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2 Flore et végétation

S ituée à plus de 6 O00 kilomètres du continent américain et plus de 5 O00


kilomètres des continents australien et antarctique, la Polynésie française
Généralités
égrènequelquell8 îles hauteset atolls entre5"et 30"de latitude Sud et 130"et 165"de
longitude Ouest. Cet isolement et cette dispersion ont des conséquences dans la
botaniques
composition de la flore, le peuplement et l'agencement de la végétation.
La flore de ces îles est d'une relative pauvreté, avec environ 1 O00 espèces "Les plantes, comme les animaux et
indigènes, si on la compare à d'autres îles du Pacifique : au moins 3 O00 à 4 O00 en comme l'homme, vivent. Elles se distinguent
Nouvelle-Calédonie, plus d e l 500 dans les îles Hawaii. Son intérêt réside dans I'étude de ce dernier par certains traits : elles ne con-
des espèces endémiques, souvent confinées à une île et qui, par leurs affinités, naissent pas la rancune, par exemple. Bien
éclairent l'origine du peuplement végétal. qu'A notre époque le tapis végétal du monde
La taille, I'âge des îles et les facteurs du milieu vont marquer la composition entier soit mutilé, détruit et déformé comme
floristique. Ainsi les îles volcaniques de la Société, avec un taux d'endémisme de plus jamais auparavant, chaque plante poursuit le
de 40 %, s'opposent aux atolls des Tuamotu avec moins de 10 %. Les conditions cours de sa vie, inlassablement, pourvu qu'elle
écologiques particulièrement drastiques dans les atolls ont sélectionné une flore trouve la moindre possibilité de sortir de terre
pauvre constituant des groupements végétaux particulièrement monotones. A et de s'épanouir ..." (H.de Wit)
l'inverse, les îles hautes comportent des milieux diversifiés qui ont permis l'installation
de nombreuses espèces en des groupements qui sont le résultat de leurs adaptations La botanique et son objet
et de leurs évolutions à des niches écologiques diverses.
Quoi de plus banal qu'une plante, trop
souvent négligée au point de n'appartenir qu'à
un environnement, mais combien nécessaire
aux animaux et à l'homme qui en sont les
prédateurs.
Pour le profane, la plante est une fleur
comblant son sens du beau. L'homme attaché
à la terre y trouve son premier moyen de survie
et un formidable réservoir alimentaire et
utilitaire, l'aménageur y verra généralement
une gêne dans sa volonté de faire cadrer l'exu-
bérance de la forêt avec le poli glacé de son
plan.
Spécialistes de l'étude des plantes, les
botanistes décrivent la réalité multiforme des
espèces, végétales, les classent, les nomment,
les décrivent afin d'en comprendre l'évo-
lution et la répartition.

7 lmpavlda
farapape). Vigoureuse
lane ligneuse, elle
au-dessus:
Apetahla raiafeensis
appartient B une famille (flare 'apefahi).
de Monocotyledones Arbrisseau endemique
parmi les plus de Raiatea a fleurs
primitives : fleurs zygomorphes blanches.
primitives en epis, Cette plante est
absence de calice et menacee par le
corolle, fleurs mâles et vandalisme dans sa
femelles sur des plantes seule localite connue,
separees (dioecie). le mont Temehani.

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1
FLORE E T FAUNE TERRESTRES

Une première classification Ils sont mis en communication par un est dépourvue de feuilles et porte habituel-
double appareil de circulation : un appareil lement une coiffe à son extrémité. A la diffé-
Le monde des plantes comprend, de manière ascendant lignifié où circule la sève brure, rence de la tige, elle ne comporte ni feuilles, ni
évidente pour tous, les plantes supérieures qui composée de la solution absorbée par les épiderme. Le système vasculaire se compose
constituent la végétation familière des forêts, racines, et un appareil descendant libérien oh de faisceaux ligneux et libériens séparés et
prairies, brousses, champs ou jardins. 11 se circule la sève élaborée, contenant en parti- alternés.
compose d'arbres, d'herbes, de plantes orne- culier les substances synthétisées par les La tige est un axe généralement aérien (le
mentales ou cultivées, qui possèdent racines, feuilles. La sève brute est diluée, la sève rhyzome est une tige souterraine), entouré
tiges, feuilles et fleurs, plus ou moins appa- élaborée est concentrée, en particulierà cause d'une écorce et d'un épiderme, son extrémité
rentes. Ce sont les plantes vasculaires, carac- de la perte d'eau a u niveau des feuilles par portant de très jeunes feuilles qui constituent
térisées par la présence de vaisseaux conduc- transpiration. le bourgeon. Le systtme vasculaire comprend
teurs. des faisceaux libéro-ligneux superposés.
11 existe un double système de nutrition Les plantes à fleurs Lajeuille se compose d'un pétiole, d'un
dans les racines et les feuilles, reliées entre limbe et des stipules, Yuri des éléments
elles par les tiges. Le premier puise dans la (Angiospermes) pouvant être absent. Généralement aplatie,
terre k a u et les éléments minéraux dissous. Une plante à fleurs comporte plusieurs elle a une symétrie bilatérale par rapport à la
Le second, grâce à la chlorophylle, fixe le gaz structures indissociables et nécessaires à son nervure médiane, possède une face dorsale et
carbonique de l'air et synthétise les fonctionnement et à sa reproduction, les ventrale, et elle est entourée d'un épiderme
constituants de la matière organique : organes végétatifs (racine, tige et feuilles) et les interrompu par les stomates, qui jouent un
glucides, protéines, lipides et substances organes reproducteurs (la fleur et les graines). rôle important dans la photosynthèse. Le
secondaires nécessaires à la physiologie de la Les organes végétatifs. La rucine, axe (organe système vasculaire est analogue à celui de la
plante. à symétrie axiale) généralement souterrain, tige.

-" - __r . -- * -1 Tableau ci-contre :


i Monocotyledones
'
Page de &Oiteformes de
Différentes
1 cotylédon, Les grands groupes
systematiques etablis tiges.
feuilles B nervures partir de la La vanille possede des
i énéralement paralleles, morphologie des
Angiospermes
plantes B fleurs, Qleurs type (2)-3 de la
ou l'absence de feuilles,
tiges grimpantes fixees
~raarmdpe~~,cines
graines dans le fruit Dicotylbdones de fleurs
_ ....
La canne A sucre a pour
2 cotylédons tiges des chaumes creux
feuilles à nervures et cylindriques.
réticulées,
fleurs type 4-5 Les differentes parties
- -- -. -- c
. d'une tige. La tige est la
partie aérienne de la
Gymnospermes plante qui porte les
graines nues
, .- _--i* -_ reproducteurs.
Préphanérogames
plantes vasculaires
organes reproducteurs :
ovules, pas de graines
. _ -
Pteridophytes ou F geres :
plantes pas d e racine principale,
vasculaires L _ _
_-tige souterraine,
".__ - feui!les _-j
- * - - -

Bryophytes pas de racines,


Mousses et ni vaisseaux,
Hépatiques feuilles rudimentaires
.' ou aqpareil vegétatif
thalloide
nœud '
Thallophytes ni tiges ni feuilles,
Algues ni racin'es,
Champignons appareil végétatif :
Lichens thalle

suberifiee
Les differentes sortes de dans leurs racines qui permet de puiser les
'racines. Certaines s'hypertrophient. Ce Les differentes parties matieres minérales
plantes emmagasinent sont alors des racines de la racine. La racine servant B son
des matieres de réserve tubéreuses. fixe la plante au sol et alimentation.

racines pivotantes racines fasciculées racines pivotantes racines fasciculées

:one piiifere

manioc
carotte
pirl piri

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FLORE ET VEGETATION

Les organes reproducteurs. La fleur est Systématique et nomenclature L'espèce et le nom des plantes
l'organe le plus manifeste au profane, elle est
aussi pour le spécialiste d'une importance La botanique systématique a pour objet L'espèce est l'unité taxonomique et naturelle
primordiale dans sa tâche de reconnaissance l'identification des plantes et leur classement élémentaire. Elle désigne un groupe d'indi-
et de classification. suivant un ordre rationnel. vidus interféconds, ayant la même morpho-
La fleur est le siège de la sexualité de la Depuis toujours les hommes ont cherché logie héréditaire et le même mode de vie. Les
plante, assurant sa multiptication en plusieurs à ordonner leurs connaissances, les plantes espèces ayant des caractères communs sont
étapes, D'abord a lieu la pollinisation, c'est-8- ont pu ainsi être classées suivant leurs carac- regroupées en genres, ceux-ci en families,
dire le transport du pollen sur le stigmate par tères : utilitaires, alimentaires, médicinales ... ordres et classes.
le'vent, l'eau ou les animaux. Puis s'opère la Peu à peu se sont dégagés les Cléments d'une
A l ' i n v e y l'espèce peut se subdiviser en
fécondation : elle est double et comprend la systématique naturelle, basée sur la parenté sous-espèces (ssp.) définies généralement par
fusion d'une cellule particulière de l'ovule (la des plantes. Au XVIIlc siècle, Linné proposa une identité génétique mais une barrière géo-
cellule-mère) et un des deux noyaux issus du un système établi sur la distribution des sexes graphique ou écologique, en variétés (var.),
grain de pollen, le deuxième fusionne avec le et les caractères de l'androcée. Adanson prit sous-vuriétés (subvar.) ...
noyau secondaire pour donner le tissu nour- en compte l'ensemble des caractères, mais en
ricier de l'embryon, l'albumen. Ensuite se négligeant leur importance relative. I1 fallut Linné, botaniste suédois (1707-1778), eut
déroule la dissémination : la graine envelop- attendre A. Jussieu qui introduisit le principe le premier l'idée de nommer les êtres vivants
pée dans l'ovaire transformé en fruit sera de subordination des caractères. Au XIXc par un binôme et devint le père de la systé-
transportée par divers agents : vent, animaux, siècle, les grands groupes systématiques matique moderne. Chaque plante est ainsi
homme ... La graine n'est libérée qu'A la germi- étaient identifiés et l'apport de laphylogenèse nommée par un binôme composé du nom de
nation de la plantule, point de départ d'une par Lamarck et Darwin donna l'image genre, commençant par une majuscule, et du
nouvelle plante. actuelle de la systématique. nom d'espèce avec une minuscule.

