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Dossier annexe

I. Interview avec Patrick De Geynst


Brieuc (Question 1):

Bonjour, est-ce que vous pouvez commencer par dire quel-est votre métier et quelle est votre
spécialisation dans l’intelligence artificielle ?

Patrick De Geynst :

J’ai une société qui s’appelle « satellite », on est 100 personnes. Sur ces 100 personnes, il y en a une
quinzaine qui font de l’intelligence artificielle et les autres sont des développeurs ou des Enterprise
Architect. Nos développeur vont donc créer des programmes en s’aidant de copilote. Ce sont des outils
que l’on a pour développer et qui nous donnent des propositions de code pour faire des sites web, etc.
Et qui nous aident à développer. Ca c’est donc une partie de l’intelligence artificielle, et ces personnes
là ont donc une aide (grâce à l’intelligence artificielle) pour développer plus vite. Ensuite, il y a les
Entreprise Architect, ce que je fais aussi comme métier, et on travaille avec tous les « CXO » (CEO, CFO,
etc.) pour donner des visions de l’informatique et pour essayer que l’informatique vienne en aide, par
le biais de l’intelligence artificielle, à leur société. Et on travaille principalement pour tout ce qui est
secteur de l’énergie donc Engie, Elia, etc. Qui sont ceux qui fournissent l’électricité, le gaz et qui
donnent également les infrastructures pour transporter l’énergie (par exemple les pipelines).

Brieuc (Question 2) :

Pour vous, faut-il plus se méfier ou bien se réjouir des intelligences artificielles et de leur essor ?

Patrick De Geynst :

Il ne faut pas oublier que l’informatique à la base, a été créé pour deux choses :

Soit pour faciliter le travail des gens,

Soit pour mettre des gens au chômage et les remplacer

Donc avec l’intelligence artificielle, toutes les questions que l’on se pose pour l’instant, on est pas très
loin des mêmes questions (celles que l’on se posait lors du début de l’informatique).Par exemple, Il y a
40 ans, il fallait quatre personnes pour faire une gestion de stock. Maintenant c’est plus qu’une seule
personne avec un programme de gestion de stock. Et donc maintenant les questions que l’on a sur
ChatGPT1 ou bien sur l’intelligence artificielle en général, ce sont exactement les mêmes questions.
Est-ce que les gens vont être au chômage, qui cela va remplacer, comment ça va nous aider ?

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Intelligence artificielle qui se base sur un « chat bot » (robot conversationnel) et qui peut répondre à de
nombreuses questions ou demandes qu’on lui pose dans une gamme de domaines très large.

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Pour moi, l’intelligence artificielle n’est qu’une évolution de l’informatique 20 ans plus tard. Est-ce qu’il
faut s’en méfier ? Si l’on prend l’exemple de ChatGPT, le plus connu pour l’instant. Je dirais non, tant
qu’il ne va pas se permettre de dire par exemple « c’est mieux de voter pour ce parti politique là »
Pour le moment, tout ce qu’il fait (ChatGPT), c’est qu’il va voir un ensemble d’une base de
connaissance, il fait un résumé et il te le propose. Si tu vas sur google, que tu vas tout chercher et que
tu fais ton résumé, tu as le même résultat. Les bases qu’il utilisent (les créateurs de ChatGPT) sont
censées être plus « neutres » ou de confiance que quand toi-même tu va faire ta recherche sur Google.
C’est donc exactement la même problématique sauf que ça va plus vite. Donc est-ce que c’est
dangereux : non, tant qu’il ne va pas te proposer de voter pour quelqu’un ou d’aller manifester. Tant
qu’il ne va pas influencer tes actions, tant que c’est une aide, ça va aller.

Pour répondre complètement à la question, je crois que si tu peux gagner du temps (toujours dans le
cas de ChatGPT) à aller résumer beaucoup de choses pour faire ton TFE, un exposé, un début de
poème, pourquoi pas tant que tu es assez intelligent pour prendre un peu de recul, de comprendre et
de critiquer. Pour les élèves, si ca te fais gagner du temps, pourquoi pas. Pour les professeurs, oui c’est
embêtant car ça ne juge pas l’élève (juger dans le sens « évaluer » ici). Bon, il y a déjà pleins
d’universités qui ont pris le pendant plutôt que d’essayer bêtement de détecter si cela venait de
ChatGPT ou non, ils font donc des évaluations, tout ce qui est examen, de manière orale pour avoir
l’élève devant eux. Après si ChatGPT peut aider l’élève à se préparer à cet examen, pourquoi pas.

