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Feyda Srarfi
University of Tunis El Manar
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THESE
Présentée par
Feyda SRARFI
Pour obtenir le grade de :
DOCTEUR EN GEOLOGIE
C’est avec joie que j’exprime mes remerciements à monsieur Hamed BEN
DHIA, Recteur de l’Université de Sfax pour avoir accepté d’examiner ce travail
en dépit de ses innombrables charges scientifiques et administratives. Je suis
honorée qu’il accepte de faire partie de mon jury de thèse.
J’adresse ma profonde gratitude à monsieur Hédi ZAROUK, Directeur de
l’Institut National de Recherche et d’Analyse Physico-chimique, qui a bien voulu
faire partie de ce jury. Je ne saurai oublier ses qualités humaines, sa confiance
en moi et son aide inestimable. Je saisi l’occasion pour lui témoigner ma très
haute considération.
J’adresse mes vifs remerciements à un grand Monsieur et un grand Scientifique,
à monsieur Kamel BELKHOUJA, ex-Directeur de l’INAT pour m’avoir beaucoup
appris.
La troisième partie (62 pages) est intitulée « étude géochimique des eaux et des
sédiments de surface de la lagune de Bizerte ». La comparaison des
comportements géochimiques des éléments étudiés entre eux et avec les
paramètres physicochimiques a permis à identifier des associations chimiques
entre les éléments métalliques et de dégager certaines affinités entre eux. La
matrice eau montre une certaine atténuation naturelle des éléments comme
l’aluminium, le cuivre, le chrome et le mercure. Toutefois cet équilibre reste
précaire à cause des échanges continus entre eau et sédiments.
Les associations chimiques dépendent des variations saisonnières. Le manganèse,
le fer, la matière organique et les minéraux argileux jouent un rôle déterminent
dans cette répartition saisonnière. En hiver, une association s’établit entre le fer,
l’arsenic, le plomb, le cuivre, le zinc et le cadmium. Par contre en été, on a le
manganèse qui s’associe avec le cuivre, le plomb, le zinc, le cobalt et l’arsenic.
Ceci est en relation avec le remaniement des sédiments en hiver qui libère les
métaux associés aux oxydes de manganèse vers la colonne d’eau permettant le
réarrangement des éléments libérés entre les autres phases composant le sédiment.
La quatrième partie (11 pages) traite le rôle du prétraitement des échantillons dans
l’estimation de la pollution inorganique. A cause de l’importance de chaque étape
analytique dans l’interprétation des résultats, la séparation granulométrique des
échantillons de sédiment ou l’acidification des échantillons aqueux, doit être
recommandée selon l’objectif de l’étude. L’analyse des trois fractions
granulométriques a montré que la fraction la plus fine n’est pas toujours la plus
concentrée en éléments inorganiques en traces, ce qui remet en cause son choix
comme pratique de pré-concentration des échantillons sédimentaires dans un
milieu pollué.
Une conclusion générale (4 pages) rappelle les résultats trouvés et lance des idées
à développer dans le futur proche, un couplage concernant les domaines l’analyse
de spéciation des éléments métalliques d’une part, et celui de la modélisation
hydrodynamique d’autre part.
Résumé
L’objectif principal de ce travail qui est celui d’évaluer l’état de pollution des eaux et
des sédiments de la lagune de Bizerte, ainsi que l’étude géochimique de quelques
éléments métalliques tels que le fer, le manganèse, le chrome, le zinc, le cuivre, le
plomb, l’arsenic, l’aluminium, le nickel et le cadmium.
L’approche par l’analyse du risque, est scindée en deux volets dont le premier est
consacré à la présentation de la méthodologie utilisée pour l’analyse du risque. Ce volet
rend compte de la connaissance de toutes les étapes du diagnostic des sites pollués (visite
préliminaire, diagnostic initial, schéma conceptuel, évaluation des risques). Le second
volet présente les résultats acquis de cette méthode d’analyse. Il met en évidence la
présence d’une dépollution environnementale par la valorisation des déchets dans le
bassin versant de la lagune de Bizerte, qui constitue réellement un transfert de pollution.
Les analyses du risque ont permis de localiser les sites pollués, l’inventaire des éléments
polluants ainsi que leurs points de rejets.
Une soixantaine d’échantillons aqueux prélevés des eaux de surface de la lagune et une
vingtaine d’échantillons de sédiments (deux compagnes saisonnières), ont été
sélectionnés pour analyses. La comparaison des comportements géochimiques des
éléments étudiés entre eux et avec les paramètres physicochimiques a permis d’identifier
des associations chimiques entre les éléments métalliques et de dégager certaines
affinités entre eux. La matrice eau montre une certaine atténuation naturelle des
éléments comme l’aluminium, le cuivre, le chrome et le mercure. Toutefois cet équilibre
reste précaire à cause des échanges continus entre eau et sédiment.
Les associations chimiques dépendent des variations saisonnières. Le manganèse, le fer,
la matière organique et les minéraux argileux jouent un rôle déterminent dans cette
répartition saisonnière. En hiver, une association s’établit entre le fer, l’arsenic, le
plomb, le cuivre, le zinc et le cadmium. Par contre en été, on a le manganèse qui
s’associe avec le cuivre, le plomb, le zinc, le cobalt et l’arsenic. Ceci est en relation avec
le remaniement des sédiments en hiver qui libère les métaux associés aux oxydes de
manganèse vers la colonne d’eau permettant le réarrangement des éléments libérés entre
les autres phases composant le sédiment.
Avant- Propos
Introduction 1
I. Définitions
Chapitre II : Rôle des phases minérales dans la fixation des éléments métalliques
Conclusion 16
I- Introduction 17
III- Méthodologie 18
III-1 La visite préliminaire
III-2 Le diagnostic initial
III-3 Le schéma conceptuel
III-4 L‘évaluation simplifiée des risques
VII- Conclusion 29
I. La stratégie d’échantillonnage 30
I. 1 Prélèvement – échantillonnage 30
I. 2 Stratégie de prélèvement 30
I. 3 Analyses sur site
I- Situation géographique : 39
I Introduction 55
II Répartitions spatiales des éléments majeurs et mineurs dans les eaux de surface de
lagune de Bizerte 56
VI Conclusion 75
I Introduction 76
VII Etude de relation entre les éléments métalliques dans les sédiments de la lagune de
Bizerte 97
VII-1 Compagne printanière
VII-2 Compagne estivale
VII-3 Relation entre la dégradation de la matière organique et la répartition des
éléments métalliques dans l’eau et le sédiment
Conclusion 106
I Introduction 107
IV Conclusion 113
I Introduction . 114
II Rôle de la stabilisation des échantillons aqueux par acidification dans la répartition des
métaux entre la phase liquide et la phase colloïdale 114
III Etude comparative des deux prétraitements dans la matrice eau 115
V Conclusion 118
Annexes
Introduction
La lagune de Bizerte située à l’extrême Nord Est de la Tunisie a été largement étudiée.
Plusieurs travaux scientifiques et techniques se sont intéressé à ce milieu assez
particulier. Sa position lui confère un intérêt économique qui a laissé des séquelles
environnementales assez évidentes sur ce milieu devenu actuellement fragile.
Les travaux antérieurs se sont intéressés à l’étude sédimentologique et minéralogique
du bassin versant de la lagune (Soussi, 1981 ; Kamens et al, 1984 ; Mathlouthi, 1988 ;
Oueslati, 1994), tectonique (Melki, 1991), hydrologique (Kallal, 1984 ; Mansouri,
1996), géochimique (Hamouda, 1996 ; Hammami, 2005) et environnementales (ANPE,
1990 ; Yoshida, 2004; Ben Romdhane, 2004 ; Hassen, 2004 ; Trabelsi, 2004 ; MAERH,
2004, 2005).
