Vous êtes sur la page 1sur 141

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/329707583

ETUDE GEOCHIMIQUE ET ETAT DE POLLUTION DE LA LAGUNE DE BIZERTE

Thesis · January 2007


DOI: 10.13140/RG.2.2.33945.67685

CITATIONS READS

6 669

1 author:

Feyda Srarfi
University of Tunis El Manar
18 PUBLICATIONS   33 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Effluents treatment with bioflocculant View project

All content following this page was uploaded by Feyda Srarfi on 17 December 2018.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


N° d’ordre
Université El Manar

Faculté des Sciences de Tunis


Département de Géologie

THESE
Présentée par

Feyda SRARFI
Pour obtenir le grade de :

DOCTEUR EN GEOLOGIE

ETUDE GEOCHIMIQUE ET ETAT DE


POLLUTION DE LA LAGUNE DE
BIZERTE

Soutenue le 27 Janvier 2007, devant les membres de Jury :

Mr. Moncef GUEDDARI Professeur FST Président


Mr. Ayed ADDED Maître de conférences FST Rapporteur
Mr. Moncef CHALBAOUI Maître de conférences ISET Rapporteur
Mr. Hamed BEN DHIA Professeur ENIS Examinateur
Mme. Najet SLIM SHIMI Professeur FST Directrice de thèse
Mr. Hédi ZAROUK Professeur INRAP Invité

Année universitaire 2006/2007


Avant-propos

Ce travail n’aurait pu être réalisé sans l’aide et le soutien de nombreuses


personnes. Je leur exprime ici ma profonde reconnaissance.

Au premier plan, je tiens à exprimer ma gratitude à ma directrice de thèse,


madame Najet SLIM-SHIMI, Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis
pour l’intérêt qu’elle a manifesté envers mes travaux de recherche. Elle m’a fait
profiter de son expérience, a suivi et supervisé ce travail de près. Je lui dois
reconnaissance et gratitude.

Je remercie monsieur Moncef GUDDARI, Professeur à la Faculté des Sciences


de Tunis, de l’honneur qu’il m’a fait en acceptant de présider le jury de ma thèse.

Je remercie infiniment monsieur Ayed ADDED, Maître de Conférences à la


Faculté des Sciences de Tunis d’avoir consenti à juger ce travail et d’en être
rapporteur. Ses remarques judicieuses m’ont permis d’améliorer la qualité de
ce document, son souci de la précision et ses conseils étaient déterminants.
C’est pour moi un grand plaisir de le remercier.

J’adresse mes vifs remerciements à monsieur Moncef CHALBAOUI, Maître de


conférences à l’Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Gafsa d’avoir
accepté de rapporter et de juger le présent travail. Je tiens à lui témoigner ma
sympathie et ma gratitude.

C’est avec joie que j’exprime mes remerciements à monsieur Hamed BEN
DHIA, Recteur de l’Université de Sfax pour avoir accepté d’examiner ce travail
en dépit de ses innombrables charges scientifiques et administratives. Je suis
honorée qu’il accepte de faire partie de mon jury de thèse.
J’adresse ma profonde gratitude à monsieur Hédi ZAROUK, Directeur de
l’Institut National de Recherche et d’Analyse Physico-chimique, qui a bien voulu
faire partie de ce jury. Je ne saurai oublier ses qualités humaines, sa confiance
en moi et son aide inestimable. Je saisi l’occasion pour lui témoigner ma très
haute considération.
J’adresse mes vifs remerciements à un grand Monsieur et un grand Scientifique,
à monsieur Kamel BELKHOUJA, ex-Directeur de l’INAT pour m’avoir beaucoup
appris.

J’exprime mes remerciements à monsieur Théry BLONDEL, Expert des


évaluations des risques, pour toute l’aide qu’il m’a fournie et toutes ses
recommandations concernant la deuxième partie de ce document.

Je tiens à remercier monsieur MANSOURI, Directeur à l’ONM pour sa


bienveillante coopération en me permettant de réaliser une importante partie du
travail analytique dans son laboratoire.

J’exprime ma gratitude à monsieur, HAMROUNI, Maître Assistant à la Faculté


des Sciences de Tunis de m’avoir permis la réalisation de certaines analyses
dans son laboratoire.

Je rends un hommage mérité aux amis et chercheurs du Département de


Géologie de la Faculté des Sciences de Tunis avec qui j’ai passé des moments
agréables et difficiles à la fois. Mes pensées vont à tous, Am Salah, Faten, Raja,
Neyla, Sami, Mabrouk, Mohamed, Fadhel, Zaineb, Seddik, Azzouz, Hanen,
Narjes, Leila, Moez, Imen, Farid, Abdallah, Fahmi, Hakim, Najeh, Taoufik,
Dorra, Soumaya, Lassad et surtout au vétéran Abdelhak.
A tous les Professeurs, Enseignants du Département de Géologie de l’Ecole
Nationale d’Ingénieurs de Sfax, j’ai découvert la géologie sur les bancs de votre
école, merci infiniment.

Je remercie également monsieur MLEYAH, technicien à l’INRST pour son aide


tant précieuse.

Je remercie du fond du cœur tout le personnel et techniciens du Département


de Géologie de la Faculté des Sciences de Tunis. Merci à ma confidente Houda,
Adel, Mme Jannet, Mme Hinda, Abdessalem sans oublier Am Hédi.

Je remercie également mademoiselle Nabiha Ben MBAREK pour m’avoir


proposé l’étude géochimique de la lagune de Bizerte et pour m’avoir
accompagné au cours de ma première visite sur site.
Merci à monsieur Mohamed Ali TAGOURTI, Maître Assistant au Centre de
Biotechnologie de Monastir pour ses encouragements et sa collaboration
scientifique.

Et enfin, merci à toute ma famille.


Abrégé

L’intitulé de la Thèse est le suivant : « étude géochimique et état de pollution de


la lagune de Bizerte ». Le manuscrit de cette thèse est présenté en 127 pages dont
une vingtaine est consacrée à la bibliographie. Le texte commence par une
introduction générale, il est scindé en quatre parties, et il se termine par une
conclusion générale et perspective.

Après une introduction de deux pages présentant l’objectif principal de ce travail


qui est celui d’évaluer l’état de pollution des eaux et des sédiments de la lagune
de Bizerte, ainsi que l’étude géochimique de quelques éléments métalliques tels
que le fer, le manganèse, le chrome, le zinc, le cuivre, le plomb, l’arsenic,
l’aluminium, le nickel et le cadmium. La première partie (25 pages) est consacrée
à la présentation, d’une part d’un travail bibliographique sur les conséquences des
métaux lourds sur l’environnement, et d’autre part, le rôle des phases minérales
dans la fixation des éléments métalliques. Ainsi, une soixantaine d’échantillons
aqueux prélevés des eaux de surface de la lagune et une vingtaine d’échantillons
de sédiments (deux compagnes saisonnières), ont été sélectionnés pour analyses.
Ces échantillons ont été bien localisés sur la carte du plan d’échantillonnage.

La deuxième partie (10 pages), s’intitulant « l’approche par l’analyse du risque »,


est scindée en deux volets dont le premier est consacré à la présentation de la
méthodologie utilisée pour l’analyse du risque. Ce volet rend compte de la
connaissance de toutes les étapes du diagnostic des sites pollués (visite
préliminaire, diagnostic initial, schéma conceptuel, évaluation des risques). Le
second volet présente les résultats acquis de cette méthode d’analyse. Il met en
évidence la présence d’une dépollution environnementale par la valorisation des
déchets dans le bassin versant de la lagune de Bizerte, qui constitue réellement un
transfert de pollution. Les analyses du risque ont permis de localiser les sites
pollués, l’inventaire des éléments polluants ainsi que leurs points de rejets.

La troisième partie (62 pages) est intitulée « étude géochimique des eaux et des
sédiments de surface de la lagune de Bizerte ». La comparaison des
comportements géochimiques des éléments étudiés entre eux et avec les
paramètres physicochimiques a permis à identifier des associations chimiques
entre les éléments métalliques et de dégager certaines affinités entre eux. La
matrice eau montre une certaine atténuation naturelle des éléments comme
l’aluminium, le cuivre, le chrome et le mercure. Toutefois cet équilibre reste
précaire à cause des échanges continus entre eau et sédiments.
Les associations chimiques dépendent des variations saisonnières. Le manganèse,
le fer, la matière organique et les minéraux argileux jouent un rôle déterminent
dans cette répartition saisonnière. En hiver, une association s’établit entre le fer,
l’arsenic, le plomb, le cuivre, le zinc et le cadmium. Par contre en été, on a le
manganèse qui s’associe avec le cuivre, le plomb, le zinc, le cobalt et l’arsenic.
Ceci est en relation avec le remaniement des sédiments en hiver qui libère les
métaux associés aux oxydes de manganèse vers la colonne d’eau permettant le
réarrangement des éléments libérés entre les autres phases composant le sédiment.

La quatrième partie (11 pages) traite le rôle du prétraitement des échantillons dans
l’estimation de la pollution inorganique. A cause de l’importance de chaque étape
analytique dans l’interprétation des résultats, la séparation granulométrique des
échantillons de sédiment ou l’acidification des échantillons aqueux, doit être
recommandée selon l’objectif de l’étude. L’analyse des trois fractions
granulométriques a montré que la fraction la plus fine n’est pas toujours la plus
concentrée en éléments inorganiques en traces, ce qui remet en cause son choix
comme pratique de pré-concentration des échantillons sédimentaires dans un
milieu pollué.

Une conclusion générale (4 pages) rappelle les résultats trouvés et lance des idées
à développer dans le futur proche, un couplage concernant les domaines l’analyse
de spéciation des éléments métalliques d’une part, et celui de la modélisation
hydrodynamique d’autre part.
Résumé
L’objectif principal de ce travail qui est celui d’évaluer l’état de pollution des eaux et
des sédiments de la lagune de Bizerte, ainsi que l’étude géochimique de quelques
éléments métalliques tels que le fer, le manganèse, le chrome, le zinc, le cuivre, le
plomb, l’arsenic, l’aluminium, le nickel et le cadmium.
L’approche par l’analyse du risque, est scindée en deux volets dont le premier est
consacré à la présentation de la méthodologie utilisée pour l’analyse du risque. Ce volet
rend compte de la connaissance de toutes les étapes du diagnostic des sites pollués (visite
préliminaire, diagnostic initial, schéma conceptuel, évaluation des risques). Le second
volet présente les résultats acquis de cette méthode d’analyse. Il met en évidence la
présence d’une dépollution environnementale par la valorisation des déchets dans le
bassin versant de la lagune de Bizerte, qui constitue réellement un transfert de pollution.
Les analyses du risque ont permis de localiser les sites pollués, l’inventaire des éléments
polluants ainsi que leurs points de rejets.

Une soixantaine d’échantillons aqueux prélevés des eaux de surface de la lagune et une
vingtaine d’échantillons de sédiments (deux compagnes saisonnières), ont été
sélectionnés pour analyses. La comparaison des comportements géochimiques des
éléments étudiés entre eux et avec les paramètres physicochimiques a permis d’identifier
des associations chimiques entre les éléments métalliques et de dégager certaines
affinités entre eux. La matrice eau montre une certaine atténuation naturelle des
éléments comme l’aluminium, le cuivre, le chrome et le mercure. Toutefois cet équilibre
reste précaire à cause des échanges continus entre eau et sédiment.
Les associations chimiques dépendent des variations saisonnières. Le manganèse, le fer,
la matière organique et les minéraux argileux jouent un rôle déterminent dans cette
répartition saisonnière. En hiver, une association s’établit entre le fer, l’arsenic, le
plomb, le cuivre, le zinc et le cadmium. Par contre en été, on a le manganèse qui
s’associe avec le cuivre, le plomb, le zinc, le cobalt et l’arsenic. Ceci est en relation avec
le remaniement des sédiments en hiver qui libère les métaux associés aux oxydes de
manganèse vers la colonne d’eau permettant le réarrangement des éléments libérés entre
les autres phases composant le sédiment.

A cause de l’importance de chaque étape analytique dans l’interprétation des résultats,


la séparation granulométrique des échantillons de sédiment ou l’acidification des
échantillons aqueux, doit être recommandée selon l’objectif de l’étude. L’analyse des
trois fractions granulométriques par exemple, a montré l’intérêt de l’étude de la fraction
grossière. En effet, Cette partie du sédiment est probablement une pollution introduite
dans le sédiment sous forme de matériel grossier, ce phénomène est favorisé par une
érosion active des berges de la lagune.

En définitive, un couplage concernant les domaines de l’analyse de spéciation des


éléments métalliques d’une part, et celui de la modélisation hydrodynamique d’autre
part sont des idées à développer dans le futur proche.
PLAN

Avant- Propos

Introduction 1

Première Partie : Généralités sur les éléments métalliques


dans l’environnement

Chapitre I : les conséquences des métaux lourds sur l'environnement 3

I. Définitions

II- Les sources d'émission des métaux lourds 4

II-1. Les sources naturelles

II- 2. Les sources anthropiques 5

II-3 Les différentes formes des rejets métalliques 6

II 3-1 Les rejets atmosphériques


II 3-2 Les rejets des métaux lourds dans l'eau

II 3-2 1 L'eau et les métaux lourds


II 3-2 2. Les difficultés d'analyse
a) Les difficultés de mesure
b) Les difficultés d'analyse

II 3-2 3- Les métaux lourds dans les sédiments


a) Le fond géochimique naturel
b) Les sources anthropiques

Chapitre II : Rôle des phases minérales dans la fixation des éléments métalliques

I- Réactivités des oxydes et hydroxydes du fer et du manganèse 10


I- 1- Origines du fer et du manganèse dans l’environnement 11
I-1-1 Le fer et le manganèse d'origine naturelle
I-1-2 Le fer et le manganèse d'origine anthropique
I- 2 Les formes chimiques des éléments fer et manganèse dans le milieu naturel 12
I- 3 Conservativité et réactivité du fer et du manganèse 12
I- 4 Rôle de la matière organique dans la répartition des métaux 13

II Mécanismes de fixation des métaux lourds par les argiles 15


II- 1 Définitions 15
II- 1-1 Granulométrie
II- 1-2 Minéralogie

II-2 La capacité d’échange cationique des argiles 15

II- 3 Mécanismes de fixation des métaux 15


II- 3-1 L’adsorption :
a) L’adsorption physique
b) L’adsorption chimique
II- 3-2 L’échange ionique
II- 3-3 La précipitation

Conclusion 16

Deuxième Partie : L'approche par l'analyse du risque

Chapitre III : Evaluation Simplifiée des Risques (ESR)

I- Introduction 17

II- Cadre socio-économique 17

III- Méthodologie 18
III-1 La visite préliminaire
III-2 Le diagnostic initial
III-3 Le schéma conceptuel
III-4 L‘évaluation simplifiée des risques

IV- Classification des sites par activité 19

V- Classification des sites par milieu


VI- Un tissu économique en symbiose
VI-1 Valorisation des déchets
VI-2 Gisement énergétique : déchets à fort pouvoir calorifique
VI-3 Discussion des résultats

VII- Conclusion 29

Troisième Partie : Etude géochimique des eaux et des sédiments


de surface de la lagune de Bizerte

Chapitre IV : Méthodologie et matériel expérimental

I. La stratégie d’échantillonnage 30
I. 1 Prélèvement – échantillonnage 30
I. 2 Stratégie de prélèvement 30
I. 3 Analyses sur site

II. Traitement des échantillons au laboratoire 33


II.1 Echantillons aqueux 33
II.2 Echantillons de sédiments 34

III. Les Techniques choisies 36


III. 1 Analyses inorganiques élémentaires par ICP/MS 37
III. 2- ICP/MS : constitution et fonctionnement 38

Chapitre V : Présentation du site de la lagune de Bizerte

I- Situation géographique : 39

II- Données climatologiques 40


II-1 La température
II-2 Les vents
II-3 La pluviométrie
II-4 L’évaporation
III- Cadre géologique 41
III-1 Stratigraphie 41
L’éocène
L’Oligocène
Le Miocène
Le Quaternaire

III-2 Conditions hydrographiques et hydrodynamiques du bassin versant de la


lagune de Bizerte 43

III-3 Conditions hydrologiques 45


III-3-1 Les apports d’eau dans la lagune
III-3-1-1 Les apports des cours d’eau
III-3-1-2 Les apports solides dans la lagune

IV Les caractéristiques Hydrogéologiques du bassin versant de la lagune de Bizerte 47


IV –1 La nappe phréatique de Bizerte Nord :
IV –2 La nappe profonde de Bizerte Nord :
IV –3 La nappe phréatique de Menzel Bourguiba-Bizerte Sud :
IV –4 La nappe profonde de Menzel Bourguiba :
IV –5 La nappe phréatique de l’oued Ben Hassine :
IV –6 La nappe de l’oued Guéniche :
IV–6 –1 Invasion marine de la nappe phréatique de l’oued Guéniche :

V Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau de surface de lagune de Bizerte 50

VI Constitution des sédiments de la lagune Bizerte au début des années quatre-vingts 52


VI –1 Etude minéralogique par observation microscopique 52
VI –1-1 Quartz et feldspath
VI –1-2 Minéraux lourds
VI –1-3 Calcite détritique

VI –2 Etude minéralogique par Rayons X 54


VI –2 –1 Minéraux argileux
VI –2 –2 Métaux lourds
VI –2 –3 Composés biogènes
Chapitre VI : Etude géochimique des eaux de surface de la lagune

I Introduction 55

II Répartitions spatiales des éléments majeurs et mineurs dans les eaux de surface de
lagune de Bizerte 56

II -1 Les paramètres physico-chimiques 56


II-1-1 Le pH
II-1-2 La Conductivité
II-1-3 Les Matières En Suspension

II-2 Les éléments majeurs 60


II-2-1 Profil des ions magnésium (Mg2+) et des ions calcium (Ca2+)
II-2-2 Profil des ions sodium (Na+)
II-2-3 Profil des ions potassium (K+)
II-2-4 Profil des ions sulfate (SO42-)
II-2-5 Profil des ions chlore (Cl-)
II-2-6 Profil des ions bicarbonate (HCO3-) et carbonate (CO32-)

II–3 Associations ioniques .62

III Répartition chimique zonale de la lagune 68


III-1 Zone A (l’Est de la lagune)
III-2 Zone B (le Sud et le SW de la lagune)
III-3 Zone C (en face d’oued Tinja)
III-4 Zone D (le Goulet)
III-5 Zone F (les côtes Nord de la lagune)

IV Les éléments métalliques en trace dans les eaux de surface 69


IV –1 Le fer
IV –2 Le Plomb
IV –3 Le Zinc
IV –4 Le Nickel
IV–5 Le Cobalt
IV–6 L’Arsenic
V Rôle de la pollution atmosphérique dans l’enrichissement des matrices aqueuses en
métaux lourds 75

VI Conclusion 75

Chapitre VII : Etude géochimique des sédiments de surface de la lagune

I Introduction 76

II Etude géochimique des sédiments de la lagune de Bizerte compagne printanière 76


II–1 Le fer
II–2 Le Manganèse
II–3 Le Nickel
II–4 Le Plomb, le Cuivre, le Cadmium, le Zinc
II–5 Le Cobalt
II–6 L’Aluminium
II–7 L’Arsenic:
II–8 Le Chrome
II-9 Discussion des résultats

III Etude géochimique des sédiments de la lagune de Bizerte, compagne estivale 86


III-1 Le fer, le Manganèse
III-2 L’Aluminium
III-3 L’Arsenic
III-4 Le Cuivre
III-5 Le Plomb, le Zinc,
III-6 Le Cobalt
III-7 Le Cadmium
III-8 Le Chrome, le nickel
III- 9 Discussion des résultats

IV Variation saisonnière de la répartition des métaux lourds dans les sédiments de la


lagune de Bizerte 93

V- Variation temporelle des éléments inorganiques des sédiments entre le début de


l’industrialisation et l’état actuel 94
VI Rôle du fer et du manganèse dans la répartition des éléments traces dans les trois
matrices eau, matières en suspension et sédiment de la lagune de Bizerte 95

VII Etude de relation entre les éléments métalliques dans les sédiments de la lagune de
Bizerte 97
VII-1 Compagne printanière
VII-2 Compagne estivale
VII-3 Relation entre la dégradation de la matière organique et la répartition des
éléments métalliques dans l’eau et le sédiment

VII-4 La remise en suspension des sédiments- Rôle des phytobenthos

VIII Le chenal de Tinja : une zone de transition 102

Conclusion 106

Quatrième partie : Rôle du prétraitement des échantillons


dans l’estimation de la pollution inorganique

Chapitre VIII : Influence de la séparation granulométrique sur l’estimation de la


pollution des sédiments

I Introduction 107

II Etude de la répartition des métaux en fonction de la fraction granulométrique . 111

III Discussion des résultats 112

IV Conclusion 113

Chapitre IX : Influence de la stabilisation des échantillons sur l’estimation de la


pollution des sédiments

I Introduction . 114

II Rôle de la stabilisation des échantillons aqueux par acidification dans la répartition des
métaux entre la phase liquide et la phase colloïdale 114
III Etude comparative des deux prétraitements dans la matrice eau 115

IV Etude comparative des teneurs totales dans l’eau et dans


le sédiment superficiel 115

V Conclusion 118

Conclusions générales et perspectives 119

Références bibliographiques 123

Annexes
Introduction

La lagune de Bizerte située à l’extrême Nord Est de la Tunisie a été largement étudiée.
Plusieurs travaux scientifiques et techniques se sont intéressé à ce milieu assez
particulier. Sa position lui confère un intérêt économique qui a laissé des séquelles
environnementales assez évidentes sur ce milieu devenu actuellement fragile.
Les travaux antérieurs se sont intéressés à l’étude sédimentologique et minéralogique
du bassin versant de la lagune (Soussi, 1981 ; Kamens et al, 1984 ; Mathlouthi, 1988 ;
Oueslati, 1994), tectonique (Melki, 1991), hydrologique (Kallal, 1984 ; Mansouri,
1996), géochimique (Hamouda, 1996 ; Hammami, 2005) et environnementales (ANPE,
1990 ; Yoshida, 2004; Ben Romdhane, 2004 ; Hassen, 2004 ; Trabelsi, 2004 ; MAERH,
2004, 2005).
Le présent travail s’intègre dans ces deux dernières catégories avec une synthèse
géochimique sur les éléments inorganiques majeurs et traces au niveau des eaux de
surface et des sédiments superficiels et un diagnostic environnemental des sites pollués
au niveau du bassin versant.
Le choix des matrices était basé essentiellement sur ce qu’elles représentent comme
réservoirs géochimiques dynamiques et réactifs, c’est-à-dire prompts à réagir aux
changements physico-chimiques du milieu.
Ainsi, ce mémoire comporte quatre parties :

La première partie est une synthèse bibliographique comprenant deux chapitres


concernant des généralités sur les métaux lourds et leur comportement dans le milieu
environnemental.

La deuxième partie est structurée en un seul chapitre représentant un diagnostic


environnemental du bassin versant de la lagune de Bizerte. C’est une synthèse sur les
sources d’apports naturels et anthropiques des éléments organiques et inorganiques,
leurs voies de transfert et surtout les risques qu’ils représentent sur le milieu lagunaire
et indirectement sur l’homme.
Cette partie d’évaluation du risque, appliquée à l’environnement nord tunisien vient
pour combler les lacunes sur les voies de transfert des pollutions, permettant de
départager entre un site présentant une pollution banalisable et un site de transfert vers
d’autres milieux.

La troisième partie, inclut quatre chapitres représentant l’étude géochimique des eaux
et des sédiments de surface et la Méthodologie expérimentale. Également, l’étude des
relations qui peuvent exister entre les différents éléments inorganiques majeurs et traces
entre eux et les paramètres physico-chimiques du milieu naturel. Les mécanismes qui
régissent la répartition de ces éléments dans les différents réservoirs géochimiques sont
prospectés aussi.

La quatrième partie contenant deux chapitres, révèle l’importance de l’étape de


prétraitement dans l’évaluation d’une pollution et la nécessité de reconnaître l’intérêt
de chaque phase dans la procédure analytique pour toute étude géochimique.
Première Partie : Généralités sur les éléments métalliques dans l’environnement

Chapitre I
Les conséquences des métaux lourds sur l'environnement

I. Définitions
Les définitions des métaux lourds sont multiples et dépendent du contexte dans lequel
on se situe ainsi que de l’objectif de l’étude à réaliser (Di Benedetto, 1997).
D’un point de vue scientifique et technique, les métaux lourds peuvent être également
définis comme :
· Tout métal ayant une densité supérieure à 5,
· Tout métal ayant un numéro atomique élevé, en général supérieur à celui du Sodium
(Z=11),
· Tout métal pouvant être toxique pour les systèmes biologiques.
La classification en métaux lourds est souvent discutée car certains métaux toxiques ne
sont pas particulièrement " lourds " (le zinc), tandis que certains éléments toxiques ne
sont pas tous des métaux (l'arsenic). Pour ces différentes raisons, la plupart des
scientifiques préfèrent à l'appellation métaux lourds, l'appellation " éléments en traces
métalliques ".