bourgeon axillaire
I
pGGzqrp5
suivant les espbces

pétales
Les differentes parties
de la feuille. Le limbe est
generalement d'une
couleur plus foncee sur
Le limbe peut être en
plusieurs parties. La
feuille est alors
composee et comporte
Coupe d'une fleur.
L'ensemble des sépales
forme le calice.
L'ensemble des
II
la faceexposeeausoleil. plusieurs folioles. etamines constitue
I'androcee ; c'est la que
se trouve le pollen. Le
Les différentes parties mangue, le noyau gynecee ou pistil est
du frult. La papaye renferme la graine l'organe femelle de la
a de nombreuses a 2 cotyledons. plante.
graines. Pour la

la mangue -endocarpe
(noyau) 1 la papaye

+- ms;cgp
;e 1 péricarpe
A*. -
purau
rolle. L'ensemble
corolle. .

pétales soudes
tiare
nombreuses g r a i n e s d
F
pulpe jaune orange,-

corolle en tube
*
m
patate douce

I etendard

Jne fleur est


graine prjvee rr6gull&re lorsque les
graine entiers tepales sont inégaux.
d'un des 2 cotyledons

21
d
-
.
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

La flore des atolls dispersion des plantes. La grande pauvreté de


la llore des atolls s’explique d’abord par les
asiarica (hoire). Pandunus spp. (fara) ou
Canavalia spp. qui ont des fruits ou graines
conditions écologiques du milieu. mais éga- flottantes pouvant résister plusieurs mois
La flore de ces milieux se caractérise par lement par l’histoire de ces iles. dans l’eau de mer.
une grande pauvreté, environ une centaine Les moyens de dispersion sont multiples. La zoochorie est surtout représentée par
d’espèces indigènes, qui traduit des conditions Dans le peuplement des iles interviennent les des oiseaux marins qui, lors de leurs
écologiques particulières auxquelles peu courants atmosphériques (anémochorie), les migrations, peuvent transporter les diaspores
d’espèces se sont adaptées. La grande homo- courants marins (hydrochorie) et les animaux végétales à longue distance. On parlera de
généité du milieu, offrant des niches écolo- (zoochorie). zoochorie passive pour les espèces ayant
giques peu variées. en limite également le Ainsi. on pense que c’est par anémocho- divers dispositifs leur permettant de
nombre. rie que des fougères comme Aspkniritii niclris. s’accrocher au plumage ou aux pattes :
Nephrolepis Iiirsrtriilu ou des orchidées aux Pisoniu grandis (prìaiea) ou Boerhuviu spp.
Milieu et adaptation graines microscopiques, Nervilia urugouna, aux fruits visqueux, 77iriti~fi.riupruc.LInlhPrlsà
Les atolls constituent un milieu sélectif pour Ohrroriia eqriiiatu ont été dispersées. péricarpe hérissé de pointes. La .zooChorie
les plantes à travers deux facteurs écolo- L’hydrochorie serait responsable du active, c’est-à-dire le transport par ingestion
giques : le sel et le substrat. Le premier peuplement en certaines espèces comme des fruits, est rare dans les atolls, citons
représente un véritable poison physiologique Cocos niic.(/Pru (cocotier), Burringioniu néanmoins A brus preceiiori+
pour la plupart des plantes, en empêchant
l’absorption de l’eau. Seul un petit nombre
supporte des concentrations assez élevées de à gauche :
Capparls cordifolia.
sel : les halophiles. Cet arbuste lianescent
Le substrat particulier des atolls est a de grandes fleurs
constitué de sables, graviers, cailloutis blanches Darfumees au¡ ’
virent au iose en se
coralliens ou grès de plage sur lesquels se fanant. II est
développent de maigres sols filtrant caracteristique des
substrats rocheux
rapidement l’eau. Ainsi, le substrat renforce le calcaires.
caractère xérophile de la flore des atolls. à droite :
Psiiofum nudum (niu).
L‘évolution a ainsi sélectionné des Fougère fossile vivant,
avec des tiges nues a
espèces aux adaptations morphologiques ou SDoranaes Taunes. elle
physiologiques diverses. Une des adaptations se rencöntie sur les
atolls en fourre a
est la présence d’un système racinaire Timonius-Scaevola et
explorant un important volume du sol et sur les iles hautes, en
assurant une alimentation hydrique epiphyte en foret
littorale.
suffisante. C‘est le cas de beaucoup de ligneux
a gauche :
com me Pet i iphis uciclrclu (ti iik i I i1ik i), S~iriunu Scaevola sericea
~iiuriiitiiu( i c ’ r e ) ou de certaines herbacées, en (naupafa) est un
arbrisseau sarmenteux.
particulier sur sables, comme 77iriti!/Piiu à fleurs blanches a
proc~roi1hens,Leprrcrris repet7s. rosatres et fruits
II peut aussi y avoir limitation de la charnus blancs. II est
repandu àtravers tout le
transpiration par réduction de la taille des Pacifique en formation
feuilles : Srcriunri ti1ari~iniu,ou leur absence : pionnière littorale.
Psilorreti1 niidrini ; par épaississement de la a droite :
cuticule foliaire : Tiliioiii~cs po!rgeitiiri.s, Suriana maritima (‘u‘u)
est un arbuste a
Scuevolci serieeu (mripeiiu) ; par développe- rameaux dresses, a
ment d’une pilosité foliaire : Torep~foriiu feuilles vert cendré et
fleurs jaune citron. I I
elr*l!nllc’u(iulril7le).A d7~~runil7í~.Y \Y’lLclit7u ( * U l W est commun en
,fui), ou encore par enfoncement des stomates formation sur sables ou
sous I’épiderme, pour les graminées. D’autre cailloutis coralliens.
part, des réserves d’eau peuvent exister dans Porlulaca lutea (pokea,
’afuri). Cette herbacee
des tissus aquifères des tiges : Porlre/ucu spp., a tiges charnues souvent
h p o r r i ~ urrctlerul8, des feuilles plus ou moins rougeàtres, feuilles
charnues : Poririlucu spp., Newgenes ercphru- vert clair alternes et
fleurs jaune dor, est
sioitles, Cuppuris cortl~folia. Torirneforiiu commune en formations
urgenieu, des racines ou souches tubérisées : ouvertes sur sables
coralliens et
Boerhuviu spp., Porirclucu spp. basaltiques.
Enfin, certaines espèces, m o i n s à droite :
strictement inféodées à ces milieux, dévelop- Tourneforfia argenfea
(tahinu). Petit arbre a
pent une résistance à la sécheresse par une port caracteristique
diminution de l’appareil aérien, limitant ainsi avec des feuilles vert
argente groupees au
. la prise au vent et donc la transpiration, et une bout des branches et de
augmentation de l’appareil souterrain, petites fleurs blanches
assurant ainsi une meilleure alimentation parfumees, il est
commun en brousse
hydrique. Ce sont des espèces “généralistes”, pionnière oceanique.
fréquentes dans d’autres formations, qui a gauche :
parviennent à se maintenir ici. On peut citer La vegetation
Hihiscris li1iCrceu.s (piirari). Thespesia supralittorale temoigne
de sa vigueur sur la
populneu (miro) ou Curcliu .srihcorcluiu (IOU). frange oceanique :
plantules de cocotier ou
de Tourneforlia
Dispersion des plantes argenfea, touffes de
et peuplement des atolls Lepturus repens et de
Nesogenes
. compréhension dc l’origine du pcuplcment
1a euphrasioides se dont
fraye une voie a travers
des ilcs passe par unc Ctudc des moyens dc les debris coralliens.

