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Mamadou Moustapha DIOUF, Président de la Cellule de
Communication de la Dahira LadalManazili Touba Nice (France)
Cheikh NDIAYE, PDG de Borom Louga TV
Cherif Ahmedou LY, CTO aCAN Group
Mbacké MBODJI, Caméraman- Réalisateur à Touba Tv, PDG de
Louga TV,
Serigne Mbacké MBODJI, Jawrin de la Fédération des Dahiras et
Dahras Mourides de Louga (Majmahou Noureyni)
Mouhameth Galaye NDIAYE, Théologien et Philosophe, Diplômé
de l’Université Al-Azhar d’Egypte, Diplômé de l’Université de Liège
en Belgique, Directeur Institut AL-MIHRAB, Ex-Imam de La Grande
Mosquée de Bruxelles
Cheikh Abdou Lahad KA Werekaan , Petit-fils fils de Serigne
Moussa KA , spécialiste de la langue Wolof
Makhtar FALL, Professeur de Wolof et de Français à l’Université
Khadim Rassoul de Touba (UKRAT)
Serigne Touba SECK, Entrepreneur, Graphiste-Designer, PDG de
Xel’Com Pictures
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B A M B PRÉFACE
A M B A Y E
J'ai été envahi par un profond sentiment de plaisir lorsque mon ami et frère
Sérigne Bamba Mbaye, m'a demandé de rédiger un petit texte sous forme de
préface pour son ouvrage intitulé «Analyse des manifestations de la crise
économique mondiale des années 30 dans le Poème " Xarnu bi" de Serigne
Moussa KA», tâche certes difficile mais combien excitante dévolue à ma
modeste personne.
Mon Ami Bamba MBAYE est un jeune chercheur très prometteur. J'ai eu le
privilège récemment d'entrer en contact avec ses écrits, j'y ai découvert un
esprit non seulement mûr mais aussi soucieux d'innover dans le patrimoine
islamique sénégalais. Cette étude décèle le portrait d'un homme
constamment animé d'un souci de vulgariser les écrits du grand poète
mouride Sérigne Moussa KA, un poète dont les écrits transcendent les
générations. On a l'impression qu'il vit encore parmi nous. Il croit fermement
que le legs des pères fondateurs peut constituer un levier important pour le
salut, non seulement du continent noir, mais aussi de l'humanité toute
entière.
Il s'y rajoute que l'auteur de cet opuscule est un mouride convaincu issu du
terroir et qui a une parfaite connaissance du patrimoine mouride, cela se
manifeste dans ses analyses tout au long de l'ouvrage. Le lecteur découvre
dans ce présent ouvrage l'empreinte de Sérigne Moussa KA à travers les
générations.
Il sied de rappeler aussi que le poète Bamba MBAYE du fait qu'il est un pur
produit du Mouridisme, n'a menagé aucun effort pour faire preuve d'un
engagement sans faille et d'une détermination incommensurable à l'égard
de l'étude du patrimoine du Mouridisme.
Elle est excitante parce que cet important ouvrage revêt, sans aucun doute,
un caractère très innovant.
Bamba MBAYE nous propose une grille de lecture toute nouvelle jusqu'ici
peu répandue au sein de l'intelligentsia mouride. Ce qui, à mon humble avis,
ne manquera pas de stimuler le lecteur.
On espère encore de notre ami et jeune frère Bamba MBAYE plus de
productions afin qu'il soit un exemple à suivre pour les jeunes chercheurs de
son âge. Voici une œuvre de qualité qui, je l'espère vivement, apportera une
plus-value aux études consacrées au Mouridisme.
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B A M B A M B A Y E
Au Nom d’ALLAH, Le TOUT
MISÉRICORDIEUX, Le TRÈS
MISÉRICORDIEUX.
Que la paix et le salut d’ALLAH soient sur
notre Guide, Mouhamed (PSL).
Nous implorons Votre assistance, Vous
l’ASSISTANT, et c’est exclusivement auprès
de vous que nous sollicitons.
