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Laurent DELASSUS
La musique
au service du marketing
L’impact de la musique dans la relation client
Sommaire
Remerciements ......................................................................... XI
Introduction ............................................................................... XV
PARTIE I
Approches et éléments théoriques................................. 1
CHAPITRE 1
La musique, outil marketing et vecteur de communication 3
CHAPITRE 2
Ce que « écouter de la musique » signifie vraiment ........... 11
CHAPITRE 3
Le solfège en un chapitre ! ..................................................... 23
CHAPITRE 4
La musique de nos émotions, les émotions de la musique 37
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PARTIE II
Acteurs, enjeux et éléments juridiques......................... 51
CHAPITRE 5
Dans quel cadre juridique va s’inscrire votre nouvelle
stratégie ? ................................................................................. 53
CHAPITRE 6
Les acteurs et les vecteurs de la stratégie musicale
marketing .................................................................................. 59
PARTIE III
Comment construire son identité musicale
de marque ? ........................................................................... 71
CHAPITRE 7
Des stratégies musicales au service de la marque ............. 73
CHAPITRE 8
Les bénéfices que la musique permet d’obtenir .................. 89
CHAPITRE 9
Exploiter la relation artistes/musique/marketing .............. 95
PARTIE IV
Musique et publicité ............................................................ 103
CHAPITRE 10
Le mariage de la musique et de la publicité......................... 105
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CHAPITRE 11
Comment la musique influence-t-elle
le futur consommateur ? ......................................................... 119
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Sommaire VII
PARTIE V
La musique diffusée dans un espace commercial
public et les objets de promotion musicaux................ 127
CHAPITRE 12
La musicalisation d’un lieu public ......................................... 129
Introduction
La musique est-elle un langage ? S’il est évident qu’elle est plus limitée que
les mots (la musique a une plus grande capacité d’évocation symbolique
que sémantique), elle développe cependant certains traits qui permettent
aux hommes de communiquer entre eux ; en ce sens, elle constitue une
forme de langage. Elle fournit des moyens et des outils par lesquels les indi-
vidus partagent leurs émotions, leurs intentions et plus généralement du
sens, là même où le langage parlé n’est pas toujours compréhensible entre
différents individus.
La musique peut générer en nous des effets physiologiques ; elle peut
aussi susciter de profondes émotions et être employée pour générer d’infi-
nies variations d’expressivité.
Les sociologues ont montré, par ailleurs, que la musique permettait à cha-
que individu de formuler et d’exprimer son identité personnelle. En effet,
nous n’utilisons pas seulement la musique pour réguler nos comporte-
ments et nos humeurs quotidiennes, mais nous l’écoutons ostensiblement
pour indiquer aux autres ce à quoi nous accordons de la valeur. Nos préfé-
rences et nos goûts musicaux prouvent de quoi sont faites nos valeurs et
comment sont déterminées nos attitudes. D’ailleurs, les compositeurs uti-
lisent leur musique pour exprimer leur propre vision du monde. Nicholas
Cook le résume ainsi : « Dans le monde actuel, décider de quelle musique
l’on écoute, c’est décider en grande part et annoncer aux autres non seule-
ment qui nous voudrions être… mais aussi qui nous sommes1. »
Or, que veulent les marques aujourd’hui, si ce n’est parler et raconter qui
elles sont ?
Les marques se personnifient et se personnalisent de plus en plus : les
publicitaires leur attribuent des traits de personnalité qui en définissent
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l’identité. Une marque possède ses valeurs, développe son image, crée des
liens, de la notoriété et de l’attachement avec ses (futurs) clients. On peut
1. Cook N., Music, a very short introduction, Oxford University Press, 1998.
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Introduction XVII
des stratégies. Nous étudierons donc les liens entre les maisons de dis-
ques et leurs artistes d’une part, les publicitaires et leurs marques d’autre
part ; chacun est en train de comprendre les bénéfices mutuels de tra-
vailler ensemble.
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Chapitre 3 ■
Le solfège en un chapitre !
■ LA DIMENSION HARMONIQUE
La tonalité
De do à si (do, do#, ré, mib, mi, fa, fa#, sol…), la tonalité est exprimée par la
note fondamentale. C’est la note référence d’un morceau, celle qui en
détermine la clé et qui, la plupart des cas, conclut le morceau (par exemple,
le premier prélude de Bach est une œuvre en do majeur).
Même si la gamme de do peut être considérée comme la gamme de base
(c’est le C3, le do de la clé du piano et la première note que l’on apprend
aux enfants), cette première place n’est pas spécialement justifiée. On ne
peut pas dire, par exemple, qu’une gamme de mi est plus aiguë qu’une
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1. L’écart qui sépare 2 notes, dans l’écriture musicale occidentale et telles qu’elles sont
disposées sur le clavier d’un piano, est appelé « ton ».
