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J

COUR DU QUÉBEC

CANADA
PROVINCE DE QUEBEC
DISTRICT DE MONTREAL
LOCALITË DE MONTREAL
«Chambre criminelle et pénale»
N° 500-01-209898-201
DATE 2 février 2023

SOUS LA PRSIDENCE DE L'HONORABLE DOMINIQUE B. JOLY, J.c.a.

SA MAJESTÉ LE ROI
Poursuivant
C.
TIGANA MBIDI KIALA
Accusé

JUGEMENT

CONTEXTE ET FAITS PRINCIPAUX RETENUS

[11 Le 14 octobre 2020 vers 16h 35, l'accusé a été


impliqué dans une collision alors
qu'il conduisait un véhicule Nissan sur le boulevard Lavoisier à Montréal. Cet
accident a
eu de tragiques
en a résulté. Il
conséquences une piétonne a été heurtée
par ledit véhicule et sa mort
y a admission que son décès a été causé par un arrêt
traumatique lié àla collision. cardiaque

JJ0486
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[21 M. Kiala est accusé de conduite
dangereuse causant la mort.
[3] L'accident se produit dans un secteur à vocation résidentielle. Le parc Ferland se
trouve des deux côtés du boulevard Lavoisier. La caserne de
pompier 21 et une école
primaire se trouvent du côté nord. Des terrains de tennis et de soccer, des piscines et
une école primaire se trouvent du côté sud du
parc.
[41 Il s'agit d'une artère avec orientation est-ouest et la circulation se fait à double
sens. ll y a une voie de circulation par direction et les voies d'extrême droite dans les
deux directions sont des voies de stationnement.

Un policier reconstitutionniste s'est présenté sur les lieux de l'accident et a pris


plusieurs photos: une première trace noire sur le trottoir du côté nord; quelques mètres
à l'est de cette trace, une deuxième trace similaire sur le trottoir côté nord et, toujours
vers l'est, des dommages à un arbre et un véhicule lourdement endommagé (la Nissan)
quioccupe la voie vers I'est. Un peu plus loin, un deuxième arbre (plus petit) endommagé.
Ses branches sont brisées en hauteur. Å environ cinq mètres de cet arbre, des traces de
frottement sont retrouvées sur un lampadaire. Autour de ce lampadaire, on peut voir, un
soulier de la victime ainsi qu'une petite bague en or.

[6] Une vidéo prise en temps réel a été mise en preuve. Elle capte la scène peu après
intersection de la rue Belcourt et du boulevard Lavoisier. On y voit la circulation, la
présence de piétons, la collision avec la victime, l'arrivée des premiers répondants, etc.

Des images ont pu en être extraites et ont pu servir aux experts pour faire
différents calculs.

[81 La piétonne circule direction ouest sur le trottoir. Le véhicule circule direction est.
Le véhicule traverse la ligne jaune et monte en partie sur le trottoir du côté nord (première
trace noire). ll évite de justesse deux piétons. La victime est plus loin derrière eux.

9 Le véhicule continue son chemin vers l'est et s'apprête à monter complètement


sur le trottoir (deuxième trace noire). La piétonne demeure immobile. Le véhicule continue
son trajet et percute la victime qui est propulsée vers le haut direction est. Il percute
ensuite un gros arbre à sa gauche et le véhicule pivote en sens antihoraire. La piétonne
est propulsée quelques mètres plus loin en passant au travers des branches d'un arbre
(le petit arbre décrit par le reconstitutionniste).

[10] Un expert a pu procéder à l'analyse des données contenues dans le module de


contróle des coussins gonflables du véhicule conduit par l'accusé.

[11Ledit module de contrôle déclenche l'enregistrement d'informations sur la


[11]
condition du véhicule et sur l'utilisation qui en est faite. Le dispositif est réveillé à la suite
d'une force d'impact ou d'un changement de vélocité très important.
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[12] Dans le présent cas, l'expert conclut


vehicule touche le trottoir une que le point d'impact est le moment ou le
première fois. On l'appelle le point zéro. De la, sont
enregistrées les cinq secondes précédant ce point d'impact.
Iln'y a aucun enregistrement
apres ce point d'impact, soit juste avant le contact avec la victime et l'arbre. II ya
un très court
délai; une seconde peut-être.
touterois
[13] Les 5 secondes précédant le
point zéro permettent de situer le véhicule à 88,24
metres avant cet enregistrement, soit très
près de l'intersection Belcourt et du boulevard
Lavoisier. On ne dispose donc pas de données
à cette intersection. permettant de constater ce qui se passe

[14] L'évolution de la vitesse


du véhicule est constante. A moins 5
du véhicule est de 44 km/h. Elle secondes, vitesse
la
augmente de façon graduelle à coup de trois ou quatre
kilomètres à l'heure chaque demi-seconde jusqu'au
80-81 km/h. Pour la durée totale du cinq secondes, la
temps zéro. La vitesse est alors de
ce qui veut dire que le conducteur n'a
pédale de frein n'est pas sollicitée;
jamais touché à la pédale de frein durant ce temps.
L'angle du volant reste stable à 10 degrés, légèrement tourné vers la gauche.

