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Inauguration du monument aux morts 1914-1918

C’est par la plus radieuse journée d’automne, que le mercredi 2 novembre 1921,


la population luchonnaise tout entière a rendu à nos chers morts, au sang le plus pur
de notre race, a celui qui a fécondé notre sol, de l’Yser aux Vosges, par un suprême
sacrifice, le pieux hommage qui leur était dû. La cérémonie a revêtu dans toutes ses
parties, ce noble caractère de fraternité et de communion intime, né de la souffrance
et qui est le signe certain de l’entière persistance de cette union sacrée, planant bien
haut par-dessus les dissentiments passagers. Le monument commémoratif, 
œuvre de notre compatriote et ami J.-M. Mengue, Grand Prix de Rome, a été
édifié sur la place Joffre. Au Poilu de la Victoire, semblant encore dire au
Boche « On ne passe pas », une femme endeuillée vient apporter son tribut de
reconnaissance et d’amour — tel en est le thème. Ajoutons que travaillant pour sa
petite patrie, Mengue a mis dans son œuvre le meilleur de son talent. L’horticulteur
distingué qu’est M. Mounes avait créé autour du socle un parterre de
chrysanthèmes du meilleur effet. Des chaises avaient été réservées
aux familles éprouvées, aux Combattants, aux Vétérans, au Conseil Municipal,
etc. A 10 heures 1/2 un cortège recueilli partait de la Mairie et se dirigeait par la rue
de l’Hôtel-de-Ville sur la place Joffre. Aux accents de la Marseillaise on souleva le
voile qui recouvrait le monument. Les clairons et tambours sonnent « 
Aux Champs », aussitôt après, M. Bonnemaison, Conseiller Général monte sur
l’estrade et au titre de Président du Comité du Monument, fait à la Ville de
Luchon, la remise du groupe commémoratif. .

Discours de M. Bonnemaison Conseiller Général, Président d’honneur du


Comité du Monument.

