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SARRADON
(CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITÉ CLAUDE BERNARD LYON1
___________________________________________________________
ANNÉE 2019 N° 32
Par
SARRADON Yoann
Né le 24/12/1990
A Sisteron (04)
SARRADON
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UNIVERSITÉ CLAUDE BERNARD LYON 1
Secteur Santé :
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Faculté de Médecine Lyon Est
Liste des enseignants 2018/2019
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SCHEIBER Christian Biophysique et médecine nucléaire
SCHOTT-PETHELAZ Anne-Marie Epidémiologie, économie de la santé et prévention
TILIKETE Caroline Physiologie
TRUY Eric Oto-rhino-laryngologie
TURJMAN Francis Radiologie et imagerie médicale
VANHEMS Philippe Epidémiologie, économie de la santé et prévention
VUKUSIC Sandra Neurologie
Professeurs des Universités – Praticiens Hospitaliers
Seconde Classe
FLORI Marie
LETRILLIART Laurent
ZERBIB Yves
BERARD Annick
FARGE Thierry
LAMBLIN Gery
LAINÉ Xavier
Professeurs émérites
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Le Serment d'Hippocrate
Je promets et je jure d'être fidèle aux lois de l’honneur et de la probité dans l'exercice de la
Médecine.
Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans discrimination.
J'interviendrai pour les protéger si elles sont vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou
leur dignité. Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les
lois de l'humanité.
Je donnerai mes soins à l'indigent et je n'exigerai pas un salaire au dessus de mon travail.
Admis dans l'intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés et ma
conduite ne servira pas à corrompre les mœurs.
Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement la vie ni ne
provoquerai délibérément la mort.
Que les hommes m'accordent leur estime si je suis fidèle à mes promesses. Que je sois
couvert d'opprobre et méprisé si j'y manque.
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ECG : Electro-Cardio-Gramme
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REMERCIEMENTS
Je te remercie d'avoir pris part à ce jury, mais surtout je te remercie pour m'avoir
transmis ton savoir et ton intérêt pour la médecine générale. Tu m'as montré un modèle
de réussite professionnel et familial.
Merci de m'avoir initié à la médecine générale, merci pour ton investissement, ton amitié.
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Merci pour le temps que vous m'avez consacré, pour avoir accepté de dévoiler une partie
de vous, et pour l'intérêt que vous portez à notre belle discipline.
A ma famille,
Mes parents,
Merci pour votre amour, pour votre éducation dont je suis fier.
Mon frère,
Mon grand frère. Tout est dit.
Mamie Josette,
Pour ta force et ta constance.
A mes amis,
J'ai eu de la chance de me construire à vos côtés. Je mesure celle de vous avoir encore.
A mes amours,
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SOMMAIRE
INTRODUCTION 15
1. Contexte général 15
1.1. La démographie médicale 15
1.2. La gestion du cabinet est un frein à l'installation 15
1.3. État des lieux de la formation concernant la gestion du cabinet 16
1.4. La formation à l'Université de Lyon 17
1.5. Les Plateformes d'Appui aux Professionnels de Santé (PAPS) 18
2. Question de recherche 18
MATÉRIEL ET MÉTHODE 20
1. Objectif de l'étude 20
2. Hypothèses de travail et choix des méthodes de recueil des données 20
3. Population d'étude et échantillon 21
4. Recrutement des participants 22
5. Recueil du consentement et conservation des données 23
6. Guide d'entretien 23
7. Déroulement des entretiens 25
8. Retranscription des verbatims 25
9. Analyse des données 26
10. Stratégie de recherche bibliographique 26
RÉSULTATS 28
1. Les représentations de la gestion d'un cabinet de médecine générale 28
1.1. La gestion est une charge 28
1.2. La gestion est complexe 29
1.3. La gestion peut faire peur 29
1.4. Gérer un cabinet n'est peut-être pas si compliqué 30
1.5. La gestion comme un atout 31
1.6. L'exercice salarié, miroir du libéral 32
1.7. Synthèse 35
2. Devenir compétent dans la gestion d'un cabinet 35
2.1. De façon générale les internes se sentaient insuffisamment formés et compétents 35
2.2. La formation théorique 35
2.3. La formation lors des stages 37
2.4. L'apport de l'expérience en tant que patient 41
2.5. La formation par les pairs 42
2.6. La formation à la gestion n'est pas une priorité pour les internes 42
2.7. Comment devenir compétent ? 44
2.8. Synthèse 46
3. Quels projets professionnels? 47
3.1. Un projet non défini 47
3.2. Les déterminants du choix 48
3.3. Créer ou rejoindre une structure ? 49
3.4. Le cadre et l'organisation de travail 50
3.5. La gestion du planning 51
3.6. La délégation de tâches 52
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DISCUSSION 71
1. Forces et faiblesses de l'étude 71
2. Discussion sur les résultats 72
2.1. Gérer son cabinet : une tâche pénible et difficile ? 73
2.1.1. Les craintes concernant la gestion du cabinet 73
2.1.2. Les besoins de formation 74
2.1.3. Le rejet des charges administratives 76
2.1.4. Dégager du temps 77
2.2. Le déclin de l'exercice libéral 79
2.2.1. Exercice libéral et/ou salariat ? 79
2.2.2. Disposer de son emploi du temps : libéral ou salariat ? 80
2.2.3. D'autres modes de rémunération 81
2.2.4. Regard des internes sur l’organisation des soins de premiers recours dans d'autres
pays européens 83
2.2.4.1. Les pays où prédominent les centres de santé pluriprofessionnels 83
2.2.4.2. Un pays où prédomine l'exercice monodisciplinnaire avec paiement à l'acte 84
2.2.4.3. Les pays où prédomine un modèle "intermédiaire" : exercice coordonné avec
rémunération à la capitation ou au forfait 85
2.3. Regards des internes sur les transformations de la profession 87
2.4. La place des relations interpersonnelles 89
CONCLUSION 92
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 95
ANNEXES 101
Annexe I : Caractéristiques de l'échantillon 101
Annexe II : Guide d'entretien, première série d'entretiens individuels 102
Annexe III : Guide d'entretien focus group et seconde série d'entretiens individuels 103
Annexe IV : Support écrit de présentation des modèles étranger, focus group 104
Annexe V : Support écrit de présentation des modèles étrangers, seconde série d'entretiens
individuels 105
Conclusions signées 107
Résumé 108
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INTRODUCTION
1. Contexte général
Les inquiétudes sur la baisse du nombre de médecins libéraux ont conduit à mener
différents travaux de recherche sur les déterminants de l'installation en libéral.
Selon une enquête de l'Union Régionale des Professionnels de Santé (URPS) de
Bourgogne en 2011 (4), la gestion du cabinet est un frein à l'installation pour 89 % des
remplaçants, 86 % des jeunes installés, et plus de 60 % des internes. Selon cette même
étude, la gestion du cabinet est une des raisons ayant conduit à cesser un exercice libéral
pour 52 % des ex-médecins libéraux. Selon une thèse soutenue en 2014, les démarches et
charges administratives sont le frein à l'installation le plus souvent cité (91% des
médecins interrogés) par les médecins remplaçants thésés de Haute-Garonne (5). Dans
une étude qualitative sur les facteurs influençant l'installation en médecine générale (6),
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La formation théorique :
En France il existe cependant une inégalité de l'enseignement de la gestion du
cabinet entre les différentes facultés de médecine, tant sur le contenu que sur la forme,
d'après la thèse de Spiess (9), et d’après un rapport du Syndicat national des internes de
médecine générale (ISNAR-IMG) (10) .
Les enquêtes évaluant la formation des internes confirment un manque de
connaissances en matière d'exercice libéral et de gestion du cabinet. A Rouen, par
exemple, 88 % des internes jugent leur formation théorique à la gestion du cabinet
insuffisante ou insatisfaisante, et ils sont 67 % à juger que leur formation pratique dans ce
domaine est également insuffisante ou insatisfaisante (11). En 2017, à Bordeaux, plus de
la moitié des internes débutaient les remplacements sans être à jour de leurs démarches
administratives et fiscales. Leurs sources d'information principales sur ces démarches
étaient internet et leurs co-internes (12). Au plan national, l’ISNAR-IMG dans une
enquête de 2013, relève que près d'un tiers des internes n'ont eu aucune formation à "la
création d'un cabinet, à sa gestion et à la fiscalité", et que seulement 11% des internes ont
eu plus d'une journée de formation sur ce thème (13).
La formation pratique :
Le stage ambulatoire au cours du second cycle est le premier contact avec
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Les PAPS sont des sites internet régionaux créés en 2011 dans le but d'informer et
d'orienter les professionnels de santé dans leur carrière. Les PAPS doivent réunir
l'ensemble des acteurs régionaux utiles aux professionnels de santé, et recenser
l'ensemble des informations nécessaires. En 2014, l'ISNAR-IMG relevait qu'aucun PAPS
ne rassemblait l'ensemble des informations attendues (10).
2. Question de recherche
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MATÉRIEL ET MÉTHODE
1. Objectif de l'étude
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individuels à temps de parole égal par participant, ce qui peut permettre une meilleure
immersion dans le sujet et un plus grand relâchement des participants. Le principal
inconvénient de cette méthode est « l'effet de groupe », les participants pouvant censurer
certaines idées s'ils se sentent jugés par leurs pairs.
Notre étude visait à recueillir le point de vue des internes. Cependant pour
constituer notre échantillon nous avons pris le parti, sur la base de nos hypothèses de
travail, de choisir uniquement des internes ayant effectué au moins un stage ambulatoire
et étant en dernière année d'internat.
Dans le cadre d'une étude qualitative, l'échantillon n'est pas construit de façon à
être représentatif de la population cible, mais il est construit de façon à présenter la plus
grande diversité possible (échantillonnage raisonné) concernant les points les plus
susceptibles d'influencer les résultats.
Pour la première série d'entretiens individuels, nous avons choisi des critères liés à
la formation reçue : validation d'un ou deux stages ambulatoire(s), type(s) de structure(s)
observée(s) en stage ambulatoire, participation à une ou plusieurs formation(s)
théorique(s) (cf. Annexe I). Les autres variables indiquées dans le tableau sont données à
titre indicatif pour favoriser la compréhension des résultats. Toujours dans le cadre d’une
recherche de diversification maximale de notre échantillon, nous avons volontairement
sélectionné une interne investie dans la mise en place d'une formation dédiée à
l'installation en libéral (Forum de l'installation), et une interne se destinant à un mode
d'exercice particulier de la médecine (acupuncture).
Après une première série d'entretiens individuels, nous avons décidé d'organiser
un focus group. Nous avons alors raisonné différemment pour construire ce nouvel
échantillon. Nous avons choisi de n'inclure que des internes réalisant ou ayant réalisé un
stage SASPAS, nos entretiens individuels ayant confirmé l'hypothèse que les expériences
en stages ambulatoires jouaient un rôle important dans la perception de la gestion d'un
cabinet, et que la multiplication des organisations observées enrichissait la vision des
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internes.
Le recrutement d'internes pour la participation aux focus groups s'est avéré plus
difficile que pour les entretiens individuels. En effet, il faut trouver une date et un lieu qui
conviennent à l'ensemble des participants. De plus, la durée du focus group est longue
pour une population d'étude qui a déjà une lourde charge de travail universitaire et
professionnelle.
Afin d'obtenir une diversité de points de vue, nous avons décidé de recruter un
groupe d'internes réalisant ou ayant réalisé un stage SASPAS en milieu rural (terrain de
stage situé dans les Hautes-Alpes), et un autre en milieu urbain (terrain de stage situé en
métropole lyonnaise ou dans un centre urbain à moins d'une heure de Lyon). N'ayant pas
réussi à regrouper un nombre suffisant d'internes réalisant leur SASPAS en milieu urbain
le même jour pour former un focus group, nous avons finalement procédé à des entretiens
individuels jusqu'à obtention de la saturation des données (17) sur deux entretiens
consécutifs.
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de stage de la métropole lyonnaise ou des centres urbains situés à moins d'une heure de
Lyon ont tous été contactés par téléphone, afin d'entrer en contact, par téléphone ou par
courriel, avec les internes qui y réalisent leur stage ambulatoire. Les internes ont été
inclus dans l'ordre de réponse à cette sollicitation jusqu'à obtention de la saturation des
données.
6. Guide d'entretien
Un guide d'entretien a été établi pour servir de support aux échanges, à partir de la
littérature et de nos objectifs de recherche.
La méthode qualitative rend possible, voire souhaitable, des aller-retour entre
l’analyse et le recueil de données. Ainsi le guide d'entretien s'est modifié tout au long de
l'étude.
Pour la première série d'entretiens, la structure du guide a évolué pour se stabiliser
à partir du troisième entretien (cf. Annexe II). Le guide se composait de questions
principales qui ont toutes été posées, et de questions de relance qui pouvaient être posées
si certains points n'étaient pas abordés. Des questions non prévues par le guide pouvaient
également être posées, notamment pour approfondir des idées nouvelles émergentes non
prévues lors de la rédaction du guide d'entretien.