Le présent travail s’intègre dans ces deux dernières catégories avec une synthèse
géochimique sur les éléments inorganiques majeurs et traces au niveau des eaux de
surface et des sédiments superficiels et un diagnostic environnemental des sites pollués
au niveau du bassin versant.
Le choix des matrices était basé essentiellement sur ce qu’elles représentent comme
réservoirs géochimiques dynamiques et réactifs, c’est-à-dire prompts à réagir aux
changements physico-chimiques du milieu.
Ainsi, ce mémoire comporte quatre parties :
La troisième partie, inclut quatre chapitres représentant l’étude géochimique des eaux
et des sédiments de surface et la Méthodologie expérimentale. Également, l’étude des
relations qui peuvent exister entre les différents éléments inorganiques majeurs et traces
entre eux et les paramètres physico-chimiques du milieu naturel. Les mécanismes qui
régissent la répartition de ces éléments dans les différents réservoirs géochimiques sont
prospectés aussi.
Chapitre I
Les conséquences des métaux lourds sur l'environnement
I. Définitions
Les définitions des métaux lourds sont multiples et dépendent du contexte dans lequel
on se situe ainsi que de l’objectif de l’étude à réaliser (Di Benedetto, 1997).
D’un point de vue scientifique et technique, les métaux lourds peuvent être également
définis comme :
· Tout métal ayant une densité supérieure à 5,
· Tout métal ayant un numéro atomique élevé, en général supérieur à celui du Sodium
(Z=11),
· Tout métal pouvant être toxique pour les systèmes biologiques.
La classification en métaux lourds est souvent discutée car certains métaux toxiques ne
sont pas particulièrement " lourds " (le zinc), tandis que certains éléments toxiques ne
sont pas tous des métaux (l'arsenic). Pour ces différentes raisons, la plupart des
scientifiques préfèrent à l'appellation métaux lourds, l'appellation " éléments en traces
métalliques ".
Chapitre II
Rôle des phases minérales dans la fixation des éléments métalliques
I. Introduction :
La pollution des sols et des nappes phréatiques est particulière pour plusieurs raisons :
- la difficulté d’identifier les sources et par conséquent d’en évaluer les impacts et
les risques ;
- le caractère persistant des pollutions.
Ce caractère de persistance, voire d’irréversibilité pour certaines pollutions résulte d’une
cinétique d’évolution très lente des mécanismes de dispersion ou de dégradation ;
- l’aspect le plus problématique pour ce type de situation est l’inventaire,
l’identification et la caractérisation d’une pollution, (Hermine, 2001).
Pour toutes ces raisons, toute méthodologie d’évaluation et d’appréciation du risque de
pollution doit être claire et applicable. L’approche française (Etude simplifiée des
Risques) s’appuie sur le principe de la proportionnalité entre l’action et le risque
potentiel.
Cette approche a été testée sur des centaines de sources de pollution afin d’apporter
plusieurs améliorations et modifications inspirées des conditions réelles du terrain. Dans
ce travail, on a voulu appliquer cette approche dans :
- un contexte économique différent de celui pour lequel elle a été mise au point ;
- un contexte environnemental et naturel très distinct de celui de l’Europe ;
- un contexte social et une mentalité environnementale différents.
II- Cadre socio-économique :
Les environs de la lagune de Bizerte constituent un pôle de développement à caractère
national (ANPE, 1990) on y trouve (fig1):
- des activités industrielles concentrées en cinq zones à savoir : Zarzouna, Menzel
Jémil, Menzel Bourguiba, la Pêcherie et la ville de Bizerte;
- des activités portuaires : deux ports de commerce (Bizerte et Menzel Bourguiba)
sont raccordés par un chenal de navigation long de 11 km, creusé en 1895 pour
faciliter l’accès des bateaux à Menzel Bourguiba. Les boues de dragage ont servi
à la construction du vieux port de Bizerte,
- des activités militaires : une importante base occupe une grande partie de la lagune
de Bizerte entre la Pêcherie et oued Tinja,
- des activités agricoles : d’importantes surfaces agricoles sont utilisées pour les
céréales, les cultures maraîchères et l’arboriculture,
- des activités de pêche : ces dernières années, plusieurs zones d’aquaculture ont
été implantées sur les bordures Nord-Est et Ouest de la lagune.
III- Méthodologie
Cette approche (fig.2) est basée sur plusieurs étapes indispensables à l’identification et
la classification des sites pollués (Darmendrail, 1999 ; BRGM, 2000) selon le risque
qu’ils présentent sur les milieux naturels tels que les eaux souterraines, les eaux de
surface et le sol:
Source de pollution
Mise en
œuvre des
Visite préliminaire oui mesures
Y a t-il un risque immédiat ? d’urgence
non
incertitude Surveillance
Déchets industriels ou autres renforcée de la
source
Construction du schéma
conceptuel
Source/transfert/cible
Site banalisable
Etude Simplifiée des Risques Classe 3
Classe 1 ; 2 ; 3
Pollution importante
8
1
2 Déchets 4
Sol
6 7
3 Nappe phréatique 5
Lagune de Bizerte
Légende
1 : Usage pour alimentation en eaux potables
2 : Infiltration des eaux polluées dans le sol
3 : Infiltration des eaux polluées dans la nappe
4 : Ruissellement des lixiviats
5 : Alimentation de la lagune par les nappes côtières
6 : Consommation des poissons par l’être humain
7 : Activités récréatives
8 : Incinération des déchets par des chiffonniers
Les activités les moins polluantes sont dans le domaine du textile et dans le domaine des
briqueteries.
1- Le textile comporte trois catégories, (Abbes, 1994):
- L’ennoblissement (utilisation des colorants et des pigments contenant des métaux
lourds),
- La fabrication des fibres synthétiques (utilisation des polymères synthétiques),
- Le tissage et la filature (les déchets sont généralement des fibres, des tissus et des
graisses qui sont peu polluants).
2- Les briqueteries et les cimenteries ont une charge polluante essentiellement
atmosphérique. Elles ont une influence faible sur les eaux souterraines, les eaux de
surface peuvent être atteintes seulement par précipitation des particules minérales
issues des cheminées (Morlot, 2001). Par contre la céramique, domaine utilisateur
d’oxydes métalliques constitue une source potentielle d’éléments toxiques.
3- Les travaux électriques désignent la fabrication et la réparation des transformateurs
électriques. Ces sites sont susceptibles de contenir des huiles usagées contenant du
PCB, surtout que la quantité, la localisation et la destination de ces huiles restent
inconnues (MEDIEN, 1998). C’est une pollution potentielle.
4- L’industrie chimique regroupe plusieurs catégories :
- Les industries para pharmaceutiques et l’industrie du chlore restent classées
deuxièmes. Elles sont de petites unités avec une capacité de production faible.
- L’industrie du caoutchouc : les additifs qui peuvent être utilisés lors du procédé de
fabrication représentent un éventuel risque (Quevauviller, 2001) mais avec une
quantité faible.
- Le raffinage du pétrole : la pollution provient essentiellement du stockage des
boues résiduaires de nettoyage des cuves dans une excavation non étanche et le
rejet des eaux de procédé de fabrication directement dans la mer,
- Le recyclage des huiles usagées.
5- La métallurgie comporte des unités de traitement de surface, les fonderies et les
travaux métallurgiques. Ces derniers sont les moins dangereux ceci est dû
essentiellement à la quantité de polluants (soudure) ou à la nature physique du polluant
(sable de fonderie).
Le traitement de surface est une opération qui produit des eaux très toxiques et des boues
composées de précipité de métaux lourds et d’autres éléments cancérigènes dont l’état
d’insolubilité est réversible (Tostmann, 1993).
6- Les travaux maritimes désignent le dragage des ports et la réparation navale : Ces
pratiques sont à l’origine d’une pollution essentiellement organique tels que les
hydrocarbures, les huiles, mais aussi les organoétains utilisés pour ses propriétés
toxiques comme matière active dans les peintures antisalissures des bateaux (Alzieu,
2000).