II. Les sources d'émission des métaux lourds


II.1 Les sources naturelles
Les métaux sont fixés dans les roches sous deux formes (Point, 2000) :
 Il y a d'une part, les oxydes et silicates, peu altérables en climat tempéré. Les oxydes
sont libérés de la roche par érosion et transportés tels quels dans les sols et les
sédiments.
 Il y a d'autre part, les sulfures et carbonates, très altérables, qui seront attaqués
chimiquement. Les métaux changeront de support, une partie soluble sera évacuée
avec l'eau, vers les sols, les sédiments ou la nappe phréatique. Une autre partie sera
piégée dans les argiles et les alluvions.
II. 2 Les sources anthropiques
Les principales utilisations se présentent comme suit:
Le plomb
L'utilisation du plomb est directement liée à la métallurgie. Pendant la première moitié
du siècle, le plomb a été utilisé dans l'industrie, l'imprimerie et les peintures. Dans la
seconde moitié du siècle, l'utilisation dominante était liée aux carburants automobiles,
le plomb étant ajouté à l'essence comme antidétonant (Morlot, 2001).
Le cadmium
Le cadmium est un élément naturel, présent dans certains minerais (notamment ceux du
zinc) sous forme d'impuretés. Ce métal est utilisé dans les batteries, dans la protection
de l'acier contre la corrosion (cadmiage), ou comme stabilisant pour les plastiques et les
pigments (Quevauviller, 2001).
Il peut se déposer sur les étangs d’eau par précipitation des particules, apportés par les
eaux de surface comme les oueds et les chenaux, ainsi que par le ruissellement des
léxiviats (Cheng et al, 2002).
Le mercure
Le mercure est rare dans le milieu naturel : il se trouve cependant, en traces, dans les
roches, parfois dans des concentrations justifiant une exploitation. Le mercure est
notamment extrait du cinabre (sulfure de mercure). Ses capacités à s'associer à d'autres
métaux ont été mises à profit pour extraire l'or (Grigal, 2002). Le mercure a aussi été
utilisé pour ses propriétés biologiques, y compris ses propriétés toxiques comme biocide
(Picot, 1998). Il a été utilisé en tannerie, en médecine, pour traiter la syphilis, par
exemple.
Comme le cadmium, le mercure est aujourd'hui utilisé pour ses propriétés physico-
chimiques. Le mercure peut avoir une forme volatile, réagit à la chaleur, et est un
excellent conducteur de courant électrique. Il est utilisé dans la production du chlore et
quelques produits de consommation ou de mesure (piles, thermomètres...).
Le chrome
Le chrome, est utilisé sous forme de chromite (FeOCrO2) dans l’industrie métallurgique
et dans l’industrie chimique. On le trouve également sous la forme de ferrochrome,
utilisé pour la production d’aciers inoxydables et d’alliages divers. Le chrome est
également employé comme pigment pour la peinture, le caoutchouc, le papier, l’encre
d’imprimerie, ou encore pour le tannage des peaux. Réalisé industriellement depuis
1920, le chromage est utilisé pour donner un aspect décoratif et assurer une bonne
résistance à la corrosion atmosphérique (Di Benedetto, 1997).
Le cobalt
Présent en petites quantités dans la nature (Ellwood et al, 2001). Il est présent dans les
déchets des industries métallurgiques, des plastiques. Les sels de cobalt sont également
employés comme pigments colorés pour l’industrie céramique (Quevauviller, 2001).

II-3 Les différentes formes des rejets métalliques


II 3-1 Les rejets atmosphériques
Les rejets atmosphériques concernent tous les métaux et représentent des masses
importantes (Losno, 2002) qui se chiffrent par dizaines (mercure, arsenic, cadmium),
par centaines (chrome) ou par milliers de tonnes (plomb).
II 3-2 Les rejets des métaux lourds dans l'eau
II 3-2 1 L'eau et les métaux lourds
L'industrie a souvent privilégié les sites à proximité des fleuves et les lacs pour trois
raisons :
- Pour le transport de matières premières,
- pour l'alimentation en eau, qui permet de refroidir les installations,
- et pour les possibilités de rejets des effluents industriels.
Pendant des dizaines d'années, les fleuves ont hérité des rejets industriels et des eaux
résiduaires industrielles, déchets liquides résultant de l'extraction ou de la
transformation de matières premières, et de toutes les formes d'activité de production.
Même si les principaux établissements industriels se sont dotés de stations d'épuration
spécifiques, l'essentiel des rejets sont des rejets directs. En effet, l'eau des fleuves, des
rivières, des canaux, de la mer a longtemps été "l'exutoire" qui permettait d'évacuer ces
déchets (Srarfi, 2003).
Les milieux aquatiques sont très sensibles aux éléments en traces par la coexistence de
deux phénomènes de bioaccumulation et de biomagnification (Rueda et al, 2002). Les
éléments en traces se concentrent au fur et à mesure des absorptions dans la chaîne
alimentaire par ces différents maillons : eau, plancton, poisson herbivore, poisson
carnivore et homme (Yu et al, 1999 ; Barthe, 2002).
II 3-2 2. Les difficultés d'analyse
L'analyse des rejets de métaux lourds dans les eaux se heurte cependant à deux
difficultés (O’Neill et al, 1994).
a) Les difficultés de mesure
La difficulté est d'ordre technique. La mesure de la qualité des eaux ne permet pas
toujours de déceler des contaminants en traces car ces derniers se retrouvent moins dans
l'eau que dans les sédiments car ils ont tendance à s'adsorber. C'est pourquoi les mesures
s'orientent aujourd'hui vers les sédiments qui concentrent bien davantage que les eaux.
b) Les difficultés d'analyse
La présence et la mesure d'un contaminant sont en elles-mêmes insuffisantes. Les
variables déterminantes sont la solubilité du métal et sa faculté à être assimilé qui
dépendent toutes deux de la forme chimique du métal et des conditions trouvées dans
l'eau.
La solubilité
Le comportement d'un micro polluant est conditionné par sa forme physico-chimique.
Les éléments en traces vont être plus ou moins mobiles, plus ou moins solubles. Dans
l'eau, les métaux sont présents sous forme d'oxydes ou de sels, selon les métaux
d'origine. Les composés de plomb sont peu solubles. Le chlorure, le nitrate et le sulfate
de cadmium sont solubles dans l'eau, tandis que les sulfures et l'oxyde de cadmium sont
pratiquement insolubles. Les composés insolubles sont de préférence absorbés par les
sédiments, d'où la présence parfois très forte de cadmium dans les vases de certaines
rivières, les lacs et les chenaux.
Les lieux d'accumulation
Les éléments en traces qui s'adsorbent préférentiellement sur les particules solides
peuvent s'accumuler dans certaines zones favorables à la sédimentation ou à la
concentration de particules. Ces zones d'accumulation sont des sources potentielles de
pollution. Les particules qui y sont stockées peuvent être remises en suspension à
l'occasion de crues. Les rejets peuvent être sous forme particulaire dans l'eau douce,
mais ils peuvent être rendus solubles en présence d'eau saline. La concentration en
cadmium des eaux de mer est deux fois plus faible que celle des eaux douces.
La biodisponibilité et le changement de forme du contaminant
L'exemple typique de ce phénomène concerne le mercure : le mercure déposé sur la
couche sédimentaire est en général rejeté sous forme inorganique, mais il peut prendre
une forme organique et se transforme en méthylmercure (qui est la forme la plus toxique
pour l'homme) sous certaines conditions. C'est notamment le cas lorsque l'eau est
stagnante, peu oxygénée et associée à des matières organiques en décomposition.

II 3-2 3- Les métaux lourds dans les sédiments


La contamination des sédiments marins constitue un enjeu fondamental parce qu'il
affecte notre environnement proche, et notre alimentation (poisson, moules, seiches,..).
a) Le fond géochimique naturel (Lebigre et al, 1990 ; Jeannot et al, 2001)
Le contresens consiste à confondre concentration et contamination (apport par une
activité humaine), voire même pollution (apport constituant un danger). La
détermination d'un fonds géochimique équivalent à celle d'un bruit de fond permet
d'évaluer les concentrations naturelles en éléments traces en l'absence de toute
contamination d'origine anthropique.
Les processus de formation d’un sédiment (diagenèse) tendent à accumuler ou à
appauvrir dans le sédiment en fonction des propriétés physico-chimiques des métaux.
Ainsi, le fond géochimique d'un sédiment naturel non contaminé peut varier d'environ
un à trois pour un même métal compte tenu de la grande diversité géologique.
Le constat général est que les teneurs en métaux lourds dépendent bien davantage de la
nature de la roche mère, l'acidité du sédiment, la dynamique hydraulique, l'abondance
de matières organiques que de l'activité humaine.
Les sédiments sont cependant très hétérogènes, certaines régions présentent des
"anomalies" naturelles marquées.
Le plomb et le cadmium dans les sédiments présentent une particularité : ils sont surtout
abondants dans les horizons de surface (0 à 20 cm de profondeur) en raison de leur
affinité avec les matières organiques.
b) Les sources anthropiques
Dans certaines zones, la présence marquée de métaux lourds est directement liée à
l'activité humaine. Il existe toute une gamme d'apports en métaux lourds (Gaume et al,
2001).
Les apports semi-intentionnels
On parle d'apports semi-intentionnels lorsque les propriétés toxiques des métaux lourds
ont été utilisées pour agir sur la végétation, pour la protéger des insectes, pour
désherber...
Les métaux lourds les plus toxiques comme des dérivés mercuriels ont également été
utilisés comme fongicides.
Les apports directs non intentionnels
L'élément trace métallique n'est pas recherché pour ses propriétés, mais est une impureté
d'un amendement organique dans une zone agricole. L'apport direct est volontaire mais
comporte des éléments contaminants.
Les apports de proximité
Dans ce cas, il n'y a pas d'apport direct sur le sédiment, volontaire ou involontaire. Mais
le sédiment contaminé est voisin d'une source de contamination, et reçoit des particules
de métaux lourds. Les zones les plus connues sont les parcelles situées à proximité
d'usines métallurgiques ou d'exploitations industrielles polluantes. Les contaminants
habituels sont le plomb, le cadmium et le zinc...
Les retombées atmosphériques diffuses
Les métaux lourds se dispersent également dans les hautes couches de l'atmosphère et
retombent ailleurs, après un transport sur de très longues distances. On estime qu'une
particule de mercure dans l'atmosphère reste un an dans celui-ci, avant de retomber.
La contribution de l'homme à la mise en circulation des éléments traces métalliques et
leur dissémination dans l'environnement sont très variables et dépend des métaux et des
voies de rejets (Maisonneuve, 2000).
La répartition entre les différentes sources s'établit comme suit :
Tableau 1 : Contribution de différentes sources à l'enrichissement moyen annuel de
terres émergées en éléments traces métalliques (Maisonneuve, 2000)

Eléments Cuivre Zinc Cadmium Plomb


Total (milliers de tonnes) 216 760 20 382
Déchets agricoles 55 % 61 % 20 % 12 %
Déchets urbains 28 % 20 % 38 % 19 %
Engrais 1% 1% 2% 1%
Retombées
16 % 18 % 40 % 68 %
atmosphériques
Première Partie : Généralités sur les éléments métalliques dans l’environnement

Chapitre II
Rôle des phases minérales dans la fixation des éléments métalliques

I- Réactivités des oxydes et hydroxydes du fer et du manganèse

I- 1- Origines du fer et du manganèse dans l’environnement


Ils ont donc une double origine, naturelle et anthropique (Broust et al, 1999).

I-1-1 Le fer et le manganèse d'origine naturelle


Le fer et le manganèse sont naturellement contenus dans les constituants de l'écorce
terrestre, roches cristallines et roches sédimentaires, qu'on appelle les roches-mères.
Sous l'action de l'érosion, ces roches s'altèrent et libèrent leurs éléments constitutifs que
l'eau entraîne et transporte sous forme de solutions ou de particules solides (silice,
aluminosilicates, carbonates). Au cours de leur séjour dans le milieu naturel, certaines
de ces particules évoluent et se transforment. Des minéraux argileux apparaissent qui
vont à leur tour servir de support à des espèces minérales fraîchement précipitées
(oxydes, carbonates...). Cet ensemble de particules héritées des roches mères et
néoformées dans les milieux de transport et de dépôt constitue le mélange sédimentaire.
C'est au sein des différents constituants de ce mélange complexe et évolutif que se
répartissent le fer et le manganèse en réponse à leurs affinités chimiques. Les sédiments
portent donc l'empreinte des roches-mères qui leur ont donné naissance et celle des
transformations qu'ils subissent au cours de leur transport dans les rivières, les lacs et ce
jusqu'à leur expulsion vers la mer.
Les eaux transportent, elles aussi, du fer et du manganèse à l'état dissous mais leurs
teneurs en ces éléments varient beaucoup en raison des conditions chimiques
changeantes rencontrées dans les milieux aqueux et parce que le fer et le manganèse
dissous sont facilement impliqués dans des processus chimiques (adsorption,
précipitation, par exemple), voire biologiques.
I-1-2 Le fer et le manganèse d'origine anthropique
Le fer et le manganèse d'origine anthropique, présents dans la lagune, proviennent
principalement des rejets industriels et, dans une moindre mesure, des rejets urbains et
agricoles (Ben Guirat, 1997).
I- 2 Les formes chimiques des éléments fer et manganèse dans le milieu naturel
Le fer et le manganèse existent essentiellement au degré d'oxydation II. Dans les
particules, ils peuvent prendre des degrés d'oxydation plus élevés FeIII, MnIII, MnIV.
Dans les milieux anoxiques (sédiments, en particulier), l'ensemble des degrés
d'oxydation peut être observé.
Pour les deux métaux, une augmentation de potentiel (milieu plus oxydant) et/ou de pH
favorise la formation d'oxydes et d'hydroxydes peu solubles, ce qui entraîne une
diminution de la concentration des métaux en solution.
À l'inverse, lorsqu'on tend vers les milieux anoxiques (Eh plus faible), les oxydes et
hydroxydes de fer et de manganèse deviennent instables : ils passent en partie en
solution sous forme de Fe2+ et Mn2+. Cette dissolution peut être suivie d'une précipitation
sous forme de carbonates, de sulfures (Carrels et al, 1967).
I- 3 Conservativité et réactivité du fer et du manganèse.
En milieu estuarien, il est courant d'utiliser la notion de conservativité. Cette propriété
est directement liée au phénomène de dilution.
Les éléments dont la concentration ne dépend que de la dilution de l'eau du fleuve dans
l'eau de mer sont dits conservatifs. Cette caractéristique implique qu'ils réagissent peu
avec les constituants du milieu, les particules notamment; ce seront donc aussi des
éléments peu ou pas réactifs (El Achhab et al, 2003).
Les éléments dont la concentration dans l'eau dépend, outre de la dilution, de réactions
d'échange avec les particules (désorption ou adsorption) sont dits non conservatifs et
réactifs.
La salinité est un bon marqueur du mélange entre eau douce et eau salée. En d'autres
termes, elle est proportionnelle à la quantité d'eau de mer contenue dans une eau
estuarienne. Un mélange contenant 10 % d'eau douce contient 10 % d'élément
conservatif d'origine fluviatile. La concentration dans l'eau d'un tel élément tout au long
de l'estuaire est strictement proportionnelle à la salinité. Le fer et le manganèse ont un
comportement non conservatif dans les estuaires. Ce comportement est dû à la réactivité
de ces éléments et met en évidence le rôle joué par la phase particulaire. La diminution
de concentration, c'est-à-dire l'extraction des métaux de la colonne d'eau d'un élément
dissous (ou l'augmentation, si l'on fait abstraction d'un rejet ou d'un apport dû aux eaux
interstitielles), ne peut être due qu'à l'action de la phase particulaire.
En effet, cette dernière se comporte comme un piège ou une source pour ces métaux qui
s'échangent en permanence à l'interface solide-solution. Les quantités mises en jeu par
ces processus d'échange sont relativement faibles et modifient peu la composition
globale des particules; C’est pourquoi on recherche plus volontiers leur empreinte dans
l'eau (Broust et al, 1999).
Les dépôts sédimentaires constituent un milieu encore plus réactif que la colonne d'eau,
pour une raison au moins : toutes les espèces chimiques, initialement présentes ou
produites dans les phases dissoutes et particulaires, y restent essentiellement confinées
(Benoit et al, 1999).
La masse des particules contenues dans un litre d'eau peut varier entre quelques
milligrammes et quelques grammes ; elle peut atteindre plusieurs centaines de grammes
par litre de sédiment déposé. Cette constatation simple a plusieurs conséquences :
- si l'on néglige, en première approximation, les processus de bioturbation et de
compaction du sédiment après dépôt, les particules sédimentaires sont immobiles
par rapport à l'eau, dite eau interstitielle, qui les imbibe ;
- les espèces dissoutes émises en solution par les particules migrent par diffusion
essentiellement ;
I- 4 Rôle de la matière organique dans la répartition des métaux
Dans un système aquatique et, en particulier, dans les sédiments (un milieu confiné),
une succession d'agents oxydants (accepteurs d'électrons) peut être décrite lors de la
dégradation (oxydation) bactérienne de la matière organique. La matière organique est
en premier lieu oxydée par l'oxygène présent. En milieu confiné, la quantité d'oxygène
est rapidement consommée avant que la totalité du carbone organique n'ait été oxydée.
La réaction de dégradation se poursuit alors par consommation d'autres accepteurs
d'électrons comme les nitrates, les oxydes métalliques (de fer et de manganèse) et les
sulfates, en l'absence de perturbations extérieures (remaniement du sédiment par
exemple). Dans cette succession de réactions d'oxydoréduction, l'étape de la réduction
des oxydes métalliques (Fe et Mn) est intéressante. En effet, dans le cas où la
représentation schématique de la dégradation biogéo-chimique (oxydations souvent
facilitées par la présence de bactéries) de la matière organique en fonction de la
profondeur (le milieu devenant de plus en plus anoxique), les réactions se succèdent
dans l'ordre suivant : consommation de l'oxygène, dénitrification, réduction des oxydes
de manganèse, réduction des oxydes de fer, réduction des sulfates et enfin,
méthanogenèse. L'oxygène est le premier consommé : L'oxygène dissous dans l'eau
interstitielle est activement consommé par les processus de dégradation de la matière
organique. Sa réduction constitue la première étape de la dégradation de la matière
organique que l'on peut résumer par la réaction simple :
CH2O + O2 CO2 + H2O
Où CH2O représente la matière organique. Dans les sédiments fins, l'oxygène diffuse
mal à partir de l'eau sus-jacente, de sorte que l'oxygène disparaît totalement de l'eau
interstitielle dès les premiers millimètres sous l'interface eau-sédiment.
Les nitrates participent à l'oxydation du carbone organique, l'azote est apporté au
sédiment par la matière organique. Cet azote organique conduit, par hydrolyse, à la
production d'ion ammonium (NH4+) qui peut, à son tour, être oxydé par les bactéries en
nitrite (NO2-) puis en nitrate (NO3-). Si le milieu est légèrement réducteur, les nitrates
sont réduits en azote gazeux par les bactéries dé-nitrifiantes n'est pas limitée par la
quantité de matière organique, l'oxydation de cette dernière par l'oxygène, puis par les
nitrates, impose un potentiel où les oxydes métalliques se réduisent à leur tour et les
métaux passent en solution au degré +2 : Fe2+et Mn2+ (Broust et al, 1999).
II Mécanismes de fixation des métaux lourds par les argiles
II- 1 Définitions
La définition du terme argile peut être donnée en terme de granulométrie et de
minéralogie.

II- 1-1 Granulométrie


On appelle argile les particules les plus fines d’un matériau. La limite de 2 µm est fixée
par l’Association Internationale de la Science du Sol. Le diamètre étant petit la surface
des argiles est donc très importante, d’où une forte réactivité chimique et physique
(Barbier, 1999).
II. 1-2 Minéralogie
Les argiles ont un caractère cristallin et une structure bien déterminée. Cette
caractéristique structurale se répercute sur le comportement chimique et la rétention des
ions (Assa, 1976).
II. 2 La capacité d’échange cationique des argiles
La charge superficielle des argiles est neutralisée par des cations adsorbés qui sont
susceptibles d’être remplacés par des ions de la phase liquide.
La capacité d’échange cationique (CEC) représente la charge positive (sous forme de
cations attirés à la surface des particules des argiles) nécessaire pour atteindre
l’électroneutralité.
Les cations échangeables peuvent être les ions Na+, K+, Mg++, Ca++ etc… Ils sont fixés
sur les charges négatives disponibles dans les espaces interfoliaires et sur les cassures
des feuillets.
II. 3 Mécanismes de fixation des métaux
II. 3-1 L’adsorption :
L’adsorption est une accumulation de matière entre phase solide et une solution aqueuse.
Selon les énergies des liaisons mises en jeu, deux types d’adsorption peuvent être
distinguées (Nowak et al, 2002)
a) L’adsorption physique est due à l’attraction électrostatique d’un soluté par une
surface polarisée. Les substitutions isomorphes dans le réseau cristallin de la maille des
argiles créent une charge de surface. Les énergies de liaisons mises en jeu dans la
physisorption sont assez faibles sans formation de liaison chimique entre la surface et le
soluté.
b) L’adsorption chimique : est l’établissement d’une liaison chimique entre les
atomes donneurs d’électrons de la surface et les solutés accepteurs d’électrons.
L’adsorption chimique des cations métalliques dépend des conditions de pH.
Les niveaux d’énergie mis en jeu dans la chimisorption étant plus élevée que pour la
physisorption, l’adsorption chimique assure une fixation plus stables des cations
métallique de transition. De plus elle est peu sensible aux variations de la force ionique.
II. 3-2 L’échange ionique
L’échange ionique est la substitution d’une espèce ionique d’un composé solide par une
autre espèce ionique issue d’une solution aqueuse au contact avec le solide. Les ions
doivent être de même signe.
Les ions susceptibles de s’échanger avec les cations métalliques sont les cations
compensateurs des argiles (Barbier et al, 2001). L’échange ionique est souvent le
phénomène prépondérant de fixation des métaux. La nature du cation compensateur
influe la fixation de la montmorillonite qui diminue selon cet ordre :
Na+>K+>Cu2+>Al3+.
A force ionique faible, la fixation est contrôlée par l’échange ionique, alors qu’a force
ionique élevée, il y a peu d’échange. De même, qu’à faible pH, la rétention métallique
diminuait par compétition entre H+ et M2+ (Barbier, 1999).
II. 3-3 La précipitation
La précipitation correspond au passage d’une espèce de l’état dissous à l’état solide.
L’espèce formée précipite lorsque le produit de solubilité est dépassé. La précipitation
se traduit par un accroissement de la surface solide ou la formation d’un nouveau solide
à l’interface solide/liquide.
Le rôle individuel de chaque mécanisme est difficile à distinguer. De plus différents
modes de fixation peuvent agir simultanément, donc la sorption des métaux par les
argiles est la conjugaison de plusieurs phénomènes complexes (Sullivan et al, 2000).
Conclusion
La résultante de ces processus peut être saisie à deux niveaux :
- les métaux traces initialement associés à des phases néoformées en milieu
anoxique et instables en milieu oxygéné sont réinjectés dans le stock particulaire
en association avec des oxyhydroxydes de fer et de manganèse ou par simple
adsorption non spécifique ;
- les cinétiques d'adsorption et/ou de coprécipitation des différents métaux
conditionnent la fraction du stock ainsi remobilisé qui sera exportée vers la mer
ouverte.
Deuxième Partie : L'approche par l'analyse du risque

Chapitre III : Evaluation Simplifiée des Risques (ESR)

I. Introduction :
La pollution des sols et des nappes phréatiques est particulière pour plusieurs raisons :
- la difficulté d’identifier les sources et par conséquent d’en évaluer les impacts et
les risques ;
- le caractère persistant des pollutions.
Ce caractère de persistance, voire d’irréversibilité pour certaines pollutions résulte d’une
cinétique d’évolution très lente des mécanismes de dispersion ou de dégradation ;
- l’aspect le plus problématique pour ce type de situation est l’inventaire,
l’identification et la caractérisation d’une pollution, (Hermine, 2001).
Pour toutes ces raisons, toute méthodologie d’évaluation et d’appréciation du risque de
pollution doit être claire et applicable. L’approche française (Etude simplifiée des
Risques) s’appuie sur le principe de la proportionnalité entre l’action et le risque
potentiel.
Cette approche a été testée sur des centaines de sources de pollution afin d’apporter
plusieurs améliorations et modifications inspirées des conditions réelles du terrain. Dans
ce travail, on a voulu appliquer cette approche dans :
- un contexte économique différent de celui pour lequel elle a été mise au point ;
- un contexte environnemental et naturel très distinct de celui de l’Europe ;
- un contexte social et une mentalité environnementale différents.
II- Cadre socio-économique :
Les environs de la lagune de Bizerte constituent un pôle de développement à caractère
national (ANPE, 1990) on y trouve (fig1):
- des activités industrielles concentrées en cinq zones à savoir : Zarzouna, Menzel
Jémil, Menzel Bourguiba, la Pêcherie et la ville de Bizerte;
- des activités portuaires : deux ports de commerce (Bizerte et Menzel Bourguiba)
sont raccordés par un chenal de navigation long de 11 km, creusé en 1895 pour
faciliter l’accès des bateaux à Menzel Bourguiba. Les boues de dragage ont servi
à la construction du vieux port de Bizerte,
- des activités militaires : une importante base occupe une grande partie de la lagune
de Bizerte entre la Pêcherie et oued Tinja,
- des activités agricoles : d’importantes surfaces agricoles sont utilisées pour les
céréales, les cultures maraîchères et l’arboriculture,
- des activités de pêche : ces dernières années, plusieurs zones d’aquaculture ont
été implantées sur les bordures Nord-Est et Ouest de la lagune.

Figure 1 : Le réseau hydrographique du bassin versant de la lagune de Bizerte


(Kallel 1989 ; modifié)

III- Méthodologie
Cette approche (fig.2) est basée sur plusieurs étapes indispensables à l’identification et
la classification des sites pollués (Darmendrail, 1999 ; BRGM, 2000) selon le risque
qu’ils présentent sur les milieux naturels tels que les eaux souterraines, les eaux de
surface et le sol:
Source de pollution
Mise en
œuvre des
Visite préliminaire oui mesures
Y a t-il un risque immédiat ? d’urgence

non

incertitude Surveillance
Déchets industriels ou autres renforcée de la
source

Construction du schéma
conceptuel
Source/transfert/cible

Site banalisable
Etude Simplifiée des Risques Classe 3
Classe 1 ; 2 ; 3

Classe 2 Pollution moyenne


Classe
1

Pollution importante

Figure 2 : Approche de l’Evaluation Simplifiée des Risques


(Darmendrail, 1999, modifiée)

III-1 La visite préliminaire :


Il est indispensable de faire une visite sur le terrain afin d’apprécier la situation du site
par rapport à son occupation actuelle et son environnement. Il faut compléter cet examen
préliminaire par une recherche bibliographique et un questionnaire (annexes). Ce dernier
est articulé autour de 9 axes :
1. La localisation et l’identification du site
2. La description du site et de son état actuel
3. Les milieux susceptibles d’être des sites pollués, en indiquant l’existence
d’usages sensibles tels que les captages d’alimentation en eau potable ou
l’occupation des sols par des habitations des établissements scolaires ou
hospitaliers.
4. L’occupation actuelle du site
5. La description sommaire de l’environnement de ce site
6. Remarques générales
7. Eventuelles mesures d’urgence
8. Documents concernant ce site
9. Personnes à contacter.

