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RÉCITS

en provenance

D’AFRIQUE:
Changer des vies grâce
à une alimentation
saine et diversifiée
©FAO/Luis Tato
RÉCITS
en provenance

D’AFRIQUE:
Changer des vies grâce
à une alimentation
saine et diversifiée

Organisation des Nations Unies pour


l’alimentation et l’agriculture
Accra, 2021
Citer comme suit:
FAO. 2021. Récits en provenance d’Afrique - Changer des vies grâce à une alimentation saine et diversifiée. Accra.
https://doi.org/10.4060/cb2841fr

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d’autres sociétés ou produits analogues qui ne sont pas cités.
ISBN 978-92-5-134105-6
© FAO, 2021

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Photographie de la couverture/quatrième de couverture: ©FAO


Table des matières ii

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


01
L’élevage de poulets
04
Lutter contre la faim
08
Microjardins au Sénégal:
donne aux femmes cachée au Zimbabwe De petites choses font
turkana du Kenya un avec du maïs biofortifié réaliser de grandes choses
sentiment de propriété

10
Éducation nutritionnelle
12
Un pas de géant vers
14
Porter des fruits: nouvelles
16
Inspirer une éducation
pour les ménages une alimentation saine techniques innovantes nutritionnelle efficace au
vulnérables au Sénégal au Botswana pour la phéniciculture Nigeria et au-delà
en Érythrée

18
De la précarité au bien-
20
L’irrigation contribue à
24
Madagascar: Miza découvre
28
Le poisson, source
être: de l’espoir et une la production d’aliments les avantages de la production d’espoir pour des femmes
meilleure nutrition nutritifs dans les zones et de la consommation en Somalie
au Cameroun grâce à arides du Kenya d’aliments variés
l’élevage de poulets

30
Que nul ne soit laissé pour
34
La sécurité alimentaire
38
Combattre efficacement
40
Les bars à lait améliorent
compte: La FAO aide les et la nutrition au cœur la malnutrition chronique la nutrition et les revenus
écoles et les agriculteurs des interventions de la par l’agriculture au Soudan du Sud
engagés dans l’éradication de FAO face aux cyclones au Rwanda
la malnutrition en Gambie au Mozambique

42
Une jeune agripreneure
46
La transformation pour
48
Cabo Verde: Entretien
50
Améliorer les
tanzanienne s’épanouit prévenir la perte de avec un nutritionniste connaissances, les
dans le secteur des nourriture et améliorer la attitudes et les pratiques
aliments nutritionnels nutrition en Zambie pour renforcer la nutrition
grâce au soutien de la FAO des ménages au Malawi
Avant-propos v

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Par Abebe Haile-Gabriel
Sous-Directeur général et Représentant régional pour l’Afrique de la
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)

UN RÉGIME alimentaire sain composé de légumes, de


protéines et de fruits frais est essentiel pour éliminer la faim et toutes
les formes de malnutrition et atteindre l’Objectif de développement
durable 2, à savoir «Faim Zéro» à l’horizon 2030.
Malheureusement, une alimentation saine fois la moyenne mondiale – et enregistrait la
est devenue un luxe inaccessible à près d’un croissance la plus rapide du nombre de per-
milliard d’Africains, selon le rapport L’État de sonnes souffrant de la faim parmi toutes les
la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le régions. Si les tendances récentes persistent,
monde 2020. l’Afrique devancera l’Asie pour devenir la
région comptant le plus grand nombre de
À l’échelle mondiale, le coût d’une
personnes sous-alimentées, soit la moitié du
alimentation saine est au-dessus du seuil de
total, en 2030.
pauvreté international, ce qui signifie que les
personnes qui gagnent moins de 1,90 dollar Des actions audacieuses – dans les
américains par jour n’ont pas les moyens de communautés, les parlements et au niveau
consommer des calories et des nutriments international – sont nécessaires pour trans-
nécessaires provenant de divers groupes d’ali- former les systèmes alimentaires, rendre les
ments. Cette crise d’accessibilité présente le régimes alimentaires sains abordables et faire
plus grand défi en Afrique plus que dans toute progresser la réalisation de l’ODD 2.
autre région.
Les activités de la Organisation des Nations
Le problème a été aggravé par la covid-19, qui Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
a perturbé les chaînes d’approvisionnement en Afrique sont motivées par ces objectifs, et
alimentaire et les moyens de subsistance de nombreuses interventions y réussissent,
à des degrés divers sur le continent. Pour apportant l’espoir et une meilleure nutrition à
certains ménages, cela signifie qu’ils ont de de nombreuses communautés.
plus en plus de difficultés à accéder à des
Récits en provenance d’Afrique met en lumière
aliments nutritifs.
les activités transversales de la FAO en
Ce n’est pas tout. Au plus fort de la pandémie, matière de nutrition: des microjardins au
les restrictions de circulation ont entraîné Sénégal aux techniques agricoles innovantes
une diminution de la clientèle sur les marchés en Érythrée, et de l’élevage de poulets au
de fruits et légumes dans certains centres Cameroun à la promotion d’une agriculture
urbains, ce qui a fait gaspiller des produits intégrant l’enjeu nutritionnel au Rwanda.
frais. Les poissonniers ont été confrontés à
Ces récits d’espoir montrent que grâce au
des problèmes similaires.
dur travail, à l’innovation et aux partenariats,
Même avant l’apparition de la pandémie de il est encore possible d’éliminer la faim et
covid-19, l’Afrique avait la plus forte préva- toutes les formes de malnutrition malgré les
lence de la sous-alimentation – plus de deux défis mondiaux.
Remerciements
vi
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Nous remercions les membres suivants de l’équipe de la FAO


en Afrique pour avoir collaboré à cette publication:
Abdoulaye Kossibo Leonard Makombe
Abdourahman Zourmba Lusia Heita
Abebe Banjaw Lydia Limbe
Abisha Damba Mark Acire Nyeko
Aissa Mamadoultaibou Martha Chanda Munalula
Aissatou Vamoulke Mattia Romano
Alberto Trillo Barca Mercy Chikoko
Amadou Bah Nomathemba Mhlanga
Aron Haile Rui De Almeida Santos
Cynthia Matare Samuel Baafi
Delilah Takawira Samuel Creppy
Daniel Mvondo Sanou Dia
Diana Carter Solange Heise
Djibril Drame Telciana Nhantumbo
Donald Chidoori Teopista Mutesi
Freya Morales Albaba, Tezeta Hailemeskel
Gaelle Ngando Mbaye Towela Munthali
Irene Kimani Volantiana Raharinaivo
Joas Fiodehoume Yacine Cisse
Kankou Kaba
Et nous remercions tout particulièrement
Kewaone Ntshonga
Mphumuzi Sukati et Koffi Amegbeto.
Ki Min

Zoie Jones
Rédactrice en chef
1

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


L’ÉLEVAGE DE POULETS
DONNE AUX FEMMES

TURKANA
du KENYA
un sentiment de propriété

LES TURKANA sont principalement une communauté


pastorale, et leur principale source de revenus est l’élevage de
chèvres et de bétail. Plus le troupeau est important, plus l’homme
est considéré comme riche, mais cette richesse ne profite pas
aux femmes.

TOPE TOKON, L’AFFAIRE posée. Devant les hommes se trouve un tas de


«RÉSERVÉE AUX HOMMES» feuilles qui leur sert de table. La plupart des
Avant qu’une chèvre ne soit abattue, les hommes ont un couteau courbe traditionnel
anciens font un rituel pour remercier les dieux en acier pour couper un morceau de la viande
pour la nourriture. Une patte est mise de côté rôtie avant de la passer au suivant.
pour la femme du propriétaire de la chèvre, en
signe de reconnaissance pour avoir pris soin
UN VENT DE CHANGEMENT GRÂCE
À L’ÉLEVAGE DE POULETS
de la chèvre. L’animal est ensuite rôti avec
sa peau, ce qui se dit tope tokon en langue Les choses ont changé depuis l’intervention
turkana, et qui se traduit approximativement de la FAO. Arukudi Erupe a été introduite
par «rôtir jusqu’à cuisson». à l’élevage de poulets en 2016 par l’équipe
locale de la FAO. Traditionnellement, les
Tope tokon est une affaire «réservée aux Turkana ne consomment ni n’élèvent
hommes». Ils s’assoient en cercle sur leurs de poulet. La FAO a donc dû dispenser
tabourets traditionnels, du plus âgé au plus une formation approfondie sur la valeur
jeune. Au centre se trouve un feu fait à partir nutritionnelle des poulets et des œufs, ainsi
de bois de chauffage ramassé dans la forêt que sur la façon d’élever les poulets.
voisine, sur lequel la chèvre est directement
2 Arukudi a très tôt adopté l’élevage de poulets,
ayant vu le rythme rapide auquel ils se mul-
tiplient par rapport aux chèvres. La race
barils d’huile surélevés, introduits par le
Conseil norvégien pour les réfugiés en par-
tenariat avec la FAO. Elle vaccine ses poulets
améliorée qui a été introduite par la FAO est avec diligence, conformément la formation
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

également vendue à un bon prix – 1 000 à dispensée par la FAO, et y intègre parfois
1 200 shillings kenyans par poulet adulte, et des connaissances indigènes comme l’uti-
les œufs sont une bonne source de nutrition. lisation du margousier, de l’aloe vera et du
piment pour les protéger contre la maladie
«J’ai été convaincue de commencer l’élevage
de Newcastle.
du poulet parce que c’était enfin quelque
chose dont je pouvais m’approprier plei- Arukudi, qui a 31 ans et six enfants, a
nement. Traditionnellement, nous nous maintenant un troupeau de 23 oiseaux, à
occupons des chèvres mais nous n’en partir des sept qu’elle avait initialement reçus
sommes pas les propriétaires. Si j’ai un visi- de la FAO pour commencer avec. Elle utilise
teur, je ne peux pas décider de lui abattre également les fientes de poulet pour faire
une chèvre. Mais maintenant, avec le poulet, pousser du chou vert et de l’amarante dans
j’ai une totale autonomie en matière de son potager.
décision», dit Arukudi.
Le projet Champ-école des producteurs sur
La fille d’Arukudi a également commencé à l’élevage a été financé par l’Union européenne
élever des poulets. Pour tenir les serpents et pour apprendre à la communauté pastorale
les mangoustes à distance, Arukudi utilise des une meilleure gestion du bétail, y compris l’in-
troduction de l’élevage de poulets.

«Depuis que j’ai commencé à élever des


poulets, je peux gagner de l’argent grâce
aux ventes, mes enfants mangent des œufs
et nous avons maintenant aussi accès à des
«J’ai été convaincue de légumes que nous utilisons pour compléter
commencer l’élevage du notre alimentation à base de viande et de lait
poulet parce que c’était enfin traditionnels», ajoute Arukudi.
quelque chose dont je pouvais
m’approprier pleinement...»
- Arukudi Erupe, Kenya

©FAO/Luis Tato
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION
«Depuis que j’ai commencé à élever des
poulets, je peux gagner de l’argent grâce
aux ventes, mes enfants mangent des œufs
et nous avons maintenant aussi accès à des
légumes que nous utilisons pour compléter
notre alimentation.»

- Arukudi Erupe, Kenya

©FAO/Luis Tato
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Le Programme sur les moyens de


subsistance et la sécurité alimentaire au
Zimbabwe fait la promotion du maïs riche
en vitamine A et des haricots riches en fer
par le biais de parcelles de démonstration,
la distribution de semences pour essai et
de foires de dégustation communautaires.
©FAO
LUTTER contre la 5
FAIM CACHÉE au ZIMBABWE

