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Entre brique et bitume

La plus commune, le Pâturin annuel


Pâturin_annuel, est une graminée qui,
du haut de sa dizaine de centimètres,
Pâturin annuel,
allée des Demoiselles fleurit quasiment toute l’année, au ras
du sol. Ses fleurs et fruits attirent les
oiseaux, les graines leur assurant une
nourriture profitable en hiver.
Ils consomment aussi les graines
du fragile Mouron des oiseaux,
plante gazonnante aux tiges grêles,
quelquefois rougeâtres, et aux feuilles
Cardamine hirsute,
rue de la Providence ovales. Le Mouron des oiseaux émet
toute l’année de petites fleurs blanches
aux pétales échancrés mais disparaît
complètement aux premières chaleurs.
Le Séneçon commun, aux minuscules
fleurs jaunes, fleurit toute l’année. Il faut se munir d’une loupe
pour tomber sous le charme de ses petites fleurs et de ses fruits
organisés en têtes globuleuses. Ses graines surmontées de poils
blancs lui ont valu le nom de séneçon, du latin senex, « vieillard ».
La Cardamine hirsute est une annuelle qui fleurit dès janvier. On

Plantes
la reconnaît en hiver à sa rosette de feuilles composées, semblables
Toiture végétalisée, couvent de à celles du cresson, et velues quand elles sont jeunes. Aux petites
la rue Saint-Denis
fleurs blanches succèdent des fruits filiformes dressés tels des

des trottoirs, épingles. Plante aussi connue sous le nom de creisselon, les feuilles
sont comestibles.

murs et toitures Fleurs de bitume


Le Laiteron maraîcher est une grande
Une cinquantaine d’espèces végétales vivent dans herbacée aux feuilles profondément
divisées et à la sève laiteuse qui suinte
les endroits les plus improbables de Toulouse : à la moindre blessure. Les jeunes
caniveaux, trottoirs, murs et toitures. Elles sont Laiteron maraîcher, feuilles sont comestibles bien que
rue Duméril
souvent de petite taille, avec des cycles de végé- très amères. C’est en automne que les
rosettes de feuilles sont les plus belles,
tation assez courts et produisent de minuscules prenant des teintes violettes. Les
Végétation spontanée,
graines qui se nichent dans la moindre fissure du avenue Jean-Chaubet fleurs jaunes ressemblent à celles du
pissenlit et sont souvent recouvertes
substrat. Crépide de Nîmes,
de pucerons.
avenue de Muret
Plus petite, la Crépide de Nîmes porte
des fleurs au bout de longs pédoncules
Premières pousses d’un jaune lumineux. Ses jolies
feuilles, divisées avec un grand lobe
Toulouse compte de nombreux alignements de terminal, sont dites lyrées. Sa longue
platanes, tilleuls et autres micocouliers, comme dans floraison profite aux abeilles citadines.
le quartier du Grand-Rond avec ses longues allées Le Grand plantain étale sur le bitume
bordées d’arbres majestueux. Souvent limitée, la surface ses grandes feuilles ovales
de terre au pied des arbres est cependant colonisée aux nervures parallèles.
par quelques espèces de plantes opportunistes. Leur Celles-ci sont disposées en rosette
Grand plantain,
présence est utile pour la bonne santé de l’arbre car elle rue de l’Aqueduc sans se recouvrir les unes les
permet de réduire l’évaporation de l’eau du sol, facilite autres. Cet agencement lui permet
l’infiltration des eaux de pluie et abrite de nombreuses Mur de plantes,
d’optimiser la captation de lumière.
espèces de la faune du sol. rue Villeneuve Ses petites fleurs, dont on ne voit que

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les étamines, sont serrées en épi


