq
lots de 10 plantes chacun. Deux lots sont cultivés sur l'eau de mer complète ou diluée
deux fois et ceci en aquaculture stricte pour S. fruticosa ou apportées en irrigation
pour S. alterniflora. Deux autres lots sont également cultivés sur eau de mer diluée ou
non, mais enrichies en nutriments minéraux selon la formule de Hewitt (1966). Le
dernier lot de plantes, cultivé sur solution nutritive de base préparée dans l'eau
distillée pour S. fruticosa et dans l'eau de ville pour S. alterniflora, est utilisé comme
témoin. La composition de ces différents milieux de culture en macro et micro-
éléments est présentée dans le tableau 6.1.
La culture de Suaeda fruticosa est conduite dans des pots de 750 ml, alors que
Spartina alterniflora est cultivée dans des pots en argile remplis de sable inerte irrigué
régulièrement avec les solutions nutritives. Les expériences sont conduites dans une
serre vitrée sous un éclairement naturel. La température et l'humidité relative
moyennes sont respectivement de 25 ± 5°C, 65 ± 5 % le jour, et 16 ± 5°C, 85 ± 5 % la
nuit. Deux récoltes sont effectuées, la première au début du traitement (récolte de
départ) et la seconde au bout 46 et 64 jours de traitement respectivement pour Suaeda
fruticosa et Spartina alterniflora (récolte finale). La figure 6.1 schématise le protocole
expérimental adopté.
Témoin
3
Eau de mer / 2
3
Eau de mer / 2 + T
3
Eau de mer + T
3
Prétraitement Traitements
Suaeda fruticosa
0 30 76
Spartina alterniflora
0 40 104
Jours
Aux récoltes, les plantes sont séparées en parties aériennes et en racines. Ces
dernières sont rincées dans trois bains successifs d'eau distillée froide puis essorées et
séchées. Les cristaux de sel accumulés à la surface des feuilles de Spartina alterniflora
sont éliminés au cours des lavages successifs des parties aériennes. Ainsi, les ions Na+
et Cl- dosés correspondent uniquement aux accumulations dans les organes.
3. RESULTATS
Les photos 6.1 et 6.2 illustrent l'aspect des plantes au terme de 46 jours de
traitement chez Suaeda fruticosa et 65 jours chez Spartina alterniflora.
Photo 6.1. Suaeda fruticosa après 46 jours de traitement. La culture est réalisée
en aquaculture stricte sur solution nutritive de base, eau de mer / 2, eau de
mer, eau de mer / 2 enrichie en nutriments et eau de mer additionnée de
nutriments minéraux.
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................159
suggère que l'eau de mer limite la croissance et le développement des deux halophytes par la
salinité et par la faible disponibilité des nutriments minéraux.
des traitements, les plantules de S. alterniflora sont plus vigoureuses que celles de S.
fruticosa et que la durée de traitement est nettement plus longue pour la première que
pour la seconde halophyte. La croissance moyenne relative, qui élimine les
différences liées à ces deux paramètres, est par contre, nettement plus élevée chez S.
fruticosa que S. alterniflora (Tab. 6.2).
Traitements
_____________________________________________
T E/2 E E/2+T E+T
Chez les deux halophytes, les niveaux les plus bas de production de matière sèche
et de la CMR sont obtenus en condition de culture sur eau de mer complète ou diluée
deux fois. Dans ce dernier cas, S. fruticosa et S. alterniflora expriment, respectivement,
53 et 75 % de leur CMR maximale. Ce résultat ne peut pas être expliqué uniquement
par l'effet inhibiteur de la salinité sur la croissance. En effet, nous avons vu
précédemment que S. fruticosa et S. alterniflora manifestent respectivement 97 et 82 %
de leur CMR maximale à 300 mM NaCl (même niveau de salinité que l'eau de mer
diluée deux fois). La faible disponibilité en certains nutriments minéraux constitue
un facteur plus limitant de la croissance que la salinité. D'ailleurs, l'enrichissement de
l'eau de mer en nutriments améliore nettement la production de biomasse et la CMR.
Chez les plantes cultivées sur 50 % eau de mer enrichie en nutriments, la vitesse de
croissance atteint 93 à 100 % de celle des plantes témoins respectivement chez S.
alterniflora et S. fruticosa. Quoique moins prononcée, l'amélioration de la croissance
est également observée chez les plantes irriguées à l'eau de mer complète enrichie en
nutriments par rapport à leurs homologues cultivés sur eau de mer complète. Les
variations du rapport de matière sèche R / PA chez Spartina alterniflora confirme ces
limitations nutritionnelles imposées par l'eau de mer. En effet, le rapport R / PA
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................162
atteint les valeurs les plus élevées chez les plantes irriguées à l'eau de mer diluée ou
non en l'absence d'apport supplémentaire de nutriments. Il est ramené à des niveaux
proches de ceux des plantes témoins en enrichissant l'eau de mer complète ou diluée
par une solution nutritive.
En bilan, les deux halophytes tolèrent l'eau de mer diluée deux fois mais elles exigent un
apport supplémentaire de nutriments pour exprimer leurs potentialités maximales de
croissance.
Chez les deux halophytes et indépendamment de la nature des tissus, les teneurs
les plus élevées en eau sont retrouvées chez les plantes cultivées sur solution
nutritive ou sur eau de mer diluée deux fois et enrichie en nutriments. Globalement,
les variations des teneurs en eau rappellent celles de la croissance pondérale
(Tab. 6.3).
Tableau 6.3. Variations de l'hydratation des tissus ( ml H 2 O.g-1 MS) des deux
halophytes en fonction de la dilution de l'eau de mer et de son enrichissement
en nutriments minéraux. Moyennes de 10 répétitions.
