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B A M B A M B A Y E

Analyse des manifestations de la crise économique


mondiale des années 30 en Afrique Occidentale
Française(A.O.F), plus particulièrement
au Sénégal, dans le poème« XARNU BI »
de Serigne Moussa KA.
REMERCIEMENTS
Mamadou LO, Ecrivain et Chercheur en littérature «Wolofal» et
Etudes mourides, Inspecteur de l’Education Nationale Principal de
classe exceptionnelle à la retraite, Ancien Instituteur, Ancien
Professeur de Français, Ancien IEF de Birkelane Membre de
Rawdur-rayâhin, une structure de recherche et de production sur
l’Islam et de la Mouridiyya, Fondateur du Complexe d’Education et
de la Formation «Almouridiya».
Fallou NGOM, Professeur d’Anthropologie ; Directeur du Centre
d’Etudes Africaines,
Université de Boston USA.
Ousseynou WADE, Formateur au CRFPE de Dakar.
Serigne Mahmoudane MBACKE Ibn Serigne Amar MBACKE,
Dignitaire mouride résidant à Louga, Spécialiste en poésie «wolofal»
mouride.
Seydina Omar BA, Chercheur sur le mouridisme, Sociologue,
Secrétaire Général de L’UJCAD (Union des Jeunes Cadres Africains
pour le Développement)
Babacar NDIAYE, Titulaire d’un Master 2 en Littérature Comparée
à L’UGB de Saint-Louis, Spécialiste dans les écrits du Cheikh Saer
GUEYE, Principal de collège à la retraite.
Papa Amadou MBOW, Professeur d’espagnol.
Sana KAMARA, Professeur au Truman State University –USA
Assane MBOUP, PDG de SHOW ME et Président de l’Union
Internationale des TV Educatives Francophones, Fondateur de
Télé-Ecole.
Khadim SECK, PDG de Touba Vision
Ibrahima DIAGNE dit Monsieur Jiimm, Professeur de philosophie
au Lycée Malick Sall de Louga et par ailleurs membre fondateur du
groupe scolaire Les Lumières de La Sagesse.

1
Mamadou Moustapha DIOUF, Président de la Cellule de
Communication de la Dahira LadalManazili Touba Nice (France)
Cheikh NDIAYE, PDG de Borom Louga TV
Cherif Ahmedou LY, CTO aCAN Group
Mbacké MBODJI, Caméraman- Réalisateur à Touba Tv, PDG de
Louga TV,
Serigne Mbacké MBODJI, Jawrin de la Fédération des Dahiras et
Dahras Mourides de Louga (Majmahou Noureyni)
Mouhameth Galaye NDIAYE, Théologien et Philosophe, Diplômé
de l’Université Al-Azhar d’Egypte, Diplômé de l’Université de Liège
en Belgique, Directeur Institut AL-MIHRAB, Ex-Imam de La Grande
Mosquée de Bruxelles
Cheikh Abdou Lahad KA Werekaan , Petit-fils fils de Serigne
Moussa KA , spécialiste de la langue Wolof
Makhtar FALL, Professeur de Wolof et de Français à l’Université
Khadim Rassoul de Touba (UKRAT)
Serigne Touba SECK, Entrepreneur, Graphiste-Designer, PDG de
Xel’Com Pictures

