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Bulletin de la Société Botanique de France.

Lettres
Botaniques

ISSN: 0181-1797 (Print) (Online) Journal homepage: https://www.tandfonline.com/loi/tabg19

Physalis ixocarpa Brot, ex Hornem. (Solanaceae):


une nouvelle espèce adventice pour la flore
grecque

Pierre Authier

To cite this article: Pierre Authier (1989) Physalis ixocarpa Brot, ex Hornem. (Solanaceae): une
nouvelle espèce adventice pour la flore grecque, Bulletin de la Société Botanique de France.
Lettres Botaniques, 136:2, 159-163, DOI: 10.1080/01811797.1989.10824838

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BuU. Soc. bot. Fr;, 136, Lettres bot., 1989 (2), 159-163.

Physalis ixocarpa Brot. ex Hornem. (Solanaceae) : une nouvelle


espèce adventice pour la flore grecque. (*)

par Pierre AUTHIER

62 rue de Paris, F-93800 Epinay-sur-Seine

Résumé.- Découverte d'une nouvelle espèce pour la flore adventice de la Grèce : Physalis
ixocarpa Brot. ex Hornem. ; brève description ; identification et discussion.

Summary.- Discovery of a new species for the greek adventive flora : Physalis ixocarpa Brot.
ex Hornem. ; short description ; identification and discussion.

Key words :Physalis - So/anaceae -adventive flora - Greece.

*
**
Si la flore de la zone montagneuse du Timfi (Epire, nord-ouest Grèce)
est assez bien connue aujourd'hui, tant du point de vue floristique que phytoso-
ciologiquc, il n'en est pas de même des régions inférieures, plus ou moins négli-
gées par la plupart des botanistes ayant herborisé dans cette contrée.
C'est pourtant dans la cuvette de Konitsa - Klidonia, située à environ
400 rn d'altitude ct presque entièrement vouée aux cultures (Maïs, cucurbita-
cées variées, arbres fruitiers ... ), que nous avons eu l'occasion de récolter un
intéressant Physalis qui paraît bien constituer un élément nouveau pour la
flore adventice de la Grèce.
DESCRIPTION ET IDENTIFICATION

Observé initialement en août 1985, nous l'avons retrouvé régulièrement


chacune des années suivantes, fidèle aux lisières des champs de Maïs.
Ses petites fleurs jaunâtres à gorge tachée et son calice fructifère
vert, pâlissant à la maturitô, l'ôloigncnt de l'unique espèce du genre signalôc à
ce JOUr en Grèce, le classique Alkékenge, Physalis alkekengi L. (cf. Ilalacsy
(") Manuscrit reçu le 10 décembre 1988 ; accepté le 2 mars 1989.
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1902, Vol. Il: p. 366 ; Hayek 1928~1931, Vol. Il: p. 99; Rechingcr 1943: p.
462 (1); Tutin et coll. 1972, Vol. Ill: p. 196).
Mais on sait que plusieurs autres c!ipèccs du même genre, le plus
souvent d'origine américaine, sont cultivées ct (ou) plus ou moins naturalisées
dans plusieurs pays d'Europe. Flora Europaea (cf. Tu tin ct coll., I.e.) cite
ainsi : P. peruviana L. ; P. pubescens L. ; t•. phUadelphica Lam. (avec, en
annexe, P. ixocarpa Brot. ex llornem.); P. angulata L.
C'est indiscutablement à ce groupe d'espèces présentant justement
des calices fructifères verts et des corolles jaunâtres qu'appartient la plante du
Timfi.

Caractéristiques physionomiques esscntieUes (cf. planche 1)

- plante annnuclle à tiges et


fcuiulle8 glabrescentcs ;
-pédoncules florifères ct fructi-
fères courts (6,5 mm ct 11 mm de
long au maximum, respective~
ment, sur nos échantillons d'hcr~
hier).
-fleurs (observables dans la pre~
mièrc quinzaine de juillet et peut~
être avant) de petite taille (6 - Ï
mm de long sur nos échantillon!!
d'herbier) présentant une corolle
jaunâtre tachée de violacé au
fond ; calice à dents triangulai-
res, mais non acuminées (1 - 1,5
foi!! plus longues que larges) ; an-
thères courtes: 1 ,5 mm (une seule
mesure, sur le terrain).
-baies verdâtres-grisâtres, 16 x
15 mm, n'occupant pas - loin s'en
faut - la totalité du volume offert
par le calice fructifère renflé.
Ces éléments descriptifs permet-
tent de rapporter nos récoltes au
groupe d'espèces gravitant autour
du 1'. angulata L., groupe de sys-
tématique encore quelque peu
confuse malgré les travaux succes-
sifs de Waterfall (1958 ; 1967) ct
Planche! surtout de Fernandes (1970).

(1) Cet auteur indique toutefois en annexe le P. curassavica L.• cultivé autrefois à Rhodes ; cette
plante vivace, qu'il faut appeler P. viscosa L., sa développe en bordure de mer et présente des poils étoilés et
ramifiés à la face intérieure des feuilles, caractères qui l'éloignent fortement du Physalis du Timfi.
P. AUTHIER 161

Clé comparative (en partie selon Fernandes)


• - corolle non tachée à la base
- pédoncule florifère 5 - 10 mm ; pédoncule fructifère très grêle, atteignant 25 (40 ) mm
- lobes du calice acuminés
- calice fructifère anguleux à la base
...... P. angulata L.
• • corolle tachée à la base
- pédoncule florifère court atteignant 5 mm ; pédoncule fructifère± épais, court (11 mm maxi-
mum)
-lobes du calice triangulaires, mais non acuminés
- calice fructifère arrondi à la base

<>· fleurs à corolle 10 - 30 mm de diamètre


-baies 20 - 60 mm de diamètre, occupant presque tout le volume du calice fructifère
- anthères 3 - 5 mm de long
-style aS mm
...... P. philadelphica Lam.