Traitements
_____________________________________________
T E/2 E E/2+T E+T
Parties aériennes
S. fruticosa 6.4 4.1 5.1 6.9 6.9
S. alterniflora 4.5 2.6 2.5 3.4 3.0
Racines
S. fruticosa 8.8 5.5 5.2 8.2 6.3
S. alterniflora 7.0 5.5 5.7 7.1 7.3
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................163
La figure 6.3 montre que Na+ est préférentiellement accumulé dans les parties
aériennes que dans les racines des deux halophytes. Cette caractéristique s'exprime
davantage chez S. fruticosa que chez S. alterniflora: les niveaux d'accumulation
atteignent 7 mmol.g-1 MS chez la première espèce contre 1.5 à 2 mmol.g-1 MS chez la
seconde. Ce résultat est conforme au caractère inclusif de S. fruticosa décrit
précédemment (cf. chapitre III). Chez cette Chenopodiaceae, les teneurs en Na+ des
parties aériennes dépendent du niveau de dilution de l'eau de mer et de la croissance
des plantes: elles sont élevées chez les plantes cultivées sur eau de mer complète ou
diluée à 50 % et accusent une diminution significative, notamment en apportant des
nutriments dans l'eau de mer diluée deux fois. Ce résultat qui s'explique par une
dilution de Na+ par la matière sèche, montre que non seulement l'apport d'éléments
minéraux améliore la croissance des plantes, mais conduit aussi à la production
d'une phytomasse aérienne relativement pauvre en sel. Globalement, le même
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................164
comportement est observé chez Spartina alterniflora avec, cependant, des variations de
très faible amplitude.
Généralement, les teneurs des parties aériennes et des racines en Cl- montrent des
variations similaires à celles de Na+ chez les deux halophytes (Fig. 6.4). Néanmoins,
les niveaux d'accumulation de Cl- demeurent nettement plus bas que ceux de Na+
chez les plantes de Suaeda fruticosa soumises à l'eau de mer diluée deux fois mais non
enrichies en éléments minéraux. De même, cet anion est accumulé à des niveaux
nettement plus bas que ceux de Na+ chez les plantes cultivées sur l'eau de mer diluée
et additionnée de solution nutritive. Ces résultats suggèrent que l'antagonisme
Na+ / cations indispensables est plus accentué que celui qui se produit entre Cl- et les
anions. Chez Spartina alterniflora, les niveaux d'accumulation de Cl- (nettement plus
faibles que ceux observés chez Sueada fruticosa) sont toujours plus élevés que ceux de
Na+. Ce comportement conforme aux observations précédentes, indique une
sécrétion foliaire (et probablement une exclusion racinaire) portant plus sur Na+ que
sur Cl-.
Figure 6.4. Variations de l'accumulation de Cl- dans les parties aériennes et les
racines de Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora en fonction de la dilution
de l'eau de mer et de son enrichissement en nutriments minéraux. Moyennes
de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................165
Cultivées sur eau de mer complète ou diluée à 50 %, les plantes montrent les
teneurs les plus faibles en azote réduit dans les parties aériennes de S. fruticosa
(Fig. 6.5). Le statut azoté des racines n'a pas pu être déterminé dans ces conditions de
culture en raison d'une croissance très limitée de ces organes. Ce résultat ne peut pas
Figure 6.5. Variations de la teneur en azote réduit dans les parties aériennes et
les racines de Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora en fonction de la
dilution de l'eau de mer et de son enrichissement en nutriments minéraux. Les
niveaux d'accumulation de Nréd. n'ont pas été déterminés dans les racines de
Suaeda fruticosa cultivée sur eau de mer complète ou diluée en raison d'une
croissance très limitée de ces organes. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles
de confiance au seuil de 5 %.
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................166
Les tissus de S. fruticosa montrent des niveaux variable en Pi (Fig. 6.6). Comme Pi
correspond à la fraction non utilisée dans la croissance et que cette dernière est
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................167
fortement limitée dans ces conditions de culture, on peut déduire une faible
disponibilité du phosphore assimilable dans l'eau de mer. L'apport de la solution
nutritive dans l'eau de mer diluée deux fois augmente significativement la teneur des
parties aériennes en Pi la ramenant au même niveau que celui des plantes cultivées
sur solution de base exempte de sel. Comme les productions de matière sèche sont
similaires dans ces deux traitements, on déduit que le prélèvement de Pi n'a pas été
affecté par la présence de sel dans le milieu de culture. Le comportement des plantes
cultivées sur l'eau de mer complète additionnée de la solution nutritive appuie cette
hypothèse. En effet, chez ces cultures, la croissance semble limitée par le sel alors que
l'alimentation phosphatée n'est pas perturbée ayant pour conséquence un
enrichissement spectaculaire des tissus en Pi notamment dans les racines.
Chez S. alterniflora, les variations de Pi dans les tissus sont peu perceptibles.
3.4.4. Potassium
Chez S. fruticosa, les teneurs les plus faibles en K+ sont observées chez les plantes
cultivées sur eau de mer diluée ou non (Fig. 6.7). L'addition d'une solution nutritive
dans ces conditions de culture ne ramène pas l'accumulation de K+ au même niveau
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................168
que celui des plantes témoins. Ce résultat indique qu'en dépit de son abondance dans
le milieu, le potassium n'est pas prélevé à la même vitesse aux deux niveaux de
salinité de l'eau de mer. L'antagonisme Na+ / K+ qui serait plus prononcé sur eau de
mer complète que diluée réduit le prélèvement de ce cation. Chez Spartina alterniflora,
les teneurs ne varient pas de manière significative d'un traitement à un autre aussi
bien dans les racines que dans les parties aériennes. Comme la concentration de l'eau
de mer en K+ est de 14.8 mM (Tab. 6.1), ce résultat pourrait indiquer
qu'indépendamment des traitements, le prélèvement de ce cation est déterminé par
la croissance, elle-même contrôlée par d'autres nutriments.