MAÏS

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


avec du

BIOFORTIFIÉ
VIRGINIA et JEALOUS Machimbirike sont
des agriculteurs de subsistance, qui dépendent princi-
palement de la nourriture qu’ils produisent pour
leur consommation domestique. Comme beaucoup
La biofortification est le processus
d’autres familles d’agriculteurs au Zimbabwe, le par lequel on obtient une teneur
changement climatique et les récentes faibles précipi- accrue en nutriments des cultures
tations ont affecté leur production agricole, ce qui leur vivrières grâce à la sélection
végétale conventionnelle, à des
a rendu difficile de fournir une alimentation adéquate pratiques agronomiques améliorées
à eux-mêmes et à leurs enfants. ou à la biotechnologie moderne.
Le LFSP encourage les cultures
«Mes enfants avaient développé une En 2013, le Gouvernement du biofortifiées ainsi que les plantes
peau malsaine. Cela m’inquiétait Royaume-Uni, par l’intermédiaire sauvages indigènes, d’autres
beaucoup», dit Virginia, qui vit dans de l’actuel Ministère des affaires cultures et le bétail afin d’accroître
un village du district de Zvimba étrangères, du Commonwealth l’accès des petits agriculteurs aux
dans la province de Mashonaland et du développement (FCDO, aliments nécessaires à la diversifica-
Ouest. Zvimba est l’un des 20 dis- anciennement DFID), a commencé tion des régimes alimentaires.
tricts du Zimbabwe identifiés à financer le Programme sur les
comme ayant une forte prévalence moyens de subsistance et la sécu- Au Zimbabwe, près d’un enfant
de malnutrition (30,7 pour cent rité alimentaire au Zimbabwe sur cinq souffre d’une carence en
selon l’Enquête nationale sur la (LFSP) géré par la FAO et Palladium, vitamine A, ce qui peut entraîner
nutrition au Zimbabwe 2018). avec le soutien technique stra- des lésions oculaires, un ralen-
tégique sur la biofortification de tissement de la croissance et un
Une lueur d’espoir est apparue risque accru de maladies courantes
Harvest Plus. Le programme a
lorsque le couple a participé à comme la diarrhée, la rougeole et
introduit la culture conventionnelle
une formation sur la culture et la la pneumonie.
de produits biofortifiés, tels que
consommation de produits bio-
des variétés de maïs orange riche «Ayant appris les bienfaits de la
fortifiés en compagnie d’autres
en vitamine A, des haricots riches consommation de maïs orange
agriculteurs du district. La for-
en fer et des patates douces à chair riche en vitamine A pour la santé
mation comprenait l’adoption de
orange, comme stratégie complé- lors de formations, j’ai décidé d’es-
bonnes pratiques agricoles visant
mentaire pour aider à traiter les sayer de le cultiver. Je comprends
à améliorer l’état nutritionnel des
carences en micronutriments, ou que ce maïs est important pour
familles, en particulier des enfants.
«faim cachée». ma famille et pour moi car il nous
donne de la vitamine A. Il nous
donne aussi une bonne santé.
«C’est incroyable de
6 J’achète des semences dans
un magasin agroalimentaire
local. Je les cultive pour ma
rencontrer ces ménages
agricoles qui cultivent
2019/2020 était de 8 500 hectares,
la grande majorité étant dans les
districts où le LFSP est mis en œuvre.
famille afin que nous ayons une de délicieux produits
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Le Gouvernement du Zimbabwe
meilleure santé», dit Jealous.
biofortifiés...» a inclus la biofortification dans le
La famille Machimbirike cultive Cadre national de politique agri-
du maïs orange riche en vita- cole (NAPF) 20192030, qui guide
mine A depuis 2015 et n’a jamais le secteur et encourage les inves-
regardé en arrière. Lorsque tissements dans l’agriculture pour
- Melanie Robinson, l’ambassadrice
la famille en a commencé la assurer la création de richesse et la
culture, c’était sur 0,1 hec- du Royaume-Uni au Zimbabwe sécurité alimentaire.
tare de terre, et la superficie
Les organisations donatrices ont
a augmenté chaque saison Je suis heureuse de l’introduction
également soutenu la biofortifi-
depuis lors. «Malgré les fréquentes du maïs orange riche en vitamine A à
cation au Zimbabwe, le FCDO du
sécheresses et l’irrégularité des pré- cause de ses bienfaits pour la santé,
Royaume-Uni ayant consacré environ
cipitations, nous obtenons toujours en particulier pour mes enfants»,
72,4 millions de dollars américains
une bonne récolte car le maïs orange ajoute Virginia.
au LFSP, dont près de 4,6 millions de
riche en vitamine A s’est révélé résis-
La production du maïs orange riche dollars ont été alloués spécifique-
tant à la sécheresse par rapport aux
en vitamine A s’est maintenant ment au travail de collaboration avec
autres variétés de maïs», explique
étendue aux huit provinces rurales HarvestPlus pour promouvoir les
Jealous. Au cours de la saison agri-
du pays, dont 30 districts. Grâce à cultures biofortifiées.
cole 2019/2020, la famille a planté
cette intervention du LFSP, plus de
au moins un hectare de maïs orange «C’est incroyable de rencontrer ces
350 000 agriculteurs cultivent des
riche en vitamine A et prévoit d’en ménages agricoles qui cultivent de
produits biofortifiés au Zimbabwe,
récolter deux tonnes. délicieux produits biofortifiés. Ces
et on estime que près d’un million
cultures sont plus nutritives pour
«Après avoir consommé du maïs d’entre eux ont une connaissance
leurs enfants et réussissent pen-
orange riche en vitamine A pendant de ces cultures à ce jour. Ce nombre
dant les années de sécheresse. Ce
un certain temps, j’ai remarqué devrait augmenter avec l’introduc-
serait formidable de voir chaque
que la santé de mes enfants s’est tion récente des patates douces à
agriculteur du Zimbabwe cultiver
beaucoup améliorée, et ils ont chair orange dans le panier alimen-
et consommer ces produits biofor-
maintenant une peau apparemment taire biofortifié. Une évaluation
tifiés», déclare Melanie Robinson,
saine. Ils préfèrent désormais la nationale de 2020 sur les cultures et
l’ambassadrice du Royaume-Uni
sadza au maïs orange (une bouillie le bétail a estimé que la superficie
au Zimbabwe, lors d’une visite sur
servant comme aliment de base au totale consacrée à la production
le site d’un projet du LFSP dans le
Zimbabwe) à la sadza au maïs blanc. de maïs orange pour la saison
district de Mazowe.

La biofortification est le processus par lequel


on obtient une teneur accrue en nutriments des
cultures vivrières grâce à la sélection végétale
conventionnelle, à des pratiques agronomiques
améliorées ou à la biotechnologie moderne.
Aujourd’hui, le Zimbabwe dispose
de cinq variétés de maïs biofortifié
en vitamine A et de deux variétés de
de maïs riche en vitamine A et du
haricot riche en fer est le même que
celui d’autres variétés de cultures
avons apprécié la saveur et nous
sommes donc impatients de les
produire», déclare une femme
7
haricot riche en fer, officiellement similaires. Les semenciers n’ont participant à un groupe de dis-

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


mises en circulation pour la produc- vu aucune raison de faire varier le cussion organisé pour évaluer
tion et la consommation. L’Institut prix, puisque la production de ces les progrès de la promotion des
national de sélection des cultures variétés n’entraîne pas de coûts de cultures biofortifiées.
(CBI) du Ministère des terres, de production supplémentaires.
Le LFSP a également commencé à
l’agriculture, de l’eau et de la réins-
Le LFSP travaille en étroite promouvoir les produits biofortifiés
tallation rurale (MLAWRR) a procédé
collaboration avec plusieurs dans les écoles. Des écoles primaires
à la sélection locale de ces variétés,
ministères et départements gou- et secondaires ont reçu des paquets
avec le soutien technique et financier
vernementaux pour promouvoir de semences de maïs riches en
du Centre international pour l’amé-
le maïs riche en vitamine A et vitamine A et de haricots riches en
lioration du maïs et du blé (CIMMYT),
les haricots riches en fer, notam- fer pour leur culture et consomma-
du Centre international d’agriculture
ment par le biais de parcelles de tion dans le cadre des programmes
tropicale (CIAT) et de HarvestPlus.
démonstration, la distribution de de repas scolaires. Les élèves
Toutes les cinq variétés ont été
semences pour essai et de foires de apprennent également les avantages
autorisées pour une production
dégustation communautaires. nutritionnels des produits bioforti-
commerciale de semences certifiées
fiés dans le cadre de leur programme
et pour la distribution et la commer- «Nous avons dégusté du maïs
d’agriculture et de sciences.
cialisation à l’échelle nationale par orange et des haricots lors d’une
plusieurs groupes semenciers locaux. démonstration culinaire. Nous en
Le LFSP a soutenu cette démarche
afin de garantir un accès durable
Jealous et Virginia Machimbirike ont commencé à cultiver du
aux semences pour tous les agricul-
maïs biofortifié avec des quantités accrues de vitamine A en
teurs, même après le programme.
Au Zimbabwe, le prix des semences
2015 dans le cadre du Programme sur les moyens de
subsistance et la sécurité alimentaire au Zimbabwe.

©FAO
Guilé Mané a appris de
nouvelles techniques de
culture sans sol, plus écono-

8 miques. Elle partagera


ses compétences avec les
80 membres de son associa-
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

tion de femmes qui cultivent


des légumes pour la vente.

©FAO

MICROJARDINS
au SÉNÉGAL: De PETITES CHOSES FONT
RÉALISER de GRANDES CHOSES

COMMENT LE MICROJARDINAGE sur l’hydroponie et


URBAIN CONTRIBUE À LA LUTTE le compostage que
POUR LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE je ne connaissais pas
ET NUTRITIONNELLE auparavant», explique-t-il.
«Je voulais pratiquer le microjardinage à Sa première réalisation
la maison, afin de fournir du travail à mes après une semaine de formation est de
parents et former les femmes de mon village construire une table de microjardin pour sa
de Fouta pour qu’elles puissent elles aussi mère, «afin qu’elle puisse s’entraîner et faire
en faire une activité génératrice de revenus», pousser de la menthe pour son ataya [thé]
explique Aboubakry Wade, l’un des partici- quotidien», dit-il. À l’avenir, Aboubakry veut
pants à un programme de formation de la FAO former d’autres jeunes au microjardinage
sur le microjardinage pour les jeunes et les dans tout le Sénégal.
femmes. «J’ai beaucoup appris, notamment
Les microjardins sont de petits jardins
sans sol adaptés aux zones urbaines et en
particulier aux quartiers à forte densité de
fournir la même formation aux membres de
notre association afin qu’elles connaissent
cette technique et la pratiquent», dit-elle.
9
population et sans beaucoup d’espaces

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


À l’issue de la formation théorique et
verts. Selon l’un des formateurs, Coumba
pratique de trois semaines, les participants
Diop, toutes les cultures au sol peuvent être
ont pu réaliser des microjardins sans sol, y
cultivées sur des tables ou dans des objets
compris la préparation de substrats solides
récupérables tels que des bouteilles, des réci-
et liquides et du compost, et la culture de
pients ou des pneus usagés. Elles permettent
légumes et d’herbes. Ils retourneront dans
aux familles à faibles revenus de produire
leurs communautés pour partager leurs
des légumes et des herbes à la maison pour
nouvelles compétences.
enrichir leurs repas en vitamines et minéraux
essentiels à la santé. «Ceux qui ont participé à cette formation
peuvent créer une plateforme d’échange d’ex-
Simple et peu coûteuse, la technologie de
périences dans leurs communautés. À l’avenir,
microjardinage contribue également au recy-
la FAO, les municipalités et les partenaires
clage des déchets ménagers, permettant un
techniques et financiers peuvent soutenir
processus de maintien durable de la fertilité
les microjardiniers afin qu’ils puissent avoir
des sols et contribuant à rendre les villes plus
accès aux marchés pour un système de pro-
vertes. Ces deux atouts renforcent la rési-
duction beaucoup plus durable», déclare le
lience face au changement climatique.
Coordonnateur sous-régional pour l’Afrique
À ce jour, plus de 9 000 personnes (dont de l’Ouest et Représentant de la FAO au
80 pour cent de femmes) ont suivi la for- Sénégal, Gouantoueu Robert Guei.
mation à Dakar; 12 centres de formation et
Conformément à ses objectifs stratégiques
de démonstration ont été créés et des ses-
et aux Objectifs de développement durable
sions de formation ont été organisées dans
(ODD), la FAO a mis en place le programme
34 centres de production communautaires et
«Aliments pour les villes» avec une stratégie
24 écoles publiques.
de développement des villes vertes. Cette
Tout comme Aboubakry, Guilé Mané était stratégie promeut l’agriculture urbaine et
également désireux d’apprendre le micro- périurbaine et intègre des technologies telles
jardinage. Elle vient du village de Keur Bara que le microjardinage.
Tambédou de la région de Kaolack qui a béné-
Au Sénégal, l’approche des microjardins a été
ficié du projet «Un million de citernes pour
développée comme partenariat entre la FAO
le Sahel» de la FAO. Ce projet fournit de l’eau
et la ville de Dakar, avec un financement de la
potable et des excédents d’eau pour la pro-
Coopération italienne pour le développement
duction agricole familiale grâce à la collecte et
et de la municipalité de Milan.
au stockage des eaux de pluie.

Guilé est présidente d’une association de


Simples et peu
femmes qui cultivent de la laitue, de l’oignon,
coûteux, les micro-
du piment, de l’aubergine, de la menthe et
du gombo. Grâce à la formation, elle a appris
jardins peuvent
de nouvelles techniques de culture «sans être cultivés
sol, sans pesticides et plus économiques» dans les petites
qu’elle peut rapporter aux 80 membres de son zones urbaines
association. «Maintenant, je sais construire pour fournir des
une table et cultiver des produits maraîchers aliments frais
avec la technologie du microjardinage. Je vais et nutritifs.