7- L’extraction minière désigne un site abandonné d’une ancienne mine de zinc et de
strontium. Les remblais et les dépôts de stériles contenant des métaux lourds se trouvent
transportés par l’oued Mérazig qui alimente le bassin versant de la lagune (fig.1).
8- Les décharges sauvages sont des dépotoirs dans un terrain vague pouvant contenir
toute sorte de pollution : urbaine, industrielle, boues de dragage des ports, des déchets
spéciaux des hôpitaux, (fig.3).
VI- Conclusion
D’après les résultats de l’évaluation simplifiée et ceux du diagnostic initial, on a identifié
la zone sud et sud ouest comme la zone la plus touchée par les problèmes de pollution.
En effet, cette région abrite plusieurs activités polluantes implantées sur les berges de la
lagune de Bizerte (annexe 1). Exemples :
La décharge sauvage de Menzel Bourguiba,
La sidérurgie el Fouleth,
La réparation navale,
La station de traitement des eaux urbaines,
Les unités de traitement de surface,
Les unités industrielles chimiques.
Ces activités sont à l’origine d’un ensemble de polluants organiques et inorganiques,
touchant plusieurs milieux naturels tels que le sol, les eaux souterraines, les eaux de la
lagune et même l’atmosphère.
D’autres zones de rassemblements des activités polluantes se dégagent de cette étude
telles que les côtes nord et ouest. Ces régions représentent en général des zones
industrielles.
VII. Valorisation des déchets et transfert de pollution
L’exploitation des résultats de l’ESR peut se faire d’une manière différente. En effet si
on s’intéresse à l’implantation des activités industrielles dans la région de Bizerte, on
remarque qu’elle n’est pas aléatoire. Le contexte géologique est attractif, la région
représente une réserve de substances utiles assez intéressante, ce qui explique
l’implantation condensée des industries de céramique, des briqueteries et des
cimenteries tout autour des réserves naturelles (fig.4). Les industries métallurgiques sont
aussi nombreuses, dues à l’implantation de la sidérurgie sur les bords sud de la lagune
depuis le début des années soixante. Cette zone côtière offre aussi la possibilité de se
débarrasser directement des déchets dans le milieu naturel (mer, lagune).
Une augmentation sensible des coûts d’énergie et de matière première a amené les
industriels à prendre conscience sainement de la nécessité d’une gestion de leurs déchets
et sous la pression d’une législation de plus en plus contraignante et à mettre en œuvre
des procédés de prévention, de recyclage interne et de récupération (Maes, 1986).
C‘est dans ce sens que les industriels bizertains commencent à valoriser leurs déchets
(cas des principaux exemples, fig.5):
- le recyclage des eaux des bains de traitement de surface dans les unités
métallurgiques;
- la pyrolyse des coupes lourdes issues du recyclage des huiles usagées par la
raffinerie;
- l’incinération des déchets d’autres unités industrielles par les cimenteries et les
briqueteries pour les exploiter comme combustible.
La valorisation énergétique est la plus pratiquée dans la région de Bizerte, c’est la forme
de valorisation la plus simple et la moins coûteuse. En plus, le nombre élevé des
cimenteries et briqueteries inspire ce genre de pratique.
Toutefois, la destruction thermique des déchets génère des sous produits pouvant être à
risque, l’incinération n’est plus considérée comme le "feu purificateur". En effet, la
combustion de matières organiques contenant des PCB ou des PCB associés aux
composés de polychlorobenzènes, produit les dioxines et les furannes. Ces dernières ont
une toxicité beaucoup plus élevée que celle des BCP eux mêmes sur l’écosystème
aquatique.
Contexte Réserves
géographique géologiques
Décharge sauvage
VIII- Conclusion
L’évaluation Simplifiée des Risques est une méthode très intéressante qui tient compte
d’une multitude de paramètres. Son application à l’exemple de la lagune de Bizerte
révèle certains aspects pratiques des usages environnementaux de la région.
L’exemple de la lagune montre qu’une pratique de dépollution (valorisation des déchets)
peut devenir dans certains cas une voie de transfert de pollution.
Donc, l’intérêt de cette étude réside dans l’identification des sources de pollution
(directes et indirectes) dans le bassin versant de la lagune de Bizerte, la localisation
géographique de leurs points de rejets, et la détermination de la nature chimique des
éléments polluants.
Les zones industrielles et les décharges sauvages restent des aires de concentration
préférentielles des différentes activités polluantes dans cette région. La nature des
éléments nocifs est très variée, mais la pollution la plus présente reste les métaux lourds,
les hydrocarbures, et les matières en suspension.
Troisième Partie : Etude géochimique des eaux et des sédiments de surface
de la lagune de Bizerte
I. Stratégie d’échantillonnage
L’échantillonnage au sens strict est une simple réduction de masse. Précédant l’analyse,
cette réduction de masse doit respecter la composition du lot aussi bien que possible.
Tout le problème d’échantillonnage est là. (Gy, 1996)
I.1 Prélèvement- Echantillonnage
Le prélèvement est une étape essentielle pour la validité des résultats analytiques
ultérieurs. Quand on cherche à doser des éléments inorganiques en traces dans les
eaux naturelles, il est facile d’avoir des artéfacts pendant le prélèvement de
l’échantillon qui faussent complètement les résultats. Ces artéfacts peuvent venir de
l’acide utilisé, d’un flacon mal lavé, ou d’une contamination par la poussière dans
l’air ambiant (Morlot, 2001).
I.2 Stratégie de prélèvement
I.2-1 Mode d’échantillonnage
a) Volume : le volume d’échantillon à prélever doit répondre à deux types
d’impératifs. Tout d’abord, le volume prélevé devra assurer la représentativité de
l’échantillon par rapport à son point de prélèvement. Ensuite, le volume prélevé
devra être suffisant pour permettre la réalisation ultérieure de l’analyse avec le
nombre éventuelle de répétition, et la technique adoptée. Pour cette étude, le
volume d’échantillon choisi est de 1litre (O’Neill et al, 1994 ; Dumble et al,
2001 ; Thorton et al, 2002), ce qui convient largement aux protocoles d’analyses
des traces (émission atomique) et des éléments majeurs (dosage volumétrique).
b) Nombre d’échantillon : le problème du nombre de prélèvements nécessaires
pour les eaux superficielles, très hétérogènes dans l’espace, est assez compliqué.
Pour cela un prélèvement en fonction de la distance des berges est effectué. Un
exemple de trois points classiques dans la section considérée (1.5m de la berge
droite, milieu de la section, et 1.5m de la berge gauche) ce qui donne ainsi neuf
prélèvements ponctuels par lieu échantillonné (Morlot, 2001).
Le cas de la lagune est plus complexe, on a choisi cinq sections couvrant l’ensemble
de la lagune et contenant 8 à 9 points de prélèvement au lieu de trois. Ce plan est
complété par cinq points dans le goulet.
Les autres points étaient choisis d’une manière plus sélective, suivant les points de
rejets dans les zones industrielles et urbaines sur les berges (fig.6).
Pour les sédiments, l’échantillonnage était tributaire de la profondeur du fond, de la
végétation et de la présence des hauts fonds. Vingt points, répartis sur l’ensemble de
la lagune, forme le plan de prélèvement. Ce choix dépendait beaucoup des conditions
de terrain (fig.6)
c) Fréquence : La région est soumise à une variation semi annuelle. Deux
campagnes d’échantillonnage ont été programmées (hiver, été).
I.2- 3 Matériel de prélèvement- Flaconnage
A1 B1 A2 B2 A3 B3 A4 B4
A1 + A2 + A3 + A4 = Echantillon EA
B1 + B2 + B3 + B4 = Echantillon EB
Chaque échantillon est broyé avant la minéralisation pour faciliter la mise en solution
des éléments à analyser.
II.2-4 Minéralisation par voie humide :
L’étape de minéralisation et de mise en solution représente la plus grande source
d’incertitudes, la partie la plus laborieuse et la moins documentée de l’analyse.