3.4.5. Calcium
Les variations des teneurs en Ca2+ sont également de plus grande amplitude chez
S. fruticosa que chez S. alterniflora (Fig. 6.8). Chez la première espèce, les niveaux les
plus bas en Ca2+ sont associés aux potentialités les plus élevées de la croissance
(culture conduite sur solution nutritive ou sur eau de mer diluée et enrichie par la
solution nutritive) et inversement. Ceci indique que pour tous les traitements, Ca2+
n'est pas limitant pour la croissance. Ainsi, toute réduction de production de
biomasse conduit à un enrichissement des tissus en ce cation.
Chez S. alterniflora, les niveaux d'accumulation de Ca2+ sont légèrement plus bas
chez les plantes cultivées sur eau de mer, indépendamment de sa dilution et de son
enrichissement en nutriments minéraux par rapport aux plantes témoins. Comme la
croissance est systématiquement plus faible dans les premiers traitements on déduit
qu'en dépit de son abondance dans le milieu de culture, le prélèvement de Ca2+ est
relativement perturbé par la salinité de l'eau de mer.
3.4.6. Magnésium
Mg2+ est particulièrement accumulé dans les racines de S. fruticosa (Fig. 6.9). Chez
cette halophyte, l'apport de solution nutritive dans l'eau de mer diluée deux fois ou
non diluée conduit à des niveaux d'accumulation de Mg2+ très voisins de ceux des
plantes témoins. Comme l'eau de mer diluée deux fois et enrichie en solution
nutritive conduit également à la croissance la plus élevée, on déduit que la salinité de
l'eau de mer ne perturbe pas le prélèvement de Mg2+. La forte accumulation de Mg2+
chez les plantes cultivées exclusivement sur eau de mer est en faveur de cette
hypothèse: le prélèvement de Mg2+ étant moins affecté que la croissance, ceci conduit
à un enrichissement des tissus en Mg2+. Chez S. alterniflora, les variations des teneurs
en Mg2+ sont de faible amplitude.
4. DISCUSSION
espèces testées se développent mieux sur eau de mer complète que sur eau de mer
diluée à 15 %. Un fertilisant complet "Sheffer 538" est apporté ramenant la
concentration de l'eau d'irrigation à 100 ppm d'azote (Pasternak et Nerd, 1996).
L'ensemble de ces données montre que l'irrigation à l'eau de mer diluée mais enrichie en
nutriments peut conduire à une bonne production de biomasse. Nos résultats, qui montrent
de fortes potentialités de croissance chez S. alterniflora et S. fruticosa en condition
d'irrigation à l'eau de mer diluée deux fois et enrichie en macro-nutriments selon la formule
de Hewitt (1966) et en oligo-éléments selon Arnon et Hoagland (1940), sont parfaitement
conformes à ces données.
mer diluée que celles soumises à l'eau de mer complète, on déduit que la salinité de
devient un facteur limitant de la croissance en l'absence de dilution.
Outre les variations de la croissance en fonction de la dilution de l'eau de mer et
de son enrichissement par les nutriments, nous avons noté des modifications de
l'hydratation des tissus. Ces dernières rappellent parfaitement celles de la croissance
pondérale. Il s'ensuit que la restriction de l'alimentation hydrique limiterait la
croissance des plantes lorsqu'elles sont cultivées sur eau de mer. Nous avons observé
dans le chapitre III une succulence des parties aériennes de Suaeda fruticosa cultivées
à 100 et à 300 mM NaCl. Dans la présente étude, les teneurs des parties aériennes des
cultures conduites sur eau de mer diluée deux fois (275 mM NaCl), sont
significativement plus faibles que celles des plantes témoins. Par contre,
l'enrichissement de l'eau de mer diluée en nutriments ramène l'hydratation des tissus
à un niveau supérieur que celui des plantes témoins. Il apparaît, ainsi, que pour un
même niveau de salinité, la succulence ne s'exprime qu'en condition d'une
disponibilité adéquate en nutriments. Ce résultat pourrait s'expliquer par le fait que
l'eau de mer diluée ou non ne peut pas couvrir les besoins de la succulence. Cette
dernière correspond à la mise en place de tissus formés de grandes cellules à paroi
mince et à large contenu vacuolaire (Binet, 1999). La déshydratation des tissus a été
observée chez des plantes soumises à des déficiences nutritionnelles (Kats et al., 1986;
Bouraoui, 1995). Elle indiquerait que la restriction de l'approvisionnement des
plantes en certains nutriments réduit leur capacité d'ajuster le potentiel osmotique de
leurs cellules ayant pour conséquence une inhibition de leur alimentation hydrique.
Ces résultats suggèrent qu'en dépit de leur capacité d'utiliser le sel pour l'ajustement
osmotique (cas de Suaeda fruticosa), ces deux halophytes exigent d'autres nutriments
pour ajuster le potentiel osmotique. Nous avons observé dans le chapitre IV que
S. alterniflora utilise en priorité K+ pour cette fonction.
Les relations entre les biomasses des plantes et le contenu de leurs parties
aériennes en azote réduit, en phosphore, en potassium, en calcium et en magnésium
sont représentées dans les figures 6.10 à 6.14. Chez S. fruticosa, on note une
corrélation très hautement significative entre la croissance de la plante entière et la
teneur des parties aériennes en azote (Fig. 6.10). Chez cette halophyte, les cultures
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................173
sur eau de mer diluée ou non présentent les niveaux les plus bas de croissance et
d'accumulation de l'azote réduit. L'apport de la solution nutritive dans l'eau de mer
augmente fortement la croissance et les teneurs en azote. Il en ressort que l'azote
constitue un nutriment limitant dans l'eau de mer diluée deux fois. Le comportement
des plantes cultivées sur eau de mer complète ne contredit pas cette hypothèse, la
croissance étant fortement limitée par le sel dans ces conditions de culture; il en
résulte un enrichissement des tissus en azote. Chez S. alterniflora, on note une même
teneur des parties aériennes pour des niveaux très différents de croissance. Ce
résultat s'explique essentiellement par le fait que chez cette plante la croissance est
strictement déterminée par le prélèvement et l'assimilation de l'azote. Ces deux
processus sont fortement limités par la faible disponibilité de l'azote (cf. Tab. 6.1)
chez les plantes cultivées sur eau de mer complète ou diluée, mais non enrichie en
solution nutritive, et probablement par les interactions entre Cl- et NO 3 - chez les
plantes cultivées sur eau de mer complète et additionnée de solution nutritive.