L’échelle des demi-tons est la suivante de demi-ton en demi-ton : do, do# [do dièse]
ou réb [ré bémol] (enharmonique), ré, ré# ou mib, mi, fa, fa# ou solb, sol, sol# ou lab,
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Le solfège en un chapitre ! 25
Quelques exemples
« ré-mi-fa-sol » est une mélodie ascendante ;
■ LA DIMENSION TEMPORELLE
La durée
Mesurée en secondes, c’est la durée du morceau, de la première note à la
dernière.
Une mesure est une cellule composée de plusieurs temps : elle peut être
binaire (c’est l’immense majorité du répertoire de la musique actuelle qui
« sonne carré »), ternaire (dans le cas de la valse ou du swing), ou arythmi-
que (que l’on peut entendre dans certaines illustrations à l’image qui n’ont
pas de structure rythmique établie).
■ LA DIMENSION INSTRUMENTALE
L’orchestration
C’est le nombre d’instruments employés dans l’arrangement du morceau
(par exemple : trio de jazz, quatuor à cordes…).
L’instrumentation
L’instrumentation désigne la composition des instruments employés dans
l’extrait, instruments dominants (solos) et instruments accompagnants (back-
side). Par exemple, un quatuor de jazz est composé d’un saxophone (instrument
principal) accompagné de sa « rythmique » contrebasse, piano et batterie.
La voix
Elle peut être chantée ou parlée. La voix peut interpréter un texte (un slo-
gan ou la marque du produit) ou bien ne chanter que des onomatopées (le
scat, en jazz). On distingue également le genre de l’interprète (féminin ou
masculin), très important en vue des stratégies de marque.
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Le solfège en un chapitre ! 27
• pour s’adresser aux hommes et attirer leur attention, il faut leur faire
entendre une voix féminine… et inversement !
La voix est également un véritable marqueur socioculturel ou démographi-
que : c’est la raison pour laquelle on engage des enfants ou des seniors,
une diction avec certains accents… selon la nature de sa cible.
Dimension instrumentale
Orchestration (orc) : nombre, catégorie et qualité des instruments utilisés.
Voix (voi) : chantée, parlée ou néant, interprète féminin ou masculin.
Qualité du timbre des instruments (tmb) : authentique vs synthétique.
Qualité de l’interprétation (int) : faible, bonne, virtuose.
Genre (gen) : classique, jazz, ethnique, populaire, électronique…
Dimension temporelle
Durée (dur) : en secondes.
Tempo (bpm) : en bpm (battements par minute).
Mesures (mes) : binaires, ternaires, arythmie.
Découpe, placement rythmique (pry) : régulier/irrégulier, appuis sur les
temps forts ou faibles.
Phrasés (phr) : legato, staccato.
Les textes
Les paroles liées à une chanson doivent bien entendu être étudiées attenti-
vement car leur rôle est important dans le cadre de la perception d’un spot
musical.
Dans le cadre d’une création musicale, les paroles sont écrites selon diffé-
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1. Nous en présenterons ici une synthèse aussi partielle qu’imparfaite, mais donc très
approchante de la réalité ! On retiendra les « super-genres » musicaux suivants :
chanson française, rock/pop, musique classique, jazz, soul/rap/reggae, techno.
2. Une étude réalisée par Opinion Way pour le compte de la Sacem, du 26 novembre au
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CRITÈRES DE SEGMENTATION
GENRE SOUS- SOCIO-
PRINCIPAL GENRES GÉOGRA- DÉMOGRA- CULTUREL,
PRATIQUE
PHIQUE PHIQUE COLLECTIVE
EXPERTISE
Pop X (âge)a
Rock X (âge) X (expert)b
Hard X (âge
rock + sexe M)
Variétés
Heavy X (style
internatio- X (expert)
metal de vie)c
nales
Indé X (expert)
New X (style
X (âge)
Age de vie)
Country X (USA)d X (danse)e
Rock
X (France)
français
X (âge
Variétés X (France)
+ sexe M/F)
Rap
Variétés X (France)
français
françaises
Rétro X (âge)
Pour les
X (âge)
enfants
Humour,
X (France) X (MSC–)f X (fête)
ambiance
a. Certains genres musicaux sont très liés à des catégories d’âge (13-17 ans, + 50 ans)
ou à des générations (années 1970, après-guerre).
b. Certains genres spécifiques permettent de s’adresser à des auditeurs qui ont développé
une certaine expertise dans la pratique ou l’écoute de ces genres musicaux ; une
catégorie d’experts est une segmentation plus précise.
c. Certains genres musicaux sont devenus des éléments de « culture » ou tout du moins de
style de vie (vestimentaire, langagier, iconiques).
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CRITÈRES DE SEGMENTATION
GENRE SOUS- SOCIO-
PRINCIPAL GENRES GÉOGRA- DÉMOGRA- CULTUREL, PRATIQUE
PHIQUE PHIQUE COLLECTIVE
EXPERTISE
R’n’B X (âge)
Soul X (âge) X (expert) X (évocation)
Funk,
X (âge) X (danse)
disco
Soul, funk, X (âge X (style
R’n’B Rap X (MSC–)
+ sexe M/F) de vie)
New
Jack, 2 X (USA) X (âge)
step…
Acid Jazz X (expert)
House X (âge) X (danse)
Opéra, X (MSC+,
X (Italie) X (âge)
opérette expert)
a. Certains genres sont très liés à un public féminin (variétés chantées par un homme) ou
masculin (jazz vocal féminin).