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Au terme de cette première série d'entretiens individuels nous avons fait le constat
suivant : la saturation des données a été relevée plutôt précocement (dès le septième
entretien), les internes n'avaient pas de projet établi, et souhaitaient tous poursuivre les
expériences avant de fixer leur choix sur un mode de gestion.
Nous avons alors pris le parti de présenter des organisations de la médecine
générale très différentes de celles qui avaient pu être observées par les internes, au travers
de l'exemple de modèles existant à l'étranger, afin de servir de support à une réflexion
élargie. Cette présentation orale était courte, de l'ordre de cinq minutes, et synthétique
afin de ne pas étouffer le débat. Un support écrit a été distribué à chaque participant
(recto de feuille A4, cf. Annexe IV et V). Les informations données étaient dans la
mesure du possible objectives, comparables entre les différents modèles et avec les
données françaises.
Cette présentation synthétique a été réalisée à partir d’un travail de revue de la
littérature, qui a permis d'obtenir une vue d'ensemble de l'organisation de la médecine
générale en Allemagne, au Danemark, en Espagne, en Finlande, en Italie, aux Pays-Bas,
au Québec, au Royaume-Uni, en Slovénie, et en Suède. Nous avons ensuite sélectionné
trois modèles différents : 1- exercice majoritairement individuel ; 2- exercice
essentiellement salarié en centre pluriprofessionnel ; 3- un système d'exercice en réseau
avec un paiement à la performance ou au forfait.
Ainsi, nous avons présenté au focus group les modèles allemand, espagnol et
anglais, et lors de la deuxième série d'entretiens individuels nous avons présenté les
modèles italien, suédois et néerlandais.
Le guide d'entretien (cf. Annexe III) se composait donc comme suit:
x Une question « brise-glace » qui invitait à partager une expérience,
x Une question explorant les représentations de la gestion d'un cabinet,
x Une présentation d'organisations existantes à l'étranger puis une question
invitant les participants à exprimer leur ressenti face à ces organisations,
x Une question leur demandant ce qu'ils aimeraient intégrer et/ou inventer
dans l'idéal.
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L'analyse des verbatims a été réalisée par deux chercheurs, en aveugle. Elle a
débuté dès le premier entretien selon les principes de la théorisation ancrée (17).
L’analyse a consisté en un codage vertical des entretiens : chaque entretien était
découpé en expression, phrase ou groupe de phrases constituant des unités de sens. Puis
ces codes ont été regroupés en thèmes, ou catégories, de façon horizontale, c'est-à-dire en
embrassant les différents codes de tous les entretiens.
Les codes et thèmes pouvaient être reformulés, fusionnés, subdivisés tout au long
de l'analyse. A la fin du recueil des données, les deux chercheurs ont mis en commun leur
grille d'analyse, et la définition définitive des codes et thèmes s'est faite de manière
consensuelle.
Cette analyse a été facilitée par l'utilisation du logiciel Nvivo®.
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Les documents en français ont été recherchés via les moteurs de recherche Google
Scholar, Doc'cismef et sur le site du Dépôt Universitaire de Mémoire Après Soutenance
(DUMAS) avec les mots-clefs suivants : « gestion du cabinet médical »; « installation en
médecine générale »; « tâches administratives en médecine générale », « tâches
administratives du médecin généraliste ».
Les documents en anglais ont été recherchés via le moteur de recherche PubMed,
celui de la Banque de données en santé publique, et Doc'cismef, avec comme principaux
mots-clefs "Practice Management Medical", libellé correspondant à "Gestion de cabinet
médical" selon la terminologie MeSH, ''Administrative task'', "Primary Care", "General
Pratice".
Des documents pouvaient être sélectionnés manuellement d'après le contenu et la
bibliographie des articles précédemment retenus.
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RÉSULTATS
Nous avons choisi d'organiser les résultats en trois parties : la première décrit les
représentations de la gestion d'un cabinet de médecine générale, la deuxième présente
l'acquisition des compétences nécessaires à cette gestion, la troisième aborde les
projections des internes dans leur futur exercice.
Gérer un cabinet était perçu par les interviewés comme une activité chronophage,
peu intéressante, et qui n'est pas le cœur du métier :
« Moi ce que je redoute c'est, euh... le temps. Que ça prenne énormément de temps,
de gestion de cabinet qui prendrait à la fois sur le temps libre et sur le temps de
travail » (E8).
« Pour moi c'est des choses qui sont assez lourdes tout ça, c'est vrai que …
clairement c'est pas mon truc les papiers (rires), dans la vie en général, mais au
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cabinet, du coup c'est pareil, euh... pour moi c'est un peu contraignant, c'est des
choses qui ne me viennent pas intuitivement, et en plus j'avoue vu que ça
m'intéresse pas, euh.. ffff, j'ai du mal à euh... j'ai du mal à faire franchement des
efforts là-dessus, quoi. Voilà. C'est plus une contrainte pour moi tout ça, ces tâches
...administratives (rires) » (E1).
« Je n'ai pas envie de consacrer mon temps à cette gestion de cabinet, que je
préfère consacrer à des patients, en fait, parce que tout le temps qu'on consacre à
la gestion du cabinet c'est un temps médical qu'on ne consacre pas à nos patients
en fait » (E7).
« Pour l'instant ça me parait assez lointain, quand même, euh... et assez complexe.
Autant y'a des petites choses que je peux comprendre dans l'application,
notamment dans la comptabilité ou des choses comme ça, autant y'a beaucoup de
choses qui me paraissent énormes et où pour l'instant je maîtrise pas du tout le
fonctionnement, euh... moi j'ai fait des stages où c'étaient des maisons de santé, et
donc les histoires de charges, de comment on réparti tout ça, les réunions, le SISA,
ou le fonctionnement comme ça, je comprends pas du tout comment ça fonctionne
pour le moment » (E7).
« Je pense que c'est un aspect très important, mais très compliqué aussi » (E8).
« Du coup c'est quelque chose qui est... qui m'angoisse un peu, tu vois. Enfin,
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Cette peur venait en partie du fait que la gestion d'un cabinet a des contraintes légales :
« Je pense que les choses que je redoute le plus, euh… c’est bête mais c’est le…
c’est tout ce qui est en lien avec l’imposition, euh… la comptabilité, la déclaration
des revenus professionnels, toutes ces choses qui sont très floues pour moi et dans
lesquelles je me suis pas encore lancé, et parce que, entre-guillemets, j’ai
l’impression que j’ai pas droit à l’erreur, dans le sens où une erreur peut vouloir
dire, euh… une contravention, enfin une répression plus tard, et j’ai l’impression
que la débrouillardise est, est moins possible » (E5).
Pour un interne interviewé, cette crainte de ne pas réussir à gérer un cabinet pouvait être
un vrai frein à l'installation :
« Alors que si j'ai pas ce genre de formation, si on me dit jamais rien, si on en reste
au stade où je suis maintenant, ben du coup, je pense que j'aurai peu de chances de
me lancer, quoi » (E8).
« J'ai deux prat' là par exemple qui n'ont aussi pas de comptable, qui font leur
comptabilité tout seul. Euh... moi personnellement ça me fait un peu peur, mais bon
du coup je me dis aussi que c'est possible » (E3).
Gérer un cabinet n'était pas perçu comme nécessairement difficile ou pénible, cela
dépend de la personnalité du médecin ou de ses appétences :
« Lui [maître de stage] il faisait sa comptabilité tous les soirs, ça lui, ça lui prenait
un petit peu de temps, mais ça avait pas l'air si laborieux que ça, mais... je sais que
l'autre... l'autre médecin avec qui il travaille, lui trouvait ça très laborieux et il
faisait quasiment pas de compta', donc... voilà ça a l'air d'être assez... assez
dépendant du médecin, quoi... » (E2)
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« Donc je pense qu’il faut que la gestion, faut vraiment… enfin… faut qu’elle soit
très rigoureuse. Je pense qu’il faut beaucoup de rigueur de ce côté-là » (E8).
A l'inverse, gérer un cabinet pouvait être perçu comme une activité stimulante
parce qu'elle est associée au sentiment d'indépendance professionnelle. Le médecin
généraliste est supposé capable de tout faire, ou a minima contrôler l'ensemble du
processus :
« Je trouve ça excitant parce que c’est… je pense que c’est ça qui me plaît aussi
beaucoup dans la médecine générale, c’est le côté libéral, euh… voire artisanal,
voire autoentrepreneur, de notre métier, qu’on… on dépend pas d’une fiche
salariale, d’une catégorie de salaire, euh… on a des frais, des rentrées d’argent, et
effectivement une gestion du cabinet qui peut rentrer en compte pour nous
permettre d’aménager notre temps et notre fonctionnement comme on veut. Donc
ça je trouve ça assez sympa, tu vois, de gérer tout d’un bout à l’autre, et pas de te
retrouver, toujours, pour certains trucs, dire ça, ça sera à l’aide-soignante de le
faire, ça, ça sera à l’infirmière de le faire, ça, ça sera à la comptable de le faire, ça
je demanderai à celui qui côte dans le DIM de le faire, enfin, je compare des
choses qui sont pas comparables, parce que ça n’existe pas forcément en médecine
libérale, mais ce côté où on est touche à tout et on connaît un peu notre
fonctionnement d’un bout à l’autre, je trouve ça assez sympa » (E5).
« Il faut que j'arrive à acquérir les compétences suffisantes pour pouvoir contrôler
le travail de quelqu'un d'autre qui s'occuperait de gestion du cabinet » (E7).
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« J’aime bien, euh… ce côté on va dire engagé d’un médecin généraliste libéral
envers sa patientèle. Il engage sa responsabilité, il engage pas celle d’une
structure, il est là parfois un peu à rallonge, mais c’est sa façon aussi de montrer
son… sa présence auprès des patients et son suivi » (E5).
« Enfin moi je suis d'accord dans le sens où oui on garde son indépendance, ce qui
est... c'est très confortable de... de dire ‘oh ben là je vais... je vais poser deux mois,
je vais prendre deux mois de... je sais pas quoi’, et on est libre de ce qu'on veut,
euh... ben jour après jour, le lendemain si on a pas envie d'aller, bon... (rires de la
salle) pour des raisons particulières d'accord, mais euh... mais oui c'est très
confortable en tout cas de pouvoir disposer de son temps comme on veut » (F1).
« Bosser comme un fou pour essayer d'en gagner beaucoup, mais comme on se fait
rattraper derrière par le fisc (rires).... Pour creuser l'écart j'ai compris que c'était
pas évident, y a un moment il y a un plafond de verre, on peut pas atteindre » (E9).
Les internes considéraient que la médecine générale est par défaut libérale :
« [L’exercice salarié de la médecine générale] ça me choque pas plus que ça »
(E4).
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Dès lors le salariat était perçu par les interviewés comme une « solution de repli » pour
ceux qui ne s'adapteraient pas à l'exercice libéral :
« Si un jour tout ce fonctionnement devenait trop lourd, trop contraignant, trop
difficile, trop obscure pour moi, euh… trop chronophage, j’ai cette possibilité de
repli, quoi » (E5).
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« Il faudra voir un... si y a un effectif particulier, travailler tant de jours, euh... voir
tant de patients pour que la structure elle puisse tourner aussi et... et voilà, alors
que j'aime bien pouvoir travailler de la manière dont j'ai envie et... et pas
forcément en voir, je sais pas, un nombre de patients imposé » (F1).
Toutefois, pour certains interviewés, le salariat permettrait une pratique en accord avec
son idéologie et sa conception du rôle du généraliste :
« Après ça dépend, euh... être salarié dans un dispensaire c'est un autre choix,
euh... un peu... un peu... déontologique et une autre façon d'exercer la médecine, en
fait. Mais je pense que c'est une autre façon d'exercer la médecine » (E7).
« J’avais entendu dernièrement des médecins qui travaillaient dans une structure
qui s’appelle l’ANPAA, autour de l’addictologie et c’est des médecins généralistes
qui sont un peu spécialisés en addicto mais ils sont salariés » (E8).
« Ben là, il me semble que, à Echirolles voilà, y a une secrétaire, des kinés, des
infirmiers, des médecins et tout le monde travaille... enfin tout le monde gagne la
même chose, alors je sais plus c'est 1500 euros par mois, euh... et... tout le monde
gagne la même chose, quoi, c'est... c'est... (F1)
- C'est des communistes ! (rires de la salle) (F4)
- Exactement. Et je sais que y en a qui... chez qui ça convient bien, parce qu'ils
aiment bien... enfin ils aiment bien travailler comme ça, après... oui je pense que
pourquoi pas... » (F1).
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1.7. Synthèse
La gestion d'un cabinet était perçue de différentes façons par les interviewés :
d'une part, elle était perçue négativement comme étant une charge, une source de
problèmes potentiels allant jusqu'à inhiber un projet d'installation ; d'autre part, elle était
perçue de manière plus positive comme offrant l'opportunité d'être indépendant dans
l'organisation de son activité, de moduler ses revenus, et d'exprimer son investissement
auprès des patients. Ces représentations cohabitaient parfois chez la même personne.