Pour cette étude on a procédé à une attaque totale réalisée en présence d’acide
fluorhydrique, combiné avec d’autres acides (Jeannot et al, 2001 ; Quevauviller, 2001).
L’acide nitrique est l’un des agents les plus utilisé dans les mélanges d’attaque (Pinta,
1970 ; Hoeing, 1996).
La mise en solution totale de 1g de sédiment a été effectuée par un mélange, 20 ml d’eau
régale (acide nitrique 1/3, acide chlorhydrique 2/3) avec 10 ml d’acide fluorhydrique.
Cette attaque triacide à été conduite dans des godets en téflon pendant une nuit à froid,
puis à chaud jusqu’à évaporation totale, afin d’éliminer l’acide fluorhydrique qui
endommage les nébuliseurs en verre de l’ICP.
La reprise du résidu a été réalisée avec une solution d’acide nitrique à 5%.
Les mesures ont été faites sur cette solution finale.
I- Situation géographique :
La lagune de Bizerte est située à l’extrémité Nord de la Tunisie entre les parallèles 37°8’
et 37°14’ et les longitudes 9°48’ et 9°56’. Elle est limitée au Nord par de bassins côtiers
qui s’écoulent vers la Méditerranée, à l’Est par les bassins versants de Ras Jebel, au Sud
par la basse vallée de Mejerda et à l’Ouest par la Garât Ichkeul.
La lagune de Bizerte de forme elliptique (N-S=11Km, E-O= 13Km), couvre une
superficie d’environ 150ha. Elle communique avec la mer par un canal de 6.5Km de
longueur, 300m de largeur et 12 m de profondeur. Elle est reliée à Garât Ichkeul par le
chenal de Tinja (photo 1). Ce chenal est peu profond et une longueur de 5 Km.
II.3 La pluviométrie
Le régime de pluie est généralement de type averse avec une moyenne annuelle de 450
à 650 mm de pluie. Le nombre de jour effectivement pluvieux est de 113 jours. Les mois
les plus pluvieux sont successivement : novembre, décembre et janvier.
Les mois les plus secs sont juin, juillet et août caractérisés par des précipitations
inférieures à 10 mm.
II.4 L’évaporation :
L’évaporation mesurée à la surface de l’eau de la lagune de Bizerte est d’environ 1230
mm/an.
L’humidité relative est au alentour de 100% durant la saison hivernale, la moyenne
annuelle est de 80%. (Mansouri, 1996).
Ces résultats montrent que les zones nord et sud sont des régions de renouvellement.
Alors que leurs parties NE et SE sont situées en aval des circulations intenses, ce qui
pourrait les rendre plus vulnérables à une pollution potentielle amont.
La simulation de l’effet composé des vents et des marées montre qu’en marées
ascendantes, l’eau de mer entre par le goulet d’une manière intense. Le courant ensuite
s’atténue rapidement à l’intérieur de la lagune.
Légende
× × × : Zone de faible renouvellement des eaux
: Zone d’important renouvellement des eaux
Les masses d’eau qui entrent à l’intérieur en marées ascendantes sont les mêmes qui
sortent en marées descendantes vers la mer. La simulation des mouvements
hydrodynamiques montre que le mélange des eaux de la lagune avec celles de la mer est
très faible. Ce qui aggrave l’effet d’une éventuelle contamination dans la lagune
puisqu’elle ne sera pas évacuée vers le large qu’après une longue période.
III-3 Conditions hydrologiques
Le réseau hydrographique qui alimente la lagune de Bizerte est bien développé et draine
un bassin versant d’une superficie totale de 252 Km2 (fig.1).
Les principaux cours d’eau sont :
- Au Sud : les oueds Guénine, Ben Hassine, Hatet, Douamis, El Gouraya, Garek,
Tliba et Chégui
- Au Nord : les oueds Mérazig et El Haima,
- A l’Est : les oueds El Khima, Guéniche, El Hella
- A l’Ouest : les oueds Soula et Tinja.
L’oued Tinja joue un rôle important dans le mouvement de l’eau de la Garât Ichkeul
vers la lagune et vis versa. Ces mouvements sont tributaires des conditions climatiques.
En été, une forte évaporation entraîne une intrusion des eaux marines vers la lagune
ensuite vers Garât Ichkeul. En hiver, les précipitations et les oueds alimentent Garât
Ichkeul en eau douce, ce qui entraîne un écoulement des eaux vers la lagune ensuite vers
la mer.
III-3-1 Les apports d’eau dans la lagune
Les apports d’eau à la lagune proviennent des ruissellements des différents cours d’eau
drainant les bordures de la lagune, les déversements de l’oued Tinja et les précipitations
directes sur la surface de lagune elle-même.
III-3-1-1 Les apports des cours d’eau
Les estimations du ruissellement sont basées essentiellement sur les résultas des oueds
Mérazig, Ben Hassine et Guéniche.
Les apports de l’oued Tinja estimés par Kallel, (1989) étaient de 165 Mm3 mais ce
volume est réduit considérablement après la construction des barrages sur les principaux
cours d’eau qui alimentent garât Ichkeul (Ben M’barek 2001, MARHE, 2004). Ces
apports sont tributaires du programme de gestion de l’écluse, construite sur l’oued Tinja.
Les apports dûs aux précipitations directes sur le bassin de la lagune sont estimés à 31
Mm3 mais ceci dépendra aussi de la gestion de l’écluse (Kallel, 1989).
Actuellement, la gestion des différents barrages, la pluviométrie, l’évaporation dans la
garât Ichkeul, le vent, la gestion de l’écluse d’une part, la marée, le vent, le volume des
rejets hydriques d’autres part, compliquent l’estimation des échangens à travers le
chenal de Tinja.
Les apports dûs aux précipitations directes sur la surface de la lagune sont aussi
importants.
D’après Bouzouita (2003), en dehors des périodes de crues, les échanges à travers ce
chenal sont négligeables. En été, la forte évaporation des eaux de garât Ichkeul entraîne
la pénétration des eaux de la mer vers la lagune, ensuite vers Ichkeul. Ceci se traduit par
une forte salinité des eaux.
Les résultats des différentes estimations sont résumés dans le tableau suivant :
Tableau 5 : Estimation des apports d’eau par les oueds au niveau du bassin de la lagune
de Bizerte (Kallel, 1989)
RS : Mel Bizerte
Guéniche Bizerte/
ressources Bourguiba- Mel O. El Nord- O. Ben
Guéniche Mio- Nord
Bizerte Bourguiba Grâa Grâa Hassine
pliocène Corniche
Sud campanien
RS totales
Mm3/an
2 1.90 7.05 4.70 7.50 9.50 1.0 3.32
Exploitatio
n Mm3/an
1.35 1.53 5.20 0.47 9.62 4.30 0.40 4.15
RS
disponibles 0.65 0.37 1.85 4.23 -2.12 5.20 0.60 -0.83
Mm3/an
Salinité
max g/l
2.0 1.2 2.0 1.5 2.5 2.0 1.5 1.5
Salinité min
g/l
1.5 0.5 1.0 1.0 1.9 0.5 1.5 1.0
alluvi
Lithologie alluvions alluvions calcaire alluvions alluvions alluvions alluvions
ons
Relation avec
avec nappe avec nappe aucu avec nappe
Entre aucune nappe aucune aucune
profonde phréatique ne phréatique
nappes profonde
V Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau de surface de lagune de Bizerte
Durant la période pluvieuse, les précipitations provoquent une chute de la salinité
jusqu’à une valeur inférieure à 28 ‰. Par contre, durant la saison estivale, les eaux de
la lagune ont une salinité tout à fait similaire a celle de la mer (38 ‰) et les eaux salées
qui s’introduisent dans la garât Ichkeul y provoquent une augmentation de la salinité.