Monsieur le Sous-Préfet, Monsieur le Maire et mes chers collègues du Conseil


Municipal, Anciens Combattants, Pupilles de la Nation, Mes chers Concitoyens,
Les membres du Comité du Monument m’ont désigné comme leur Président
d’honneur : c’est à ce titre qu’ils m’ont prié de les représenter à cette inauguration
solennelle. Je les remercie bien vivement de cette marque d’estime. Bien que je
n’aie joué aucun rôle ni dans les suggestions de la conception ni dans les  directives
de l’exécution de l’œuvre, j’ai considéré comme un devoir, en ma qualité de
Président de la Section Cantonale des Pupilles de la Nation, de
céder à leurs instances et d’accepter la haute et délicate mission qu’ils ont bien
voulu me confier. En prenant la parole, je ne puis me défendre d’évoquer un
épisode de l’histoire locale. Sur 1’emplacément, où nous sommes tous réunis pour
cette pieuse cérémonie à laquelle le vœu respectable des pères de famille a voulu
imprimer un caractère intime et familial s'élevait encore, il y a 26 ans, ce que les
édiles de l’époque appelaient le « Moulon de la Traverse »
La génération d'alors se le rappelle sans doute : la « Traverse », c’était la percée
pratiquée pour faire circuler l’air et la lumière à travers un pâté de vieilles maisons.
Le « Mouton » c’était un îlot, en dehors de l’alignement, vestige qui avait
survécu à la pioche des démolisseurs, amas informe de masures et
de constructions irrégulières, bordées au Sud, et à l’Ouest, par la rue Legrand, très
resserrée sur ces deux points, au Nord, par la ruelle de l’Eglise, qui mettait en
communication le Champ de Mars et la rue de la Commune — aujourd’hui rue de
l’Hôtel-de-Ville avec la nouvelle avenue. La « démolition du Moulon » était un
des articles primordiaux des professions de toi municipales. Je restai fidèle,
avec la majorité du Conseil Municipal, au programme du parti Républicain de
1892 : mon premier souci, lorsque je devins le chef de l’Administration
Municipale, fut d'abattre le trop célèbre « Mouton de la Traverse » et de tenir ainsi
l’engagement pris envers le corps électoral. Au Moulon, démoli
après une expropriation laborieuse, fut substituée cette petite place, de forme à la
fois triangulaire et ovoïdale, qui offre l’avantage de constituer, au centre de
l'agglomération, un dégagement salubre. Elle aura eu d’éclatantes destinées : ce
sera, pour nous, la meilleure récompense du devoir rempli. Située à la limite de la
vieille ville, elle n’est pas seulement l’atrium du forum tout proche ; elle n’est pas
seulement la première étape de la gare à la ville nouvelle, achalandée par le
commerce et l’industrie, et aux quartiers mondains, affectionnés par la colonie
étrangère. Depuis la grande guerre, elle est devenue un reliquaire patriotique.
En bordure de l'avenue Carnot, au nom évocateur de « 1’organisateur de la
Victoire » sous la première République, à proximité de la rue Gambetta, le grand
patriote qui, au cours de la guerre 1870-71, sauva l’honneur de la France mutilée,
elle a été dénommée, à juste titre, par le précédent Conseil Municipal,
«Place Joffre », pour commémorer le triomphe du premier vainqueur de la Marne,
en participation avec Gallieni, le vainqueur de l’Ourcq, dont Saint- Béat inaugurait
récemment la statue, de si frappante ressemblance ; Joffre et Gallieni, dont la gloire
ne sera point éclipsée par celle de l’illustre Foch, le vainqueur de la seconde Marne,
le favori du destin, dont la tactique habile et serrée a forcé la décision : de même
que l’histoire placera bien haut Pétain, l’héroïque défenseur de Verdun, citadelle
inviolée, aussi bien par l’énergie et le sang-froid du chef que
par la résistance surhumaine de ces légendaires Poilus, qui opposaient aux hordes
de l'envahisseur le rempart de leurs poitrines, au cri désormais historique : « Ils ne
passeront pas ! » En face du vieux temple, élevé par nos aïeux, dont le motif
principal, remanié par un spécialiste de l’art religieux, l’architecte Loupot, a un
aspect de cathédrale, se dresse, au centre même de la Place Joffre, le monument
érigé aux Enfants de Luchon Morts pour la Patrie. A son socle sont enchâssés les
trois tables de marbre qui forment le Livre d'Or de la Cité, où sont gravés les noms
des 138 héros, que nous glorifions aujourd’hui ; 138 noms inscrits sur trois tables
portant 46 noms chacune : chiffre formidable, en égard à la population ! 138
victimes offertes en holocauste au Moloch dégénéré, au sinistre « seigneur
de la guerre », qui n’a pas encore subi son châtiment ! Nés ou
transplantés à Luchon par les fonctions ou par l'alliance, ils appartenaient à l'élite
intellectuelle et morale : deux commandants, l'un, inspecteur des Eaux et Forêts
avant la guerre, l’autre, officier de carrière, 9 officiers, 25 sous-officiers, 102
soldats de toutes armes, exerçant, avant leur mobilisation, les professions les plus
diverses : ainsi se résume le bilan lamentable de nos très lourdes pertes !
Vous n’attendez pas de -moi que je cite des noms, il faudrait les citer tous, et
l’énumération en serait, hélas, trop longue ! Je me bornerai à rappeler qu’ils ont
été fauchés tour à tour, dans les diverses phases de la guerre, depuis le début des.
…Je salue respectueusement, au nom de tous, ces nobles victimes ... C’est un Poilu
survivant, qui a déterminé l’inspiration de l’artiste statuaire Mengue, notre
distingué compatriote, qui, par les multiples productions de son œuvre très
personnelle, jamais banale, a conquis la renommée. Les bras croisés, en sa
silhouette altière, qui rappelle la statue érigée dans la plus vaste artère de la grande
cité bordelaise au puissant tribun Gambetta dont le geste léonin est superbe et
accablant de mépris pour le Prussien maudit, le Poilu de Mengue, en tenue de
permission, retourne dans ses foyers, définitivement libéré. A ses pieds, quelques
attributs : un casque, qui recouvre des branches de chêne, de laurier, d’olivier —
emblèmes de la Force, de la Victoire, de la Paix . Vers lui s’avance l’épouse, qui
l’accueille joyeuse, esquissant un baiser d’admiration, de reconnaissance et
d’amour. Tel est le monument, dont la conception originale fait
honneur à l’artiste : c’est le triomphe, c’est la vie intense, émergeant de la mort et
la dominant ! Son socle perpétuera, en style lapidaire, la mémoire de nos héros.