Brieuc (Question 3) :

Pensez-vous justement que l’évolution de l’informatique et le remplacement de nombreux métiers est


quelque chose de positif ? Par exemple, dans le domaine de la conduite (avec les camionneurs par
exemple) est-ce quelque chose de positif qu’ils soient remplacés ?

Patrick De Geynst :

Alors, avant de se poser la question de si c’est positif ou non, il faut se baser sur les différents
continents et sur le facteur légal. Aux Etats-Unis, la Tesla2 en full autopilot (en conduite autonome sans
assistance de l’humain) est légale. Donc aujourd’hui, s’il y a un accident, on ne sait pas très bien si on
le reporte sur le conducteur, sur le constructeur de la voiture ou bien sur l’assurance. En Belgique, tu
peux mettre n’importe quelle intelligence artificielle dans ta voiture, si tu fais un accident, c’est pour
toi et ton assurance, donc c’est un conflit entre toi et ton assurance. Pour l’instant on va pouvoir mettre
ce qu’on veut sur le marché en Europe, je pense en Asie aussi, on va d’office se retourner contre toi
(en cas d’accident). Donc indirectement la question c’est entre toi et l’autre personne et pas le
juridique. C’est avec la personne avec qui tu as eu l’accident à qui tu vas faire confiance, ce qui est très
dangereux enfaite. Cela veut dire qu’il y aura toujours une limitation juridique à toutes les intelligences
artificielles que l’on va mettre en place et qui vont t’aider au jour le jour. Et ça c’est embêtant.

Après, est ce que c’est une bonne chose : oui. Si on prend l’exemple d’une personne qui est
malvoyante, elle pourra peut être demain se déplacer sur le réseau routier. D’aller d’un endroit A à un
endroit B sans rencontrer de difficulté, qu’elle rencontrait avant. Donc si c’est une aide pour des
personnes, que cela diminue le nombre d’accidents : oui (c’est une bonne chose) Par contre pour ce
qui est du secteur juridique, on verra bien.

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Tesla est une marque américaine (avec Elon Musk à sa tête) qui vend des voitures électriques dernière
génération capables de conduire de manière autonome sur autoroute, et (pas encore ouvert au public) capable
de conduire de manière autonome en ville, et d’interagir avec tous les aléas qu’elle rencontre.

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C’est un peu comme si tu te replonges 30 ans en arrière et que tu poses la question : est ce que vous
croyez qu’un ordinateur sera utile pour vous ? C’est exactement la même question, et c’est la même
réponse.

Brieuc (Question 4) :

Et pensez-vous que ces impacts qui auront lieux sur les métiers concerneront certains
métiers/spécialisations en particulier ou est-ce que, à therme, cela va atteindre tout le monde ?

Patrick De Geynst :

Médecin : Encore une fois, ça dépend de la question juridique. Je crois que ça va atteindre beaucoup
de gens, donc on a la même question : par exemple un médecin qui peut opérer à distance avec plus
de précisions. Où en est sa responsabilité ? c'est la machine qui est au-dessus du patient ou c'est lui ?
Donc la sous question c'est, est-ce qu'on va avoir besoin de moins de médecins ? Je crois qu’il y aura
toujours autant de patients et tant que la machine ne pourra pas opérer toute seule, Non. ça c'est déjà
le problème pour le médecin.

Avocat, justice : Pour les avocats par exemple, dans la justice tu as la jurisprudence, donc on pourrait
imaginer demain qu’un juge utilise une intelligence artificielle pour faire un résumé de ce que l'avocat
a dit. Prendre le pour et le contre et ensuite prendre une décision. Est-ce qu'on va automatiser le juge ?
On voudra toujours le facteur humain, est-ce qu'on autorisera qu'une machine prenne une décision
de justice ? C'est pas certain non plus.

Informaticiens (métier de haut niveau) : Donc tous les métiers que moi j'appellerai de « haut niveau »,
avocat, enfin tous les métiers qui sortent de quelques études universitaires et dans lequel il y en a
impact humain, c'est très difficile à remplacer. On va prendre par exemple les informaticiens. Qu'est-
ce qui va rester ? tous les bons informaticiens qui seront à jour, etc. Et qui utiliseront (les IA) comme
des outils, vont aller plus vite. Est-ce que c'est pour ça qu'il y aura moins d'autres informaticiens ? Peut-
être pas, ça je sais pas, je crois pas et j'espère pas.