<>·fleurs à corolle plus petite, 5 - 10 mm de diamètre


-baies 13-16 x 12-17 mm, n'occupant pas tout le volume du calice fructifère
- anthères plus courtes (2 mm maximum)
-style"' 1,7 - 3 mm
...... P. ixocarpa Brot. ex Hornem. (= P. aequata Jacq. ex Nees)

De plus, P. angulata serait un taxon tétraploïde (2n = 48), les deux


autres étant diploïdes (2n = 24). Comme il est facile de le constater, les plantes
du Timfi se rapportent sans conteste au P. ixocarpa (2). Pour des détails com-
plémentaires - iconographiques et descriptifs en particulier - le lecteur voudra
bien se reporter au très intéressant article de R.B. Fernandes déjà cité ; la
botaniste de Coïmbra concluait de son étude que les P. ixocarpa et P. philadel-
phica constituaient deux entités spécifiques distinctes, point de vue opposé à
celui défendu avant elle par Waterfall qui rassemblait ces deux taxa sous la
bannière unique du P. philadelphica.
Nous avons adopté ici- on l'aura compris- les vues de R.B. Fernan-
des, reprises également par J.P. Del Monte Diaz de Guerenu (1988) dans un
récent article annonçant la présence du P. philadelphica en Espagne. Mais le
débat n'est pas clos pour autant : on notera que J .G. Hawkes, qui a traité le
genre Physalis pour Flora Europaea, ne semble pas avoir été totalement con-
vaincu par les conclusions de R.B. Fernandes (cf. Tutin et coll., I.e.).
En attendant que des faits nouveaux viennent trancher plus définiti-
vement ce délicat problème taxonomique, qu'il suffise de noter que dans le
nord-ouest de la Grèce, en bordure des champs de Maïs, se développe un
Physalis correspondant tout à fait au P. ixocarpa Brot. ex Hornem. ou, si l'on
préfère, à une forme à petites fleurs, petites anthères et petits fruits du P.
phüadelphica Lam.
(2) seule différence - très mineure - notée : le filet des étamines est "violet" selon Fernandes ;
nous l'avons noté, sur le terrain, "bleu" ; les caractères concernant le calice fructifère et la longueur du style ne
sont plus observables sur nos échantillons d'herbier.
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Jusqu'à présent, cette espèce n'était connue, èn Europe, que du Por-


tugal (où elle n'est pas rare) et peut-être de Hollande ; elle est signalée égale-
ment d'Australie et d'Afrique du sud ; son origine précise est inconnue (cf. R.B.
F ernandcs l. c.).
L'espèce voisine, P. philadelphica Lam., à grandes fleurs ct grosses
baies rouges à maturité est mieux connue : cultivée au Mexique sous le nom de
"tomatillo", elle a été autrefois introduite en France sous le ,nom de "petite
tomate du Mexique" ; cette plante d'origine Nord ct Sud américaine est cultivée
en Ukraine ct naturalisée çà ct là.

UN NOUVEAU XENOPHYTE POUR LA FLORE GRECQUE


P. ixocarpa, selon la classification proposée par W. Grcuter (1971),
est un xénophyte, c'est-à-dire un néophyte provenant d'une région floristiquc
éloignée de sa nouvelle terre d'accueil. Il rejoint ainsi le cortège, déjà bien
fourni, des espèces qui ont enrichi la flore adventice de la Grèce.
Pour plus de détails on sc reportera aux travaux de A. Yannitsaros ct
E. Economidou (1974) ct de A. Yannitsaros (1982) qui ont particulièrement
étudié cette intéressante flore, riche actuellement en Grèce d'environ 80 repré-
sentants.
Mais aucune espèce de Physalis adventice n'est citée par ces auteurs ;
la même remarque s'applique aux flores couvrant le territoire grec (cf. I.e., en
début d'article) et à la littérature botanique plus récente que nous avons pu
consulter (cf : Lavrcntiadcs, 1980 ; Oberdorfer, 1954 ; Walther, 1966 et
1969) : nous sommes donc amenés à considérer le P. ixocarpa comme une nou-
velle espèce adventice pour la flore grecque.
L'histoire de son introduction reste bien sûr à établir : elle exigerait,
pour être reconstituée avec vraisemblance, des informations plus complètes sur
son extension actuelle en Grèce (à tout le moins en Epire), sur son ancienneté
dans les champs de Maïs de la région de Konitsa ct aussi sur son origine même,
aujourd'hui encore inconnue. Nous nous proposons de rassembler prochaine-
ment des éléments complémentaires concernant la variation morphologique, la
caryologic et la répartition en Epire de cet intéressante espèce.

Matériel étudié
- Aut 3762 Août 1985
- Aut 6256 22 juillet 1987
Ces échantillons se trouvent dans notre herbier personnel. Ils pro-
viennent tous des champs de Maïs de la région de Konitsa.

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