©FAO
10 ÉDUCATION NUTRITIONNELLE pour les

MÉNAGES
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

VULNÉRABLES au SÉNÉGAL
«Je ne savais pas que
la malnutrition pouvait
affecter les femmes allai-
tantes, enceintes et les
personnes âgées...»
- Maty Diop, Senegal

©FAO/Mbeugué Thiam

Un jardin potager en escalier facilite la production d’une grande variété


de légumes, de feuilles et de fruits pour la consommation du ménage.
DE BONNES PRATIQUES
POUR UNE ALIMENTATION
SAINE ET DIVERSIFIÉE
rentré chez moi, je sensibiliserai tout
le monde, à commencer par mon
père qui est le chef de ménage, afin
11
d’essayer d’avoir un régime alimen-
«Je ne savais pas que la malnutrition

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


taire sain et équilibré», assure-t-il.
pouvait affecter les femmes allai-
tantes, enceintes et les personnes
TIP TAP, LE DISPOSITIF DE
âgées», soutient Maty. «De retour
LAVAGE DES MAINS POUR
dans ma commune, j’essaierai
PRÉVENIR DES MALADIES
d’organiser des séances de sensi-
bilisation pour partager avec ma ©FAO Les participants ont aussi suivi une
communauté ce que j’ai appris session sur l’installation du dispositif
durant la formation», ajoute-t-elle. Le dispositif tip tap tip tap, qui permet d’encourager le
encourage le lavage des lavage des mains dans les ménages
Maty Diop participe à la et dans les champs et de prévenir les
sensibilisation aux bonnes pratiques
mains pour améliorer
maladies. Il est fait de deux bâtons
alimentaires et d’hygiène pour la l’hygiène. fourchus et deux bâtons droits, une
prévention de la malnutrition dans corde, une bouteille de cinq litres,
sa commune de Keur Ngalgou. Une une ficelle, des gravions et du savon.
DES JARDINS POTAGERS
sensibilisation faite dans le cadre Au moment du lavage des mains,
POUR UN ACCÈS FACILE AUX
d’un projet de protection sociale ALIMENTS NUTRITIFS on utilise le savon accroché à côté
«Renforcement de la sécurité ali- du tip tap et l’eau de la bouteille en
mentaire, de la nutrition et de la La formation a été assurée par
appuyant sur une pédale.
résilience des ménages bénéficiaires des spécialistes de la nutrition de
des bourses de sécurité familiale la FAO et un maître formateur du La formation était organisée dans
Jal-Jeg», mis en œuvre par la FAO Réseau national des facilitateurs du le cadre du projet «Intégration de la
en collaboration avec la Délégation Sénégal (RNFS). Maty y a participé résilience climatique dans la produc-
générale à la protection sociale et à avec 16 autres personnes. Ils ont tion agropastorale pour la sécurité
la solidarité nationale (DGPSN). appris à installer un jardin potager alimentaire dans les zones rurales
en escalier, qui facilite la production vulnérables à travers les Champs-
Durant six jours, Maty a acquis des d’une grande variété de légumes, écoles des producteurs», mis en
connaissances sur la nutrition; les de feuilles et de fruits pour la œuvre par la FAO dans les régions de
bonnes pratiques d’hygiène, de consommation du ménage. Diourbel, Kaffrine, Kaolack, Louga,
préparation et de cuisson des ali- Matam et Tambacounda.
ments; l’alimentation du nourrisson, Awa Alassane Sow, membre du
du jeune enfant et des femmes Champ-école agropastoral (CEAP) de L’objectif est d’enseigner aux
enceintes et allaitantes; les causes et la commune de Barkedji, apprécie la participants les notions de base de la
les moyens de prévention de la mal- gestion facile du jardin. «Je n’ai pas nutrition et les meilleures pratiques
nutrition; ainsi que la diversification beaucoup d’espace chez moi mais agricoles pour avoir un régime ali-
et l’accroissement de la production. j’ai pu y installer le jardin potager mentaire sain et équilibré.
et certaines voisines ont décidé
Avec un paquet de services intégrés «C’est un programme que nous
d’en installer aussi chez elles», se
qui tiennent en compte l’enjeu sommes en train d’introduire dans
réjouit-elle. «Je n’achète plus cer-
nutritionnel tels que le maraîchage, le programme de formation des
tains légumes comme le navet et
l’aviculture, le renforcement de capa- Champs-écoles des producteurs pour
l’oignon, et certaines feuilles comme
cités, la FAO a soutenu 300 ménages encourager les populations à utiliser
la menthe».
vulnérables dans les communes de les produits locaux, à comprendre
Dinguiraye, Keur Ngalgou, et Missirah Abdoulaye Diene, agent technique davantage les différents groupes
dans la région de Diourbel. C’est d’agriculture, a, lui aussi, trouvé d’aliments et leurs valeurs nutri-
dans le volet renforcement de capa- intéressante l’activité liée à la mise tionnelles et à pouvoir utiliser ces
cités que Maty a pu bénéficier d’une en place du jardin potager: «C’est connaissances pour améliorer leur
formation en nutrition. simple, efficace et vraiment adapté à santé», souligne maître formateur
tous les types de ménages. Une fois Modou Fatma Mbow.
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Les recommandations nutritionnelles


pour le Botswana sont la première étape
pour garantir que les citoyens reçoivent
les informations et les orientations dont ils
ont besoin pour garantir une bonne nutri-
©FAO tion pour eux-mêmes.
UN PAS
DE GÉANT
13

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


VERS une ALIMENTATION SAINE
au BOTSWANA
Les régimes ALIMENTAIRES MALSAINS mations et les orientations dont ils
ont besoin pour garantir une bonne
persistent dans les communautés botswanaises, les nutrition pour eux-mêmes».

repas à emporter et les sorties au restaurant étant Les recommandations nutritionnelles


perçus comme des signes de richesse et de prestige fondées sur le choix des aliments
pour le pays fournissent des conseils
par les citadins. et des principes spécifiques sur les
régimes et les modes de vie sains
Les gens consomment de plus S’exprimant lors du lancement des
en prenant en compte le contexte
en plus d’aliments transformés recommandations, le Ministre de
national. Elles sont fondées sur des
riches en graisses et en sucre, et la la santé et du bien-être, Lemogang
preuves solides et intègrent, entre
popularisation de ces habitudes Kwape, a déploré l’augmentation
autres, les modes de production et
alimentaires malsaines a entraîné des niveaux d’obésité, en particulier
de consommation alimentaires d’un
l’obésité, l’hypertension, le diabète, chez les femmes et les enfants. Il a
pays, les influences socioculturelles,
le cancer et les maladies cardio- déclaré que le Botswana s’est engagé
les données sur la composition
vasculaires. Une enquête nationale à atteindre les cibles mondiales en
des aliments et l’accessibilité
montre que 18,8 pour cent des matière de nutrition pour 2025 de
des aliments.
adultes du pays sont en surpoids l’Organisation mondiale de la Santé
dont 11,8 pour cent sont obèses, et en ce qui concerne les maladies Les recommandations sont égale-
que 15,2 pour cent des enfants de non transmissibles. «Nous visons ment précieuses car elles peuvent
moins de 5 ans sont obèses ou pré- une augmentation de 30 pour cent servir à orienter un large éventail
sentent une insuffisance pondérale. de la population ayant des régimes de politiques et de programmes
alimentaires riches en fruits et en matière d’alimentation et de
Afin de remédier aux mauvaises
légumes, une réduction de 10 pour nutrition, de santé, d’agriculture et
habitudes de consommation ali-
cent de la prévalence de l’inactivité d’éducation nutritionnelle. Cela est
mentaire et d’atteindre l’Objectif
physique, un arrêt de l’augmentation particulièrement pertinent, car le
de développement durable 2, Faim
des cas de diabète et de l’obésité, récent rapport des Nations Unies,
Zéro (ODD 2), la FAO collabore avec
et une réduction de 10 pour cent de L’État de la sécurité alimentaire et de
le Gouvernement du Botswana
la consommation nocive d’alcool», la nutrition dans le monde, publié par
pour élaborer les premières
a-t-il déclaré. la FAO en collaboration avec d’autres
Recommandations nutritionnelles
agences, a révélé qu’une alimenta-
fondées sur le choix des aliments «D’excellentes recommandations
tion saine n’est pas accessible à plus
pour le pays. Ces recommandations nationales en matière de nutrition
de 70 pour cent des pays africains.
fourniront des informations et des aideront le gouvernement à amé-
conseils sur les aliments, les groupes liorer les régimes alimentaires et les L’engagement de la FAO en matière
d’aliments et les régimes alimentaires normes nutritionnelles dans tout le de nutrition remonte à sa création il
équilibrés pour un mode de vie sain. Botswana au profit de la population y a 75 ans, et la nutrition fait partie
Le Botswana fera partie de la pre- et de l’économie du pays», déclare le de la constitution et des objectifs
mière cohorte à mettre en place des Représentant de la FAO au Botswana, stratégiques de l’Organisation.
recommandations nutritionnelles, René Czudek. «Les recommandations Une bonne nutrition est également
sept autres pays africains seulement nutritionnelles pour le Botswana essentielle à la réalisation d’au moins
l’ayant fait. sont la première étape pour garantir 12 des 17 ODD.
que les citoyens reçoivent les infor-
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Les dattes sont une friandise


nutritive et sucrée qui a également
une importance culturelle dans de
nombreuses communautés.

Abdallah travaille sur un palmier dattier.


«Pour moi, planter un palmier-dattier, c’est
comme avoir un enfant, ça demande le
plus grand soin et un apport de ma part»,
©FAO dit-il.
PORTER DES FRUITS:
NOUVELLES TECHNIQUES INNOVANTES 15
pour la

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


PHÉNICICULTURE en ÉRYTHRÉE
ABDALLAH Suweilih Huweinmill prend très au sérieux la phéniciculture
(culture des palmiers dattiers). «Pour moi, planter un palmier-dattier, c’est comme
avoir un enfant, ça demande le plus grand soin et un apport de ma part», dit-il.

Cet agriculteur s’est intéressé pour la multiplier rapidement le nombre de plantules


première fois à la culture de ce fruit sucré et qui peuvent ensuite être distribuées aux agri-
nutritif lorsqu’il a quitté l’Érythrée à l’ado- culteurs à cultiver pour qu’elles deviennent
lescence pour trouver du travail en Arabie des arbres fruitiers productifs.
Saoudite. Lorsqu’il est revenu en Érythrée, il
Abdallah a reçu plus de 150 jeunes plan-
est devenu l’un des premiers producteurs de
tules, ce qui porte son total à 500 arbres. Ces
dattes de palme du pays, ayant dû acquérir
nouveaux palmiers dattiers ont maintenant
ses connaissances en partant de rien.
trois ans et commencent à porter des fruits –
«Au début, je ne pouvais pas distinguer entre 50 et 100 kg par arbre. «Conformément
les plantes mâles des femelles, les bonnes au mandat de la FAO, ce projet est une bonne
dattes des mauvaises. J’ai dû attendre dix ans démonstration de la meilleure utilisation
pour que les plantes soient matures et com- des fonds et des connaissances techniques
mencent à porter des fruits. Ensuite, j’ai gardé de la FAO pour prouver un concept que le
les bonnes et détruit les mauvaises», dit-il. gouvernement et d’autres partenaires de
Quand la pompe à eau diesel est tombée en développement peuvent mettre à plus grande
panne un jour, se souvient-il, il a dû aller cher- échelle», déclare le Représentant de la FAO en
cher de l’eau avec sa voiture pendant deux Érythrée, Saeed Abubakar Bancie.
semaines pour maintenir les arbres en vie afin
qu’ils portent des fruits.
«Au début, je ne pouvais pas distinguer les plantes
Aujourd’hui dans sa ville natale de Shieb, à mâles des femelles, les bonnes dattes des mauvaises.
environ 140 km au nord-ouest d’Asmara, il J’ai dû attendre dix ans pour que les plantes soient
gère une ferme avec environ 50 membres de matures et commencent à porter des fruits.»...
sa famille élargie.
Bien qu’Abdallah ait du mal à accéder aux
Il a bénéficié d’un projet novateur de la FAO
ressources et au financement nécessaires
qui a introduit de nouvelles méthodes de
à faire croître son entreprise, il est confiant
multiplication de palmiers dattiers, mis en
quant à la demande locale et même inter-
œuvre avec le Ministère de l’agriculture. Dans
nationale pour les dattes. Il s’attend à une
le cadre de ce projet, l’Institut national de
récolte abondante cette année et prévoit de
recherche agricole a commencé à utiliser des
rembourser ses dettes et d’investir davantage
techniques in vitro, en recourant à la culture
dans ses palmiers dattiers, assurant ainsi un
de petits tissus végétaux, pour propager et
moyen de subsistance sûr à sa famille.
16
INSPIRER
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

une ÉDUCATION
NUTRITIONNELLE EFFICACE
au NIGERIA
et AU-DELÀ

Charles Nkwoala partage


ses connaissances grâce
au cours Éducation pour
une nutrition efficace en
action (ENACT).

«J’ai énormément bénéficié du cours de nutrition ENACT


de la FAO», déclare Charles Nkwoala, enseignant.

©FAO
CHARLES NKWOALA est enseignant au 17
Département de nutrition humaine et de diététique de
l’Université Michael Okpara à Umudike.