Vendeur/pompiste : Tous les métiers plus manuels. Je reviens 30 ans en arrière, on a mis des chaînes
de production en place. C'est pas de l'intelligence artificielle, mais le but était de remplacer les gens.
C'est la même question ici, est-ce que demain je peux parler de robot : est-ce qu'un robot va venir chez
Zara et te dire : « tiens, Monsieur, qu'est-ce que vous pouvez avoir parce que j'ai la liste de vos achats
précédents, je peux vous aider », plutôt que quelqu'un qui vient d'arriver la veille. Oui, il va mieux
pouvoir t'aider. Maintenant, si la vendeuse est aidée de logiciels pour mieux te conseiller à toi, donc
mieux vendre pour elle. Donc c'est un conseil pour toi, c'est une meilleure vente pour toi. A ce
moment-là, oui ça peut être intéressant et peut-être qu'on va les remplacer. Mais il y a d'autres actions
qui vont déjà plus vite. Tu vas en vacances de temps en temps, en voiture et tu t'arrêtes à des pompes
à essence. Avant, quand j’étais jeune, maintenant j'ai 53 ans, je m’arrêtais à une pompe il y avait 3-4
vendeuses à l’époque. Maintenant il y en a une, avec des écrans et des codes-barres. Alors est-ce que
ça tombe dans l'intelligence artificielle ? Non, ça remplace des métiers. Pourtant, les codes-barres
existent depuis 15 ans. Donc c'est une façon aussi dont les gens et votre génération êtes prêt à
appréhender les choses. Moi ça m’embête, moi arriver et de ne pas avoir une caissière, devoir passer
tous mes articles, mettre dans un sac et rentrer, ça m'embête. Je préfère tout donner à la caissière et
une discussion avec la caissière, donc c'est un facteur humain qui va jouer aussi.

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Je crois que les sociétés qui vont vouloir garder un minimum de facteur humain vont être moins
impactées que celles qui seront plus sur la productivité en disant : « C'est pas grave, moi je vends tous
mes produits à 10€, j'ai pas envie d'avoir beaucoup de personnel, et à ce moment-là, qu'est-ce que je
vais faire ? Je vais mettre des codes-barres et des machines. » Est-ce que c'est de l'intelligence
artificielle ? Non. Ça existe déjà, dans Google maintenant, quand tu viens, il te propose des articles que
tu aimes bien. C'est pire en pire, mais c'est la même chose pour le magasin. Si tu vas chez Zara ils te
diront : « Voilà, vous avez un pantalon noir, vous aimez bien le noir, voici ma collection en noire. Moi,
j’irais pas sur la machine, votre génération ira probablement sur la machine.

Donc c'est très difficile à prédire si les gens vont être remplacés ou pas. Je crois que, et c’est
malheureux pour la société mais c'est bien pour ceux qui vont faire (ceux qui auront plus d’études). Au
plus t'auras d'études, au moins tu seras remplacé. Au plus tes études seront scientifiques ou ayant une
connotation humaine (juriste, avocat, scientifique, informaticien, polytechnicien, ingénieur, etc.) Au
moins tu seras remplacé parce que tu seras à jour avec la technologie.

Brieuc (Question 5) :

Pensez-vous qu’une intelligence artificielle pourrait un jour remplacer un métier artistique ? Par
exemple des peintres, sculpteurs, etc.

Patrick De Geynst :

Ok, donc il y a 2 parties. Il y a la partie artistique, donc par exemple, sur ma société, j'ai un site web.
Quelles sont les images que j'utilise ? C'est un côté artistique, même si ça n’a rien avoir avec des
peintres et cetera. Ce qu'on faisait pour l'instant, c'est qu'on va dans des bases de données, chercher
des images qui nous intéressent le plus. C'est ce qu'on faisait jusque quand il y a 6 mois MidJourney3
est sortie. Donc nous on n'utilise plus que MidJourney, sur base de phrases, on va chercher des dessins,
et ce sont des développeurs du site web qui utilisent ça. Donc la différence que nous on a fait, c'est au
niveau des images pas chères, au lieux d’aller les chercher dans les bases de données, on les génères
avec de l'intelligence artificielle. Ca nous prend moins de temps, ça va plus vite et on arrive à avoir une
meilleure cohérence entre différentes choses. Avant quand on devait rechercher 10 images qui se
ressemblaient plus ou moins parce qu'on voulait un thème général, c'était pas possible. Avec
MidJourney, c'est tout à fait possible. Est-ce qu'on voit que c'est généré par MidJourney ? Oui, un peu,
mais ça s'améliore. Je crois qu'il sortent une version de MidJourney tous les 3 mois. Je crois qu'ils
viennent d'en sortir une nouvelle, c'est moins en moins (facile à différencier une image provenant de
MidJourney d’une qui ne l’est pas). C'est vraiment intéressant.