Le salariat était perçu comme la figure inversée de l'exercice libéral : un statut qui
permet de se concentrer sur le soin sans avoir à acquérir des compétences en gestion, au
prix d'une perte d'indépendance et de revenus. L'exercice salarié de la médecine générale
manquait cependant de mise en pratique en stage, ce qui ne permettait pas aux internes de
percevoir clairement les avantages et les inconvénients de ce mode d'exercice. Pour
certains, il permettrait une pratique en accord avec l'éthique médicale d'égalité dans les
soins, et avec une idéologie de réduction de la hiérarchie entre les professionnels de
santé.
Ces perceptions dépendaient en partie du sentiment d'être compétent ou non en ce
qui concerne la gestion d'un cabinet.
SARRADON
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« En termes de gestion du cabinet.... j'ai pas... peut être que j'ai fais un oubli
volontaire mais... j'ai pas l'impression qu'on ait eu de formation à la fac... [...]
C'est vrai qu'à part le forum de l'installation du SYREL j'ai pas le sentiment qu'il y
ait... qu'il y ait de formation » (E4).
« On fait dix ans d'études, on n’a pas de cours de compta, on n’a pas de cours de
gestion » (E9).
« Je me suis renseignée, euh... moi, et donc du coup j'ai... j'ai compris la différence
entre collaborateur / remplaçant, et puis euh... et puis après associé. Euh... mais du
coup, c'est plutôt moi qui ai fait la recherche, c'est pas avec... c'est pas au cours de
mes stages qu'on m'a… qu'on m'a dit les différences » (E3).
« En fait en gros c'était par le SYREL qui nous disait que c'était important d'avoir
une prévoyance » (E3).
SARRADON
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« Et du coup je suis contente d'avoir quand même eu ces premiers contacts, ces
premières infos, et puis euh... et je sais maintenant, enfin... je connais quelqu'un
dans ces organismes qui est super présent, en tout cas qui a l'air super présent, et
compétent, et qui me dit ‘au moindre souci, tu me passes un coup de fil, on change
ta situation très très vite... et puis s'il faut revenir en arrière on revient en arrière’...
voilà, donc c'est surtout aux A.G. du SYREL que j'ai été sensibilisée à ça et puis
maintenant je suis contente de mon contact chez eux » (E4).
Les stages (ou les remplacements) ont permis aux interviewés d'observer la
gestion d'un cabinet :
« Qu'est-ce que j'en ai vu, euh... c'était essentiellement euh... ben lui il faisait sa
comptabilité tous les soirs, donc il vérifiait les... le nombre de patients qu'il avait
vu, si ça avait été bien enregistré dans sa compta', euh... en fonction des
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différentes cotations, euh... donc il notait d'abord sur une feuille papier pendant...
au fur et à mesure des consult' et puis après le soir il vérifiait sur le logiciel
intégré... sur son logiciel patient en fait » (E2).
« Je faisais la compta, au fur et à mesure de mes stages, euh… le soir avec mes
prat’, euh… j’ai appris à faire la télétransmission, euh… j’ai un petit peu
appréhendé la gestion des stocks à travers parfois des choses que je recherchais et
que les secrétaires me disaient qu’elles allaient commander, j’essayais de
participer à l’effort de scannage et numérisation de certains documents, c’est les
grandes choses qui me viennent en tête » (E5).
Ils ont surtout offert aux internes la possibilité de comparer différentes organisations,
différents matériels ou logiciels :
« Alors ça, j'en ai moins discuté directement avec mes praticiens, par contre, je l'ai
un peu vu par moi-même, parce que j'ai vu des... j'ai vu des organisations
différentes, par exemple une maison de santé qui avait deux secrétaires à plein
temps sur place, euh... un autre qui avait une secrétaire qui était son épouse, qui
ont un lien forcément un peu particulier, un autre qui a pas de secrétaire sur place
mais qui a une secrétaire téléphonique, euh... y'en a un autre qui a pas de
secrétaire du tout, donc qui reçoit tous les appels lui-même » (E1).
« C'était le logiciel Weda là-bas, et sinon c'était euh... dans l'autre cabinet où
j'étais c'était... Hellodoc. Euh.... ben Hellodoc je trouvais ça pas trop fonctionnel
(rires) » (E2).
« A travers les quelques remplas que j’ai fait je trouvais ça… enfin tout le temps en
rempla je me disais ‘plus tard dans ma gestion de cabinet je prévoirais plutôt
d’avoir tel matériel ou tel matériel, j’aimerais bien que mon secrétariat fasse telle
ou telle tâche, fonctionne de tel moment à tel moment, ce logiciel je le trouve pas
très ergonomique, cette façon de ranger les dossiers je la trouve pas très pertinente
(sourire)’ » (E5).
A ce titre, le stage ambulatoire au cours de l'externat était jugé profitable par les
interviewés :
« Quand j'étais externe, j'ai vu une femme qui travaillait seule. Mais dans mes
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stages d'interne j'ai vu que des cabinets de groupe. Alors celle qui travaillait seule
elle était drôlement organisée, hein. Elle travaillait énormément, mais j'ai un super
souvenir de l'organisation » (E8).
Certains maîtres de stage étaient bien investis dans cet aspect de la formation :
« Mes prat’, euh... avec qui parfois j’échange directement à ce sujet-là, donc c’est
une formation directe avec eux » (E5).
« Ben mon prat' niveau 1 qui parlait beaucoup, ben justement il tenait à cœur de
regarder.. enfin de montrer comment lui il faisait. [...] il était plutôt bon, il était
très organisé, moi je suis bordélique, et j'ai beaucoup appris à son contact » (E9).
« C'est l'AGA qui l'a formée, elle. Mais du coup elle essaye de transférer aux
autres... enfin elle... les internes qui passent chez elle, elle essaye de les former »
(E11).
Cependant les stages ne leur ont pas permis de se sentir pleinement compétents en gestion
de cabinet :
« C'est vrai que... c'est pas forcément quelque chose qu'on aborde spontanément
avec les prats, je trouve » (E1).
«Moi je n'ai fait que mon stage chez le praticien, et il vient de se terminer, et
globalement, en gestion de cabinet, euh... à part de faire la comptabilité
simplement en fin de journée et.... de lire les biologies qu'on reçoit et participer à
la lecture du courrier j'ai pas fait grand-chose de plus dans la gestion d'un
cabinet » (E7).
Notamment parce que la formation médicale était privilégiée par rapport à la formation à
la gestion :
« Mais après c’est vrai que sinon l’organisation, euh… je vois pas grand-chose
d’autre. C’est vrai que j’ai pas vu… j’ai fait que, essentiellement, la partie
consultations, quoi » (E6).
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« Moi j'ai vraiment eu des maîtres de stages qui étaient plutôt axés sur la formation
médicale, plutôt que sur la formation gestion du cabinet » (E7).
«C'est vrai que c'est pas forcément avec les prat' qu'on pose la question, et puis des
fois quand on pose la question en fait ils ... c'est pas trop eux qui gèrent et ils
savent pas. Enfin je sais qu'en stage prat' niveau 1, quand j'avais dis que j'avais
comme objectif de savoir un peu, euh... le côté administratif des choses il m'a dit
"ben ça faut pas compter sur moi, voit avec ton autre prat' " (rires). Et là les, les
deux, les deux... ils m'ont dit "ah, ben on va te montrer la déclaration, etc..." et
pour l'instant ça n'a toujours pas été le cas, faudra peut-être que je redemande....
Ben... y'a pas de formation là-dessus » (E3).
« Participer à la gestion du cabinet… non j’ai… en fait j’ai jamais participé à ces
réunions, je sais qu’elles avaient eu lieu pendant mon stage SASPAS mais c’était
toujours sur des jours où moi j’étais pas là » (E8).
« Les visites je sais pas... oui des visites mais je sais pas quand est-ce que je les fais
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« Quand t'es remplaçant c'est moins pénible de faire la compta, quand c'est tes
sous que tu vas toucher, euh... tu... y a un truc (rires) c'est bizarre mais t'es
beaucoup plus consciencieux et ça te parle beaucoup plus. Alors quand c'est pour
un autre médecin t'es là “ouais, chèque ou carte bancaire c'est pareil” (rires) »
(E11)
De plus les internes n'ont pas eu d'exemple de médecin travaillant à temps partiel :
« Moi je sais que je voudrais pas beaucoup travailler, donc je sais pas comment il
faudrait que je gère ça avec le budget, est-ce que du coup j'aurais le budget d'avoir
une secrétaire, même si je pense que c'est important » (E8).
Les internes ont pu tirer profit de leur expérience en tant que patient :
« Ou à la rigueur partager un cabinet à deux et faire un mi-temps. Je sais que le
médecin généraliste où j'amène mon fils les horaires, c'était je sais pas 8h30-14h
et 14h-19h » (E3).
« Après moi, passé un moment, je suis allée voire une homéopathe [en tant que
patiente], et qui travaillait dans un cabinet de groupe. Donc je voyais qu'il y
avait... y avait une secrétariat également, et voilà, sinon elle m'a parlé de
comment était organisé son cabinet, mais euh... voilà, c'est surtout ça, mes deux
contacts vraiment avec des gestions de cabinet » (E8).
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Les échanges et le partage d’expériences avec les pairs jouaient un rôle important
selon les interviewés :
« J'ai vu un peu un... une page Facebook sur internet qui s'appelle ‘le divan des
médecins’ où les gens... il y a beaucoup de médecins qui échangent beaucoup sur
différents aspects, que ce soit sur l'installation, le type d'installation, les démarches
à faire pour les... pour les assurances, pour la retraite, etc... donc je vais essayer de
glaner un petit peu des informations de ce côté-là » (E2).
« Enfin voilà, on demande aux copains comment ils ont fait » (E3).
« Et puis sinon, je pense que... sinon au cours d'un échange avec son tuteur ou sa
tutrice ça doit pouvoir être faisable si on pose la question, je sais pas si c'est
quelque chose qui est nécessaire à tout le monde ou que moi je ressens, mais je
pense que le tuteur est aussi là pour ce genre d'info » (E4).
« [Le support le plus intéressant ?] : A part l’expérience d’autrui je vois pas. Après
je sais pas, c’est un truc qu’on a assez facilement par l’expérience des autres, je
trouve » (E6).
« Le seul truc que j'en retiens c'est vraiment l'apprentissage des contacts, vers qui
demander des informations » (E7).
2.6. La formation à la gestion n'est pas une priorité pour les internes
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« En fait je me sens pas concernée encore. Enfin, pas encore. Je sais que je le ferai
un jour, mais pour l'instant c'est pas... c'est pas dans mes priorités (rires). Ça me
paraît loin » (E8).
Ils différaient donc leur formation à la gestion, jusqu'au moment où les choses
deviendraient plus concrètes :
« C'est vrai qu'il va falloir que je m'y intéresse et que je planche là-dessus un jour,
mais je repousse un peu au maximum à vrai dire (rire) » (E1).
« Et puis je vais déjà voir un petit peu en commençant les remplacements, je me dis
que ça me permettra d'avoir une première approche en échangeant avec les
médecins sur place. Je serai un petit peu contrainte de me renseigner à ce moment-
là, quoi (rire) » (E2).
« J'y pense pas du tout en ce moment, j'ai pas du tout réfléchi, j'ai pas... j'ai pas les
bonnes interrogations, je pense que les interrogations viendront au moment de....
de l'installation je pense, surtout » (E6).
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« C'est d'ailleurs pour ça que beaucoup d'entre nous remplacent pour voir en fait
différents systèmes et voir celui qui s'adapte le mieux à nous, quoi » (E3).
« De mon expérience ça n’a aucun sens de le faire, euh… avant d’être allé chez le
prat’. C’est vraiment, des trucs complètement abstraits, je pense qu’il faudrait le
proposer peut-être en, en fin de stage prat’ » (E5).
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« Il y avait une base à connaître qu'on a pas du tout, qui aurait mérité d'avoir
quelques cours à la fac, avec un prof de compta, pour apprendre le B à BA. De
comment on fait les charges, qu'est-ce qu'on peut déduire, comment... » (E9).
Les interviewés ont exprimé différentes idées concernant cette formation théorique :
- elle pourrait se faire sous la forme d'une journée d'étude :
« Ça pourrait faire l'objet d'une journée d'étude pendant le stage prat', ou une
demi-journée peut-être que ça suffit » (E4).
« Donc qu’il y ait un onzième ou douzième cours qui soit sur l’installation et la
gestion du cabinet » (E5).
- ou d'un séminaire :
« Euh... pour moi une formation théorique, enfin théorique où on me parle de cas...
de théorie et puis après de cas très pratiques, une espèce de séminaire sur la
gestion du cabinet, mais vraiment axé là-dessus, où à la fois on me donne la
théorie, on m'explique comment gérer, la comptabilité tout ça, plus des gens qui
témoignent et qui me racontent comment eux ils sont organisés. J'aimerais... ce
genre de formation j'irais volontiers. Peut-être que ça existe, hein, je me suis
jamais renseignée » (E8).