AU NOM DE DIEU, LE CLÉMENT, LE
MISÉRICORDIEUX
Que la Paix et le Salut d’ALLAH, le Très-Haut
soient sur le Prophète
Mouhamed (PSL), sa famille, et ses
compagnons, ainsi que son Serviteur
privilégié, Cheikh Ahmadou Bamba (RTA).
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Bref aperçu sur l’auteur:
Le plus connu parmi les poètes Mourides appelés communément «
wolofalkat », Serigne Moussa KA est né à Ndiliki, près de Mbacké
Baol vers 1889. L’IFAN CHEIKH ANTA DIOP dispose de la
quasi-totalité de sa production et beaucoup de chercheurs se sont
penchés sur son œuvre.
Le Poète Cheikh Moussa KA, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba
donne l’impression d’un chantre de l’émancipation nègre à travers les
panégyriques dédiés à son maître spirituel.
Très enraciné dans sa culture, il choisit de mettre la langue arabe qu’il
maîtrise bien au service de sa langue locale (Wolof). Il avance :
Lu tax mu diy wolof li gaay yi jàngul
Na man na maa way ci araab yu dëngul
Traduction :
C’est à cause de la non maîtrise de la langue arabe
par la masse que j’écris en Wolof
Mais je peux m’exprimer correctement en langue Arabe.
Dans cette même lancée, Ndjàmme ajoute:
Li tax way wiy wolof te waroon di yaaram
Damaa nar gaayi jànjul xam Boroomam
Traduction :
Ce qui fait que ce poème est en wolof alors
qu'il devait être en arabe,
C'est parce que j'ai l'intention de faire connaitre leur Seigneur à
ceux qui n'ont pas étudié (l'arabe).
ATTENTION!
Il faut traçer une ligne de démarcation entre deux termes que
Serigne Moussa utilise fréquemment: le mot «Yaaram» et «Araab».
En effet, chez Moussa KA ce terme est polysémique. Il peut signfier
d’une part la langue Arabe ou l’Arabisan et d’autres part le sens
usuel du Wolof standard (Yaaram = un pieux).
Plus souvent, il utilise le terme yaaram pour désigner les arabes et
araab pour parler de la langue.
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A travers différents genres et thématiques, de l’élégie à
l’hagiographie, ses «chants» bouleversent l’ordre classique de la
littérature «ajami» par son accent de fierté et de défiance qui
rappelle dans une certaine mesure la virulence de la Négritude. Ainsi,
il figure parmi les plus grands producteurs de la littérature «ajami» au
Sénégal. Seulement, certains de ses poèmes surprennent du fait
qu’ils sont rythmés par des notions d’une dimension élevée de la
culture soufie.
Diao FAYE (Maitre de conférences, Formateur à la FASTEF,
Inspecteur de l’Education et de la Formation/vie scolaire, Inspecteur
de L’Enseignement Elémentaire, Instituteur), en dénombre 24 dans
son étude. Ses œuvres les plus populaires sont : Jazaa u Shakûr,
Taxmîis, Boroomam, Ndjouthie Ndjathie, Yaasin Jaal, Xarnu bi qui
est l’objet de cette présente étude afin d’y relever les manifestations
de la crise économique des années 30 en Afrique Occidentale
Française (A.O.F) plus particulièrement au Sénégal.
Appelé aussi Njàmme, le grand poète Serigne Moussa KA a bénéficié
de l’influence des Pionniers tels que Serigne Mor KAYRE, Cheikh
Samba Diarra MBAYE et Serigne MBAYE DIAKHATE . Il a produit des
poèmes dont les caractéristiques essentielles demeurent leur
diversité et l’ampleur. Il déclare :
"Dexug KAYRE laa naane ànd ak Abaabakar Sadîq"
Traduction :
C'est au fleuve de KAYRE (Moor) que je me suis abreuvé en
compagnie de Ababacar Sadiq (Serigne MBAYE DIAKHATE)" dira
Moussa KA dans "taxmîs".