Ah ! Mes chers concitoyens, rendons-leur tous le pieux hommage qui leur est
dû ! Saluons, chaque jour, au passage, leurs noms immortels d'un souvenir
profondément ému ! Que les mères inconsolables, que les veuves éplorées, que les
orphelins affligés, privés de leur soutien, que les jeunes épouses, due les fiancées,
rayonnantes de grâce, s’évertuent à joncher sans trêve, des fleurs les plus belles et
les plus rares, les marches de ce monument, si artistiquement ornées par le Maître
horticulteur Mounes ! — Ce sera la parure de nos grands morts, que nous
n’honorerons jamais assez ! Et toi, Poilu, toi qui es un symbole — tel le Soldat
Inconnu, universellement glorifié — tu as été le sauveur de la civilisation, le
sauveur de l’humanité ! Tu as étonné le monde par ta bravoure incomparable, par
tes prodigieux exploits, par ton endurance insoupçonnée! Fièrement campé dans
une attitude de défi, conscient de ta force, tu semblés braver en core l’ennemi
abhorré abattu à tes pieds !

Tourné vers l’Orient, tu salues la Victoire radieuse et l’aube de la Paix féconde,


fondée enfin sur la Justice et sur le Droit ! Mort ou
survivant, les contemporains t’admirent dans l’apothéose de ta gloire immaculée et
de ce soleil resplendissant, qui brille pour te faire fête en cette idéale journée
d’automne ! Ils te remercient avec effusion, de tout l’élan de leur cœur ! L’histoire
te magnifiera ! La postérité te bénira et te vouera un culte éternel ! Monsieur le
Maire, Messieurs du Conseil Municipal et chers collègues, j'ai le douloureux et
insigne honneur de remettre à la Ville de Luchon
ce monument de ses gloires les plus pures, élevé à ses Enfants morts
pour la France.

Ces dernières paroles sont couvertes par les applaudissements. M. Dordan de sa


belle voix chante accompagné par M. Bessières l’hymne à Victor-Hugo.
C'est au tour de M. le Docteur Germès, maire de Luchon, ancien poilu de prendre la
parole.

Ses mâles accents, les souvenirs qu’il évoque font couler bien des larmes. C’est
qu’il a vécu, lui aussi les grandes heures de la tourmente.

Le Docteur Germès, Maire de Luchon Président de l’Amicale des Poilus.

Dans cette cérémonie grandiose et touchante, c’est, avec une émotion profonde que