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Ce type de guide était d'ailleurs jugé utile par une interne qui en connaissait un :
« J'avais téléchargé un jour, il y avait un guide... c'était plutôt pour les
remplacements, mais de RéAGIIR ou REAGIRA, je sais plus. Mais voilà, un petit
guide que j'avais trouvé sur internet mais qui est assez simple et bien explicite »
(E1).
2.8. Synthèse
Ainsi les internes interviewés se sentaient mal préparés à la gestion d'un cabinet.
Ils considéraient avoir des lacunes théoriques et avoir été insuffisamment mis en
situation. Cette formation à la gestion était jugée secondaire par rapport à l'acquisition de
compétences de soin, à la fois par les maîtres de stage et par les internes. Le temps et
l'envie manquaient pour s'y consacrer.
Les organismes privés d'assurance ou prévoyance proposent des conseils, leur
disponibilité était bienvenue et ils étaient considérés comme fiables. Aussi peut-on
craindre que les internes soient la cible d'un démarchage commercial auquel leur manque
de formation les rend vulnérables.
L'acquisition des compétences nécessaires à la gestion d'un cabinet nécessite la
poursuite d'expériences de terrain, pour tester ses besoins en situation réelle, continuer les
comparaisons entre les différentes organisations mises en place par les médecins seniors,
afin de trouver l’organisation qui convient à l’individu en fonction de ses aspirations et de
sa personnalité. A ce titre, l'aide des pairs sera recherchée.
Mais cela nécessite aussi une préparation théorique qui devrait :
- apporter des bases de comptabilité et rappeler les démarches administratives à
entreprendre avant une installation,
- intervenir à partir du stage praticien, pour pouvoir être reliée à son application
pratique,
- être obligatoire pour ne plus être délaissée,
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« J’avoue que je suis pas encore fixé sur une pratique euh... seul, en groupe, avec
ma copine, de manière séparé, en maison de santé, je trouve que tous les exercices
ont des avantages et des inconvénients, et du coup je vais aussi voir beaucoup en
fonctions des opportunités qui se présentent » (E5).
Ce besoin d'expérimenter pour faire un choix ressortait lorsqu'on les interrogeait sur les
modèles de soins primaires existant à l'étranger :
« Je trouve que c'est difficile sur une définition de s'imaginer, de se représenter tout
un système de soin. Je... je comprends les termes et tout ça mais je me dis que
finalement si on n’a pas été dans ce genre de truc, on voit difficilement les
avantages et les inconvénients » (E9).
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Les modèles observés en stage ont permis à certains de se projeter dans un certain
type d'exercice :
- soit en les ouvrant sur un mode d'exercice qu'ils n'avaient pas envisagé :
« A la base, quand je suis arrivée en médecine générale, le but c'était de faire ça,
de faire une MSP. Et finalement, sur le prat' niveau 1 j'ai vu l'autre travailler tout
seul et réussir à très bien s'en sortir, et que finalement c'est peut-être bien plus
rentable (rires) » (E9).
« C’est juste qu’après, ça dépend d’où on est installé, on n’a pas les mêmes
interlocuteurs » (E6).
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« C'est où est-ce que je voudrais bien travailler, où est-ce que... enfin, sachant que
je voudrais travailler pas trop loin de là où j'habite, parce que faire de la route
c'est chiant. Et après le reste... ffff... je pense que ce sera pas des... des gros
problèmes » (E6).
- l'environnement médical :
« Et puis je pense une facilité d'accès à… à des spécialistes, à… à des plateaux
techniques, peut être aussi, si besoin, une bonne relation avec un hôpital de
proximité » (E4).
« Mais moi je préférerais m'acheter les locaux. Pour que ça soit plus rentable en
fait, parce que du coup, là, le... la location, on la déduit des impôts, mais si j'achète
je déduis aussi des impôts mon crédit donc y a pas de... derrière il me reste quelque
chose, alors que la location il me reste rien du tout, quoi. Et euh... ça c'est quelque
chose qui me fera réfléchir au moment où on me proposera la collaboration, enfin
si tout le reste me plais je dirai oui, mais si y a autre chose en plus, ça me... enfin je
dirai plutôt non, quoi » (E3).
- à ce titre, les aides financières à l'installation ont été évoquées une fois :
« Pour ce qui est pour les aides à l'installation, là, dans les zones déficitaires, ça
j'avoue que c'est un... un argument... alors après ce sera pas totalement
déterminant, mais euh... c'est vrai que je regarderai peut être un petit peu en
fonction » (E2).
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« Il est vrai que c’est ce qui me donne envie de potentiellement monter un cabinet,
ou un cabinet de groupe, c’est d’avoir une sorte de possibilité de, de poser des
choses dès le départ sur ces systèmes de gestion. Des fois j’ai l’impression que
parfois c’est plus simple de s’intégrer à un fonctionnement et d’apprendre sur le
tas, mais qu’on se sent plus pieds et mains liés à…. Ouais, pieds et mains liés à ce
qui est déjà proposé. En tout cas j’ai envie que ça fasse partie de mon installation,
de mettre en place des choses sur le plan de la gestion du cabinet. J’ai pas envie de
le subir, j’ai envie de me l’approprier vraiment » (E5).
« Ben moi, si tout est monté qu'il y a juste un bureau à occuper et à travailler, ben y
a pas de soucis » (E11).
Le statut de collaborateur pouvait permettre de rejoindre une structure sans les contraintes
d'une association :
« Mon chef il m'a expliqué aujourd'hui qu'il valait mieux se mettre en
collaboration que en remplacement fixe quand tu fais trois jours par semaine, ou
deux jours par semaine, parce que tu commences à cotiser pour je sais pas quoi,
j'ai pas compris, et que t'as tes patients qui sont à ton nom, quoi, et pas à... Et
après même si tu te poses dans un cabinet juste à côté tu peux les emporter avec
toi. Et puis les gens peuvent prendre rendez-vous avec toi, quoi. Et puis il m'a dit
les contrats de collaboration tu peux les faire durer que un an ou... enfin c'est pas
du tout quelque chose de compliqué à mettre en place » (E12).
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- pour le médecin :
« Là typiquement, j'ai un maître de stage qui a des locaux qui... que j'aime pas du
tout (rires) c'est en renfoncement, y a pas de fenêtre, le cabinet il est tout petit, c'est
étriqué, il y a de la moquette par terre et je pense qu'avant il était fumeur mon prat’
donc ça sent vachement ! C'est bête mais du coup ben ça donne pas envie, moi ça
me donne pas envie d'y aller, d'exercer et du coup » (E1).
« Par contre au niveau rendez-vous, je pense que c'est... c'est ça qui m'a le plus
marqué, parce que je pense que c'est déterminant sur la façon ensuite dont... dont
tu vis tes journées » (E4).
« J'aimerais avoir une secrétaire sur place, parce que je pense que c'est vraiment
un apport supplémentaire... pour les patients » (E2).
« Mettre des écrans en salle d'attente. Les gens, ils regardent moins les affiches
mais ils regardent les écrans » (F4).
« Et en plus une salle euh... voilà, entre-guillemets, urgence dans lequel pourra
être le SASPAS quand il est là » (F4).
Certains interviewés ont exprimé le souhait de ne pas travailler tous les jours :
« J'aimerais bien ne pas travailler le samedi et le dimanche (rires). Et puis, oui, le
soir, finir pas... oui avoir la dernière consult' à 18h pour finir à 18h30, parce
qu'après j'ai un enfant donc j'aimerais m'en occuper un petit peu » (E2).
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« Je pense pas que je travaillerai tous les jours (rires du groupe) comme beaucoup
je pense ! » (F5).
D'autres souhaiteraient travailler un nombre limité de journées, mais avec des horaires
étendus afin de maintenir des revenus corrects tout en rendant service aux patients :
« C’est vrai qu’avoir un jour de libre ça me tente bien, et en contrepartie, ben, de
rester peut-être tard le soir, je pense que c’est pratique pour les patients,
notamment ceux qui travaillent et qui sortent tard, d’avoir leur médecin dispo dans
la soirée, quoi » (E5).
« Du coup, en sachant que je travaille deux jours et demi par semaine je suis prête,
voilà, à faire des plus gros horaires, enfin voilà, commencer peut-être à 8h-8h30 le
matin et finir plutôt à 19h, voire un peu plus tard si besoin » (E3).
Les revenus peuvent être complétés par les gardes plutôt que par l'augmentation du temps
de travail hebdomadaire :
« Je sais que bon en travaillant deux jours et demi par semaine, euh... j'espère
avoir entre 2000 et 3000 euros pour moi. […] Et voilà je suis prête à la rigueur à
faire plutôt une garde par mois de week-end, ou un samedi matin ou... voilà, des
choses pour rajouter si besoin » (E3).
« Et je me voyais travailler trois jours et demi par semaine, ou alors trois jours et
prendre une garde en maison médicale de temps en temps. » (E12).
« J'aurais une préférence pour quelqu'un sur place, que quelqu'un de délocalisé
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parce que il y avait toujours des appels qu'il fallait repasser trente-six fois pour se
transmettre les infos » (E4).
« Notamment y en a qui font appel à des comptables, euh… pour tenir leur
comptabilité, euh… tout au long de l’année, euh… je pense qu’il y a des
intervenants extérieurs auxquels on peut faire appel » (E5).
« Je suis pas spécialement fan de ménage donc si je peux le faire faire par
quelqu’un ce serait bien » (E1).
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« En gros, l'assistant il fait la moitié de... de ce qu'on fait, quoi. Mais est-ce qu'il
passe pas... est-ce qu'il y a pas le risque qu'il passe à côté de quelque chose ? »
(F3).
« J'ai toujours cette réticence moi... je veux dire les infirmières [en Suède] elles
gèrent les premiers contacts, elles gèrent les... les trucs bénins, enfin... Si on a des
études qui font neuf à dix ans c'est que y a une raison. Alors après elles ont des
compétences, elles savent opérer des choses, mais... moi ça m'a toujours dérangée,
euh... ce glissement de tâches » (E11).
L'exercice en cabinet individuel faisait moins peur aux interviewés qui en avaient
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« Donc en fait il y a les deux côtés : à la fois c'est rassurant d'avoir d'autres
médecins à côté pour pouvoir poser des questions si jamais il y a un gros souci, et
à la fois d'avoir un autre... d'autres... d'autres professions, ça permet de parler
d'autres choses et de faire une vraie pause, quoi (E3).
« Je pense que le secrétariat c’est quand même bien. Parce que je pense que c’est
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assez essentiel d’avoir un… voilà, parce que déjà ça fait être pas seul » (E8).
A ce titre, l'idée de travailler en réseau tout en étant installé en cabinet individuel, comme
en Italie, ne leur semble pas intéressante :
« Travailler seul dans son propre cabinet mais en réseau avec tout le monde ?
Moi je préfère travailler à plusieurs dans un même lieu. Et vraiment... comme la
politique actuelle qui me semble très bien, c'est de faire des pôles médicaux, euh...
de regroupement de communes et on est plusieurs à travailler pour euh... un plus
large rayon géographique. » (E11).
« Ben déjà avec d'autres, d'autres médecins, enfin voilà je me verrais pas dans un
cabinet seul en tout cas, euh... Rien que le fait de, de... les horaires d'ouverture, les,
les jours de congés, même si... on peut prendre un remplaçant, c'est pas ça l'idée,
hein, mais c'est quand même plus confortable de ce point de vue-là » (F3).
« Parce que dans les maisons de santé c'est vrai qu'on récupère un peu... enfin les
patients ils... parfois ils tournent un peu, y a les dossiers médicaux partagés et c'est
vrai que si on a pas du tout la même manière de, de travailler ou de prescrire, ou...
et ben ça peut être vite, euh... vite compliqué » (F1).
Mais il pourrait parfois impliquer une perte de liberté dans la gestion de son planning :
« Moi je vois la planification des horaires d'ouverture, c'est un peu un truc que je
reproche... que je reproche aux MSP, c'est une contrainte, quoi. J'ai un peu peur de
ça. J'ai pas envie toute ma vie de devoir demander à quelqu'un si je peux prendre
mon dimanche, quoi. Ou de devoir demander à quelqu'un de devoir reprendre mon
dimanche parce que finalement j'ai un imprévu. (rires) » (E9).
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structure :
« Et puis peut-être que les... les médecins aient euh... des formations... enfin pas des
formations différentes, mais euh... des orientations différentes » (F2).
« Après ça peut être ça dans les zones où c'est très isolé, ou plus isolé de, justement
du groupe, enfin du gros CHU, ou même du gros centre hospitalier, en terme de
structure d'avoir comme un hôpital, c'est-à-dire avec le labo, avec le... la radio, et
avec les médecins à côté, et puis à l'intérieur, un peu comme une maison de santé,
en fait » (F2).