28
R

FLORE ET VEGETATION

II faut noter que la situation générale de réimmersion des Tuamotu, environ 3 O00 ans. phytes, 21 M o n o c o t y l é d o n e s et 75
ces îles dans leur rapport avec les courants En comptant un à d e u x accidents climatiques Dicotylédones. Parmi celles-ci, on note 7 es-
marins ou aériens est néanmoins défavorable. par siècle, on arrive à 30 à 60 occurrences pèces endémiques dont 4 à Makatea.
En effet, la circulation générale se fait dans le favorables oh des courants océaniques suffi- Les autres archipels, atolls et niotu des
sens est-ouest, à travers un désert insulaire samment importants ont pu se développer de îles hautes ont une flore souvent plus riche que
immense: or les espèces qui ont colonisé la la Sociétévers les Tuamotu, pendant plusieurs celle des Tuamotu. Dans l'archipel de la
frange littorale sont dans leur grande majorité semaines ou mois, rendant ainsi possible un Société, Tupai compte 48 espèces, Tetiaroa
d'origine indo-malaise. II faut alors considérer repeuplement partiel de ces îles. 44, alors qu'aux Tuamotu on dénombre 37
que la contre-circulation aérienne en haute espèces B Takapoto et 39 à Rangiroa.
altitude et le contre-courant océanique sub- Caractères généraux de la flore Mais la distribution générale reste
tropical Sud ont pu jouer un rôle dans la Conséquence des conditions écologiques complexe. Les atolls les plus occidentaux
dispersion des espèces anémo-et hydrochores. particulières et de l'isolement, la flore secarac- paraissent les plus pauvres. Si Scilly (Société)
Marginalement, on peut citer des térise par un ensemble peu diversifié. Dans les et Maria (Australes) comptent 258 30espèces,
modifications exceptionnelles dans la circula- Tuamotu, en incluant Makatea qui compte on observe à Tupai (Société) la présence de 48
tion générale, comme celles qui ont affecté la une trentaine d'espèces forestières présentes à espèces et à Makatea (Tuamotu) de 80, alors
Polynésie en 1982-83. (voir vohtnie 1, p . 74). Tahiti, on arrive à un total d'environ une qu'on ne trouve dans les autres atolls des
Elles ont pu jouer depuis la brève période de centaine d'espèces indigènes avec 8 Ptérido- Tuamotu que 35 à 40 espèces.

epineux. Elle est


commune sur sables
coralliens.
a gauche, au-dessous :
Sesbanla cocclnea.
Cet arbuste atteignant
5 madegrandesfleursa
corolle rouge vif lave
d'orange. II est devenu
tres rare en Polynesie.
a droite :
DIglfarla
sfenofaahrodes
est une'herbe formant
de petites touffes, a
epis verdatres.
Endemiquedela Societe
et des Tuamotu.
à droite :
Cassyfha Nllformis
(falno'a) est une liane
herbacee a tiges greles
oranges depourvues de
feuilles. C'est un
Darasite formant
¡ocalement des fourres
impenetrables parmi
Scaevola, Suriana ou
Tirnonius.
à droite, en bas :
Achyranfhes velutlna
(serda/). Cette
herbacee a des fleurs
vert rougeitre et des
fruits s'accrochant par
les pieces du Perianthe.

oerir ici la franoe


Les cyclones de 1983 ¡ittorale. Des p k d s
ont remodele les plages isoles de Tournefortia
et modifie la dynamique argentea (8 droite) et
vegetale en Guettarda speciosa (au
bouleversant le milieu) ont repris parmi
microrelief et lesubstrat. une brousse
Des depöts degravillons souffreteuse a
, et de cailloutis ont fait Timonius polygamus.
f
29
I
' /
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

I
l

Végétation des atoils adaptations'particulières A la présence de sel :


les halophiles.
ligneux, on remarque Pemphis acidula (miki
miki) en situation pionnière sur les grès de
l et du littoral En l'absence de mangrove naturelle en
P o l y n é s i e f r a n ç a i s e ( u n palétuvier,
plage et le long des passes, Tourneforria
argentea (tahinu) qui peut atteindre 2 à 3 m,
des îles hautes Rhizophora mucronafa. a été introduità Bora
Bora, Moorea et Tahaa où il prolifère ponc-
Scaevola sericea, arbrisseau rampant. Sur
substrat moins grossier, s'ajoutent Suriana
Développée principalement dans les tuellement), la végétation littorale est maririma, Timoniirs polygamus, Guettarda
atolls des Tuamotu oÙ elle représente représentée suivant le substrat par deux speciosa (täfano) et plus rarement He&otis
l'ensemble de la végétation primaire, sur les grands types de groupements. Nous décrirons romanroifiensis, endémique de la Polynésie
atolls des autres archipels, sur les niofu et la ainsi ceux développés sur calcaire (falaise, orientale et centrale. Les herbacées sont rares
ceinture littorale des iles hautes volcaniques, lapiaz, sables coralliens des atolls, motu et et éparses : Lepturus repens souvent en petites
cette végétation se caractérise par une littoral corallien des iles hautes) et ceux taches en avant du groupement, Heliotropium
pauvreté en espèces et une monotonie des développés sur substrat volcanique (rochers unomalum, Portulaca spp. En s'éloignant
formations végétales qui sont le reflet de ou sables basaltiques). vers l'intérieur, cette brousse devient plus
conditions écologiques particulièrement haute et forme des fourrés à Scaevola-
contraignantes.
La végétation sur sols calcaires Tirnonius enrichis par Nesogenes euphra-
La répartition des groupements est liée Sur un niotu, o n peut distinguer schémati- sioides. Cass~~rha,/ilijbrtnis~
liane herbacée en
principalement aux facteurs climatiques et quement, e n allant du bord externe océanique dense réseau, piquetés de pieds isolés de
édaphiques. Le milieu peut se caractériser par a u bord interne lagonaire, plusieurs Tourneforria ou Guettarda atteignant 5 à 8 m.
des précipitations rares et peu abondantes, en formations, correspondant à des conditions Les formations forestières, moins soumises
particulier sur les atolls, une insolation forte et écologiques différentes. aux effets du sel, font suite au premier
un air chargé en sel par les embruns. Un La brousse pionnière externe, formation groupement. On distingue les forêts à
substrat filtrant formé de raches, débris ou basse et ouverte dépassant rarement un mètre, Pandanus gara) et à Pisonia (pu'atea). Les
sables coralliens sur les motu, de roches ou se développe sur cailloutis coralliens, en premières se développent sur des substrats
sables basaltiques sur les iles hautes et un sol arrière du platier récifal et d'une plage fossile plus secs et plus grossiers que les secondes.
pauvre chargé en sel complètent les conditions de largeur variable. Elle est soumise à Elles ont considérablement régressé devant la
drastiques de ce milieu. La sélection naturelle l'action directe du vent et du sel et seul un petit cocoteraie développée depuis un siècle.
a ainsi retenu un petit nombre d'espèces aux nombre d'espèces y est adapté. Parmi les La forêt à Pandanus rectorius :ouverte,

Pemphls acidula
(mlkl mlkl). Arbuste a
petit arbre a bois rouge
tres dur. feuilles
opposees vert pile et
fleurs blanches il est
caracteristioue hes
substrats coherents sur
la façade oceanique des
motu ou le long des hoa.
a droite :
Groupement B
Tournefortla-
Tlmonlus-Guellarda.
Developpe sur la facade
oceanique des m o t i sur
substrat grossier il se
reduit des Diedi isoles
sur la franae externe
soumise aüx embruns,
mais s'enrichit vers
I'interieur d'esoeces
comme Heliotiopium
anomalum. Lepturus
repens.

au-dessus :
Lepfurus reDens

------ ---
$y= blanches. violemment A droite :

s&sem I'interieur des atolls. souche tuberisbe.