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Le solfège en un chapitre ! 33
CRITÈRES DE SEGMENTATION
GENRE SOUS- SOCIO-
PRINCIPAL GENRES GÉOGRA- DÉMOGRA- CULTUREL,
PRATIQUE
PHIQUE PHIQUE COLLECTIVE
EXPERTISE
Gospel X (USA) X (ethnique)a X (évocation)
Musique
religieuse X (style
Liturgie X (MSC+)
de vie)
World
X (pays) X (ethnique) X (évocation)
Music
Musique
X (expert) X (souvenir)
de Film
a. Des genres musicaux sont issus (et donc destinés) à certains groupes ethniques : le
gospel pour les Afro-Américains par exemple.
Par exemple, le jazz vocal, interprété par une femme, permet la segmenta-
tion suivante : la cible est plutôt masculine (sensible au charme de la voix
de la chanteuse !) et CSP+ car on s’accorde à penser que le jazz n’est pas
un genre musical « populaire », mais qu’il est écouté par des personnes
appartenant à une catégorie socioprofessionnelle supérieure.
Choisir une musique gospel offre les opportunités de segmentation suivan-
tes : elle renvoie aux États-Unis (le gospel puise ses origines dans les champs
de coton de la Nouvelle-Orléans et il s’écoute aujourd’hui dans les églises).
Elle permet de s’adresser particulièrement à une population noire bien que
les valeurs qu’elle véhicule tend aujourd’hui à transgresser ses origines démo-
graphiques. Enfin son lien avec l’Évangile (le terme « gospel » vient de God
spell, c’est-à-dire littéralement « la Parole de Dieu ») lui confère des valeurs
chrétiennes évoquant, selon ses auditeurs, l’émotion, la joie, la ferveur, etc.
blement par goût, ou est-ce la seule musique à laquelle ils ont facilement
accès puisque ce sont les disques de leurs parents ? De même, les ados
plébiscitent le rap et le R’n’B. Est-ce véritablement par affinité, ou est-ce le
style que leur proposent les médias qui leur sont destinés ? On peut certai-
nement se poser la question du formatage des tympans ; car une fois la
ligne éditoriale du média fixée, l’ado est devenu un auditeur fidèle (puis-
que l’on parle le même langage que lui) et on peut définir pour lui, à coups
de playlists multidiffusées, le genre musical qui lui convient. Prenez
l’exemple de Fun Radio et Skyrock, qui, en une dizaine d’années, ont
« défini » les goûts musicaux des ados, en passant par le rap, le R’n’B, la
dance et, vous l’aviez peut-être oublié, le « hard rock », à l’époque de Nir-
vana, Pearl Jam et autres Guns N’ Roses…
Toujours est-il que, selon la cible visée, il existe donc bien des genres musi-
caux représentatifs et qu’il est pertinent de consulter des études de
comportement pour identifier les goûts et les habitudes qui caractérisent
une catégorie de clients.
Le niveau d’expertise
C’est lié aussi au niveau d’expertise, c’est-à-dire le fait, d’une part, d’avoir
appris à jouer d’un instrument et, d’autre part, de le pratiquer profession-
nellement, qui modifie également ses préférences. Il apparaît que la diffé-
rence se joue au niveau de la « recherche » de complexité. Sans être
désobligeant envers quiconque, certaines œuvres sont plus sophistiquées
que d’autres, en termes harmoniques, de développement (et donc de
durée) et de rythmiques. Ces morceaux sont d’autant plus appréciés que
l’auditeur sait décoder et donc apprécier leur complexité. C’est la raison
pour laquelle les « experts » de la musique apprécient – plus que les autres
– le jazz, la musique classique ou certaines musiques « ethniques » !
La pratique collective
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présenté. Par exemple, une publicité qui reprendrait le thème de « I will
survive » (interprété par Gloria Gaynor puis Hermes House Band) renvoie
au style disco et donc à la période des années 1980, mais aussi à l’aspect
festif des boîtes de nuit, des soirées entre amis et bien sûr à la victoire en
Coupe du monde de l’équipe de France de football en 1998, puis aux bon-
nes performances de l’équipe de rugby du Stade Français. Dans ce cas, ce
thème disco peut s’adresser aux nostalgiques des soirées des années
1980, mais aussi aux amateurs de sports. On pourrait donc qualifier ce cri-
tère de segmentation comme celui d’une pratique ou d’une expérience
vécue collective.
À présent que nous maîtrisons les principaux éléments qui nous permet-
tent de communiquer « en parlant musique », nous allons comprendre de
quelle manière la musique suscite des émotions en chacun de nous.
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