III-2 Le diagnostic initial :


Les objectifs du diagnostic sont :
- Le recueil d’informations indispensables pour mettre en oeuvre l’ESR par une
recherche documentaire basée sur des informations disponibles et accessibles
complétées par une visite,
- L’identification des pollutions potentielles et le constat d’impact sur
l’environnement par des activités pratiquées sur le site étudié (via des mesures dans
les différents milieux appropriés).
Ce qui permet de définir la vulnérabilité d’un site par rapport aux problèmes de
pollution.

III-3 Le schéma conceptuel constitue un mode d’expression des résultats du diagnostic,


il facilite l’identification de la source, des voies de transferts et des cibles susceptibles
d’être atteintes (fig.3).
Le but de ce schéma est de représenter de façon synthétique tous les scénarios
d’exposition directe.
Pour tracer ce schéma il est recommandé de procéder par étape structurée selon une
démarche logique :
Etape 1 : identification d’une source
Etape2 : identification des milieux d’exposition : il s’agit de vérifier l’existence et la
pertinence des trois milieux d’exposition possibles : eau souterraine, eau de surface, sol.
Etape 3 : identification des voies de migration possibles : pour la cible (homme) arrive
au contact de la substance dangereuse il faut soit qu’elle puisse se déplacer vers elle
(accessibilité de la source), soit que la substance puisse migrer dans les milieux.
Ce sont les voies de migration qu’il s’agit de représenter par au moyen des flèches
matérialisant le déplacement de la substance dans les milieux.
Etape 4 : identification des usages des différents milieux d’exposition.
Pour les eaux souterraines ou de surface, les usages à recenser sont les usages
d’alimentation en eau potable, les usages sensibles différents de l’eau potable (usage
agricole, piscicole ou conchylicole, récréatif), les autres usages non sensibles (usage
industriel).
Pour le sol le contact direct et le contact indirect, par ingestion de fruits ou de légumes
sont pris en compte.
Etape 5 : identification des points d’exposition. S’ils sont directs sont situés sur le site
et/ou à proximité du site pour le milieu sol. Par contre, ils peuvent être parfois éloignés
du site pour d’autres milieux d’exposition. Par exemple, pour l’eau potable les points
d’exposition possibles sont au domicile des populations.

8 
1
2 Déchets 4
Sol
6  7 
3 Nappe phréatique 5
Lagune de Bizerte

Légende
1 : Usage pour alimentation en eaux potables
2 : Infiltration des eaux polluées dans le sol
3 : Infiltration des eaux polluées dans la nappe
4 : Ruissellement des lixiviats
5 : Alimentation de la lagune par les nappes côtières
6 : Consommation des poissons par l’être humain
7 : Activités récréatives
8 : Incinération des déchets par des chiffonniers

Figure 3 : Schéma conceptuel de la décharge sauvage 1


III-4 L‘évaluation simplifiée des risques :
A partir des éléments d’information recueillis au cours des étapes précédentes, on
procède à l’ESR. C’est une méthode de scores et de notation, elle s’appuie sur le principe
que l’existence d’un risque implique la présence simultanée d’une source dangereuse
(D), d’un mode de transfert vers le milieu (T) et d’une cible (C).
Les notes élémentaires attribuées sont combinées afin de fournir des notes de synthèse
et ce pour chaque voie d’exposition identifiée (eau souterraine utilisée pour l’eau
potable, eau de surface non utilisée pour l’eau potable, sol,…).

IV- Identification des sites pollués classés par activité :


La région de Bizerte regroupe plusieurs domaines d’activités (urbain, service, agricole
et industriel) pour identifier les activités les plus polluantes on a dressé le tableau suivant
à partir des résultats de l’ESR :

Tableau 2 : Classification des activités polluantes en %


Nombre Classe 1 (%) Classe 2 (%) Classe 3 (%)
Activité de sites (pollution (pollution (pollution
étudiés importante) moyenne) banalisable)
Métallurgie 22 18.20 81.80 -
Extraction minière 01 100 - -
Travaux maritimes 03 100 - -
Décharge sauvage 03 100 - -
Travaux électriques - 100 -
Briqueterie/céramique/ Cimenterie 07 - 57.14 42.86
Traitement des eaux urbaines 02 50 50 -
Textile 04 25 25 50
Récupération des métaux
01 100 - -
recyclables
Industrie chimique 06 30.30 66.70 -

Les activités les moins polluantes sont dans le domaine du textile et dans le domaine des
briqueteries.
1- Le textile comporte trois catégories, (Abbes, 1994):
- L’ennoblissement (utilisation des colorants et des pigments contenant des métaux
lourds),
- La fabrication des fibres synthétiques (utilisation des polymères synthétiques),
- Le tissage et la filature (les déchets sont généralement des fibres, des tissus et des
graisses qui sont peu polluants).
2- Les briqueteries et les cimenteries ont une charge polluante essentiellement
atmosphérique. Elles ont une influence faible sur les eaux souterraines, les eaux de
surface peuvent être atteintes seulement par précipitation des particules minérales
issues des cheminées (Morlot, 2001). Par contre la céramique, domaine utilisateur
d’oxydes métalliques constitue une source potentielle d’éléments toxiques.
3- Les travaux électriques désignent la fabrication et la réparation des transformateurs
électriques. Ces sites sont susceptibles de contenir des huiles usagées contenant du
PCB, surtout que la quantité, la localisation et la destination de ces huiles restent
inconnues (MEDIEN, 1998). C’est une pollution potentielle.
4- L’industrie chimique regroupe plusieurs catégories :
- Les industries para pharmaceutiques et l’industrie du chlore restent classées
deuxièmes. Elles sont de petites unités avec une capacité de production faible.
- L’industrie du caoutchouc : les additifs qui peuvent être utilisés lors du procédé de
fabrication représentent un éventuel risque (Quevauviller, 2001) mais avec une
quantité faible.
- Le raffinage du pétrole : la pollution provient essentiellement du stockage des
boues résiduaires de nettoyage des cuves dans une excavation non étanche et le
rejet des eaux de procédé de fabrication directement dans la mer,
- Le recyclage des huiles usagées.
5- La métallurgie comporte des unités de traitement de surface, les fonderies et les
travaux métallurgiques. Ces derniers sont les moins dangereux ceci est dû
essentiellement à la quantité de polluants (soudure) ou à la nature physique du polluant
(sable de fonderie).
Le traitement de surface est une opération qui produit des eaux très toxiques et des boues
composées de précipité de métaux lourds et d’autres éléments cancérigènes dont l’état
d’insolubilité est réversible (Tostmann, 1993).
6- Les travaux maritimes désignent le dragage des ports et la réparation navale : Ces
pratiques sont à l’origine d’une pollution essentiellement organique tels que les
hydrocarbures, les huiles, mais aussi les organoétains utilisés pour ses propriétés
toxiques comme matière active dans les peintures antisalissures des bateaux (Alzieu,
2000).
7- L’extraction minière désigne un site abandonné d’une ancienne mine de zinc et de
strontium. Les remblais et les dépôts de stériles contenant des métaux lourds se trouvent
transportés par l’oued Mérazig qui alimente le bassin versant de la lagune (fig.1).
8- Les décharges sauvages sont des dépotoirs dans un terrain vague pouvant contenir
toute sorte de pollution : urbaine, industrielle, boues de dragage des ports, des déchets
spéciaux des hôpitaux, (fig.3).

V- Identification des sites pollués classés par milieu d’exposition à la pollution:


L’évaluation simplifiée des risque est basée essentiellement sur une évaluation par
milieu (eau souterraine à usage eau potable (AEP), eau souterraine à usage non potable
(non AEP), eau de surface à usage AEP, eau de surface à usage non AEP, sol,…). Pour
la région de Bizerte la situation est la suivante :
- De nombreux travaux sont en cours pour la fermeture et le réaménagement de la
décharge sauvage1 qui pollue trois milieux (eaux souterraines, eau de surface et sol).
- L’activité métallurgique (sidérurgie, traitement de surface) présente un risque assez
important pour le milieu eau de surface. En effet, c’est une activité qui génère des
produits très toxiques et assez solubles (Tostmann, 1993), rejetés directement dans
la lagune de Bizerte, ou à travers le réseau d’Assainissement des eaux domestiques
vers la lagune.
- Les travaux maritimes sont un domaine qui présente une double menace pour les
eaux de surface: premièrement par les quantités importantes des hydrocarbures et des
huiles déversées, mais surtout par le tributylétain qui s’est révélé être la substance la
plus toxique synthétisée par l’homme pour le milieu aquatique (His, 2000).
Tableau 3 : Répartition des sites pollués de classe 1 selon le milieu d’exposition à la
pollution

Eau souterraine à usage Eau de surface à usage "non


N° "non alimentation en eau N° alimentation en eau potable" N° Sol
potable" (AEP) (AEP)
01 Décharge sauvage 1 01 Décharge sauvage 1 01 Sidérurgie
02 Sidérurgie 02 Extraction minière
Recyclage des huiles
03 02 Décharge sauvage 1
usagées
03 Traitement de surface 1 04 Raffinerie de pétrole
05 Réparation navale 04 Port de commerce 1
06 Traitement de surface 2 04 Décharge sauvage 2
Traitement des eaux
06 07 Port de commerce 2
urbaines
Récupération des métaux
08 Boulonnerie 08
recyclables
09 Teinturerie

VI- Conclusion
D’après les résultats de l’évaluation simplifiée et ceux du diagnostic initial, on a identifié
la zone sud et sud ouest comme la zone la plus touchée par les problèmes de pollution.
En effet, cette région abrite plusieurs activités polluantes implantées sur les berges de la
lagune de Bizerte (annexe 1). Exemples :
 La décharge sauvage de Menzel Bourguiba,
 La sidérurgie el Fouleth,
 La réparation navale,
 La station de traitement des eaux urbaines,
 Les unités de traitement de surface,
 Les unités industrielles chimiques.
Ces activités sont à l’origine d’un ensemble de polluants organiques et inorganiques,
touchant plusieurs milieux naturels tels que le sol, les eaux souterraines, les eaux de la
lagune et même l’atmosphère.
D’autres zones de rassemblements des activités polluantes se dégagent de cette étude
telles que les côtes nord et ouest. Ces régions représentent en général des zones
industrielles.
VII. Valorisation des déchets et transfert de pollution
L’exploitation des résultats de l’ESR peut se faire d’une manière différente. En effet si
on s’intéresse à l’implantation des activités industrielles dans la région de Bizerte, on
remarque qu’elle n’est pas aléatoire. Le contexte géologique est attractif, la région
représente une réserve de substances utiles assez intéressante, ce qui explique
l’implantation condensée des industries de céramique, des briqueteries et des
cimenteries tout autour des réserves naturelles (fig.4). Les industries métallurgiques sont
aussi nombreuses, dues à l’implantation de la sidérurgie sur les bords sud de la lagune
depuis le début des années soixante. Cette zone côtière offre aussi la possibilité de se
débarrasser directement des déchets dans le milieu naturel (mer, lagune).
Une augmentation sensible des coûts d’énergie et de matière première a amené les
industriels à prendre conscience sainement de la nécessité d’une gestion de leurs déchets
et sous la pression d’une législation de plus en plus contraignante et à mettre en œuvre
des procédés de prévention, de recyclage interne et de récupération (Maes, 1986).
C‘est dans ce sens que les industriels bizertains commencent à valoriser leurs déchets
(cas des principaux exemples, fig.5):
- le recyclage des eaux des bains de traitement de surface dans les unités
métallurgiques;
- la pyrolyse des coupes lourdes issues du recyclage des huiles usagées par la
raffinerie;
- l’incinération des déchets d’autres unités industrielles par les cimenteries et les
briqueteries pour les exploiter comme combustible.
La valorisation énergétique est la plus pratiquée dans la région de Bizerte, c’est la forme
de valorisation la plus simple et la moins coûteuse. En plus, le nombre élevé des
cimenteries et briqueteries inspire ce genre de pratique.
Toutefois, la destruction thermique des déchets génère des sous produits pouvant être à
risque, l’incinération n’est plus considérée comme le "feu purificateur". En effet, la
combustion de matières organiques contenant des PCB ou des PCB associés aux
composés de polychlorobenzènes, produit les dioxines et les furannes. Ces dernières ont
une toxicité beaucoup plus élevée que celle des BCP eux mêmes sur l’écosystème
aquatique.
Contexte Réserves
géographique géologiques

Port de commerce Raffinerie Sidérurgie

Briqueterie/Céramique/ Recyclage des Unités


Cimenterie huiles usagées métallurgiques

Réparation Textile Travaux

Figure 4 : Diagramme des échanges directs (Matière première-produit

fini) entre les activités industrielles dans la région de Bizerte


Station de Travaux
lavage électriques
Huile des
Filtres usagés transformateurs

Régénération des Huile des


huiles usagées transformateurs
Carcasses des
transformateurs
Gaz oil Fraction Résidu de
cellulosique régénération Copeaux
métalliques

Cimenterie/ Briqueterie Sidérurgie


Raffinerie
Fonderie

Décharge sauvage

Figure 5 : Diagramme de valorisation des déchets des activités


Discussion des résultats dans
industrielles : la région de Bizerte (déchet-résidu de fabrication)
La symbiose du tissu économique de la région de Bizerte concernait les matières
premières et les produits finis, actuellement elle touche aussi les déchets (Srarfi et al,
2003). Cet autre aspect du mutualisme donne un rôle très singulier aux industries
considérées les moins polluantes telles que les briqueteries, les cimenteries et l’unité de
régénération des huiles usagées (fig. 4).
Le domaine des briqueteries et des cimenteries n’est pas présumé comme une activité à
risque par l’ESR. Pourtant une des conséquences indirectes de ce type d'usage sont les
anciennes carrières. Abandonnées une fois que l’extraction des réserves géologiques
n’est plus économiquement rentable, elles présentent l’endroit typique d’une décharge
sauvage. Sachant que la couche géologique mise à nu présente un risque accru d’une
pollution des aquifères, particulièrement si les substances minérales utiles dans la région
de Bizerte sont principalement des sables et des calcaires : matériaux encaissants des
nappes souterraines.
En plus, si on s’intéresse à la valorisation thermique des déchets au sein de ces unités
on peut dire que l’incinération ne se trouve pas gratifiée (même pour des déchets à fort
pouvoir calorifique).
D’une manière générale l’incinération ne doit constituer qu’une solution extrême dans
la mesure où d’autres solutions de traitement, moins destructrices restent envisageables :
réutilisation directe, récupération et recyclage, conversion biochimique ou encore
régénération en centrale de traitement collectif l’exemple de la régénération des huiles
usagées. Cette dernière acquière une importance particulière dans la diffusion de
certains polluants. En effet, son rôle de dépollueur devient très délicat dans la mesure
où la valorisation des déchets est une solution qui s’impose mais qu’elle peut être aussi
un moyen de transfert de la pollution. L’industriel exporte ses déchets et la pollution
avec (ce paramètre n’est pas pris en compte par l’ESR).
Le diagramme (fig. 5) montre bien que la régénération des huiles usagées occupe une
fonction clef dans ce transfert.

VIII- Conclusion
L’évaluation Simplifiée des Risques est une méthode très intéressante qui tient compte
d’une multitude de paramètres. Son application à l’exemple de la lagune de Bizerte
révèle certains aspects pratiques des usages environnementaux de la région.
L’exemple de la lagune montre qu’une pratique de dépollution (valorisation des déchets)
peut devenir dans certains cas une voie de transfert de pollution.
Donc, l’intérêt de cette étude réside dans l’identification des sources de pollution
(directes et indirectes) dans le bassin versant de la lagune de Bizerte, la localisation
géographique de leurs points de rejets, et la détermination de la nature chimique des
éléments polluants.
Les zones industrielles et les décharges sauvages restent des aires de concentration
préférentielles des différentes activités polluantes dans cette région. La nature des
éléments nocifs est très variée, mais la pollution la plus présente reste les métaux lourds,
les hydrocarbures, et les matières en suspension.
Troisième Partie : Etude géochimique des eaux et des sédiments de surface
de la lagune de Bizerte

Chapitre IV : Méthodologie et matériel expérimental

I. Stratégie d’échantillonnage
L’échantillonnage au sens strict est une simple réduction de masse. Précédant l’analyse,
cette réduction de masse doit respecter la composition du lot aussi bien que possible.
Tout le problème d’échantillonnage est là. (Gy, 1996)
I.1 Prélèvement- Echantillonnage
Le prélèvement est une étape essentielle pour la validité des résultats analytiques
ultérieurs. Quand on cherche à doser des éléments inorganiques en traces dans les
eaux naturelles, il est facile d’avoir des artéfacts pendant le prélèvement de
l’échantillon qui faussent complètement les résultats. Ces artéfacts peuvent venir de
l’acide utilisé, d’un flacon mal lavé, ou d’une contamination par la poussière dans
l’air ambiant (Morlot, 2001).
I.2 Stratégie de prélèvement
I.2-1 Mode d’échantillonnage
a) Volume : le volume d’échantillon à prélever doit répondre à deux types
d’impératifs. Tout d’abord, le volume prélevé devra assurer la représentativité de
l’échantillon par rapport à son point de prélèvement. Ensuite, le volume prélevé
devra être suffisant pour permettre la réalisation ultérieure de l’analyse avec le
nombre éventuelle de répétition, et la technique adoptée. Pour cette étude, le
volume d’échantillon choisi est de 1litre (O’Neill et al, 1994 ; Dumble et al,
2001 ; Thorton et al, 2002), ce qui convient largement aux protocoles d’analyses
des traces (émission atomique) et des éléments majeurs (dosage volumétrique).
b) Nombre d’échantillon : le problème du nombre de prélèvements nécessaires
pour les eaux superficielles, très hétérogènes dans l’espace, est assez compliqué.
Pour cela un prélèvement en fonction de la distance des berges est effectué. Un
exemple de trois points classiques dans la section considérée (1.5m de la berge
droite, milieu de la section, et 1.5m de la berge gauche) ce qui donne ainsi neuf
prélèvements ponctuels par lieu échantillonné (Morlot, 2001).
Le cas de la lagune est plus complexe, on a choisi cinq sections couvrant l’ensemble
de la lagune et contenant 8 à 9 points de prélèvement au lieu de trois. Ce plan est
complété par cinq points dans le goulet.
Les autres points étaient choisis d’une manière plus sélective, suivant les points de
rejets dans les zones industrielles et urbaines sur les berges (fig.6).
Pour les sédiments, l’échantillonnage était tributaire de la profondeur du fond, de la
végétation et de la présence des hauts fonds. Vingt points, répartis sur l’ensemble de
la lagune, forme le plan de prélèvement. Ce choix dépendait beaucoup des conditions
de terrain (fig.6)
c) Fréquence : La région est soumise à une variation semi annuelle. Deux
campagnes d’échantillonnage ont été programmées (hiver, été).
I.2- 3 Matériel de prélèvement- Flaconnage

a) Flacons de prélèvement : tout type de flacons est susceptible d’adsorber plus ou


moins les éléments métalliques présents à l’état de traces dans l’eau (Schalla et
al, 2001). Dans cette étude on a utilisé des flacons en polyéthylène suivant les
recommandations de (O’Neill et al, 1994 ; Triplett et al, 1997 ; Thierrin, 2001 ;
Dumble, 2001 ; CEAEQ, 2002 ; Ehlke et al, 2002).
Pour les échantillons de sédiments on a utilisé des sacs en polyéthylène de volume
1l.
Les flacons et sacs de prélèvement sont soigneusement lavés par l’acide nitrique
à 10% et rincés à l’eau pure. Ce lavage à pour but la décontamination des parois
des flacons (Schalla et al, 2001 ; CEAEQ, 2002).
Une fois lavés et rincés, ils sont ensachés dans des sacs en polyéthylène fermés
et à l’abri de la poussière jusqu’à leur utilisation.
b) Pour le prélèvement des sédiments de surface on a utilisé une benne preneuse de
16l (Morlot, 2001 ; Quevauviller, 2001 ; Yoshida, 2004).
Figure 6 : Plan des points de prélèvement des échantillons eau et sédiment
I.2-4 Transport des échantillons et conservation
Plusieurs guides (Triplett et al, 1997; Schalla et al, 2001 ; Thierrin, 2001 ; Dumble,
2001; CEAEQ, 2002) recommandent le froid pour la conservation des échantillons
aqueux (eau souterraine surtout). Mais les échantillons des eaux de surface prélevés
de la lagune sont à une température bien différente de 4°C, leur mise à froid va
modifier l’équilibre au sein de l’échantillons (gaz dissous, équilibre
calcocarbonique, équilibre de complexation,…). Pour garder les échantillons dans
un environnement proche de leur milieu naturel on a choisi de ne pas mettre au froid
les échantillons pendant leur transport (Morlot, 2001).
Une fois acidifiés à pH<2, ces échantillons peuvent se conserver sans évolution
même jusqu’à plusieurs mois même en dehors du réfrigérateur (BRGM, 2000 ;
Dumble, 2001).
Les sédiments ont été conservés à 4°C (Jeannot et al, 2001 ; Dabrowski et al, 2002)
I.3 Analyses sur site
I.3-1 Mesure du pH :
Les mesures sur terrain ne se font pas in situ, mais plutôt en amenant l’échantillon à la
portée de l’appareil (Charlot, 1974 ; Rodier, 1996 ; Rump et al, 1992). Cette pratique
permet à l’échantillon d’établir des échanges avec l’atmosphère, il en résulte une
déviation continue du pH qui rendent toute mesure aléatoire, surtout lorsque des
substances volatiles comme CO2 et H2S qui contrôlent le pH s’échappent (Garrels et al,
1967).
La mesure du pH dans les milieux naturels pose un problème délicat car cette mesure
exige l’introduction des électrodes dans le milieu sans modifier la mesure d’une manière
significative. Ce problème ne se pose pas dans les cas des eaux de surface qui sont en
contact intime avec l’atmosphère, mais plutôt pour le sédiment.
Les mesures du pH des eaux de surface ont été fait sur des échantillons prélevés, à l’aide
d’un pH mètre WTW proline, après un étalonnage préalable par deux solutions tampons
(pH 7 et 10) et une correction automatique de la température.
Pour le sédiment, la mesure des paramètres physico-chimiques se fait généralement sur
une suspension des sédiments agitée dans un volume donné (Rump et al, 1992 ; Jeannot
et al, 2001). Le résultat dépend de la contribution des H+ de l’eau, du sédiment et les
échanges avec l’atmosphère.
Pour cela (Garrels et al, 1967 ; Pesson, 1980) recommandent l’insertion des électrodes
directement dans le sédiment. Sauf que pour les sédiments de la lagune les échantillons
prélevés sont des échantillons remaniés et donc présentent une composition très
hétérogène. La mesure directe va donner une valeur ponctuelle et non représentative de
l’échantillon total.

I.3-2 Mesure du potentiel redox


Les mesures de ce paramètre se font successivement après celle du pH à l’aide d’une
électrode combinée (Eh/pH).
Pour les sédiments, tout comme le pH, les mesures se font sur des suspensions en mettant
l’échantillon dans une quantité d’eau (Rump et al, 1992).
La signification de telles mesures est fort discutable (Garrels et al, 1967).
II. Traitement des échantillons au laboratoire
Après la mesure de la conductivité des échantillons aqueux par un conductimètre de
paillasse de type CD6N, l’analyse des éléments traces se limitera en pratique aux
méthodes de traitement par voies humides.

II.1 Echantillons aqueux


Un blanc de terrain est préparé avec de l’eau ultarpure (résistivité 18 Ωm) pour la
détection d’une éventuelle contamination au cours des analyses.
II.1-1 Filtration :
Comme les éléments inorganiques en traces sont susceptibles d’être adsorbés sur les
matières en suspensions, il est souhaitables si l’on veut départager entre teneur totale et
teneur dissoute, de filtrer les échantillons juste après le prélèvement (Hoeing, 1996 ;
Dumble et al, 2001, Quevauviller, 2001).
Nos échantillons étaient filtrés sur une membrane filtrante de 0.45µm, lavées
préalablement à l’acide nitrique de 1% et rincées à l’eau pure (résistivité égale à 15 Ωm).
II.1.2 Acidification :
Le filtrat de l’échantillon doit être acidifié à pH<2, le métal dosé dans ce filtrat est par
définition le métal dissous (Triplett et al, 1997 ; Thierrin et al, 2001 ; Dumble, 2001 ;
CEAEQ, 2002). Il faut veiller à la pureté de l’acide utilisé.

II.2 Echantillons de sédiments


II.2-1 Séchage :
Le séchage a été fait à l’air libre à une température ambiante < 35°C (BRGM, 2000 ;
Jeannot et al, 2001, Morlot, 2001 ; Quevauviller, 2001).
II.2-2 Séparation granulométrique :
Les grumeaux formés au cours de l’étape du séchage des sédiments fins sont broyés
manuellement par un mortier en agate.
Ensuite, on procède à une séparation granulométrique de la fraction >2 mm (Pinta,
1970 ; Raïs, 1999; Jeannot et al, 2001, Morlot, 2001 ; Quevauviller, 2001).
II.2-3 Homogénéisation :
Le partage divise l’échantillon en deux fractions jumelles par pelletage alterné (fig.7).
Ces fractions sont semblables à un facteur aléatoire près. L’échantillonnage proprement
dit ne s’effectue que lors de la sélection qui intervient en second temps de la fraction qui
sera retenue comme échantillon réel. Le choix est aléatoire (GY, 1996).

A1 B1 A2 B2 A3 B3 A4 B4

A1 + A2 + A3 + A4 = Echantillon EA

B1 + B2 + B3 + B4 = Echantillon EB

Figure 7 : L’échantillonnage par fraction jumelles (Gy, 1996)

Chaque échantillon est broyé avant la minéralisation pour faciliter la mise en solution
des éléments à analyser.
II.2-4 Minéralisation par voie humide :
L’étape de minéralisation et de mise en solution représente la plus grande source
d’incertitudes, la partie la plus laborieuse et la moins documentée de l’analyse.
Pour cette étude on a procédé à une attaque totale réalisée en présence d’acide
fluorhydrique, combiné avec d’autres acides (Jeannot et al, 2001 ; Quevauviller, 2001).
L’acide nitrique est l’un des agents les plus utilisé dans les mélanges d’attaque (Pinta,
1970 ; Hoeing, 1996).
La mise en solution totale de 1g de sédiment a été effectuée par un mélange, 20 ml d’eau
régale (acide nitrique 1/3, acide chlorhydrique 2/3) avec 10 ml d’acide fluorhydrique.
Cette attaque triacide à été conduite dans des godets en téflon pendant une nuit à froid,
puis à chaud jusqu’à évaporation totale, afin d’éliminer l’acide fluorhydrique qui
endommage les nébuliseurs en verre de l’ICP.
La reprise du résidu a été réalisée avec une solution d’acide nitrique à 5%.
Les mesures ont été faites sur cette solution finale.