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B A M B PRÉFACE
A M B A Y E
J'ai été envahi par un profond sentiment de plaisir lorsque mon ami et frère
Sérigne Bamba Mbaye, m'a demandé de rédiger un petit texte sous forme de
préface pour son ouvrage intitulé «Analyse des manifestations de la crise
économique mondiale des années 30 dans le Poème " Xarnu bi" de Serigne
Moussa KA», tâche certes difficile mais combien excitante dévolue à ma
modeste personne.
Mon Ami Bamba MBAYE est un jeune chercheur très prometteur. J'ai eu le
privilège récemment d'entrer en contact avec ses écrits, j'y ai découvert un
esprit non seulement mûr mais aussi soucieux d'innover dans le patrimoine
islamique sénégalais. Cette étude décèle le portrait d'un homme
constamment animé d'un souci de vulgariser les écrits du grand poète
mouride Sérigne Moussa KA, un poète dont les écrits transcendent les
générations. On a l'impression qu'il vit encore parmi nous. Il croit fermement
que le legs des pères fondateurs peut constituer un levier important pour le
salut, non seulement du continent noir, mais aussi de l'humanité toute
entière.
Il s'y rajoute que l'auteur de cet opuscule est un mouride convaincu issu du
terroir et qui a une parfaite connaissance du patrimoine mouride, cela se
manifeste dans ses analyses tout au long de l'ouvrage. Le lecteur découvre
dans ce présent ouvrage l'empreinte de Sérigne Moussa KA à travers les
générations.
Il sied de rappeler aussi que le poète Bamba MBAYE du fait qu'il est un pur
produit du Mouridisme, n'a menagé aucun effort pour faire preuve d'un
engagement sans faille et d'une détermination incommensurable à l'égard
de l'étude du patrimoine du Mouridisme.
Elle est excitante parce que cet important ouvrage revêt, sans aucun doute,
un caractère très innovant.
Bamba MBAYE nous propose une grille de lecture toute nouvelle jusqu'ici
peu répandue au sein de l'intelligentsia mouride. Ce qui, à mon humble avis,
ne manquera pas de stimuler le lecteur.
On espère encore de notre ami et jeune frère Bamba MBAYE plus de
productions afin qu'il soit un exemple à suivre pour les jeunes chercheurs de
son âge. Voici une œuvre de qualité qui, je l'espère vivement, apportera une
plus-value aux études consacrées au Mouridisme. 

Professeur Mouhameth Galaye NDIAYE


Théologien et Philosophe, Diplômé de l’Université Al-Azhar d’Egypte, Diplômé de l’Université de
Liège en Belgique, Directeur Institut  AL-MIHRAB, Ex-Imam de La Grande Mosquée de Bruxelles
Directeur de l’Institut Islamique d'Al-Mihrab de Bruxelles.

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B A M B A M B A Y E
Au Nom d’ALLAH, Le TOUT
MISÉRICORDIEUX, Le TRÈS 
MISÉRICORDIEUX.
Que la paix et le salut d’ALLAH soient sur
notre Guide, Mouhamed (PSL). 
Nous implorons Votre assistance, Vous
l’ASSISTANT, et c’est exclusivement auprès
de vous que nous sollicitons.
AU NOM DE DIEU, LE CLÉMENT, LE
MISÉRICORDIEUX
Que la Paix et le Salut d’ALLAH, le Très-Haut
soient sur le Prophète 
Mouhamed (PSL), sa famille, et ses
compagnons, ainsi que son Serviteur 
privilégié, Cheikh Ahmadou Bamba (RTA).