« Y avait des RCP où on se retrouvait avec, euh... donc y avait.... enfin l'idéal
c'était les médecins du cabinet plus les kinés plus les infirmiers, mais au final,
euh... c'était entre midi et deux, euh... je crois qu'il devait y avoir, je sais pas, 10%
au final qui venaient, donc on... au lieu de se retrouver à douze ou quinze, on se
retrouvait à trois ou quatre, quoi » (F1).
- Elles permettraient une formation au travers des interactions avec les autres
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professionnels de santé :
« Je trouve ça aussi très intéressant, de pouvoir travailler avec d'autres
paramédicaux, enfin les infirmières, avec les kinés, euh... pouvoir parler d'un cas
particulier d'un patient par exemple avec un kiné, parce que honnêtement je sais
pas toujours exactement ce qu'ils font, j'envoie mais après je sais pas... je sais pas
comment ça se passe, rien du tout, donc, enfin, de pouvoir partager... voilà, sur
certains cas, ça me paraît quand même intéressant et formateur » (F3).
Celle-ci devrait être systématique, mais pas nécessairement formelle, pour éviter des
lourdeurs de fonctionnement, par exemple au travers du logiciel métier :
« Je sais pas si il faut forcément passer par quelque chose de formel, mais... je sais
pas, le meilleur moyen, je sais pas. Après le problème des choses formelles et
programmées c'est que ça peut être vu comme une lourdeur en plus » (F2).
« Si elle [l'infirmière ASALEE] trouvait qu'il y avait quelque chose à faire part
d'une façon un peu plus urgente elle en parlait plus facilement et plus rapidement
au médecin, mais tout était sinon... par le logiciel tout était très facile » (F4).
« Et puis euh... on pose quand même aussi des réunions... des réunions le soir,
enfin ou des... une organisation où il faut quand même qu'il y ait... où on se
rencontre au moins, je sais pas, une fois par mois, enfin faut qu'il y ait des projets,
et donc du coup ça impose quand même du temps et... je suis pas forcément prête à
donner, dans l'immédiat en tout cas » (E3).
« Pour avoir vu un médecin gérer une MSP c'est très TRES compliqué, y a
beaucoup de rendez-vous avec l'ARS, il me parle de chose de SCI, là il a plein de
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réunions... faut vraiment avoir quelqu'un qui aime l'administratif et qu'il n'ait pas
peur, pour gérer la MSP » (E11).
« Je pense qu'il faudrait peut-être euh... relier çà avec, je sais pas, des profs de
sport, ou un truc comme ça pour encourager les gens à... à bouger, parce que
finalement c'est... c'est aussi de la prévention l'activité sportive, en plus avec le
débat sur le sport remboursé tout ça, machin, euh... je pense que… qu'il y a une
bonne partie des... des pathologies qu'on peut prendre en charge conjointement
avec une prise en charge sportive » (F5).
3.8. La gestion des relations interpersonnelles dans les cabinets de groupe ou les
structures pluriprofessionnelles
Une structure de groupe était perçue comme plus difficile à gérer, notamment sur
le plan des relations humaines, avec la nécessité d'une vision commune du
fonctionnement de la structure :
« Je dirais que le plus compliqué à gérer ce sera le facteur humain, les... les autres
médecins, pour essayer de faire une organisation quand même un peu... un peu
commune » (E6).
« C'est compliqué, parce que il faut vraiment… c'est une maison où il y a quand
même beaucoup de monde, il faut que les gens s'entendent (sourire), qu'ils aient la
même idée au départ, et ça... je pense que c'est difficile » (F4).
Selon les interviewés, les relations conflictuelles entre les professionnels étaient un
facteur de rejet d'une installation :
« Justement, quand j'étais en stage prat' niveau 1 les autres médecins allaient
s'installer en MSP et euh... l'entente avait l'air beaucoup moins cordiale et ça fait
beaucoup réfléchir aussi. Donc je veux pas forcément m'installer en MSP non plus.
Enfin voilà, euh... faut que tout le monde s'entende bien, faut que tout le monde
travaille à peu près de la même manière et ça, c'est pas forcément le cas » (E3).
« Si on est plusieurs, les conflits c'est vraiment quelque chose qui me fait peur.
Enfin, que je redoute. Travailler dans une mauvaise ambiance je pense que je
pourrais pas, quoi » (E8).
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Afin de prévenir les problèmes qui peuvent résulter de relations conflictuelles, les
interviewés ont avancé plusieurs solutions :
- La structure devrait être à taille humaine :
« Je pense qu'il faut au moins trois médecins, idéalement je sais pas, je sais pas s'il
en faut trop, entre trois et cinq médecins » (F4).
« Quitte à ce qu’il y ait quelqu’un qui soit, pas un chef mais… on va dire un
responsable de cette gestion, à qui se référer et qui puisse en parler à tout le
monde, ou alors chacun le fait, mais bon… voilà. Je me demande s’il faut pas un
référent quand même, parce que… pour que les choses soit dites à tout le monde »
(E8).
- Mais surtout donner une place pour les temps d'échanges informels et
conviviaux :
« Tu vois, partager les repas, enfin, favoriser les moments d'échanges, tu vois.
Essayer de créer un lieu très convivial pour que du coup tous les professionnels de
santé mangent ensemble, et qu'ils se parlent [insiste], et qu'ils passent du temps
informel [insiste] ensemble, pour se sentir bien sur le lieu de travail, et qu'il y ait
pas tous ces non-dits comme je les ai vraiment ressentis dans les stages où je suis
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« Je pense que ça... que ça reste correct pour faire les choses, justement pour faire
des consultations d'une durée assez longue, de quinze ou vingt minutes. Moi je
ferais plutôt vingt minutes, je pense, de consultation si c'est possible, mais, euh...
ouais, plutôt dans cet ordre-là » (F3).
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L'ordinateur dans le bureau de consultation était perçu par une interne comme une
entrave à ce contact :
« Limite si je pouvais dicter ce que je suis en train de faire plutôt que moi-même
taper sur l'ordinateur. Je trouve que c'est une perte de temps cet ordinateur, et en
plus ça bouffe l'interaction avec les patients quand on a la tête figée sur un écran »
(E9).
Tout comme les multiples opérations de saisi nécessaires à la tenue du dossier médical :
« L'enfant, le carnet de santé papier on écrit à la main, et après il faut quand même
mettre son petit mot dans le logiciel, parce que faut tracer ce qu'on a fait, donc
euh... La saisie, rien que ça, euh... Alors ça aussi, dans le monde idéal, ce serait
bien que le logiciel qu'on a nous soit directement connecté à la carte vitale et que
quand on écrit un truc dans le dossier on n’a pas besoin de reprendre cinq minutes
à le noter. Voilà, et que ce soit pas un site comme ils ont fait là, où il faut
retourner... ça serait bien que ça fusionne.... » (E11).
Dès lors une optimisation à l'extrême faisait craindre à une logique productiviste :
« Ben lui [médecin venu présenter en cours l’exercice libéral] c'était un peu une...
une machine, je pense... voilà il disait voilà, pareil la table doit être réglable, il faut
limite avoir un fauteuil parce que les... les vieux quand ils vont se déshabiller c'est
ça qui fait perdre le temps en consultation, et du coup on va pas leur demander de
tout enlever, les faire asseoir sur la table déjà ça va prendre la moitié de la
consult', du coup... (F1)
- Ouais c'est de l'ergonomie de poste pour être plus productif, c'est tout (F4).
- Exactement, c'était ça (F1).
- On parle comme au niveau des industries, c'est tout » (F4).
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L'idée d'un assistant qui réaliserait une partie de la consultation à la place du médecin
(mesure de la tension artérielle, aide à l'habillage, etc...) ne leur semblait donc pas
nécessairement une aide :
« Après je sais pas si en pratique c'est bien, parce que quand on prend une tension
on discute quand même » (E9).
« Mais en fait je trouve que prendre la tension, faire... ben l'ECG c'est... prendre
les constantes, ça fait quand même partie de la consultation parce que c'est des
moments où y a quand même un contact, un contact avec le patient, ça permet, je
sais pas, c'est, ça... pour moi ça fait partie d'une consultation parce qu'on dit des
choses aussi pendant ces moments, quoi » (F1).
« Ben moi je suis d'accord avec F5, enfin c'est une... une bonne rela... enfin moi je
vois plus la médecine, euh... c'est une relation entre un médecin et un patient, plus
que, euh... il faut soigner tant de patients dans telle région. Enfin je sais pas... bien
sûr que la qualité de la relation elle est primordiale pour, euh... pour bien soigner,
donc... orienter de manière un peu obligatoire les gens vers un centre ou vers un
médecin ça... oui ça me paraît pas, euh... très logique, enfin je sais pas, dans ma
manière de voir la médecine aussi, hein » (F1).
« Je pense qu'on est tous attachés à la liberté de... de s'installer où on veut et puis
de... et justement que le patient puisse choisir son... son médecin comme il le veut »
(F3).
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« Bon on est pas libre de... de faire tout et n'importe quoi... enfin surtout j'ai envie
de dire de... de moins en moins avec les... les objectifs de sécurité sociale [sic :
Lapsus objectifs de sécurité sociale pour objectifs de santé publique], tout ça, euh...
mais bon, enfin... on garde quand même un certaine indépendance, et... que
j'aimerais, que j'aimerais préserver, quoi » (F3).
« On est un peu en train de nous... comment on pourrait dire... C'est un peu comme
les ROSP, on nous habitue à nous donner de l'argent pour qu'on fasse bien comme
ils veulent qu'on fasse » (E9).
Selon les interviewés, la réponse aux situations urgentes est une mission du
généraliste :
« Pour moi c'est le cœur du métier de pouvoir voir les gens en urgence en médecine
générale » (F4).
« Moi je suis très fan du ‘sur rendez-vous’, mais, euh... ce qui empêche pas après
de... de pouvoir recevoir des patients en urgence, enfin... entre deux, ou en laissant
des créneaux éventuellement libres entre les autres plages horaires » (F3).
Selon les interviewés, les médecins ont des rôles diversifiés adaptés aux différents
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besoins des patients. Les consultations ne nécessitent pas toutes le même temps :
« C'est compliqué parce qu'en gros je voudrais qu'il y ait pas trop de temps morts
et en même temps je voudrais pouvoir prendre le temps que je veux pour les
patients. Et ça diffère énormément de… d'une consult' à l'autre, quoi » (E9).
Dès lors, ils envisagent différents types d’organisations (sur et sans rendez-vous, par
exemple) :
« Par exemple, quand c'était sur rendez-vous, elle prenait des créneaux de trente
minutes, et sans rendez-vous ben elle... enfin, elle voyait tous ceux qu'il y avait à
voir, donc ça pouvait être dix minutes, quinze minutes, et... et c'était pas mal parce
que les... en fait c'était une manière de dire ‘ben quand vous prenez rendez-vous je
prends le temps avec vous, j'ai le temps, on est là pour faire les choses bien, mais
que voilà, si y a quelque chose d'urgent je peux... je peux vous voir aussi’ » (F1).
« Je pense que je ferai une demi-journée de, euh... sans consult... de consultations
non programmées. Parce que ça permet de voir plus de patients en fait, et ça
change un peu, parce que c'est pas les mêmes motifs » (E12).
« On a peur de travailler plus que la somme qui est donnée, donc euh, si le patient
a des problèmes aigus qui surviennent au cours de l'année, enfin, je sais pas, ça me
paraît... » (E11).
Mais le paiement à l'acte était perçu comme inadapté pour rémunérer certaines
activités du médecin généraliste :
« Avoir le même prix pour juste, euh... une angine de la patiente de vingt ans qui va
très bien qui prend dix minutes, alors que t'as vu pendant quarante minutes une
patiente avec un syndrome dépressif, ou en trente minutes un patient avec une
pathologie chronique et t'as fait tout le point sur tout... moi je trouve ça... pas
équitable » (E10).
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c'est bien. Après je pense qu'il faut quand même sélectionner parce qu'on peut pas
tout traiter par la télémédecine. Après pour tout ce qui est explication de résultats
biologiques, des conseils, euh... des conseils... c'est une bonne chose » (E10).
Les interviews ont exprimé le souhait d'améliorer les liens avec les médecins de
second recours en cultivant des liens de proximité et une relation directe de médecin à
médecin :
« Peut-être qu'il faudrait un cabinet de spécialistes justement juste à proximité, ou
par exemple un radiologue, déjà rien que ça, on aurait juste à pousser la porte, et
hop (rires) et peut-être que, je dis radiologue, il pourrait avoir un cardiologue qui
recevrait hyper rapidement (rires), et puis euh... enfin d'autres spés comme ça...
pour vraiment travailler avec eux, en partenariat, quoi » (F5).
« L'idée de... qui seraient pas là tout le temps mais qu'il y ait un roulement de
spécialistes... enfin de médecins d'autres spécialités qui, qui viendraient dans la
structure, enfin ça pourrait être quelque chose de, d'intéressant, enfin peut-être que
ça existe dans des endroits, je sais pas ? (F3)
- Ouais, un gastro-entérologue qui vient une journée sur... un allergologue... (F4)
- ah ouais ? Ah ben ça je trouve ça... enfin niveau relationnel, enfin... l'idée très
intéressante » (F3).