30
FLORE ET \icGcTATION

elle comporte.des arbres ne dépassant pas 6 à tions monospécifiques à Cypéracées : La végétation sur roches
8 m ; on y retrouve Guettarda, Tournefortia. Mariscus javanicus ou Cladium jatnaicense. basaltiques
Cocos nucifera dispersé,plus rarement Cordia La brousse pionnière interne. Sur sables
subcordata (IOU). La strate arbustive est coralliens, se développe une frange étroite à Sur les îles hautes, à Tahiti en particulier, la
représentée par Scaevola, Pipturusargenteus, Suriana maritima, ' Scaevola maritima, bande côtière présente de grandes variations
Euphorbia atoto. Au sol Phymatosorus Triutnfetta procumbens, Ipomoea pes-caprae de largeur, de morphologie et de substrat :
scolopetidria, Laportea ruderalis. ssp. brasiliensis ou Cariavalia spp., Lepturus falaise basaltique sur la côte est, substrat
La forêt à Pisonia grandis se cantonne repens. C'est un groupement assez variable. détritique dans le sud-ouest. Par suite d u
généralement en station plus fraîche à Ainsi dans la Société, on peut rencontrer une drainage souterrain, les nappes d'eau douce
l'intéfieur des motu. Parmi les arbres, outre forêt dominée par Hibiscus tiliaceus (pürau), vont très près du rivage et les espècesvégétales
Pisonia atteignant des dimensions remar- avec Thespesia p o p u l n e a (miro) ou auront moins A lutter contre le sel que dans les
quables (plus de 20 m de hauteur et 1 m de Hernandia tiymphaeifolia (ti'anina), Barring- atolls.
d i a m è t r e ) , o n t r o u v e C a l o p h y l l u m fonia asiatica (hotu) et des arbustes rares Du fait de l'occupation humaine de la
itiopliyllum, Cordia subcordata, Cocos comme Leucaetia insularum ou Sophora ceinture littorale, la végétation primaire est
nucifera de place en place, parmi les arbustes tomenfosa. fortement dégradée. I1 est actuellement
Pipturus argenteus et Morinda eitrifolia Les substrats cohérents, falaise, lapiaz et difficile de caractériser les groupements
(nono). La strate herbacée est bien repré- f e o constituent des milieux particuliers, sols et climatiques et seuls des bosquets épars dans
sentée, un sol riche en matière organiqur se réserves hydriques quasi inexistants, extension une végétation anthropique composée de
développant grâce à une litière se du système racinaire limitée. On les trouve dans rudérales (ornementales ou alimentaires) en
décomposant rapidement et aux déjections les Australes, à Raivavae et Rurutu, mais c'està témoignent. On peut ainsi trouver Hibiscus
des fréquentes colonies d'oiseaux : fous, Makatea qu'ils sont le mieux représentés. Dans riliaceus, Thespesia populnea ou Barritigfonia
noddis, sternes. On trouve ainsi, Achyranthes une forêt de plateau fortement lapiazé on ren- asiatica côté d'espèces introduites, Termi-
aspera, A . velutitia, Laportea rrrderalis ou des contre, outre 4 espèces endémiques dont un pal- nalia catappa ('autera'a papaä), Coccoloba
fougères comme Asplenium nidus ou Phytna- mier Pritchardia vuylstekeana. de nombreuses riv@era ou Casuarina equisetifblia ('aiio). Sur
iosorus scolopenrlria. Dans certains atolls, les espèces rencontrées à Tahiti en forêt xérophile la côte est, se maintiennent des lambeaux de
dépressions centrales particulièrement de basse altitude à Hibiscus-Xylosma :Alyxia forêt A Barritigronia- Pandanus avec Morincla
humides, à nappe d'eau libre ou non, peuvent scandens, Canthium barbatum, Glochidion c*itr[folia, Vigna ti iaritia et Ipo t I i oea sp p.
être partiellement occupées par des forma- aff: ratnijlorum, Tarenna sambucina... formant la frange pionnière,

7
à droite :
grandis
pu'atea). Grand arbre
racines superficielles
La cocoterale a, depuis
plus d'un si&cle, pris la
place de la plus grande
partie des forets. Seuls
traçantes, il a une Bcorce de petits bosquets ou
grisâtre, des fleurs vert des pieds isolés de
jaunâtre et des fruits Guettarda, Pisonia
visqueux, adherents. II (A droite), sont les '
formait avant son temoins de la foret
remplacement par le naturelle. Le sous-bois
cocotier de grandes comprend des especes
forets sur le mofo, lieu comme Euphorbia
de nidification des atoto, Pipfurus
oiseaux marins. argenteus, Lepfurus
au-dessous : repens, Triumletta
Phymatosorus procombens, Boerhavia
scolopendrla tefrandra ou comme ici,
est une fougere terrestre Laporfea ruderalis, aux
ou epiphyte, B frondes inflorescences rouge vif.
pennees et sores
rondes, commune en
cocoteraie.
en bas : à gauche, au milieu:
Euphorbla atoto Pandanus tectorlus
('atoto). (tara) est un petit arbre
B racines aeriennes.
avec des branches en
candelabre et des
feuilles lineaires
eDineuses. II formait.
avant la cocoteraie, des
forets sur la façade
océanique en arrière du
groupement littoral.

à gauche :
Morlnda cltrlfolla
(nono). Arbuste à petit
arbre a grandes feuilles
bullees, à fleurs
blanches et odorantes,
son fruitsyncarpiqueest
iaunâtre B maturite. IIest
iepandu dans la
cocoteraie.

Cladlum lamalcense
est une herbe robuste
depassant 2 m, B feuilles
coupantes, localisee
dans les depressions
humides de I'interieur
des motu.

31
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

La flore des îles aux pattes des oiseaux. Ces espèces sont
caractéristiques des formations sèches,
d’épiphytes et la faune associée, fougères ou
arbrisseaux et petite faune.
hautes Achyranthes, Bidens, Commersonia, diverses
Graminées et Cypéracées sont à crochets ou La spbciation insulaire
arêtes ; Peperomia, Pisonia, Pirtosporum ou
Contrastant avec les îles basses, les îles Korthalsella sont à diaspores adhésives. Les barrières géographiques, écologiques et
hautes présentent une diversité et une richesse Les ornithochores actives, à diaspores génétiques de l’isolement insulaire ont permis
floristiques qui sont le reflet de leur isolement, ingérées, sont les plus nombreuses et appar- aux populations pionnières de diverger peu à
de leur histoire et de leurs multiples niches tiennent aux formations mésophiles et hygro- peu des populations continentales dont elles
écologiques qui, du littoral jusqu’aux hauts philes de moyenne et haute altitude. Citons sont issues. Ce phénomène de différenciation
sommets, o n t permis l’installation et Alyxia. Ilex, Meryta, Cyrtandra, Myrsine, constitue la spéciation allopatrique. La
l’évolution des plantes en de nombreuses diverses Rubiacées. spéciation sympatrique concerne une diffé-
espèces. Enfin, des facteurs catastrophiques ont renciation s’opérant au sein d‘une même
La flore, ensemble des espèces végétales pu contribuer marginalement au peuplement population. A la différence de la première, qui
d’une île, et le peuplement sont déterminés des îles : cyclones emportant hors de leur voie demande un temps fort long, la spéciation
d‘une part par les potentialités de transport à des oiseaux qui ont ainsi introduit des espèces sympatrique est un phénomène rapide.
longue distance de fruits ou de graines a c c i d e n t e I1 es , “ r a d e a u x bio 1o g i q u es” L‘espèce mère, la moins avancée évoluti-
(diaspores) d‘espèces venant des masses con- comportant quelques gros troncs chargés vement, s’appelle l’espèce apomorphe ;la plus
tinentales, et d’autre part, par la formation
d‘espèces nouvelles, la spéciation.

Le peuplement des îles


Comme pour les atolls, la flore d’une île haute
est issue d’un ensemble de diaspores trans-
portées par divers agents de dispersion : les
c o u r a n t s , a é r i e n s ( a n é m o c h o r i e ) et
océaniques (hydrochorie), et les animaux
(zoochorie), principalement les oiseaux
(ornit hochorie).
Pour les îles de la Société et des
Marquises, on a pu établir les proportions
calculées non pour les espèces actuelles
résultant de l’évolution, mais pour les espèces
“ancêtres-fondatrices” qu’on estime être à
l’origine du peuplement actuel. On trouve
alors, pour la Société, 11% d’anémochores,
29% d‘hydrochores et 60% d’ornithochores ;
pour les Marquises, les chiffres sont respec-
tivement de 4%, 24% et 72%, les fougères étant
exclues.
Les espèces anémochores sont donc les
moins nombreuses. Plus une île est éloignée
d’un continent, moins les diaspores ont de
chance de s’établir, les effets de dessication des
graines s’ajoutant à ceux du gradient de la
distance. Les Marquises ont une valeur plus
faible que la Société. En effet, placé hors de la
circulation atmosphérique favorable, cet
archipel est également le plus éloigné de tout
continent, au moins à 6 000 km de l’Australie
et de l’Amérique. Parmi les plantes qui ont été
amenées par les vents, on peut citer
Metrosideros, Weinmannìa, Alstonia, les
orchidées, bien représentées à Tahiti, plus
rares dans les Marquises. Metrosideros et
Weinmannia sont les taxa dominants des for-
mations forestières de moyenne et haute
altitude. Les fougères à petites spores sont
aisément dispersées par les courants aériens. I1
reste néanmoins possible que les espèces des
forêts humides à spores fragiles aient utilisé
d’autres voies.
Les hydrochores sont principalement des
espèces littorales (voir Flore des atolls), plus
rarement on trouve des plantes appartenant
aux formations mésophiles ou xérophiles de
basse altitude comme Colubrina asiatica,
C a n a v a l i a cathartica o u Serianthes
myriadena.
Les ornithochores passives comportent
des espèces qui, par divers dispositifs des
diaspores (crochets, arêtes, épines, barbules
ou sécrétions), s’accrochent au plumage ou