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« XARNU BI »
Traduction : Ce Siècle
«Xarnu bi» est un poème légendaire composé par Cheikh Moussa
KA, l’une des figures les plus éminentes de la littérature wolof,
disciple et parent de Cheikh Ahmadou Bamba. A travers cette élégie,
Moussa KA fait une description assez saisissante des affres de la
crise des années 30 qu’il lie systématiquement à la disparition
récente de Cheikh Ahmadou Bamba (1927).
Il faut aussi savoir que selon Cheikh Moussa KA, toutes les difficultés
de cette époque étaient liées à la disparition du Cheikh.
Pourquoi l’auteur soutient-il une telle thèse ?
Écoutons Moussa KA!
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C'est ta mansuétude qui nous octroyait
Ce à quoi nul ne pensait;
C'est toi qui nous servais et nous alimentais;
Tu as rassasié toutes les créatures de ce siècle.
«Tel est, par exemple, la poésie religieuse des Wolofs, qui constituent
les premiers monuments littéraires de notre langue et par
conséquent les premiers fondements de notre culture nationale…»
(DIOP Cheikh Anta Nations nègres et culture. T2, 3ème éd.,
Présence Africaine, Paris 1979.)
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Dans un ouvrage dédié à Moussa KA et intitulé SËRIÑ MUSAA KA
MELOKAANI ROYTÉEF (Serigne Moussa KA, un symbole à
reproduire), Sana KAMARA (professeur au Truman State
University –USA) analyse les écrits du grand poète classique wolof.
Dans la note de présentation de l’ouvrage, on peut lire :
« Le projet poétique de Moussa KA est essentiellement inspiré par le
fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, dont il a été le
chantre dévoué. Les six poèmes étudiés dans cet ouvrage réunissent
près de 5000 vers et touchent à trois genres : l’épopée, l’élégie et le
panégyrique».
«Moussa KA verse aussi bien dans le récit épique ou l’éloge funèbre.
Il a aussi écrit de grandes odes sur la mystique musulmane et même
quelques textes bradins avec une métrique assez originale dotée
d’une polyphonie esthétique »
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Qu’on peut traduire par:
«Toute langue restera belle,
Tant qu’elle éclairera l’esprit des hommes
Et éveillera en eux le sens de la dignité…»
Traduction :
Ô si vous m’écoutiez nous offririons une précision aux vertueux
Ceux qui disent que composer en wolof n’est pas bon, or la vanité
écrase le valeureux
C’est lui l’unique wolof dont le semblable est introuvable chez les
Arabes.
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Cet attachement fort des disciples mourides à leur identité propre
découle de la praxis et des enseignements de Cheikh A. Bamba qui
écrivit très tôt dans Masâlikul Jinân :
« La couleur de la peau ne saurait en aucune manière être le
fondement de la sottise ou d’éventuelles carences intellectuelles…»
Cependant , pour bien saisir les concepts utilisés dans les nombreux
poèmes de Moussa KA ( exemple de ce «XARNU BI») et d’autres
grands poètes mourides, tels Mbaye DIAKHATÉ, Samba Diarra
MBAYE , Mor KAYRE etc., il convient souvent d’avoir un bon niveau
linguistique, de se familiariser à certaines figures de style assez
recherchées et de maitriser les principes et l’histoire de l’Islam, du
Soufisme et du mouridisme en particulier.
Contexte de production :
Ecrit en 1929-deux ans après la disparition de Cheikh Ahmadou
Bamba-ce poème est écrit dans un contexte très précaire jalonné par
la crise économique mondiale qui n’a pas épargné la France et ses
colonies. Ainsi, la généralisation de la pauvreté, la sècheresse, la
famine, la misère caractérisèrent la vie durant cette époque. Ce fut
dans ce sillage que Njàmme, sous la demande de Serigne Dame
Abdou Rahmane LO, prit sa plume et adressa des prières au Tout
Puissant par l’intermédiaire du Cheikh.Il s’agit là précisément de
prière d’intercession, pour solliciter un bienfait matériel, moral ou
spirituel. Elle est donc à distinguer de la prière obligatoire ou
surérogatoire, acte rituel canonique que le croyant accomplit selon
des modalités précises. Les prières sont, en principe, adressées au
SEIGNEUR, Pourvoyeur de tout bienfait, mais, il arrive que, dans son
poème, Serigne Moussa KA interpelle directement Cheikh Ahmadou
Bamba pour lui adresser ses prières.