(L’IA peut-elle remplacer des métiers artistiques ? ) Pour ces métiers artistiques « low cost » oui. Pour
les métiers artistiques plus élevés. Oui, ils peuvent le faire, mais ça va dépendre de la perception de
l'humain face à l'achat. Par exemple j'ai des amis qui sont des collectionneurs d'art. Est-ce que demain
on va leur dire : « cette statue ou cette peinture a été générée par une intelligence artificielle presque
sans nom, ou juste le nom de l'intelligence artificielle. » Alors ils vont peut-être l'acheter, est-ce qu'ils
vont l'acheter un million, je suis pas sûr. Est-ce qu'ils vont l'acheter 10€, peut-être. Je crois que dans
l’art aussi il y a quand même, à l'heure actuelle (je ne sais pas dans le futur) une connotation humaine,
qui va faire que les prix des humains seront plus chers que les prix des machines. (si les IA remplaceront
des métiers artistiques)

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IA capable de générer des images grâce à un texte de description que l’on va lui donner. Une version beta
(non finie) de l’intelligence artificielle est sortie le 12 juillet 2022.

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Maintenant il y a certains artistes qui font une tache sur un mètre carré, d'une peinture blanche et qui
sont vendus des folies. Moi je l’achèterais pas, il y en a qui l'achèteraient, donc là il y a encore plus une
connotation de choix de l'humain, de l'acheter ou pas. Donc la question est encore plus difficile que
sur les métiers. Donc ca dépend vraiment plus de comment le grand public, les acheteurs l’accueillent
et l’appréhendent.

Brieuc (Question 6) :

Est-ce que pour vous, au niveau de ces métiers plus manuels qui seront beaucoup plus remplacé, ce
serait possible de trouver des compromis ?

Par exemple, on pourrait imaginer de travailler conjointement avec une IA plutôt que de totalement
remplacer le métier en question.

Patrick De Geynst :

C’est un point de vue délicat. Se faire aider d’une intelligence artificielle pour faire un métier, oui. Mais
faire ce que l’intelligence artificielle te dis de faire, on passe dans un autre stade. La t’es dans
Terminator si j’exagère.

Si on part du début même de l’informatique, le but était d’aider les gens pour leur donner une
meilleure vie. On peut imaginer l’intelligence artificielle comme les chaînes de production ou il faut
diriger la chaîne de production plutôt que de faire les tournevis. Les chaînes industrielles ont mis des
gens au chômage comme l’intelligence artificielle va mettre des gens au chômage. Mais je crois que le
défis suivant c’est plutôt de se poser la question comment on va faire, pour les métiers manuels ou les
métiers plus « de contact », pour que ces gens aient une vie décente s’ils n’ont pas de boulot. Le défi
n’est pas l’intelligence artificielle mais c’est ses conséquences ici. Donc à voir comment cela se passe,
déjà quand on voit en France ce qu’ils veulent (pas travailler 2 ans de plus alors qu’ils n’ont plus de
sous). Et donc c’est ça le défi, après l’intelligence artificielle. Est-ce qu’il y aura des métiers qui vont
disparaître, si les industriels le veulent, oui. Parce qu’ils vont avoir le choix de remplacer ou pas. Ils
vont avoir le choix d’aider partiellement ou pas. En tout cas si c’est une aide partielle, il va y avoir des
métiers qui vont disparaître. (Disparaître) Totalement ou pas, mais en tout cas il faut voir comment on
compte donner une vie décente à ces gens au chômage. Je ne sais pas si t’as déjà entendu parlé du
chômage universel ? Je crois que ce sont les socialistes ou les écolos qui ont parlé de ça, c’est de dire
que tout le monde aurait droit à un chômage équivalent et minimum. Et ce, quoi qu’il fasse. Qui serait
donc définit (disponible) pour tous ces gens soit qui perdraient leur emploi ou soit pour ces gens qui,
en manque de compétence, n'arriveraient même plus à avoir un emploi. A ce moment là donc s’ils ne
sont pas haut gradés.

Je crois aussi que dans tout ce qui est intelligence artificielle, il est intéressant de se poser la question
de l’impact dans le domaine militaire. Car on parle ici de l’impact sur la société, mais on pourrait
également parler de pleins d’autres points. Par exemple on peut se dire dans ce qui est politique aussi,
est ce qu’on va prendre des décisions avec l’intelligence artificielle ?