32
FLORE ET VCGETATIOF

avancée est l'espèce pleiomorphe. Chez les évolue en occupant de nombreuses niches néanmoins assez limitée en raison de I.
plantes, la polyploïdie est assez fréquente et écologiques. P a r exemple, les formations jeunesse des îles et de leur faible taille,
peut expliquer ce type de spéciation. xérophiles du littoral et de basse altitude, les
La spéciation insulaire présente chez les formations mésophiles de moyenne altitude, La baisse de la compétitivité
plantes des traits particuliers. Les populations les formations hygrophiles de haute altitude
insulaires évoluent à une vitesse plus grande (vallées, forêt d e nuages) et les formations et du pouvoir
que les populations-ancêtres continentales, en sommitales. Le genre Fitchia est un exemple de dispersion
raison de la rareté des échanges géniques, en Polynésie orientale. Une espèce! Filchia
renforçant ainsi la speciation endémique. speciosa, est un arbre endémiqueà Rarotonga Par ailleurs, la diminution ou la perte de 1;
dans les îles Cooken forêt hygrophile; Filchia compétitivité ou du pouvoir de dispersi01
rapensis (Rapa) et Fitchia fahitensis (Tahiti) sont des caractères liés aux mécanisme
Des différences sont des arbustes ou petits arbres en forêt d'adaptation et d e spéciation. L'invasion dl
selon les niches écologiques mésophile ou hygrophile ; Filchia cordata "pestes végétales" dans les groupement
(Bora Bora) et Fitchia cuneafa(Raiatea) sont végétaux autochtones illustre le premie
D'autre part, la radiation adaptative est un des arbustes en formation basse ouverte xéro- aspect. II est lié probablement à plusieur
puissant facteur de speciation insulaire. Phyle. La morphologie foliaire et la taille des facteurs telle une variabilitk génétiqu
Elle se définit comme une diversification capitules permettent en outre de distinguer ces moindre, due à de petites population
souvent extraordinaire d'un groupe qui espèces. La radiation adaptative reste installées sur de faibles surfaces et :

Dlanella hfermedla.
Cette espece, ii petites
touffes B feuilles vert
sombre et petites fleurs
blanches vein&% de
bleu, se rencontre dans
les divers archipels en
formations de hauts de
entes et de crêtes
Rygrqphiles,e n forêt
B Weinmannia-
Metrosideros.

ci 'est un arbuste
atteignant 5-6 m B
petites racines
echasses. Les feuilles,
delicatement anisees.
etaient utilisées dans le
mono'i. Les capitules
oranges pendants
fleurissent ii la fin de la
saison seche.
Les formations
d'altitude dans les iles
-
hautes forats de
nuages des hautes
vallees ou maquis des
crêtes sommitales- sont
les derniers refuges
pour une flore richement
diversifiêe, avec nombre
d'especes endemiques
et indigenes et
complexité des
structures. Elles se
présentent comme les
reliques de ¡'evolution
insulaire.
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

I'hyperadaptation. Enfin, l'absence d e B. marhwesii, à akènes pubescentes et arêtes dépression dans les potentialités de dispersion
pression sélective due aux grands herbivores plus courtes. I1 existe divers intermédiaires parait liée à l'habitat forestier.
peut jouer un rôle dans la fragilité de ces dans les Marquises, B. cordifolia, B. henryi, et Cette corrélation entre l'habitat forestier
milieux. dans la Société, B. lanianoides, B. glabrara ; apparaît pour un caractère répandu dans les
Le second aspect concerne la fréquente réduction de la pubescence sur l'akène de la flores insulaires, celui de l'acquisition de la
diminution ou même la perte du pouvoir de taille des arêtes et de leur pubescencejusqu'au lignification dans des groupes généralement
dispersion. La famille des Composées en offre stade ultime, chez B. raiareensis, à akèhe herbacés dans les flores continentales. En
de nombreux exemples. Le genre Bidens glabre et arêtes nulles, c'est-à-dire la dispari- Polynésie, on peut citer au moins deux
comporte une vingtaine d'espèces endémiques tion totale des structures morphologiques qui familles où ce caractère est répandu : les
en Polynésie orientale, issues d'une ou permettaient une zoochorie passive efficace. C o m p o s é e s et les L o b é l i a c i e s . Les
plusieurs espèces américaines dont Bidens Ces particularités morphologiques sont h Composées, une famille représentée avec plus
pilosa peut être un bon modèle. 11 se carac- mettre en relation avec l'écologie de ces d'une centaine d'espèces, comprend deux
térise par une akène munie de poils antrorses espèces. D u n e manière évidente, il apparaît genres endémiques, Firchia et Oparanrhus ;
surmontée de trois longues arêtes 1 poils que ce sont les espèces littorales qui ont les Bidens, genre pantropical comprenant de
rétrorses. La distribution pantropicale de mécanismes les plus performants, à savoir les nombreuses endémiques. Fitchia compte 7
cette mauvaise herbe est la conséquence de ce espèces des Australes et des Gambier. Les espèces arbustives ou arborescentes, Firchia
système efficace de dispersion. Parmi les espèces des iles Marquises et de la Société speciosa de Rarotonga atteignant I O mètres.
espèces polynésiennes, ce sont celles présentes occupent des formations forestières ou Oparanthus est un genre endémique d e la
dans les iles Australes et aux Gambier qui ont forestières ouvertes mésophiles, B. raia- Polynésie orientale à aire disjointe : dans les
des akènes proches de B. pilosa : B. reensis se localise en station forestière Marquises, avec deux espèces, dont une non
sa in i,j o h n ian a, B. hen ders o n en sis et hygrophile. D u n e manière générale, cette décrite (arbre dépassant I O mètres) et à Rapa,

Phreatla tahltensls.
La famille des Orchidees
est representee B Tahiti
par une trentaine
d'especes dont plus
d'une vingtaine sont
endémiques. Celle-ci
est une plante epiphyte
B fleurs B parfum de
vanille, assez rare en
foret hygrophile, mais
venant en grandes
touffes sur les branches.
au-dessous :
Fuchsla cyrtandroldes.
Le genre Fuchsia est
surtout represente dans
la Cordillbre des Andes ;
II comporte un seul
Bourgeon de feuilles de groupe dans l'Ancien
Metroslderos. Monde, en Nouvelle-
Zelande, auquel se
rattache I'espece dOcrlte
de Tahiti. Cette
decouverte souligne les
A affinites entre les
Ji J masses OroaraDhiaues
la Societe eicelies de
Nouvelle-Mande

i
' I

les iles hautes du


Pacifiaue. est
represente par environ
25 especes endemiques
en Polynesie. Tahiti en
heberge une dizaine
cantonnees dans le: Alstonla costata ('ataheJ
formations riveraines est un arbuste ou arbre
hygrophiles de repandu B travers le,
moyenne et haute Pacifique. En Polynesle,
altitude. on le rencontre
frequemment dans les
Marquises et la Societe
en formation hy rophile
d'altitude, avec &atheas
Ilex, Weinmannia ...
34
FLORE ET VEGETATION

avec trois espèces, qui sont des arbustes ou suivants : 32% aux Australes, 24% aux Araliacées, Rutacées ou Lobeliacées ont des
petits arbres atteignant 6 mètres. Le genre Gambier, 50% aux Marquises; 42% dans les taux de 100%. Parmi les genres en active
Bidens, avec 21 espèces endémiques dans les îles d e la Société, et 56% pour la Polynésie. spéciation, c'est-àidire avec les espèces toutes
Australes, Gambier, Marquises et Société, Le g r o u p e t a x o n o m i q u e le plus endémiques' au niveau d'un archipel, on peut
comprend généralement des arbrisseaux, plus .important est celui des fougères qui regroupe citer Myrsine avec 3 espèces a u x Australes, 5
rarement des arbres de faible hauteur. Les sur l'ensemble du territoire environ 31%de la aux Marquises, .et 13 dans la Société ;
Lobéliacées comprennent deux genres flore totale. Cette richesse se retrouve dans les Cprtandra, avec 2 espèces a u x Australes, 8
endémiques : Apefahia et Sclerotheca. Le archipels, en particulier dans la Société avec aux Marquises et 15 dans la Société ;
premier est monotypique avec une espèce à 36% et aux Australes, 31%. Si la Polynésie ne Psychorria, avec 3 espèces aux Australes, 8
Raiatea, A . raiareensis, arbrisseau atteignant possède pas de familles endémiques, on peut aux Marquises et 12 dans la Société.
2 mètres. Le second comprend sept espèces de noter les genres endémiques suivants : Les affinités floristiques nous aident B
forêt hygrophile, généralement arbustives : S. Apefuhia (Société), Lebronnecia (Marquises), comprendre le peuplement des îles à partir
margaretae de Rapa est' un petit arbre Metarrophis (Australes), Oparanthus d'un ou plusieurs centres de dispersion. Ainsi
atteignant 8 mètres. (Australes et Marquises), Sclerotheca et les divers archipels ont un"fonds" tropical, de
Fitchia (Polynésie). 40% aux Australes à 58% aux Gambier. Les
Au niveau spécifique, l'endémisme est affinités les plus marquées sont avec l'Ancien
Généralités floristiques élevé dans les grandes familles comme les Monde et l'Indo-Malaisie. Des affinités plus
Si l'on compare les nombres d'espèces Orchidées (85%), les Rubiacées (84%), les discrètes différencient les archipels : l'Est-
indigènes (établies sans l'intervention Composées (89%) ou les EuphorbiacCes Malaisie et l'Australie pour la Société et les
humaine) et les endémiques des différents (79%). Enfin, des familles petites mais bien Australes, une flore subantarctique pour les
archipels, on observe les taux d'endémisme représentées en Polynésie, comme I montagnes de la Société et Rapa.

La llore indighe et endemlque des divers archipels.