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Cela s’explique simplement par le fait que, pour le poète, son guide
dispose de grâces octroyées par DIEU tellement importantes, et sa
confiance en lui est tellement grande qu’il en fait un intermédiaire, un
médiateur privilégié.
(Voir page 318, Lo Mamadou, Un aspect de la poésie « wolofal » mouride).
C’est dans cette logique que Moussa KA commence son poème par
ces mots :
Sëriñ bi noo gi deeti ñaan
Faqiir dafay nangoo dagaan
Nangul nu lépp lu nu ñaan
Ndax Yàlla naatal XARNU BI
Traduction:
Ô Cheikh nous te sollicitons
Un indigent doit accepter de quémander
Exauce pour nous toutes prières
Afin que DIEU rende Le siècle prospère
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Traduction:
Mbacké, Tu es détenteur de secrets mystiques
Et que la famille est rongée par la précarité
Ils ont fait de moi leur interprète
Et je suis leur laptot durant ce siècle
Je ne suis pas à la hauteur pour t’interpeller
Mais c’est toute la communauté mouride qui m’a exhorté :
Exprime nos peines à notre place
Ta voix est la voix des gens de ce siècle.
Traduction:
Moussa KA votre panégyriste
Vous chante, Vous supplie
Vous rend grâce, Vous loue et prie pour Vous
Afin que DIEU rende prospère ce siècle.
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Un aperçu sur la crise économique des années 30
Introduction
En 1929 une crise économique qui débute aux Etats-Unis, se répand
dans le monde, particulièrement dans les pays industrialisés par
divers mécanismes. Elle entraine diverses conséquences.
I- Les causes et les mécanismes de la crise
A- Causes
-Le déséquilibre du marché: aux Etats-Unis, la production
industrielle augmente considérablement depuis 1922 à cause de la
forte demande de l'Europe ruinée par la «Grande Guerre» . Or, en
1927 l'Europe reconstruite achète moins qu'avant et les marchés se
rétrécissent d'autant plus que la concurrence est vive entre les
puissances capitalistes. Il se crée ainsi un décalage entre la
production et la consommation.
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B- Les mécanismes (aspects) de la crise
A- Aux États-Unis
Le président F. D. Roosevelt accroit les interventions de l'État, lance
des programmes d'infrastructures pour lutter contre le chômage et
relance la croissance. Il entreprend d'assainir l'économie dans le
cadre du New Deal. Ces mesures permettent de restaurer la
confiance. Progressivement, la dépression recule mais c'est l'entrée
en guerre des États-Unis, en 1941, qui permet de la supprimer
totalement.
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B- Ailleurs
La France s’engage en 1934 dans une politique de déflation et de
blocage des salaires des fonctionnaires. Mais l’échec de ces mesures
provoque, en 1936, la victoire du Front populaire qui ne parvient pas
à enrayer la crise économique et financière.
L’Angleterre dévalue sa monnaie en 1931 et s’engage dans une
politique protectionniste.
En Allemagne, le parti nazi promet aux chômeurs le retour de la
croissance. Adolf Hitler mène, à partir de 1933, une politique
d'industrialisation et démilitarisation qui permet le retour à l'équi-
libre mais entraîne l'Europe dans la guerre.
Le Japon choisit la voie de la croissance industrielle dopée par la
conquête de marchés extérieurs et les dépenses militaires.