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Bref aperçu sur l’auteur:
Le plus connu parmi les poètes Mourides appelés communément «
wolofalkat », Serigne Moussa KA est né à Ndiliki, près de Mbacké
Baol vers 1889. L’IFAN CHEIKH ANTA DIOP dispose de la
quasi-totalité de sa production et beaucoup de chercheurs se sont
penchés sur son œuvre.
Le Poète Cheikh Moussa KA, disciple de Cheikh Ahmadou Bamba
donne l’impression d’un chantre de l’émancipation nègre à travers les
panégyriques dédiés à son maître spirituel.
Très enraciné dans sa culture, il choisit de mettre la langue arabe qu’il
maîtrise bien au service de sa langue locale (Wolof). Il avance :
Lu tax mu diy wolof li gaay yi jàngul
Na man na maa way ci araab yu dëngul
Traduction :
C’est à cause de la non maîtrise de la langue arabe
par la masse que j’écris en Wolof
Mais je peux m’exprimer correctement en langue Arabe.
Dans cette même lancée, Ndjàmme ajoute:
Li tax way wiy wolof te waroon di yaaram
Damaa nar gaayi jànjul xam Boroomam
Traduction :
Ce qui fait que ce poème est en wolof alors
qu'il devait être en arabe,
C'est parce que j'ai l'intention de faire connaitre leur Seigneur à
ceux qui n'ont pas étudié (l'arabe).
ATTENTION!
Il faut traçer une ligne de démarcation entre deux termes que
Serigne Moussa utilise fréquemment: le mot «Yaaram» et «Araab».
En effet, chez Moussa KA ce terme est polysémique. Il peut signfier
d’une part la langue Arabe ou l’Arabisan et d’autres part le sens
usuel du Wolof standard (Yaaram = un pieux).
Plus souvent, il utilise le terme yaaram pour désigner les arabes et
araab pour parler de la langue.
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A travers différents genres et thématiques, de l’élégie à
l’hagiographie, ses «chants» bouleversent l’ordre classique de la
littérature «ajami» par son accent de fierté et de défiance qui
rappelle dans une certaine mesure la virulence de la Négritude. Ainsi,
il figure parmi les plus grands producteurs de la littérature «ajami» au
Sénégal. Seulement, certains de ses poèmes surprennent du fait
qu’ils sont rythmés par des notions d’une dimension élevée de la
culture soufie.
Diao FAYE (Maitre de conférences, Formateur à la FASTEF,
Inspecteur de l’Education et de la Formation/vie scolaire, Inspecteur
de L’Enseignement Elémentaire, Instituteur), en dénombre 24 dans
son étude. Ses œuvres les plus populaires sont : Jazaa u Shakûr,
Taxmîis, Boroomam, Ndjouthie Ndjathie, Yaasin Jaal, Xarnu bi qui
est l’objet de cette présente étude afin d’y relever les manifestations
de la crise économique des années 30 en Afrique Occidentale
Française (A.O.F) plus particulièrement au Sénégal.
Appelé aussi Njàmme, le grand poète Serigne Moussa KA a bénéficié
de l’influence des Pionniers tels que Serigne Mor KAYRE, Cheikh
Samba Diarra MBAYE et Serigne MBAYE DIAKHATE . Il a produit des
poèmes dont les caractéristiques essentielles demeurent leur
diversité et l’ampleur. Il déclare :
"Dexug KAYRE laa naane ànd ak Abaabakar Sadîq"
Traduction :
C'est au fleuve de KAYRE (Moor) que je me suis abreuvé en
compagnie de Ababacar Sadiq (Serigne MBAYE DIAKHATE)" dira
Moussa KA dans "taxmîs".

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« XARNU BI »
Traduction : Ce Siècle
«Xarnu bi» est un poème légendaire composé par Cheikh Moussa
KA, l’une des figures les plus éminentes de la littérature wolof,
disciple et parent de Cheikh Ahmadou Bamba. A travers cette élégie,
Moussa KA fait une description assez saisissante des affres de la
crise des années 30 qu’il lie systématiquement à la disparition
récente de Cheikh Ahmadou Bamba (1927).
Il faut aussi savoir que selon Cheikh Moussa KA, toutes les difficultés
de cette époque étaient liées à la disparition du Cheikh.
Pourquoi l’auteur soutient-il une telle thèse ?
Écoutons Moussa KA!

Xam nañ ne yaa nu daa tawal


Daa nu bayal daa nu ñoral
Daa nu roñal daa nu daggal
Feesal nga sàqi xarnu bi

Sa yërmandee nu daa defal


Lu xel dajul daa nu dëfal
Daa nu tibbal daa nu lehal
Reggal nga mboolem xarnu bi

Sa yërmandee nu daa sanal


Jigéen ña yaa nu daa amal
Tay ñépp a yam ken amatul
Sëriñ bi geesul xarnu bi
Traduction :
Nous sommes bien conscients que c'est par ta grâce qu'il pleuvait;
Que c'est grâce à toi que l'on cultivait et que les cultures mûrissaient;
Que les récoltes étaient transportées et rangées
Tu as rempli les greniers de ce siècle.

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C'est ta mansuétude qui nous octroyait
Ce à quoi nul ne pensait;
C'est toi qui nous servais et nous alimentais;
Tu as rassasié toutes les créatures de ce siècle.

C'est ta mansuétude qui nous octroyait la dot


Et c'est toi qui nous pourvoyais des femmes
Aujourd'hui, tout le monde est au même niveau; nul ne dispose plus
de rien
Ô le Cheikh, jette un regard à ce siècle!