Indigenes Endbmiques -
Total -
Total
Fougbres Angiospermes Fougbres Angiospermes F. A. F.+A.
AUSTRALES 70 146 28 73 98 219 317
GAMBlER 19 55 5 19 24 74 98
MA ROUISES 55 87 20 122 75 209 284
SOCI6T6 152 185 57 183 209 368 577
POL YNCSIE 192 231 111 425 303 656 959
(avec /es Tuamotu)

35
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

Végétation Spaihodea can7panulaia. La strate herbacée


comprend Gleichenia linearis (anuhe) en peu-
spp., Alphitonia zizyphoïL/es (toi) avec en
sous-bois A!vxia scandens. Canihium
des collines plement généralement pur auquel se mêlent
L y c o p o d i uni c e r n u uni, N e p h r o l e p i s
barbatuni. Sur les crêtes, on note le rare
Serianthes myriadena. et plus commun, du
et des basses vallées hirsutrrla. des graminées comme Miscanthus
,floridrrlrrs, Paspalurn orbiculare ou l'orchidée
moins à Moorea, Casuarina equiset[folia
caito).
Spathoglottis pac@a.
Dans les îles hautes, le premier facteur Les forêts riveraines à Hibiscus-
Dans les Marquises, on pourra noter
présidant à la répartition de la végétation est le l'importance des espèces grégaires se dévelop- Ficus et à Inocarpus
climat. Plus précisément, la pluviométrie va pant en formation monospécifique, comme
induire une polarité est-ouest, la côte et les A côté de formations herbacées pionnières,
Lerrcaena leucorephala à Nuku Hiva ou Ua composées d'adventices liées directement aux
reliefs au vent de l'alizé étant plus arrosés que
Pou. Introduite comme fourragère a u XIXe crues, on rencontre dans les basses vallées
ceux sous le vent. A Tahiti par exemple, les
siècle, elle a rapidement colonist les premiers deux types forestiers, la forêt à Hibiscus
précipitations annuelles sont de 3 à 4 m sur la
reliefs des secteurs les plus secs. riliaceus- Ficus et la forêt à Inocarpus faglfer
côte est contre moins d e 2 m dans les secteurs
ouest et nord-ouest. Le gradient pluviomé- (n7Üpë).
trique croît rapidement avec l'altitude et Les lambeaux forestiers primaires
l'orientation aux vents dominants. Ainsi dans La forêt à Hibiscus-Ficus, en particulier à
la vallée de Papeiha, sur la côte est, à 500 m on En station non dégradée, vallons protégés des l'entrée des grandes vallées, est fortement
notait plus de I O m de précipitations en 1980. feux ou des cultures, sur la côte est de Tahiti, modifiée par l'occupation humaine. Se déve-
Dans la Punaruu, sur la côte ouest, on enre- Moorea et Raiatea, il subsiste une forêt sur loppant dans le lit majeur et sur les premiers
gistrait à la même altitude àpeine plus de 3 m. pente à Conimersonia bariramia, Clochiriion flancs de vallée, elle est dominée par Hibiscus
On peut distinguer à Tahiti un étage
mésotropical recevant moins de 2 m d'eau par
an et plusieurs étages hygrotropicaux Metroslderos colllna que l'on rencontre dans
(puad!ä). les formations vegetales
couvrant les secteurs les plus arrosés, avec Répandu a de moyenne et haute
plus de 2 m d'eau par an. Nous décrirons ici les travers les iles hautes, il altitude, depuis les
comprend plusieurs collines jusqu'aux crêtes
formations mésotropicales des premiers formes morphologiques sommitales.
reliefs jusque vers 300 - 500 m, et les forma-
tions hygrotropicales des basses vallées. Pour Lycopodlum cernuum
les autres îles, nous mentionnerons, autant (rlmarlmatalã'l) est une
fougere terrestre
que faire se peut, leurs caractères propres, lianescente A tiges
Tahiti restant la mieux connue jusqu'à portant des feuilles
linéaires et des
présent. fructifications en epis
iaunatres terminaux. On
la rencontre
Les formations mésotropicales frequemment en petites
des premiers reliefs taches dans la lande a L'entrBe des grandes
Gleichenia. vallees et les premiers
Situées généralement dans la zone de au-dessous : reliefs des iles hautes
Commersonla bartramla ont ete profondement
l'emprise humaine, elles sont les plus est un petit arbre modifiés par
dégradées, offrant un mélange d'espèces atteignant 6 a 8 m, A bois l'occupation humaine.
tendre qui porte des Sur les pentes s'est
indigènes peu nombreuses et d'espèces intro- pe!itei fleurs blanc installee une lande
duites : adventices, ornementales ou alimen- creme. Les fruits brun monotone Gleichenia,
noir spheriques sont piquetee ici et la
taires échappees des jardins. Ce caractère, hérisses de pointes d'especes exotiques,
particulièrement accentué à Tahiti, se facilitant la dispersion. Spathodea campanuiata
On l e rencontre dans la au premier plan a
retrouve dans les autres îles. Pour les plus Societe en formations gauche, ou Albizia
petites et les moins élevées d'entre elles, ce type de basse et moyenne falcafa se naturalisant a
de formation sera dominant, par exemple à altitude. partir des plantations.
Maupiti, Maiao, aux Australes ou aux
Gambier.

Pentes dégradées à Psidium-


Gleichenia
Les feux, les défrichements liés à l'histoire
polynésienne, I'érosion causée par des travaux
d'aménagement, l'introduction d'espèces
depuis l'occupation européenne ont modifié
de manière souvent irréversible le couvert
végétal. A Tahiti, les conséquences sont parti-
culièrement visibles dans le secteur nord-ouest
oh les formations secondaires atteignent leur
développement maximal ; elles sont moins
étendues dans les secteurs plus arrosés.
Le groupement végétal dominant est
marqué par le goyavier, Psidirini grtajava
(fauva)qui, depuis son introduction en 1815,
s'est rapidement étendu. II s'y mêle des pieds
épars d'espèces indigènes comme Grewia
creriata, Pandanus tecioriris, Metrosideros
collina @irariirä), Wikstroemiaf o e t ida parmi
un fonds d'espèces naturalisées comme
Mangifera indica, Eugenia crtminii, Inga Melasfoma commune en lande a
malabalhricum est une Gleichenia ou en forêt
edulis, Lantana camara. Tecoma stans. herbacee assez Metrosideros.

36
“ .I‘
i FLORE ET Vl?Gl?TATION

tiliaceus @ürau). Cette espèce, à répartition barbatum, Wikstroeniia foetida. Plus grandes vallées ou sur substrat acide en grands
phytogéographique pantropicale, montre rarement on note divers Cyrtandra, tous groupements monospécifiques. Inocarpus
aussi une grande amplitude écologique qui lui e n d é m i q u e s i n s u l a i m . Un e n s e m b l e fagifer par son tronc imposant atteignant 20 à
permet de s’établir depuis le littoraljusquesur lianescent se développe avec Merremia 25 m et puissant, dépassant 1 m de diamètre,
i les pentes sèches vers 800-1 000m. Elle prouve pehata. Dioscorea spp., Maytenus vitiensis, ses racines palettes et son fût cannelé rappelle

I son optimum dans ces forêts riveraines


auxquelles elle donne leur. cachet par ses
troncs multiples et enchevêtrés.
rare à Tahiti, plus commun à Moorea ou dans les arbres de la grande forêt dense humide,
les Australes. Les herbacées comprennent des donnant ainsi un cachet particulierà une forêt
graminées comme Centosteca lappacea, par ailleurs monotone. En effet, ce n’est qu’à
Oplisnietirrs conipositris. On note également la faveur de rares trouées que s’installent
I Parmi les arbres, on peut citer Zitigiber zerrrmbet, Anionium cevuga d’autres espèces. Le sous-bois très sombre est
Neonarrclea forsteri (mara), Aleurites (‘öprihi), et des fougères comme Angiopteris peu diversifié, de rares pieds de Pisonia
nrolrrccana (ti’a’iri), Xylosma suaveolens evecfa (nahe), Aspieniuni gibberosunt ou utnbelliJera ou Eugenia nialaccensis cahi’a
(IJitit‘). Deux espèkes sont caractéristiques : Ctenitis sciapltila. Parmi les épiphytes on tahiti) parviennent à s e maintenir. Seul Coffea
Fic*rrspro/i.vaest un étrangleur des arbres de la trouve des fougères comme Antrophyum arabica (caféier), qui s’est naturalisé, vient en
voûte ou s’accroche aux falaises, Ficus plan I ag in eum, Trichom anes s p p., des grande masse, en particulier dans les Aus-
titictoria est un petit arbre aux racines orchidées comme Oberonia equitans ou trales, Marquises ou à Moorea et Raiatea. Les
aériennes en station ripicole du lit mineur. Tarniophyllrit~i.fasciola, en particulier sur les herbacées sont rares, Zingiber zerutnbet,
A côté de ces espèces indigènes, on trouve de troncs de Hibiscus. Cyathula prostrata Q U des fougères comme
nombreuses espèces naturalisées comme Teratophyllunt w i l k e s i a n u m , Bolbitis
Persea aniericana (avocatier), Mangifera La forêt à Inocarpus fagifer (ntäpë) est une palustris. Dans la Société, la forêt à mcipë
indica (vi papa’ä), Teconia Stans (p2i). Le formation édaphique. Elle se développe en abrite les dernières stations connues de Piper
sous-bois arbustif comprend Catithiunt station submarécageuse aux débouchés de meihysticum fiava) à Raiatea et Tahiti.