Conclusion
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Les manifestations de la crise au Sénégal:
Après la Conférence de Berlin, place est faite à la course au clocher et
le continent africain tomba sous la domination politique, économique
et militaire des grandes puissances de la métropole. Notre pays, le
Sénégal, s’est transformé en colonie française et le sénégalais est
désormais devenu «un citoyen français d’Afrique». Ainsi, il est
logique que sa population soit affectée par les dégâts de la crise qui
toucha tout le peuple français. Dans les lignes suivantes, nous allons
essayer d’étudier les impacts de la crise au Sénégal : la famine, la
pauvreté, la sécheresse, l’incroyance religieuse, la migration dans
le poème «XARNU BI».
a) La famine :
Elle est sans doute l’un des thèmes les plus fréquents dans le poème.
En effet, l’auteur ne ménage aucun effort afin de peindre la réalité de
la famine durant cette crise.
Dans le vers 15, il dit:
Jamono jaa ngi xiif a xiif
Luñ togg, bar gi ni ko fuuf
Seex Bàmba, neel ngën ji mbindéef
Mu dellu naatal XARNU BI
Traduction :
Les gens de cette époque ont tellement faim
Tout repas préparé est mangé par les désœuvrés
Cheikh Bamba, dis au Prophète (PSL)
De rendre de nouveau prospère ce siècle.
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Dans ces propos, l’auteur met en exergue la forte présence de la
famine. La répétition du mot «xiif» (faim) au premier vers
accompagnée d’une représentation « Luñ togg, bar gi ni ko fuuf »
(tout repas préparé est mangé par les désœuvrés) montrent
clairement comment la population était gagnée par la famine.
Laquelle difficulté impacta négativement sur le plan physique,
psychologique, moral et agricole la vie des hommes. C’est ainsi que
Njàmme nous révèle que :
Sur le plan physique : «Xiif tax na, ñenn mag ñi yooy …» (C’est à
cause de la famine que certains vieux sont devenus impuissants).
Sur le plan moral : «Xiif tax na, gor su ndaw si jooy… » (C’est à cause
de la famine que les hommes dignes se mettent à pleurer).
Sur le plan agricole : «Xiif tax na, yenn tool yi booy …» (C’est à cause
de la famine que certains champs sont devenus incultes).
Sur le plan économique : «Taxna, ña daa joxee ngi laaj
Ñii ñépp seen i sas di xaaj
Kenn dóotu dem fenn ba waaj…»
(C’est à cause de la famine que les donneurs d’autrefois sont devenus
aujourd’hui des quémandeurs;
certains divisent en deux leurs assignations;
personne ne peut plus préparer un voyage sur tous les plans).
b) La pauvreté:
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En sus, la métaphore de l’arbre orphelin vient intensifier la présence
de la pauvreté :
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D’Après une si longue analyse, nous pouvons affirmer que toutes les
couches de la société sénégalaise étaient au même pied sur le plan
financier. De ce fait, personne ne voulait se montrer aisé et par
conséquent on se mettait à thésauriser le minimum de sous dont on
disposait. Et cela est bel et bien confirmé par Serigne Moussa KA
quand il affirme que :
«Bawol-bawol Jolof-jolof…» (Les gens du Baol et les gens du Djolof),
«Mboolem Pël'ak Naar'ak Wolof …» (L’ensemble des Peuls, Maures
et Wolofs).
«Kenn gis a tul ku ame yëff …» (Personne ne voit plus un riche).
Dans cette volonté de peindre l’étendue de la pauvreté durant cette
période, l’auteur étale une comparaison entre la vie pré-crise et celle
au moment de la crise. Il s’efforce de nous exhiber le large fossé
social, économique et financier qui existe entre ces deux moments.
Cela est aussi matérialisé par l’utilisation de ces temps : L’Imparfait
de l’indicatif et Le Présent de l’indicatif.
«Koo xam ni daan a ame jaak …» (Quiconque détenait des tas de
mil…)
«Daa ame àngaar-aki juuk …» (Et qu’il en économisait une grande
quantité dans un hangar)
«Mii at mu am déwén mu jéex» (Il en possède cette année-ci et
l’épuisera l’année suivante).