III. Les techniques analytiques

L’amélioration croissante de l’instrumentation analytique a apporté ces dernières années


une augmentation considérable de la vitesse d’analyse et du traitement des données.
Dans bien des cas la préparation des échantillons est devenue le goulot d’étranglement
des procédures analytiques (BORSIER, 1993). En effet, malgré que l’amélioration
indéniable des systèmes de mesures, les résultats analytiques restent souvent entachés
d’erreur. Parmi elles, les erreurs contractées lors des étapes de préparation de
l’échantillon sont certainement les plus fréquentes. Celles-ci peuvent être cependant
considérées de deux manières : d’une part les erreurs de loin prédominantes, dues
directement à des procédures inadaptées, et d’autre part celles engendrées par une
mauvaise compatibilité du mode de préparation avec la technique de mesure appliquée
ultérieurement (Srarfi, 2002).
La technique analytique choisie est l’analyse inorganique élémentaire par ICP/AES.
La technique ICP/MS est utilisée seulement pour 9 échantillons après un prétraitement
non classique (chapitre IX).
III. 1 Analyses inorganiques élémentaires par ICP/MS
Le principe du couplage consiste à associer la source d’ionisation et le spectromètre de
masse par l’intermédiaire d’une interface. La source d’excitation par plasma d’argon à
couplage inductif. (BORSIER, 1989)
III. 2- ICP/MS : constitution et fonctionnement
III.2-1 Le plasma
Le plasma consiste à maintenir un plasma d’argon par un champ de radiofréquence
parcourant une bobine externe, l’énergie est fournie au plasma par un couplage
électromagnétique.
L’agitation des ions et des électrons par un champs haute fréquence et leur collision avec
des atomes du gaz maintenant une température très élevée d’environ 6 à 8000°C. Le
démarrage du plasma est assuré par une bobine de Tesla qui forme les ions et les
électrons initiaux.
Il est alors possible d’injecter au centre du plasma un aérosol contenant de l’échantillon
qui a été nébulisé par un courant d’argon. Cet échantillon, dessolvaté et atomisé est porté
à une température voisine de 6000°C, les atomes sont alors dans leur quasi-totalité
ionisés. Les cations formés sont essentiellement monovalents.
III.2-2 L’interface
Cette partie a pour rôle de :
- Récupérer des ions à 6000°C et à la pression atmosphérique,
- Les ramener dans un spectromètre de masse sous vide et à température
ambiante.
Cette interface est formée par :
- Un sampler constitué par un cône de nickel percé d’un trou et refroidi par une
circulation d’eau est mis au contact du plasma au niveau de son axe et les ions
sont alors injectés dans l’interface.
- Un second orifice appelé Skimmer est placé à l’arrière du sampler.
L’intervalle entre deux entrées est vidé par une pompe.
III.2-3 Le spectromètre de masse
Le spectromètre de masse est situé derrière l’interface et est précédé par une série de
lentilles permettant :
- D’arrêter les photons qui pénètrent
- De focaliser les ions pour les amener dans l’axe du spectromètre.
Le spectromètre est de type quadripolaire dans lequel quatre barres parcourues par un
courant continu de haute tension auquel se superpose un champ de radiofréquence vont
focaliser les ions de rapport M/Z donné sur le détecteur. Le changement de masse
s’effectue en quelques microsecondes par une variation de tension si bien que
l’ensemble du domaine de masse peut être parcouru en quelques secondes. Cette
technique permet soit un balayage de l’ensemble des masses soit de travailler en saut de
pics pour aller d’une masse à une autre soit enfin de maintenir sur une masse donnée.
Le détecteur peut être un multiplicateur d’électrons qui permet d’obtenir une très grande
sensibilité pour les très faibles teneurs par comptage, soit un dispositif analogique moins
sensible mais avec un seuil de saturation plus élevé pour les concentrations plus
importantes.
Troisième Partie
Etude géochimique des eaux et des sédiments de surface de la lagune de Bizerte

Chapitre V : Présentation du site de la lagune de Bizerte

I- Situation géographique :
La lagune de Bizerte est située à l’extrémité Nord de la Tunisie entre les parallèles 37°8’
et 37°14’ et les longitudes 9°48’ et 9°56’. Elle est limitée au Nord par de bassins côtiers
qui s’écoulent vers la Méditerranée, à l’Est par les bassins versants de Ras Jebel, au Sud
par la basse vallée de Mejerda et à l’Ouest par la Garât Ichkeul.
La lagune de Bizerte de forme elliptique (N-S=11Km, E-O= 13Km), couvre une
superficie d’environ 150ha. Elle communique avec la mer par un canal de 6.5Km de
longueur, 300m de largeur et 12 m de profondeur. Elle est reliée à Garât Ichkeul par le
chenal de Tinja (photo 1). Ce chenal est peu profond et une longueur de 5 Km.

Photo 1 : Image satellite du système lagune de Bizerte-garât


Ichkeul (Landsat 1999)
II. Données climatologiques
Le climat de la région est de type méditerranéen avec un été chaud et sec et un hiver
doux et pluvieux.
II.1 La température
Les températures dans la région de Bizerte varient entre 11.2 et 25.9°C. Les
températures les plus faibles sont enregistrées durant le mois de décembre. Alors que
les températures les plus importantes sont mesurées en août.
En été le climat est tempéré par des brises de mer qui adoucissent les températures. Sauf
que la remontée d’air chaud et sec venant du secteur sud peut faire monter les
températures saisonnières à plus que 40°C.
II.2 Les vents
Les vents dominants sont de direction NW (Chirich), avec une vitesse moyenne de 6 à
8 m/s et une durée de 200j/an. Les vents de direction Est (Chergui), sont moins fréquents
et plus humides.

Tableau 4 : Direction moyenne mensuelle des vents dans la région de Bizerte


Mois/Ven Jan Mar Avri Aôu
Sept Oct Nov Dec Fév Mai Juin Juil
t v s l t
N N N
fréquent N N SE N N N
NW NW NW
W E W W W W W W
N
fort W N N N SE SW SW NW
NW NW NW
E W W W

II.3 La pluviométrie
Le régime de pluie est généralement de type averse avec une moyenne annuelle de 450
à 650 mm de pluie. Le nombre de jour effectivement pluvieux est de 113 jours. Les mois
les plus pluvieux sont successivement : novembre, décembre et janvier.
Les mois les plus secs sont juin, juillet et août caractérisés par des précipitations
inférieures à 10 mm.
II.4 L’évaporation :
L’évaporation mesurée à la surface de l’eau de la lagune de Bizerte est d’environ 1230
mm/an.
L’humidité relative est au alentour de 100% durant la saison hivernale, la moyenne
annuelle est de 80%. (Mansouri, 1996).

III- Cadre géologique


III-1 Stratigraphie
Dans le bassin versant de la lagune de Bizerte (fig.8), on distingue des formations
géologiques d’âge éocène à quaternaire (Soussi, 1981 ; Melki, 1991) :
L’Eocène
Des affleurements dans les régions d’El Alia, de Metline et de Bizerte et de Menzel
Abderahman montre un matériel calcaire à globigérines, légèrement marneux d’aspect
crayeux.
L’Oligocène
Un affleurement de la baie des carrières à proximité de Zarzouna se présente sous forme
d’alternance de bancs marneux et de bancs gréseux parfois glauconieux.
Le Miocène
Aux jebels Kchabta et Messftine, le Miocène montre un complexe puissant de marne et
de grès à caractère lagunaire reposant en discordance sur les terrains antérieurs.
Les formations miocènes sont recouvertes par une puissante série trangressive formée
de deux faciès différents. La base est occupée par un faciès marneux dit Plaisancien, au
sommet, il y’a le faciès gréso-sableux du Astien.
Le Quaternaire
Il est constitué par des limons et de sable à sa base puis d’argile et de sable. Ce sont des
dépôts continentaux souvent en continuité avec le Pliocène et qui datent du
Villafranchien.
Figure 8 : Cadre structural de la région de Bizerte
(Melki, 1991 ; modifié)

III-2 Conditions hydrographiques et hydrodynamiques du bassin versant de la


lagune de Bizerte
Le renouvellement des eaux de la lagune est estimé à 7 jours par le calcul des volumes
d’eau traversant le goulet (INSTM, 2002). Sauf que cette valeur est approximative car
la circulation du plan d’eau n’est pas homogène.
Frisoni et al (1986) ont proposé un schéma simple de la circulation des eaux. L’eau
pénètre par le goulet pour se diriger vers Menzel Bourguiba en faisant un mouvement
giratoire central ample. Ensuite elle rejoint les côtes Nord et stagne au large de Menzel
Abderahman, arrêtée par les hauts fonds (fig. 9).
Actuellement l’INSTM propose un autre schéma du fonctionnement hydrodynamique
plus complexe, à partir de la simulation des mouvements des vents et des marées.
Un vent NW (dominant) génère des courants de surface vers le SE dans toute l’étendue
de la lagune. L’intensité de ces courants est plus importante sur les bords ouest, sud et
nord qu’au niveau des bordures est et au centre de la dépression.
Un vent marin SE génère les mêmes courants de surface mais dans le sens inverse.
Les courants de profondeur ne suivent pas ceux de la surface à cause de la bathymétrie
non homogène du fond de la lagune (fig.10).

Figure 9 : Schéma de la circulation des masses d’eau dans la lagune de


Bizerte (Frisoni et al, 1986 ; modifié)

Ces résultats montrent que les zones nord et sud sont des régions de renouvellement.
Alors que leurs parties NE et SE sont situées en aval des circulations intenses, ce qui
pourrait les rendre plus vulnérables à une pollution potentielle amont.
La simulation de l’effet composé des vents et des marées montre qu’en marées
ascendantes, l’eau de mer entre par le goulet d’une manière intense. Le courant ensuite
s’atténue rapidement à l’intérieur de la lagune.

Légende
× × × : Zone de faible renouvellement des eaux
   : Zone d’important renouvellement des eaux

Figure 10 : Schéma de circulation des courants d’eau de surface


(INSTM, 2002 ; modifié)

Les masses d’eau qui entrent à l’intérieur en marées ascendantes sont les mêmes qui
sortent en marées descendantes vers la mer. La simulation des mouvements
hydrodynamiques montre que le mélange des eaux de la lagune avec celles de la mer est
très faible. Ce qui aggrave l’effet d’une éventuelle contamination dans la lagune
puisqu’elle ne sera pas évacuée vers le large qu’après une longue période.
III-3 Conditions hydrologiques
Le réseau hydrographique qui alimente la lagune de Bizerte est bien développé et draine
un bassin versant d’une superficie totale de 252 Km2 (fig.1).
Les principaux cours d’eau sont :
- Au Sud : les oueds Guénine, Ben Hassine, Hatet, Douamis, El Gouraya, Garek,
Tliba et Chégui
- Au Nord : les oueds Mérazig et El Haima,
- A l’Est : les oueds El Khima, Guéniche, El Hella
- A l’Ouest : les oueds Soula et Tinja.
L’oued Tinja joue un rôle important dans le mouvement de l’eau de la Garât Ichkeul
vers la lagune et vis versa. Ces mouvements sont tributaires des conditions climatiques.
En été, une forte évaporation entraîne une intrusion des eaux marines vers la lagune
ensuite vers Garât Ichkeul. En hiver, les précipitations et les oueds alimentent Garât
Ichkeul en eau douce, ce qui entraîne un écoulement des eaux vers la lagune ensuite vers
la mer.
III-3-1 Les apports d’eau dans la lagune
Les apports d’eau à la lagune proviennent des ruissellements des différents cours d’eau
drainant les bordures de la lagune, les déversements de l’oued Tinja et les précipitations
directes sur la surface de lagune elle-même.
III-3-1-1 Les apports des cours d’eau
Les estimations du ruissellement sont basées essentiellement sur les résultas des oueds
Mérazig, Ben Hassine et Guéniche.
Les apports de l’oued Tinja estimés par Kallel, (1989) étaient de 165 Mm3 mais ce
volume est réduit considérablement après la construction des barrages sur les principaux
cours d’eau qui alimentent garât Ichkeul (Ben M’barek 2001, MARHE, 2004). Ces
apports sont tributaires du programme de gestion de l’écluse, construite sur l’oued Tinja.
Les apports dûs aux précipitations directes sur le bassin de la lagune sont estimés à 31
Mm3 mais ceci dépendra aussi de la gestion de l’écluse (Kallel, 1989).
Actuellement, la gestion des différents barrages, la pluviométrie, l’évaporation dans la
garât Ichkeul, le vent, la gestion de l’écluse d’une part, la marée, le vent, le volume des
rejets hydriques d’autres part, compliquent l’estimation des échangens à travers le
chenal de Tinja.
Les apports dûs aux précipitations directes sur la surface de la lagune sont aussi
importants.
D’après Bouzouita (2003), en dehors des périodes de crues, les échanges à travers ce
chenal sont négligeables. En été, la forte évaporation des eaux de garât Ichkeul entraîne
la pénétration des eaux de la mer vers la lagune, ensuite vers Ichkeul. Ceci se traduit par
une forte salinité des eaux.
Les résultats des différentes estimations sont résumés dans le tableau suivant :

Tableau 5 : Estimation des apports d’eau par les oueds au niveau du bassin de la lagune
de Bizerte (Kallel, 1989)

Surface Pluviométrie moyenne Volume moyen


Oued
Km2 mm Mm3
Géuniche 22.0 545 1.45
Ben Hassine 45.0 545 2.95
Hatat
Douamis
Gouraya
El Garek 28.0 545 1.80
Tliba
Chégui
Soula
El Khima 14.0 610 1.05
Guéniche
77.0 610 3.85
Jedara
Mérazig
50.0 610 4.75
Abes-merj
El Haima 104.0 610 12.7
Reste
40.0 582 2.80
du bassin
Total 380 582 31.0

III-3-1-2 Les apports solides dans la lagune


Les sources d’apports de sédiments dans la lagune de Bizerte se résument comme suit :
 L’érosion des terres agricoles environnantes : le matériel est transporté vers la lagune
par les cours d’eau temporaires et un lessivage superficiel pendant la saison
hivernale. Les sols fournissent l’hématite et la limonite, constituants majeurs des
minéraux lourds des sédiments atteignant la lagune (Kamens et al, 1984).
Les sols apportent aussi des composés argileux et du matériel carbonaté.
 L’érosion des rivages : on aperçoit une érosion active le long des rivages (Mansouri,
1996) qui fournit des sables et des carbonates.
 Les sédiments apportés par oued Tinja : ce chenal fournit des boues non calcaires et
du sable (Soussi, 1981)
 Les autres sources d’apports sont essentiellement la Méditerranée et les rejets
anthropiques.
IV Les caractéristiques hydrogéologiques du bassin versant de la lagune de Bizerte
La caractéristique hydrogéologique de la région de Bizerte est la présence de plusieurs
unités hydrogéologiques qui doivent leur existence essentiellement à un effondrement
récent qui a affecté la zone des lacs et qui se poursuit actuellement. Ainsi qu’à une
sédimentation sableuse qui comble une grande partie des zones effondrées. D’autres
nappes sont encaissées dans les alluvions des oueds et sont influencées par leur
écoulement (Zebidi, 1991).
Les principales nappes sont (fig.11):
IV.1 La nappe phréatique de Bizerte Nord :
Il s’agit d’un petit système aquifère encaissé dans les alluvions de Oued El Grâa. Les
eaux souterraines ont généralement une salinité de 1.1g/l dans les zones de percolation
des grés argileux.
IV.2 La nappe profonde de Bizerte Nord :
Encaissée dans les couches calcaires campaniennes, cette nappe alimente la ville de
Bizerte en eau potable. Les eaux souterraines sont de bonne qualité, les teneurs en sels
dissous sont voisines de 0.5g/l.
IV.3 La nappe phréatique de Menzel Bourguiba-Bizerte Sud :
L’aquifère s’étend aux pieds des jebels entre la lagune de Bizerte et garât Ichkeul
encaissé dans du matériel alluvionnaire. Cette nappe constitue un système
hydrogéologique avec la nappe profonde.
IV.4 La nappe profonde de Menzel Bourguiba :
Cette nappe communique avec la nappe phréatique de Menzel Bourguiba. La salinité est
variable selon la localisation du forage et sa profondeur. Près des côtes les teneurs en
sels dissous augmentent pour atteindre 16g/l à 50 m du sol. Généralement, les eaux
souterraines sont de qualité moyenne et ne sont pas potables (Saad, 2003).
IV.5 La nappe phréatique de l’oued Ben Hassine :
Les alluvions de l’oued Ben Hassine sont sollicitées par une ligne de captage qui
alimente la ville de Bizerte.
IV.6 La nappe de l’oued Guéniche :
Des études géologiques et géophysiques (Haj Ltaif, 1995) ont mis en évidence la
présence d’une entité hydrogéologique dans le remplissage plio-quaternaire de la
cuvette de la plaine de l’oued Guéniche. Cette nappe est contenue dans plusieurs
horizons lithologiques qui communiquent entre eux, soit par les assises faiblement
perméables qui les séparent, soit par les accidents tectoniques.
On peut classer ces horizons aquifères selon leurs profondeurs en deux nappes :
 La nappe phréatique exploitée par des puits de surface à faible profondeur.
 La nappe profonde en charge et artésienne par endroits, exploitée par des forages.
Ces deux entités hydrogéologiques logent dans les formations de remplissage de la
cuvette plio-quaternaire (sable, limons, éboulis) avec une structure lenticulaire.
Les fluctuations du niveau piézométrique de la nappe profonde sont plus faibles que
ceux de la nappe phréatique. Ces derniers suivent de près la pluviométrie qui est la
principale source d’alimentation des deux nappes.
La géochimie des eaux souterraines de ce système aquifère traduit l’impact du climat
semi-aride et ce à travers la concentration en sels dissous. La qualité de l’eau des deux
nappes est à considérer comme potable selon le diagramme de Schoeller/Berkaloff.
La nappe phréatique est actuellement exploitée à un débit de 390l/s (12Mm3/an), soit un
taux de surexploitation de 15%. La nappe profonde est exploitée à un débit de 125l/s
(3.9 Mm3/an), soit 42% des ressources exploitables (Economie, 2000).

IV.6-1 Invasion marine de la nappe phréatique de l’oued Guéniche :


La baisse générale et continue du niveau piézométrique due à une surexploitation de la
nappe constitue une des causes directes de l’augmentation de la salinité. La zone de
transition entre l’eau douce de la nappe et l’eau de mer régresse ainsi vers l’intérieur du
continent tout en entraînant l’augmentation de la salinité dans la partie côtière de la
nappe.
Les réserves géologiques en eau seront condamnées suite à une intrusion saline
largement ressentie dans les régions de Menzel Jémil.
Figure 11 : Les nappes souterraines du bassin versant de la lagune de Bizerte
(Louati 2000 ; modifiée)

Les principales caractéristiques hydrogéologiques et hydrodynamiques des nappes du


bassin de la lagune de Bizerte sont résumées dans le tableau suivant :
Tableau 6 : Les principales caractéristiques hydrogéologiques et hydrodynamiques des
nappes du bassin de la lagune de Bizerte (Economie, 2000)

RS : Mel Bizerte
Guéniche Bizerte/
ressources Bourguiba- Mel O. El Nord- O. Ben
Guéniche Mio- Nord
Bizerte Bourguiba Grâa Grâa Hassine
pliocène Corniche
Sud campanien
RS totales
Mm3/an
2 1.90 7.05 4.70 7.50 9.50 1.0 3.32
Exploitatio
n Mm3/an
1.35 1.53 5.20 0.47 9.62 4.30 0.40 4.15
RS
disponibles 0.65 0.37 1.85 4.23 -2.12 5.20 0.60 -0.83
Mm3/an
Salinité
max g/l
2.0 1.2 2.0 1.5 2.5 2.0 1.5 1.5
Salinité min
g/l
1.5 0.5 1.0 1.0 1.9 0.5 1.5 1.0
alluvi
Lithologie alluvions alluvions calcaire alluvions alluvions alluvions alluvions
ons
Relation avec
avec nappe avec nappe aucu avec nappe
Entre aucune nappe aucune aucune
profonde phréatique ne phréatique
nappes profonde
V Les caractéristiques physico-chimiques de l’eau de surface de lagune de Bizerte
Durant la période pluvieuse, les précipitations provoquent une chute de la salinité
jusqu’à une valeur inférieure à 28 ‰. Par contre, durant la saison estivale, les eaux de
la lagune ont une salinité tout à fait similaire a celle de la mer (38 ‰) et les eaux salées
qui s’introduisent dans la garât Ichkeul y provoquent une augmentation de la salinité.
En 1966, Azzouz a montré que les eaux douces de la garât Ichkeul ont une grande
influence sur la salinité de la lagune pendant la saison hivernale.
Les températures des eaux de surface de la lagune pendant la saison hivernale sont
comprises entre 9.5 et 10°C. Aux mois de juin et de juillet, les valeurs s‘échelonnent de
24 à 26°C.
Il est certain que le vent est le principal facteur contrôlant les mouvements de l‘eau et
peut être même, la circulation des eaux de la lagune vers la mer. (Kamens et al, 1984,
ANPE, 1990; MARHE, 2004)

D’après les travaux de Soussi (1981) sur la thermoluminescence artificielle du quartz et


la faune associée aux sédiments superficiels, la lagune a des origines diverses d’éléments
chimiques et minéraux. Ces origines sont essentiellement l’érosion de terrains du bassin
versant et le mouvement des masses d’eau à travers trois bassins (garât Ichkeul, lagune
de Bizerte, Méditerranée).
Ces apports ont crée une zonalité au niveau des eaux et des sédiments, ces provinces
sont caractérisées par :
 Au Nord Ouest (goulet) : une zone fortement soumise aux influences maritimes. Les
teneurs en magnésium et en sodium sont très proches de ce celle de la mer. Le
paramètre salinité ne présente pas de fluctuation.
Les sables littoraux montrent une affinité exclusivement villafranchienne similaire
au bassin versant de la lagune.
Le matériel détritique a trois origines : oued el Haïma, la fraction fournie par les
hauts fonds tyrrhéniens et la sédimentation par décantation indiquée par la
différentiation minéralogique des sédiments.
 Au Nord Est : la faune montre un caractère plus saumâtre que la lagune, malgré que
la qualité de l’eau soit très proche de celle de la mer.
Cette région est soumise à une deuxième aire nourricière qui sont les sables
d’Errimel et les grès de Guéniche.
 A l’Est : une légère contribution de la plage de Guéniche. Le milieu lagunaire et les
marges littorales sont soumis à une influence maritime en été.
C’est une zone à éco-multiple avec l’épandage de matériau grossier provenant de
l’oued Garek après le démantèlement des bancs gréseux miocènes de Kechabta.
 Au Sud : une estimation de 30 % provenant du bassin versant sud drainé par l’oued
Ben Hassine et oued Garek et les 70 % qui restent ont une origine quaternaire
provenant des grès de Menzel Bourguiba.
Le mélange des espèces faunistiques caractérise un milieu lagunaire et des marges
littorales sous influence maritime.
 Au centre : une faune à caractère margino-littoral montre que la zone centrale est
sujette à des intrusions permanente d’eau de mer (chenal de navigation). C’est un
régime relativement stable proche des zones littorales.
A partir d’une profondeur de 5m, la fraction argileuse augmente progressivement au
détriment du matériel sableux jusqu’à devenir exclusif dans la dépression centrale.
 A L’Ouest : Le sable a un caractère mixte, le matériel détritique a deux origines : le
Quaternaire continental de Tinja et les formations pliocènes.
Des espèces euryhalines marquent de fortes oscillations de salinité.
La fraction fine caractérise une sédimentation par floculation

VI Constitution des sédiments de la lagune Bizerte au début des années quatre-


vingts
VI –1 Etude minéralogique par observation microscopique
Les grains ont été étudiés (Kamens et al, 1984) par une observation microscopique.
VI –1-1 Quartz et feldspath
Le Quartz, de forme subarrondie à subangulaire, se rencontre dans la lagune en
différentes proportions. Les pourcentages les plus élevés dans la fraction fine du sable
se trouvent à l’embouchure des oueds (jusqu’à 80%) et le long du rivage (50%). Le
pourcentage des grains de quartz diminue considérablement dans les zones profondes
de la lagune où la fraction fine du sable ne dépasse pas 10%.
Les Feldspaths représentent approximativement 2% de la fraction fine du sable avec des
pourcentages de feldspath potassique un peu plus élevés que ceux de plagioclase. Le
feldspath, comme le quartz, proviennent de l’érosion des roches sédimentaires locales
du Tertiaire.
L‘existence de vents forts dans la région pendant plusieurs périodes de l’année rend le
transport éolien de sable fin possible. Cependant les grains de sable usé caractérisant les
sédiments éoliens ne sont pas uniformément distribués dans la lagune.
D’après la distribution du quartz et du feldspath dans la lagune, il apparaît que l’oued
Tinja constitue en même temps que l’érosion du sol et celle des rives la plus importante
source de matériaux fins non carbonatés.
VI –1-2 Minéraux lourds
Les minéraux lourds représentent 2 à 3% de la fraction du sable fin. La plupart des
minéraux lourds dans la lagune sont formés de minéraux opaques : hématite, limonite et
ilménite. L’hématite et la limonite indiquent que l’érosion des terrains locaux est l‘une
des sources de sédimentation. On rencontre aussi en plus faibles quantités les minéraux
suivants : zircon, épidote, tourmaline et staurotide avec des traces de grenat, hornblende,
sillimanite, kyanite et rutile. En génera1, le cortège est constant et c‘est probablement
une forme de la contribution de la couverture du sédiment local du Tertiaire. Les
échantillons prélevés de la garât Ichkeul, des terres cultivées voisines et du bras de mer
contiennent aussi des proportions de minéraux lourds allant de 2 à 3%. Les minéraux
dominants sont les oxydes de fer, particulièrement l’hématite et la limonite.
L’ensemble de ces caractères indique que la fraction des matériaux lourds a une origine
sédimentaire.
VI –1-3 Calcite détritique
La calcite détritique de couleur jaune et sans forme, cristallisée discernable est trouvée
à travers la lagune en quantités variables, les proportion les plus élevées de 10 à 13% de
la fraction fine, se rencontrent le long de la rive Sud-Est où elles sont introduites par les
cours d’eau drainant la zone lessivée. Les proportions les plus faibles (5% de la fraction
fine) se rencontrent sur la rive ouest, à l’embouchure de l’oued Tinja et au centre du
bassin. Les échantillons des terrains voisins ont une composition en calcite de 10 a 15%.
VII Etude minéralogique par Rayons X
La diffraction aux Rayons X a montré que la plupart des sédiments du fond sont
représentée par le quartz et la calcite avec des traces de feldspath potassique et de
plagioclase. Les échantillons prélevés à l’entrée du canal, dans le Lac Ichkeu1, dans les
terres cultivées avoisinantes et les lits des cours d’eau contiennent les mêmes minéraux.
VII –1 Minéraux argileux
La diffraction aux Rayons X a révélé la présence de minéraux argileux dans la fraction
2µm, dont la Kaolinite, la montmorillonite et l’illite sont les plus abondantes. Ces
minéraux ont été retrouvés aussi dans les échantillons recueillis dans les terres
avoisinantes, les lits des cours d’eau, la garât Ichkeul et au niveau d’entrée du bras de
mer. On a également trouvé de faibles quantités de chlorite (Soussi, 1981).
VII.2 Métaux lourds
Quelques échantillons ont été prélevés dans la lagune de Bizerte dans le but d‘évaluer
la concentration en métaux lourds, et par voie de conséquence celle de la pollution
industrielle. La teneur en Hg a été déterminée par un spectrophotomètre vapeur. Pb, Cd,
Cr, Cu et Zn ont été analysés à l‘aide d’un spectrophotomètre à flamme.
Le Tableau 7 résume les résultats des analyses des métaux lourds dans les sédiments de
la lagune de Bizerte. Il est important de noter que ces résultats proviennent des analyses
d’échantillons entiers.
Les différences dans les valeurs peuvent être dues aux différentes proportions dans
chaque échantillon :
- en minéraux argileux
- en CaCO3
- en d’autres composés…

D’une façon sommaire les quantités de métaux lourds observés les principales lagunes
de Tunisie :
 Bahiret el Bibane, située au Sud du pays, possède de loin les sédiments les plus
pauvres en métaux lourds. Cette lagune n’est pratiquement en relation avec
aucune source de pollution.
 Le Lac de Tunis, dont les problèmes de pollution sont sérieux, est très riche en
minéraux lourds. Les valeurs obtenues sont les plus élevées.
 La Lagune de Bizerte qui reçoit quelques effluents domestiques et industriels
présente des valeurs intermédiaires.