Alphltonla zlzlpholdes
(fol) est l’un des plus
beaux arbres des forets
de Polynesie oli il
atteint de 25 30 m. II se
reconnaît a ses feuilles
vert sombre a revers
grisâtre, et ses petits
fruits noirs persistant
Ionatemm sur les
brakhes. Longtemps
exploite pour son bois, il
s’est rarefié dans les
forets de basse altitude.
à droite :
Le goyavier commun
depuis son introduction
il y a plus de 150 ans
s’est rapidement
repandu a travers les
formations vegetales
xero- et mesophiles des
diverses îles hautes.
Activement dispersé par
l’homme et le porc, on le
trouve dans les randes
vallees, sur les fyancs B
Hibiscus ou Gleichenia.
Leucaena leucocephala,
“l’acacia”, depuis son
introduction au
xlx“ siècle, est devenu Glelchenla linearls forme une jungle lnocarpus faglfer
une veritable peste dans (anuhel. !ianescente (mãpë), le châtaignier
les secteurs les plus secs Cette fougere impenetrable. Elleest un
des collines Tahiti et pantropicale indique element herbace forme
de de veri
feuillage
Tahiti, grandes
a I’epaisforêts
sombre,
dans les Marquises 00 il generalement a basse dominant dans les
forme des brousses altitude une ancienne formations de moyenne dans les basses vallées
monotones. occupation humaine et et haute altitude. sur sol engorges d’eau.

37
I’ FLORE ET FAUNE TERRESTRES

Les formations de faciès purs sur des sols plus riches. De place en
place, on peut rencontrer un pied d’une espèce
dans le secteur nord-ouest, le plus sec, elle
commence vers 900 m. Les formations qui s’y
moyenne et haute de la forêt proche.
Ce type forestier et la lande associée se
développent sont directement liées aux pluies
orographiques importantes et 1 la conden-
altitude retrouvent ailleurs. Dans la Société, à
Raiatea, Tahaa on rencontre des lambeaux
sation nuageuse fréquente sous les sommets et
formant une tranche de 400 à 700 m
forestiers parsemés dans une lande à d’épaisseur. Ainsi I’élévation quasi journa-
Appartenant toutes à l’étage hygro- Gleichenia ou Miscanthus. Dans les lière de l’humidité atmosphérique accentue les
tropical, elles comprennent les groupements Australes, les feux répétés et le surpâturage effets du gradient pluviométrique altitudinal.
sur les pentes et croupes de moyenne altitude : ont considérablement réduit la forêt. Dans les Cette conjonction se traduit d e manière spec-
la forêt à Metrosicleros-Dodonaea, les grou- Marquises, on trouve des faciès particuliers, taculaire par l’edubérance des épiphytes qui
pements des hautes vallées et pentes : la forêt les ‘‘terres désertes”, savanes ou broussailles donne tout son pittoresque à ces forêts. Ce
de nuages à Craihea-Alstonia, et les maquis diverses dominées par des Malvacées intro- sont également les formations végétales
sommitaux’ à Metrosideros- Weinmannia. II duites et Sapindus saponaria ou Cordia lutea. insulaires les plus complexes et les plus riches ;
s’agit de formations qui sont les plus diversi- milieu très diversifié mais paradoxalement
fiées floristiquement et structuralement : taux menacé par les déprédations humaines et
d’endémisme élevé, richesse des formes
La forêt de nuages certaines introductions de plantes, véritables
biologiques, complexités des strates. Bien A Tahiti, d l e occupe les cours moyen et “pestes” végétales.
développées dans les îles les plus hautes, elles supérieur des vallées, les pentes et les croupes On la trouve, sous des formes floristiques
sont souvent réduites et transformées par entre 500 et I 800 m. La limite inférieure se différentes, dans les îles oh une altitude supé-
l’homme dans les îles plus petites et plus trouve dans les secteurs les plus humides ; rieure à 500-600 m permet des précipitations
basses, dans les Australes par exemple.
Diversit6 blologique,
La forêt à Metrosideros- compiexite structurale
et endemisme eleve
Dodonaea et la lande à Gleichenia caractérisent les
formations d’altitude
Faisant suite aux formations mésotropicales marquees par une fone
de basse altitude et bien qu’appartenant à humidite
atmospherique. Les
I’étage hygrotropical, leur caractère hygro- fougeres arborescentes
phile est moins marqué que les vallées adja- en sont l'clément
principal.
centes. La forêt occupe les interfluves des
Page de droite, en bas :
crêtes sous le vent et les hauts de pente au vent. Cyafhea afflnls
La lande couvre souvent des surfaces impor- (mäma’u). Parmi les cinq
tantes sur les croupes et les crêtes. Dans le especes de la Polynesie,
celle-ci est la plus
secteur le plus sec de Tahiti, elles s’étendent de abondante en foret de
300 à I O00 m, mais ne dépassent pas 200 à nuages. Tahiti en
compte deux autres, de
300 m dans les secteurs les plus arrosés. meme que les Marquises
La forêt 1 Metrosideros-Doclonaea et Rapa.
apparaît comme une forêt claire à voûte dis- au-dessous :
continue et à couvert herbacé généralement Myrslne cf. taltensls.
formé de fougères. La strate arborescente Le genre Myrsine (ou
Rapairea) comprend
supérieure, discontinue, comprend des pieds plus de vingt especes
isolés ou de petits bouquets de Neonaidea endemiques en
forsteri (niara), Fagraea berteriana (pua), Polynesie. Ce sont
generalement des
Rhus taitensis (‘äpape) atteignant 12 à I5 m. arbustes ou de petits
Metrosideros collina (puarütü) est dominant arbres cauliflores qui se
cantonnent dans les
dans la strate inférieure, atteignant 5 à 7 m, formations hvaropniles
jusqu’à I O m en station abritée. Dodonaea d’altitude. .-
viscosa (‘äpiri) et Glochidion spp. sont assez
communs. En station plus sèche, on rencontre
des taches d’espèces grégaires comme
Hibiscus tiliaceus ou Casuarina equisetifolia.
Parmi les arbustes, on rencontre Pittosporum
ta i i e n s e , D e cusp er m u m f r u t ic os u m
Wikstroemia foetida ou Coprosma taitensis.
La strate herbacée est pauvre, elle est géné-
ralement formée de la fougère ubiquiste
Gleichenia linearis, de place en place, ou
Lycopodium cernuum (rimarimatüfa’i). Les
épiphytes sont rares et se cantonnent en
station ombragée : des orchidées comme
Dendrobium involutum ou des fougères
comme Davallia epiphylla ou Cienopteris
contigua.
Dans les stations où la forêt à Metrosi-
deros a disparu du fait de l’homme ou ne s’est
jamais installée pour des raisons édaphiques,
on rencontre une lande à Gleichenia linearis.
Elle couvre souvent des surfaces importantes
sur les croupes et les crêtes en formant des
fourrés impénétrables. S’y mêlent sporadi-
quement Lantana camara, ou Miscanthus
floridulus (Teho). Ce dernier peut former des

3a
FLORE ET VEGhATION

orographiques importantes et une ceinture de Re)inolrlsia tahirensis. La strate arbustive est


condensation suffisante ; dans la Société à dominée par les Cyathea auxquels se mêlent
Moorea, Raiatea, Tahaa, dans les Marquises Gloctìidion spp., Crossostylis biflora, ou des
à Nuku Hiva, Hiva Oa, Tahuata, Fatu Hiva, endémiques comme Sclerorheca arborea,
I Ua Pou, Ua Huka. Dans les Australes s a u f à Fitchia nutans, Psychotria spp... Les her-

! Rapa, et aux Gambier, des précipitations plus


importantes compensent une altitude moins
élevée.
bacées comprennent un cortège impression-
nant d e fougères parmi lesquelles on peut citer
les plus caractéristiques, Maratria salicina,
A Tahiti, la forêt de nuages peut se carac- Asplenirrni tiitlrrs (‘ö‘aha). Diplazium
t
tériser floristiquement et physionomiquement polyanthos. Amauropelta grantii (mina), des
par les fougtres arborescentes du genre orchidées, Phajus tahitensis, Habenaria tahi-
Cyathea (müma‘u) et une liane ligneuse tensis. L‘ensemble épiphytique est particuliè-
Pandanacée, Frepinetia inipavida (rara- rement développé : Bryophytes et
pape). La strate arborescente supérieure est Hym6nophyllacées f o r m e n t d’épais
discontinue, dépassant rarement 8 à IO m ;elle manchons autour des troncs de Cq’athea. Ils
comprend deux espèces dominantes, Alstonia s’y mêlent divers Peperomia, Lycoporliutn ou
costata (‘atahe) et Weinniannia parv(r1ora de rares et fragiles fougères comme Vaginu-
(‘aitomou’a). La première, plus hygrophile, iaria paradoxa ou Caiymmodon orientale.
est dominante sur les pentes et vallées au vent, Sur les branches des arbres, on trouve Procris
I
la deuxième sous le vent. On trouve également peclun cri la ta, Den dro biuni in vo lu t um,
/lex taitensis, dans les hauts vallons, Trachoma societatis. L‘ensemble lianescent
Freyclnella lmpavlda Rapa,. forme souvent
--..-
,.,~.-~-~-,.
/tarananal Cotto - -r_._ fnilrrps on
#@nais
vigoureuse liane de la formations hygrophiles.
famille du fara. Les bractees roses
repandue dans les, charnues sont
Marquises, la Societe et comestibles.