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Charles préparait un doctorat au Selon Charles, «beaucoup Charles dit qu’il a bénéficié du cours
Nigeria lorsqu’il a rejoint un groupe d’étudiants ne pouvaient pas faire la ENACT et qu’il a vu toute son impor-
de tuteurs d’universités de sept pays différence entre la science de la nutri- tance. À tel point qu’il a organisé une
africains pour tester un cours inno- tion et l’éducation nutritionnelle». session de formation des formateurs
vant conçu pour aider les experts en en cascade de cinq jours, présentant
Le projet ENACT (Éducation pour
nutrition à efficacement influencer le cours à 18 tuteurs de plusieurs
une nutrition efficace en action)
les habitudes alimentaires des universités et écoles polytechniques
a été développé par la FAO et ses
populations. À l’époque, un élément nigérianes, dont l’Université fédé-
partenaires dans le cadre d’un
essentiel pour une éducation ali- rale d’agriculture, l’Université du
programme pilote entre 2012 et
mentaire et nutritionnelle efficace Nigeria à Nsukka, l’Université d’État
2015. Le cours souligne l’impor-
manquait dans la formation des d’Imo et l’Université d’Ibadan,
tance des connaissances, des
étudiants en nutrition des univer- ainsi que d’autres du Malawi, du
attitudes, de la perception et de la
sités d’Afrique subsaharienne. Plus Rwanda, de Tanzanie, de Zambie et
pratique pour guider les gens sur la
précisément, ils ne disposaient pas du Zimbabwe.
façon de changer leurs mauvaises
d’outils nécessaires pour encourager
habitudes alimentaires. À ce jour, plus de 2 500 spécialistes
les gens à adopter des régimes ali-
de la nutrition ont reçu une forma-
mentaires plus sains. De plus, le fait Dans le cadre de son projet de
tion dans le cadre du projet ENACT
d’avoir des connaissances sur une doctorat qui explore les effets de
dans 25 pays africains. Des spécia-
bonne nutrition n’aidait pas néces- l’éducation nutritionnelle sur le com-
listes de la nutrition du Nigeria ont
sairement les experts à faire modifier portement de sélection alimentaire
également été introduits au cours
les comportements. des adolescents, Charles a utilisé
par la Société de nutrition du Nigeria
les compétences qu’il a acquises
et sont encouragés à se former à
grâce à ENACT pour enseigner aux
cette approche.
élèves du secondaire l’importance
de la nutrition.

Grâce au cours ENACT, les étudiants reçoivent les outils nécessaires pour
encourager les gens à adopter des régimes alimentaires plus sains.

©FAO
18
De la PRÉCARITÉ
BIEN-ÊTRE:
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

au
De L’ESPOIR et une
MEILLEURE NUTRITION
au CAMEROUN
GRÂCE à L’ÉLEVAGE
de POULETS

POUR COMMENCER LA JOURNÉE,


Jasinta se rend avec entrain dans son exploitation de
Bokwango, dans le sud-ouest du Cameroun. Tous les
matins, elle s’assure que ses poulets vont bien, leur donne
à manger et remplit leur abreuvoir. Mère de quatre enfants,
Jasinta est un exemple à suivre dans le quartier. Nombreux
sont ceux qui l’admirent pour les poulets qu’elle est fière
d’élever et de vendre.

Grâce au finance- Les communautés


ment du CERF et au qui ont surmonté
soutien technique la crise sociopoli-
de la FAO, les bénéfi- tique au Cameroun
ciaires du projet retrouvent le sourire
produisent des œufs grâce à une source
qu’ils vendent sur d’espoir improbable:
les marchés locaux. les poulets.

©FAO/Daniel Mvondo ©FAO/Daniel Mvondo


«En tant que femme du chef de ma localité, j’ai décidé
de m’engager afin d’atténuer leurs souffrances.»...

Sa nouvelle activité est le fruit d’une


initiative de la FAO qui aide les popu-
lations vulnérables dans les régions
Le projet «Amélioration de la sécurité
alimentaire pour les populations tou-
«J’ai débuté avec les 40 poulets
de chair donnés par la FAO et 19
chées» est une initiative que la FAO aujourd’hui, j’en ai 600. J’ai agrandi
anglophones du Cameroun confron- mène dans la région pour stimuler mon exploitation et les affaires

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


tées présentement à des crises les moyens d’existence et les acti- vont bien. L’élevage de poulets me
sociopolitiques. L’insécurité et la vités agricoles, comme l’élevage de permet de payer les frais de scola-
violence croissante dans ces régions poulets, dans le but de renforcer la rité et la formation professionnelle
poussent de nombreuses personnes sécurité alimentaire et lutter contre des déplacés internes dont j’ai la
à fuir pour s’installer ailleurs dans la malnutrition. Le projet vient en charge», raconte Jasinta.
le pays. Dans les zones où l’agricul- aide aux déplacés internes, aux
ture constitue le principal moyen populations d’accueil, aux réfugiés AMÉLIORER LES MOYENS
de subsistance de la population, la et aux personnes de retour sur leur DE SUBSISTANCE ET LA
multiplication des actes violents a lieu d’habitation, qui sont touchées SÉCURITÉ ALIMENTAIRE
également entraîné une chute de la par la crise dans le sud-ouest et le Quand des conflits éclatent, il est
production agricole et une hausse du nord-ouest du Cameroun. Ce projet tout à fait naturel que les personnes
prix des aliments de base. permet aux familles de générer des en quête de sécurité fuient leurs
revenus pour couvrir leurs besoins foyers. Joyce a ainsi quitté Kake,
AIDER CEUX QUI EN
de base et contribue à prévenir dans le sud-ouest du Cameroun,
ONT BESOIN
la malnutrition. pour s’installer à Bokwango avec ses
Jasinta, qui vit dans la région depuis quatre enfants.
10 ans, a ouvert ses portes à 12 per- L’initiative a fourni à 1 000 ménages
sonnes, déplacées internes, qui ont un appui dans l’élevage de poulets et «Nous ne pouvions plus rester à
dû fuir à cause du conflit. la vente d’œufs. Le projet de la FAO, Kake», explique-t-elle. «Il y avait des
financé par le Fonds central pour les coups de feu à longueur de journée.
«Tout a commencé fin 2016. La interventions d’urgence, a permis La vie était de plus en plus dure,
situation était vraiment difficile pour de distribuer, rien qu’en 2019, 10 000 surtout pour mes enfants qui étaient
nos frères dans le pays. En tant que pondeuses, 20 000 poulets de chair, encore très jeunes. C’est pourquoi
femme du chef de ma localité, j’ai 100 tonnes d’aliments pour volaille j’ai décidé de tout quitter pour
décidé de m’engager afin d’atté- et du matériel pour la construction m’installer ici, à Bokwango».
nuer leurs souffrances. J’ai d’abord de 1 000 unités de production avi-
accueilli deux personnes, puis «Il semble que les gens apprécient
cole. Grâce aux conseils de la FAO, les
quatre. Aujourd’hui, il y a douze per- vraiment ce projet. Nous leur appre-
déplacées internes et les membres
sonnes chez moi», raconte-t-elle. nons à pêcher, plutôt que de leur
des communautés d’accueil partici-
donner du poisson. Avec plus de
pant au projet sont passées en très
financement, la FAO pourra accroître
peu de temps du statut de néophytes
ses activités dans ces régions du
à celui d’éleveurs professionnels.
nord-ouest et du sud-ouest», sou-
ligne Emmanuel Penn, chef du
Jasinta s’occupe de ses poulets dans le bureau de la FAO à Buea.
cadre du projet de la FAO au Cameroun.
Pour un grand nombre de personnes
à travers le monde, les déplacements
à l’intérieur de leur propre pays
constituent une importante cause
de faim et d’insécurité alimentaire.
Pour réaliser les Objectifs de déve-
loppement durable, nous devons
tout mettre en œuvre pour réduire
les conflits et aider les communautés
rurales touchées par des crises
pour qu’elles soient plus résilientes
et autonomes, même dans les
conditions les plus difficiles.
©FAO/Daniel Mvondo
Riziki Sinzobakwira arrose ses légumes à côté du réservoir
d’eau. Le réservoir recueille l’eau d’un ruisseau saisonnier et est
utilisé pour arroser les cultures dans les environs.
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

©FAO/Luis Tato
L’IRRIGATION CONTRIBUE à la 21

PRODUCTION

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


D’ALIMENTS
NUTRITIFS dans les zones
arides du KENYA

À 6 HEURES DU MATIN EXACTEMENT, le


soleil commence à se lever à l’est, ses rayons de lumière jaunes se
réfléchissant sur le grand bassin d’environ 30 000 mètres cubes.
Riziki Sinzobakwira marche d’un pas déterminé, tenant deux
arrosoirs. Elle a plusieurs parcelles de terrain à arroser avant que
la chaleur ne devienne insupportable.

Enfant, Riziki, née de parents burundais grâce au soutien financier de l’Union


et congolais, a fui le Congo déchiré par la européenne. La FAO a dispensé une forma-
guerre et est arrivée à Kalobeyei, un cam- tion sur les bonnes pratiques agricoles à la
pement situé juste à l’extérieur du camp communauté des réfugiés de Turkana, en
de réfugiés de Kakuma dans le comté de utilisant des réservoirs d’eau spécialement
Turkana, en 2016. En 2017, elle est devenue conçus par les ingénieurs du PAM.
l’une des 150 personnes de la communauté
Parallèlement aux formations, chaque
des réfugiés qui ont commencé à cultiver
participant a reçu quatre parcelles de
de petites parcelles de terre près du bassin
terre pour y cultiver différents types de
d’eau.
cultures qu’il pouvait consommer en com-
Cela a été possible grâce à un projet pilote plément des aliments traditionnels que
exécuté par la FAO en partenariat avec le sont le lait et les œufs, ainsi que des rations
Programme alimentaire mondial (PAM) alimentaires fournies.
22 Au départ, les 300 membres ont planté de
l’oignon, de la tomate, du niébé et de la
citrouille. Traditionnellement, les Turkana
Chaque jour, les portes du réservoir et
des potagers sont ouvertes de 6 heures à
10 heures et de 16 heures à 18 heures. La
ne sont pas une communauté d’agricul- communauté a appris à se gérer, et règle à
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

teurs. Mais lorsqu’ils ont été formés, et l’amiable les différends.


grâce à l’interaction quotidienne avec la
Cette initiative agricole commune a
communauté des réfugiés de différents
également favorisé la compréhension et
pays, d’autres cultures ont été introduites.
la coexistence pacifique entre les réfugiés
Aujourd’hui, ils cultivent également le
et la communauté d’accueil. Les légumes
gombo, le sorgho, le chou vert, la patate
cultivés sont entièrement biologiques et ils
douce, la pastèque, l’amarante, l’aubergine,
utilisent des pesticides organiques comme
les épinards et le poivron.
les feuilles de margousier et les cendres,
Riziki est devenue une agricultrice et pratiquent la culture intercalaire pour
compétente, gagnant 3 500 shillings éloigner les nuisibles.
kenyans par semaine (l’équivalent de
Avant ce projet pilote, on pensait que les
33 dollars) grâce à la vente de ses excé-
Turkana ne pouvaient pas produire de
dents de légumes. Les trois quarts des
nourriture en raison d’une pluviosité insuf-
300 propriétaires de parcelles sont des
fisante. Ce succès a encouragé à activer la
femmes, et Riziki partage ses connais-
deuxième phase: la mise en place de serres.
sances et son expérience avec les
Cela permettra non seulement d’assurer
autres agriculteurs.
la sécurité alimentaire et la nutrition de
«Avant, j’étais dévastée par les événements la communauté d’accueil et des réfugiés,
malheureux survenus dans mon pays. mais aussi de leur fournir une source de
Maintenant, je me sens très à l’aise ici. Mes revenus pour améliorer leurs moyens
cinq enfants et mon mari ont accès à de de subsistance.
bons aliments biologiques et je gagne un
revenu décent pour vivre. Je me plais ici»,
explique-t-elle.

«Avant, j’étais dévastée


par les événements malheu-
reux survenus dans mon
pays. Maintenant, je me sens
très à l’aise ici.i»...

Riziki Sinzobakwira recueille l’eau du réservoir.

©FAO/Luis Tato
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

©FAO/Luis Tato
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Le groupe d’agriculteurs dont Miza est


membre et qui a été formé dans le cadre
des Champs-écoles des producteurs.
©FAO
MADAGASCAR: 25
MIZA DÉCOUVRE les AVANTAGES de la

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


PRODUCTION et de la CONSOMMATION

D’ALIMENTS
VARIÉS
MIZA, ÂGÉE DE 30 ANS, est mère de trois enfants et vit
dans le Grand Sud de Madagascar, dans le village de Tanambao du
district de Bekily dans la région d’Androy. La FAO et ses partenaires
visent à renforcer la résilience des ménages vulnérables d’Androy
dans le cadre du projet Pro-Acting financé par l’Union européenne.
Cette initiative vise à renforcer la sécurité alimentaire et nutrition-
nelle par la diversification de la production agroalimentaire et des
sources de revenus en encourageant des pratiques agricoles intelli-
gentes face au climat, une agriculture intégrant l’enjeu nutritionnel
et la protection sociale.
Miza est membre actif d’un groupe de petits ont maintenant le temps d’aller à l’école, au
producteurs agricoles dans le cadre des lieu d’essayer de trouver des moyens de nous
Champs-écoles des producteurs mis en place aider à trouver quelque chose à manger. J’ai
dans le cadre du projet. Dans cette école, les moins peur pour leur avenir», dit Miza.
agriculteurs discutent des nouvelles tech-
niques de production adaptées au climat LA PRODUCTION AGRICOLE, UNE
semi-aride de la région, et les mettent en pra- SOURCE DE REVENUS POUR LES
tique. Grâce à des séances de démonstration, MÉNAGES VULNÉRABLES
les membres du groupe ont également com- Les récoltes hors saison ont été très bonnes, ©FAO
mencé à reproduire ces techniques dans leurs et les groupes de producteurs bénéficiaires
propres jardins ou parcelles. du projet ont été soutenus pour organiser une
vente collective en dehors de leurs propres Une nouvelle
«Je suis soulagé de voir que l’agriculture
villages, dans la région voisine. La vente a été façon de cuisiner les
nous permet d’avoir des repas réguliers et
de l’argent supplémentaire pour acheter
un grand succès et a rapporté des bénéfices aliments produits
aux membres du groupe. localement dans
d’autres choses dont nous avons besoin à
la maison. Rebala, mon fils aîné, et sa sœur la région d’Androy
à Madagascar
26
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

©FAO ©FAO

 écolte de légumes dans la région


R  iza (tenant son bébé) avec son fils
M
d’Androy. Rebala, sa belle-mère Pelakidy et sa
fille Nantenaina.