20,0
4,5 Témoin
E/2+T
MS, g . plante -1
E/2+T
Témoin 15,0
3,0
10,0
E/2
1,5 E+T
5,0
E
E/2 E+T
r = 0.885 *** r = 0.781 **
0 E 0
1,0 2,0 3,0 1,8 2,0
Nréd., mmol . g -1 MS parties aériennes
Les mêmes comportements sont retrouvés quand on examine les relations entre la
croissance des plantes et l'accumulation de Pi dans les parties aériennes des deux
halophytes (Fig. 6.11).
20,0
4,5 Témoin
E/2+T
MS, g . plante -1
E/2+T
Témoin 15,0
3,0
10,0
E/2
E+T
1,5
E 5,0
E/2 E+T
E r = 0.750 *
r = 0.798 ** 0
0 0,1 0,2 0,3 0,12 0,15 0,18
Cette analyse suggère que pour les deux halophytes, l'azote et le phosphore limitent la
croissance de S. fruticosa et de S. alterniflora en condition d'irrigation à l'eau de mer.
Chez S. alterniflora une corrélation positive et très hautement significative entre la
production de biomasse et l'accumulation de K+ dans les parties aériennes est
observée (Fig. 6.12). Cette relation stricte indique que les faibles productions de
biomasse sur eau de mer complète ou diluée est liée à une incapacité des plantes à
assurer une alimentation adéquate des parties aériennes en K+. Ceci ne pourrait pas
traduire, cependant, une pauvreté de l'eau de mer en K+. D'ailleurs, le tableau 6.1
montre que la concentration de l'eau de mer en K+ est de 14.83 mM; les solutions
nutritives de base en contiennent en moyenne que 8 mM. Il apparaît ainsi que K+ est
présent à des doses convenables dans l'eau de mer. Cependant, son prélèvement par
S. alterniflora peut être limité par Na+. Cette compétition est forte sur eau de mer
complète ce qui conduit à des niveaux d'accumulation bas en dépit de la croissance
Chapitre VI. CROISSANCE ET COMPORTEMENT SUR EAU DE MER ..............................................................175
fortement amoindrie. L'antagonisme devient moins prononcé sur eau de mer diluée
et / ou additionnée de solution nutritive conduisant à une amélioration de la
croissance et de la teneur en K+.
L'antagonisme Na+ / K+ est bien illustré chez S. fruticosa. Les plantes témoins
produisent pratiquement la même quantité de biomasse que les plantes cultivées sur
eau de mer diluée deux fois et enrichie en nutriments. Les teneurs en K+ chez ces
dernières ne représentent que le tiers de celle des plantes témoins. Pourtant, leur
milieu contient nettement plus de K+ que celui des plantes témoins (12.6 contre
5.2 mM). A la lumière de ces données, il apparaît que K+ peut limiter la croissance
des deux halophytes notamment en condition de salinité sévère (eau de mer non
diluée). Ce caractère limitant s'exprimerait plus chez les plantes incapables d'utiliser
Na+ pour l'ajustement osmotique (cas de S. alterniflora).
20,0
4,5 E/2+T Témoin
MS, g . plante -1
Témoin
E/2+T
15,0
3,0
E/2 10,0
1,5
E+T
5,0
E
E+T
E/2 r = 0.714 * r = 0.949 ***
E 0
0 1,0 2,0 3,0 0,6 0,9 1,2
plus élevées et inversement. Ce comportement indique que sur eau de mer complète
ou diluée la croissance est plus limitée que le prélèvement de Mg2+ ou de Ca2+
conduisant à un enrichissement des tissus en ces cations.
20,0
4,5 Témoin
E/2+T
Témoin
MS, g . plante -1
E/2+T
15,0
3,0
E/2 10,0
E+T
1,5
5,0
E
E+T E/2
r = 0.834 ** E r = 0.673 *
0
0 0,15 0,30 0,10 0,20
Ca2+, mmol . g -1 MS parties aériennes
20,0
4,5 Témoin
E/2+T
MS, g . plante -1
Témoin 15,0
E/2+T
3,0
E/2 10,0
E+T
1,5
5,0
E
E/2 E+T r = 0.924 ***
E r = 0.504 NS
0
0 0,20 0,25 0,175 0,200
Mg2+, mmol . g -1 MS parties aériennes
5. CONCLUSION
La croissance des plantes sur eau de mer complète ou diluée est fortement limitée.
Le dosage des macro et des oligo-éléments dans l'eau de mer et l'analyse des
relations entre la production de biomasse et les teneurs des tissus en nutriments
suggèrent que l'azote et le phosphore peuvent sévèrement limiter la croissance des
plantes en condition d'irrigation à l'eau de mer. La validité de cette hypothèse sera
vérifiée dans le chapitre suivant.