« Je pensais que la fac serait un moyen de rencontrer des jeunes de notre âge qui
ont d'autres spécialités, et qu'on se ferait notre réseau, et finalement, les Méd Gé,
on est tout le temps en périph', on croise rarement des spés, donc on a pas de
copains spé, donc on est condamnés (rires)... nan mais on peut pas... c'est toujours
plus facile d'adresser à un copain » (E9).
« Y a le CMP qui est au-dessus, la consult' mémoire qui est au-dessus, les
infirmières, les kinés, l'orthophoniste... D'avoir son réseau, en fait, de proximité
qu'on connaît, qu'on voit tous les jours, si on veut demander de l'aide, un service, et
bien, c'est faisable » (E11).
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Selon les interviewés, l'idéal était que le médecin ait toujours la possibilité de
prendre le temps dont il a besoin avec le patient. En d’autres termes, il faudrait davantage
de médecins :
« Faudrait surtout inventer une journée de... qui fasse trente cinq ou quarante
heures (rires de la salle). Non, je dis pas... je sais pas, mais je pense... le
principal... pas le principal, mais un des... des principaux problèmes c'est surtout le
temps qu'on... je pense qu'on veut tous passer un minimum de temps avec le
patient » (F2).
« [l'idéal serait que quand] on passe en consultation le temps s'arrête. Une pause
dans le temps où on gère tout ce qu'on a à gérer, et ça dure plus ou moins
longtemps en fonction des besoins du patient » (E11).
Les interviewés reconnaissaient que cette tension démographique peut conduire les
médecins à pratiquer un nombre de consultations trop importants (donc trop courtes) pour
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exercer, selon leurs idéaux, une « bonne médecine ». Ainsi, pour justifier la pratique d’un
médecin ayant rationalisé à l'extrême son organisation pour voir un grand nombre de
patients par jour, une participante estimait qu'il y était poussé par la demande :
« Pour répondre, peut-être qu'il fait effectivement cinquante patient par jour,
mais... en plus en faisant de la bonne médecine entre-guillemets » (F4).
3.10. Synthèse
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effectuée par les collègues en qui ils auraient confiance et qui partageraient leur façon
d'exercer (préférentiellement à un remplaçant).
Ils envisageaient de déléguer les tâches non-médicales dans une plus ou moins
grande mesure, selon le coût financier qu'ils estimaient acceptable. Pour ce qui est de la
délégation de tâches médicales, la prévention est plus volontiers déléguée aux
paramédicaux que le traitement des pathologies aiguës bénignes.
Les entretiens et focus group ont montré que l'exercice en cabinet individuel
pouvait toujours convenir à certains, selon leurs personnalités et leurs aspirations.
L'exercice en groupe permettrait avant tout de casser la solitude professionnelle. La
pluriprofessionnalité pouvait apporter beaucoup, au travers d'une approche globale du
patient, d'une meilleure éducation thérapeutique des patients et de missions de prévention
mieux exécutées par des professionnels spécialisés et plus disponibles que les médecins
généralistes. La prévention pourrait s'élargir en intégrant l'activité physique au sein de la
structure de soins. La pluriprofessionnalité offrirait aussi la possibilité de se former au
contact des autres professionnels de santé. Mais ce type d'exercice nécessite pour les
interviewés une vraie volonté de travailler en collaboration. Un tel fonctionnement
impose des règles établies et un référent, mais surtout des échanges informels et de la
convivialité.
Les internes ont valorisé une relation de confiance médecin-malade construite par
des contacts directs en face à face, des consultations longues, et un libre choix du
médecin par le patient. Ils étaient attachés à la liberté d'installation et de pratique.
Cependant ils avaient conscience des difficultés d'accès aux soins d'une partie de la
population. Il existait une tension entre leur vision d'un exercice "idéal" et les besoins
réels de la population. Cette tension ne trouvait pas de solution évidente. Ils envisageaient
des pratiques qu'ils jugeaient "dégradées" (télémédecine, médecine productiviste, ...)
comme palliatifs éventuels.
Selon les interviewés, le médecin doit faire face à plusieurs types de demandes :
répondre à l'urgence, prodiguer des conseils par téléphone, suivre des pathologies
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DISCUSSION
Une des forces de notre étude est son originalité : il s'agit à notre connaissance de
la seule étude qui vise à explorer les représentations des internes concernant la gestion
d'un cabinet.
Cette étude présente une puissance limitée puisqu'il n'a pas été possible de réunir
deux focus groups comme prévu initialement. Cependant, la saturation des données a été
obtenue, et a été confirmée par deux entretiens.
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cours des focus groups, l'effet de groupe peut conduire les participants à
s'aligner sur un leader d'opinion. Le recours à deux méthodes (entretiens
individuels et focus group) a permis de limiter les biais propres à chaque
méthode.
x Le troisième est le biais de désirabilité sociale. Même si l'interviewer
s'efforce de garder une attitude neutre et bienveillante, il n'est pas exclu que
l'interviewé censure ou exprime certaines idées pour donner une meilleure
image de lui. Ce biais est plus fort lorsqu'il existe une proximité entre
interviewer et interviewé, comme c'était le cas dans cette étude puisque le
thésard est un interne en médecine.
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une médecine indépendante au sein du colloque singulier n'est pas balayée par
les aspirations à un équilibre vie privée/vie professionnelle promu par les
nouvelles générations de médecins, mais elle trouve son prolongement par la
pratique de groupe. Il existe une tension entre les valeurs de liberté et
d'indépendance et celles de l'équité de l'offre de soins sur le territoire. Aucune
solution ne semble pleinement satisfaisante.
x La qualité des relations interpersonnelles semble être le point le plus important
du fonctionnement d'une structure de groupe.
Comme nous l'avons mentionné dans notre introduction, plusieurs études ont
identifié les « charges administratives » comme un frein à l'installation largement partagé,
et d'autres ont mis en avant le manque de formation à la gestion administrative d'un
cabinet.
D'après une étude menée auprès d'internes rouennais en 2014, seulement 10% des
internes se sentent capables de gérer un cabinet à la fin de l'internat (11). Si notre étude
retrouve une certaine appréhension des internes interviewés quant à leurs capacités à
gérer un cabinet, des éléments viennent relativiser cette idée. En effet, des interviewés ont
émis l'hypothèse qu'ils surévaluaient peut-être les difficultés liées à la gestion du cabinet.
Ce résultat est concordant avec des travaux précédents. Ainsi Chandez et Chiron
retrouvent chez les jeunes installés le sentiment que finalement l'administratif du cabinet
n'est pas si compliqué (6). Une thèse soutenue en 2017 par Decrequy (19) a recueilli le
vécu de jeunes médecins concernant leur installation en libéral par une étude qualitative.
Cette thèse montre que, pour les participants de cette étude, les choses se sont bien
passées, et rétrospectivement ils ont eu le sentiment de "s'en être fait une montagne".
Cette appréhension était entretenue par des "on dit". Dans le même sens, Laurent, dans sa
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thèse sur les déterminants de l'installation des femmes médecins (20), retrouve que la
vision négative de l'installation était transmise par leurs aînés, et ne correspondait pas à
leur vécu. Les contextes sont en effet très différents : le climat de concurrence entre
médecins, l'évolution des acteurs avec la création des Agences régionales de santé (ARS),
le développement des outils informatiques et l'accès à l'information par internet, entre
autres, sont autant de facteurs qui font que le vécu de l'installation des jeunes générations
ne correspond plus à celui de leurs prédécesseurs. C’est pourquoi Decrequy (19) conclut
à la nécessité de rassurer les internes sur leur future installation, en insistant sur les
personnes ressources qui pourront les encadrer.
Dans notre étude, des interviewés ont eux aussi mis en avant l'importance de se
faire aider, principalement par les pairs, mais aussi des personnels des différentes
administrations. A ce titre, ils souhaiteraient disposer d'une liste "officielle" de contacts
regroupant tous les acteurs auprès de qui ils pourront faire appel.
Les ARS ont pour responsabilité de mettre à disposition un Portail
d'Accompagnement des Professionnels de Santé qui regroupe sur un site internet les
informations utiles à l'exercice libéral, ainsi qu'un référent par région pour guider les
jeunes médecins dans leur projet d'installation. Dans sa thèse sur l'état des lieux des
actions favorisant l'installation des jeunes médecins généralistes en France métropolitaine
(21), Desnhounes constate que ces mesures, qui sont mises en place de façon inégale
entre les régions, n'ont pas permis de fournir une information claire, globale, et
centralisée. L'ISNAR-IMG pointe les mêmes insuffisances concernant les PAPS et les
référents installation régionaux (10). Il semble utile de poursuivre le regroupement des
informations disponibles pour aboutir à un véritable "guichet unique" de l'installation.
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Un autre résultat du travail de Decrequy (19) concorde avec notre étude : réussir à
monter son entreprise a été gratifiant. On retrouve chez certains interviewés de notre
étude cette notion que la gestion d'un cabinet peut être stimulante et source de satisfaction
lorsque l'activité de gestion est maîtrisée. Dans leur thèse, Perrotin et Lamort-Bouché
(25) retrouvent que la gestion de l'entreprise médicale était jugée intéressante pour la
moitié de ceux qui se destinaient à un exercice libéral, et même pour un quart environ de
ceux qui se destinaient au salariat .
Un autre point à souligner, qui n'est pas retrouvé dans notre étude, mais qui vient
également relativiser l'idée que la charge administrative décourage l'exercice libéral, est
que ce travail administratif finit par être accepté par les jeunes médecins. Pour les
médecins libéraux de l'Aude, les tâches administratives ne sont pas un facteur influençant
l'installation, car "de toutes façons elle est là la paperasse" (20), tout comme les médecins
du Nord-Pas-de-Calais estimaient que le travail administratif faisait partie du métier de
généraliste (19).
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S'il convient donc de relativiser les craintes liées à l'installation en libéral, il reste
que le travail de gestion était considéré par les internes que nous avons interviewés
comme étant chronophage, ce qui est d'autant moins acceptable dans un contexte de
pénurie de médecins.
Un travail de synthèse de l’Institut de recherche et de documentation en économie
de la santé (IRDES) de 2009 estimait que le temps de gestion du cabinet (agenda, travail
administratif et entretien) représente 12 % du temps de travail d'un médecin, soit 6,4
heures hebdomadaires (26). Dans une enquête réalisée par l'ISNAR-IMG en 2013 (13),
80% des internes souhaitaient déléguer une partie de la gestion de leur structure.
On retrouve dans notre étude le souhait de "libérer du temps médical", notamment
par la délégation de tâches de secrétariat, d'entretien, de comptabilité. Cependant le coût
du personnel était parfois craint, conduisant à envisager le recours à un secrétariat à
distance, voire à s'abstenir du recours à une quelconque forme de secrétariat.
Dans la thèse de Hu sur l’organisation du temps de travail en médecine générale
(27), 91% des médecins interrogés disposaient d'un secrétariat. Ceux qui n'en avaient pas
le justifiaient en premier lieu par l'utilité d'avoir un contact direct avec le patient pour
évaluer le degré d'urgence et fixer le délai de rendez-vous et, secondairement, pour le
coût. Dans notre étude, au contraire, les secrétaires étaient jugées aptes à fixer les rendez-
vous selon les motifs de consultations, d'effectuer un tri des patients avant de passer
l'appel téléphonique au médecin. Le seul frein avancé à leur emploi restant le coût
financier. Une formation à la gestion comptable permettrait aux internes de construire des
montages financiers et ainsi d'avoir une meilleure visibilité sur leurs charges futures.
En parallèle des tâches administratives, la multiplication des opérations de saisie
pour renseigner le dossier médical du patient était perçu comme une perte de temps. Bien
que l'informatique soit majoritairement perçue comme un outil efficace, le temps passé à
travailler sur l'ordinateur était au contraire perçu comme une entrave à la relation
médecin-malade. A l'heure du développement du Dossier Médical Partagé, il semble
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important de prendre des mesures pour que son utilisation ne soit pas une charge
supplémentaire.
Selon Chanu et al. (28), les tâches préférentiellement déléguées aux secrétaires
médicales sont la gestion du planning et le traitement des dossiers médicaux, suivi de
l'entretien, de la comptabilité, le conseil téléphonique. L'aide logistique (prise des
constantes, aide à l'habillage/déshabillage) en cours de consultation n'était pas une
demande des médecins. L'hypothèse avancée par les auteurs est le faible taux d'actes
techniques dans une activité de médecine générale.
Notre étude permet d'éclairer différemment ce résultat : le temps nécessaire à la
réalisation de ces actes "logistiques" ne nécessitant pas d'expertise particulière est
néanmoins perçu comme un temps de contact entre le médecin et son patient, un temps
d'observation, un temps d'échange. Il fait partie intégrante du colloque singulier.