Tableau 7 : Répartition des valeurs des métaux lourds observées dans trois lagunes
tunisiennes

Lac de Tunis Lagune de Bizerte Bahiret el Bibane


(ppm)
(Harbridge et al, 1984) (Kamens et al, 1984) (Kamens et al, 1984)
Hg 0.19-3.5 0.08-0.19 0.002-0.22
Pb 0.5-233 3.3-12.3 0.3-7.0
Cd 0.10-13.3 0.20-0.85 0.10-0.75
Cr 4-400 2.3-10.7 1-6.7
Zn 1-103 2.0-37.4 3.8-12.7
Cu 1-357 0.5-3.7 0.7-4

VII.3 Composés biogènes


Les fragments de Mollusques sont les constituants les plus abondants des composés
biogènes dans la fraction fine des sédiments de la lagune.
Les plus faibles proportions de fragments calcaires (30 à 35% environ de la fraction
fine) se rencontrent le long des rives et à l’embouchure de l’oued Tinja. Ces faibles
pourcentages sont dus en grande partie à l‘action diluante du quartz. Dans les zones les
plus profondes du bassin où la concentration en quartz est très réduite, les accumulations
de fragments de coquilles sont élevées et représentent 75 à 80% de la fraction fine.
Troisième Partie
Etude géochimique des eaux et des sédiments de surface de la lagune de Bizerte

Chapitre VI : Résultats géochimiques des eaux de surface de la lagune

I Introduction :
L’étude environnementale du bassin versant de la lagune de Bizerte est un exemple pour
mettre en relation les différentes composantes du milieu littoral de la région de Bizerte,
en comprendre la richesse, la complexité et les interactions avec les activités humaines.
La synthèse des travaux antérieurs, très nombreux sur cette zone humide, nous a permis
de connaître l’état de ce milieu bien avant l’expansion des activités industrielles que
connaît la région de nos jours (chapitre V).
Après l’échantillonnage et l’analyse des éléments majeurs des eaux de surface de la
lagune (campagne estivale), on a pu déterminer l’état actuel de ce milieu très vulnérable
aux différentes formes de pollutions et de définir l’impact de l’intensification des
activités anthropiques sous toutes ses formes (agricoles, urbaines et industrielles).
II. Répartitions spatiales des éléments majeurs et traces dans les eaux de surface
de la lagune de Bizerte :
Les analyses des eaux de la lagune de Bizerte montrent des teneurs en ions majeurs très
différentes de celles des eaux marines desquelles sont issues. Ce changement est dû très
probablement aux différents apports naturels et anthropiques.
II. 1 Les paramètres physico-chimiques :
II. 1-1 Le pH (fig.12)
La valeur moyenne du pH est de 7,95. Donc, les eaux sont plutôt basiques. Ces valeurs
sont cependant variables d’un point à un autre, ce qui dénote du caractère localisé des
paramètres physico-chimiques du milieu. Les valeurs les plus élevées se rencontrent sur
les côtes sud (8 à 8.41) où la lagune reçoit des eaux traitées de la station ONAS. Les
valeurs les plus basses sont observées dans la zone est et se situent autour 7.6.

II.1-2 La Conductivité (fig.13)


Elle varie de 10 à 50 mS/cm. Les valeurs les moins importantes sont relevées à l’Est.
Les zones très influencées par les apports hydriques anthropiques montrent des
conductivités faibles. Au centre, ces valeurs sont voisines de celles des eaux marines
montrant l’impact d’un déficit des eaux douces météoriques et celles apportées par le
chenal de Tinja après la construction des barrages dans le bassin versant de garâat
Ichkeul.
II.1-3 Les Matières En Suspension (fig.14)
Les valeurs des MES enregistrées au niveau des eaux de surface de la lagune sont assez
importantes. Elles varient de 15 à 36 mg/l.
Les zones les plus chargées en MES correspondent aux embouchures des oueds et dans
le goulet.
La partie centrale et les côtes nord et nord est sont relativement pauvres en matières en
suspension (entre 15 et 22 mg/l).
Cette répartition est due essentiellement à la charge solide transportée par les oueds qui
représentent non seulement un collecteur des eaux de ruissellement naturelles du bassin
versant de la lagune, mais aussi celui des rejets anthropiques (urbain et industriel) non
traités dans la majorité des cas.

Figure 12 : Carte d’isovaleurs du paramètre pH dans les eaux de surface (campagne


estivale)
Figure 13 : Carte d’isovaleurs du paramètre conductivité (mS/cm)
des eaux de surface

Figure 14 : Carte d’isoteneurs en matières en suspension (mg/l)


dans les eaux de surface
Au niveau du goulet, de la région de Guengla et de l’oued Guéniche, les matières en
suspensions sont dues à une pollution urbaine non traitée, riche en particules organiques.
Au niveau de l’oued Tinja ces suspensions représentent essentiellement un matériel
détritique inorganique provenant du bassin versant de la garât Ichkeul mais aussi de la
matière organique provenant de rejets urbains non assainies de la région de Tinja.
La partie centrale, les côtes nord et nord est sont les eaux les plus claires au niveau de
la lagune grâce à la filtration des moules des grandes quantités d’eau au niveau des
stations conchylicoles (Pérès et al, 1976 ; Boussabah et al, 1990).
La pollution atmosphérique représente un autre facteur important dans la concentration
des MES pour les eaux de surface. En effet, la région est soumise à une forte pollution
par les suspensions inorganiques issues principalement des cheminées de la sidérurgie
(photo 2) et de la cimenterie. Le déplacement de ces particules et aérosols suit la
direction dominante du vent vers le Nord Ouest.
La précipitation de ces particules dans l’atmosphère, se fait spontanément par effet de
gravité, ce qui à l’origine des concentrations importantes en MES dans la partie ouest
de la lagune et qui s’ajoutent aux apports des oueds (Haîma et Mérazig).
II.2 Les éléments majeurs :
Les résultats analytiques des ions majeurs dans les eaux de surface montrent une balance
ionique toujours < 1%. Sauf pour trois échantillons, cette valeur ne dépasse pas 3%.
II.2-1 Carte d’isoteneurs des ions magnésium (Mg2+) et des ions calcium
(Ca2+)
L’évolution des teneurs en Mg2+ montre que les plus fortes sont localisées sur les côtes
nord (1.8 g/l) et du côté de l’oued Tinja où elles oscillent autour de 1.5 g/l, (fig.15).
La carte montre que les teneurs en Ca2+ atteignent des valeurs maximales de 0.53 g/l sur
les bordures nord de la lagune, sur des étendues très réduites (fig.16). Ceci explique la
dominance de faciès magnésien sur le faciès calcique dans cette partie de la lagune. La
zone est, le Goulet et les côtes sud présentent les teneurs les plus faibles en Ca2+.
Figure 15 : Carte d’isoteneurs de l’élément Mg2+ en g/l dans
les eaux de surface

Figure 16 : Carte d’isoteneurs de l’élément Ca2+ en g/l


dans les eaux de surface
II.2-2 Les ions sodium (Na+)
La figure 17 montre également que les teneurs en sodium Na+ présentent les valeurs les
plus élevées dans les proximités marines (>12 g/l). Par ailleurs, la minéralisation globale
de la lagune en Na+ est homogène sur des grandes superficies, sauf pour la région est et
sud-ouest. Ceci est en accord avec la caractéristique littorale de la région d’étude et la
concentration en Na+ est due à une influence directe de la mer.
II.2-3 Les ions potassium (K+)
Les concentrations les plus élevées sont localisées à l’Ouest et au niveau d’oued Tinja.
L’ensemble de la carte (fig.18) fait observer que l’évolution de l’ion K+ est comparable
à celle de l’ion Mg2+. Ainsi, dans la zone ouest, on peut lier la minéralisation en ions K+
à un apport dû à la dissolution des argiles et ou les feldspaths contenus dans les
sédiments. Toutefois, la carte montre que les concentrations les plus élevées sont
localisées dans la zone périurbaine (>0.45 g/l). Hormis cette zone, l’ensemble des points
étudiés montre des concentrations faibles en ions K+ qui sont en dessous de la
concentration de 0.35mg/l.
En effet, sa concentration naturelle dans les eaux de surface est faible, elle augmente
avec l’usage des engrais (Fraser et al, 2002). Cette influence anthropique agricole est
confirmée par l’importante présence des sulfates, sachant que les 2/5 de l’élément soufre
provient des engrais organiques. (Emami, 1975).
II.2-4 Les ions sulfate (SO42-)
La carte (fig.19) montre que les concentrations les plus élevées pour les sulfates SO42-
semblent, beaucoup plus, liées aux apports anthropiques (>7 g/l) qu’aux eaux de la mer
qui ont une concentration en sulfates voisine de 2700 mg/l, (Greenwood, 1984).
La carte des sulfates montre une évolution comparable à celles des ions Mg2+ et K+.
II.2-5 Les ions chlore (Cl-)
La carte montre que les valeurs les plus élevées sont localisées sur les côtes de Menzel
Jémil (>20g/l) et plus au Sud, loin de l’influence marine. La moyenne des teneurs est
autour de 17 g/l. (fig.20)
L’augmentation de la concentration dans la zone de Menzel Jemil est imposée par
l’apport des eaux marines. Le Cl pourrait avoir une origine industrielle. En effet, la zone
industrielle de Menzel Jemil abrite des activité de teinturerie qui sont grande
Figure 17 : Carte d’isoteneurs de l’élément Na+ en g/l
dans les eaux de surface

Figure 18 : Carte d’isoteneurs de l’élément K+ en g/l


dans les eaux de surface
Figure 19 : Carte d’isoteneurs de l’élément SO4-- en g/l
dans les eaux de surface

Figure 20 : Carte d’isoteneurs de l’élément Cl- en g/l


dans les eaux de surface
consommatrices de Cl et on retrouve cet élément en grande concentration des les rejets
bruts et même traités des unités de teinturerie (Srarfi, 1996).
II.2-6 Les ions bicarbonate (HCO3-) et carbonate (CO32-)
Pour les bicarbonates HCO3- (fig.21, 22), les valeurs les plus élevées se rencontrent à
l’Est de la lagune (180mg/l). En plus de l’influence probable des affleurements marneux
sur la production de bicarbonate, il y a certainement une forte influence de la diffusion
du CO2 gazeux dans cette partie de la lagune. En effet, le CO2 se dissout naturellement
dans l’eau en fonction de sa concentration dans l’air et de la température des eaux.
Par ailleurs, Il n’y a pas de corrélation significative entre les ions Ca2+ et les ions HCO3

(R2 = 0.0042), ce qui indique que le Ca2+ n’est pas lié à la seule dissolution des roches
carbonatées. En effet, à part ce dernier phénomène, les ions HCO3- peuvent provenir de
la diffusion du CO2 atmosphérique dans la lagune (Larcher, 2003).
L’activité biologique est aussi importante que les phénomènes chimiques. On connaît
actuellement plus que dix familles d’enzymes désignées sous le nom d’anhydrases
carboniques, universellement présentes dans les organismes vivants. Elles servent à
catalyser de manière réversible la transformation du CO2 en bicarbonate (HCO3- + H+) ;
(Villeneuve, 2002).
II. 3 Associations ioniques :
Le coefficient de corrélation entre les différents ions dissous dans les eaux de la lagune
est l’outil principal de l’étude d’associations ioniques (fig.23). Ce paramètre largement
utilisé comme indicateur d’une origine unique d’ions corrélés positivement, est exploité
autrement dans cette étude. En effet, on le suppose comme indicateur de l’état
d’association ionique actuel et non pas d’une association antérieure à leur présence dans
la lagune. Sachant que les éléments chimiques dans les eaux naturelles à force ionique
élevée subissent plusieurs transformations, telle que la précipitation, et donc
l'épuisement de la solution par rapport à ces éléments. Leur absence sous la forme
soluble ne peut pas écarter l’éventualité de leur présence sous une autre forme.
Dans les eaux marines, les principaux cations sont libres, seuls les carbonates, les
bicarbonates et les sulfates peuvent présenter différents degrés d’association. La
constante de dissociation des ions appariés est fonction de l’électronégativité des
Figure 21: Carte d’isosteneurs de l’élément CO32- en mg/l
dans les eaux de surface

Figure 22 : Carte d’isosteneurs de l’élément HCO3- en mg/l


dans les eaux de surface
cations, exemple : SO42- se trouve associé à l’ion Mg2+, Na+, K+ et Ca2+ avec des
pourcentages respectifs de 22 ; 21 ; 5 et 3% (Carrels et al, 1967).
Si on compare les pourcentages des cations associés aux sulfates dans les eaux marines
avec celles des coefficients de corrélation dans les eaux de la lagune, on trouve une
similitude pour les éléments Mg2+ et Ca2+, par contre le coefficient de l’élément Na+
diminue en faveur du cation K+, donnant des valeurs proches (0.4936 et 0.5805).
La constante de dissociation des ions appariés MeSO4° reste presque constante, il est fort
probable que le comportement des cations monovalents (Na+ et K+) doit être attribué à
l’existence d’une association entre les sulfates et ces ions qui ont un diamètre similaire
et il en résulte des forces qui lient ces ions aux anions sulfates qui sont
vraisemblablement de même nature.
Dans les eaux de la lagune, les coefficients de corrélation avec l’élément carbonate CO32-
s’élèvent avec l’électronégativité du cation témoignant d’une évolution inverse de sa
constante de dissociation (fig.23). Les ions appariés sont alors présents suivant cet
ordre : NaCO3->CaCO3>MgCO3. Cette constatation est confirmée par le pouvoir
complexant très faible de l’élément Mg pour l’anion CO3.
Pour les bicarbonates, des erreurs probables des constantes de dissociations des
Ca(HCO3)+et Mg(HCO3)+et des données assez contradictoires dans la littérature ne
permettent pas une explication valide pour les paires d’ions métal bivalent-bicarbonate
(MeHCO3). Toutefois on note une évolution inverse de celle des ions carbonates.

III Répartition chimique zonale de la lagune


D’après les cartes des éléments majeurs et celles des variables physico-chimiques, on
remarque la distinction de plusieurs zones, chacune d’entre elles est un sous-ensemble
influencé par des facteurs naturels et/ou anthropiques.
III. 1 Zone A (l’Est de la lagune)
Cette région est marquée par un caractère continental plutôt que maritime, surtout
qu’elle se caractérise par un réseau hydrographique assez ramifié (fig.3). La chimie des
eaux est marquée par le lessivage des affleurements sédimentaires et des terres agricoles
et aussi l’assimilation du CO2 atmosphérique par les eaux marines.
80 0,1
25 1,2
(a)
20 1 60 (b)
0,8
15
40 0,05
0,6
10
0,4 20
5 0,2
0 0
0 0 Ca-CO3 Mg-CO3 Na-CO3
Ca-SO4 Mg-SO4 K-SO4 Na-SO4

20 0,01

16

12
Légende 0,005
8
Coefficient de corrélation 4

% d’association ionique 0 0
Ca-HCO3 Mg-HCO3 Na-HCO3

Figure 23 : Comparaison des coefficients de corrélation et des % d’association


des ions sulfates (a), des ions carbonates (b) et des ions bicarbonates (c)

III. 2 Zone B (le Sud et le Sud Ouest de la lagune)


Cette région est très influencée par les eaux d’origine anthropique. Les eaux traitées
issues de la station ONAS marquent la qualité de celles de la lagune à ce niveau. En
effet, leurs faibles concentrations par rapport aux éléments Ca, Fe, Mg, CO3, HCO3, K
et SO4, par effet de dilution les éléments majeurs, trouvent leurs concentrations
diminuer, seuls les éléments Cl et Na persistent puisqu’ils sont déjà présents en fortes
concentrations dans les eaux marines.
Le Sud Ouest est marqué plutôt par des concentrations notables en ions carbonates (CO3,
HCO3) et Ca, témoignant de l’influence des eaux prétraitées, essentiellement, les rejets
d’El fouleth après prétraitement avec la chaux (Pengelly et al, 1998).
III. 3 Zone C (en face d’oued Tinja)
Cette partie de la lagune caractérisée par des fortes teneurs en ions alcalins surtout pour
le potassium, même remarque pour Mg, Fe et SO4. La chimie des eaux est marquée par
un caractère continental agricole surtout par rapport aux ions potassium et sulfate.
III. 4 Zone D (le Goulet)
Ce milieu est sous l’influence des eaux marines, ce qui lui donne une forte conductivité
dominée surtout par les chlorures et le sodium. Les éléments K, Mg, SO4 et CO3
proviennent essentiellement des eaux anthropiques urbaines et industrielles, sachant que
ces éléments peuvent provenir des unités de céramique de la raffinerie et des cimenteries
de la région. Pour cette raison, ils ont des concentrations élevées à proximité des
émissaires des eaux usées.
III. 5 Zone F (les côtes Nord de la lagune)
Ces côtes sont caractérisées par des formes concentriques témoignant des phénomènes
localisés et restreints dans l’espace.
Les principales constatations sont l’influence ou l’impact des débits importants des eaux
usées brutes urbaines et industrielles. Ces eaux confèrent au milieu une faible
conductivité, un pH voisin de 8 et un caractère réducteur.
Ces résultats sont comparables à ceux du Goulet du côté de la mer qui reçoit le même
type de rejets.
IV Les éléments métalliques en trace dans les eaux de surface
IV. 1 Le fer
Les eaux de surface de la lagune présentent des teneurs en fer variant de 0 à 0.4 mg/l.
La partie Est présente les teneurs les plus faibles (fig.24).
Au niveau de Menzel Jémil, la concentration du fer dissous augmente surtout au niveau
des émissaires des eaux usées industrielles.
Dans la partie ouest on remarque des concentrations assez importantes en cet élément.
Les oxydes de fer proviennent essentiellement de la région de Menzel Bourguiba à
partir des léxiviats de la décharge sauvage (MAERH, 2004 ; Yoshida, 2004) et des rejets
de la sidérurgie (MAERH, 2005).
La répartition spatiale du fer dissous dans les eaux de surface de la lagune est étroitement
liée aux conditions d’oxydoréduction et du pH. En effet, les zones présentant les
concentrations les plus fortes en fer indiquent un environnement influencé par les rejets
hydriques réducteurs de la station ONAS et un pH plus faible que le reste de la lagune
(<7.9).
IV. 2 Le Plomb
Les concentrations s’échelonnent de 0 à 0.24 ppm (fig.25).
Les fortes valeurs correspondent aux zones influencées par les eaux des émissaires des
eaux usées urbaines et industrielles (annexe 5). Le plomb peut avoir donc une origine
anthropique, ou être mobilisé (Delmas, 2000) à partir de la fraction solide (matière en
suspension, sédiment, déchet solide) par une diminution de pH et du potentiel redox crée
par ce type de rejet (Iwema, 1997 ; Morlot, 2001 ; Yoshida, 2004).
La correspondance de ces zones à très forte concentration peut suggérer la complexation
de l’élément plomb par les matières organiques très présentes dans les eaux telles que :
 Les émissaires de l’ONAS avec les rejets des eaux brutes très riches en matières
organiques et en métaux lourds comme le plomb ;
 Au niveau de l’oued Tinja (rejets des eaux sanitaires) ;
 Au niveau de l’oued Garek (rejets des eaux sanitaires et industrielles).
Donc la présence simultanée de la matière organique et du plomb dans une eau non riche
en Chlore (eau sanitaire) est à l’origine de la formation d’un complexe organométallique
stable, contrairement aux eaux marines où la formation des chlorocomplexes (Raïs,
1999) l’emporte. Cependant l’effet de la variation de la force ionique ou une succession
d’augmentation et de diminution de la force ionique au niveau de la zone peut
déstabiliser les colloïdes organométalliques et provoquer un entraînement des métaux
dans la matrice eau (Delmas, 2000) ce qui est à l’origine de l’enrichissement de ces
zones en plomb.
IV –3 Le Zinc :
Seulement le centre de la lagune présente des concentrations de 0.14ppm (fig.26).
Dans les eaux marines, les formes prépondérantes sont Zn2+, Zn(OH)+ et ZnCl+
présentant une forte affinité avec les acides humiques.
Sur la carte, la présence d’une seule zone de concentration peut indiquer la complexation
de cet élément par les liants organiques et l’appauvrissement des eaux de surface de la
lagune par rapport à cet élément. D’ailleurs, la spéciation de cet élément dans les eaux
marines est dominée par la présence de ligands biologiques actifs dans les eaux de
surface (Hunter, et al, 1997).
L’abondance des chlorures dans cette partie de la lagune suggère aussi la formation de
chlorocomplexes plus présents dans les aux marines que les organométalliques.
Figure 24 : Carte d’isoteneurs en fer dans les eaux de surface (mg/l)

Figure 25 : Carte d’isoteneurs en plomb dans les eaux de surface (mg/l)


Figure 26 : Carte d’isoteneurs en zinc dans les eaux de surface (mg/l)

Figure 27 : Carte d’isoteneurs en Nickel dans les eaux de surface (mg/l)


Le zinc est un métal essentiel dans le métabolisme des plantes, ce qui contribue à
l’appauvrissement de cet élément dans les eaux, surtout que les phytoplanctons sont
assez développés à cause de l’apport continu des éléments nutritifs. (ANPE, 1990 ;
MAERH, 2004, Hammami, 2005).
IV. 4 Le Nickel :
Les concentrations de cet élément dans les eaux de surface de la lagune varient de 0.03
à 0.09 ppm (fig.27).
Les formes chimiques du nickel présentes dans les eaux marines sont essentiellement
Ni2+, NiCl et Ni(OH)+. Il est surtout complexé par les acides fulviques (Raïs, 1999).
D’après la carte on remarque que le nickel se trouve plus concentré dans les zones
influencées par les apports des eaux continentales fluviatiles riches en acides fulviques
tels que l’oued Tinja et l’oued Garek.
IV. 5 Le Cobalt :
Les teneurs en cet élément dans les eaux de surface varient de 0.004 à 0.28 ppm (fig.28).
Les régions les plus concentrées correspondent aux régions soumises aux rejets liquides
directes des eaux industrielles très riches en métaux lourds (fig.1).
IV. 6 L’Arsenic :
Ce métalloïde présente seulement deux zones de concentration au Sud Est et au Sud
Ouest (fig.30). Ces régions représentent respectivement le point d’épandage des rejets
d’une unité industrielle de fabrication des pièces électroniques et la zone d’épandage
des ordures industrielles et urbaines et les léxiviats de la décharge de Menzel Bourguiba.
Sa présence au niveau des deux zones bien restreintes et liée au même temps aux apports,
suggère que cet élément, une fois introduit dans la lagune change de forme pour perdre
son caractère soluble. On ne retrouve plus l’arsenic dans les eaux mais plutôt dans
d’autres matrices telles que les matières en suspension ou bien le sédiment.
Figure 28 : Carte d’isoteneurs en cobalt dans les eaux de surface (mg/l)

Figure 29 : Carte d’isoteneurs en Arsenic dans les eaux de surface (mg/l)