le long d’un axe dressé. Toute la
Les estivantes
plante est comestible, les feuilles
se mangent crues en salade et les La plupart des plantes précédentes
longues inflorescences, encore Chénopode blanc, finissent leur cycle et disparaissent
impasse Faourette
vertes, revenues dans l’huile ont un souvent dès le mois de mai quand
Pourpier maraîcher,
goût de champignon. C’est aussi boulevard Sylvio-Trentin arrivent les premières chaleurs.
une plante médicinale utilisée pour Un nouveau cortège d’espèces
ses propriétés cicatrisantes ; les se développe alors. Plantes plus
feuilles froissées sont appliquées résistantes à l’été sec caractéristique
directement sur la plaie. Les de Toulouse, elles ont des feuilles ou
macérations de ses feuilles dans des tiges épaissies qui jouent le rôle
l’eau servent également en lavage de réserve d’eau, des tiges coriaces et
oculaire et en bains de bouche. un système racinaire très développé
Euphorbe péplus,
Le Chénopode blanc est une rue Vigné capable d’absorber la moindre
plante de plus d’un mètre. Il fait humidité résiduelle.
partie de ses plantes vertes dont on Le Pourpier maraîcher a des tiges
pense qu’elles ne fleurissent jamais et des feuilles charnues qui stockent
tellement la floraison est peu Renouée des oiseaux, l’eau. Son port prostré, au ras du
Oxalide corniculée, parvis de l’église Saint-Aubin
voyante par rapport à l’exubérance rue des Potiers bitume, lui permet de limiter les
du feuillage. La face inférieure des pertes d’eau. Ses feuilles épaisses en
feuilles est recouverte d’une pruine forme de spatule sont comestibles,
blanche dessous. Leur contour en de consistance agréable. Son
forme de pied d’oie est à l’origine abondance, en particulier sur les
du mot « chénopode ». trottoirs du quartier Borderouge,
L’Euphorbe péplus a de minuscules est liée aux anciennes zones
Chiendent pied-de-poule,
fleurs organisées en une large inflorescence semblable au houppier rue Armand-Leygue maraîchères de cet endroit.
de pin parasol. Elle est très attractive pour les petites mouches qui en La mal aimée Traînasse connue
apprécient le nectar abondant. C’est une plante aux feuilles spatulées sous le nom de renouée des oiseaux,
dont les fruits explosent sous l’effet de la chaleur en projetant de recouvre rapidement de grandes
jolies graines. Blessée, la plante exsude un latex blanc, caustique. surfaces. Ses longues tiges sont
Impossible de passer à côté de l’Oxalide corniculée dont les ponctuées de fines feuilles lancéolées
feuilles ressemblent à celles du trèfle. Ses fleurs jaunes à cinq à l’aisselle desquelles de petites
pétales s’épanouissent quasiment toute l’année et la couleur de ses fleurs blanches s’épanouissent
feuilles varie du vert au violet. Les fruits en forme de cornes (les toute l’année. Les graines, noires
cornicules) s’ouvrent brusquement à la chaleur et expulsent de et luisantes, sont une nourriture
superbes petites graines rouges délicatement ornementées. appréciée des moineaux, notamment
Sétaire verte, en hiver. Cette plante – résistante au
chemin de Lapujade piétinement – était utilisée contre les
saignements de nez.
Les discrètes diverses origines véhiculés par le vent. Ses fleurs C’est en plein été que se développe
blanches aux cinq pétales arrondis semblent l’Euphorbe tachetée, aux petites
Dans les vieilles cours pavées attendre quelque minuscule insecte pollinisateur. feuilles elliptiques dont la couleur
des hôtels particuliers du Il faut un œil exercé pour repérer la Sagine Mai, varie du vert au bordeaux en
quartier Saint-Étienne, il Av JeanChaubet sans pétales aux tiges grêles, fonction de l’ensoleillement.
faut se mettre à quatre pattes rampantes et aux feuilles étroites et linéaires. Parmi les plus résistantes à la
pour observer une ravissante Ses fleurs verdâtres sécheresse estivale se trouvent quelques graminées connues sous le
espèce : la Saxifrage à trois sont dépourvues de nom très avenant de Chiendent, par exemple le chiendent pied-de-
doigts. Elle mesure rarement pétales. Le fruit est une poule, ainsi nommé pour la disposition de ses épis de fleurs comme
plus de cinq centimètres Saxifrage à trois doigts, minuscule urne ouverte une patte de poule, les quatre insérés au même niveau. Son rhizome
et justifie son nom par ses pont Saint-Michel
à son sommet par des particulièrement coriace et épais a été utilisé en période de disette
petites feuilles à trois lobes profonds. Collante dents contenant de pour fabriquer de la farine.
au toucher, cette plante fixe tous les déchets de nombreuses graines. Sagine, rue Marancin La Sétaire verte se reconnaît à ses épis de fleurs verdâtres, rudes
au toucher car hérissés de poils rigides. Cette plante cosmopolite
produit des graines très appréciées des oiseaux.

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Des plantes et des murs Haut perchées