Lit-on à la fin de tous les vers, le terme «Xarnu bi» est souvent


précédé de ces expressions :
« Ndax Yàlla naatal …»
Pour que DIEU rende prospère
Sëriñ bi geesul
Ô Le Cheikh jette un regard… !
Par conséquent, nous pouvons lire à travers ces mots la précarité qui
dominait au cours de cette période.
«Xarnu bi» (Ce siècle) démontre la puissance d’expression et le génie
poétique de la langue wolof qui n’a rien à envier aux canaux tant
chantés de la littérature occidentale ou arabe.
En parlant de Njàmme et de l’importance de la littérature
autochtone sénégalaise, Cheikh Anta DIOP note ainsi dans son
ouvrage de référence «Nations Nègres et Culture» :
«On a souvent ignoré l’existence d’une poésie écrite en langue du
pays selon les règles bien définies d’un art poétique...»

«Tel est, par exemple, la poésie religieuse des Wolofs, qui constituent
les premiers monuments littéraires de notre langue et par
conséquent les premiers fondements de notre culture nationale…»
(DIOP Cheikh Anta Nations nègres et culture. T2, 3ème éd.,
Présence Africaine, Paris 1979.)

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Dans un ouvrage dédié à Moussa KA et intitulé SËRIÑ MUSAA KA
MELOKAANI ROYTÉEF (Serigne Moussa KA, un symbole à
reproduire), Sana KAMARA (professeur au Truman State
University –USA) analyse les écrits du grand poète classique wolof.
Dans la note de présentation de l’ouvrage, on peut lire :
« Le projet poétique de Moussa KA est essentiellement inspiré par le
fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba, dont il a été le
chantre dévoué. Les six poèmes étudiés dans cet ouvrage réunissent
près de 5000 vers et touchent à trois genres : l’épopée, l’élégie et le
panégyrique».
«Moussa KA verse aussi bien dans le récit épique ou l’éloge funèbre.
Il a aussi écrit de grandes odes sur la mystique musulmane et même
quelques textes bradins avec une métrique assez originale dotée
d’une polyphonie esthétique »

«Le poète wolof s’est inspiré des poésies classiques arabe et


occidentale, mais en l’adaptant à sa langue. Dans «XARNU BI», on
sent l’archéologie de son projet poétique, la maitrise technique de sa
poéticité, tributaire de la Qacida arabe avec le recours à une
rhétorique et à une prosodie bien comprises…»
(Kamara Sana, Sëriñ Musaa Ka Melokaani Roytéef, Papyrus
Afrique, 2008.)
L’on peut résumer cette absence totale de complexe des poètes
mourides par rapport aux autres langues à travers ces vers fort
admirables de Njàmme:

Béep làkk rafet na


Buy gindi ci nit xelma
Di yee ci jaam ngor ga

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Qu’on peut traduire par:
«Toute langue restera belle,
Tant qu’elle éclairera l’esprit des hommes
Et éveillera en eux le sens de la dignité…»

Il ajoutera également dans Taxmiisub Wolofal :


Tarub Wolof ak bub Yaaram ak wax yi yéppa yem
Lu jóg ngir rasuulu laahi baatin ba saf xorom
«Toutes les langues se valent : l’arabe, le wolof et tout autre parler.
L’essentiel est que le message véhiculé soit conforme aux principes
de l’islam».
"Su ngéen déglu woon tayjii nu laabiire gaayu baax

Yinaa ay wolof baaxul te rëy day sewal ku baax

Ku rëy bay damoo néegub ndayam mbaa baayam bu baax

Nu sew tey dammo seex Bamba ngir moo fi xotti baax

Te moo fiy wolof boo xamni yaaram ya amti ko".

Traduction :
Ô si vous m’écoutiez nous offririons une précision aux vertueux

Ceux qui disent que composer en wolof n’est pas bon, or la vanité
écrase le valeureux

Si le vaniteux se glorifie de la lignée de sa mère ou de son noble père

Nous préférons nous abaisser et nous glorifier de seex Bamba car


c’est lui l’exception.

C’est lui l’unique wolof dont le semblable est introuvable chez les
Arabes.

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Cet attachement fort des disciples mourides à leur identité propre
découle de la praxis et des enseignements de Cheikh A. Bamba qui
écrivit très tôt dans Masâlikul Jinân :
« La couleur de la peau ne saurait en aucune manière être le
fondement de la sottise ou d’éventuelles carences intellectuelles…»
Cependant , pour bien saisir les concepts utilisés dans les nombreux
poèmes de Moussa KA ( exemple de ce «XARNU BI») et d’autres
grands poètes mourides, tels Mbaye DIAKHATÉ, Samba Diarra
MBAYE , Mor KAYRE etc., il convient souvent d’avoir un bon niveau
linguistique, de se familiariser à certaines figures de style assez
recherchées et de maitriser les principes et l’histoire de l’Islam, du
Soufisme et du mouridisme en particulier.