Il faut se dire en fait, qu’une intelligence artificielle, comme dans les films, pour l’instant ça n’existe
pas. Elle est soit spécialiste en (par exemple), j’envoie des têtes nucléaires ou pas, j’évalue un niveau
de menace, je sais jouer au go, je sais résumer (comme ChatGPT) un ensemble de documents et en
faire quelque chose.

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Nous on a des intelligences artificielles qui suivent des pipelines avec des drones. Dans ces drones il y
a plusieurs intelligences artificielles, il y en a une pour suivre la pipeline, et une autre pour détecter s’il
y a une faille. Ce sont deux intelligences artificielles dans un seul appareil qui communiquent en disant :
« Oh arrête toi, je crois que j’ai une faille, va voir, va moins vite. » Mais chaque intelligence artificielle
fait des choses complètement différentes. Mais donc on peut se poser la question : est ce qu’une
intelligence artificielle dans le domaine politique serait utile et qu’est-ce que ça va changer ? Au niveau
militaire, qu’est ce que cela changerait aussi ? On peut se poser dans chaque domaine et avoir
plusieurs intelligences artificielles dans chacun des domaines.

Dans les métiers qui seront remplacés par les intelligences artificielles, l’exemple pur et dur est celui
de comptable. Il va recevoir un ensemble de documents, il les analyse et les met dans une
représentation graphique. Et il va essayer de sortir plus ou moins un chiffre d’affaire en envoyant (dans
le cadre de la Belgique) pleins de documents à L’ONSS, etc. et pour calculer la TVA. C’est un très bon
candidat pour l’intelligence artificielle, parce que sur tout le chemin, il n’y a pas un seul jugement
humain. Sauf peut être des experts fiscaux qui vont regarder. Donc est ce que le comptable va être
remplacé par l’intelligence artificielle, la c’est presque oui à 100%.

Alors que la vendeuse, ça dépend car il y a un point de vue humain. Donc je me répète, c’est la même
chose qu’au début de l’informatique il y a 30 ans. Tout ce que tu peux automatiser le plus possible, tu
l’automatise. Sauf qu’ici on parle plus d’automatisation, on parle d’intelligence artificielle à la place
parce que c’est l’étape suivante de l’automatisation.

Brieuc (question 7) :

Est-ce que pour vous, il serait dangereux d’avoir des intelligences artificielles partout dans nos vies et
notre quotidien ?

Patrick De Geynst :

Comme je l’ai dit plus tôt, à partir du moment où ils émettent un avis qui pourrait t’influencer et pas
juste te proposer la couleur de ton pantalon, oui ça pourrait être dangereux. Hé, est-ce que. Danger,
elles pourraient t’inciter à dépenser plus tout en te donnant les bons conseils. Ce que les vendeurs
essayent de faire mais n'y arrivent pas tout le temps. Là, ça pourrait être dangereux dans un magasin.
Là où ça devient vraiment dangereux si jamais il te dis demain de voter extrémiste. Ça peut dangereux
pour les personnes qui n’auront pas. le recul de juger ou de mettre un jugement sur ce qu'on leur
donne et qui le prendront directement comme valeur comptante. C’est la même chose, comme tout
ce qui est OVNI et machin comme ça, il y a des gens qui croient, d’autres qui croient pas. Entre
quelqu'un qui te le dis, tu dis oui. Entre une intelligence artificielle qui va te dire : Les OVNIS existent,
je suis l'expert en intelligence artificielle. Tu vas peut-être plus vite y croire malgré le fait qu’ils
n’existent pas. Je crois qu’il peut aussi y avoir un danger dans les oppositions d'intelligences
artificielles. Donc si tu fais se rencontrer 2 intelligences artificielles, on ne sait pas très bien ce qui va
arriver. Par exemple, admettons que demain tu veux plus faire tes courses. Que tu dis exactement ce
que tu veux à ton intelligence artificielle et qu'elle va elle-même faire les courses avec une autre
intelligence artificielle. Ca on n’en a pas encore sur le marché, on ne sait pas encore très bien ce que
ça va donner. Y a un caractère imprévisible, on sait pas très bien ce qui va se passer. Tu auras peut être
un budget maximum et autres, mais la confrontation des 2 intelligences artificielles, est imprévisible.
A part dans les jeux où ils ont fait jouer différentes intelligences artificielles aux échecs pour voir

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laquelle était la meilleure. Mais ça, c'est très encadré, c'est mettre 2 intelligences artificielles en
concurrence pour voir quelle est la meilleure. Si tu les mets en concurrence, ça va. Si tu les mets en
discussion, ça ne se stade suivant. C'est toi qui n'incarne plus Brieuc, mais tu définis une intelligence
artificielle qui va faire tes courses en place et qui va être face à une autre intelligence artificielle qui va
discuter. C'est le stade suivant, et là on sait pas ce que ça va donner.