«Rebala, mon fils aîné, et sa sœur ont maintenant le temps PROMOUVOIR LA DIVERSITÉ
d’aller à l’école, au lieu d’essayer de trouver des moyens de ALIMENTAIRE DE LA FERME À
nous aider à trouver quelque chose à manger»... LA TABLE
L’agriculture intégrant l’enjeu nutritionnel
Rebila, l’un des jeunes hommes du groupe,
encouragée par la FAO est une approche
déclare que c’est la première fois qu’il a gagné
innovante qui permet aux communautés
autant d’argent en cultivant des légumes et
de diversifier leur production agricole pour
en élevant du poulet, et qu’il pense en faire
privilégier une alimentation équilibrée. Des
désormais son activité principale.
produits à haute valeur nutritionnelle tels que
«Je suis vraiment reconnaissante pour le la patate douce à chair orange, le moringa,
petit matériel qui nous a été donné pour nous le mil, l’igname et le haricot rouge ont
permettre de cultiver et de récolter,» dit Miza. été introduits.
«C’est la première fois que je suis une forma-
«Avec ma fille Nantenaina, nous avons assisté
tion dans le cadre des Champs-écoles des
aux démonstrations culinaires organisées par
producteurs et cela m’a permis d’apprendre
la FAO. Nous avons reçu plusieurs affiches qui
très rapidement. Avec mon groupe, tout le
montrent les recettes, les ingrédients néces-
monde a mis en pratique sur nos terres ce que
saires et même les avantages des repas pour
nous avons appris et la récolte a été vraiment
la santé. Depuis, nous avons pris le temps de
bonne. Quand Pelakidy, ma belle-mère, a vu
laver nos aliments et de les préparer diffé-
cela, elle s’est intéressée à cette activité et a
remment. Avant, nous faisions juste bouillir
également rejoint notre groupe», dit Miza.
le manioc dans de l’eau. Aujourd’hui, nous
avons découvert que nous pouvons combiner
Aliments produits localement et prêts à être
plusieurs types d’aliments, utiliser des herbes
utilisés pour une démonstration culinaire. aromatiques, des légumes grillés, etc. Mon
mari est ravi de chaque repas et a décidé de
m’aider dans le jardin potager et l’élevage de
volaille», explique Miza avec un sourire au
visage. «De nombreuses familles comme nous
ont vécu ces changements positifs dans notre
village, et il semble que chacun est convaincu
de produire sa propre nourriture».

©FAO
Le poisson n’étant pas un aliment traditionnel en Somalie,

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


sa consommation y est limitée. Il pourrait cependant
grandement améliorer la nutrition des populations qui
vivent dans les camps de déplacés de Bossaso, mais pas
seulement, puisque l’insécurité alimentaire aiguë et la
malnutrition sont fréquentes dans toute la région.

©FAO/Alberto Trillo Barca


28
LE POISSON,
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

SOURCE D’ESPOIR
pour des FEMMES
en SOMALIE

EN SOMALIE, UNE SPÉCIALITÉ Il y a quelques mois cependant, Fartun a


ÉTONNANTE AMÉLIORE LES entendu parler d’une nouvelle opportunité
MOYENS DE SUBSISTANCE ET au sein de sa communauté. Elle s’est inscrite
LA NUTRITION à un projet innovant, proposé par la FAO et
financé par le Gouvernement du Koweït, dans
Un vent chaud balaie les plaines désertiques
le cadre duquel elle a pu apprendre à préparer
entourant la ville de Bossaso (Somalie). C’est
une spécialité culinaire qui évoque davan-
là que vivent, dans des camps temporaires
tage l’Italie que l’Afrique de l’Est: les pâtes.
devenus permanents, de nombreux déplacés
Mais pas n’importe quelles pâtes, des pâtes
internes. Les emplois sont rares pour ces per-
de poisson.
sonnes, qui ont fui la guerre, l’insécurité ou la
faim, mais dont les conditions de vie restent Peu de gens le savent, mais les pâtes figurent
difficiles, même dans cette nouvelle région. souvent au menu des Somaliens; il s’agit là
d’un héritage de la colonisation italienne.
Originaire du sud de la Somalie, Fartun est
On ne mange en revanche pas beaucoup
arrivée «il y a longtemps» à Bossaso, mais
de poisson en Somalie, du moins pour le
ne sait plus précisément quand. Cette mère
moment, surtout au sein des communautés
s’occupait de leurs quatre enfants à la maison
qui vivent à l’intérieur des terres.
pendant que son mari ramenait du marché
son maigre salaire de porteur. Elle et son «Je voulais essayer de gagner un peu d’argent
mari parvenaient difficilement à faire vivre pour ma famille», explique Fartun.
leur famille.

©FAO/Alberto Trillo Barca ©FAO/Alberto Trillo Barca


...PEU DE GENS LE SAVENT, 29
mais les pâtes figurent souvent au menu des Somaliens...

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Les côtes somaliennes regorgent de poisson, Ce nouveau travail apporte une dimension
d’une grande valeur nutritive. S’étendant sur nouvelle à la vie de Fartun, en dehors du
3 333 kilomètres, le littoral somalien est le foyer. Un atelier, doté des outils et des équi-
plus long d’Afrique continentale. Le poisson pements nécessaires, a été aménagé dans le
demeure une ressource très peu consommée, camp. C’est là que Fartun retrouve les autres
mais elle pourrait grandement contribuer à femmes du camp, avec qui elle aime beau-
combler les carences en micronutriments et à coup travailler. «C’est fantastique d’échanger
améliorer la nutrition dans une région où l’in- avec elles. Quand nous préparons les
sécurité alimentaire aiguë et la malnutrition pâtes, nous passons de très bons moments
sont monnaie courante, notamment dans les ensemble», se réjouit-elle.
camps de déplacés de Bossaso.
Les femmes produisent des pâtes de poisson
Ces pâtes d’un nouveau genre contiennent de grande qualité dans un environnement
7,5 pour cent de farine de poisson, propor- confiné qui respecte toutes les normes de
tion établie à la suite d’une enquête réalisée sécurité sanitaire des aliments. Les pâtes sont
auprès des consommateurs, lors de la phase ensuite vendues à des grossistes et à des com-
pilote du projet. Ce pourcentage garantit merçants de la région. Ce sont les femmes
un apport adéquat en nutriments sans trop elles-mêmes qui assurent le suivi des ventes
altérer le goût des pâtes. Le projet a permis et le réapprovisionnement.
d’améliorer la valeur nutritionnelle de l’ali-
mentation dans la région en y introduisant
du poisson, sans pour autant bouleverser
la culture alimentaire locale, dans laquelle
«Je voulais essayer de
la viande occupe généralement une place
centrale. De plus, le projet offre une nouvelle gagner un peu d’argent pour
source de revenus aux communautés de ma famille...»
déplacés, et notamment aux femmes.
- Fartun, Somalia

Fartun subvient aux besoins de sa


famille et améliore la nutrition de sa
communauté grâce à un projet de la
FAO financé par le Koweït, qui consiste
à fabriquer des pâtes de poisson.

©FAO/Alberto Trillo Barca


RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Mamanding Konteh tenant une bouture de


patate douce à chair orange.

©FAO/Amadou Bah
QUE NUL NE SOIT 31
LAISSÉ POUR COMPTE:

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


La FAO AIDE les ÉCOLES et
les AGRICULTEURS ENGAGÉS
dans L’ÉRADICATION de la
MALNUTRITION en GAMBIE

LA PATATE DOUCE À CHAIR augmente leurs chances de devenir la production et la consommation


ORANGE FAIT DÉSORMAIS des adultes productifs et en bonne d’aliments riches en micronutri-
PARTIE DU MENU DES santé. Reconnaissant la contribution ments comme la patate douce à chair
REPAS SCOLAIRES vitale des écoles à l’amélioration orange, très riche en bêtacarotène.
du régime alimentaire et de la
Pa Kemo Kinteh est enseignant Le NARI a fourni 4 186 boutures de
sécurité alimentaire des écoliers
depuis 17 ans. Il est actuellement patates douces à chair orange aux
et de leurs familles, la FAO, en col-
directeur d’une école de 611 élèves 30 écoles pour culture dans leurs jar-
laboration avec l’Institut national
dans la collectivité locale de Kuntaur. dins. Le Club des mères et le comité
de recherche agricole (NARI), a
Cette dernière se trouve dans la de gestion de l’école gèrent conjoin-
sélectionné 30 écoles, dont celle de
région du Central River Region North, tement le jardin dans chaque école.
Pa Kemo Kinteh, pour promouvoir
qui enregistre la prévalence de retard
de croissance la plus élevée du pays,
soit 30,9 pour cent, avec des préva-
lences de l’émaciation, de l’anémie
ferriprive et de carence en vitamine A Des écoliers en train
de 9,8 pour cent, 70 pour cent et de manger une colla-
27,2 pour cent, respectivement. tion nutritive à base
Une bonne alimentation aide les de patate douce à
enfants à se développer physique- chair orange.
ment et mentalement. Elle améliore
leur capacité d’apprentissage et

©FAO
32 Les jardins sont aussi utilisés comme
sites d’apprentissage pour promou-
voir des variétés de cultures à haute
AMÉLIORER LA NUTRITION
POUR LES COMMUNAUTÉS
PAR LE BIAIS DES
le directeur. L’école économise
désormais environ 200 dalasis
(4 dollars) par semaine.
valeur nutritive et pour leur pro- REPAS SCOLAIRES
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

La communauté sait maintenant que


gramme d’alimentation scolaire. Les
«La disponibilité de la patate douce la patate douce à chair orange est
écoles reçoivent des conseils tech-
à chair orange dans notre jardin a naturellement riche en vitamine A et
niques des agents de recherche et de
enrichi nos repas scolaires et réduit nutritive pour les femmes enceintes,
vulgarisation agricole de la FAO dans
nos dépenses en légumes», dit Pa les enfants et les adultes, selon
le cadre du projet financé par l’Union
Kemo, en saluant les bénéfices qu’ils Mamanding Konteh, présidente du
européenne intitulé «Amélioration
tirent déjà du projet. Groupe des femmes du village de
de la sécurité alimentaire et de
Konteh Kunda Niji. Elle est égale-
la nutrition en Gambie grâce à la Tous les mardis, l’école de Pa Kemo
ment la cuisinière en chef de l’école
fortification des aliments». La FAO sert du plasas, un plat local composé
primaire du village.
collabore avec le gouvernement, des de feuilles de patate douce hachées,
partenaires et des communautés de poisson séché, d’huile de palme, Les bienfaits de cette culture sur
dans ce projet de quatre ans qui de poudre d’arachide crue et de la santé ont motivé de nombreux
vise à lutter contre le fléau de la sel iodé, bouilli dans une soupe et agriculteurs de la communauté et
malnutrition en Gambie. servi avec du riz. «Nous dépensions des villages voisins à en acheter
beaucoup d’argent pour acheter des boutures auprès de l’école pour
«La FAO renforce son soutien
les feuilles vertes et très souvent, les cultiver.
pour assurer la production et la
les feuilles n’étaient pas fraîches.
consommation durables de produits Le projet soutient également
Mais grâce au projet de la FAO, nous
biofortifiées et accélère l’éducation l’introduction et l’adoption de maïs
n’avons plus besoin de dépenser
nutritionnelle pour sensibiliser le et de manioc à haut rendement,
de l’argent pour les feuilles. En fait,
public et répondre à la demande résistants à la sécheresse et riche
aujourd’hui, nous consommons
des consommateurs en matière en vitamine A, ainsi que du niébé
plus de feuilles que jamais, et elles
d’aliments fortifiés et riches en riche en fer, pour aider à réduire
sont plus fraîches parce qu’elles ont
micronutriments», explique Solange la malnutrition.
poussé dans notre propre jardin
Heise, spécialiste de la nutrition
avec l’aide des mères», explique
et des systèmes alimentaires et
coordinatrice du projet à la FAO
en Gambie. Ansumana Touray produit et encourage la consommation de
produits biofortifiés dans son village. «Je suis optimiste que
la récolte améliorera la sécurité alimentaire, la nutrition et les
revenus de mon ménage», souligne-t-il.