[15] ll est admis que l'accusé connaissait le boulevard Lavoisier pour y avoir circulé en
véhicule automobile et connaissait la limite de vitesse
permise à cet endroit, soit 30 km/h.
Des panneaux indicateurs de vitesse y sont d'ailleurs fort
visibles.
[16] l est en preuve que ni l'alcool ni la drogue ne sont en cause et rien de mécanique
n'explique la collision. Les pneus du véhicule étaient conformes avec les
recommandations du manufacturier. L'accusé portait sa ceinture de sécurité. Il a déclaré
n'avoir aucune maladie connue et ne pas prendre de médicaments au moment de
l'accident.
[171 température est alors de13 Celsius et le ciel est généralement dégagé selon
Environnement Canada.

18 In'y a aucune explication donnée ni d'hypothèse offerte tant des experts que de
pour expliquer l'événement. Rien dans la preuve offerte ne permet d'expliquer
la perte de contrôle du véhicule.

LITIGE

[19 Le ministère public s'est-il déchargé de son fardeau de preuve?

20 La poursuite doit prouver hors de tout doute raisonnable

i) Que l'accusé a conduit un véhicule moteur (qu'il a consciemment assumé le


contrôle physique de la direction dudit véhicule");

1Bélangerc. A., [1970] R.C.S. 567.


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i) Actus reus:que sa conduite a été objectivement dangereuse pour le public eu


égard aux circonstances (ce qui est une question de fait );
Mens rea:que le degré de diligence de l'accusé constitue un écart marqué par
rapport à la norme de diligence que respecterait une personne raisonnable
dans la même situation".

ii) Un lien de causalité entre la conduite et le décès (contribué au résultat de façon


plus que minimes ou appréciable", ces deux expressions étant équivalentes).
LE DROIT

[21] Si le Tribunal accepte la preuve soumise par M. Kiala, et sur le fondement de


celle-ci, il a un doute raisonnable que la poursuite a établi l'un ou l'autre des éléments de
la conduite dangereuse, le Tribunal devra acquitter l'accusé.

[22] Même si le Tribunal n'accepte pas la preuve de M. Kiala, si, après l'avoir
considérée, seule ou en conjonction avec les autres éléments de la preuve, il a un doute
raisonnable que la poursuite a établi l'un ou l'autre des éléments de la conduite
dangereuse, le Tribunal devra acquitter l'accusé.

23 La conduite dangereuse doit être tranchée par le juge des faits en tenant compte
de toutes les circonstancess.

24 Le seul fait de conséquences sérieuses résultant d'un accident ne prouve pas en


soi l'infraction10

25 Le Tribunal ne peut tirer de conclusions hâtives au sujet de la façon de conduire


en
se fondant sur Il doit
la conséquence. à un examen
procéder de la façon de
sérieux
conduire1. L'enquête doit être axée sur les risques créés par la façon de conduire de
l'accusé12

2
A. c. Beatty, [2008] 1 R.C.S. 49; Raiche c. R., 2013 QCCA 395; Pardi c. A., 2014 QCCA 320.
A. c. Prince (1970), 2 C.C.C. 213 (C.A. Man.).
4
Préc., note 2, par, 43; repris dans A. c. Roy, [2012] 2 R.C.S. 60.
R. C. L. (K), (2009) 75 M.V.R. (5th) 1 (C.A. Ont.).
6
Bonin c. A., 2014 QCCA 1047; A. c. Truchon, 2016 QCCA 1396.
R. c. Collin, 2019 QCCA 887, confirmé à 2019 CSC 64; R. c. Morin, 2021 QCCA 397, permission
d'appel refusé CSC 19 août 2021 dossier 39673; Ecole du Barreau, Collection de droit, volume 13 p.
183
8
R. c. lbrahim, (2019) 46 M.V.R. (7th) 1 (C.A. Ont.).
9
A. c. Bélanger, 2013 CSC; R. c. Laverdure, 2018 ONCA 614.
10 R. c. Beaty, préc., note 2; Raiche c. A., préc., note 2; Pardi c. A., préc., note 2.
11 R. c. Beaty, id.
12
R. c. FRoy, préc., note 4.
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U n e simple imprudence que tous les conducteurs sont susceptibles de commettre


