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Liège,
16 novembre 2007.
Siège: E. RIXHON (présidente), S. THIELEN et Cl. CHARLIER.
En cause: A.D. (Av. D. WILLEMS loco G. VAN CUSTEM) / P.D. (Av. M. CRASSON loco
J.M. GERADIN).
Le conducteur d’un tracteur agricole avec remorque doit éviter de causer toute
dégradation au bien d’autrui. Ceci vaut également pour un chien se baladant avec
son maître dans un étroit chemin où tout croisement s’avère être périlleux.
Rb. Luik
16 november 2007.
Zetel: E. RIXHON (voorzitster), S. THIELEN en Cl. CHARLIER.
Inzake: A.D. (Adv. D. WILLEMS loco G. VAN CUSTEM) / P.D. (Adv. M. CRASSON loco
J.M. GERADIN).
Entendu les parties comparaissant comme il est dit ci-dessus en leurs explications à
l’audience du 19 octobre 2007;
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RECHTSPRAAK
JURISPRUDENCE
Monsieur D. reconnaît n’avoir fait aucune manœuvre pour éviter la chienne aux
motifs que toute manœuvre d’évitement était impossible compte tenu de l’étroites-
se du chemin et qu’il n’a pas osé freiner parce que sa fille était assise sur les ballots
de foin.
3. Il est acquis que monsieur A.D. a commis une infraction en laissant sa chienne
courir en liberté et que cette faute est en relation causale avec le dommage qu’il
allègue. En effet, selon le règlement de police du 12 mars 2003 pris par le conseil
communal de Sprimont, il est interdit à tout détenteur d’animaux de les laisser
divaguer sur le domaine public, qu’il s’agisse du domaine public ou de propriété
privée.
Cependant, cette infraction commise par monsieur A.D., n’exonère pas nécessaire-
ment monsieur D. de toute responsabilité.
Tout un chacun se doit de respecter la propriété d’autrui.
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Un chien est un bien mobilier.
Aussi tout individu normal, diligent et prudent se doit-il d’agir avec prudence en
vue d’éviter toute dégradation aux biens d’autrui.
Il est acquis que monsieur D., qui a vu venir les chiens en face de lui, n’a ne freiné
ni stoppé sa marche alors qu’il savait que le croisement était impossible, vu l’étroi-
tesse du chemin qu’il empruntait.
En effet, si monsieur D. affirme que “visiblement” monsieur A.D. a rappelé ses
chiens”, c’est parce qu’il aperçoit ceux-ci sur le sentier à proximité de monsieur
A.D.
Monsieur D. n’est pas crédible quand il laisse supposer que la chienne serait reve-
nue sur le chemin juste au moment où il passait; en effet, dans pareille hypothèse, il
n’aurait pas pu affirmer que monsieur A.D. avait rappelé ses chiens.
En outre, monsieur D. se contredit quand il parle de la trajectoire des chiens:
- aux verbalisateurs, il déclare qu’un des chiens est passé sous le tracteur, ce qui
implique qu’il a vu le chien devant son tracteur avant de disparaître sous celui-ci,
- devant le magistrat cantonal, il déclare par contre qu’un chien est passé devant le
tracteur tandis que l’autre est passé sous la remorque; or, vu la topographie des
lieux il est impossible que le chien ayant traversé devant le tracteur ait pu échap-
per à l’accident.
Le tribunal constate que la version de monsieur D. est loin d’être constante; devant
le juge de police il revoit sa déclaration à son avantage:
- ainsi, alors qu’aux verbalisateurs, il reconnaît avoir vu monsieur A.D. dès qu’il a
viré dans le chemin de terre, devant le juge de police il déclare n’avoir vu mon-
sieur A.D. qu’après avoir écrasé la chienne;
- de même, aux verbalisateurs, il n’est question que d’un chien qui passe sous le
tracteur mais, par contre, devant le juge de police un chien traverse devant lui
mais l’autre, qu’il ne voit pas, se glisse de manière imprévisible entre le char et
le tracteur lorsque l’attelage arrive à sa hauteur.
Le tribunal s’en tiendra à la première version laquelle est la plus fiable car faite
sans avoir eu le temps de construire une défense juridique.
En conséquence, les deux chiens étaient en libertés et un seul chien est passé sous
le tracteur: celui qui a ensuite bifurqué sur le côté avant que le train de roues du
char ne soit passé.
En ne s’arrêtant pas pour permettre à monsieur A.D. de protéger ses chiens lors du
croisement, monsieur D. n’a pas adopté le comportement que tout être honnête,
diligent et prudent aurait adopté.
En effet, comme le chemin est une ligne droite, monsieur D. a eu le temps d’aper-
cevoir monsieur A.D. venir à sa rencontre précédé de ses chiens. La prudence exi-
geait qu’il ralentisse suffisamment pour pouvoir s’arrêter immédiatement.
Monsieur D. ne peut alléguer qu’il n’a pas freiné par état de nécessité afin d’éviter
une chute à sa fille car, si dès qu’il avait aperçu les chiens, il avait levé le pied, il
eut pu s’arrêter en douceur sans aucun risque pour sa fille. En ne freinant pas ou
pas suffisamment devant l’obstacle parfaitement visible et prévisible qu’allaient
constituer les chiens, monsieur D. a commis une faute en relation causale avec l’ac-
cident tel qu’il s’est réalisé.
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RECHTSPRAAK
JURISPRUDENCE
En conséquence, compte tenu des fautes respectives commises par les parties, mon-
sieur A.D. devra supporter les 2/3 de son dommage; monsieur D. devant, quant à
lui, l’indemniser monsieur A.D. à concurrence d’1/3.
(…)
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