«Ku mas a am yaar i watta …» (Quiconque détenait deux voitures…)
«Soxla na ren jii yaar i mëttaa» (A besoin de quarante kilogramme de
mil cette année-ci)
«Te munta am njëg u mëtta » (Et il ne peut pas avoir le prix de vingt
kilogramme de mil). Quelle Ignominie!
Et Njàmme ne s’arrête pas là, il poursuit :
«Koo xam ni daan a ame taax» (Quiconque possédait un beau toit)
«Tay ming ni ngeeju'b néek bu baax» (Il est aujourd’hui à la
recherche d’une bonne chambre…)
«Bu gën a feex bam ni ca faax » (Plus confortable où il s’empresse à y
s’installer).
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Sur le plan international, l’auteur décrit la situation de la pauvreté
en empruntant le vocabulaire de l’échec.
Il annonce :
«Tubaab yi sax pert nañu» ( Même les «toubabs» ont connu une
perte »
«Ña leen gëmoon pert nañu» (De même que ceux qui les croyaient)
«Yahood yi it fayitt nañu» (Les juifs aussi ont connu la faillite).
«Seex buñ xamoon dellu fa jaar» (Ils font le tour des Cheikhs qu’ils
connaissaient)
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c) La Sécheresse :
L’une des calvaires que les paysans de l’époque ont vécus avec
tristesse et déception : la sécheresse !
Elle avait envahi le sommeil de toute la population agraire. Les terres
étaient devenues sèches, infertiles et incultes. Les arbres dépourvus
de feuilles et la nature laissait défiler sa laideur.
Dans son étude intitulée « L’évolution de la pluviométrie au Sénégal
et les incidences de la sécheresse récente sur l’environnement »,
Jean-Baptiste Ndong (Doctorant CNRS URA 260 Université Jean
Moulin, Lyon) nous fait un résumé de son article :
«La zone soudano-sahélienne est frappée par une sécheresse qui se
caractérise par sa durée, son intensité et son extension vers le sud.
Au Sénégal, les isohyètes des normales 1931- 1960, 1961-1990 et
de la moyenne 1970-1993, tracées à partir de 32 stations montrent
la migration vers le sud des différents domaines climatiques. Les
conséquences de cette péjoration pluviométrique se traduisent par
la dégradation du milieu naturel. La sécheresse entraîne la
destruction de la végétation. Les sols sont soumis à l'érosion et au
ruissellement. L'acidification et la salinisation sont accentuées
surtout en Casamance et dans l'estuaire du Saloum. La déflation
éolienne s'intensifie».
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Traduction :
La petite végétation n’est plus verdoyante
Les anciens que Tu as éduqués n’ont plus rien dans leurs enclos
C’est pourquoi je vous supplie d’arroser
Les pépinières qui sont dans ce siècle.
d) L’incroyance religieuse :
La vie fatale pendant la crise économique mondiale des années 30
avait affecté aussi négativement la croyance de certains musulmans
en général, et certains disciples mourides en particulier : «Ñoo séen
i ngëm rékkiku na ngir ñàkk gii ci XARNU BI» (D’Autres n’ont plus
de croyances à cause de la pauvreté qui a frappé ce siècle). Par
conséquent, ils transgressaient les lois divines dans le seul but de
survivre. C’est ce que dessine Moussa KA dans ces vers :
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« Ña tukkiwan faf nañu laŋ
Fuñ wàcci deef i léen falaŋ …»
Traduction :
Les émigrés sont finalement restés
Ils ne seront acceptés nulle part.
Conclusion générale :
«XARNU BI» de Serigne Moussa KA est une œuvre incontournable
dans l’étude des dégâts de la crise économique mondiale des années
30 et leurs conséquences dans divers secteurs dans la zone ouest
africaine.