je remplis le devoir sacré qui m’incombe en venant apporter aux Enfants de Luchon
morts pour la France l’hommage ému et reconnaissant de leur ville natale
qu’ils aimaient tant, et le salut affectueux de leurs camarades de combat,
de ceux qui à côté d’eux vécurent les mêmes épreuves, de ceux dont la mort ne
voulut pas. Ce monument élevé à la mémoire de nos chers morts se dressera ici
toujours comme un tribut de reconnaissance des vivants à ceux qui par leur
sacrifice les ont sauvés de la défaite et de la servitude, et il sera aussi un perpétuel
enseignement. En parcourant cette liste glorieuse hélas si
longue, en voyant notre part, notre lourde part à l’immense hécatombe, ceux qui
viendront après nous pourront comprendre combien fut grand le sacrifice
demandé à notre génération et cela leur montrera que la guerre
est une monstruosité, qu’une chose seule peut légitimer et rendre sacrée,-la défense
du droit, de la justice et de la liberté. Mais ce que ce monument ne pourra dire et ce
que je voudrais tant que sut vous dire ma faible voix, c’est la profonde
beauté de leur mort à tous, c’est la sublime grandeur de leur sacrifice. Souvent
hélas il m’a été donné de recueillir leurs dernières pensées à ces minutes
solennelles où sachant bien que c’était la fin, ces hommes
brutalement fauchés dans leur belle jeunesse éprouvaient le besoin d’échanger leurs
impressions avec ceux qui les entouraient, comme pour se donner encore quelques
instants l’illusion de la vie. Que de belles et sublimes paroles s’échappaient de ces
lèvres agonisantes. C’étaient bien souvent les mourants qui réconfortaient les
vivants par leur grandeur d’âme et leur splendide beauté devant la mort qui
les prenait. Tant que ce fut sur la ligne de feu, ou sur les lits de nos hôpitaux, tous
aussi bien ceux qui n’ayant aucune croyance ne pouvaient à cette minute garder
aucune espérance, comme ceux qui ayant l’immense bonheur de la foi conservée ou
retrouvée, s’en allaient avec la vision de la suprême récompense, tous mouraient
dans la pleine joie d’une pensée commune, le devoir accompli pleinement, jusqu’au
sacrifice total, jusqu’à la mort. Pour la France, ils donnaient tous leur vie, et en
mourant c’est à vous qu’ils pensaient avec ferveur, parents, épouses,
enfants, à vous que leur mort a plongés dans un deuil qu’il durera autant que vous.
Dans leur cœur, à tous, il n’y avait plus à cette heure qu’amour et que bonté : de
la bonté si vous saviez jusqu’à quelle limite. Je voudrais essayer de vous dire, en
vous citant un exemple qu’est
resté en moi si vivant, qu’à cette minute même ou je vous parle.
 Je vois et je vis cette scène qui me ramène à Troyon au 18
septembre 1914. Dans la nuit les Boches avaient déclenché dans la Woëvre, cette
attaque puissante qui 8 jours après les amena à St-Mihiel. Et dès les premières
heures les blessés affluèrent à l’ambulance. Vers 10 heures parmi ceux qui nous
étaient amenés par les brancardiers, un surtout m’inspira un sentiment de pitié plus
profond, tant sa blessure était horrible et hideuse. Pour lui tout hélas, tout soin était
inutile. Je l’accompagnai dans la grange où nous placions les grands blessés je
l’installai aussi doucement que possible et le laissai aux soins d’un infirmier sur et
dévoué. Et de temps à autre, dans la journée, entre deux pansements j'allais auprès
de lui, tantôt pour lui faire quelque piqûre capable d’adoucir un peu ses souffrances
inouïes, tantôt pour lui dire quelques paroles de réconfort. Et le soir vers 4 heures,
l’infirmier vint me dire que ce pauvre blessé allait mourir et voulait me voir. Je fus
près de lui aussitôt. Sa main prit la mienne la porta à ses lèvres et très doucement il
me dit : Monsieur le Major ; je meurs pour la France et je meurs aussi pour vous
pour que vous soyez préservé, et que vos enfants ne perdent pas leur père. J’avoue
qu’une émotion intense m’étreignait, et je restai près de lui, gardant sa main jusqu’à
ce qu’il fut mort, et jamais je ne verrai pareil sourire de bonté que celui qu’il avait
au moment même où la mort le prenait quelques heures plus tard. La nuit venue, je
voulus avoir quelques détails, savoir qu’il était afin de pouvoir écrire aux siens
comment il était mort. Et savez-vous ce que j’appris alors ? Que ce pauvre petit
abandonné dès sa naissance, recueilli par l’assistance publique, était depuis de
longues années placé comme berger dans la Haute-Loire chez des gens, chez qui
sûrement jamais il n’avait entendu une parole de bonté, car la seule lettre trouvée
sur lui dénotait une telle sécheresse de cœur que j’en éprouvai un mal affreux. Et
voilà que c’est homme pour qui la vie n’avait été qu’injustice, n’est en mourant que
dévouement et que bonté. Vraiment le sacrifice quand il est ainsi accepté fait de
l’homme le plus humble, quelque chose de très noble et de très grand. C’est à ces
heures seulement que j’ai compris le sens profond de ce mot martyr. Oui, ils ont été
les martyrs de la Patrie, ceux qu’aujourd’hui nous pleurons ensemble. Et
maintenant que leur sacrifice a sauvé la Patrie, grâce à eux nous connaissons la
liberté dans une France plus glorieuse, plus grande moralement qu’elle ne le fut
jamais. Mais ils sont morts aussi, ne l’oublions pas, pour que leurs enfants et les
nôtre ne puissent jamais voir ce qu’ils ont vu, souffrir ce qu'ils ont souffert. Cela
tous là-bas, nous l’avons espéré, nous l’avons cru d’une fois invincible. Combien
de fois cet argument m’a-t-il servi aux heures sombres à relever des défaillances
collectives ou individuelles. Et aujourd’hui, hélas, nul de nous n'y croît d’une foi
aussi forte, bien que tous nous voulions garder la môme espérance. L’œuvre de nos
morts n’est donc point achevée. C’est à nous vivants de la compléter, et c’est bien
cela qu’ils nous demandent bien plus encore que des hommages, des fleurs et des
larmes. Disons- nous bien que des cérémonies comme celle d’aujourd’hui seraient
vaines, s’il ne devait rester dans nos cœurs que le souvenir attristé et reconnaissant
de nos morts. Ils attendent mieux de nous. C’est un appel impérieux qui s’élève du
fond de leur tombeau. Oh ! Écoutons, la grande voix de nos morts sublimes, elle
jette à toutes les âmes Luchonnaises les ardentes consignes de devoir, de travail et
de fraternité. Puisse leur voix être entendue, puisse le culte de nos morts former
toujours ici une invisible et émouvante communion des morts et des vivants. Alors
l’avenir malgré les rudes difficultés qui nous attendent ne sera pas trop sombre.
Alors surtout nous aurons la suprême consolation de nous dire que nos chers morts
n’auront pas fait en vain le sacrifice de leur vie, et nous ferons toujours
inviolable la France qu’en mourant ils ont faites si belle. Camarades très chers,
vous pour qui sont déjà venus les jours de gloire et de repos. Au nom de la Ville de
Luchon, au nom de vos camarades de combat, je dépose à vos pieds notre tribut de
respect, de reconnaissance et d’amour. A vous parents, épouses, orphelins, victimes
pitoyables de cette terrible épreuve, à vous qui ...pour toujours êtes en deuil,
j’adresse l’expression de notre douloureuse et respectueuse sympathie. Soyez fiers
de ceux que vous pleurez car ils ont été les martyrs de la Patrie que par eux a été
sauvée.