a loccasion n'est généralement pas de nature criminelle. Pour cette raison, le fait de
Circuler å haute vitesse ne sera pas toujours synonyme de conduite dangereuse" bien
que la vitesse excessive puisse parfois rendre coupable de conduite
dangereuse
[27] Le Tribunal peut tenir compte de la circulation à laquelle il est raisonnable de
Satendre en fonction de l'endroit et du moment de l'incident. La législation provinciale
peut aider le Tribunal à déterminer ce qui est dangereux.
28La mens rea de la conduite dangereuse doit s'analyser en fonction d'un critère
objectif modifié15. I| ne s'agit donc pas d'un crime d'insouciance. La faute peut se déduire
de la conduite de l'accusé si elle constitue un écart marqué par rapport à la norme dee
diligence qu'aurait observée une personne raisonnable dans la même situation16.
[29] Pour qu'il y ait conduite dangereuse, le comportement reproché doit aller au-delà
de la notion de faute civile. Un moment d'inattention, une imprudence, ou une simple
erreur de jugement ne suffisent généralement pas, mais un comportement momentané
ne s'apprécie pas différemment d'autres comportements dangereux. Un comportement
qui se produit sur une brève période et qui crée des risques prévisibles et immédiats de
conséquences graves peut néanmoins constituer un écart marqué par rapport à la
norme17.

30 est dangereux de conduire un véhicule automobile.Il faut donc baliser cette


conduite. Si toutefois les balises sont trop basses, un individu risque d'être envoyé trop
facilement en prison. II faut distinguer la responsabilté civile de la responsabilité
criminelle18.

131] Lorsqu'un accident résulte de la conduite, l'enquête ne doit pas être limitée au
risque de préjudice créé par l'accusé eu égard à la victime de l'accident en particulier,
mais au risque plus général pour le public qu'a engendré la conduite de l'accusé19,

[32] Ifaudra prouver un lien de causalité entre la conduite et le décès. I1faudra prouver
que la conduite de l'accusé a contribué au résultat de façon plus que minime ou
appréciable", ces deux expressions étant équivalentes.

13
R. c.Beatty, 2008 CSC 5.
14
R. C.Chung, 2020 CSC 8.
15
R. C. Hundal, [1993] 1 R.C.S. 867; R. c. Beatty, préc., note 2; R. c. Roy, préc., note4.
16
R. C. Beatty, [2008] 1 R.C.S. 49.
17
Collection de droit, Ecole du Barreau, volume 13 Droit pénal-Infractions, moyens de défense et
peines
p. 181;R. c. Chung, 2020 CSC 8.
18
R. c. Beaty, préc., note 2; R. c. Roy, préc., note 4.
19
Préc., note 17, p. 179.
20
Préc., note 5.
2
R.c. Truchon, préc.,
note 6;
R. c. Romano, (2018) 17 M.V.R. 97th 181 (C.A. Ont.).
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TÉMOIGNAGE DE L'ACCUSE:
[33 Monsieur Kiala est marié depuis 2014. II arrive au Canada en septembre 2016. I
a obtenu dans son
pays un permis de conduire vers 2011 ou2012. Il n'a toutefois pas de
permis du Québec, à son arrivée.
34] La famille achète une auto en 2018. C'est alors son épouse qui la conduit.
135] L'accusé se trouve un emploi en mars
travaille dans une 2020, soit au début de la pandémie. ll
boulangerie commerciale. II fait partie de l'équipe qui vérifie
y appose les étiquettes, empile les les pains,
pains et les met dans une
envoyés aux clients. Il travaille debout. Il s'agit d'un travail remorque afin qu'ils soient
physique.
36] Son horaire habituel est de 6 h à 16 h
du
lundi
jour, 50 heures par semaine. Comme c'est le début de vendredi, soit 10 heures par
au

un
la
Covid-19, et qu'il peut y avoir
manque de personnel à l'occasion, on l'avise que ceux qui veulent faire des heures
Supplémentaires pourront en faire. On lui indique cependant que ces heures sont
attribuées par ordre d'ancienneté et comme il vient tout
d'occasions d'en faire. juste d'arriver, il aura peu

37] ll se rend travail en autobus jusqu'au mois de


au
obtient
rendre.
son permis conduire du Québec et commence septembre
de 2020; moment où il
à utiliser son véhicule pour s'y

38 ll demeure à cette
époque à 15 ou 20 minutes de son travail. II
emprunte toujours
le même chemin.

[39] lvit alors avec son épouse enceinte, sa fille de deux ans et les
épouse. parents de son

[40) Exceptionnellement,
le 14 octobre on
Supplémentaires. ll commencera son quart de travailluià 4 h plutôt qu'à 6 h. Il travaillera
offre de faire des heures
donc 12 heures cette journée-lå au lieu du 10
heures habituel.
[41] La veille
en soirée, il conserve la même
routine. ll se couche entre 20 h et 21 h
avec sa femme et sa fille. Son réveil sonne une heure avant
d'aller au travail. Il se lève,
se brosse les dents, s'habille, prend son sac de
vêtements et part au travail.
[421 II bénéficie donc de six ou sept heures de sommeil.
[43] Comme il fait des heures supplémentaires, il a droit à 4 pauses d'environ 15
minutes chacune ainsi qu'un lunch de 30 minutes.