Lycopodlum Aslella nadeaudll dans des formations rameaux dresses, B


venusfulum. Cette (‘anae). Cette espece B identiques. fleurs jaunitres et B
fougere terrestre et feuilles argentees baies spheriques noires
rampante est rare B dessous et B petites a maturite. II se
Tahiti et a Rapa et se fleurs blanches a droite : rencontre sur les cretes
rencontre dans les cotonneuses habite les Reynoldsla fahlfensls d’altitude B Tahiti. II
formations de hauts de cretes sommitales de (vlp.5) est un arbre existe une espece
pentes et des cr6tes Tahiti. Nuku Hiva et atteignant 8 B 10 m, a endemique dans les
humides en station Rapa comptent chacune feuilles pennees Marquises,
ouverte. une espece endemique odorantes terminant les R. marchionensis.

au-dessus :
Plper Iafltollum
oar ses feuilles rondes.
faiblement cordees et ’
Coarosma
__c fdtansis. I __
R de Tahiti et se reconnait
genre Coprosma, centre facilement B ses petits
(’ava’ava’lra’l) habite les ses inflorescences sur la Nouvelle-ZBlande fruits charnus oranges B
bords de riviere de basse axillaires. .. iles
-. les
et ... . .- .. -. .,
.Hawaii vermillon Amaturite. Elle
A haute altitude. Elle se comprend plusieurs se rencontre sur les
distingue du espèces en Pol nesie. pentes et crëtes d e
P. methysticum ou ‘ava Celle-ci est en&mique moyenne altitude.

39
FLORE ET FAUNE TERRESTRES

comprend Freycinetia impavida, vigoureuse et naturalisées dans diverses formations Le maquis des sommets
liane grimpante ou formant d'épais fourrés menacent à terme de banaliser ce paysage. II
impénétrables. faut citer ici Miconia calvescens et Rubus Remontant le long des crêtes, on quitte la
rosaejolius. ,Le premier, ornemental introduit forêt de nuages pour pénétrer dans un maquis
Les rives des torrents d'altitude abritent ne dépassant pas 2 à 3 m. Les sommets
un groupement à Ilex raitensis-Streblus en 1930, pousse en peuplement dense, élimine
le sous-bois par son couvert épais et provoque peuvent se caractériser par une insolation et
rahitensis avec des arbustes endémiques du une ventilation intenses, une hygrométrie et
genre Cvrrandra. Piper latifoliuni ou Pipturrrs la mort sur pied des arbres. Le deuxième s'est
rapidement installé en formant des fourrés bas une température plus faibles qu'ailleurs. De
albidirs. des fougères comme Blechnrrm tels facteursjouent dans les îles les plus hautes,
patersonii, Selaginella spp. qui éliminent rapidement les'herbacées et la
régénération ligneuse. Sans une lutte en particulier à Tahiti. On y rencontre u n
Ces formations, riches de toute l'histoire biologique appropriée, ces formations sont groupement à Merrosideros- Weinniontiia,
de l'évolution insulaire, sont particulièrement menacées à terme d'une banalisation et déser- comprenant h l m i n e spp., Evodia spp. ou des
fragiles et diverses menaces pèsent sur elles. tification biologiques. arbrisseaux caractéristiques, Stypheliaponia-
La rapacité humaine frappe les fougères arbo- rue, Vacciniuni cereirm. Au tapis continu de
rescentes destinées à des pratiques horticoles Ces formations hygrophiles se retrouvent Gleichenia se mêlent Paesia tuhitensis.
douteuses. Asplenium nidus, fougkre nid ailleurs, marquées par un fort endémisme, en Lycopocliuni volubile. Sur des sols orga-
d'oiseau, paie un lourd tribut à la passion des particulier dans les Marquises et à Rapa dans niques, on note Asrelia narleaurlii, Selliguea
plantes ornementales. Des espècesintsoduites ïes Australes. feeiodes Ou Coryphopteris sp.

Rubus rosaefollus. Cette


plante, introduite pour
ses fruits rappelant les
framboises, s'est
rapidement repandue
graceà une
multiplication vegetative
active, dans le sous-bois
des formations
riveraines hygrophiles.

Mlconla calvescens.
Ornementale introduite
vers 1930 pour son
feuillage, elle s'est
developpee activement
en etouffant lesous-bois
des formations de
moyenne altitude dont
dont elle est devenue
une veritable peste
mortelleà moyen terme.
à gauche :
Asplenium nldus
('ö'aha). Cette fougère
est repandue à travers la
Polynesie dans toutes
les formations
[iveraines, Terrestre ou
epiphyte, elle trouve son
optimum en forêt de
nuages o0 elle paie un
lourd tribut à l'homme
attire par I'exuberance'
.de ses frondes.
Welnmannla pawlflora
('alfomou'a). Le genre,
essentiellement localise
dans les montagnes de
I'Ameriaue du Sud.
comprend plusieuts
especes dans le
Pacifiaue Sud. A Tahiti.
on compte deux espèces
endemiques dont celie-
ci qui est dominante
dans toutes les
formations
hygrotropicales de 500
à 2 200 m.
en bas, à droite :
Korihalsella cl.
aofalensls (palfe'e).
Cette plante depourvue
de chlorophylle est un
parasite obligatoire
assez fréquente en iorst
de cr6te sur
Metrosideros,
Weinmannia ou
Vaccinium.

40
ENCYCLOPEDIE DE LA POLYNESIE

flore et faune terrestres


Ce deuxième volume de l'Encyclopédie de la Polynésie a été réalisé sous la direction de
Bernard Salvat,
Docteur ès sciences, Muséum E.P.H.E.
avec la collaboration de : Charles Blanc, Professeur, Laboratoire de Zoogéographie de l'Université de Montpellier 3,
Michel Charleux, Licencié en Sciences naturelles, Lycée Paul Gauguin,
Philippe Couraud, Ingénieur, Service de l'Economie rurale, 9 u e s Florence, Docteur de 3ème cycle, O.R.S.T.O.M.,
Simone Grand, Docteur de 3bme cycle, E.V.A.A.M., Michel Guérin, Ingénieur, Së6vice de l'Economie rurale et Jardin botanique,
Gérard Marquet, Agrégé de l'Université, Collège de Pirae, Jean-Pierre Pointier, Docteur es sciences, E.P.H.E.,
Philippe Raust, Docteur vétérinaire, Service de I'fkonomie rurale, Jean-Louis Reboul, Ingénieur, Service de l'Economie rurale,
Michel Ricard, Docteur es sciences, Muséum-E.P.H.E., Franç-ois.Rivi&re, Maître ès sciences, O.R.S.T.O.M.,
Daniel Terrasson, Ingénieur, Service de l'Economie rurale,
Jean-Claude Thibault, diplômé E.P.H.E., Parc naturel régional de la Corse
et la coopération des organismes et services suivants : Antenne du Muséum National d'Histoire Naturelle
et de I'Ecole Pratique des Hautes Etudes, Collège de Pirae,
Etablissement pour la Valorisation des Activités Aquacoles et Maritimes,
Institut Territorial de Recherches Médicales Louis Malardé, Jardin botanique -Association Harrison Smith, Lycée Paul Gauguin,
...
O.R.S.T.O.M. (Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération), Service de l'Economie rurale

Conception et production : Christian Gleizal


Maquette et coordination de la réalisation technique : Jean-Louis Saquet
Assistante de production : Catherine Krief
Illustrations : Jean-Louis Saquet et Guy Wallart
Cartographie : Jean-Louis Saquet

Photographies : C. Blanc, J. Bouchon, D. Charnay, E. Christian, J. Florence,


M. Folco, B. Hermann, D.T. Holyoak, P. Laboute, A. Le Toquin, M. Moisnard,
C. Pinson, J.-P. Pointier, J.-L. Reboul, Collection R.P. O'Reilly, M. Ricard, J. Riom,
C. Rives, J.-L. Saquet, G. Wallart.
Messieurs C. Hammes et Y. Séchan nous ont grandement facilité les prises de vues
dans le domaine, jusque-18 peu photographié, des insectes.
Les photographiesautres que celles confiées par leurs auteurs ou leurs agences
sont publiées avec l'autorisation des sociétés ou organismes suivants :
Jardin botanique, Insectariumde Paea, Marama Nui, O.P.A.T.T.I.,
Société des Etudes océaniennes, Société de Geographie ...
Notre travail a eté considérablement facilite par l'importante documentation
mise a notre disposition par Times Editions/les Editions du Pacifique et leur
fondateur, Didier Millet.
Nous remercions l'Académie tahitienne et son président, M. Maco Tevane,
d'avoir bien voulu verifier les noms polynésiens des plantes et animaux.

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