©FAO/Amadou Bah ©FAO/Amadou Bah


33

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Une bonne alimentation aide les enfants à se
développer physiquement et mentalement.

LES DÉFENSEURS être proactif», explique Touray,


LOCAUX DES CULTURES debout dans son champ d’un hectare
BIOFORTIFIÉES de maïs riche en vitamine A. «Les
experts du NARI ont expliqué que
Mamanding et son mari, Ansumana
cette variété de maïs est résistante à
Touray, sont déterminés à lutter
la sécheresse, nutritive et à haut ren-
contre la malnutrition et la faim
dement. Bien que nous ayons planté
cachée en Gambie. Ils produisent et
tard à cause de la sécheresse, je suis
encouragent la consommation de
sûr que je vais doubler mes récoltes»,
cultures biofortifiées dans le village.
déclare-t-il. «Ma famille et mes voi-
Touray s’est porté volontaire et a été
sins commencent déjà à manger du
l’un des 33 agriculteurs sélectionnés
maïs rôti. Je suis optimiste que la
dans tout le pays en 2019 pour
récolte améliorera la sécurité
recevoir du NARI des semences de
alimentaire, la nutrition et les
maïs riches en vitamine A. Il a reçu
revenus de mon ménage». «Je me suis lancé comme
30 kg de semences et huit sacs d’en-
grais de la part de la FAO. Il espère Mamanding est aussi
défi de servir de modèle.
une récolte d’environ 2,5 tonnes motivée que son mari pour C’est pourquoi ce champ
par hectare, ce qui représente plus défendre la production semble si luxuriant...»
du double du rendement moyen et la consommation de la
national du maïs. patate douce à chair orange. - Mamanding, The Gambia
«Je me suis lancé comme défi
«Si quelqu’un essaie de vous aider
de servir de modèle. C’est pour-
à améliorer votre nutrition, votre
quoi ce champ semble si luxuriant»,
santé et votre bien-être, vous devez
explique-t-elle.

©FAO/Amadou Bah ©FAO/Amadou Bah


RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Sarah Manual, bénéficiaire


du projet de la FAO, montre
les gombos récoltés dans le
centre de réinstallation de
Ndeja. Karel Prinsloo/Arete/
UN Mozambique

©Karel Prinsloo/Arete/UN Mozambique


LA SÉCURITÉ 35
ALIMENTAIRE et la

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


NUTRITION INTERVENTIONS
au CŒUR des

de la FAO FACE
aux CYCLONES
au MOZAMBIQUE

APRÈS LES DEUX cyclones sans précédent qui ont


frappé le Mozambique, les familles peinent toujours à retrouver
leurs maisons et leurs moyens de subsistance. Après avoir perdu sa
maison, sa récolte et sa nourriture, Domingas, âgé de 23 ans et jeune
agricultrice qui a dû déménager avec son mari et ses deux enfants
dans un centre de réinstallation à Ndeja dans la province de Sofala,
vit toujours dans l’incertitude.
«Nous avons beaucoup souffert. Quand mes Dans le cadre des interventions de la FAO
deux enfants et moi avons été pris au piège pour le rétablissement des moyens de subsis-
dans l’eau, un homme est venu nous sauver tance, quelques semaines seulement après
avec un canot. J’ai perdu ma maison et mon le passage du cyclone Idai, elle a distribué
champ dans les inondations», lamente-t-elle. des kits agricoles composés de semences
de légumes à maturation précoce, à savoir
Les cyclones Idai et Kenneth, et les inon-
90 jours après la plantation. Il s’agissait
dations qui en ont résulté, ont fait plus de
entre autre de la tomate, l’oignon, le chou, le
600 victimes, touché plus de 2,2 millions de
gombo et le chou vert. Des outils manuels:
personnes et laissé 1,65 million de personnes
deux houes, une machette et un arrosoir ont
dans une insécurité alimentaire
également été fournis. Cette intervention
grave, soit près du double de la
opportune a permis aux populations touchées
«Quand mes population vivant dans l’insé-
d’avoir accès à des aliments nutritifs, et des
curité alimentaire en 2018.
deux enfants et moi mesures sont prises pour rétablir une produc-
Environ 800 000 hectares
avons été pris au piège de cultures ont été perdus.
tion alimentaire normale dans les districts les
plus touchés.
dans l’eau, un homme est Des milliers d’agriculteurs
venu nous sauver avec se sont retrouvés sans aucun La FAO a pu aider environ 10 000 personnes,
moyen de relancer leurs y compris Domingas, dans environ 50 des
un canot.»
activités agricoles. 68 sites de réinstallation établis après le
cyclone Idai.

- Domingas, Mozambique
36 Une femme démontre
comment préparer un repas
nutritif dans un centre de
formation géré par la FAO.
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

©Karel Prinsloo/Arete/UN Mozambique

«Nous ne dépendons plus de l’aide alimentaire...»

«Je cultivais du maïs et de la laitue que je Le cyclone Kenneth a causé des dégâts
vendais sur le marché local. Nous sommes considérables à son champ et a fait perdre
toujours dans le besoin, mais maintenant, un champ entier de riz et de maïs. «Le vent
avec ces semences et ces outils, je vais était si fort que de nombreuses récoltes
planter, produire ma propre nourriture et en ont été détruites. J’ai également perdu ma
vendre le surplus pour subvenir aux besoins récolte, que j’avais stockée à la maison, et
de ma famille», dit Domingas. comme le cyclone a emporté tout le toit, j’ai
perdu presque tout ce qui se trouvait à l’inté-
Outre la perte des cultures de base, les
rieur, y compris les animaux. Des chèvres et
cyclones ont également provoqué la
des porcs sont morts noyés dans les eaux»,
destruction généralisée des biens et des
regrette Zalbina.
infrastructures, notamment du bétail, des
produits de la pêche et des réserves ali- Ces pertes ont fortement réduit
mentaires dont les familles dépendaient. l’approvisionnement alimentaire de la famille.
En conséquence, les moyens de subsis- «Après le passage du cyclone, nous n’avions
tance ont été perdus et les disponibilités plus beaucoup à manger», explique-t-elle.
alimentaires compromises. «Mais maintenant, nous en avons assez.
Nous récoltons déjà des produits comme le
Zalbina Amade a 50 ans et est mère de six
maïs et les haricots de nos champs. Nous ne
enfants. Elle vit dans la localité côtière de
dépendons plus de l’aide alimentaire, et nous
Mahava du district de Mecufi dans la province
sommes également reconnaissants à la FAO
de Cabo Delgado.
qui nous a donné des semences et des outils,
ce qui nous a aidé à produire de nouveau
notre propre nourriture».
«Nous avons reçu 10 kilos de semences de
maïs et on nous a dit qu’après la récolte, nous
devions conserver des semences pour une
37
autre saison. La graine a bien germé et le maïs

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Zalbina a participé au programme
pousse bien. Je suis convaincue que j’aurai
d’éducation nutritionnelle et de communica-
une bonne récolte cette année», dit-elle. «Cela
tion pour le changement des comportements,
me rend heureuse car je vais enfin cesser de
financé par le Ministère du développe-
dépendre de mes voisins et de ma famille lors
ment international du Royaume-Uni (DFID,
des semailles».
aujourd’hui dénommé Ministère des affaires
étrangères, du Commonwealth et du déve- Le Programme d’intervention face aux
loppement [FCDO]). Le programme cible cyclones, mis en œuvre par la FAO au
les groupes ayant un statut nutritionnel Mozambique a contribué à accroître la
vulnérable, notamment les femmes enceintes résilience des communautés touchées en
et allaitantes, les mères avec des enfants améliorant leur sécurité alimentaire et
de moins de 5 ans et les femmes ayant des leur nutrition grâce des actions concertées
enfants malnutris, dans les districts les plus et opportunes qui ont bénéficié à plus de
touchés de Cabo Delgado. 270 000 agriculteurs dans les provinces
de Cabo Delgado, Manica, Sofala, Tete
et Zambézia.

Le programme d’intervention d’urgence de


la FAO est financé par la Banque mondiale
à travers le Gouvernement du Mozambique
(le Fonds national de développement
durable [FNDS]), le Bureau d’assistance
des États-Unis en cas de catastrophe à
l’étranger (OFDA), l’Agence autrichienne de
développement (ADA), l’Union européenne,
La FAO a fourni une éducation nutritionnelle le FCDO, l’Agence belge de développement
au même moment qu’elle distribuait (Enabel) et le Fonds central pour les inter-
semences de légumes et arrosoirs et créait ventions d’urgence des Fonds central pour
de parcelles de démonstration en groupe les interventions d’urgence (CERF).
pour la promotion de jardins potagers fami-
liaux, dans le but de faire bénéficier jusqu’à
6 000 groupes de femmes.

«Lors des séances d’éducation nutritionnelle,


nous avons appris que nous devons produire
une variété de cultures telles que les patates
douces, le niébé, le riz et les arachides»,
explique Zalbina. Elle pense que son alimen-
tation s’est améliorée ces derniers temps car
elle ne mange plus les mêmes choses. Elle
peut maintenant en choisir. Après les catastrophes, le rôle de la FAO est de
protéger, restaurer et améliorer la sécurité alimentaire,
L’accès à des semences de qualité était la nutrition et les moyens de subsistance.
un autre défi pour elle. Dans le passé, elle
dépendait de ses voisins pour les semences
qu’elle devait planter, car elle gardait rare-
ment des semences pour une autre saison.
38 COMBATTRE EFFICACEMENT
la MALNUTRITION CHRONIQUE

par l’AGRICULTURE
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

au RWANDA

LA MALNUTRITION CHRONIQUE ou le retard de


croissance reste un défi national au Rwanda. En moyenne, 35,6 pour
cent des enfants de moins de 5 ans souffraient de sous-alimentation
chronique entre 2017 et 2019.
Les déterminants de l’état nutritionnel sont culturellement appropriés et sûrs, en
multiples, et selon les données mondiales, quantité et qualité suffisantes pour répondre
des interventions à la fois spécifiques et inté- aux besoins alimentaires des populations
grant l’enjeu nutritionnel sont nécessaires de manière durable. Pour ce faire, il faut
pour éliminer toutes les formes de malnutri- maximiser les résultats nutritionnels à tous
tion. Cela nécessite donc une compréhension les stades de la chaîne alimentaire – de la
globale des causes multisectorielles, mais production, la manipulation et le stockage,
dans de nombreux contextes, des contraintes la transformation et la distribution à la
persistent en raison du manque de capacités préparation et la consommation.
techniques pour concevoir, mettre en œuvre,
Grâce au soutien financier de la Direction du
coordonner, suivre et évaluer les interven-
développement et de la coopération (DDC)
tions liées à la nutrition dans tous les secteurs
de la Suisse, la FAO a formé 40 spécialistes
et disciplines.
nationaux sur les moyens de maximiser la
La cohérence entre les programmes contribution du secteur agricole et des sys-
d’agriculture, de protection sociale et de tèmes alimentaires pour relever les défis liés à
nutrition a été reconnue comme la pierre la nutrition au Rwanda.
angulaire du succès dans la lutte contre la
Ufitinema Adeline, spécialiste rwandaise de
malnutrition au Rwanda, ce qui a permis d’ac-
l’alimentation et de la nutrition, explique:
croître la prise en charge et la responsabilité
«Parfois, les agriculteurs ont l’intention
des équipes multisectorielles et des parte-
de pratiquer des cultures pour la vente.
naires de développement impliqués dans la
Ils doivent aussi consommer ce qu’ils pro-
planification, la mise en œuvre, la coordina-
duisent. Des efforts et des connaissances
tion, le suivi et l’évaluation des interventions
supplémentaires sont nécessaires pour les
liées à la nutrition au niveau communautaire.
sensibiliser afin de maximiser la valeur nutri-
PROMOUVOIR UNE tionnelle des aliments qu’ils cultivent, dans le
AGRICULTURE INTÉGRANT but d’améliorer la nutrition des ménages.»
L’ENJEU NUTRITIONNEL «L’agriculture est le point de départ et un
L’agriculture intégrant l’enjeu nutritionnel est secteur important pour une bonne nutri-
une approche qui vise à assurer la production tion. Elle peut jouer un rôle important en
d’une variété d’aliments abordables, nutritifs, abordant les causes de la malnutrition tout
39
©FAO/Teopista Mutesi ©FAO/Teopista Mutesi

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


L es ménages des zones rurales Les programmes d’éducation
du Rwanda utilisent les jardins agricole et nutritionnelle destinés
potagers pour produire et aux agriculteurs peuvent amélio-
augmenter leur consommation rer considérablement le régime
de légumes. alimentaire des enfants.

en s’attaquant aux problèmes sous-jacents, réviser et intégrer le DPEM par le biais du


tels que le sous-développement et les iné- programme de développement de la petite
galités sociaux et économiques», déclare enfance. Les participants ont expliqué que les
Gualbert Gbehounou, Représentant de la FAO plans élaborés aideront grandement le pays
au Rwanda. à intégrer des interventions qui permettront
d’éradiquer la malnutrition.
Le Gouvernement rwandais a mis en place
des initiatives visant à améliorer la nutrition ÉLABORATION DES
des ménages, notamment le programme de RECOMMANDATIONS POUR
jardins potagers, dans le cadre duquel chaque ATTEINDRE LES OBJECTIFS
ménage cultive des légumes, des fruits et EN MATIÈRE D’APPORTS
d’autres aliments sains pour les aider à avoir EN NUTRIMENTS
accès à des aliments nutritifs, améliorant
La FAO aide le gouvernement à élaborer des
ainsi leur sécurité alimentaire et économique.
recommandations nutritionnelles fondées
Parmi les autres programmes clés, citons
sur le choix des aliments afin d’établir une
une vache par famille pauvre, une tasse de
base pour les politiques publiques en matière
lait par enfant et la fortification des aliments
d’alimentation et de nutrition, de santé et
composés au niveau national.
d’agriculture, ainsi que des programmes
AMÉLIORER LA PROGRAMMATION d’éducation nutritionnelle visant à encou-
MULTISECTORIELLE EN MATIÈRE rager des habitudes alimentaires et des
DE NUTRITION modes de vie sains.