V Rôle de la pollution atmosphérique dans l’enrichissement des matrices aqueuses
en métaux lourds
Plusieurs polluants inorganiques tels que les métaux lourds ont un cycle de vie
atmosphérique. Un composé une fois émis dans l’atmosphère sera transporté par les
masses d’air, se déposer et se re-volatiliser à nouveau jusqu’à son immobilisation dans
des réservoirs qui le retiennent plus longtemps comme le sédiment (Poissant, 1997). La
pollution industrielle atmosphérique participe largement à l’apport des éléments
inorganiques dans le bassin versant et même sur le plan d’eau par précipitation des
particules issues des cheminées des différentes unités industrielles telles que la
sidérurgie (photo 2), la cimenterie, la raffinerie et l’incinération des déchets (photo 3).
Une fois émis dans l’atmosphère, plusieurs mécanismes chimiques vont permettre la
synthèse de nouveaux minéraux au cours de l’évolution des particules et des aérosols.
L’évolution d’un aérosol se fait toujours dans le sens d’une grande solubilité dans l’eau
et donne un caractère hydrophile des nouvelles espèces crées en surface (Losno, 2002).
Cette solubilité acquise pendant leur séjour à l’atmosphère peut rendre mobile des
métaux tels que le fer et le manganèse emprisonnés à l’origine dans une matrice silicatée
(des poussières issues de la sidérurgie ou la cimenterie). Ce qui pourrait être à l’origine
des teneurs importantes de ces éléments solubles dans les eaux de surface de la lagune
par précipitation des aérosols qui les emmagasinent.
Pendant 10 mois de l’année, les vents dominants sont les vents du Nord Ouest. Ce qui
participe à l’enrichissement des eaux de surface de la partie ouest du milieu lagunaire
en éléments métalliques à partir des fumées des unités industrielles et de la décharge de
Menzel Bourguiba.
VI Conclusion
En étudiant les cartes des éléments chimiques dans les eaux de surface de la lagune
(fig.15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22), on remarque que les aires nourricières décrites par
Soussi (1981) sont les mêmes de nos jours. Sauf que la nature du matériel apporté a bien
changé après l’intervention de l’homme et l’utilisation des oueds et des cours d’eau
comme des dépotoirs ou comme des exutoires des rejets industriels très riches en métaux
lourds et d’autres polluants non pris en compte dans cette étude tels que les
hydrocarbures (Soussi, 1981 ; Hamouda, 1996 ; Bennour, 2000 ; Trabelsi, 2001 ;
Trabelsi et al, 2004 ; Souissi et al, 2004), les pesticides (Yacouba, 2003 ; Cheikh et al,
2004) et des polluants organiques (Mosbahi, 2001 ; Hammami, 2005).
Notons qu’il n’y a pas une corrélation entre le calcium dissous et le carbonate (fig.17 et
23) dans les eaux à l’Est de la lagune. Ceci peut être du à plusieurs facteurs :
 La complexation des anions CO32- et HCO3- par les éléments Na+, Mg2+ et K+.
 La compétition entre les carbonates et les sulfates pour la complexation du calcium
dissous.
 L’origine des ions HCO3- et CO32- n’est pas seulement carbonatée. Le pH légèrement
basique des eaux marines augmente la solubilité de CO2, et la dissolution naturelle
de ce gaz dans l’eau est une autre source des ions carbonatés.
Les cations métalliques tels que Zn, Ni, Co, As, Pb n’existent qu’en faibles quantités
dans les eaux de la lagune. Ces ions chargés, tendent à précipiter dans le domaine de pH
(7-8) sous forme d’hydroxydes. Mais lorsqu’on se trouve en présence des concentrations
mesurables d’ions comme le cas du fer pour la lagune de Bizerte, il est plausible qu’ils
existent sous forme de complexe dans la solution avec les halogénures et les sulfates.
Le Plomb et le zinc forment aussi des associations importantes avec le Cl-.
Les éléments tels que l’Al, Cu, Cr, Hg se trouvent avec des teneurs inférieures aux
limites de détection de l’appareil de mesure. Ceci peut être du à une défaillance
analytique ou bien à des teneurs dissoutes assez faibles de ces éléments.
En effet, une fois introduits dans le milieu naturel, les rejets contenants des éléments
métalliques vont subir des transformations. Ces dernières ne vont pas affecter
l’existence de l’élément lui-même mais plutôt son comportement au sein de la matrice
aqueuse.
Le milieu lagunaire (récepteur de ces rejets) essaye de retrouver son équilibre par
plusieurs mécanismes telles que la dispersion, la dilution, la complexation ou encore la
dissolution/ précipitation.
Tous ces phénomènes sont en faveur d’une atténuation naturelle des éléments
inorganiques introduits par l’homme dans la lagune de Bizerte. Leur absence dans la
colonne d’eau ne signifie pas leur absence sous une autre forme surtout quand on est
certains de leur introduction continue par les rejets urbains et industriels (chapitre III).
Troisième Partie
Etude géochimique des eaux et des sédiments de surface de la lagune de Bizerte

Chapitre VII : Résultats géochimiques des sédiments de surface de la lagune

I Introduction :
Deux campagnes d’échantillonnage saisonnières ont été effectuées. Ceci dans le but de
suivre les variations intersaisons qualitatives et quantitatives des teneurs en éléments
inorganiques en traces dans les sédiments. Le prélèvement est tributaire de la présence
des fonds rocheux et de la végétation qui empêche le piégeage des sédiments par la
benne de prélèvement.
II Répartition spatiale des éléments inorganiques dans les sédiments de la lagune
de Bizerte (campagne hivernale)
II.1 Le fer
Les concentrations en fer dans le sédiment de la lagune sont comprises entre 0.5 et 5%
(fig.30). Les valeurs les plus fortes s’enregistrent au Sud Ouest de la lagune. Toutefois,
on remarque une certaine homogénéité dans le reste des sédiments.
II.2 Le Manganèse
Il y’a une très forte similitude entre la carte d’isoteneurs en manganèse et en Fer (fig.31).
Ceci indique une même répartition spatiale des deux éléments mais avec des valeurs
plus faibles pour le manganèse.
Les concentrations varient de 50 à 650 ppm.
II–3 Le Nickel
Les teneurs s’échelonnent de 4 à 24 ppm (fig.32).
Le centre de la lagune présente des concentrations plus importantes que les parties Est
et Ouest. On remarque aussi l’augmentation des teneurs en nickel en face de l’oued Tinja
II–4 Le Plomb, le Cuivre, le Cadmium, le Zinc
On remarque une seule zone de concentration au Sud Ouest de la lagune. Ces
concentrations
Figure 30 : Carte d’isoteneurs du fer dans les sédiments de surface en %
(campagne hivernale)

Figure 31 : Carte d’isoteneurs du manganèse dans les sédiments de surface en ppm


(campagne hivernale)
Figure 32 : Carte d’isoteneurs en nickel dans les sédiments de surface en ppm
(Campagne hivernale)

Figure 33 : Carte d’isoteneurs en plomb dans les sédiments de surface en ppm


(Campagne hivernale)
localisées pour ces éléments, montrent une seule source qui est la décharge de Menzel
Bourguiba (déchets industriels, urbains et agricoles et hospitaliers).
Les autres parties de la lagune sont caractérisées par des sédiments relativement pauvres
en Pb, Cu, Cd et Zn (fig.33, 34, 35, 36).
II–5 Le Cobalt :
La partie centrale de la lagune de Bizerte présente les teneurs les plus élevées avec un
maximum de 9.5 ppm (fig.37)
La partie ouest montre les concentrations les plus faibles sauf pour la zone de l’oued
Tinja.
II–6 L’Aluminium :
On a la différentiation d’une zone centrale indiquant des sédiments riches en Aluminium
(fig.38). Ceci traduit non pas une éventuelle contamination anthropique en Al mais
plutôt la présence des minéraux argileux contenant cet élément chimique et déposés au
centre de la lagune (Soussi 1981, Yoshida 2004).
Cependant, la province Sud Ouest montre une probabilité plus importante en faveur
d’une source polluante plutôt qu’une source naturelle d’aluminium telles que les
minéraux argileux.
II–7 L’Arsenic :
Ce métalloïde est présent surtout au niveau des sédiments du Sud Ouest de la lagune
(fig.39). Une superficie assez importante de la partie centrale contient aussi des teneurs
variant entre 12 et 16 ppm.
II–8 Le Chrome :
Une répartition presque homogène et des concentrations comprises entre 35 et 45 ppm
(fig.40).
Avec l’individualisation de deux zones localisées au Sud Ouest et au centre contenant
des sédiments plus concentrés en chrome que le reste de la lagune.
II-9 Discussion des résultats
Si on compare la répartition spatiale des éléments métalliques entre eux, on remarque la
caractérisation de deux groupes :
 Des métaux tels que l’arsenic, le cadmium, le cuivre, le plomb et le zinc montrent une
concentration localisée très importante au niveau des côtes Sud Ouest de la lagune de
Figure 34 : Carte d’isoteneurs en cuivre dans les sédiments de surface en
ppm (Campagne hivernale)

Figure 35 : Carte d’isoteneurs en cadmium dans les sédiments de


surface en ppm (Campagne hivernale)
Figure 36 : Carte d’isoteneurs en zinc dans les sédiments de surface en ppm
(Campagne hivernale)

Figure 37 : Carte d’isoteneurs en cobalt dans les sédiments de surface en ppm


(Campagne hivernale)
Figure 38 : Carte d’isoteneurs en aluminium dans les sédiments de surface en ppm
(Campagne hivernale)

Figure 39 : Carte d’isoteneurs en arsenic dans les sédiments de surface en ppm


(Cagmpagne hivernale)
Bizerte. C'est-à-dire une zone très influencée par les léxiviats et les déchets de la
décharge sauvage de Menzel Bourguiba.
Toutefois cette contamination reste locale.
 Le deuxième groupe montre des concentrations importantes en éléments métalliques
tels que l’aluminium, le chrome, le cobalt, le fer, le manganèse et le nickel. Les
concentrations s'étalent du Sud Ouest (Menzel Bourguiba–Tinja) vers la partie
centrale de la lagune sur des surfaces importantes de la zone d’étude.
Les cartes montrent que l’origine probable de ces éléments se trouve sur les côtes Sud
Ouest avec une migration vers le centre. Cette migration est due essentiellement à la
dynamique des masses d’eau et de sédiments (fig.9, 10). Ensuite, l’interaction des ces
éléments chimique avec le milieu environnant par plusieurs mécanismes tels que
l’adsorption, la complexation et l’oxydoréduction.
Ces deux comportements différents sont dus à la nature du métal lui-même, de la forme
chimique sous laquelle il a été introduit dans la lagune, de sa réactivité avec les autres
composantes de l’environnement (pH, conductivité, matière organique, organismes
biologiques,…) et de sa réactivité avec les autres métaux.

Figure 40 : Carte d’isoteneurs en chrome dans les sédiments de surface en ppm


(Campagne hivernale)
III Répartition spatiale des éléments inorganiques dans les sédiments de la lagune
de Bizerte (campagne estivale)
III.1 Le fer, le Manganèse
Les cartes montrent des concentrations très importantes respectives de l’ordre de 9% et
de 360 ppm au niveau de Menzel Bourguiba (fig.41, 42).
Ces valeurs importantes sont dues essentiellement à la contamination des sédiments par
les déchets de la décharge côtière de la région, les déchets de la sidérurgie et les apports
en hématite et limonite à partir du bassin versant (Karmens et al, 1984).
Les teneurs en fer varient de 0 à 9 %. Les valeurs minimales sont enregistrées à l’Est et
au Sud.
Les teneurs en manganèse varient de 60 à 360 ppm.
III.2 L’Aluminium
Les teneurs les plus faibles se trouvent sur les pourtours de la lagune surtout à l’Est au
Sud et au Sud Est (fig.43).
La concentration la plus forte est enregistrée au centre de la lagune et au Nord.
Ceci peut témoigner d’une origine naturelle. En effet, si on compare la carte de
l’aluminium avec la carte bathymétrique (fig.44), on remarque une similitude révélant
que l’aluminium analysé dans le sédiment n’est autre que celui contenu dans un matériau
argileux déposé au niveau des zones centrales calmes et profondes de la lagune.
Les voisinages de cette dépression caractérisés par une dynamique forte et des apports
continentaux fluviatiles sont relativement pauvres en aluminium.
III.3 L’Arsenic
Cette carte montre une zone concentrée en Arsenic au Sud Ouest dans la région de
Menzel Bourguiba (fig.45).
Les eaux de surface (fig.29) montrent le même cas de figure, ce qui indique la présence
certaine d’une source commune de l’arsenic dissous et sous une forme solide encaissé
dans le sédiment.
III.4 Le Cuivre
Le Sud Ouest de la lagune montre une très forte teneur qui atteint 160ppm (fig.46).
Figure 41 : Carte d’isoteneurs en fer dans les sédiments de surface en %
(Campagne estivale)

Figure 42 : Carte d’isoteneurs en manganèse dans les sédiments de surface en ppm


(Campagne estivale)
Figure 43 : Carte d’isoteneurs en aluminium dans les sédiments de surface en
ppm (Campagne hivernale)

Figure 44 : Carte bathymétrique de la lagune de Bizerte


(Hassen et al, 2004)
La partie Nord-Est fournit des sédiments concentrés en cuivre par rapport à la zone
centrale.
Cette répartition peut être due aux rejets des unités industrielles métallurgiques très
riches en métaux (chapitre III).
III.5 Le Plomb, le Zinc
Les concentrations s’échelonnent respectivement de 20 à 420 ppm, de 100 à 1700 ppm
et de 5 à 85 ppm (fig. 47, 48).
Les régions de Menzel Bourguiba et Menzel Abderahman montrent les valeurs les plus
élevées.
De faibles teneurs respectives (<60ppm, <300 ppm, <25 ppm) sont enregistrées au Sud
et à l’Est.
III.6 Le Cobalt
Le secteur ouest présente les sédiments les plus concentrés en cobalt par rapport à toute
l’étendue de la lagune de Bizerte, c’est la zone la plus affectée avec un maximum de 45
ppm (fig.49).
III.7 Le Cadmium
Contrairement aux autres métaux, les valeurs maximales (2.6 ppm) s’enregistrent à
Menzel Jémil et Menzel Abderahman (fig.50).
Les unités métallurgiques de la zone industrielle de Menzel Jémil ont sûrement une
influence sur la composition du sédiment par rapport à ce métal surtout qu’au niveau de
cette province il y’a un point de rejets des eaux brutes industrielle et urbaines (fig.1).
La zone de Tinja et de Menzel Bourguiba montre des valeurs entre 1 et 1.4 ppm. Ces
dernières sont assez élevées par rapport au reste de la lagune.
En milieu marin, le Cd peut former avec les orthophosphates un minéral insoluble
[Cd3(PO4)2] très stable (Hunter, 1997), qui sera la forme authigène la plus abondante
(Chiffoleau et al, 1999).
Ceci peut expliquer la répartition du Cd dans le sédiment, puisque les travaux récents de
Hammami (2005) montrent une concentration assez importante de ces molécules le long
des côtes entre Menzel Jémil et Menzel Abderahman et aussi au Sud Ouest de la lagune.
Figure 45 : Carte d’isoteneurs en arsenic dans les sédiments de
surface en ppm (Campagne estivale)

Figure 46 : Carte d’isoteneurs en cuivre dans les sédiments de


surface en ppm (Campagne estivale)
Figure 47 : Carte d’isoteneurs en plomb dans les sédiments de surface en
ppm (Campagne estivale)

Figure 48 : Carte d’isoteneurs en zinc dans les sédiments de surface


en ppm (Campagne estivale)
Figure 49 : Carte d’isoteneurs en cobalt dans les sédiments
de surface en ppm (Campagne estivale)

Le cadmium est un élément bioconcentré par les organismes marins tels que les
mollusques et les poissons. Ce qui contribue à un enrichissement du sédiment par le
biais des pelotes fécales et le reste des organismes (Chiffoleau et al, 1999).
A remarquer que les sédiments les plus souillés indiquent des zones restreintes et non
étendues.
III.8 Le Chrome, le nickel
Les concentrations s’échelonnent respectivement de 5 à 75 ppm et de 5 à 85 ppm.
De faibles teneurs respectives (<25 ppm, <15 ppm) sont enregistrées au Sud et à l’Est
(fig. 51, fig.52).
Figure 50 : Carte d’isoteneurs en cadmium dans les sédiments de surface
en ppm (Campagne estivale)

Figure 51 : Carte d’isoteneurs en chrome dans les sédiments de surface


en ppm (Campagne estivale)
Figure 52 : Carte d’isoteneurs en nickel dans les sédiments de surface en ppm
(Campagne estivale)

IV. Variation saisonnière de la répartition des métaux lourds dans les sédiments de
la lagune de Bizerte
L’étude des cartes des éléments métalliques en traces montre qu’en été (en absence de
l’intrusion des eaux de la garât Ichkeul et les eaux douces des oueds), les fortes
concentrations restent locales et la majorité des éléments se comportent comme le
premier groupe individualisé au cours de la saison hivernale (paragraphe II-9).
Toutefois l’élément aluminium garde une répartition uniforme au centre de la lagune, ce
qui confirme son origine silicatée. Sans oublier l’apport atmosphérique de cet élément,
surtout qu’il est comparable quantitativement à l’apport continental (Losno, 1993).
Le chrome et le nickel gardent aussi leur forte présence dans la partie centrale ce qui
témoigne de leur étroite relation avec le matériel fin (Hon Wah Lan et al, 1997 ; Lagier
et al, 2001).
Le fer, le cobalt sont moins répandus en été qu’en hiver mais avec des concentrations
plus faibles d’ailleurs ceci est valable pour la majorité des éléments.
Cette variabilité saisonnière de concentration et de répartition peut être expliquée par
l’assimilation de ces éléments par les phytoplanctons en période de blooms en saison
printanière (Chiffoleau, 1999) ensuite déposés sur le sédiments par le reste des
organismes après une bioamplification en été (Hunter et al, 1997).
La variation de l’apport en eau douce accentue cette différence de concentration et
l’impact des rejets industriels sur la qualité physico-chimique des eaux et des sédiments
de surface de la lagune devient plus prononcé pendant la saison estivale.
V- Variation temporelle des éléments inorganiques des sédiments entre le début de
l’industrialisation et l’état actuel
Même si les techniques d’analyses et les conditions de prélèvement et de
conditionnement des échantillons étaient différentes de celles adoptées de nos jours, on
peut comparer les valeurs enregistrées dans les années quatre vingt avec celles trouvées
dans ce travail à titre indicatif. Toutefois il faut rester prudent dans ce type de
comparaison, car dans le domaine de la géochimie marine, les techniques de mesures
ont considérablement évolué au cours des vingt dernières années (Chiffoleau, 1999).
On remarque un enrichissement assez flagrant des sédiments de surface en éléments
inorganiques (tab.8). Ceci est dû essentiellement aux apports anthropiques (urbains,
industriels et agricoles) des ces éléments contaminant ainsi le matériel sédimentaire de
la lagune et de la totalité son bassin versant. En effet, les teneurs considérées naturelles
ou encore l’état zéro de la lagune se trouvent multipliées par 10 et parfois par 100.
Le tableau suivant résume cette situation :
Tableau 8 : Etude comparative de la qualité des sédiments de la lagune avant et après
l’industrialisation

ppm Lagune de Bizerte Lagune de Bizerte


(1986) (présent travail, 2001)
Hg 0.08 - 0.19 <0.01
Pb 3.3 -12.3 20 - 320
Cd 0.20 - 0.85 0.2 - 2.4
Cr 2.3 - 10.7 5 – 75
Zn 2.0 - 37.4 50 – 1700
Cu 0.5 - 3.7 5 – 140
Contrairement à cette évolution ascendante, le mercure enregistre des teneurs plus
faibles, ceci peut être du à une augmentation des teneurs des autres métaux. La
concentration de l’élément mercure exprimée en pourcentage est ainsi réduite.
Toutefois, les travaux de Hassen et al, 2004 et ceux de Hamdi et al, 2004 montrent un
enrichissement de la couche profonde du sédiment de la lagune en Hg avec des teneurs
variant de 0 à 0.4 ppm. Ce qui montre que le mercure se concentre plutôt dans les
couches profondes anoxiques sous forme de sulfures probablement (fig.58) surtout qu’il
a une forte affinité avec la matière organique, les acides humiques et le soufre
(Wallschager et al, 1998). Ce qui le rend moins mobile et appauvrit la couche
superficielle par cet élément.

VI Rôle du fer et du manganèse dans la répartition des éléments traces dans les
trois matrices eau, matières en suspension et sédiment de la lagune de Bizerte.
Après avoir été répandus dans la colonne d'eau par les différents types d’apports (nature,
anthropique), le fer et le manganèse retournent à la phase particulaire par adsorption
mais surtout par précipitation sous forme d'oxydes et d'hydroxydes. Au cours de cette
précipitation, ils entraînent avec eux des éléments métalliques par coprécipitation et
adsorption, ce sont les métaux particulaires. (Broust, 1999, Chiffoleau, 1999).
Parmi les métaux présents dans la lagune, le fer et le manganèse occupent une situation
particulière. Ils peuvent être considérés comme mineurs en solution mais majeurs dans
les particules en suspension. Comme de nombreux autres métaux traces, ils réagissent
activement avec les constituants solides des milieux aquatiques et possèdent, de ce fait,
des temps de résidence courts.
D’après l’étude microscopique des MES par Soussi 1981, on peut mettre en évidence le
rôle des colloïdes et les oxydes de fer qu’elles contiennent dans le piégeage des autres
métaux. Ces oxydes sont généralement adsorbés sur des phylloslicates et/ou sur de la
matière organique.
Ce phénomène était observé dans plusieurs parties de la lagune : au Nord, au centre et à
l’Ouest. En fait, c’est une association entre les minéraux argileux, la matière organique
et les oxydes. Ces derniers jouent un rôle assez particulier au niveau de la zone d’étude
parce que l’apport en fer et en manganèse est assez important. Leurs sources
anthropiques comme celles naturelles sont nombreuses et variées.
Le fer et le manganèse dissous n'ont pas un caractère conservatif, leurs concentrations
dans l'eau varient dans une large gamme.
Par contre, les variations de concentrations observées dans le sédiment peuvent avoir
une autre origine. Elles reflètent aussi bien la nature du matériel sédimentaire
(abondance de la fraction argileuse) que la réactivité de ces éléments.
La concentration en aluminium permet donc d'évaluer l'abondance des minéraux
argileux les plus riches en fer et en manganèse. Les teneurs en aluminium les plus
élevées traduisent une abondance de particules fines (sédiments vaseux) donc
théoriquement riches en éléments traces.
Les plus faibles pourraient révéler des sédiments pauvres en argiles donc en éléments
traces. C'est pourquoi nous présentons l'évolution des teneurs en aluminium avec celles
du fer et du manganèse (fig.53, 54).
Ces figures montrent des évolutions différentes surtout entre le fer et l’aluminium qui
dévoilent l’effet anthropique important. Le manganèse présente toutefois quelques
similitudes avec l’Al. Pour analyser cette observation, on procède à l’étude de la relation
entre les éléments métalliques.

6 1000
900
5
800
700 Concentartion (ppm)
Concentration (%)

4 Fe (%)
Mn 600
3 Al 500
400
2
300
200
1
100
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21
Echantillon

Figure 53: Evolution des concentrations en Fe,Mn et Al


dans les sédiments de surface (campagne hivernale)
12 400
350
10

Concentration (ppm)
300
Concentration (%)
Fe (%)
8
Mn (ppm) 250
6 Al (%) 200
150
4
100
2
50
0 0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19
Echantillon

Figure 54: Evolution des concentartions du Fe, Mn et Al


dans les sédiments de surface (campagne estivale)

VII. Etude de relation entre les éléments métalliques dans les sédiments de la
lagune de Bizerte
Une analyse en composantes principales des différentes concentrations a permis de
déterminer les relations qui peuvent exister entre les éléments métalliques étudiés au
sein du sédiment superficiel.
VII.1 Campagne Hivernale
Les résultats obtenus (fig. 55) montrent une association majeure et une deuxième moins
importante :
1. La première association concerne essentiellement Fe, Pb, Zn, Cu, As, et Cd ;
2. La deuxième association comprend les éléments Ni, Co et Cr.
A remarquer que le manganèse ne fait partie d’aucune association, toutefois il présente
une légère affinité avec la deuxième association.
Ces relations suggèrent une origine en partie commune et/ou des similitudes du
comportement chimique des éléments du même groupe.
Ces résultats sont comparables à une analyse en composantes principales effectuée par
Yoshida en 2002 sur la fraction fine des sédiments de Bizerte (fig.56).
Figure 55 : Analyse en composantes principales des
concentrations dans les sédiments (campagne hivernale)

Figure 56 : Analyse en composantes principales des sédiments


(Yoshida, 2004)
Cette analyse montre que l’axe principal de valeur propre 66.84% sépare deux
groupements de métaux, le premier comporte Pb, Zn, Cu, Ag, Cd et le deuxième
comprend Mn, Co, Ni, Cr, As.
On remarque que le comportement et les affinités géochimiques des éléments arsenic et
manganèse sont dépendants de la granulométrie de la matrice qui les renferme.
En effet, dans la fraction fine (Yoshida, 2004) ces éléments s’associent avec Ni, Co et
Cr. Par contre dans un échantillon contenant des fractions granulométriques plus
grossières, (présent travail), ces éléments changent leurs affinités. Ce qui pourrait
témoigner du rôle du matériel fin dans la répartition spatiale et géochimique des
éléments chimiques.
VII.2 Campagne estivale
Ces résultats de l’analyse en composante principale montrent une association regroupant
essentiellement : Pb, Zn, Cu, Co, Mn et As. Le Fe, Cr et Ni montrent également une
affinité avec ce groupe (fig.57).
L’aluminium et le cadmium se comportent indépendamment des autres métaux. Seul le
zinc est corrélé avec le cadmium (R2=0.8507) ce qui pourrait témoigner d’une
contamination agricole (amendement chimique) ou d’une substitution dans certaines
macromolécules phytoplanctoniques (Chiffoleau et al, 1999) et surtout par les
mécanismes de croissance des diatomées en période de bloom estivale de ces
microorganismes (Hunter, 1997).
VII.3 Relation entre la dégradation de la matière organique et la répartition des
éléments métalliques dans l’eau et le sédiment
La figure (58) montre la différence de rapport des éléments chimiques entre la couche
superficielle du sédiment de profondeur (0-1) cm et la couche sous-jacente de
profondeur >1cm. Ce qui montre l’importance de la matière organique et la forme
sulfurée des métaux dans les associations formées par les éléments chimiques dans les
sédiments de la lagune de Bizerte.
Figure 57 : Analyse en composantes principales des concentrations
dans les sédiments (campagne estivale)

Figure 58 : Rapport des métaux entre la couche (0-1cm) et la couche sous-


jacente dans les sédiments de la lagune de Bizerte (Yoshida, 2004)
Cette représentation graphique montre que les éléments Co, Mo, Ni, Ag et Cd se
trouvent plus concentrés dans la couche profonde de sédiment (anoxique) sous une
forme sulfurée stable (Yoshida, 2004).
La couche superficielle se trouve concentrée plutôt par Mn, Cr, Fe, Cu, Zn, As et Pb.
Ces métaux, dans un environnement oxique, se trouvent sous forme oxydée ou bien
associés aux oxydes de manganèse et de fer. Après un remaniement des sédiments par
les courants marins ou par la bioturbation, ces métaux facilement libérés se trouvent
entraînés vers la colonne d'eau, et deviennent bio-disponibles. Ce qui diminue leur
concentration dans le sédiment en hiver par rapport à la saison estivale.
VII.4 La remise en suspension des sédiments- Rôle des phytobenthos
Au niveau floristique, l’évolution du couvert végétal des fonds de la lagune, a montré
une régression globale de la couverture végétale (fig.59). Et en conséquence, une
diminution de la phytomasse benthique et une augmentation très importante de la
surface des fonds dénudée. Ainsi, on assiste à une mobilisation plus importante et une
remise en suspension des sédiments sous l’influence des courants de fonds avec pour
principal effet une forte turbidité du milieu (MAERH, 2004).
Les sédiments de lagune contiennent des quantités importantes de métaux à l'état dissous
ou particulaire. On peut donc s'attendre à ce que leur remise en suspension s'accompagne
de transformations profondes liées à l'émission vers l'eau libre des métaux initialement
contenus dans les eaux interstitielles ou associées à certaines phases particulaires
fragiles, sensibles à l'oxydation.