En 1966, Azzouz a montré que les eaux douces de la garât Ichkeul ont une grande
influence sur la salinité de la lagune pendant la saison hivernale.
Les températures des eaux de surface de la lagune pendant la saison hivernale sont
comprises entre 9.5 et 10°C. Aux mois de juin et de juillet, les valeurs s‘échelonnent de
24 à 26°C.
Il est certain que le vent est le principal facteur contrôlant les mouvements de l‘eau et
peut être même, la circulation des eaux de la lagune vers la mer. (Kamens et al, 1984,
ANPE, 1990; MARHE, 2004)
D’une façon sommaire les quantités de métaux lourds observés les principales lagunes
de Tunisie :
Bahiret el Bibane, située au Sud du pays, possède de loin les sédiments les plus
pauvres en métaux lourds. Cette lagune n’est pratiquement en relation avec
aucune source de pollution.
Le Lac de Tunis, dont les problèmes de pollution sont sérieux, est très riche en
minéraux lourds. Les valeurs obtenues sont les plus élevées.
La Lagune de Bizerte qui reçoit quelques effluents domestiques et industriels
présente des valeurs intermédiaires.
Tableau 7 : Répartition des valeurs des métaux lourds observées dans trois lagunes
tunisiennes
I Introduction :
L’étude environnementale du bassin versant de la lagune de Bizerte est un exemple pour
mettre en relation les différentes composantes du milieu littoral de la région de Bizerte,
en comprendre la richesse, la complexité et les interactions avec les activités humaines.
La synthèse des travaux antérieurs, très nombreux sur cette zone humide, nous a permis
de connaître l’état de ce milieu bien avant l’expansion des activités industrielles que
connaît la région de nos jours (chapitre V).
Après l’échantillonnage et l’analyse des éléments majeurs des eaux de surface de la
lagune (campagne estivale), on a pu déterminer l’état actuel de ce milieu très vulnérable
aux différentes formes de pollutions et de définir l’impact de l’intensification des
activités anthropiques sous toutes ses formes (agricoles, urbaines et industrielles).
II. Répartitions spatiales des éléments majeurs et traces dans les eaux de surface
de la lagune de Bizerte :
Les analyses des eaux de la lagune de Bizerte montrent des teneurs en ions majeurs très
différentes de celles des eaux marines desquelles sont issues. Ce changement est dû très
probablement aux différents apports naturels et anthropiques.
II. 1 Les paramètres physico-chimiques :
II. 1-1 Le pH (fig.12)
La valeur moyenne du pH est de 7,95. Donc, les eaux sont plutôt basiques. Ces valeurs
sont cependant variables d’un point à un autre, ce qui dénote du caractère localisé des
paramètres physico-chimiques du milieu. Les valeurs les plus élevées se rencontrent sur
les côtes sud (8 à 8.41) où la lagune reçoit des eaux traitées de la station ONAS. Les
valeurs les plus basses sont observées dans la zone est et se situent autour 7.6.
20 0,01
16
12
Légende 0,005
8
Coefficient de corrélation 4
% d’association ionique 0 0
Ca-HCO3 Mg-HCO3 Na-HCO3
I Introduction :
Deux campagnes d’échantillonnage saisonnières ont été effectuées. Ceci dans le but de
suivre les variations intersaisons qualitatives et quantitatives des teneurs en éléments
inorganiques en traces dans les sédiments. Le prélèvement est tributaire de la présence
des fonds rocheux et de la végétation qui empêche le piégeage des sédiments par la
benne de prélèvement.
II Répartition spatiale des éléments inorganiques dans les sédiments de la lagune
de Bizerte (campagne hivernale)
II.1 Le fer
Les concentrations en fer dans le sédiment de la lagune sont comprises entre 0.5 et 5%
(fig.30). Les valeurs les plus fortes s’enregistrent au Sud Ouest de la lagune. Toutefois,
on remarque une certaine homogénéité dans le reste des sédiments.
II.2 Le Manganèse
Il y’a une très forte similitude entre la carte d’isoteneurs en manganèse et en Fer (fig.31).
Ceci indique une même répartition spatiale des deux éléments mais avec des valeurs
plus faibles pour le manganèse.
Les concentrations varient de 50 à 650 ppm.
II–3 Le Nickel
Les teneurs s’échelonnent de 4 à 24 ppm (fig.32).
Le centre de la lagune présente des concentrations plus importantes que les parties Est
et Ouest. On remarque aussi l’augmentation des teneurs en nickel en face de l’oued Tinja
II–4 Le Plomb, le Cuivre, le Cadmium, le Zinc
On remarque une seule zone de concentration au Sud Ouest de la lagune. Ces
concentrations
Figure 30 : Carte d’isoteneurs du fer dans les sédiments de surface en %
(campagne hivernale)
Le cadmium est un élément bioconcentré par les organismes marins tels que les
mollusques et les poissons. Ce qui contribue à un enrichissement du sédiment par le
biais des pelotes fécales et le reste des organismes (Chiffoleau et al, 1999).
A remarquer que les sédiments les plus souillés indiquent des zones restreintes et non
étendues.
III.8 Le Chrome, le nickel
Les concentrations s’échelonnent respectivement de 5 à 75 ppm et de 5 à 85 ppm.
De faibles teneurs respectives (<25 ppm, <15 ppm) sont enregistrées au Sud et à l’Est
(fig. 51, fig.52).
Figure 50 : Carte d’isoteneurs en cadmium dans les sédiments de surface
en ppm (Campagne estivale)
IV. Variation saisonnière de la répartition des métaux lourds dans les sédiments de
la lagune de Bizerte
L’étude des cartes des éléments métalliques en traces montre qu’en été (en absence de
l’intrusion des eaux de la garât Ichkeul et les eaux douces des oueds), les fortes
concentrations restent locales et la majorité des éléments se comportent comme le
premier groupe individualisé au cours de la saison hivernale (paragraphe II-9).
Toutefois l’élément aluminium garde une répartition uniforme au centre de la lagune, ce
qui confirme son origine silicatée. Sans oublier l’apport atmosphérique de cet élément,
surtout qu’il est comparable quantitativement à l’apport continental (Losno, 1993).
Le chrome et le nickel gardent aussi leur forte présence dans la partie centrale ce qui
témoigne de leur étroite relation avec le matériel fin (Hon Wah Lan et al, 1997 ; Lagier
et al, 2001).
Le fer, le cobalt sont moins répandus en été qu’en hiver mais avec des concentrations
plus faibles d’ailleurs ceci est valable pour la majorité des éléments.
Cette variabilité saisonnière de concentration et de répartition peut être expliquée par
l’assimilation de ces éléments par les phytoplanctons en période de blooms en saison
printanière (Chiffoleau, 1999) ensuite déposés sur le sédiments par le reste des
organismes après une bioamplification en été (Hunter et al, 1997).
La variation de l’apport en eau douce accentue cette différence de concentration et
l’impact des rejets industriels sur la qualité physico-chimique des eaux et des sédiments
de surface de la lagune devient plus prononcé pendant la saison estivale.
V- Variation temporelle des éléments inorganiques des sédiments entre le début de
l’industrialisation et l’état actuel
Même si les techniques d’analyses et les conditions de prélèvement et de
conditionnement des échantillons étaient différentes de celles adoptées de nos jours, on
peut comparer les valeurs enregistrées dans les années quatre vingt avec celles trouvées
dans ce travail à titre indicatif. Toutefois il faut rester prudent dans ce type de
comparaison, car dans le domaine de la géochimie marine, les techniques de mesures
ont considérablement évolué au cours des vingt dernières années (Chiffoleau, 1999).
On remarque un enrichissement assez flagrant des sédiments de surface en éléments
inorganiques (tab.8). Ceci est dû essentiellement aux apports anthropiques (urbains,
industriels et agricoles) des ces éléments contaminant ainsi le matériel sédimentaire de
la lagune et de la totalité son bassin versant. En effet, les teneurs considérées naturelles
ou encore l’état zéro de la lagune se trouvent multipliées par 10 et parfois par 100.