Brieuc (question 8) :

D’un point de vue des capacités futures des intelligences artificielles, Pensez-vous qu’il serait possible
d’avoir une intelligence artificielle qui pense par elle-même ?

Patrick De Geynst :

Pour l’instant, il y a 3 différents types d’intelligences artificielles. Il y a le machine learning. Donc ils
sont par exemple capables, sur différents paramètres de dire si oui ou non il y aura un tremblement
de terre à un endroit où définir in prix en faisant des catégories autre de certains logements, dans
des endroits. Y a l'intelligence artificielle, qui est plus basée sur un petit bonhomme qui se balade
dans un labyrinthe qui se cogne contre les murs et à force, Ben c'est action réaction. Et à force de se
cogner sur les murs, Il va arriver à faire tout le labyrinthe, principalement sur les drones et autres
choses. Ou aussi dans les jeux vidéo. Et puis il y a l'intelligence artificielle qui est le Deep learning. Ça
c'est vraiment, on essaie de reproduire le cerveau humain. Alors ? Pour l'instant, ce cerveau humain
ne reste que des machines informatiques. Le jour où on n'arrivera à passer à quelque chose d’autre
que la mathématique, les réseaux neurone par exemple, les vrais réseaux de neurones, ou tout ce
qui est Quantum. Ouais, voilà peut-être que oui, mais ça sera toujours un ensemble d'intelligences
artificielles qui vont réagir entre elles. Donc, comme toi t'as ton système nerveux, tout ce qui te
permet de de respirer, et cetera et cetera. Et si on arrive en mettre tous ensemble, je serais curieux
de voir ce que ça va donner, mais. Peut-être. Il y a quelqu'un dans une cage quelque part, dans les
grosses industries qui l'ont peut-être déjà. Moi je sais que dans l'énergie on l'a pas, mais il faudrait
aussi être capable que certaines personnes dans la vie, investissent là-dedans Je peux te donner des
exemples de comment nous, on utilise une intelligence artificielle. Pour l'instant j'ai donné l'exemple
de drones donc. Quand tu vas sur les grosses centrales nucléaire ou électrique, il y a toujours un
moment, une espèce de super boite de fusibles. Avant, c'était des humains qui mettaient ces boîtes
de fusibles à jour et qui détectaient les pannes en passant. Ce qu’on a pour l'instant, c'est que on a
des personnes qui sont plus âgées qui restent dans les bureaux parce qu’elles sont fatiguées, elles
savent moins bouger etc. mais qui restent des spécialistes sur le terrain. On a des gens plus jeunes
qui connaissent un tout petit peu et qui se baladent avec des casques de réalité virtuelle. Au moment
où le panneau a détecté une panne. Ce panneau est assez complexe parce qu'il y a des milliers de
choses dedans. Avec le casque de réalité virtuelle, la personne la plus jeune peut identifier chacune
des pièces, rien qu’en les regardant. Ça, c'est l'intelligence artificielle du casque qui aide à détecter
les différentes pièces parce qu'elle est entraînée à repérer ces différentes pièces. Il peut faire une
première intervention de base sur ce panneau parce qu'on a encore besoin de lui s’il faut enfoncer
une vis ou autre. Si jamais il sait pas, c'est l’aide de l'intelligence artificielle qui sont projetées sur des
écrans où les seniors qui sont dans les centrales et peuvent aider grâce à leur expérience. D'accord.
Donc t'as vraiment toute la chaîne. Tu as quelque chose qui a été automatisé, la détection de panne
arrive uniquement avec une détection et des indicateurs. Déjà une pseudo intelligence artificielle qui
arrive à détecter la panne et à faire un diagnostic. Si ça va pas, tu as un humain qui arrive. Si il arrive
pas à trouver, il a le premier étage de l'intelligence artificielle avec la réalité Augmenter et le casque
ouais si jamais il arrive pas il peut projeter son écran (ça c’est vraiment de l’intelligence artificiel) chez