Figure 59 : Répartition des phytobenthos entre les années 70


(a) et l’état actuel (b) ; (MAERH, 2004)
VIII. Discussion des résultats
Le comportement des métaux et leurs affinités dépend des variations saisonnières.
En hiver, les oxydes de manganèse perdent leur pouvoir d’adsorption en faveur des
oxydes de fer. En effet, ceci peut être du à la remise en suspension des sédiments qui est
à l’origine d’une remobilisation importante du manganèse à partir de sédiments, non
suivie d'une adsorption fortement ralentie par la salinité. La quantité de fer remobilisée
est très faible (Broust, 1999).
La répartition spatiale dépend aussi des variations saisonnières. En effet, plusieurs
éléments métalliques en trace se répartissent sur une grande superficie de la lagune.
D’ailleurs les cartes (fig.41-53), montrent que la pollution liée aux oxydes garde son
caractère localisé surtout entre Menzel Bourguiba et oued Tinja.
Plusieurs causes peuvent être à l’origine de cette évolution géochimique saisonnière,
exemple la réduction de l’apport des argiles par les oueds en été ou bien la variation
chimique et qualitative des rejets anthropiques dans la lagune. Toutefois, l’augmentation
de la salinité des eaux et par conséquent la charge ionique du milieu, semble être la cause
majeure qui induit la désorption des éléments métalliques sur les argiles. La compétition
avec les cations majeurs (Ca2+, Mg2+, Na+, K+) pour les sites d’adsorption atténuent
l’étendu de l’adsorption des métaux sur le matériel fin et peut même conduire à leur
désorption (Barbier, 1999). Leur association avec les oxydes sera alors plus importante.
Ce qui influe sur la répartition spatiale et la concentration des métaux qui se trouvent
localisés sur les bordures en été parce qu’ils sont associés principalement aux oxydes de
fer et de manganèse plutôt qu’avec le matériel fin au centre de la dépression lagunaire.
IX. Le chenal de Tinja : une zone de transition hydrologique et géochimique
La lagune de Bizerte fait partie d’un grand système hydrologique (lagune de Bizerte-
Tinja-Ichkeul), pour cette raison on ne peut pas étudier une composante de ce système
indépendamment des autres. L’étude bibliographique sur la géochimie de garât Ichkeul
et le chenal de Tinja (Ouakad, 1982 ; Ben M’barek, 1995, 2001) nous permettent de
comprendre sommairement le schéma d’échange physico-chimique et les interactions
entre ces milieux. Le tableau suivant représente une étude comparative des données
analytiques des eaux de surface de ces derniers pour la saison estivale des années 1996,
1997 et 1998 (données les plus récentes).
Tableau 9 : Concentrations de quelques éléments inorganiques (ppm) dans les eaux de
surface de garât Ichkeul, oued Tinja et la lagune de Bizerte.

*Ichkeul *Ichkeul *Tinja *Tinja Lagune de


écluse écluse écluse écluse Bizerte
ouverte fermée ouverte fermée Eté 2002
Fer 0.14 - 0.21 0.11 - 0.18 0.35 - 0.48 0.31- 0.46 0 - 0.4
Plomb 0.11 - 0.18 0.11 - 0.15 0.27 - 0.42 0.21 - 0.34 0 - 0.24
Zinc 0.02 - 0.07 0.02 - 0.06 - 0.10 - 0.21 0 - 0.14
Cuivre 0.03 - 0.06 0.02 - 0.05 - 0.041 - 0.14 <0.01
Cadmium 0.16 - 0.23 0.13 - 0.20 - 0.36 - 0.48 <0.02
Nickel 0.13 - 0.19 0.13 - 0.18 - 0.32 - 0.43 0.03 - 0.09
*Source : Ben M’Barek, 2001

Ces valeurs nous montrent que le bassin versant de la garât Ichkeul subit un apport assez
important en métaux lourds et contaminants inorganiques indépendamment des entrées
à partir de la lagune de Bizerte. En effet, même si la gestion de l’écluse est en mode
fermé, les concentrations en éléments inorganiques sont assez importantes et dépassent
parfois celles enregistrées dans lagune de Bizerte.
Avant de comparer les teneurs en métaux au niveau des deux dépressions, il convient de
préciser que faute de données synchrones on va se contenter des données les plus
rapprochées. Pour Ichkeul/Tinja ces données correspondent à trois années pluvieuses
(1996, 1997, 1997) et pour la lagune de Bizerte ces données représentent des teneurs
enregistrées après une période de trois années successives plus sèche (2000, 2001,
2002).
Compte tenu de cette divergence pluviométrique, le milieu lagunaire de Bizerte montre
logiquement des teneurs plus importantes par rapport aux années pluvieuses (1996,
1997, 1997).
En comparant la situation au niveau des deux dépressions, on remarque que pour les
éléments fer et zinc la lagune de Bizerte montre des valeurs plus importantes que celles
enregistrées dans la garât Ichkeul. Ceci est dû à un apport continu en ces éléments à
partir des léxiviats de la décharge de Menzel Bourguiba, de la décharge de Bizerte, des
rejets hydriques et atmosphériques de la sidérurgie et de la cimenterie (MAERH, 2005).
Par contre les éléments cuivre, cadmium et nickel sont largement plus concentrés au
niveau des eaux de surface de garât Ichkeul que pour la lagune de Bizerte même au cours
d’une période pluvieuse. Ce qui prouve l’effet de l’apport naturel des métaux par le biais
des eaux de ruissellement. Celles-ci lessivent des déblais des différentes mines (Pb, Zn)
qui se trouvent dans le bassin versant de garât Ichkeul (Sainfeld, 1952), des sources
géothermiques (Meddeb, 1993) et de l’alimentation des nappes souterraines
contaminées par les éléments inorganiques métalliques (Saad, 2003). Aussi l’apport
anthropique urbain et industriel non traité (ANPE, 1995 ; Alatiri, 2003).
Le chenal de Tinja présente un phénomène assez curieux puisque les concentrations en
éléments inorganiques sont assez importantes et dépassent celles des deux dépressions
(Ichkeul et Bizerte). En effet, d’après le tableau 11 et les cartes d’isoteneurs (fig. 25, 27,
28, 32, 37, 38, 40, 43), on remarque que l’oued Tinja manifeste un enrichissement en
métaux au niveau des deux matrices (eau et sédiment). Ce schéma trop simple montre
un bilan matière excédent au niveau du chenal.
Un apport direct dans le chenal de Tinja par des rejets urbains non traités pourrait
expliquer ce phénomène, sauf que ces rejets ne présente pas une contamination
métallique importante dans cette zone non assainie (MAERH, 2004).
L’oued Tinja se caractérise par une faible profondeur, par des sédiments argileux et des
particules en suspension minérales abondantes. En plus cette zone n’est pas organogène
(Soussi, 1981). Tous ces facteurs sont en faveur d’une précipitation des colloïdes
minéraux riches en métaux qui atteignent rapidement les sédiments superficiels.
Les colloïdes, (chargés négativement) s’agglomèrent dans la zone de mélange d’eaux
de salinités différentes, ce qui entraîne leur précipitation. Cette floculation est à l’origine
de la sédimentation par gravité des flocs fraîchement formés dans la colonne d’eau
(Raïs, 1999 ; Broust, 1999, De Carlo, 2001). D’ailleurs, le matériel argileux est dominé
par la kaolinite, indicatrice d’une sédimentation rapide par floculation (Soussi, 1981).
A cause de la faible tranche d’eau, ces amas atteignent rapidement le fond de l’oued
Tinja, ce qui favorise la contamination des sédiments par les éléments métallifères. Par
ailleurs, cette floculation est le résultat de la collision entre particules en suspension
favorisée par l’élévation du flux hydrodynamique et le brassage des masses d’eau dans
le chenal lors de la diminution de la section du milieu traversé.
En outre l’élément calcium déstabilise les matières en suspension par association
chimique avec les colloïdes humiques hydrophiles (Raïs, 1999).
Il y a quasi-absence d’assimilation des métaux par les diatomées et les autres
microorganismes à cause du caractère non organogène du milieu (Hunter, 1997).
Ces phénomènes bio-physicochimiques sont en faveur d’un enrichissement du matériel
sédimentaire en éléments métalliques au niveau du chenal par l’extraction de ces
derniers de la colonne d’eau.
Cependant, on remarque que les eaux prélevées à ce niveau montrent des concentrations
plus importantes que celles de la garât Ichkeul et la lagune de Bizerte. Cette situation
apparemment contradictoire s’explique par l’examen des différentes étapes analytiques.
En effet, tous les échantillons aqueux sont soumis à une étape de filtration (0.45µm).
Ceci a pour objectif l’analyse du matériel dissous seulement (élémentaire ou complexé),
et aussi pour protéger le matériel analytique.
Sauf que l’étude microscopique de Soussi (1981) a révélé une particularité de cette zone,
c’est l’abondance des particules en suspension de diamètre inférieur à 0.125 µm. Ces
particules minérales argileuses sont porteuses des éléments métalliques adsorbés à leur
surface. Une fois les échantillons sont filtrés, ils vont garder ces particules qui seront
analysées ensuite comme faisant partie du matériel dissous. Ce qui augmente la
concentration des échantillons aqueux au niveau du chenal de Tinja.

Conclusion
La répartition des éléments métalliques dans les sédiments superficiels de la lagune de
Bizerte dépend des différentes sources. Ces dernières peuvent être naturelles ou
anthropiques, atmosphérique, solide ou hydrique.
La localisation géographique des points de rejets directs des éléments chimiques marque
plusieurs zones de concentration des sédiments d’après les cartes d’isoteneurs de ces
éléments.
La matière organique influe aussi sur la forme de l’élément dans le sédiment. Qu’il a
une forme sulfurée ou simplement adsorbée sur la matière organique, cela influe sur sa
concentration, sa répartition spatiale, ainsi que sur les associations qu’il édifie avec les
autres éléments métalliques.
La dégradation du phytobenthos sur le fond lagunaire participe avec les courants marins
et la bioturbation à la répartition du stock métallique entre phase liquide et phase solide.
Ceci par la remise en suspension des sédiments de surface et le passage du métal de sa
forme oxydée ou même sulfurée à une autre forme plus soluble. Il migre ainsi du
réservoir sédimentaire vers la colonne d’eau.
Tous ces facteurs ont participé à la répartition spatiale, saisonnière des éléments
métalliques dans le sédiment lagunaire de Bizerte.
Cette situation se résume comme suit :
En hiver une association chimique s’établit entre Fe, As, Pb, Cu, Zn et Cd. Une autre
association se forme entre Co et Ni.
L’élément Mn semble avoir une légère affinité avec la deuxième association.
En été, les affinités géochimiques des éléments métalliques changent pour donner deux
associations. La première est composée de Mn, Cu, Pb, Zn, Co et As. La deuxième
association est formée de Cr et Ni.
Les concentrations des éléments métalliques au sein du sédiment de surface pendant la
saison estivale sont plus importantes que celles enregistrées en hiver. Toutefois la
répartition spatiale de ces éléments est plus restreinte, localisée surtout au Sud et au Sud
Ouest.
Le Mn joue un rôle essentiel dans cette variation saisonnière. La remobilisation des
sédiments de surface accentuée en hiver, favorise le passage des métaux associés aux
oxydes de manganèse vers l’eau. Ce qui est à l’origine de l’appauvrissement relatif des
sédiments en éléments métalliques pendant la saison hivernale.
Le remaniement peut atteindre même les niveaux plus profonds que celle de la couche
superficielle des oxydes. Les métaux y se trouvent associés aux sulfures. On assiste alors
à une libération des éléments métalliques tels que le Cd, Ni et le Co.
Le changement quantitatif et qualitatif des apports par les rejets industriels et urbains
peut contribuer à cette évolution saisonnière. Toutefois, ce type d’apport fortuit est
difficilement estimable.
Le matériel fin participe aussi à la répartition saisonnière des éléments métallique dans
les sédiments de surface. En effet, une proportion non négligeable des métaux s’adsorbe
sur les colloïdes et les particules argileuses. En hiver, les métaux associés à ces minéraux
suivant le même itinéraire, se trouvent sur de vastes étendues de la lagune. Par contre en
été l’augmentation de la salinité et de la charge ionique, induit la désorption des éléments
métalliques en faveur d’autres cations. Se trouvant libres, ces éléments métalliques
s’associent à une autre phase tels que les oxydes de fer et de manganèse. Leur répartition
spatiale devient alors moins étendue et plus localisée sur les bordures.
Néanmoins, il faut noter que le choix de l’échelle des valeurs des courbes d’isoteneurs
dans une carte peut influencer son aspect et les surfaces occupées par les différentes
courbes, ce qui peut parfois induire à l’erreur dans l’interprétation de la répartition
spatiale des différents éléments chimiques. Pour cela plusieurs représentations ont été
faites pour suivre l’effet de ce détail "technique". Les cartes montrent toujours une
variation spatiale saisonnière sauf pour l’élément Zn, qui reste influencé par les détails
de sa représentation graphique (annexe 4).
Quatrième partie
Rôle du prétraitement des échantillons dans l’estimation de la pollution
inorganique

Chapitre VIII : Influence de la séparation granulométrique sur l’estimation de la


pollution des sédiments

I Introduction
La composition particulaire des sédiments varie énormément. Cette grande variabilité
découle de la minéralogie et de la teneur en éléments traces, marqués par la taille des
particules. Les plus fines sont pauvres en quartz et plus riche en argiles. Les fractions
argileuses contiennent souvent une plus grande concentration en métaux due à leur
surface spécifique importante mais également à leur forte capacité d’échange cationique
et d’absorption. (Morlot, 2001).

II Etude de la répartition des métaux en fonction de la fraction granulométrique


Plusieurs études ont porté sur la contamination des sédiments par les éléments
métalliques. (Added, 1981 ; Johonsson, 1989 ; Legeleux et al, 1995 ; Hon Wah Lam,
1996 ; Wallschlager, 1998 ; Benoit et al, 1999 ; Raïs, 1999 ; Owen et al, 2000 ; De Carlo
et al, 2001 ; Quevauviller, 2001 ; Jordao, 2002 ; Yoshida, 2004). Toutes ces études
procèdent à une séparation granulométrique de la fraction <63µm pour minimiser l’effet
de la granulométrie et parce qu’elle est plus riche en métaux.
Cette séparation d’une fraction théoriquement plus riche en métaux nous donne une idée
approximative sur le degré de pollution des sédiments. Les teneurs trouvées sont
supposées être supérieures à celle contenues réellement dans l’échantillon total et donc
une surestimation de la pollution.
Pour cela, dans l’étude géochimique des sédiments de la lagune de Bizerte on a isolé
trois fractions granulométriques pour les analyser séparément et pour mieux comprendre
l’effet de la granulométrie d’un échantillon sur sa concentration en éléments
métalliques.
D’après les histogrammes de concentration des métaux au niveau des trois fractions (fig.
60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70), l’hypothèse d’une fraction fine plus riche en
métaux n’est pas toujours vérifiée pour le cas des sédiments de la lagune de Bizerte. En
effet, d’après les analyses multifractions, on dégage la particularité de ce milieu et
l’importance du choix des stations d’échantillonnage dans une étude environnementale.

III Discussion des résultats


En étudiant l’évolution des concentrations par rapport à la localisation des échantillons
et ce sur un graphique regroupant les trois fractions on peut conclure que :
 Au centre de la lagune, la fraction < 63µm représente de loin la matrice la plus riche
en éléments inorganiques en trace.
Si on s’intéresse à la composition minéralogique des argiles de bordures sud ouest et
sud, on remarque qu’elle est dominée par la kaolinite avec un pourcentage entre 60%
et 80 % (Soussi, 1981). Ce type d’argile est caractérisé par une faible surface
spécifique et un échange cationique faible (Barbier, 1999). En plus les minéraux
associés, à cette argile sont principalement le quartz et les carbonates de calcium
(Kamens et al, 1984). Ce qui diminue encore la capacité d’échange de ces argiles
(Ben M’Barek M, 2001).
Par contre le centre de la lagune est occupé essentiellement par des smectites et
appauvri totalement en kaolinite. La smectite présente des valeurs élevées d’échange
cationique (Ben M’Barek M, 2001) et un dépôt organo-minérale favorisé par des
taux importants de matière organique (Hamouda, 1996 ; Ben Romdhane, 2004 ;
Hassen, 2004 ; Trabelsi, 2004 ; Hammami, 2005).
La présence de la matière organique augmente la rétention des éléments métalliques
par la formation de complexes stables entre métal – argile- matière organique ou
bien, métal - matière organique - argile (Barbier, 1999).
Figure 60 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 13)

Figure 61 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 52)

Figure 62 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 33)
Figure 63: Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 32)

Figure 64 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 19)

Figure 65 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 40)
90
<63µm
80
63µm<x<200µm
70
>200µm
60

50

40

30

20

10

0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn

Figure 66 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 37)

<63µm

7000 63µm<x<200µm

6000 >200µm

5000
4000
3000
2000
1000
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn

Figure 67 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 43)

2500 <63µm
63µm<x<200µm
2000
>200µm

1500

1000

500

0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn
Figure 68 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 54)
3000
<63µm

2500 63µm<x<200µm
>200µm
2000

1500

1000

500

0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn

Figure 69 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 25)

200 <63µm
180 63µm<x<200µm
160 >200µm
140
120
100
80
60
40
20
0
Ag As Cd Co Cr Cu Fe Mn Mo Ni Pb Zn

Figure 70 : Répartition des métaux au niveau des trois fractions (station 58)

 Sur les bordures de la lagune, on a un autre cas de figure. La fraction la plus riche en
métaux lourds est la plus grossière.
Cette partie du sédiment est en fait une pollution introduite dans le sédiment sous
forme de matériel grossier, ensuite transporté par les courants pour insérer enfin le
matériel sédimentaire.
Une grande partie des sédiments de bordures provient de l’érosion des berges
(Soussi, 1981 ; Kamens et al, 1984 ; Mathlouthi, 1988 ; Oueslati, 1994). Sachant
qu’il y a présence de plusieurs hectares de déchets industriels contenant des métaux
sur les côtes de la lagune (annexe 2) et que le bassin versant apporte des minéraux
lourds, on peut dire que ce matériel sédimentaire n’a pas seulement une origine
détritique mais aussi anthropique.

IV Conclusion
La séparation granulométrique utilisée comme une étape de préconcentration du
matériel sédimentaire avant les analyses n’est pas toujours justifiée. La fraction fine
n’est pas représentative de l’échantillon total.
La fraction grossière représente aussi des propriétés assez intéressantes pour être étudiée
séparément ou bien comme faisant partie de l’échantillon entier.
Chaque milieu possède des caractéristiques propres, la lagune de Bizerte est un bon
exemple. Une grande partie de ses berges est occupée par des dépotoirs, par l’effet des
vagues et des léxiviats, les déchets solides incorporent le matériel sédimentaire
lagunaire. De ce fait, les étapes d’analyses ne doivent surtout pas camoufler ces
caractéristiques.
Conclusions générales et perspectives

L’Evaluation Simplifiée des Risques a permis l’identification des sources d’apports des
éléments métalliques (directes et indirectes), l’inventaire des polluants avec la
localisation géographique de leurs points de rejets, et l’investigation de leurs voies de
transfert.
Les zones industrielles et les décharges sauvages demeurent des aires de concentration
préférentielles des différentes activités polluantes dans la région étudiée. La nature des
éléments nocifs est très variée, mais les métaux lourds restent une forme de pollution
très présente dans le bassin versant de la lagune de Bizerte.
L’apport naturel n’est pas négligeable. Les eaux de ruissellement amènent la limonite et
l’hématite. L’oued Tinja fournit en partie les éléments Cu, Cd, Ni à partir du bassin
versant de garât Ichkeul. Les nappes souterraines côtières qui aliment la lagune peuvent
aussi participer à cet apport.
L’Evaluation Simplifiée des Risques montre aussi que les milieux les plus touchés par
la pollution au niveau du bassin versant sont principalement les eaux de surface (lagune,
réseau hydrographique), ensuite les nappes souterraines.
La géochimie des éléments majeurs dans les eaux de surface est marquée par l’absence
de corrélation entre le calcium et les ions carbonate à l’Est de la lagune. Ceci est le
résultat de la coexistence de plusieurs facteurs :
 La complexation des anions CO32- et HCO3- par les éléments Na+, Mg2+ et K+.
 La compétition entre les carbonates et les sulfates pour la complexation du calcium
dissous.
 L’origine des ions HCO3- et CO32- n’est pas seulement carbonatée. La dissolution
naturelle du gaz carbonique dans l’eau est une autre source des ions carbonatés.
La géochimie des cations métalliques dans la phase aqueuse est influencée par les
phénomènes d’atténuation naturelle telles que la dispersion, l’adsorption ou la
bioconcentration. En effet, les éléments Zn, Ni, Co, As, et Pb n’existent qu’en faibles
quantités dans les eaux de la lagune. Ces ions tendent à précipiter dans le domaine de
pH (7-8) sous forme d’hydroxydes. Le Fe peut aussi former des complexes dans la
solution avec les halogénures et les sulfates. Le Plomb et le zinc forment des associations
importantes avec le Cl-. Et les éléments Al, Cu, Cr, Hg se trouvent à des teneurs
inférieures aux limites de détection de l’appareil de mesure.
La lagune réagit donc à l’introduction des rejets contenants des éléments métalliques
par le réarrangement du stock qu’elle reçoit. Elle redistribue ces métaux pour retrouver
son équilibre, qui reste cependant, très fragile à cause des échanges continus entre
sédiment et eau.
Les phases sédimentaires ou minérales telles que les argiles ou les hydroxydes, porteuses
du fer et du manganèse jouent un rôle essentiel dans le comportement des métaux traces
dans les sédiments superficiels de la lagune de Bizerte.
Ils participent même à la répartition spatiale, saisonnière des éléments métalliques dans
le sédiment lagunaire.
Cette situation se résume comme suit :
 En hiver une association chimique s’établit entre Fe, As, Pb, Cu, Zn et Cd. Une autre
association se forme entre Co et Ni.
L’élément Mn semble avoir une légère affinité avec la deuxième association.
Les éléments métalliques sont répartis sur des surfaces importantes de la lagune.
 En été, les affinités géochimiques des éléments métalliques changent pour donner
deux associations. La première est composée de Mn, Cu, Pb, Zn, Co et As. La
deuxième association est formée de Cr et Ni.
Les concentrations des éléments métalliques au sein du sédiment de surface pendant la
saison estivale sont plus importantes que celles enregistrées en hiver. Toutefois la
répartition spatiale de ces éléments est plus restreinte, localisée surtout au Sud et au Sud
Ouest.
La remobilisation des sédiments de surface favorise le passage des métaux associés aux
oxydes de manganèse et aux sulfures vers l’eau. Ce qui est à l’origine de
l’appauvrissement relatif des sédiments en éléments métalliques pendant la saison
hivernale.
Les minéraux argileux participent aussi à la répartition saisonnière des éléments
métalliques dans les sédiments de surface. En hiver, les métaux associés à ce matériel
fin suivent le même itinéraire sur de vastes étendues de la lagune. Par contre en été
l’augmentation de la charge ionique, induit la désorption des éléments métalliques en
faveur d’autres cations. Les éléments métalliques s’associent alors à une autre phase tels
que les oxydes de fer et de manganèse. Leur répartition spatiale devient alors moins
étendue et plus localisée sur les bordures.
L’analyse de trois fractions granulométriques différentes confirme le rôle du matériel
fin dans la répartition spatiale saisonnière des éléments métalliques dans le sédiment de
surface. En effet, au centre de la lagune, la fraction fine (< 63µm) représente de loin la
matrice la plus riche en éléments inorganiques en trace. Par contre sur les bordures, la
fraction grossière est la plus riche en métaux lourds.
Cette situation est due en partie à la nature même des argiles. Le centre de la lagune est
occupé essentiellement par des smectites qui présentent des valeurs élevées d’échange
cationique et un dépôt organo-minéral important. Ce qui augmente la rétention des
éléments métalliques par la formation de complexes stables entre métal – argile- matière
organique ou bien, métal - matière organique – argile.
Par contre, sur les bordures, ces minéraux sont dominés par la kaolinite (entre 60% et
80 %). Une argile caractérisée par une surface spécifique et un échange cationique
faible. Associés au quartz et aux carbonates de calcium, leur capacité d’échange diminue
encore.
En plus de ce facteur minéralogique naturel, il y a un facteur anthropique fondamental.
Sur les bordures de la lagune, une partie du sédiment représente une pollution introduite
sous forme de matériel grossier, ensuite transportée par les courants pour insérer enfin
le matériel sédimentaire. D’ailleurs, la localisation géographique des points de rejets
directs des éléments chimiques, marque plusieurs zones de concentration dans le
sédiment et l’eau d’après les cartes d’isoteneurs des éléments métalliques.
Donc l’intérêt des analyses multifractions apparaît non seulement pour discuter l’utilité
d’une étape de prétraitement des échantillons sédimentaires, mais aussi pour confirmer
le rôle de la fraction granulométrique et minéralogique dans le comportement
géochimique des éléments métalliques.
L’étape de prétraitement est déterminante dans l’étude géochimique d’un milieu tel que
la lagune de Bizerte. Deux études comparatives de prétraitements effectuées sur des
échantillons aqueux et sédimentaire, dégagent l’importance de chaque étape. Elles
dégagent aussi l’ampleur de l’échange entre les différentes composantes de ce milieu
très dynamique.
Des analyses de spéciations sont un moyen efficient pour l’identification des formes
sous lesquelles se fait l’échange entre les différentes phases du milieu lagunaire
(aqueuse, sédimentaire et même atmosphérique). Couplée à la modélisation chimique
du comportement des métaux au cours de leur transit par la simulation de ce transfert,
elles deviennent assez intéressantes, surtout lorsque le modèle est intégré dans un
modèle hydrodynamique.
Références Bibliographiques

ABBES R. 1994. Industries tunisiennes de textile, problèmes d’environnement et solutions


techniques proposées. Rapport., ANPE.Tunisie., 22p.
ADDED A.1981. Etude géochimique et sédimentologique des sédiments marins du delta du
Rhône. Th. 3ème cycle.,Univ. Pierre et Marie Curie., 263p., annexes.
ALATIRI R.2003. L’assainissement agricole impact sur le fonctionnement de l’écosystème
de l’Ichkeul. Actes., Atelier sur la gestion intégrée du bassin versant de l’Ichkeul.vol 1.
ALZIEU C. 2000. Impact des substances toxiques en zone littorale : cas des organoétains et
des sédiments contaminés. Actes du 2eme Symposium International de l’Eau.,pp.146-148.
ANPE, 1996. Etude pour la sauvegarde du parc national de l’Ichkeul.Rapport. 291p.
ASSA A.D. 1987. Phénomènes de sélectivité d’échange cationique dans certains minéraux
argileux. Cahiers ORSTOM, série Pédologique., vol XIV., n°3., pp. 219-226.
AZZOUZ A. 1966. Etude des peuplements et des possibilités d’ostréiculture du lac de Bizerte.
Institut Pêches maritimes. N° 98.
B.R.G.M. 2000. Gestion des sites (potentiellement) pollués version2. Manuels techniques.,
ann.
BARBIER F. 1999. Rétention du plomb II et du cadmium II par une barrière argileuse.
Transfert métalliques et influence de la complexation. Th.Doct.Univ. Claude Bernard
Lyon I., 129p.
BARBIER J., PIANTONE P. 2001. Résidus de procédés thermiques: élaboration d’un
référentiel . BRGM/RP-50888-FR, 70.,6 fig., 12 tabl., 1ann.
BARTHE E. 2002. Les cours d’eau de la Guadeloupe: Caractérisation physico-chimique et
étude de la macrofaune benthique, proposition d’un indice biologique adapte. DEA.,
Univ., Paul Sabatier., Toulouse III., 110p.
BEN GUIRAT S. 1997. Contribution à l’étude de la pollution des terres agricoles par des rejets
industriels et miniers. (cas de la sidérurgie de Menzel Bourguiba et de la mine de
Bougrine). DEA.,Univ., TunisII.,127p.,1ann.
BEN M’BAREK M. 2001. Les argiles du Crétacé et du Paléogène du Nord Est de la Tunisie:
caractérisations et essais d’applications industrielles. Th.Doct.Univ Tunis.,167p.
BEN M’BAREK N. 1995. Impacts des ouvrages sur l’équilibres de l’écosystème « lac
Ichkeul » : suivi mensuel des principaux paramètres physico-chimiques.
DEA.Univ.Tunis., 67p.