Le gouvernement a conçu et mis en œuvre un Le processus comprend la production d’un


Plan de district pour l’élimination de la mal- manuel destiné aux spécialistes et décideurs
nutrition (DPEM), en vue de réduire toutes les dans les domaines de la santé, la nutrition,
formes de malnutrition. L’idée est de cibler la l’éducation et l’agriculture; des directives
nutrition des jeunes enfants et des femmes sommaires destinées aux spécia-
enceintes et allaitantes grâce à un programme listes de l’alimentation et de
de développement de la petite enfance, mis la nutrition dans les centres
en place en 2017. Cependant, les piliers du de santé et les hôpitaux;
«L’agriculture est le
développement de la petite enfance n’ont ainsi qu’un manuel destiné point de départ et un
pas été suffisamment pris en compte dans aux éducateurs secteur important pour
communautaires.
le DPEM. une bonne nutrition.»
La FAO a outillé les équipes techniques
multisectorielles de l’agriculture, la nutri-
tion, la santé, la protection sociale et le
genre dans les 30 districts du Rwanda ainsi
- Gualbert Gbehounou,
que les partenaires de la société civile pour
Représentant de la FAO au Rwanda.
40
LES BARS À LAIT
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

AMÉLIORENT la
NUTRITION et
les REVENUS
au SOUDAN DU SUD

LA MALNUTRITION est un problème


fréquent dans de nombreuses communautés au
Soudan du Sud – surtout chez les jeunes enfants, les
femmes enceintes et allaitantes – en raison des années
de conflit ayant limité l’accès à la nourriture.
Une initiative novatrice dénommée aussi pour ses produits nutritionnels.
«bars à lait» vise la lutte contre la Le vice-gouverneur de l’État de
malnutrition. Cette initiative mise Jonglei, Diing Akol Diing, a souligné
en œuvre dans plusieurs villes du ce point lors de l’inauguration de
Soudan du Sud met à profit les riches l’un des premiers bars: «Nous devons
réserves de lait fourni par l’énorme tirer la pleine valeur financière de
troupeau de bétail dans le pays. nos bétails au-delà de leur utilisa-
tion traditionnelle pour le mariage
Les bars à lait servent également à
et les activités culturelles et comme
valoriser le bétail, non seulement
source de fierté, en commercialisant
pour son importance culturelle mais
efficacement les produits laitiers».

Les bars à lait du Soudan du Sud achètent du lait aux propriétaires


de bétail et le transforment pour le vendre aux clients. «C’est le
seul endroit que je connais qui vend du bon lait parce que le lait
est conservé dans un réfrigérateur», explique une cliente.

©FAO ©FAO ©FAO ©FAO


«... m
 ais depuis qu’ils boivent ce lait, ils sont plus résistants
aux maladies et tombent moins souvent malades...» 41

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Les bars à lait sont des centres de «Notre groupe a été bien formé lait causait beaucoup de
collecte et de transformation de lait pour gérer le commerce de lait. maladies à mes enfants, mais
qui soutiennent les groupes locaux Nous encourageons les gens à depuis qu’ils boivent ce lait,
de transformation de lait afin d’aug- ne pas acheter le lait vendu au bord ils sont plus résistants aux maladies
menter leurs ventes, maximiser de la route, car il est souvent mal et tombent moins souvent malades.
leurs marges bénéficiaires et fournir manipulé et peut être dangereux», J’utilise l’argent supplémentaire
des produits laitiers hygiéniques explique Deborah. que je gagne pour leur acheter
aux consommateurs. Le bar à lait des choses comme des vêtements
Le bar à lait est bien équipé avec des
garantit un revenu équitable aux et payer leurs frais de scolarité»,
récipients pour la collecte du lait, des
propriétaires de bétail qui apportent explique-t-elle.
équipements de pasteurisation et
leur lait à l’établissement, et fournit
de conservation, des outils de test, Plus de douze femmes travaillent
également un lait sain et de qualité à
des équipements pour une manipu- dans l’établissement de Rumbek
la population locale.
lation sans risques, des sièges pour et plus de 60 éleveuses vendent
«C’est le seul endroit que je connais les clients, des toilettes, un lieu de régulièrement leur lait au bar.
qui vend du bon lait parce que le lait stockage, une cuisine et une pompe
Plusieurs années après leur
est conservé dans un réfrigérateur. à eau alimentée par l’énergie solaire.
lancement, les bars à lait sont
Même si je n’achète pas beaucoup
Le groupe fournit environ 220 litres désormais durables et finan-
de lait, mon enfant ne tombera pas
de lait par jour, ce qui lui permet de cièrement autonomes. La seule
malade en le buvant», explique
gagner environ 400 dollars par jour. ombre au tableau, qui est aussi
Martha Achol, cliente.
un indicateur de leur succès, est
«Avant de commencer à travailler ici,
Jusqu’à présent, des bars à lait d’assurer un approvisionnement
je fabriquais de l’alcool. Maintenant,
ont été créés à Rumbek, Bor, Aweil continu en lait pour répondre à la
on m’a appris à manipuler le lait. On
et Awerial et sont gérés par des demande croissante.
m’a appris qu’avant de traire une
collectifs de femmes.
vache, il faut se couper les ongles L’initiative du bar à lait a été
Dans la ville de Bor de l’État du pour être propre et qu’il faut aussi financée par l’Agence des États-Unis
Jonglei, le groupe de femmes porter des vêtements propres», pour le développement interna-
Jobwong Nhialic gère l’établissement explique Mary Amou, une des tional (USAID) et mise en œuvre
sous la direction de la présidente du participantes à Rumbek. en partenariat avec la FAO et le
groupe, Deborah Yuang Jongkuch, et Conseil norvégien pour les réfugiés
Mary donne du lait à ses sept enfants
de la responsable de l’établissement, (NRC).
et a rapidement remarqué des effets
Mary Yom Garang.
positifs sur leur santé. «Avant, le

Plusieurs années après leur lancement, les bars à lait sont désormais
durables et financièrement autonomes. La seule ombre au tableau, qui
est aussi un indicateur de leur succès, est d’assurer un approvisionnement
continu en lait pour répondre à la demande croissante.

©FAO ©FAO ©FAO


Zena Mshana gère une entreprise florissante
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

qui vend des collations nutritives à base de


patate douce à chair orange et de farine. Elle
est convaincue que son entreprise améliore
la vie des petits agriculteurs en leur permet-
tant d’augmenter leurs revenus et «surtout»
améliorer leur bien-être nutritionnel.

©FAO
Une JEUNE AGRIPRENEURE 43
TANZANIENNE S’ÉPANOUIT

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


dans le SECTEUR des

ALIMENTS
NUTRITIONNELS
grâce au soutien de la FAO

ZENA MSHANA est une jeune agripreneure basée à Arusha


(Tanzanie). Elle gère une entreprise florissante qui vend des colla-
tions nutritives à base de patate douce à chair orange et de farine. La
patate douce à chair orange est riche en bêtacarotène que le corps
peut convertir en vitamine A.
La petite entreprise de Zena, appelée Better Zena s’est engagée à contribuer à
Markets for Crops (BMC), emploie 15 jeunes l’amélioration de la nutrition par le biais
et commercialise plus de 50 tonnes de crous- de ses produits. Ils ont connu un succès
tillants, 15 tonnes de farine nutritive et six instantané à Arusha, car ils servent comme
tonnes d’épices par an. L’entreprise s’occupe substituts nutritifs et plus sains de collations
©FAO également de la multiplication des cépages importées et riches en cholestérol.
et de la production de racines, en fournis-
sant des cépages aux agriculteurs et en leur
achetant des racines.
44 «Faire connaître la patate douce à chair
orange et sa valeur nutritionnelle demeure
mon défi. Nous répondons aux besoins des
Elle apprécie également le soutien technique
du Centre international de la pomme de terre
(CIP) sur les bonnes pratiques agricoles. Ce
clients clés, notamment les femmes enceintes soutien lui a permis d’améliorer ses connais-
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

et allaitantes et les parents ayant des enfants sances sur les différentes espèces de pommes
de moins de 5 ans», explique-t-elle. Nos autres de terre, leur valeur nutritionnelle et les tech-
clients comprennent des supermarchés, des niques de transformation. Ce soutien, associé
cliniques, des écoles et des expositions. à la formation reçue à Songhaï, a nourri sa
passion de transformer des racines et des
Zena a commencé à cultiver des patates
feuilles de patate douce et de faire évoluer
douces en 2015 dans son petit champ et a
son entreprise.
cherché différents moyens de faire vendre
ses produits. Étant jeune agripreneure à fort VERS DES CHOSES PLUS GRANDES
potentiel, Zena a été sélectionnée comme
Zena est convaincue que son entreprise
bénéficiaire d’un programme destiné aux
améliore la vie des petits agriculteurs en leur
jeunes qui soutient les petites entreprises
permettant d’augmenter leurs revenus et sur-
agroalimentaires pour encourager un travail
tout améliorer leur bien-être nutritionnel.
décent et productif dans l’agriculture.
Elle veut maintenant agrandir son entreprise.
La FAO a soutenu Zena pour suivre un
programme de formation d’un mois axé sur «Grâce à la subvention reçue, j’ai planifié
l’agripreneuriat et le développement des d’agrandir mon entreprise en ajoutant de nou-
chaînes de valeur dans les écosystèmes inté- velles machines telles que des découpeuses
grés au Centre régional Songhaï au Bénin. La de pommes de terre, des friteuses et une
FAO lui a également donné une subvention de pompe à moteur. À l’avenir, nous transfor-
5 000 dollars pour développer son entreprise, merons des produits tels que la farine et les
améliorer les bénéfices et créer des opportu- épices mélangés à d’autres produits comme le
nités d’emploi pour d’autres jeunes. maïs jaune, le soja, la coriandre et le fenugrec.
L’ajout de valeur offrira également davantage
«La formation au Bénin m’a aidée à surmonter
de possibilités d’emploi pour d’autres jeunes»,
des défis auxquels notre entreprise était
renchérit-elle.
confrontée et a ouvert mes yeux à d’autres
projets d’entreprise», souligne-t-elle.

La petite entreprise de Zena, appelée Better Markets


for Crops (BMC), emploie 15 jeunes et commercialise
plus de 50 tonnes de croustillants, 15 tonnes de farine
nutritive et six tonnes d’épices par an.
Elle veut maintenant
AGRANDIR SON ENTREPRISE.
45

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


Zena a été l’un des bénéficiaires du qu’ils ont utilisées pour
programme conjoint de la FAO et de la développer leurs entreprises
Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et partager leurs connaissances
destiné aux jeunes et intitulé: «Promouvoir avec d’autres jeunes de leurs
l’emploi des jeunes dans le secteur agricole en communautés respectives.
Afrique de l’Est». Ce programme a permis de
La FAO travaille avec ses pays
promouvoir des modèles d’entreprise inven- ©BMC
membres en Afrique et ailleurs
tifs et des technologies appropriées pour
pour développer des stratégies pour les
faire participer les jeunes dans l’agriculture.
jeunes dans l’agroalimentaire, renforcer les
Il a contribué à accélérer les idées innovantes
capacités et promouvoir le développement
autour de l’entreprenariat et l’emploi des
des chaînes de valeur afin de répondre à
jeunes menés par les jeunes.
la migration de détresse et promouvoir la
Seize «jeunes défenseurs de l’agriculture» des sécurité alimentaire et la nutrition.
six États partenaires de la CAE ont participé à
Investir dans les jeunes des zones rurales est
un cours de formation intensif sur l’agripre-
essentiel pour améliorer la productivité agri-
neuriat et le développement des chaînes de
cole, stimuler les économies rurales et assurer
valeur dans les écosystèmes intégrés. Ils ont
la sécurité alimentaire.
également élaboré des plans d’entreprise
pour étendre leurs activités et ont reçu des
subventions, allant de 2 000 à 5 000 dollars,

Les jeunes agripreneurs tels


que Zena (au centre) peuvent
être une force motrice pour
la sécurité alimentaire et le
développement rural.
©FAO
46 La TRANSFORMATION
pour PRÉVENIR la
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

PERTE de NOURRITURE et
AMÉLIORER la NUTRITION
en ZAMBIE

©FAO

Les femmes jouent un rôle important dans la sécurité


alimentaire et nutritionnelle des ménages.
47

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


L’agriculture sensible à la nutrition
via la diversification des cultures et
l’ajout de valeur est favorisée.
©Sebastian Liste/NOOR for FAO

Transformer de l’arachide nutritive en


beurre d’arachide est un moyen d’éviter les
pertes après récolte et d’encourager la sécurité
alimentaire et nutritionnelle des ménages.