Plante annuelle, la Mercuriale possède La Fumeterre officinale se
des pieds mâles et des pieds femelles. On pare en février de fleurs rose
note surtout son feuillage vert tendre et pourpre. Son feuillage est
peu les charmantes fleurs vertes disposées finement découpé, d’un vert
en épis terminaux chez les plants mâles grisâtre, et la sève irritante peut
et à l’aisselle des feuilles chez les plants faire pleurer. Elle a été utilisée
femelles. Les graines grises, expulsées en infusion pour ses propriétés
quand le fruit éclate à la chaleur, sont toniques, dépuratives et
délicatement ornées. Connue aussi sous Fumeterre officinale,
diurétiques. On la trouve en
le nom local de caquenlit, cette plante digue quai Viguerie abondance sur les corniches
toxique était employée pour ses propriétés des digues de brique en bord
laxatives. de la Garonne.
Habituée des jardins, présente aussi Compagne de la fumeterre,
sur les murs, l’Herbe aux verrues ou le Laiteron délicat étale ses
Chélidoine se remarque à ses longues fleurs jaune d’or à partir
feuilles profondément découpées en de février. Ses feuilles de
lobes arrondies, vert glauque. Ses fleurs consistance molle sont
jaunes à quatre pétales sont suivies de profondément découpées
fruits longs et fins qui contiennent de et dentées. Les feuilles de
nombreuses graines dont la dispersion est Chélidoine, la rosette sont comestibles.
originale : chacune de ces graines porte mur avenue de Lespinet Comme les autres laiterons,
une excroissance blanchâtre dont les un lait blanc s’écoule de la
fourmis sont friandes. En transportant ces moindre blessure. Les graines
graines vers leur fourmilière, les fourmis équipées d’un parachute de
dispersent la plante. L’Herbe aux verrues poils sont emportées par le
Laiteron délicat, digue quai Viguerie
sécrète une sève laiteuse, jaunâtre et vent et répandent ainsi la
caustique que l’on utilise en applications plante.
répétées pour enlever les verrues. La plus éclatante de toutes les floraisons que l’on peut apercevoir
sur les murs de Toulouse est la Giroflée des murailles. En mars, de
D’origine méditerranéenne, la Ruine- longues grappes de fleurs jaunes viennent embellir le sommet des
de-Rome porte bien son nom qui traduit restes de remparts du quartier Saint-Pierre.
sa propension à se développer sur les Ruine de Rome, digue Garonne
vieux ouvrages en cours de dégradation. à la Croix de Pierre
Cette plante rampante, vivace, aux
feuilles crénelées, se couvre dès janvier
de fleurs violettes et jaunes avec un La Giroflée
maximum de floraison au mois de mars.
Ses fruits renferment de minuscules
graines couvertes d’aspérités qui les font La Giroflée était une des plantes
s’accrocher à la moindre anfractuosité, médicinales présentes dans
comme sur le béton fissuré des digues de la « Théorie des signatures »,
la Garonne du quartier Croix de Pierre. la couleur jaune éclatant de
Méridionale aussi mais préférant l’ombre, ses fleurs était censée pouvoir
la Pariétaire de Judée est très résistante soigner la maladie de personnes
aux étés secs ; cette plante buissonnante Pariétaire de Judée, mur rue Vittet dont le visage avait pris cette
de la même famille que l’Ortie tire son couleur, l’ictère. Théorie
étymologie du latin paries, « le mur ». Son autre appellation farfelue, mais au-delà du
« d’Épinard des murailles » traduit le caractère comestible de ses folklore, la Giroflée est une
feuilles, rêches au toucher mais non urticantes. Toute la plante a plante toxique dont les graines
Giroflée des murailles,
des vertus diurétiques et émollientes. Ses petites fleurs blanches ont des propriétés abortives. ancien rempart rue de la Boule
sortent dès la fin janvier et le pollen, allergène est projeté dès que
l’on s’amuse à titiller les étamines.

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À l’ombre des gouttières Plantes grasses des toits