44] Lorsqu'il termine sa journée, il ne se sent pas plus fatigué qu'à la fin de son
de travail normal. Il se rend au vestiaire se quart
alors deux conversations changer et se dirige vers le
stationnement, a
téléphoniques puis quitte.
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45] A cette époque, en sortant du stationnement, il prend la rue Marcelle jusqu'à la


rue
I'Assomption, moment où il tourne à droite pour prendre Sherbrooke jusqu'à
qui devient Lacordaire. Normalement, il aurait ensuite pris Lavoisier jusqu'à Dickson
Honore
Mercier, mais 'accident est arrivé avant.
46] Durant le trajet, la musique joue. Tout se passe de la façon habituelle.

47 Le dernier souvenir avant l'accident: lorsqu'il laisse Lacordaire, il y a un véhicule


qui sort à sa droite et qui se dirige tout de suite après, encore àdroite. Il fait beaucoup de
bruit.
[48] Pour plus de précision, à l'aide d'un plan Google Maps qui lui est montré par le
ministère public (P-6), l'accusé explique que lorsqu'il laisse Lacordaire
pour prendre
Lavoisier, le véhicule sort rue de Coulanges pour prendre Lavoisier et aller à droite rue
Moriac, soit une rue avant Belcourt. C'est presque jusqu'à cet endroit que le
reconstitutionniste Lafleur peut reculer pour identifier une première vitesse pour le
vehicule de M. Kiala (P-3).

49] M. Kiala n'a aucun souvenir de ce qu'il a fait rue Belcourt.

50
50] I devait circuler à environ 50 km/h dans la région Lacordaire/ Lavoisier et rendu à
cette intersection, ilya des feux de circulation.

61] En contre-interrogatoire, il mentionne ne pas avoir senti avoir frappé le trottoir.


Tout ce dont il se souvient c'est quand il entre dans l'arbre. II
ya un fort impact et un gros
bruit. Il n'a toutefois pas senti la projection en rotation antihoraire de 270 degrés du
véhicule.

52 lI précise que s'il avait vu l'arbre avant, il aurait fait un geste pour l'éviter.

53] I ne s'est pas non plus senti fatiguétout au long du trajet. ll a écouté de la musique
comme il le faisait tous les jours.

54]
[54] Lorsque les policiers arrivent, M. Kiala n'est pas dans son véhicule. l explique que
C'est un citoyen qui l'a fait sortir. ll n'avait aucune blessure. ll a demandé à ce citoyen s'il
pouvait appeler la police, car il n'avait pas son cellulaire avec lui.

55] Le citoyen le dirige vers la caserne de pompier situétout près de l'événement. Il a


Vu une dame
â terre. lla demandé au citoyen pourquoi elle était â terre et ce dernier lui
repondu que c'était à cause de lui.

(56 l a alors pleuré, a fait une courte prière, s'est senti bouleversé et ne voit plus ce
qui se passe autour de lui.

[57] I rencontre un premier policier auprès duquel il s'identifie. Ce policier l'amène de


l'autre côté du parc, endroit où il rencontre un deuxième
policier.
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58demande à ce policler s'il peut prendre son cellulaire pour appeler son épouse
Le demande
sa
ne peut rien prendre dans l'auto. Le policier agrée toutefois a
policier Iuienrépond qu'illui-même
appelant son épouse.
59] rencontre ensuite des ambulanciers. II refuse d'aller à l'hôpital. Il demande au
policier des nouvelles de la victime. On lui explique qu'elle a été transportée à l'hôpital.
Plus tard, le policier l'avise qu'il vient d'apprendre qu'elle est décédée. lI pleure.

[60] lI ne peut pas dire si les policiers l'ont arrêté et lui ont donné ses droits, mais il se
SOuvient quils lui ont permis d'appeler un avocat; qu'il a même pu lui parler deux fois sur
place ainsi qu'au poste de police. Il savait aussi qu'il était en état d'arrestation.

[61] l a été placé dans un véhicule de police et y est resté longtemps avant d'être
transféré dans un poste de police; ce qui est corroboré par les policiers. Il faisait alors
noir. II n'avait pas de montre, et pas de cellulaire. Il était fatigué moralement. Il a
Sommeillé dans l'auto-patrouille; ce qui est également corroboré par les policiers sauf
pour la durée exacte du sommeil; les deux policiers ne donnant pas la même durée.

[62 Les policiers ont témoigné à savoir que M. Kiala parlait lentement. II avait 'air un
peu ahuri. ll est toujours resté poli. Ils ne l'ont d'ailleurs pasmenotté.

[63] En fait, cette façon de parler décrite par les policiers est la même que cele qu'a
pu constater le Tribunal tout au long de son témoignage.