Le plan gouvernemental "Ma Santé 2022 : un engagement collectif" (29) prévoit
la création de 4 000 postes d'assistants médicaux pour la préparation de la consultation en
amont de celle-ci (mesures de constantes, questionnaires, etc...). Il sera intéressant
d'étudier comment les médecins généralistes vont intégrer cette nouvelle profession dans
leur pratique, et d’examiner si le regard des internes sur cette profession va changer,
notamment chez ceux qui auront un maître de stage travaillant avec un assistant médical.
Une étude qualitative (30) auprès des secrétaires a mis en évidence que leurs
domaines d'action (administratif, gestion des stocks, entretien) à tendance à augmenter
avec le nombre d'années qu'elles passent dans un cabinet, aboutissant parfois à une
inadéquation entre leur contrat de travail et leurs tâches effectives, ce qui peut être une
source de conflit avec leur employeur. Les internes ne sont pas préparés au rôle
d'employeur, et nous avons vu dans notre étude qu'ils n'étaient pas toujours à l'aise avec
ce type de responsabilité.
Dans sa thèse, Toussaint (31) retrouve que la contrainte administrative la plus
forte selon les médecins récemment installés est liée à la gestion des salariés (embauche,
bulletins de salaire, congés, maladies, et gestion des conflits). Si les médecins interrogés
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dans son panel reconnaissaient leur manque de formation dans ce domaine, ils estimaient
que la formation à la gestion des salariés était utopique, que "cela ne s'apprend pas". La
gestion des relations humaines est fondamentale dans toute entreprise, y compris
l'entreprise médicale que constitue un cabinet libéral, et nous pensons au contraire qu'il
est indispensable que la formation initiale des internes inclut des bases de gestion des
ressources humaines.
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notre étude un biais de recueil des informations. Il n'y a pas eu en effet de question
abordant explicitement l'exercice mixte, bien que les participants aient été invités à
s'exprimer sur le salariat. Une dernière hypothèse est que ce souhait d'un "exercice mixte
dans 15 ans" évoqué dans l'étude de Perrotin et Lamort-Bouché (25) est moins un projet
que le reflet d'une hésitation entre les deux modes libéral ou salarié. Dans notre étude en
effet les internes ressentaient le besoin de peser "les avantages et les inconvénients" de
chaque système par la prolongation des expériences avant l'installation. Ils attendaient
aussi de tomber sur une bonne opportunité, qui était a priori libérale, mais ils n'écartaient
pas celle du salariat. De même, pour Scheweyer (3), l'entrée dans la vie des jeunes
médecins n'est pas balisée et leur premier souci est de ne pas se fermer de porte. La
répartition actuelle des médecins généralistes (32) appuie cette hypothèse puisque
l'exercice mixte reste finalement une exception : 6,5% des médecins généralistes ont un
exercice mixte, contre 56,9% de libéraux et 36,5% de salariés exclusifs.
Dans notre étude, le salariat était perçu de façon diverse et parfois contradictoire :
comme une solution pour soulager le médecin de l'investissement dans la gestion du
cabinet et pour le protéger d'une surcharge de travail grâce à des horaires fixes, ou à
l'inverse, comme un engagement contraignant envers une structure qui pourrait imposer
des jours de présence ou un rythme de travail trop soutenu.
On retrouve cette contradiction apparente dans la thèse de Boukhors (33) visant à
expliquer le choix du libéral ou du salariat chez des jeunes médecins de Gironde. Il
ressort de cette étude que ceux qui ont choisi le salariat l'on fait en partie pour avoir des
horaires plus confortables ou pour pouvoir travailler à temps partiel, et que ceux qui ont
choisi l’exercice libéral apprécient le fait de pouvoir "fermer un jour dans la semaine" et
d'adapter leurs horaires. Ils choisissent donc des exercices différents pour les mêmes
raisons : maîtriser leur temps de travail.
On peut donc se demander si la question n'est pas celle d'un choix entre un
exercice libéral ou salarié, mais plutôt : cette offre précise d'installation en libéral ou de
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contrat de salariat me permet-elle d'exercer comme je l'entends (en tenant compte des
autres déterminants, i.e. un secteur géographique qui m'intéresse, avec des collègues que
j'apprécie et qui partagent ma façon de travailler, etc.…) ?
Les médecins des centres de santé Filieris interrogés dans le cadre de la thèse de
Maucci (34) mettent eux aussi en avant la réduction de la charge de travail et le travail à
temps partiel. Les participants de notre étude surestiment peut-être les contraintes des
médecins salariés, en tout cas de certains centres de santé. Cela peut s'expliquer par un
manque de contact avec l'exercice salarié de la médecine générale, comme le confirme
l’étude menée auprès de généralistes installés en Gironde (33) qui retrouve une
méconnaissance du fonctionnement des centres de santé chez les médecins libéraux.
Une seule interne de notre échantillon (I4) avait fait un stage dans un centre de
santé au cours de l'externat. Son vécu était que les médecins salariés ont une meilleure
maîtrise de leur charge de travail.
De plus, il n'y a pas de terrain de stage d'internat en centre de santé pour les
internes lyonnais, qui sont majoritaires dans notre échantillon. Le développement de
terrain de stage en centre de santé pourrait être une piste intéressante pour mieux faire
connaître ce mode d'exercice.
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Mais dans une lettre de 2008 (35), la DGTPE estime que dans le contexte de faible
densité médicale ce risque était faible, et qu'un changement de mode de rémunération ne
devrait pas se faire dans le but de réguler la consommation de soins mais plutôt dans
l'intérêt de mieux rémunérer certaines activités. Le plan "Ma santé 2022" (36) propose
une évolution des modes de rémunération pour favoriser la prévention et la coordination
des soins pour les pathologies chroniques. Ainsi, le plan prévoit de combiner le paiement
à l'acte avec un paiement à la qualité et à la pertinence renforcé (représenté par la ROSP),
des forfaits pour le suivi des pathologies chroniques, un paiement pour la structuration et
le travail en équipe.
Pour certains interviewés de notre étude, le paiement à l'acte était adapté pour
inciter à répondre aux situations urgentes, mais moins pour d'autres missions du
généraliste. La combinaison de différents modes pourrait donc permettre une
rémunération plus équitable des généralistes.
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2.2.4. Regard des internes sur l’organisation des soins de premiers recours dans d'autres
pays européens
Plusieurs pays européens ont organisé les soins primaires en regroupant au sein de
centres de santé tous les acteurs de premier recours : médecin généralistes, infirmiers
(avec des missions de prévention et suivi des pathologies chroniques stables), sages-
femmes, gynécologues, pédiatres, dentistes, psychologues, etc...
Le salariat permet de rémunérer les temps d'échange entre professionnels, les
temps de formation, et, en Finlande et Suède, le temps de consultation par téléphone (une
plage horaire y est dédiée dans le planning des médecins). L'orientation des patients vers
un médecin ou une infirmière nécessite un personnel d'accueil formé, qui est un infirmier
spécialisé en Suède et en Finlande. En France il n'existe pas de rémunération pour les
conseils dispensés par téléphone. Dans notre étude la consultation par téléphone est jugée
difficile voire dangereuse, ou nécessiterait une formation spécifique.
En Espagne et en Finlande, les centres de soins sont répartis de façon à couvrir les
besoins de santé d'une aire géographique, ce qui permet une couverture équitable de la
population, mais implique l'absence de choix du médecin par le patient. Si la couverture
des besoins de la population était jugée légitime par les participants à notre étude, ils ne
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souhaitaient pas pour autant qu’elle entrave la liberté d'installation des médecins, ni le
libre choix du médecin par le patient, condition d'une relation de confiance médecin-
malade.
Pour certains internes de notre étude, le statut de salarié faisait craindre un
moindre investissement du médecin, puisque ce dernier n'a pas d'incitation financière à
voir plus de patients par jour, et donc diminuerait l'offre de soins. Mais en Suède, le
salaire des médecins est ajusté au nombre de patients en charge dans l'année et au nombre
d'actes. Le statut de salarié peut donc être compatible avec une rémunération incitant à
augmenter son activité.
En Slovénie, si les infirmiers sont autonomes dans les actions de prévention, ils
sont sous la responsabilité des médecins pour les actions de soins, ce qui maintient une
relation de subordination (41). Le rapprochement des professionnels au sein d'une même
structure ne suffit donc pas toujours à modifier le rapport hiérarchique entre les
professions, et il peut persister une logique verticale prescripteur/prestataire là où la
pluriprofessionnalité pourrait instaurer une logique plus horizontale avec une
complémentarité des compétences (reconnues) de chacun dans des domaines différents.
Le principal problème auquel sont confrontés les pays où prédomine un système
de centres de santé publique est la difficulté à absorber la demande de soins, avec de
longs délais d'attente pour pouvoir consulter un médecin. Ce qui a amené la Finlande à
introduire un nouveau contrat avec les médecins généralistes : au lieu du statut de
fonctionnaire salarié, une rémunération à la capitation est proposée, avec pour
contrepartie l'obligation de proposer un rendez-vous dans les trois jours aux patients de la
liste du médecin. De la même façon, une offre de soins privée se développe en Espagne,
en Slovénie et dans les grandes villes de Suède, avec un risque de développement d'une
médecine à deux vitesses.
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En Italie plus de la moitié des médecins exercent en cabinet individuel, mais sont
intégrés dans un réseau de médecins généralistes. Ce réseau a pour but la mise en
commun des dossiers informatisés des patients, la planification des horaires d'ouverture,
et le partage d'un projet de soin commun. Pour les internes de notre étude, ce type de
regroupement était moins attractif qu'un regroupement physique, qui permet en plus,
selon eux, des contacts sociaux et des échanges informels.
Aux Pays-Bas, les soins infirmiers à domicile eux aussi ont été transformés par la
remise en cause du paiement à l'acte par l'introduction du système Buurtzorg (47). Le
paiement à l'acte avait conduit à une multiplication des acteurs au domicile des patients :
les différents actes de soin, de nursing, de prévention étaient réalisés par des intervenants
différents, des intervenants qualifiés pour les actes techniques et des moins qualifiés pour
les autres. Il n'y avait pas de valorisation des actions d'éducation thérapeutique, ni du
temps relationnel auprès du patient. Dans le système Buurtzorg, des infirmiers salariés
s'organisent en petits groupes autogérés (sans manager) ce qui limite le travail
administratif. Chaque patient a un infirmier référent unique, ce qui améliore le suivi et la
relation. L'abandon du paiement à l'acte autorise les infirmiers à prendre le temps
nécessaire pour effectuer un soin centré sur la personne, à effectuer des actions
d'éducation thérapeutique et de prévention. Ce système améliore la qualité des soins, la
satisfaction des patients et des professionnels, tout en permettant une réduction des
dépenses de santé (48).
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Il est maintenant largement admis que les jeunes médecins ont un rapport à leur
profession différent de celui de leurs aînés. Le modèle de la "disponibilité permanente"
envers les patients est remis en cause, et la volonté de trouver un équilibre vie
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professionnelle/vie privée s'affirme (3). Nos interviewés n’ont pas dérogé à ce constat, et
souhaitaient garder du temps pour leur vie personnelle et familiale, en ne travaillant pas
tous les jours par exemple. Cependant, la disponibilité envers le patient restait une valeur
bien ancrée. Ils souhaitaient pouvoir accepter des demandes de consultations urgentes,
proposer des horaires d'ouverture tardive et veiller à assurer une permanence des soins.
Cette permanence des soins doit être préférentiellement effectuée selon eux par un
associé dont ils connaissent les pratiques et en qui ils ont confiance. En d'autre termes, la
continuité des soins en leur absence ne doit pas être assumée par une permanence
médicale quelconque, mais par un médecin du groupe avec qui sont entretenus des liens
étroits, que l'on peut considérer peut-être comme un prolongement de soi. Ainsi l'exercice
de groupe leur permettrait de préserver du temps personnel sans remettre en cause la
notion de disponibilité du médecin envers les patients.
La relation médecin-malade était toujours au cœur du soin pour les internes
interviewés. L'organisation de la médecine générale doit donc permettre cette rencontre
entre deux individus, basée sur la confiance. Le libre-choix du médecin par le patient en
est une condition selon les interviewés. La méfiance quant à un risque de contrôle - par le
statut de salarié ou par des contrats avec l'assurance maladie ou l'Etat - traduit aussi
l'attachement à la liberté de pratique. De plus les internes interviewés restaient attachés à
la liberté d'installation.
On retrouve donc chez nos interviewés les éléments du courant idéologique de la
"médecine (ultra) libérale", présent depuis la seconde moitié du vingtième siècle (51),
voire dès la constitution du syndicalisme médical (52) : une médecine « soucieuse de
préserver l'autonomie professionnelle totale [...], le paiement à l'acte, la liberté
d'installation, la liberté de choix du médecin » (51). Cependant, il convient de relever
aussi que cet attachement à une médecine libérale n'empêche pas une conscience aiguë
des inégalités d'accès aux soins sur le territoire, ainsi qu'un intérêt pour la coordination
des soins, ce que l'on peut rattacher au courant idéologique de la "médecine socialisée",
c'est -à-dire « acceptant la régulation du système [...], pour la rémunération au forfait »
(51).