Contexte de production :
Ecrit en 1929-deux ans après la disparition de Cheikh Ahmadou
Bamba-ce poème est écrit dans un contexte très précaire jalonné par
la crise économique mondiale qui n’a pas épargné la France et ses
colonies. Ainsi, la généralisation de la pauvreté, la sècheresse, la
famine, la misère caractérisèrent la vie durant cette époque. Ce fut
dans ce sillage que Njàmme, sous la demande de Serigne Dame
Abdou Rahmane LO, prit sa plume et adressa des prières au Tout
Puissant par l’intermédiaire du Cheikh.Il s’agit là précisément de
prière d’intercession, pour solliciter un bienfait matériel, moral ou
spirituel. Elle est donc à distinguer de la prière obligatoire ou
surérogatoire, acte rituel canonique que le croyant accomplit selon
des modalités précises. Les prières sont, en principe, adressées au
SEIGNEUR, Pourvoyeur de tout bienfait, mais, il arrive que, dans son
poème, Serigne Moussa KA interpelle directement Cheikh Ahmadou
Bamba pour lui adresser ses prières.

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Cela s’explique simplement par le fait que, pour le poète, son guide
dispose de grâces octroyées par DIEU tellement importantes, et sa
confiance en lui est tellement grande qu’il en fait un intermédiaire, un
médiateur privilégié.
(Voir page 318, Lo Mamadou, Un aspect de la poésie « wolofal » mouride).
C’est dans cette logique que Moussa KA commence son poème par
ces mots :
Sëriñ bi noo gi deeti ñaan
Faqiir dafay nangoo dagaan
Nangul nu lépp lu nu ñaan
Ndax Yàlla naatal XARNU BI
Traduction:
Ô Cheikh nous te sollicitons
Un indigent doit accepter de quémander
Exauce pour nous toutes prières
Afin que DIEU rende Le siècle prospère

Homme de son temps, en confrontation avec les dures réalités de son


époque, Serigne Moussa KA confiait ses soucis et préoccupations
ainsi que ceux de ses proches à leur guide.
(Voir page 317 Lo Mamadou, Un aspect de la poésie « wolofal » mouride)
Il devient l’écho-sonore et le porte-parole de ses semblables. Il gagna
alors la confiance de ces derniers vu qu’il fut très écouté et renommé
par le Cheikh qui a agréée ses panégyriques.
Il avance :
Mbàkke, dangay boroom i mbóott
Te sag njaboot tawat gilóot
Ñu def ma ab àntarpareet
May làpputoo waa XARNU BI
Aw ma màqaamam di la woo
Waaye muriid yi ñoo ma woo
Ni tawatal te bu ñu woo
Saw làmmiñay wow XARNU BI

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Traduction:
Mbacké, Tu es détenteur de secrets mystiques
Et que la famille est rongée par la précarité
Ils ont fait de moi leur interprète
Et je suis leur laptot durant ce siècle
Je ne suis pas à la hauteur pour t’interpeller
Mais c’est toute la communauté mouride qui m’a exhorté :
Exprime nos peines à notre place
Ta voix est la voix des gens de ce siècle.

Par ailleurs, il garde cette même considération à la pieuse famille et


les dévoués compagnons du Cheikh. C’est ainsi qu’il affirme dans les
vers qui terminent son élégie :

Muusaa ka miy seen werekaan


Moo leen di woy, di leen dagaan
Tey sant, tey tàgg ak a ñaan
Ndax Yàlla naatal XARNUU BI

Traduction:
Moussa KA votre panégyriste
Vous chante, Vous supplie
Vous rend grâce, Vous loue et prie pour Vous
Afin que DIEU rende prospère ce siècle.