LES PERTES APRÈS RÉCOLTE Pour remédier à cette situation,


une agriculture intégrant l’enjeu
constituent un obstacle majeur pour les petits agricul- nutritionnel, qui passe par la diver-
sification des cultures et l’ajout de
teurs qui s’efforcent d’obtenir des rendements élevés
valeur, est encouragée.
afin de renforcer la sécurité alimentaire et la nutrition. La
Les femmes sont surtout soutenues
FAO estime qu’environ 1,3 milliard de tonnes de nourri- en raison de leur double rôle clé
ture sont gaspillées ou perdues chaque année dans le dans la production et la prépara-
monde. Les principales causes sont l’insuffisance d’ins- tion des aliments dans les ménages
zambiens. Environ deux tiers des
tallations de stockage et le manque de compétences en bénéficiaires du projet «Promouvoir
matière de transformation des produits agricoles au sein la transformation agroalimen-
des communautés de petits agriculteurs. taire chez les petits agriculteurs en
Zambie», mené par la FAO, sont des
En Zambie, la FAO travaille avec agricoles sélectionnés. Cela peut se femmes, et le projet aide les groupes
le gouvernement, les agriculteurs traduire pour les petits agriculteurs de femmes à se lancer dans la
et d’autres parties prenantes pour en une augmentation des revenus transformation alimentaire.
encourager les agriculteurs à trans- et une amélioration de la sécu- «Certaines des réussites de cette
former, ou «ajouter de la valeur», rité alimentaire et nutritionnelle intervention ont lieu dans la
à une partie de leur récolte au lieu des ménages. Copperbelt, où se produit le beurre
de tout vendre et de risquer vivre d’arachide», explique Karen Mukuka,
Selon le 7e Plan de développement
dans l’insécurité alimentaire et responsable de l’alimentation et de
national de la Zambie, la dénutrition
nutritionnelle par la suite. la nutrition au Ministère de l’agricul-
est endémique dans de nombreuses
Par le biais des centres de régions du pays et constitue une ture. Elle ajoute que les groupes sont
transformation agricole en Afrique, la menace sérieuse pour le dévelop- toujours à la recherche de moyens
FAO met les agriculteurs en relation pement cognitif et le bien-être de d’améliorer la production et pénétrer
avec des centres de transformation beaucoup. Les statistiques montrent de nouveaux marchés, notamment
agricole qui sont stratégiquement que 48 pour cent des enfants de en se procurant eux-mêmes des
situés dans des zones de forte pro- moins de 5 ans souffrent d’un retard détecteurs d’aflatoxines.
duction afin de stimuler et d’intégrer de croissance et 13,3 pour cent pré- Et d’ajouter que les résultats du
la production, la transformation et sentent une insuffisance pondérale. projet restent visibles parce que
la commercialisation de produits les groupes créés dans le cadre
du plan de travail y prospèrent
toujours.
CABO VERDE:
48 Entretien avec un
NUTRITIONNISTE
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

COMMENT RICARDO MENDES CONTRIBUE À FAÇONNER L’ÉDUCATION


ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE À CABO VERDE
Ricardo Mendes est un nutritionniste caboverdien qui, à 29 ans, a contribué à la création du
premier cours d’enseignement supérieur sur la nutrition et la qualité des aliments à Cabo Verde,
pour améliorer la nutrition et la santé au niveau national. Par amour pour l’enseignement, il ne
s’est pas limité à la salle de classe mais a également voyagé dans tout le pays pour sensibiliser la
population à l’importance de manger correctement et d’éviter les maladies liées à l’alimentation.
Il travaille également pour la FAO sur un projet qui vise à créer un environnement législatif favori-
sant la consommation d’aliments locaux, frais et nutritifs.

Q. Quelle est la situation nutritionnelle de la population caboverdienne?


R. Cabo Verde est confronté au triple fardeau de la malnutrition, caractérisé par la coexistence
de la sous-alimentation, où 11 pour cent des enfants âgés de 0 à 5 ans n’ont pas l’apport
énergétique alimentaire nécessaire pour leurs besoins nutritionnels; l’anémie ferriprive,
qui touche 43 pour cent des enfants du même groupe d’âge; et l’augmentation de l’obésité
et du surpoids, qui touche près de 30 pour cent de la population. Cela est dû, en grande
partie, au fait que Cabo Verde est un pays insulaire et aride qui importe plus de 80 pour
cent des aliments destinés à la consommation, la plupart étant des produits transformés et
potentiellement malsains.

Q. Comment est née l’idée de créer le cours sur la nutrition et la qualité des aliments
à Cabo Verde?
R. L’idée m’est venue quand j’ai remarqué ce besoin lors de ma formation en nutrition de
santé publique au Brésil. Je me suis rendu compte que ce cours n’existait pas à Cabo Verde
et que la prévalence des maladies chroniques non transmissibles y augmentait. Je me
suis sentie obligé de contribuer à une génération plus sensible à la question de la sécurité
alimentaire et nutritionnelle en fournissant des soins diététiques à la population.

©University of Santiago ©University of Santiago ©University of Santiago

Le nutritionniste Ricardo Mendes Ricardo Mendes explique aux


parle d’une alimentation saine à des mères les défis de l’alimenta-
étudiants à Santiago (Cabo Verde). tion des nourrissons.
Q. Pouvez-vous expliquer comment le cours est structuré?
R. Il s’agit d’un cours nouveau dans le pays, qui couvre tous les domaines de l’alimentation et
49
de la nutrition, en tant que véritables outils de promotion, de conservation et de rééduca-

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


tion, contribuant ainsi à l’amélioration de la qualité de vie de la population. Il est structuré
en cinq domaines thématiques: la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’attention
portée au régime alimentaire, la sécurité sanitaire et la qualité des aliments, la recherche
scientifique, et l’interaction scientifique et sociétale.

Q. Pouvez-vous évaluer l’impact du cours sur la vie des gens?


R. Le cours comporte plusieurs projets de sensibilisation des communautés mis en œuvre
dans presque toutes les îles à Cabo Verde. On y donne des conseils nutritionnels à dif-
férents groupes de personnes; on dispense une formation sur la sécurité sanitaire des
aliments aux personnes chargées de leur manipulation dans les hôtels, les restaurants, les
écoles, etc. et on organise des conférences pour attirer l’attention de la société civile et des
autorités gouvernementales sur le rôle de la nutrition dans le développement du pays.

Q. En tant que petit État insulaire en développement, quelles actions et stratégie le pays
doit-il adopter pour améliorer sa situation nutritionnelle?
R. La stratégie consiste à réduire les aliments ultra-transformés et malsains trop riches en
sodium, sucre et graisse. Ces objectifs sont inclus dans les projets de la FAO et de l’OMS,
mis en œuvre avec succès en partenariat avec tous les secteurs du gouvernement.

Q. Quel rôle chaque Caboverdien doit-il jouer dans ce problème de nutrition?


R. Chaque citoyen doit faire des choix alimentaires intelligents et sains, en tenant compte
de la disponibilité et des types d’aliments locaux sur les marchés et de ce qui est importé.
Le consommateur intelligent sera en mesure de déterminer le nouvel environnement ali-
mentaire, c’est pourquoi la priorité et l’objectif est de fournir une formation de qualité en
matière d’éducation alimentaire et nutritionnelle.

«Chaque citoyen
doit faire des choix
alimentaires intelligents et
sains, en tenant compte de la
disponibilité et des types d’ali-
ments locaux sur les marchés et
de ce qui est importé.»
- Ricardo Mendes, Cabo Verde

©University of Santiago

Aliments cultivés localement


à Cabo Verde.
©University of Santiago
50
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

Oida Mwapighu dans son champ.


«Un projet peut grandement améliorer la
qualité de ceux qui y participent. En effet,
un projet peut changer le cours de la vie,
tout comme le projet d’Afikepo a changé le
mien», assure-t-elle.

©FAO
AMÉLIORER LES CONNAISSANCES, les 51
ATTITUDES et les PRATIQUES POUR

RENFORCER

RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION


la NUTRITION
des MÉNAGES
au MALAWI

«DEPUIS QUE je suis arrivée au centre


d’apprentissage sur la nutrition de Tovwirane en 2018,
mes connaissances, mes attitudes et mes pratiques se
sont beaucoup améliorées», explique Oida Mwapighu.
«Ma vision de la nutrition a complètement changé. Au
début, je pensais que les projets n’avaient comme preuve
que les documents. Maintenant, je me rends compte
qu’un projet peut grandement améliorer la qualité de
ceux qui y participent. En effet, un projet peut changer
le cours de la vie, tout comme le projet d’Afikepo a «...mes attitudes et
changé le mien». mes pratiques se sont
Oida, veuve de 64 ans, élève sa famille Améliorer les connaissances
beaucoup améliorées.»
comprenant un petit-fils de 4 ans dans et les attitudes en matière de
un village du district de Chitipa, le nutrition est au cœur du projet
district le plus au nord du Malawi. Elle d’agriculture intégrant l’enjeu
avait du mal à offrir un régime alimen- nutritionnel d’Afikepo, financé
taire nutritif à sa famille. Cependant, par l’Union européenne et - Oida Mwapighu, Malawi
de nouvelles connaissances et pra- mis en œuvre par le Ministère de
tiques ont amélioré la qualité de l’agriculture, de l’irrigation et du déve-
sa vie. loppement de l’eau, en partenariat
avec la FAO et le Fonds des Nations
Unies pour l’enfance (UNICEF).
52 Le projet s’adresse
aux communautés
dans dix districts du
préparer des repas nutritifs. Mais
grâce au projet d’Afikepo, le Bureau
des services agricoles du district et
maïs, de l’arachide, du soja, de la
patate douce et d’autres produits.
J’ai aussi des fruits autour de ma
Malawi et cible les ménages ayant les promoteurs de soins m’ont appris maison pour avoir tous les groupes
RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION

des enfants de moins de 5 ans, à préparer des repas nutritifs en d’aliments que le projet d’Afikepo
des adolescentes et des femmes utilisant des aliments locaux dispo- recommande. Nous pouvons mainte-
enceintes et allaitantes. Il vise, entre nibles par le biais de démonstrations nant consommer trois repas par jour,
autres, à encourager une plus grande culinaires», souligne Oida. et cela inclut presque tous les six
utilisation des six groupes d’aliments groupes d’aliments indispensables
Oida fait partie d’un groupe de
au Malawi et une plus grande dispo- pour une bonne santé et une bonne
30 membres qui sont formés au
nibilité et accessibilité des aliments nutrition», dit-elle.
Centre d’apprentissage sur la nutri-
nutritifs pour des ménages tels que
tion d’Afikepo Tovwirane, qui est l’un Oida reconnaît que la sécurité du
celui d’Oida.
des 1 739 sites créés dans les dix dis- revenu est tout aussi importante
«Avant de participer aux activités tricts ciblés. C’est là qu’Oida a appris et déterminera si elle pourra ou
de formation à l’agriculture inté- à diversifier sa production agricole non continuer à assurer une bonne
grant l’enjeu nutritionnel, je pensais et a été initiée aux technologies alimentation à sa famille. Elle est
que seuls ceux qui ont beaucoup agricoles améliorées qui améliorent convaincue que grâce une produc-
d’argent peuvent consommer les la productivité pour la sécurité tion améliorée et aux bénéfices
six groupes d’aliments (aliments de alimentaire et nutritionnelle. réalisés sur ses excédents de produc-
base, aliments d’origine animale, tion, elle n’aura pas de difficultés à se
«Cette année, j’ai beaucoup amélioré
légumes, fruits, légumineuses et procurer des intrants agricoles pour
et diversifié ma production agri-
noix, et graisses et huiles) par jour. la prochaine saison.
cole. Présentement, j’ai cultivé du
Je ne savais pas non plus comment

«Cette année, j’ai beaucoup


amélioré et diversifié ma
production agricole.»
- Oida Mwapighu, Malawi

FAO/Edwin Siyame FAO/Edwin Siyame


RÉCITS EN PROVENANCE D’AFRIQUE: NUTRITION
55

©FAO/Luis Tato
Bureau régional pour l’Afrique
www.fao.org/Africa

@FAO Africa
Organisation des Nations Unies pour l’alimentation ISBN 978-92-5-134105-6
et l’agriculture
Accra, Ghana

9 789251 341056
CB2841FR/1/04.21

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