Il existe une tension entre ces deux idéologies, qui aboutit à ce qu'un interviewé
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appelle un "paradoxe". Par exemple, l'idée de répartir les professionnels de santé selon
des bassins de population peut être jugée intéressante et souhaitable par un interne qui se
déclarait également attaché à la liberté d'installation. En revanche l'attachement au
colloque singulier n'entre pas en contradiction avec une prise en charge
pluriprofessionnelle, notamment dans le domaine de la prévention. La principale
difficulté envisagée était l'exigence d’une bonne coordination.
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acquérir en vue d’une installation libérale en médecine générale" (55,56). Il ressort que la
gestion d'une entreprise nécessite des connaissances en matière de gestion des ressources
humaines, notamment le management d'une équipe dans les aspects « motivation,
ambiance, et gestion des conflits ». Il n'existe pas à notre connaissance de formation au
management d'une équipe destinée aux internes. Cet aspect est probablement plus
compliqué à enseigner que les aspects réglementaires et administratifs de la gestion de
personnel. Cependant, au vu des conséquences possibles de conflits au sein d'un cabinet
de groupe, évoquées au cours de nos entretiens et focus group, et dans l'étude de
Maréchal et Schmidt (53), il nous semble finalement que cet aspect de la formation
devrait être enseigné prioritairement.
Les internes de notre étude désiraient instaurer une ambiance conviviale sur leur
lieu de travail, par le partage de moments de pause et des repas notamment. Ils
accordaient une grande place pour les échanges informels entre les différents
professionnels. Ces échanges informels étaient jugés adaptés pour se transmettre les
informations nécessaires au suivi conjoint d'un patient, tout en évitant des lourdeurs de
fonctionnement. Maintenir une "taille humaine" du groupe leur semblait une solution
pour permettre ce type d'échanges. Dans la même optique, le système Buurtzorg limite la
taille de ses équipes à douze infirmiers (47).
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CONCLUSION
Notre étude montre que les internes de médecine générale sont ambivalents vis à
vis de la gestion d'un cabinet médical. Cette dernière peut être considérée, d’une part,
comme une charge les écartant de leur mission première : le soin, et d’autre part, comme
une possibilité d’autonomie professionnelle appréciée.
Le manque de connaissances dans les domaines administratif et comptable peut
effrayer les médecins qui n'ont pas encore entamé leur processus d'installation. Même si
une prise de conscience de ces besoins de formation par les facultés de médecine existe,
des efforts restent à faire.
L’organisation idéale d’un cabinet médical est variable selon les internes. La
multiplicité des expériences est pour eux un moyen de parfaire les choix de leur futur
exercice.
Les différents modes d’exercice sont tous des options possibles pour les jeunes
médecins :
x L'exercice individuel reste une option envisageable, préférable à une association
dans de mauvaises conditions.
x L'exercice salarié est rarement exclu par les internes, mais il manque de visibilité,
notamment par ignorance de ce mode d’exercice lié à un manque de terrains de
stage au cours du DES en centre de santé.
x L'exercice de groupe est recherché, d’une part pour la socialisation qu'il apporte,
d’autre part pour l'amélioration de l'organisation (planning, emploi de personnel,
équipement...) et enfin pour la mise en commun des savoirs (sous-spécialisation,
partage d'expérience...).
x La pluriprofessionnalité est recherchée pour le partage de compétences entre
professions facilitant une approche globale du patient. Cependant, le montage de
structures pluriprofessionnelles est jugé lourd, avec la nécessité d’une
coordination formelle entre professionnels. Cette dernière est redoutée, les
internes souhaitant un fonctionnement majoritairement informel, avec des temps
de partage conviviaux.
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Si l'importance de la qualité des relations au sein d'un groupe est bien perçue par
les internes de notre étude, ils ne revendiquent pas de formation dans ce domaine. Elle est
au second plan, voire absente, des travaux de thèse ou des rapports syndicaux abordant la
formation des internes de médecine générale. Pourtant, une des principales difficultés du
médecin de demain, dans une structure de groupe, portera sur la gestion des relations
interpersonnelles au sein d'une équipe. Cet aspect-là mériterait également une formation
dédiée.
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aspirent pour une partie d'entre eux à des soins de premier recours coordonnés et intégrés
amenant un partage de cette autonomie avec les autres professions de santé.
Au terme de notre étude, nous pouvons retenir que la balance des avantages et
inconvénients de chaque mode de gestion d'un cabinet est une balance individuelle. Les
multiples formes d'exercice possibles de la médecine générale en France sont une
richesse qu'il convient de cultiver, comme le montrent les opinions collectées dans notre
étude. Mieux former les internes à la gestion d'un cabinet leur permettrait d'aborder
sereinement leur avenir. La gestion des conflits au sein d'une équipe devrait être un
objectif de cette formation.
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ANNEXES
Age Sexe Situation Stage(s) Structures Formation Médecin dans Faculté Faculté
familiale ambulatoire(s) en stage théorique l'entourage d'externat d’internat
effectué(s) optionnelle familial
E1 26 F Couple SASPAS Individuel Forum installation non Lyon Est Lyon Est
+MSP
E2 37 F Couple Niveau1 groupe non non Lyon Est Lyon Est
1 enfant
E3 27 F Couple SASPAS Individuel Forum installation Oui. Hospitalier Lyon Sud Lyon Est
1 enfant +groupe+
MSP
E4 26 F Couple Niveau 1 Individuel Forum installation Oui. Salarié Lyon Sud Lyon Sud
+MSP x2
E5 28 H Couple SASPAS Individuel non Oui. Libéral Lyon Est Lyon Est
+groupe
E6 28 H Couple Niveau 1 Individuel non Oui. Libéral Lyon Est Lyon Est
+groupe
E7* 27 F Célibat Niveau 1 MSP FMC Oui. Salarié Paris Lyon Est
remplacement Descartes
E8* 28 F Couple SASPAS groupe+MSP non Oui. Marseille Lyon Est
Libéral/hospitalier
F1 27 F Couple SASPAS groupe+MSP Cours facultaire Non Lyon Marseille
F2 29 H couple SASPAS Individuel Cours facultaire Non Marseille Marseille
+groupe
F3 36 H Couple SASPAS groupe Cours facultaire Oui. Libéral Marseille Marseille
F4 38 F Célibat SASPAS groupe+MSP non Oui. Libéral Marseille Grenoble
F5 29 F Couple SASPAS groupe Cours facultaire Non Lyon Marseille
E9 30 F Couple SASPAS Individuel Forum installation non - Lyon
+groupe
+MSP
E10 27 F Célibat SASPAS Individuel FMC Oui. Lyon Sud Lyon Sud
+groupe remplacement Libéral+Salarié
+MSP
E11 28 F Célibat SASPAS Individuel FMC Oui. Hospitalier Lyon Sud Lyon Sud
+groupe remplacement
+MSP
E12 28 F Célibat SASPAS Seul+groupe FMC Non Lyon Sud Lyon Sud
remplacement
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Q5: Y-a-t ‘il des éléments en lien avec la gestion du cabinet qui pourraient
guider vos choix professionnels?
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Annexe III : Guide d'entretien focus group et seconde série d'entretiens individuels
Questions de relance :
Quelle répartition des tâches, avec quels professionnels ?
Quelle place pour les nouvelles technologies ?
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En Allemagne
Paiement à l'acte
En groupe ou seul, environ 50/50
1,8 assistant médical par médecin : accueil, secrétariat, mesure TA, prise de sang,
ECG, audiométrie
Les médecins font (plus de la moitié des médecins) : échographie, épreuve d'effort
Revenus 4 fois supérieurs au salaire moyen national
Temps de consultation moyen : 7,6 minutes
En Espagne
Salariat
Centres de santé gérés par les régions, répondent aux besoins de santé d'un bassin
de population,
Regroupent tous les acteurs de premiers recours : MG, Infirmières, pédiatres,
sages-femmes, psychologue, assistantes sociales, dentistes, kinés, personnels
d'accueil et administratif.
1 MG pour 1 infirmière
MG : malades aigus ou chroniques instables. IDE : chroniques stables ou
prévention
Temps d'échange en équipe inclus dans les horaires de travail
37,5h / semaine hors garde
2 fois le salaire moyen national
Temps de consultation moyen : 7,8 minutes
Au Royaume-Uni
Obligation de faire partie d'un réseau qui est responsable d'une population
(patientèle de cabinet)
MG salarié ou co-administrateur du cabinet
Rémunération à la capitation + 30% d'objectifs de santé publique
En moyenne 5 MG, 1 à 2 infirmières, 5 employés administratifs
Infirmières : suivi des pathologies chroniques, vaccinations, prévention
3,2 fois le salaire moyen national
Temps de consultation moyen : 9,4 minutes
En France
Paiement à l'acte + 10% objectifs de santé publique
2,4 fois le salaire moyen national
Temps de consultation moyen : 16,4 minutes
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Pays-Bas
Exercice au sein de petits cabinets (en général 2 MG)
Rémunération à l'acte + capitation + forfaits annuels pour les pathologies
chroniques
Exemple coordination des soins: ZIO à Maastricht = association à but non lucratif
qui coordonne l'ensemble des 90 MG, 52 IDE, 150 kiné, 30 diététiciens pour la
prise en charge du diabète, BPCO, pathologies cardio-vasculaires
Gère le partage des données via l'informatique
Gère la formation / évaluation
Paiement au forfait: l'assurance maladie paye "un an de soins pour le diabète"
Temps de consultation moyen : 10 minutes
Suède
Exercice au sein de centres de santé pluriprofessionnels qui regroupent des
secrétaires, MG, IDE, sages-femmes, assistants de laboratoire, kiné,
gynécologues, pédiatres, psychiatres.
Liberté de choix du médecin.
MG salariés avec salaire fixé selon nombre de patient en charge et nombre d'actes.
Une infirmière d'accueil fixe les rendez-vous, soit avec un médecin soit avec une
IDE.
Des IDE gèrent les actions de santé publique, les premiers contacts avec les
patients, les pathologies bénignes comme les infections urinaires, les infections
des voies aériennes supérieures, les dermatites.
Les MG ont des plages de consultations téléphoniques.
Temps de travail de 40 heures/semaine.
Temps de consultation moyen : 22,5 minutes.
Italie
Rémunération à la capitation 70%, objectif de santé publique 20%, subvention
pour équipement/recrutement de personnel 10%.
38h/semaine en moyenne, +/- 5 heures d'activité libérale.
Plafonnement à 1500 patients.
Regroupement majoritairement en réseau: cabinets indépendants avec
- informatique commune
- projet de soins commun
- planification des horaires d'ouverture.
France
Paiement à l'acte + 10% objectifs de santé publique.
Temps de consultation moyen : 16,5 minutes
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RESUME
Introduction : Plusieurs enquêtes retrouvent un manque de formation des internes dans la
gestion d'un cabinet médical. Celle-ci et les tâches administratives qui en découlent sont des
freins à l'installation fréquemment évoqués.
L'objectif de notre étude était d'explorer les représentations des internes de médecine générale
concernant la gestion d'un cabinet.
Méthode : Une enquête descriptive qualitative par entretiens individuels et focus group a été
menée auprès d'internes de dernière année ayant réalisé au moins un stage ambulatoire. Le guide
d'entretien a inclus une présentation de formes d'organisation de la médecine générale existantes
dans divers pays européens.
Résultats : 17 internes ont été interviewés : 12 au cours d'entretiens individuels et 5 au cours d'un
focus group. La gestion du cabinet était vécue comme une charge empiétant sur la mission de
soins du médecin, mais elle permettrait une autonomie professionnelle appréciée. Tous les modes
d'exercice étaient envisagés par les internes. Ils souhaitaient poursuivre leurs expériences pour
parfaire leur choix. Ils se sentaient insuffisamment préparés à la gestion d'un cabinet, et
envisageaient l'aide de leurs pairs pour compléter leur formation. Ils accordaient une grande
importance à la qualité des relations interpersonnelles au sein d'une structure de groupe. Ils
envisageaient de libérer du temps médical en délégant les tâches non médicales, sous réserve du
coût de cette délégation. Ils envisageaient de transférer aux professions paramédicales les actions
de prévention préférentiellement aux actions de diagnostic ou de traitement.
Conclusion : Les internes étaient partagés entre leur aspiration à une autonomie professionnelle
et le souhait d'un exercice regroupé, voire pluriprofessionnel.
________________________________________________________________________
Mots-Clés : Médecine générale ; recherche qualitative ; représentations ; gestion du cabinet ;
modes d'exercice ; délégation de tâches ; exercice libéral.
_____________________________________________________________________
JURY Président : Monsieur le Professeur Cyrille Colin
Membres : Madame le Professeur Sylvie Erpeldinger
Monsieur le Professeur Jean-Pierre Dubois
Monsieur le Docteur Brice Duraffourg
Date de soutenance : 04 Avril 2019
_____________________________________________________
1 chemin de Grange
g neuve, 05300 Le Poët yoann.sarradon@laposte.net
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