A la fois élégiaque et panégyrique, Serigne Moussa KA y relate
objectivement l’histoire de cette époque et y décèle comment s’est
manifestée la crise dans la société sénégalaise.
C’est un poème polysémique avec une résonnance mystique,
politique et socio-économique.
Il englobe une fonction historique et d’archives à travers ces faits
et continue de les transmettre de génération en génération.
24
Bamba MBAYE
«Je sais certainement que je ne pourrais faire une étude exhaustive
de ce sujet, mais je prépare le terrain à un éventuel intéressé mieux
instruit et plus motivé, à qui DIEU inspirerait la volonté de se rendre
utile aux croyants pour complaire à son Seigneur.
Un noble hadîth dit: "les hommes constituent la famille de DIEU;
celui d'entre eux qu'il aime le plus, est le plus utile à ses
semblables." Il est dit également que celui qui retrace la vie d'un saint
disparu, agit comme s'il le faisait revivre.
25
BIBLIOGRAPHIES :
h t t p s : // w w w. i c o u r s . c o m /c o u r s / h i s t o i r e / l a - c r i s e - e c o n o -
mique-des-annees-30
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27
Cheikh Moussa KA
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Enseignant en service à l’IEF de Birkelane, Titulaire d’une Licence
en Langue et Civilisations Hispanique à L’UGB de Saint-Louis,
Titulaire d’un diplôme de formation dans les métiers de l’animation
radio, de la présentation télé et de l’écriture journalistique, Pèote
sénégalais, hagiographe mouride, Conseiller en communication à
Touba Vision et Borom Louga TV , Journaliste - Présentateur
trilingue ( wolof, français, espagnol).
Analyste d’ouvrages sur la littérature «Wolofal» Mouride
B A M B A M B A Y E
L'étude que Bamba MBAYE fait de "Xarnu bi", ce grand poème de S Moussa KA, mérite d'être
connu à plus d'un titre. D'abord, l'auteur du poème : S Moussa KA, pionnier parmi les pionniers
de la littérature wolofal mouride. Ce monument de la poésie wolofal mouride constitue en
effet, avec Cheikh Samba Diarra MBAYE, S Mor KAYRE et S Mbaye DIAKHATE ce fameux
quatuor que S MBOUP, dans sa thèse de doctorat à assimilé à la Pléiade de la Renaissance
française.
Mais, l'étude de Bamba MBAYE se révèle surtout un moyen privilégié de rendre compte d'un
fait historique pas suffisamment pris en charge par la recherche contemporaine : les impacts
sociologiques, économiques et politiques de la crise économique des années 30.
L'étude de Bamba MBAYE, sans être un traité d'histoire, simplement par le prisme de l'analyse
textuelle d'un poème, donne un éclairage saisissant de ce terrible épisode de l'histoire
contemporaine. Les privations, le désarroi des populations, singulièrement dans les pays sous
domination coloniale tels le Sénégal, les bouleversements sociaux dans lesquels tout un peuple
a subitement basculé, rien n'a échappé à la peinture de S Moussa KA.
Mais, l'éclairage de Bamba MBAYE laisse voir avant tout, la force de la foi dans la capacité
d'intercession d'un guide de la trempe de Khadimou Rassoul. "Xarnu bi" est ainsi une œuvre
poétique d'une épaisseur extraordinaire. En parcourant les vers de ce poème, on ne peut ne
pas être subjugué par cette richesse de la langue wolof faite de nuances subtiles, de tournures
et d'expressions qui méritent amplement d'être remis au goût du jour, afin de revigorer cette
langue que des attaques multiformes assaillent de toutes parts.
L'éclairage de Bamba MBAYE a mis tout cela en relief, et bien d'autres subtilités que la lecture
de son texte permet de découvrir.
Bamba est, sans conteste, un jeune talent bénéficiant déjà de la sensibilité du poète et critique
littéraire, de la foi du disciple mouride vouant un amour ardent à son guide, et du nationaliste,
militant infatigable de la sauvegarde des valeurs culturelles sénégalaises et africaines.
1
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