Le tableau suivant résume cette situation :
Tableau 8 : Etude comparative de la qualité des sédiments de la lagune avant et après
l’industrialisation
VI Rôle du fer et du manganèse dans la répartition des éléments traces dans les
trois matrices eau, matières en suspension et sédiment de la lagune de Bizerte.
Après avoir été répandus dans la colonne d'eau par les différents types d’apports (nature,
anthropique), le fer et le manganèse retournent à la phase particulaire par adsorption
mais surtout par précipitation sous forme d'oxydes et d'hydroxydes. Au cours de cette
précipitation, ils entraînent avec eux des éléments métalliques par coprécipitation et
adsorption, ce sont les métaux particulaires. (Broust, 1999, Chiffoleau, 1999).
Parmi les métaux présents dans la lagune, le fer et le manganèse occupent une situation
particulière. Ils peuvent être considérés comme mineurs en solution mais majeurs dans
les particules en suspension. Comme de nombreux autres métaux traces, ils réagissent
activement avec les constituants solides des milieux aquatiques et possèdent, de ce fait,
des temps de résidence courts.
D’après l’étude microscopique des MES par Soussi 1981, on peut mettre en évidence le
rôle des colloïdes et les oxydes de fer qu’elles contiennent dans le piégeage des autres
métaux. Ces oxydes sont généralement adsorbés sur des phylloslicates et/ou sur de la
matière organique.
Ce phénomène était observé dans plusieurs parties de la lagune : au Nord, au centre et à
l’Ouest. En fait, c’est une association entre les minéraux argileux, la matière organique
et les oxydes. Ces derniers jouent un rôle assez particulier au niveau de la zone d’étude
parce que l’apport en fer et en manganèse est assez important. Leurs sources
anthropiques comme celles naturelles sont nombreuses et variées.
Le fer et le manganèse dissous n'ont pas un caractère conservatif, leurs concentrations
dans l'eau varient dans une large gamme.
Par contre, les variations de concentrations observées dans le sédiment peuvent avoir
une autre origine. Elles reflètent aussi bien la nature du matériel sédimentaire
(abondance de la fraction argileuse) que la réactivité de ces éléments.
La concentration en aluminium permet donc d'évaluer l'abondance des minéraux
argileux les plus riches en fer et en manganèse. Les teneurs en aluminium les plus
élevées traduisent une abondance de particules fines (sédiments vaseux) donc
théoriquement riches en éléments traces.
Les plus faibles pourraient révéler des sédiments pauvres en argiles donc en éléments
traces. C'est pourquoi nous présentons l'évolution des teneurs en aluminium avec celles
du fer et du manganèse (fig.53, 54).
Ces figures montrent des évolutions différentes surtout entre le fer et l’aluminium qui
dévoilent l’effet anthropique important. Le manganèse présente toutefois quelques
similitudes avec l’Al. Pour analyser cette observation, on procède à l’étude de la relation
entre les éléments métalliques.
6 1000
900
5
800
700 Concentartion (ppm)
Concentration (%)
4 Fe (%)
Mn 600
3 Al 500
400
2
300
200
1
100
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Echantillon
Concentration (ppm)
300
Concentration (%)
Fe (%)
8
Mn (ppm) 250
6 Al (%) 200
150
4
100
2
50
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Echantillon
VII. Etude de relation entre les éléments métalliques dans les sédiments de la
lagune de Bizerte
Une analyse en composantes principales des différentes concentrations a permis de
déterminer les relations qui peuvent exister entre les éléments métalliques étudiés au
sein du sédiment superficiel.
VII.1 Campagne Hivernale
Les résultats obtenus (fig. 55) montrent une association majeure et une deuxième moins
importante :
1. La première association concerne essentiellement Fe, Pb, Zn, Cu, As, et Cd ;
2. La deuxième association comprend les éléments Ni, Co et Cr.
A remarquer que le manganèse ne fait partie d’aucune association, toutefois il présente
une légère affinité avec la deuxième association.
Ces relations suggèrent une origine en partie commune et/ou des similitudes du
comportement chimique des éléments du même groupe.
Ces résultats sont comparables à une analyse en composantes principales effectuée par
Yoshida en 2002 sur la fraction fine des sédiments de Bizerte (fig.56).
Figure 55 : Analyse en composantes principales des
concentrations dans les sédiments (campagne hivernale)
Ces valeurs nous montrent que le bassin versant de la garât Ichkeul subit un apport assez
important en métaux lourds et contaminants inorganiques indépendamment des entrées
à partir de la lagune de Bizerte. En effet, même si la gestion de l’écluse est en mode
fermé, les concentrations en éléments inorganiques sont assez importantes et dépassent
parfois celles enregistrées dans lagune de Bizerte.
Avant de comparer les teneurs en métaux au niveau des deux dépressions, il convient de
préciser que faute de données synchrones on va se contenter des données les plus
rapprochées. Pour Ichkeul/Tinja ces données correspondent à trois années pluvieuses
(1996, 1997, 1997) et pour la lagune de Bizerte ces données représentent des teneurs
enregistrées après une période de trois années successives plus sèche (2000, 2001,
2002).
Compte tenu de cette divergence pluviométrique, le milieu lagunaire de Bizerte montre
logiquement des teneurs plus importantes par rapport aux années pluvieuses (1996,
1997, 1997).
En comparant la situation au niveau des deux dépressions, on remarque que pour les
éléments fer et zinc la lagune de Bizerte montre des valeurs plus importantes que celles
enregistrées dans la garât Ichkeul. Ceci est dû à un apport continu en ces éléments à
partir des léxiviats de la décharge de Menzel Bourguiba, de la décharge de Bizerte, des
rejets hydriques et atmosphériques de la sidérurgie et de la cimenterie (MAERH, 2005).
Par contre les éléments cuivre, cadmium et nickel sont largement plus concentrés au
niveau des eaux de surface de garât Ichkeul que pour la lagune de Bizerte même au cours
d’une période pluvieuse. Ce qui prouve l’effet de l’apport naturel des métaux par le biais
des eaux de ruissellement. Celles-ci lessivent des déblais des différentes mines (Pb, Zn)
qui se trouvent dans le bassin versant de garât Ichkeul (Sainfeld, 1952), des sources
géothermiques (Meddeb, 1993) et de l’alimentation des nappes souterraines
contaminées par les éléments inorganiques métalliques (Saad, 2003). Aussi l’apport
anthropique urbain et industriel non traité (ANPE, 1995 ; Alatiri, 2003).
Le chenal de Tinja présente un phénomène assez curieux puisque les concentrations en
éléments inorganiques sont assez importantes et dépassent celles des deux dépressions
(Ichkeul et Bizerte). En effet, d’après le tableau 11 et les cartes d’isoteneurs (fig. 25, 27,
28, 32, 37, 38, 40, 43), on remarque que l’oued Tinja manifeste un enrichissement en
métaux au niveau des deux matrices (eau et sédiment). Ce schéma trop simple montre
un bilan matière excédent au niveau du chenal.
Un apport direct dans le chenal de Tinja par des rejets urbains non traités pourrait
expliquer ce phénomène, sauf que ces rejets ne présente pas une contamination
métallique importante dans cette zone non assainie (MAERH, 2004).
L’oued Tinja se caractérise par une faible profondeur, par des sédiments argileux et des
particules en suspension minérales abondantes. En plus cette zone n’est pas organogène
(Soussi, 1981). Tous ces facteurs sont en faveur d’une précipitation des colloïdes
minéraux riches en métaux qui atteignent rapidement les sédiments superficiels.
Les colloïdes, (chargés négativement) s’agglomèrent dans la zone de mélange d’eaux
de salinités différentes, ce qui entraîne leur précipitation. Cette floculation est à l’origine
de la sédimentation par gravité des flocs fraîchement formés dans la colonne d’eau
(Raïs, 1999 ; Broust, 1999, De Carlo, 2001). D’ailleurs, le matériel argileux est dominé
par la kaolinite, indicatrice d’une sédimentation rapide par floculation (Soussi, 1981).