L’émotion qui était à son comble ne se calme pas à l’audition du lamento


« Dolorosa » d’Andrieu que la fanfare exécute avec beaucoup d’âme sous l’habile
direction de son chef M. Piénon.

C’est maintenant M. Taussac, le sympathique Sous-Préfet de St- Gaudens, qui


monte à la tribune. Je viens parmi vous aujourd'hui, dit-il, non seulement comme
représentant du gouvernement, mais aussi comme un ami de Luchon.

En termes excellents, d’une voix chaude et vibrante il glorifie les héros qui sont
tombés, non pour un idéal de conquête, mais pour celui bien plus beau, de faire la
guerre à la guerre, pour le triomphe du Droit et de la Justice pour la
Liberté. Il préconise l’union de tous les Français pour que ayant gagné la guerre
nous puissions enfin gagner la paix.

De chauds applaudissements, prouvent à M. Taussac que son discours a été


entendu. Notre compatriote Jean Lafont, chante d’une voix que l’on sent très émue,
avec un nuancé impeccable, l’admirable hommage de Paladilhe « Patrie ». Il était
accompagné au piano par notre sympathique organiste, M.
Bessières. La fanfare attaque alors cet admirable « Chant du Départ », aux accents
duquel, nos soldats coururent défendre notre sol envahi ; et le « Chant des
Girondins » dont beaucoup, au moment suprême murmurèrent tout bas les
premières strophes. « Mourir pour la Patrie. ...

C’était fini, lentement la foule recueillie que l’on peut évaluer à 2000 personnes
défile devant le monument au pied duquel des couronnes sont déposées.

Entre-elles nous remarquons celle de l’Amicale des Poilus, des Vétérans, et une
superbe palme : Les enfants de Luchon à leurs aînés morts pour la Patrie.

Paul Barrau de Lorde.

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