CHAPITRE VII
RESUME
1. INTRODUCTION
Les résultats du chapitre précédent nous ont montré que Spartina alterniflora et
Suaeda fruticosa sont capables d'exprimer une bonne activité de croissance en
condition d'irrigation à l'eau de mer diluée deux fois lorsque cette dernière est
enrichie avec une solution nutritive. Les analyses des relations entre la croissance des
plantes et les quantités de nutriments ou leur niveau d'accumulation dans les
organes photosynthétiques suggèrent que l'azote et le phosphore seraient les
nutriments qui limitent la production de biomasse chez les plantes cultivées sur eau
de mer. Le présent chapitre se propose de vérifier la validité de cette hypothèse.
2. PROTOCOLE EXPERIMENTAL
Les jeunes plants de Spartina alterniflora et de Suaeda fruticosa sont obtenus par
bouturage selon les techniques décrites précédemment. Après une phase de
prétraitement de 30 ou 40 jours (respectivement pour S. fruticosa et S. alterniflora), les
plantules de chaque espèce sont réparties en 5 lots homogènes de 10 plantes chacun.
Trois lots de plantes sont cultivés sur l'eau de mer diluée deux fois et ceci en
aquaculture stricte pour Suaeda fruticosa ou apportée en irrigation pour Spartina
alterniflora. Cette eau est enrichie soit en azote (14 mM, apporté sous forme de
NH 4 NO 3 ) ou en phosphore (2 mM, apporté sous forme de KH 2 PO 4 ) ou encore ou en
ces deux nutriments selon les traitements. Les deux autres lots de plantes sont des
témoins: les plantes sont soit cultivées sur eau de mer diluée deux fois en l'absence
de tout apport supplémentaire de nutriments ou en présence de 50 % eau de mer
enrichie de la solution nutritive complète selon la formule de Hewitt (1966). La
composition de ces différents milieux de culture en macro et micro-éléments est
présentée dans le tableau 7.1.
Les cultures sont conduites sous serre vitrée. Deux récoltes sont effectuées, la
première au début des traitements et la seconde est effectuée quand les effets des
traitements apparaissent clairement: au bout de 49 jours pour Suaeda fruticosa et 70
jours pour Spartina alterniflora. Les mesures ont porté sur la production de matière
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................180
sèche et les contenus des tissus en eau, en azote, en phosphore, en sucres solubles et
en amidon. Le protocole expérimental est schématisé dans la figure 7.1.
Eau de mer / 2
3
Eau de mer / 2 + P
3
Eau de mer / 2 + P + N
3
Eau de mer / 2 + T
3
Prétraitement Traitements
Suaeda fruticosa
0 30 79
Spartina alterniflora
0 40 110
Jours
Figure 7.1. Protocole expérimental.
T: Macro et oligo-éléments additionnés. N: azote (14 mM). P: phosphore
(2 mM).
1. Bouturage: Des pousses feuillées prélevées sur des plantes mères sont mises
à enraciner sur milieu témoin.
2. Récolte de départ, repiquage des plantules enracinées et début du
traitement.
3. Récolte finale: les plantes sont séparées en parties aériennes et en racines.
3. RESULTATS
Les photos 7.1 et 7.2 illustrent l'aspect des plantes en fin de traitement. Les plantes
cultivées directement ou irriguées à l'eau de mer diluée deux fois en l'absence
d'apport supplémentaire de nutriments ont un développement réduit avec une
chlorose affectant spécifiquement les feuilles âgées. Sans atteindre le niveau de
croissance des plantes témoins cultivées sur eau de mer diluée deux fois et enrichie
en solution nutritive complète, les plantes ayant reçu uniquement l'azote dans leur
milieu manifestent une bonne activité de croissance en l'absence de chlorose.
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................182
Photo 7.1. Suaeda fruticosa après 49 jours de traitement. La culture est réalisée
en aquaculture stricte sur eau de mer / 2 et eau de mer / 2 enrichie en T
(nutriments), N, P, ou N + P (de gauche à droite).
chez la première que la seconde espèce. En effet, l'examen de la CMR (Tab. 7.2)
montre une meilleure activité de croissance chez Suaeda fruticosa que chez Spartina
alterniflora. L'analyse des variations de ce paramètre conduit au même résultat
concernant les nutriments susceptibles de limiter la croissance sur eau de mer diluée
deux fois.
l'azote. La faible hydratation des plantes cultivées sur eau de mer diluée deux fois et
non enrichie en nutriments a été également observée dans les expériences
précédentes (cf. chapitre VI). Elle suggère qu'en condition de limitation nutritionnelle
(eau de mer), les plantes ajustent leur alimentation hydrique de façon à maintenir des
niveaux adéquats de la concentration en nutriments dans leurs tissus. D'autre part,
une différence très nette des teneurs en eau des parties aériennes en faveur de
S. fruticosa a été observée. Ceci pourrait s'expliquer par une succulence des feuilles de
S. fruticosa et une sécrétion de gouttelettes d'eau très chargées en NaCl chez
S. alterniflora.
Tableau 7.3. Variations de la teneur en eau dans les parties aériennes et les
racines de Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora en fonction de la nature des
nutriments apportés dans l'eau de mer diluée deux fois. Moyennes de 10
répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Les racines et les parties aériennes des deux halophytes se développant sur l'eau
de mer diluée deux fois ont les teneurs les plus basses en azote total (Fig. 7.3). Cette
situation ne résulte pas évidemment d'une dilution de l'azote par la matière sèche.
Nous venons de voir que les plantes cultivées dans ces conditions manifestent les
plus faibles potentialités de croissance. L'apport de P n'améliore pas de manière
significative la teneur des tissus en azote. Cependant, comme la croissance des
plantes a été légèrement augmentée dans ce traitement, on déduit que l'apport de P
améliore l'utilisation des ressources azotées disponibles à faible quantité dans l'eau
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................187
Figure 7.3. Variations des teneurs en azote total (Nréd. + NO 3 -) des parties
aériennes et des racines de Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora en fonction
de la disponibilité des nutriments dans l'eau de mer diluée deux fois.
Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
3.5. PHOSPHORE
Les plantes cultivées sur l'eau de mer diluée deux fois et additionnée uniquement
de phosphore présentent les teneurs les plus élevées en Pi (Fig. 7.4). Comme ces
plantes expriment de faibles potentialités de croissance, on déduit que le phosphore
apporté dans l'eau de mer / 2 a été utilisé principalement pour l'enrichissement des
tissus. Par ailleurs, l'apport de l'azote seul conduit à une forte stimulation de la
croissance avec des niveaux d'accumulation de Pi identiques (cas de Suaeda fruticosa)
ou dépassant (cas de Spartina alterniflora) ceux des plantes cultivées sur 50 % eau de
mer non enrichie en nutriments. L'apport de N et P ou de la solution nutritive
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................188
4. DISCUSSION
Suaeda fruticosa
MS parties aériennes, g . plantes -1
20,0
3,0 E/2 + T
E/2 + N
E/2
E/2 + N
2,0
E/2 + P 10,0
1,0
E/2 + P
E/2 r = 0,994 *** r = 0,981 ***
0
0 5 10 15 10 20 30 40 50
Figure 7.5. Relation entre la production de matière sèche (MS) des parties
aériennes et les quantités d'azote total qui leur sont allouées chez Suaeda
fruticosa et Spartina alterniflora en fonction de la disponibilité des nutriments
dans l'eau de mer diluée deux fois. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de
confiance au seuil de 5 %.
La figure 7.5 (croissance des parties aériennes en fonction des quantités d'azote)
montre une corrélation très hautement significative entre la production de biomasse
au niveau des parties aériennes et les quantités d'azote assimilées. Cette propriété,
qui s'exprime chez les deux halophytes, montre que la croissance est strictement
déterminée par le prélèvement d'azote. Ainsi, les plantes cultivées sur 50 % eau de
mer non enrichie en nutriments ou additionnée uniquement de phosphore
présentent les niveaux les plus bas de croissance et d'assimilation de l'azote. Des
corrélations significative (S. alterniflora) et très hautement significative (S. fruticosa)
sont également retrouvée entre les quantités de Pi et la croissance des parties
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................190
5,0
30,0
E/2 + T E/2 +
4,0 N+P E/2 + N + P
E/2 + N E/2
2,0 E/2 + P
10,0
1,0 E/2 + P
Ces plantes produisent le maximum de matière sèche avec les quantités les plus
élevées en Pi, qui constitue une fraction de réserve non incorporé aux composés
organiques. Il semble que lorsque le phosphore est apporté à des doses convenables,
Suaeda fruticosa exprime une forte absorption de ce nutriment couvrant ainsi les
besoins d'une croissance rapide et permettant une mise en réserve de ce nutriment.
Le deuxième comportement concerne les plantes cultivées sur 50 % eau de mer
additionnée de N ou de P. Les deux types de plantes présentent les mêmes quantités
de Pi avec des potentialités de croissance nettement plus élevées chez les premières
que chez les secondes. Ce résultat indique qu'en condition non limitante en azote la
plante semble utiliser le phosphore en priorité pour la croissance ayant pour
conséquence une dilution de Pi par la matière sèche. Nous avons vu précédemment
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................191
que les teneurs en Pi sont nettement plus faibles chez les plantes recevant l'azote que
leurs homologues cultivés sur 50 % eau de mer enrichie en phosphore.
Le troisième type de comportement est retrouvé chez les plantes témoins cultivées
sur eau de mer diluée deux fois. Ces dernières prélèvent le moins de phosphore et
manifestent les niveaux les plus bas de croissance. Comme le phosphore disponible
dans l'eau de mer est suffisant pour soutenir une bonne activité de croissance (cf.
Fig. 7.2, traitement: + N) on déduit qu'en condition limitante en azote la plante ne
met pas en réserve Pi en dépit de sa présence dans le milieu. D'ailleurs, les teneurs en
Pi sont les plus faibles chez ces plantes (cf. Fig. 7.4). Ces résultats suggèrent que
l'absorption de P est fortement amoindrie en l'absence d'azote.
La relation entre la croissance des parties aériennes et les quantités accumulées de
Pi est moins évidente chez Spartina alterniflora. L'amplitude des variations des
quantités en Pi est plus grande que celle de la croissance, traduisant une aptitude de
cette halophyte à croître avec des teneurs différentes en Pi.
La figure 7.7 montre que la fraction nitrique est nettement plus représentée dans les
parties aériennes des plantes témoins que celles recevant un ou plusieurs nutriments
dans leur milieu. Ce résultat montre qu'en l'absence d'apport supplémentaire de
nutriments, les plantes mettent en réserve une fraction de l'azote prélevé dans l'eau
de mer diluée deux fois. Ce résultat ne pourrait pas s'expliquer par un effet
inhibiteur de la salinité de l'eau de mer sur la réduction du NO 3 - car plusieurs
données suggèrent que l'assimilation de NO 3 - ne serait pas perturbée dans ces
conditions de salinité modérée (Aslam et al., 1984; Soltani et al., 1993). La
compartimentation de Na+ dans la vacuole et la nitrate réductase dans le cytoplasme,
permet une bonne activité réductrice chez les plantes soumises au stress salin (Wyn
Jones, 1981).
Compte tenu, de la concentration très faible de l'eau de mer en formes assimilables
d'azote (les deux fractions ammoniacale et nitrique ne dépassent guère 100 µM) et de
la forte stimulation de la croissance obtenue en apportant uniquement de l'azote dans
l'eau de mer, il est permis de conclure que l'azote est un nutriment limitant la
croissance des plantes. Cependant, la forte proportion de NO 3 - chez des plantes
cultivées exclusivement sur l'eau de mer diluée deux fois soulève une contradiction.