A cause de la faible tranche d’eau, ces amas atteignent rapidement le fond de l’oued
Tinja, ce qui favorise la contamination des sédiments par les éléments métallifères. Par
ailleurs, cette floculation est le résultat de la collision entre particules en suspension
favorisée par l’élévation du flux hydrodynamique et le brassage des masses d’eau dans
le chenal lors de la diminution de la section du milieu traversé.
En outre l’élément calcium déstabilise les matières en suspension par association
chimique avec les colloïdes humiques hydrophiles (Raïs, 1999).
Il y a quasi-absence d’assimilation des métaux par les diatomées et les autres
microorganismes à cause du caractère non organogène du milieu (Hunter, 1997).
Ces phénomènes bio-physicochimiques sont en faveur d’un enrichissement du matériel
sédimentaire en éléments métalliques au niveau du chenal par l’extraction de ces
derniers de la colonne d’eau.
Cependant, on remarque que les eaux prélevées à ce niveau montrent des concentrations
plus importantes que celles de la garât Ichkeul et la lagune de Bizerte. Cette situation
apparemment contradictoire s’explique par l’examen des différentes étapes analytiques.
En effet, tous les échantillons aqueux sont soumis à une étape de filtration (0.45µm).
Ceci a pour objectif l’analyse du matériel dissous seulement (élémentaire ou complexé),
et aussi pour protéger le matériel analytique.
Sauf que l’étude microscopique de Soussi (1981) a révélé une particularité de cette zone,
c’est l’abondance des particules en suspension de diamètre inférieur à 0.125 µm. Ces
particules minérales argileuses sont porteuses des éléments métalliques adsorbés à leur
surface. Une fois les échantillons sont filtrés, ils vont garder ces particules qui seront
analysées ensuite comme faisant partie du matériel dissous. Ce qui augmente la
concentration des échantillons aqueux au niveau du chenal de Tinja.
Conclusion
La répartition des éléments métalliques dans les sédiments superficiels de la lagune de
Bizerte dépend des différentes sources. Ces dernières peuvent être naturelles ou
anthropiques, atmosphérique, solide ou hydrique.
La localisation géographique des points de rejets directs des éléments chimiques marque
plusieurs zones de concentration des sédiments d’après les cartes d’isoteneurs de ces
éléments.
La matière organique influe aussi sur la forme de l’élément dans le sédiment. Qu’il a
une forme sulfurée ou simplement adsorbée sur la matière organique, cela influe sur sa
concentration, sa répartition spatiale, ainsi que sur les associations qu’il édifie avec les
autres éléments métalliques.
La dégradation du phytobenthos sur le fond lagunaire participe avec les courants marins
et la bioturbation à la répartition du stock métallique entre phase liquide et phase solide.
Ceci par la remise en suspension des sédiments de surface et le passage du métal de sa
forme oxydée ou même sulfurée à une autre forme plus soluble. Il migre ainsi du
réservoir sédimentaire vers la colonne d’eau.
Tous ces facteurs ont participé à la répartition spatiale, saisonnière des éléments
métalliques dans le sédiment lagunaire de Bizerte.
Cette situation se résume comme suit :
En hiver une association chimique s’établit entre Fe, As, Pb, Cu, Zn et Cd. Une autre
association se forme entre Co et Ni.
L’élément Mn semble avoir une légère affinité avec la deuxième association.
En été, les affinités géochimiques des éléments métalliques changent pour donner deux
associations. La première est composée de Mn, Cu, Pb, Zn, Co et As. La deuxième
association est formée de Cr et Ni.
Les concentrations des éléments métalliques au sein du sédiment de surface pendant la
saison estivale sont plus importantes que celles enregistrées en hiver. Toutefois la
répartition spatiale de ces éléments est plus restreinte, localisée surtout au Sud et au Sud
Ouest.
Le Mn joue un rôle essentiel dans cette variation saisonnière. La remobilisation des
sédiments de surface accentuée en hiver, favorise le passage des métaux associés aux
oxydes de manganèse vers l’eau. Ce qui est à l’origine de l’appauvrissement relatif des
sédiments en éléments métalliques pendant la saison hivernale.
Le remaniement peut atteindre même les niveaux plus profonds que celle de la couche
superficielle des oxydes. Les métaux y se trouvent associés aux sulfures. On assiste alors
à une libération des éléments métalliques tels que le Cd, Ni et le Co.
Le changement quantitatif et qualitatif des apports par les rejets industriels et urbains
peut contribuer à cette évolution saisonnière. Toutefois, ce type d’apport fortuit est
difficilement estimable.
Le matériel fin participe aussi à la répartition saisonnière des éléments métallique dans
les sédiments de surface. En effet, une proportion non négligeable des métaux s’adsorbe
sur les colloïdes et les particules argileuses. En hiver, les métaux associés à ces minéraux
suivant le même itinéraire, se trouvent sur de vastes étendues de la lagune. Par contre en
été l’augmentation de la salinité et de la charge ionique, induit la désorption des éléments
métalliques en faveur d’autres cations. Se trouvant libres, ces éléments métalliques
s’associent à une autre phase tels que les oxydes de fer et de manganèse. Leur répartition
spatiale devient alors moins étendue et plus localisée sur les bordures.
Néanmoins, il faut noter que le choix de l’échelle des valeurs des courbes d’isoteneurs
dans une carte peut influencer son aspect et les surfaces occupées par les différentes
courbes, ce qui peut parfois induire à l’erreur dans l’interprétation de la répartition
spatiale des différents éléments chimiques. Pour cela plusieurs représentations ont été
faites pour suivre l’effet de ce détail "technique". Les cartes montrent toujours une
variation spatiale saisonnière sauf pour l’élément Zn, qui reste influencé par les détails
de sa représentation graphique (annexe 4).
Quatrième partie
Rôle du prétraitement des échantillons dans l’estimation de la pollution
inorganique
I Introduction
La composition particulaire des sédiments varie énormément. Cette grande variabilité
découle de la minéralogie et de la teneur en éléments traces, marqués par la taille des
particules. Les plus fines sont pauvres en quartz et plus riche en argiles. Les fractions
argileuses contiennent souvent une plus grande concentration en métaux due à leur
surface spécifique importante mais également à leur forte capacité d’échange cationique
et d’absorption. (Morlot, 2001).
Figure 61 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 52)
Figure 62 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 33)
Figure 63: Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 32)
Figure 64 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 19)
Figure 65 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 40)
90
<63µm
80
63µm<x<200µm
70
>200µm
60
50
40
30
20
10
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 66 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 37)
<63µm
7000 63µm<x<200µm
6000 >200µm
5000
4000
3000
2000
1000
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 67 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 43)
2500 <63µm
63µm<x<200µm
2000
>200µm
1500
1000
500
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 68 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 54)
3000
<63µm
2500 63µm<x<200µm
>200µm
2000
1500
1000
500
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 69 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 25)
200 <63µm
180 63µm<x<200µm
160 >200µm
140
120
100
80
60
40
20
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 70 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 58)
Sur les bordures de la lagune, on a un autre cas de figure. La fraction la plus riche en
métaux lourds est la plus grossière.
Cette partie du sédiment est en fait une pollution introduite dans le sédiment sous
forme de matériel grossier, ensuite transporté par les courants pour insérer enfin le
matériel sédimentaire.
Une grande partie des sédiments de bordures provient de l’érosion des berges
(Soussi, 1981 ; Kamens et al, 1984 ; Mathlouthi, 1988 ; Oueslati, 1994). Sachant
qu’il y a présence de plusieurs hectares de déchets industriels contenant des métaux
sur les côtes de la lagune (annexe 2) et que le bassin versant apporte des minéraux
lourds, on peut dire que ce matériel sédimentaire n’a pas seulement une origine
détritique mais aussi anthropique.