[64] M. Kiala a témoigné à savoir qu'il faisait très peu d'heures supplémentaires. Il lui
est arrivé de travailler le dimanche, mais pas à son souvenir la semaine précédant
l'accident.

[65] II n'a jamais cherché à savoir ce qui avait pu causer l'accident, pourquoi il y a eu
cette perte de contact avec la réalité. Le lundi suivant 'accident, ses patrons 'ont
rencontré pour lui offrir l'aide d'un psychologue, etc. Il a refusé.

66 C'est à la suite de pressions de sa femme et d'amis qu'l accepte six mois plus
tard de consulter un psychologue car il pleurait souvent. Son comportement avait changé.

67) I ne lui estjamais venu à l'idée d'aller consulter un médecin pour savoir sil était
possible qu'un problème de santé puisse expliquer cette absence de contrôle du véhicule
au moment de l'accident.
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PRETENTIONS DES PARTIES


68 Les parties reconnaissent l'état du droit.

[69 Des jugements sont soumis de part et d'autre, entre autres, pour reprendre l'état
actuel du droit, mais surtout pour démontrer que dans des situations où les faits semblent
similaires à ceux en cause, il y a eu acquittement (selon la défense) ou condamnation
(selon le ministère public).

70 Le ministère public ajoute que l'accusé a rendu un témoignage non fiable. Lors
d'un événement particulièrement grave de conséquences alors qu'il ne se souvient pas
de ce qui a pu se passer, il ne tente jamais d'investiguer pour comprendre ce qui s'est
passé ou encore pour tenter de se souvenir. C'est un choix personnel qui lui enlève de la
crédibilité; qui soulève des interrogations quant à la vraisemblance de son récit.

[71] De plus, le fait de ne pas se souvenir ne constitue pas une défense en droit
canadien.

[72] Il sait qu'il a travailé durant 12 heures et n'admet pas être fatigué ou encore,
n'admet pas qu'il est possible qu'il puisse s'être endormi au volant. lI maintient qu'il n'était
pas plus fatigué qu'habituellement; qu'il a écouté de la musique et que rien de particulier
ne s'est produit jusqu'å la perte de contröle du véhicule; perte dont il n'a aucun souvenir.

[73] Pourtant les faits mis en preuve démontrent qu'il s'est endormi dans le véhicule
de police. La fatigue était bel et bien au rendez-vous.ll n'aurait pas do prendre le volant
dans cet état.

[74]
74 M. Kiala dit avoir vu l'arbre au dernier moment à cause du bruit et de l'impact; ce
qui semble impossible puisqu'au moment où il reprend ses esprits, il a fait une rotation
antihoraire de 270 degrés. Il ne peut donc voir l'arbre. II dit aussi ne pas avoir ressenti la
rotation du véhicule; ce qui semble également impossible, s'l a senti l'impact sur l'arbre.
La version de l'accusé n'est pas crédible.

[75] La preuve faite démontre le caractère volontaire de la conduite. Puisque l'expert


explique que le volant a un angle de 10 degrés, il y a de la part de l'accusé manipulation
minime du volant. Il y a aussi accélération de la vitesse. II s'agit d'un geste positif que
celui de peser sur la pédale d'accélération de façon constante et continue.

[76] En conclusion, le ministère public allègue que M. Kiala savait qu'il était fatigué et
de méme pris le volant alors qu'il connaissait fort bien le trajet qu'il devait
emprunter; soit un trajet dans un secteur qui demande d'être attentif; d'être alerte. Une
personne raisonnable n'aurait pas décidé de conduire dans ces circonstances.

(77] Preuve hors de tout doute raisonnable a été faite pour chacun des éléments
constitutifs de l'infraction, dont l'êcart marqué par rapport á la norme de diligence qu'aurait
observée une personne raisonnable dans la même situation.
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78La partie défenderesse allègue que la vidéo et les experts démontrent clairement
quil
ne peut qu'y avoir absence de contrôle momentané du véhicule automobile. II
aucune preuve que le volant a été n'y a
bougé, manipulé durant les cinq secondes avant le
premier point d'impact. On ne peut même pas conclure, selon les
quil y a même eu un léger contrôle du volant. Il a dans le casexplications
de l'expert
y de M. Kiala absence
d'opération du véhicule. C'est l'inaction qui est en cause et non le comportement a'un
individu qui fait
plusieurs manaeuvres délibérées avant que ne se produise l'accident.
79 Le défendeur a rendu un témoignage crédible.
80 La preuve du ministère public est circonstancielle. La poursuite doit éliminer toute
explication raisonnable. !I n'appartient pas à la défense de prouver la raison de l'absence
d'opération du véhicule durant une période d'environ cinq secondes.
[81] Le Tribunal peut se servir du sens commun
pour conclure à l'absence
du véhicule d'une durée de cinq secondes. d'opération
ANALYSE

[82 Quant à la crédibilité de l'accusé


83] Le Tribunal conclut qu'il n'y a rien dans la preuve qui lui permette de douter ou
d'entacher sa crédibilité.