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................192
Figure 7.7. Variations des proportions d'azote réduit et des nitrates dans les
parties aériennes chez Suaeda fruticosa et Spartina alterniflora en fonction de la
disponibilité des nutriments dans l'eau de mer diluée deux fois. Moyennes de
10 répétitions.
Comment explique -t-on une mise en réserve de l'azote sous forme de NO 3 - alors
que le milieu de culture en est très pauvre?
Ce résultat suggère qu'il y a un ou plusieurs autres facteurs qui seraient également
impliqués dans la réduction de la croissance. L'examen des variations des teneurs des
tissus en sucres solubles et en amidon (Fig. 7.8) montre que les plantes cultivées en
l'absence de tout apport supplémentaire de nutriments présentent les teneurs les plus
élevées en ces composés. L'amélioration de la croissance obtenue par addition d'un
ou plusieurs nutriments est associée à une diminution des teneurs en sucres solubles
et en amidon dans les parties aériennes. Ces résultats suggèrent que l'activité
photosynthétique des plantes témoins, privées d'apport supplémentaire de
nutriments, fournit plus d'assimilats que les besoins de la croissance. Les capacités
photosynthétiques ne semblent pas donc être affectées en condition de culture sur
l'eau de mer diluée à 50 %.
L'accumulation relativement plus importante de NO 3 - chez les plantes résulterait
d'une faible production de squelettes carbonés qui servent à la fixation du NH 4 +,
Chapitre VII. RECHERCHE DES NUTRIMENTS LIMITANTS ............................................................................193
Figure 7.8. Variations des teneurs des parties aériennes en sucres solubles
(exprimés en glucose) et en amidon chez Suaeda fruticosa et Spartina alterniflora
en fonction de la disponibilité des nutriments dans l'eau de mer diluée deux
fois. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Cet effet apparaît particulièrement quand ces systèmes ne sont plus limités par
leur substrat (apport de l'azote ou de N et P ou de la solution nutritive complète).
Nos résultats montrent également que les efficacités d'absorption d'azote sont
nettement plus élevées chez S. fruticosa que chez S. alterniflora. Cet écart s'expliquerait
par:
(i) Une plus forte vitesse de croissance chez Suaeda fruticosa ayant pour
conséquence une plus grande exigence nutritionnelle.
(ii) Une différence d'âges des racines: ces organes sont plus âgés chez
Spartina alterniflora et serait moins équipés en systèmes de transport.
(iii) Une meilleure disponibilité de l'azote pour S. fruticosa (cultivée en
aquaculture) que pour S. alterniflora (cultivée sur sable inerte).
5. CONCLUSION
En résumé, notre analyse montre que l'azote est le principal élément limitant dans
l'eau de mer. Cette limitation est liée à la pauvreté de l'eau de mer en formes
assimilables d'azote d'une part, et à l'absorption et l'utilisation limitée de l'azote,
d'autre part. Ces deux dernières fonctions semblent dépendre du niveau
d'accumulation de Pi dans les tissus, lui-même contrôlé par la disponibilité de l'azote.
Pour ces raisons, l'apport de l'azote minéral dans l'eau de mer permet de lever la
limitation azotée et de favoriser l'absorption de Pi, ce qui explique les fortes
potentialités de croissance obtenues uniquement par l'apport de l'azote. Cependant,
le phosphore disponible dans l'eau de mer ne permet pas de soutenir une croissance
maximale, les niveaux de production de matière sèche sont ainsi plus importants par
l'apport simultané de N et P que par l'apport unique de N. L'azote et le phosphore
sont les seuls éléments minéraux limitants dans l'eau de mer: la croissance des
plantes recevant une solution nutritive complète, n'est pas significativement
différente de celle des plantes recevant uniquement de l'azote et du phosphore.
CHAPITRE VIII
CONCLUSIONS GENERALES
1. INTRODUCTION
des niveaux relativement bas en Na+ et en Cl- en dépit de leur abondance dans le
milieu de culture.
Les caractéristiques de ces stratégies et leur implication dans la tolérance ainsi que
le comportement des deux halophytes sur eau de mer (complète ou diluée et enrichie
ou non en nutriments) ont été précédemment analysés (chapitres III à VII). Dans le
présent chapitre, nous nous appuyons sur les données acquises pour discuter la
possibilité de culture de ces deux halophytes à l'eau de mer dans les zones côtières
afin d'y produire du fourrage. Cette voie d'utilisation prendra en considération
plusieurs aspects comme l'aptitude de ces halophytes à se maintenir dans les
biotopes salins et à exprimer de fortes potentialités de croissance, la composition
minérale et organique de la phytomasse produite et sa conformité avec les exigences
nutritionnelles du bétail.
Photo 8.2. Aspect végétatif d'une touffe de Suaeda fruticosa au début de son
développement dans son biotope naturel de la sebkha de Soliman.
Chapitre VIII. CONCLUSIONS GENERALES........................................................................................................200
Photo 8.3. Aspect végétatif d'une touffe de Suaeda fruticosa dans son biotope
naturel montrant la repousse des rameaux verts sur des rameaux lignifiés.
Spartina anglica et de Puccinellia maritima (CMR comprise entre 0.020 et 0.050 j-1 après
43 jours de traitement; Rozema et Van Diggelen, 1991).