IV Conclusion
La séparation granulométrique utilisée comme une étape de préconcentration du
matériel sédimentaire avant les analyses n’est pas toujours justifiée. La fraction fine
n’est pas représentative de l’échantillon total.
La fraction grossière représente aussi des propriétés assez intéressantes pour être étudiée
séparément ou bien comme faisant partie de l’échantillon entier.
Chaque milieu possède des caractéristiques propres, la lagune de Bizerte est un bon
exemple. Une grande partie de ses berges est occupée par des dépotoirs, par l’effet des
vagues et des léxiviats, les déchets solides incorporent le matériel sédimentaire
lagunaire. De ce fait, les étapes d’analyses ne doivent surtout pas camoufler ces
caractéristiques.
Conclusions générales et perspectives
L’Evaluation Simplifiée des Risques a permis l’identification des sources d’apports des
éléments métalliques (directes et indirectes), l’inventaire des polluants avec la
localisation géographique de leurs points de rejets, et l’investigation de leurs voies de
transfert.
Les zones industrielles et les décharges sauvages demeurent des aires de concentration
préférentielles des différentes activités polluantes dans la région étudiée. La nature des
éléments nocifs est très variée, mais les métaux lourds restent une forme de pollution
très présente dans le bassin versant de la lagune de Bizerte.
L’apport naturel n’est pas négligeable. Les eaux de ruissellement amènent la limonite et
l’hématite. L’oued Tinja fournit en partie les éléments Cu, Cd, Ni à partir du bassin
versant de garât Ichkeul. Les nappes souterraines côtières qui aliment la lagune peuvent
aussi participer à cet apport.
L’Evaluation Simplifiée des Risques montre aussi que les milieux les plus touchés par
la pollution au niveau du bassin versant sont principalement les eaux de surface (lagune,
réseau hydrographique), ensuite les nappes souterraines.
La géochimie des éléments majeurs dans les eaux de surface est marquée par l’absence
de corrélation entre le calcium et les ions carbonate à l’Est de la lagune. Ceci est le
résultat de la coexistence de plusieurs facteurs :
La complexation des anions CO32- et HCO3- par les éléments Na+, Mg2+ et K+.
La compétition entre les carbonates et les sulfates pour la complexation du calcium
dissous.
L’origine des ions HCO3- et CO32- n’est pas seulement carbonatée. La dissolution
naturelle du gaz carbonique dans l’eau est une autre source des ions carbonatés.
La géochimie des cations métalliques dans la phase aqueuse est influencée par les
phénomènes d’atténuation naturelle telles que la dispersion, l’adsorption ou la
bioconcentration. En effet, les éléments Zn, Ni, Co, As, et Pb n’existent qu’en faibles
quantités dans les eaux de la lagune. Ces ions tendent à précipiter dans le domaine de
pH (7-8) sous forme d’hydroxydes. Le Fe peut aussi former des complexes dans la
solution avec les halogénures et les sulfates. Le Plomb et le zinc forment des associations
importantes avec le Cl-. Et les éléments Al, Cu, Cr, Hg se trouvent à des teneurs
inférieures aux limites de détection de l’appareil de mesure.
La lagune réagit donc à l’introduction des rejets contenants des éléments métalliques
par le réarrangement du stock qu’elle reçoit. Elle redistribue ces métaux pour retrouver
son équilibre, qui reste cependant, très fragile à cause des échanges continus entre
sédiment et eau.
Les phases sédimentaires ou minérales telles que les argiles ou les hydroxydes, porteuses
du fer et du manganèse jouent un rôle essentiel dans le comportement des métaux traces
dans les sédiments superficiels de la lagune de Bizerte.
Ils participent même à la répartition spatiale, saisonnière des éléments métalliques dans
le sédiment lagunaire.
Cette situation se résume comme suit :
En hiver une association chimique s’établit entre Fe, As, Pb, Cu, Zn et Cd. Une autre
association se forme entre Co et Ni.
L’élément Mn semble avoir une légère affinité avec la deuxième association.
Les éléments métalliques sont répartis sur des surfaces importantes de la lagune.
En été, les affinités géochimiques des éléments métalliques changent pour donner
deux associations. La première est composée de Mn, Cu, Pb, Zn, Co et As. La
deuxième association est formée de Cr et Ni.
Les concentrations des éléments métalliques au sein du sédiment de surface pendant la
saison estivale sont plus importantes que celles enregistrées en hiver. Toutefois la
répartition spatiale de ces éléments est plus restreinte, localisée surtout au Sud et au Sud
Ouest.
La remobilisation des sédiments de surface favorise le passage des métaux associés aux
oxydes de manganèse et aux sulfures vers l’eau. Ce qui est à l’origine de
l’appauvrissement relatif des sédiments en éléments métalliques pendant la saison
hivernale.
Les minéraux argileux participent aussi à la répartition saisonnière des éléments
métalliques dans les sédiments de surface. En hiver, les métaux associés à ce matériel
fin suivent le même itinéraire sur de vastes étendues de la lagune. Par contre en été
l’augmentation de la charge ionique, induit la désorption des éléments métalliques en
faveur d’autres cations. Les éléments métalliques s’associent alors à une autre phase tels
que les oxydes de fer et de manganèse. Leur répartition spatiale devient alors moins
étendue et plus localisée sur les bordures.
L’analyse de trois fractions granulométriques différentes confirme le rôle du matériel
fin dans la répartition spatiale saisonnière des éléments métalliques dans le sédiment de
surface. En effet, au centre de la lagune, la fraction fine (< 63µm) représente de loin la
matrice la plus riche en éléments inorganiques en trace. Par contre sur les bordures, la
fraction grossière est la plus riche en métaux lourds.
Cette situation est due en partie à la nature même des argiles. Le centre de la lagune est
occupé essentiellement par des smectites qui présentent des valeurs élevées d’échange
cationique et un dépôt organo-minéral important. Ce qui augmente la rétention des
éléments métalliques par la formation de complexes stables entre métal – argile- matière
organique ou bien, métal - matière organique – argile.
Par contre, sur les bordures, ces minéraux sont dominés par la kaolinite (entre 60% et
80 %). Une argile caractérisée par une surface spécifique et un échange cationique
faible. Associés au quartz et aux carbonates de calcium, leur capacité d’échange diminue
encore.
En plus de ce facteur minéralogique naturel, il y a un facteur anthropique fondamental.
Sur les bordures de la lagune, une partie du sédiment représente une pollution introduite
sous forme de matériel grossier, ensuite transportée par les courants pour insérer enfin
le matériel sédimentaire. D’ailleurs, la localisation géographique des points de rejets
directs des éléments chimiques, marque plusieurs zones de concentration dans le
sédiment et l’eau d’après les cartes d’isoteneurs des éléments métalliques.
Donc l’intérêt des analyses multifractions apparaît non seulement pour discuter l’utilité
d’une étape de prétraitement des échantillons sédimentaires, mais aussi pour confirmer
le rôle de la fraction granulométrique et minéralogique dans le comportement
géochimique des éléments métalliques.
L’étape de prétraitement est déterminante dans l’étude géochimique d’un milieu tel que
la lagune de Bizerte. Deux études comparatives de prétraitements effectuées sur des
échantillons aqueux et sédimentaire, dégagent l’importance de chaque étape. Elles
dégagent aussi l’ampleur de l’échange entre les différentes composantes de ce milieu
très dynamique.
Des analyses de spéciations sont un moyen efficient pour l’identification des formes
sous lesquelles se fait l’échange entre les différentes phases du milieu lagunaire
(aqueuse, sédimentaire et même atmosphérique). Couplée à la modélisation chimique
du comportement des métaux au cours de leur transit par la simulation de ce transfert,
elles deviennent assez intéressantes, surtout lorsque le modèle est intégré dans un
modèle hydrodynamique.
Références Bibliographiques