BEN M’BAREK N. 2000. Etat d’évolution de l’écosystème du lac Ichkeul et de


son bassin versant. Th.Doct. Univ.Tunis II.,182p.
BENNOUR F. 2000. Analyse des hydrocarbures dans les sédiments marins par
chromatographie en phase gazeuse (lagune de Bizerte). PFE. Univ.Tunis II., 40p.
BENOIT G., NIEDER W., LEVANDOWSKY M., BRESLIN V.T. 1999. Sources and
history of heavy metal contamination and sediment deposition in Tivoli south bay,
Hudson river, New York. Estuaries., Vol22., N°2.A., pp.167-173.
BORSIER M. 1993. L’automatisation des étapes de préparation pour l’analyse d’échantillons
géologique. Spectra Analyse., N°175.
BORSIER M. 2000. ICP/MS : le couplage plasma inductif (ICP) et la spectrométrie (MS) :
une technique performante pour l’analyse des infratraces ; Spectra., N°142.
BOUSSABAH M., GASMI M. 1990. Etude préliminaire de l’écologie du lac de Bizerte,
Rapport., Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE).,100p.
BROUST D., FISCHEN J.C., OUDDANE B., PETIT F., WARTEL M. 1999. Fer et
manganèse : réactivité et recyclage., Rapport., Seine- Aval., 40p.
CARRELS R.M., CHRIST C.L. 1967. Equilibres des minéraux et de leurs solutions aqueuses.,
CAUTHIER-VILLARS.,333p.
CASTANY G. 1982. Principes et méthodes de l’hydrogéologie. DUNOD., 237p.
CENTRE D’EXPERTISE EN ANALYSE ENVIRONNEMENTALE DU QUEBEC
(C.E.A.E.Q). 2002. Mode de prélèvement et de conservation des échantillons relatifs à
l’application du règlement sur la qualité de l’eau potable. Guide., Quebec.13p.
CHARLOT G. 1974. Méthodes chimiques et physico-chimiques., tome I., Chimie
Analytique Quantitative., MASSON., 325p.
CHEIKH M., DEROUICHE A., DRISS M.R. 2004. Organochlorine pesticide residues in
Bizerte lagoon sediments. Final report research promotion programme., pp.87-90.
CHENG S.F., HSEU Z.Y. 2002 . In situ immobilisation of cadmium and lead by different
amendement in two contaminated soils. Water, Air and Soil Pollution.,Vol 40., pp. 73-
84.
CHIFFOLEAU J. F., GONZALEZ J. L., MIRAMAND P., TOUVENIN B. 1999. Le
cadmium : comportement d’un contaminant métallique en estuaire. Rapport.,
programme Seine-Aval. 31p.
CHROUDA D. 2003. Identification des polluants inorganiques par ICP/MS dans les eaux de
la lagune de Bizerte, mémoire P.F.E, Faculté des Sciences de Tunis, université El Manar.
Tunisie.75p.
DABROWSKI W., MACKIE R.I., ZIELINA M. 2002. Does freezing affect sediment
sampling results? Water, Air and Soil Pollution.,Vol 40., pp.367-370.
DARMENDRAIL D.1999 (b). Diagnostic approfondi- Evaluation Simplifiée des Risques-
Technique de l’Ingénieur G7.pp. G2591-1-G2591-6.
DE CARLO E.H., GREEN W.J. 2001 . Rare earth elements in water column of lake da,
Mcmurdo dry valleys Antartica. Water ressources., Vol 140., 13p.
DE CONTO C. 1994. Spéciation de l’arsenic, extraction des composés arséniés dans des tissus
biologiques. DEA., Univ. Claude Bernard Lyon I., 45p.
DELMAS C. 2000. Influence des conditions physico-chimiques sur la mobilité du plomb et du
zinc dans un sol et un sédiment en domaine routier. Th. Doct. Univ de Pau et des pays de
l’Adour. France. 192p.
DESBOEUFS K., LOSNO R., VIMEUX F., CHOLBI F.1999. The pH-dependent
dissolution of wind transported Saharan dust. Journal Geophysics Resources., Vol 104.,
pp 2187-21299.
DI BENEDETTO M. 1997. Les métaux lourds., Dossier SAM. Ecole supérieure des mines
de Saint Etienne. 48p.
DROGUE C. 1966. Notice explicative de la carte des ressources en eaux souterraines de la
Tunisie. Sous Secrétariat d’Etat à l’Agriculture. 22p.
DUMAIL R., DESACHY C. 2000. Mercury waste in France., Working Gorup Report.,
AGHTM.France.,93p.
DUMBLE P., RUXTON C. 2001. Guidance on Monitoring of Landfill Leachate, Ground
Water and Suface Water., Environment Agency. USA. 95p.
EHLKE I., IMBRIGIOTTA T., DALE J. 2002. Laboratory comparison of polyethylene
and dialysis membrane diffusion samplers. Ground Water Monitoring and Remediation.
18p.
El ACHHEB A., MANIA J., MUDRY J. 2003. Mécanismes d’acquisitions de la
minéralisation des eaux souterraines dans le bassin Sahel-Doukkala (Maroc occidental)
approche par des traceurs hydrogéochimiques ; Proceedings of Tecnoloia de la intrusion
de agua de mar en aquiferos.
ELLWOOD M.J., VANDER BERG M.G. 2001. Determination of organic complexation of
cobalt in sea water by cathodic stripping voltammetry. Marine Chemistry., N°75., pp.33-
47.
EMAMI S. 1975. Contribution à l’étude géochimique et isotopique des conditions de pollution
par les sulfates dans la nappe de Rhin au nord de Strasbourg. Th. Doct. 3emecycle Univ.
Pierre et Marie Curie.,97p.
ESSID N., MAHMOUDI E., BOUFAHJA F., BEYREM H., AISSA P. 2004. Pollution
impact of municipal landfills on meiobenthic assemblages of Bizerte lagoon during
Spring 2002., Final report research promotion programme., pp. 21-30.
FRASER A., MEYBECK M., ONGLY E., HADGSON K. 2002. L’atlas mondial numérique,
annoté sur la qualité de l’eau., Environnement Canada.
FRISONI. G. F., GUELORGET O., PERTUSOT J.P., FRESI E.1986. Diagnose écologique
et zonation biologique du lac de Bizerte. Rapport. FAO.41p.
GAUME E., TASSIN B., TUSSEAU M.E., LEITE B. 2001. Ecologie appliquée : pollution
des milieux naturels., Cours 1ere année ., Ecole Nationale des Ponts et Chaussées., 55p.
GREENWOOD NN ; EARNSHAW A. 1984. Chemistry of the elements. Oxford, Pergamon.
GRIGAL D.F. 2002. Imputs and outputs of mercury from terrestrial watersheds.
Environnement Revue., N°10.,pp.1-39.
GY P. 1996. L’échantillonnage des lots de matière en vue de leur analyse. MASSON., 148p.
HAJ LTAIF Z. 1995. Nappe de l’oued Guéniche : Evaluation des ressources et impact de
surexploitation. DEA Univ. Tunis II., 92p.
HAMDI H., JEDIDI N., YOSHIDA M., HASSEN A., GRABI A. 2004. Effect of bio-
physico-chemical properties of surficial lower layer sediments of mercury distribution in
Bizerte lagoon. Final report research promotion programme., pp. 71-80.
HAMMAMI J. 2005. Géochimie des éléments nutritifs dans les eaux de la lagune de Bizerte
(Tunisie Nord-Orientale)., DEA, Université El Manar.,Tunis 132p.
HAMOUDA R. 1996. Etude des hydrocarbures dans les sédiments superficiels de la lagune de
Ghar el Melh et de la lagune de Bizerte. DEA. Univ. Tunis II.126p.
HASSEN A., CHERIF K., BELGUITH A., SAIDI N., AOUNI M., YOSHIDA M. 2004.
Polymerase chain reaction technique for microbial and environmental investigations.
Final report research promotion programme., pp.103-114.
HERMINE J.P. 2001. Sites pollués contamination des sols et des nappes
phréatiques.Technique de l’Ingénieur G7.pp. G2500-1- G2500-3.
HIS E. 2000. Impact de l’acétate de tributylétain (TBT) sur les organismes animaux en zone
littorale. Actes du 2eme Symposium International de l’Eau., pp.149-150.
HOEING M., PISCAGLIA F., DOCEKALOVA H. 2000. Difficultés associées au dosage
des éléments traces par spectrométrie atomique d’absorption et d’émission. Spectra
Analyse., N° 215.,pp.21-26.
HOENIG M. 1996. Importance des étapes de préparation de l’échantillon lors de l’analyse des
éléments traces. Spectra Analyse., N°189.,pp27-30.
HON WAH LAM M., YUK WAI TJIA A., CHAN C.C., CHAN W.P., LEE W.S. 1997.
Speciation study of chromium, copper and nickel in coastal estuarine sediments polluted
by domestic and industrial effluents. Marine Pollution Bulletin., vol 34., N11., pp.949-
959.
HUNTER K.A., BOYD P. 1997. Has trace metal marine biochemistry come of age?
Proceedings of trace elements group of New Zealand., MACASKILL.
IWEMA A. 1997. Traitement des eaux usées, des déchets, gaz biogénique., Chapitre., La
biotechnologie en France et dans le monde., DUNOD., pp. 701-713.
JEANNOT R., LEMIERE B., CHIRON S. 2001. Guide méthodologique pour l’analyse des
sols pollués. BRGM., document N°28., 85p.
JOHONSSON K.J. 1989. Metals in sediment of lake in northern sweden. Water, Air and
Soil Pollution., Vol46.,pp.442-455.
JORDAO C.P., PEREIRA M.G., PEREIRA J. 2002. Metal contamination of river waters
and sediments from effluents of kaolin processing in Brazil., Water, Air and Soil
Pollution.,Vol 40., pp. 119-139.
KALLEL M.R. 1989. Hydrologie du lac de Bizerte - Monographie Ministère de l’Agriculture.,
41p.
KAMENS J., PILKEY O., WHALING P. 1984. La sédimentation dans le lac de Bizerte.
Note du Service Géologique., N°49., pp 5-28.
LAGIER T., FEUILLARDE G., MATEJKA G. 2001. Devenir des métaux lourds (cuivre et
nickel) dans les décharges d’ordures ménagères. Déchets., N°21., 1er trimestre., pp.11-15.
LARCHER D. 2003. Propriété physico-chimique de l’eau. DESS.Univ., Picardie-Jules Verne.,
36p.
LEBIGRE J.M., MARIUS C., LARQUE P. 1990. Les sols et les marais maritimes du littoral
occidental malgache., Cahiers ORSTOM., Série pédologie., Vol XXV., N°3., pp. 277-
286.
LECOURBE V., LENER J.P .1998. AA, ICP-AES, ICP-MS, quelle(s) technique(s) choisir?
1ère partie : présentation des techniques. Spectra Analyse., N°205.
LEGELEUX F., REYSS J.L., FLORIS S. 1995. Entraînement des métaux vers les
sédiments sur les marges continentales de l’atlantique Est. Comptes Rendus de
l’Académie des Sciences., Paris., t 320., série IIa., pp. 1195-1202.
LI X., SHEN Z., WAI O.W.H., LI Y.S. 2001. Chemical forms of Pb, Zn, and Cu in the
sediment profiles of Pearl River estuary. Marine Pollution Bulletin., Vol 42., N° 3., pp.
215-222.
LOSNO R. 2002. Le cycle atmosphérique des métaux et d’autres éléments chimiques.
Diplôme d’Habilitation à diriger les recherches.Univ Paris.32p.
LOUATI. 2000. Economie d’Eau, annuaire de l’exploitation des nappes profondes., Rapport.,
Ministère de l’Agriculture.,Tunisie.
M.E.D.I.E.N 1998. Etude sur la gestion des déchets dangereux. phase I. Rapport,
ANPE.,Tunisie., 89p.,ann.
MAES M. 1986. Déchets industriels : mode d’emploi., TEC & DOC., Paris., 495p.
MAISONNEUVE V., VIGNOLES M. 2000. Etude de transfert des ETM vers le sol et les
plantes -. INRA.
MANSOURI T. 1996. Application de la télédétection et des SIG à l’étude du fonctionnement
hydrologique du lac de Bizerte.DEA.FST. Tunis.91p.
MARENDAZ J.L. 1998. Dangers du diméthylmercure. L’Actualité Chimique., Avril., pp. 25-
26.
MATHLOUTHI S. 1988. Les héritages continentaux et marins d’âge quaternaire dans les
environs du système lacustre de Bizerte (extrême nord-est tunisien). Méditerranée., N°2.,
pp.42-51.
MEDDEB M.N. 1993. Potentialités géothermiques de la Tunisie Septentrionale.
Th.Univ.Tunis II., 192p.
MELKI F. 1997. Tectonique de l’extrémité Nord-Est de la Tunisie (Bizerte-Menzel
Bourguiba-Mateur).Th.Doct.Univ.Tunis II., 213p.
MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES
RESSOURCES HYDRAULYQUES (MAERH). 2004. Etude sur la dépollution
industrielle dans le bassin versant du lac de Bizerte. Rapport phase II version
provisoire., 236p.
MINISTERE DE L’AGRICULTURE, DE L’ENVIRONNEMENT ET DES
RESSOURCES HYDRAULYQUES (MAERH). 2005. Etude sur la dépollution
industrielle dans le bassin versant du lac de Bizerte. Rapport phase III.
MORLOT M. 2001. Aspects analytiques du plomb dans l’environnement. TEC & DOC.,
Paris., 475p.
MOSBAHI M. 2002. Contribution à l’étude du degré de pollution dans la lagune de Bizerte.
Master., Faculté des Sciences de Bizerte., Université 7 Novembre., 60p. Tunisie.
NOWAK C., MOSSMAN J.R., SAADA A., 2002. Etat de connaissance sur l’atténuation
naturelle : mécanismes et mise en oeuvre. Rapport B.R.G.M.,RP-51960-FR,97p.,9 fig.,
10 tabl., 4 ann.
O’NEILL H.J., MCKIM M., ALLEN J., CHOATE J. 1994. Surveillance de la qualité des
eaux de surface, guide., Environnement Canada.,170p.
OUAKAD M. 1982. Evolution sédimentologique et caractères géochimiques des dépôts
récents de la Garaet el Ichkeul. (Tunisie septentrionale).Th.Doct.3emecycle.Univ.
Perpignan., 166p.
OUESLATI A. 1994. Les côtes de la Tunisie : recherches sur leur évolution au Quaternaire.
Vol XXXV., Univ. Tunis I.
OWEN R.B., SANDHU N. 2000. Heavy metal accumulation anthropogenic impacts on Tolo
Harbour, Hong Kong. Marine Pollution Bulletin., Vol 40., N°2., pp.174-180.
PENGELLY A., SAMMUT F., VANLERSEL D. 1998. Contrôle de pollution industrielle en
Tunisie., Audit environnemental de l’usine el Fouleth.Rapport., ANPE., Tunisie.
PERES J.M., FONTAINE M. 1976. La pollution des eaux marines. Gauthiers-Villars., 227p.
PERICHAUD A. 2003. Les peintures antisalissures marines. L’Actualité Chimique., Juin.,
pp.3-6.
PESSON P. 1980. La pollution des eaux continentales, incidences sur la biocénoses
aquatique. GATHIER-VILLARS.,2eme édition., 342p.
PINTA M. 1970. Revue des problèmes de contamination dans le dosage des traces. Colloque
National, Dosage des éléments à l’état de traces dans les roches et les autres substances
minérales naturelles. Nancy., pp. 25-40.
POINT D. 2000. Préconcentration des éléments en traces et séparation de leurs matrices dans
les eaux estuaires., DEA.,Univ. Paris Sud., 27p.
QUEVAUVILLER P. 2001. Métrologie en chimie de l’environnement. TEC & DOC., Paris.,
253p.
RAÏS M. 1999. Géochimie des métaux lourds (Fe, Mn, Pb, Zn, Cu, Ni, et Cd) dans les eaux de
surface du golfe de Tunis. Mobilité et Impact des activités anthropiques. Th.Doct. Univ.
TunisII., 211p
RODIER J. 1996. L’analyse de l’eau : eau naturelle, eau résiduaire, eau de mer . 8eme
édition.DUNOD.1365p.
ROMDHANE M. S., BELKHOUJA H. 2004.Interaction entre la qualité du substrat et la
faune malacologique de la lagune de Bizerte. Final report research promotion
programme., pp.115-124.
RUEDA J., CAMACHO A., MEZQUITA F., HERNANDEZ R., ROCA J.R. 2002. Effect
of episodic and regular sewage discharge on the water chemistry and macroinvertebrate
fauna of a mediterranean stream., Water, Air and Soil Pollution.,Vol 40., pp. 425-444.
RUMP H.H., KRIST H. 1992. Laboratory manuel for the examination of water, waste water
and soil. 2nd edition., VCH., Germany., 190p.
SAAD S. 2003. Géologie, Ressources et qualité des eaux du bassin versant de l’Ichkeul.,
DEA, Université El Manar.,Tunis.,167p.
SAINFELD P. 1952 . Les gîtes plombo-zincifères de Tunisie. Annales des mines et de la
géologie N°9., 281p.,4ann.
SASSI A. 1999. Les lagunes côtières de la Tunisie. Th. Univ. TunisII., 95p.
SCHALLA R., WEBBER W.D., SMITH R.M. 2001.Selection of sampling pumps used for
groundwater monitoring at the Hanford site. Pacific Northwest National Laboratory.
USA. 87p.
SOUISSI N., BOUSSELMI L., GHRABI A. 2004. Essais de caractérisation de la pollution
chrome et nitrate dans les eaux du lac de Bizerte par chromatographie es paires d’ions
avec détection conductimétrique. Final report research promotion programme.,pp. 133-
139.
SOUSSI N. 1981. Mécanisme de sédimentation et évolution paléogéographique de la lagune
de Bizerte (Tunisie) durant le Quaternaire récent. Th.Doct. 3eme cycle ;Univ. Paul Sabatier
de Toulouse., 229p.
SRARFI F. 1996. Evaluation de l’efficacité et optimisation d’une station de prétraitement des
rejets de teinturerie .mémoire P.F.E, Ecole Nationale des Ingénieurs de Sfax.,45p.
SRARFI F. 2003. Analyses thermiques (DSC, ATG) ; Analyses élémentaires inorganiques
(ICP/MS). Rapport. Service Central d’Analyse, Lyon.
SRARFI F., SLIM SHIMI N., TAGOURTI M.A. 2004. Impact of the urban and the industrial
waste on the geochimical equilibrium of the Bizerte lagoon system (Tunisia). Actes du
Tunisia-Japan Symposium on Culture, Science and Technologie, pp 145-147.
SRARFI F., SLIM SHIMI N., TAGOURTI M.A. 2004. Les rejets anthropiques et leur
influence directe sur l’évolution actuelle de la lagune de Bizerte. Notes du Service
Géologique N°7, pp 55-64.
SRARFI F., SLIM-SHIMI N. 2004. Evaluation Simplifiée des Risques : une approche qui
s’applique au Nord de Tunisie. LARYSS Journal N°3, pp185-196.
SULLIVAN D.J., SHORE J.S., RICE J.A. 2000. 113Cd double resonance NMR as a proble
clay mineral cation exchange sites., American Mineralogists., Vol 85., pp.1022-1029.
TEHLKE T.A., IMBRIGIOTTA T.E., DALE J.M. 2002 . Laboratory comparison of
polyethylene and dialysis membrane diffusion samplers. Ground Water monitoring and
remediation. Vol 8; N°21, 18p.
TENTHOREY E., SCHOLZ H.C. 2002. Mapping secondary mineral formation in porous
media using heavy metal tracers. Journal of Geophysics Reaserch., Vol 107.,N°B10.,
pp.1-13.
THIERRIN J., STEFFEN P., CORNAZ S., 2001. Guide pratique de l’échantillonnage des
eaux souterraines. Office Fédéral de l’Environnement des Forêts et du Paysage (OFEFP).
THORTON S.F., LERNER D.N., DAVIDSON R.M. 2002. Groundwater monitoring.
Encyclopedia of environmetrics. Vol 2. pp 960-974.
TOSTMANN K.H. 1993. Les charges industrielles sur l’environnement causées par le
traitement chimique des métaux en Tunisie. Rapport ., ANPE. 42p.
TRABELSI S. 2001. Contribution à l’étude par HPLC des hydrocarbures aromatiques
polycycliques dans les sédiments. Application : évaluation préliminaire de la
contamination de Bizerte. D.E.A., Faculté des Sciences de Bizerte., Université de 7
Novembre., 84p.
TRIPLET L., BURFORD P., SIELAFF B., CLARK R.C. 1997. Sampling procedure for
ground water monitoring wells, guide, Minisota Pollution Control Agency.
VILLENEUVE C. 2002. La séquestration du carbone : perspective pour le Québec., Rapport.,
Assemblée Nationale du Québec .,17p.
WALLSCHLAGER D., DESAI V.M., SPENGLER M., WILKEN R.D. 1998. Heavy metals
in the environnement. Journal Environnement Quality., pp.1040-1044.
WINEFORDNER J.D. 1975. Trace analysis spectroscopic methods for elements. John Wily
and Sons., London.
View publication stats

YACOUBA S. 2003. Contribution à l’évaluation du niveau de contamination des sédiments


de la lagune de Bizerte par les biphényles polychlorés. D.E.A., Faculté des Sciences de
Bizerte., Université de 7 Novembre., 66p.
YOSHIDA M., HAMDI H., ABDUL NASSEUR I., JEDIDI N. 2004. Contamination of
potentially toxic elements in Bizerte Lagoon sediments, surface sediment and sediment
reposity. Final report research promotion programme., pp. 31-54.
YOSHIDA M., KALLALI H., GRABI A. 2004. Solid waste landfills and soil/sediment
contamination around Bizerte lagoon : possible source of pollution. Final report research
promotion programme., pp. 5-20. Tunisie.
YOSHIDA M., SHIPBOARD SCIENTISTS TEAM. 2004. Mobility of potentally toxic
element from the bottom sediment of Bizerte lagoon-sequential leaches and acid
extraction. Final report research promotion programme., pp. 55-70.
YU Q., MATHEICKAL J.T., YIN P., KAEWSARN P. 1999. Heavy metals uptake
capacities of common marine macro algal biomass. Water Ressources., Vol 33., N°6.,
pp. 1534-1537.
ZIADI K. 1991. Planification des actions de conservation des eaux et du sol, gouvernorat de
Bizerte. Rapport scientifique., Direction de la Conservation des Eaux et des Sols.,
Tunisie.

Vous aimerez peut-être aussi