Au terme de sa production, Njàmme s’est rendu auprès du mausolée


de Cheikh Ahmadou Bamba pour y psalmodier le poème «XARNU
BI». Selon certains témoignages, on lui avait trouvé de quoi se couvrir
car juste après ses prières, s’est déclenchée une forte pluie, alors que,
depuis quelques temps l’eau n’était pas tombée du ciel. Voilà
comment on pourra mesurer l’aspect mystique de ses œuvres et sa
relation intime avec son SEIGNEUR qui accepte toujours ses invoca-
tions formulées par l’intermédiaire de son Cheikh.

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Un aperçu sur la crise économique des années 30
Introduction
En 1929 une crise économique qui débute aux Etats-Unis, se répand
dans le monde, particulièrement dans les pays industrialisés par
divers mécanismes. Elle entraine diverses conséquences.
I- Les causes et les mécanismes de la crise

A- Causes
-Le déséquilibre du marché: aux Etats-Unis, la production
industrielle augmente considérablement depuis 1922 à cause de la
forte demande de l'Europe ruinée par la «Grande Guerre» . Or, en
1927 l'Europe reconstruite achète moins qu'avant et les marchés se
rétrécissent d'autant plus que la concurrence est vive entre les
puissances capitalistes. Il se crée ainsi un décalage entre la
production et la consommation.

-Le déséquilibre financier : la prospérité des années 20 développe le


crédit bancaire à la consommation mais aussi à la spéculation
boursière. Le crédit à la spéculation boursière favorise l’envol des
actions que les particuliers achètent pour aussitôt les revendre et
obtenir un profit. A partir de 1927, le lien entre le dynamisme de
l’entreprise et la valeur de ses actions est rompu. Les entreprises
s’affaiblissent alors que le nombre d’actions placées en bourse ne
cesse de croître.

- Le krash boursier de Wall Street: le jeudi 24 octobre 1929 (ou «


jeudi noir»), les cours baissent de 22% en quelques heures: c’est
l’effondrement de la bourse (Le Krash). Les actions proposées sur le
marché ne trouvent pas d’acheteurs : leur prix s’effondre. La panique
est générale : des millions de petits spéculateurs sont ruinés car les
actions qu’ils ont achetées à crédit n’ont plus aucunes valeurs.

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B- Les mécanismes (aspects) de la crise

-La Grande Dépression aux Etats-Unis: la ruine des spéculateurs


entraîne la faillite des banques et du système financier.
La consommation diminue fortement (plus de crédit). De
nombreuses entreprises font faillite et procèdent à la réduction
d’effectif: la crise est devenue économique.
La hausse spectaculaire du chômage jette des millions d’Américains
dans la misère: la crise est devenue sociale.

-La crise devient mondiale: les banques américaines retirent leurs


capitaux investis en Europe. Le Royaume-Uni est touché en 1931 et
doit dévaluer la livre sterling En Allemagne, la production
industrielle s’effondre ; le pays compte 6 millions de chômeurs en
1932. La France, dont l’économie est moins liée au commerce
mondial, est touchée plus tardivement, à partir de 1932.

-La crise touche les autres continents: les difficultés économiques


des pays industrialisés et le recul du commerce mondial provoquent
la chute des prix des matières premières surtout agricoles (blé,
coton, laine, café…) et donc étend la crise aux colonies et aux pays
agricoles.
Seule l’URSS échappe à la crise car ses échanges sont très limités
avec le reste du Monde.
II- La mise en place de politiques dirigistes pour lutter contre la crise

A- Aux États-Unis
Le président F. D. Roosevelt accroit les interventions de l'État, lance
des programmes d'infrastructures pour lutter contre le chômage et
relance la croissance. Il entreprend d'assainir l'économie dans le
cadre du New Deal. Ces mesures permettent de restaurer la
confiance. Progressivement, la dépression recule mais c'est l'entrée
en guerre des États-Unis, en 1941, qui permet de la supprimer
totalement.

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B-   Ailleurs
La France s’engage en 1934 dans une politique de déflation et de
blocage des salaires des fonctionnaires. Mais l’échec de ces mesures
provoque, en 1936, la victoire du Front populaire qui ne parvient pas
à enrayer la crise économique et financière.
L’Angleterre dévalue sa monnaie en 1931 et s’engage dans une
politique protectionniste.
En Allemagne, le parti nazi promet aux chômeurs le retour de la
croissance. Adolf Hitler mène, à partir de 1933, une politique
d'industrialisation et démilitarisation qui permet le retour à l'équi-
libre mais entraîne l'Europe dans la guerre.
Le Japon choisit la voie de la croissance industrielle dopée par la
conquête de marchés extérieurs et les dépenses militaires.