0 300 0 +N+P
Suaeda fruticosa
CMR 0.099 0.096 0.035 0.082
± 0.006 ± 0.009 ± 0.007 ± 0.008
Spartina alterniflora
CMR 0.016 0.013 0.025 0.036
± 0.005 ± 0.005 ± 0.011 ± 0.010
du mois de mars au mois d'octobre, il est possible d'effectuer au moins deux coupes
ce qui assurera une production primaire de 15 tonnes de matière sèche par hectare et
par an. Des estimations similaires montrent que Suaeda fruticosa produit au moins
4500 kg de matière sèche par hectare. Ces rendements sont comparables à ceux des
cultures fourragères conventionnelles irriguées à l'eau douce comme la luzerne
(10 tonnes / ha . an; Martiniello, 1998), la fléole, le dactyle et la fétuque élevée (7 à 13
tonnes / ha . an; Gillet, 1980) et le trèfle (8 tonnes /ha . an; Bublot et Hallet, 1981).
L'analyse de plusieurs données (cf. chapitre I) montre que le rendement en matière
sèche des halophytes les plus productives varie de 8 à 17 tonnes /ha . an.
Nos résultats sont donc en accord avec ceux de la littérature et montrent que nos deux
halophytes sont dotées de fortes potentialités de croissance et peuvent assurer un rendement
convenable en biomasse. Néanmoins, ils suggèrent que cette propriété dépende d'une
disponibilité adéquate de nutriments et d'eau et d'une salinité ne dépassant pas 300 mM
NaCl.
Nous venons de voir que les deux halophytes produisent une phytomasse
importante. Dans l'objectif de vérifier si sa composition est conforme aux exigences
nutritionnelles du bétail, nous avons comparé dans le tableau 8.2 la composition
minérale des parties aériennes des deux halophytes à celle du fourrage exigé par le
bétail.
Les résultats montrent clairement que les contenus des tissus des deux halophytes
en K+, en Mg2+ et en phosphore dépassent nettement les exigences nutritionnelles du
bétail. Les teneurs des parties aériennes de Suaeda fruticosa en Ca2+ est parfaitement
conforme aux exigences du bétail. Néanmoins, les teneurs des tissus de Spartina
alterniflora en Ca2+ ne couvrent pas toujours les besoins du bétail. Ceci pourrait se
produire chez les plantes soumises aux fortes salinités, qui affectent significativement
l'absorption et le transport de Ca2+ vers les parties aériennes conduisant ainsi à la
production d'une biomasse pauvre en ce cation. Par ailleurs, la teneur en matière
azotée totale (MAT) est nettement plus élevée chez S. fruticosa que chez S. alterniflora.
Néanmoins, la fraction azotée digestible (MAD) est sensiblement identique chez les
Chapitre VIII. CONCLUSIONS GENERALES........................................................................................................203
Ca2+ 4.7 – 10.4 3.4 – 6.0 6.0 – 9.0 5.5 – 10.0 6.0 – 8.5
Tableau 8.3. Teneurs, concentrations et taux en Na+ et en Cl- dans les parties
aériennes de Suaeda fruticosa et de Spartina alterniflora cultivées sur solution
nutritive complète additionnée de 300 mM NaCl. Les concentrations réelles en
Na+ et en Cl- sont obtenues en divisant les teneurs ioniques par celle de l'eau.
Des concentrations virtuelles sont également estimées en supposant que (i)
S. fruticosa ne dilue pas les ions par le phénomène de succulence: les teneurs
en ions des plantes cultivées à 300 mM NaCl sont ramenées à la teneur en eau
des plantes témoins; (ii) S. alterniflora ne sécrète pas Na+ et Cl- par les feuilles:
les quantités des ions accumulés dans les tissus sont additionnées aux
quantités sécrétées puis ramenées à la masse des feuilles puis à leur teneur en
eau. Moyennes de 10 répétitions. Intervalles de confiance au seuil de 5 %.
Espèces
______________________________________________________________
Paramètres
Na+, mmol.g-1 MS 5.4 ± 0.3 1.2 ± 0.2
Cl-, mmol.g-1 MS 3.2 ± 0.4 1.4 ± 0.2
NaCl, % MS 23.7 ± 2.2 7.7 ± 0.8
L'utilisation des rameaux de Suaeda fruticosa à l'état frais constitue une autre
alternative pour contourner les difficultés liées à la charge des tissus en sel. En effet,
en comparant les deux halophytes sur la base des concentrations (Tab. 8.3), on voit
que les différences spécifiques deviennent moins spectaculaires: les concentrations
des tissus des deux plantes en Cl- sont identiques, celles de Na+ sont à peine deux
fois plus élevées chez S. fruticosa que chez S. alterniflora. Cette atténuation des
différences résulte d'une forte aptitude de la première espèce à assurer une
alimentation hydrique convenable de ses tissus et à diluer les fortes quantités de sel
Chapitre VIII. CONCLUSIONS GENERALES........................................................................................................206
absorbées. Pour mieux illustrer cette propriété, nous avons déterminé les
concentrations de Na+ et de Cl- en supposant que l'alimentation hydrique n'est pas
stimulée par la présence de sel dans le milieu de culture (absence du phénomène de
succulence).
Les données du tableau 8.3 montrent que la succulence réduit de 25 % la
concentration des tissus en Na+ et en Cl-. Ce facteur n'est pas négligeable pour une
halophyte inclusive. Néanmoins, la succulence semble moins performante au niveau
du contrôle de l'accumulation du sel dans les tissus. En effet, chez Spartina alterniflora,
la concentration réelle en Na+ et en Cl- est au moins 10 fois plus faible que celle qui
existerait en l'absence de sécrétion foliaire.
En bilan, Spartina alterniflora produit une phytomasse pauvre en Na+ et en Cl- et pouvant
être consommée à l'état frais ou à l'état sec puisque la sécrétion foliaire contribue de manière
efficace au dessalement des tissus. La succulence réduit la concentration des tissus de Suaeda
fruticosa en sel et favorise sa consommation à l'état frais. Cependant, la biomasse de cette
espèce peut constituer avec d'autres ingrédients pauvres en sel une diète équilibrée pour la
consommation du bétail.
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