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un humain qui lui va prendre une décision. Tu vois là pour l'instant t'as toute la chaîne de ce qu'on
peut faire de mieux pour l'instant et de rendre service. Ca va rendre service à la personne la plus
âgée parce qu'elle peut rester soit chez elle à la maison, soit dans une centrale. Soit ça rend service
aux jeunes qui apprennent avec l'intelligence artificielle et avec l'expérience du plus âgé, ça rend
service à la centrale parce qu'on connaît des problèmes beaucoup plus vite, donc là t'as vraiment une
chaîne concrète d'intelligence artificielle, vous pouvez me faire mais ça reste pour un domaine bien
précis. Si voilà donc ça, c'est un exemple. Le drone qui se balade tout seul. Ben oui, on le lâche.
Ouais, il part, il suit un pipeline. Si jamais il détecte une anomalie, il s'arrête et nous l'intelligence
artificielle qui voit beaucoup plus loin dans la détection de l'anomalie, c'est la même chose. Les
images là sont prises sont envoyées en central. C'est de nouveau un humain. Les images sont
réanalysées une première fois et c'est l'humain qui va prendre la décision. Ça, on a fait ça pour le
OPW aussi avec des drones, donc ce qui est très difficile, c'est de par contre c'est idiot hein ? C'est de
compter donc des vaches. L'OPW c’est l'organisme payeur wallon. C'est des gens qui surveillent. Les
euh. Les agriculteurs. D'accord, donc tu sais que tu as entendu parler de la vache folle, t'as entendu
parler du fait que c'est un gros bazar entre savoir si ton cheval a bien élevé bio et ceci et cela donc
bon, ce qu'on a développé, c'est des drones, ouais tu lâches le drone au-dessus du champ et il
compte le nombre de vaches qui s’y trouvent. D'accord, il revient si il faut on le lâche et avec des
codes-barres ou avec des identifiants et il sait identifier les vaches et exactement dire : Caroline est
la, Micheline est là, et cetera, et cetera, donc, avant qu’est-ce qu’il devait faire le gars : il devait
arriver, se balader, va te balader dans 200 vaches et identifier chacune des vaches pour les chevaux
c’est encore pires parce que c'est vraiment un cheval bien spécifique au niveau Belge. Tu vas pour les
poussins ou pour les poules, c'est impossible et donc cette intelligence artificielle aide la personne.
Ben avant, ils étaient 4 à aller sur le terrain à compter les vaches, mais il y a un peu qu'un seul bon, il
revient en centrale et regarde, il fait ces choses-là, donc toujours on peut aider de tous les côtés, ça
ne répond pas à ta question, mais on peut aider de tous les côtés, mais y a toujours une décision à la
fin. Si après, je vois mal un jour, un camion partir d'une centrale, aller jusqu'à l'agriculteur. Ouvrir le
portail des vaches. Lâcher un drone ? Que le drone se balade, revienne, reprennent en centrale,
donne à une autre intelligence artificielle qui dit « Ah. Vous avez déclaré 1000 vaches, mais vous en
avez que 932. On ne vous donne pas autant, mais on vous donne moins ». Et puis on a le recours qui
va aller avec aussi. Il dit, vous avez mal compté ces 1000 vaches ? Donc on retombe sur le problème
de juridique, tu vois donc ? Il faut mettre tout ça en place donc pour ta question, est-ce qu'une
intelligence artificielle qui va remplacer le tout ? Alors dire c'est juste pour répondre oui, c'est assez
facile ici, je te donne des chaînes complètes où il faut remplacer toute la chaîne, donc faut pas
oublier qu'à chaque fois, toute des chaînes de décisions qui sont là aussi et il faudrait vraiment à ce
moment-là que cette intelligence soit capable. Est-ce que c'est un une chose centrale qui manipule
toutes les petites ? Ou est-ce que la connaissance c'est une centrale à la connaissance de la totalité ?
Donc tu vois, ouais, au moins on n’est pas encore là. Sur cette question, il y a tellement de petits
intervenants et tout le monde simplifie la question en disant est ce qu'il va déclencher la guerre
nucléaire ou pas. Il va décider tout seul, on aura un impact de Terminator. Mais donc pour répondre
a la question, si tu arrives à mettre tous ces éléments ensembles, oui. Donc en fait on aurait pu faire
beaucoup mieux il y a 20 ans mais on n’avait pas au niveau mécanique et physique, le fait de
produire des ordinateurs aussi puissants, donc on n'aura pas non plus la possibilité de le faire mais
sauf si on arrive dans le Quantum. Là, on y arrivera. Alors le problème du Quantum ? C'est que tu
peux avoir un ordinateur quantique hein, il peut calculer très vite. Ouais, mais autour on a, pour
l'instant, pas l'infrastructure pour déplacer l'information. Admettons que tu aies un ordinateur
quantique qui calcule quelque chose ? Ouais si tu veux le transmettre à un autre ordinateur
quantique qui est autre part dans le monde a l'opposé. Le câble ne permet pas de passer dans là,
c'est pas possible donc on a on va retomber. Alors la prise de décision oui, la communication de la