[84] Contrairement à plusieurs causes, le Tribunal a pu bénéficier d'une preuve vidéo


qui permet de voir le comportement du véhicule au moment précis des événements. De
plus, les experts peuvent revenir cinq secondes en arrière du premier point d'impact; ce
qui nous amne tout prs de l'intersection où l'accusé perd tout contact aveC la
realite.
[85] Le Tribunal bénéficie donc d'un portrait fort réaliste de la situation.

[86 Rien dans la preuve ne permet de conclure


qu'avant cette intersection, M. Kiala a
eu un comportement fautif. Il a témoigné du trajet emprunté et les différents policiers
ayant témoigné et qui ont eu l'occasion de lui parler peu après l'événement, mentionnent
qu'il a conservé un comportement exemplaire tout au long de l'enquête. ll est poli,
manifeste de l'empathie dès qu'il réalise ce qui est arrivé. l écoute les
policiers ont même décidé de ne pas le menotter n'ayant rien à craindre deconsignes. Les
cet individu.

[87] Seul point pouvant amener à interprétation : M. Kiala parle lentement, semble un
peu en état de choc et aurait même demandé å un policier sil pouvait prendre quelque
chose dans son véhicule (perte totale) pour repartir à la maison.

[88] La façon de parler décrite par les policiers est la même que celle entendue par le
Tribunal au procès. Il est en preuve que M. Kiala a dès sa sortie du véhicule voulu
les policiers. Il est aussi en preuve qu'il était important appeler
pour lui d'appeler sa conjointe pour
lui expliquer ce qui venait d'arriver. Il n'est donc
pas surprenant qu'il ait demandé au
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policer d'aller chercher dans son véhicule des effets personnels. Le comportement des
policiers qui appellent pour lui son épouse, corrobore les intentions de M. Kiala.
[89 Les événements se passent tellement rapidement qu'en regardant une seule fois
la vidéo en salle de cour, on ne
peut voir tout ce que les policiers ont décrit. lI n'est pas
surprenant que l'accusé parle d'un gros bruit, de la vue de l'arbre une fois sur l'arbre et
ne pas avoir senti la rotation. Tout se
passe trop rapidement pour que le Tribunal puisse
Conclure à un manque de crédibilité par rapport à ce que l'accusé dit avoir vu ou senti en
une fraction de seconde.

[90 Il est vrai que le fait que M. Kiala dit ne


pas avoir cherché à savoir ce qui a pu
arriver est surprenant. Il est difficile de
comprendre pourquoi, après une telle tragédie, un
individu ne s'interroge pas sur la cause de l'accident. Me«
suis-je endormi? Etais-je
fatigué que ce que je croyais au moment où jai pris le volant? Qu'étais-je en train plus
de faire
au moment où je perds tout souvenir? Le
médecin peut-il vérifier si je n'ai fait un arrêt
cardiaque d'un court instant? Y a-t-il lieu d'investiguer quant à ma santé?pas Etc.»

91] l a finalement accepté d'aller voir un psychologue, parce qu'il


constamment et parce que tous ses proches le pleurait
Constaté son changement de
poussaient à le faire; chacun ayant
comportement. Ceci ne peut toutefois pas expliquer
pourquoi il n'a pas pensé à aller consulter un médecin après l'accident pour
son état de santé. investiguer

92] La preuve montre qu'il a de


l'empathie envers la victime dès qu'il apprend qu'il a
blessé quelqu'un. Il est croyant et a le réflexe de faire
cette personne. Se sent-il
immédiatement une prière pour
coupable? ll se dit souvent que s'il n'avait pas conduit cette
journée-là, une personne n'aurait pas perdu la vie. Il est donc possible
qu'il se sente
coupable, mais le Tribunal doit faire la distinction entre la faute civile et la faute
Qu'il se sente malheureux et coupable criminelle.
par rapport à la perte d'une vie ne permet pas de
conclure immédiatement à une faute criminelle.

93] Il est
possible que M. Kiala ait cherché à savoir pourquoi il a perdu le contrôle. Il
est aussi possible que la réponse lui est difficile à accepter et qu'il ne désire pas la révéler
en salle de cour. l est aussi
possible qu'il n'ait pas la réponse.
94] Rien n'est limpide. M. Kiala perd-il dès lors toute crédibilité? La
réponse
est non.
95] Relativement à la perte de contrôle du véhicule, la
contrôle momentanée d'une durée de preuve est claire, il y a perte de
vidéo permet aussi de le constater.
cinq secondes. Les experts corroborent ce fait. La