Ce n’est pas en lézardant le long des La famille des Crassulacées est à
digues de brique du quai de la Daurade son aise sur les murs et les toitures :
que l’on apercevra quelques-unes des héliophiles, leurs feuilles charnues
Fougères citadines, réfugiées sur les stockent de l’eau pour affronter la
murs ombragés, le long des gouttières sécheresse estivale.
humides.
Le Polypode a des feuilles en forme Le Nombril de Vénus affectionne
de plume qui mesurent une vingtaine les toitures peu pentues, gouttières
de centimètres et émergent en crosse et fissures ombragées et n’apprécie
depuis un rhizome épais comme un pas trop le calcaire. Son nom
petit doigt et couvert d’écailles. Ce vient de la forme de ses feuilles
rhizome est l’organe de fixation de Polypode, mur boulevard Escande s, qui rappellent un nombril. Dès
la plante à son support et stocke eau Nombril de Vénu février, de petites fleurs blanches
toiture place
et nutriments. Les écailles captent des Hauts-Murats et pendantes fleurissent sur de
l’humidité atmosphérique. Son autre longues grappes dressées. Inusitée
nom de Réglisse des bois vient du goût aujourd’hui, elle était appliquée
du rhizome quand on le mâchonne. en cataplasme de feuilles écrasées
La Capillaire des murs affectionne contre les plaies et les ulcères, et les
les vieux murs de brique. Petites, ses feuilles se consommaient en salade.
feuilles divisées à pétiole noir rougeâtre Elle est abondante sur les toitures
dépassent rarement les 10 centimètres. basses autour de l’église de Jésus.
Discrète, la Rue des murailles a une
préférence pour les vieux murs des L’Orpin élevé peut mesurer en
cimetières où elle abonde. Son nom fleurs jusqu’à 30 centimètres.
vient de la ressemblance de ses courtes Capillaire des murs, muret rue André-Cavagno Les feuilles épaisses et pointues,
feuilles avec celles de la Rue, plante généralement grisâtres, sont
médicinale. Orpin élevé, serrées le long de la tige dressée qui
Les longues feuilles entières de la mur pont Saint-Michel porte à partir de juillet une belle
Scolopendre demandent beaucoup inflorescence divisée en étoile et qui
plus d’humidité. Son nom vient de la supporte de multiples fleurs jaune
forme de ses fructifications, alignées et pâle, odorantes.
parallèles sous les feuilles, faisant penser
à un mille-pattes. Plus petit, l’Orpin blanc est
fréquent sur les vieilles toitures de
tuiles. Il se différencie des autres
espèces par ses nombreux rejets
aux feuilles cylindriques, oblongues
Rue des murailles, muret du palais Niel et souvent rougeâtres. Les tiges
qui portent les fleurs blanches
sont dressées et présentent des
feuilles plus espacées. En ville,
sur les spécimens de la digue quai
Viguerie, les pigeons picorent ses
Orpin blanc,
toiture rue du chant feuilles, peut-être en raison de leurs
du Merle propriétés adoucissantes contre les
inflammations.

Avec ses feuilles plus courtes, d’un


vert bleuté, disposées très serrées
sur une tige à port retombant,
Scolopendre, muret avenue Jean-Rieux l’Orpin à feuilles épaisses est
ravissant mais difficile à voir

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entre les blocs de pierre, milieu qu’il dont les fruits sont dispersés
apprécie particulièrement. Et ce ne par le vent, tel le Peuplier noir,
sont pas ses discrètes fleurs blanches, l’Ailanthe et le Paulownia.
peu nombreuses, qui aident à cette Cette dernière espèce, originaire
découverte. de Chine, pousse avec une
vigueur surprenante : il n’est
Rien à voir avec l’Orpin âcre, très discret pas rare que tiges et branches
par la petitesse de ses feuilles imbriquées Orpin à feuilles Vigne vierge, s’allongent de presque deux
sur de courtes tiges, mais immanquable épaisses, trottoir rue Duméril mètres dans l’année. Ses racines
au moment de sa floraison en juin rue des Prêtres soulèvent sans problème
quand il se couvre d’une multitude de n’importe quel revêtement de
fleurs étoilées, jaune d’or. C’est cette trottoir, les spécimens présents
espèce qui a valu le nom d’orpin qui sur le trottoir d’un commerce
signifie « couleur d’or », à ces plantes près du pont Matabiau sont
grasses. Elle est aussi connue sous le bien révélateurs. On le voit aussi
nom de « Poivre des murailles » pour pousser sur les murs ou au bord
la saveur épicée de ses feuilles qui sont Orpin âcre, ancien des toitures comme les spécimens
rempart allées de Brienne
diurétiques et purgatives. du haut de l’ancien cinéma Les
Nouveautés.
Enfin, échappée de nos jardinières, D’autres ligneux sont dispersés
l’Orpin de Palmer pousse souvent sur par les oiseaux frugivores que sont
les corniches des murs. Cette succulente, les Merles, Pigeons et Étourneaux.
originaire du Mexique, possède des C’est le cas de la Vigne vierge, du
feuilles bleutées, spatulées et une Sureau, du Troène luisant et du
agréable floraison jaune. Ce sont les Figuier.
menus morceaux, qui tombent des pots
et jardinières, qui se bouturent sans
l’aide de l’homme.
Fig
Toutes ces plantes sont de bonnes mellifères caniveau uier,
rue Raspa
il
à floraisons précoces et sont, pour ces
deux raisons, utiles dans l’alimentation des
abeilles sauvages en ville.

almer,
Orpin de Ph-Thillet
rue Josep

Sous les pavés, des arbres


Rares sont les ligneux sauvages
présents sur le bâti. Non pas que ces
endroits leur soient défavorables, Paulow
boulevard nia, trottoir
mais ils sont en général arrachés ou des Minim
es
coupés avant qu’ils ne se développent.
En effet, leur enracinement entraîne
tôt ou tard des détériorations
importantes des bitumes, mortiers et
ciments.
Parfois, à l’abri des regards, il arrive
que l’arbre passe les premières années.
On rencontre ainsi des espèces

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