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décision. Si on va prendre tous les morceaux avec, ça va être un petit peu compliqué. Ouais donc là
on retombe sur les limitations physiques, donc à un moment on va retomber sur cette limitation
physique par un endroit précis sur l'ordinateur. Un ordinateur quantique doit rester entre moins 45
et moins 60°. C'est pas gratuit non plus hein donc voilà et nos clients à nous pour l'instant n'ont pas
investi assez en Belgique. Peut-être pas le monde on verra. Pour en tout cas ouvrir ce genre de
technologie, que ce soit pour sortir d'un cas précis ou d'une chaîne précise, comme je te l'explique,
ouais.

J’ai une question pour toi, quel serait l’intérêt d’une intelligence artificielle qui décide par elle-
même ?

Brieuc :

je sais pas vraiment, c'est plus en fait une sorte de fantasme d'informaticien. Je sais pas, je me dis
d'avoir un robot qui sait penser comme nous réellement. (mais quelles serait sont utilité ?) On
pourrait imaginer si ça se démocratise assez, d'avoir des caissiers comme ça. Justement, des métiers
un peu sociaux et du coup c'est une sorte d'humain avec qui on parle parce que il a un cerveau
vraiment qui fonctionne comme le nôtre. (Ouais, tu vas lui parler quoi de tes petits problèmes ou du
pantalon que tu vas acheter ?) Oui, je sais pas, mais ouais même genre c'est un psychologue ou un
truc ?( Là tu retombes dans la. Enfin, la plupart des psychologues sont censés ne pas te diriger dans
ta vie, mais t'écouter, te donner de plus ou moins bon conseil. Et donc ici on retombe dans le « Je te
donne un conseil pour… » avant que des humains ne vont développer ça pour eux-mêmes. Je crois
pas pour essayer d'influencer les autres. Peut-être, mais y a plein d'autres moyens de faire. Je, je
crois pas que le but ultime, je crois que c'est une crainte. Je crois pas que le but ultime est de (Du
moins pour les humains) avoir un espèce de super robot avec une intelligence artificielle qui fasse
autre chose de plus que le robot que j'ai là pour nettoyer par terre mais qui va pouvoir nettoyer ma
table, un truc, et cetera et cetera. Donc je crois que oui. Dans ce cas-là, mais ça va toujours, ça va
devoir donner un service. Peut-être à un soldat a qui donner un autre service. Mais je crois pas que
une espèce d'intelligence universelle qui peut tout faire. Je vois pas quel humain aurait l'intérêt à la
faire.

Brieuc (question 9) :

Au niveau de la création de métiers, est ce que vous pensez que globalement d’autres métiers que
celui de développeur vont être promus grâce au développement des intelligences artificielles ?

Patrick De Geynst :

En effet, les derniers à être remplacés, c’est ceux qui vont la créer (l’intelligence artificielle) ou
l’améliorer ou la rendre plus rapide et plus performante. Prenons la base, admettons que tu
développe (en tant que développeur) une intelligence artificielle basique. Tu vas vouloir l’améliorer.
A un moment donné, est ce que tu vas te remplacer toi-même pour améliorer ton intelligence
artificielle par une autre intelligence artificielle ? La tu boucle la boucle, tes parti et il n'y a plus que
de l’intelligence artificielle. Donc je ne crois pas que tous ces métiers là, les gens qui vont imaginer le
futur, vont être remplacé. Ils vont se faire aider et il y en aura sûrement moins qu’aujourd’hui, mais
la sélection naturelle des meilleurs, cela existe dans tous les métiers depuis très longtemps. Ici ils
vont avoir des outils beaucoup plus puissants qu’aujourd’hui a leur disposition qui vont peut être leur
permettre de faire cette « sélection naturelle ».

Je crois que c’est plutôt au niveau de l’enseignement que les gens doivent commencer à faire
quelque chose. Quand moi j’ai commencé à faire de l’informatique, j’ai du commencer sur des

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ordinateurs qui avaient quinze ans, et je n’étais même pas sur les technologies actuelles (de
l’époque) donc jai du faire par moi-même, étudier, aller me renseigner, etc.

-40.00-

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