96 Le Tribunal
ne retient pas
l'argument du ministère public voulant que puisqu'il y a
accélération constante (appui sur
sur le volant, il y a un
l'accélérateur) et qu'il y a une déviation de 10 degrés
geste positif posé par l'accusé. Ces arguments ne sont pas
Supportés par la preuve. Ce ne sont pas là les conclusions des
experts entendus.
500-01-209898-201 PAGE 12
97 y a
cependant une preuve que l'accusé a choisi de prendre le volant cette
journée-là.
98 La preuve soumise permet de conclure que preuve hors de tout doute raisonnable
est faite quant aux éléments essentiels suivants de l'infraction
L'accusé a conduit un véhicule moteur;
Sa conduite a été objectivement dangereuse pour le public eu égard aux
circonstances;
Le lien de causalité entre la conduite et le décès a contribué au résultat de
façon plus que minime ou appréciable.
[99] Reste à conclure quant à la mens rea. C'est ce sur quoi les deux
d'ailleurs parties ont
présenté leurs principaux arguments.
[100] Dans R. c. Morin22, jugement de 2021 soumis par le ministère public, la Cour
d'appel rappelle que la preuve relative à létat d'esprit véritable de l'accusé doit
être considérée pour déterminer si une également
personne raisonnable placée dans la même
«

situation, aurait été consciente du risque créé par ce


par. 49.
comportement : R. c. Beatty, »

[101] Elle ajoute que dans Roy, le juge Cromwell énonce ainsi le critère de la mens rea:

36] . ] il est utile d'aborder le sujet en posant deux questions. La première est
de savoir si,compte tenu de tous les éléments de preuve pertinents, une personne
raisonnable aurait prévu le risque et pris les mesures pour l'éviter si possible. Le
cas échéant, la deuxième
question est de savoir si l'omission de l'accusé de
prévoir le risque et de prendre les mesures pour l'éviter si possible constitue un
écart marqué par rapport à la norme de
diligence que respecterait une personne
raisonnable dans la même situation que l'accusé.

[102] Quant aux faits, le jugement Morin n'est pas pertinent puisque l'accusée, une
policière avait délibérément choisi de passer entre deux balises et d'effectuer un virage
à gauche pour rejoindre une sortie à contresens; ce
qui n'est pas le cas en l'espèce.
[103] Le ministre public soumet également Chung, jugement de la Cour suprême du
Canada. Comme dans le présent dossier, une caméra-témoin a capté 4,9 secondes de
l'événement; ce qui perme de constater que M. Chung dans une portion
comprise entre
2 intersections, s'est inséré dans la voie en bordure du trottoir, a doublé au
moins une
voiture par la droite et a accélééré, passant de 50 km/h à 140 km/h, avant de
dans l'intersection.
s'engager

22
R. c. Morin, préc., note 6.
23
Préc., note 14.
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[104 On constate
également qu'alors que M.
a un Chung s'approche d'une intersection, i y
véhicule devant lui qui effectue
virage à gauche pour passer d'une rue a une
un
autre. A ce moment, M. Chung commence à freiner, évite de
entre en collision avec autre
justesse le véhicule, mais
un véhicule, soit celui de la victime à 119 km/h.
[105] ll y a durant toute la durée de la conduite un geste positif, une conduite active. l
n'y a à aucun moment perte de contrôle du véhicule comme c'est le cas dans le
dossier. présent

[106] Une personne raisonnable dans la même situation que M. Chung aurait prévu le
risque qu'il y a d'accélérer rapidement et de s'engager à toute vitesse dans une
intersection importante et aurait pris les mesures l'éviter. pour
[107] Cette jurisprudence n'aide toutefois pas le Tribunal quant aux faits à l'étude.

[108] Quant au jugement Roy, toujours de la Cour suprême24, l'accusé ayant causé la
collision est amnésique. II n'a aucun souvenir des événements.

[109] Les faits peuvent se comparer à ceux en cause puisque M. Roy revient du travail
et connait bien le trajet emprunté.
[110 La preuve de la poursuite établit que M. Roy, qui se trouvait à un arrêt à une
intersection difficile et dans des conditions de faible visibilité, a
l'autoroute alors qu'il n'était pas prudent de le faire. Le engagé són véhicule sur
temps écoulé entre le moment où
les véhicules sont devenus visibles, l'un
par rapport à l'autre, et l'impact serait de
quelques secondes seulement. La décision de M. Roy de s'engager sur l'autoroute est
compatible avec une mauvaise évaluation de la vitesse et de la distance qui a été faite
dans des conditions difficiles au moment où la visibilité
était mauvaise.
[111] La Cour suprême a conclu qu'il s'agit d'une seule erreur momentanée
dont les conséquences ont été de jugement
tragiques. II ne permet pas de conclure raisonnablement
que l'accusé a démontré un écart marqué par rapport à la norme de
respecterait une personne raisonnable dans la même situation. diligence que

[112] Quant àla perte de mémoire de l'accusé pour expliquer ce qui a pu se passer, la
Cour mentionne que le juge de
première instance a commis une erreur de droit en
assimilant la faute à l'omission d'expliquer la conduite.

[113] En ce qui a trait aux jugements soumis par la défense25, le cas de M. Graham
retient particulièrement l'attention du Tribunal. L'accusé ne se souvient
pas de ce qui est
arrivé.

24
R. c. Roy, préc., note 4.
25
Laurin c. R., 2018 QCCA 2029; A. v. St-Hilaire, 218 ONSC 6224; Graham c. R., 2016 QCCA 642.
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[114 y a accélération non expliquée alors


qu'avant cet instant, l'accusé conduisat
prudemment. II y avait port de la ceinture de
sécurité, pas de défectuosité mécanique,
pas de preuve matérielle de freinage, chaussée en bon état, etc. Un expert a
La Cour d'appel a conclu que la mens rea n'a pas été établie hors de tout doutetémoigne
raisonnable et l'accusé a été acquitté.
[115 La poursuite plaide que contrairement au cas de M. Kiala, un témoin, soit la
conjointe de l'accusé, était sur place et a pu expliquer ce qui s'est passé.

[116] Si le Tribunal retenait cet argument, ceci reviendrait à dire qu'il y a renversement
du fardeau de preuve ou encore que dans les cas où il y a perte de mémoire ou absence
d'explication, sans témoin, l'accusé ne pourrait soulever un doute raisonnable. Cest
justement ce qui a été rejeté par la Cour suprême dans Roy26
[117 Comme déjà mentionné le témoignage de M. Kiala est crédible. Bien qu'il ne se
sOuvienne pas de ce qui s'est passé, il est en preuve qu'il lui arrivait rarement de faire
des heures supplémentaires. Cette semaine-là, c'est la seule fois où il en a fait. Ces
heures supplémentaires sont de deux heures avec plusieurs pauses et un temps d'arrêt
pour le lunch. Il a l'habitude de travailler 50 heures par semaine, deux heures de plus
n'équivaut pas à une demande disproportionnée permettant de conclure sans autre
réflexion qu'il aurait dû prévoir le risque et aurait dú prendre les mesures pour l'éviter en
ne conduisant pas à la fin de son quart de travail.

118] l est aussi en preuve qu'il a dormi entre six et sept heures cette nuit-là; ce qui
n'est également pas hors norme. La veille, il a effectué la même routine
qu'habituellement. Rien de particulier ne s'est produit.

[119 I ne sesentait pas plus, pas moins fatigué que tous les autres jours à la fin de son
quart de travail.

[120] admet avoir dormi dans le véhicule de police en attendant un autre véhicule qui
devait l'amener à un poste de police. Il est en preuve qu'il y est resté fort longtemps.
Durant toute cette période, il n'a pas ou peu d'interaction avec quiconque, ça fait
maintenant longtemps qu'il est actif et vient de vivre un choc émotionnel important. Le
fait qu'il se soit endormi durant cette période ne permet pas de conclure qu'il était dans
le même etat lorsqu'il a décidé de prendre le volant à la fin de son quart de travail.

121] Même si M. Kiala ne peut expliquer ce qui s'est passé, l'état d'esprit de ce dernier
a été mis en preuve alors qu'il explique sa routine, les heures supplémentaires, ce qu'il a
fait en sortant du travail, et en conduisant jusqu'au moment où il perd tout contact avec
la réalité.

[122] Lapreuve compte tenu de tous les éléments pertinents, ne permet pas d'étayer la
conclusion que l'accusé a agi avec le degré de culpabilité morale suffisant et ne permet

26 R. c. Roy, préc., note 4.


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pasde démontrer hors de tout doute raisonnable que son compotement s'écartait de
façon marquée de la norme de diligence raisonnable qu'une personne raisonnable,
placée dans la même situation, aurait respectée.
2 3 lI n'y a aucune preuve démontrant la moindre intention délibérée de créer un
danger pour les autres usagers de la route. II y a perte momentanée de contrôle
inexpliquée. Tout ce qui a précédé semble toutefois s'inscrire dans le comportement
usuel de tout conducteur automobile.

124] Le comportement objectivement dangereux de l'accusé ne permet pas d'inférer la


mens rea requise.

125) La preuve soumise par M. Kiala ainsi que la preuve soumise par les témoins
experts et le visionnement de la vidéo soulèvent un doute raisonnable que la poursuite a
établi la preuve de la mens rea requise pour conclure à une conduite dangereuse causant
la mort.

POUR CES MOTIFS, LE TRIBUNAL


[126] ACQuITTE l'accusé.

DOMINIQUE B. JOLY, J.¢.Q.


MeAnik Archambault
Pour le poursuivant

Me Charles Benmouyal
Me Vincent Petit
Pour l'accusé

Dates d'audience: 5, 6,7 et 8 décembre 2022 COPie CONrUni

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