Conclusion

La crise des années 30 a révélé les limites du capitalisme dérégulé.


Les politiques anti-crises qu’elle provoque, renforcent l’interven-
tionnisme de l’Etat dans l’économie et entrainent des tensions
internationales liées au protectionnisme alors que le réarmement
des dictatures fait planer la menace d’un second conflit mondial.

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Les manifestations de la crise au Sénégal:
Après la Conférence de Berlin, place est faite à la course au clocher et
le continent africain tomba sous la domination politique, économique
et militaire des grandes puissances de la métropole. Notre pays, le
Sénégal, s’est transformé en colonie française et le sénégalais est
désormais devenu «un citoyen français d’Afrique». Ainsi, il est
logique que sa population soit affectée par les dégâts de la crise qui
toucha tout le peuple français. Dans les lignes suivantes, nous allons
essayer d’étudier les impacts de la crise au Sénégal : la famine, la
pauvreté, la sécheresse, l’incroyance religieuse, la migration dans
le poème «XARNU BI».
a) La famine :

Elle est sans doute l’un des thèmes les plus fréquents dans le poème.
En effet, l’auteur ne ménage aucun effort afin de peindre la réalité de
la famine durant cette crise.
Dans le vers 15, il dit:
Jamono jaa ngi xiif a xiif
Luñ togg, bar gi ni ko fuuf
Seex Bàmba, neel ngën ji mbindéef
Mu dellu naatal XARNU BI
Traduction :
Les gens de cette époque ont tellement faim
Tout repas préparé est mangé par les désœuvrés
Cheikh Bamba, dis au Prophète (PSL)
De rendre de nouveau prospère ce siècle.

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Dans ces propos, l’auteur met en exergue la forte présence de la
famine. La répétition du mot «xiif» (faim) au premier vers
accompagnée d’une représentation « Luñ togg, bar gi ni ko fuuf »
(tout repas préparé est mangé par les désœuvrés) montrent
clairement comment la population était gagnée par la famine.
Laquelle difficulté impacta négativement sur le plan physique,
psychologique, moral et agricole la vie des hommes. C’est ainsi que
Njàmme nous révèle que :
Sur le plan physique : «Xiif tax na, ñenn mag ñi yooy …» (C’est à
cause de la famine que certains vieux sont devenus impuissants).

Sur le plan moral : «Xiif tax na, gor su ndaw si jooy… » (C’est à cause
de la famine que les hommes dignes se mettent à pleurer).
Sur le plan agricole : «Xiif tax na, yenn tool yi booy …» (C’est à cause
de la famine que certains champs sont devenus incultes).
Sur le plan économique : «Taxna, ña daa joxee ngi laaj
Ñii ñépp seen i sas di xaaj
Kenn dóotu dem fenn ba waaj…»
(C’est à cause de la famine que les donneurs d’autrefois sont devenus
aujourd’hui des quémandeurs;
certains divisent en deux leurs assignations;
personne ne peut plus préparer un voyage sur tous les plans).
b) La pauvreté:

La quasi-totalité de la société sénégalaise était gagnée par la


pauvreté au moment de la crise. En effet, le pouvoir d’achat avait
connu une forte baisse et la recherche de quoi s’alimenter était
devenue atroce. «Wëy ! nu ni wëy! noo ka torox» (Wey! Nous crions
Wey! Nous sommes perdus!). Ici, Serigne Moussa utilise le mot
«torox» (égaré) dont le motif est expliqué au vers suivant «Yalwaan,
amoo ku la sarax» (Quémander sans trouver un donneur).

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En sus, la métaphore de l’arbre orphelin vient intensifier la présence
de la pauvreté :

«Garab gu mag bu nee jirim …» (Si un grand arbre est mort)


«Garab yu ndaw yi day jirim…» (Les petits arbres aussi vont être
orphelins)
«Méññat ma say mbir ya ëlëm …» (« Les prémices disparaissent et
les choses deviennent compliquées).

Après avoir matérialisé la pauvreté sous cet angle, Njàmme termine


sa description par ces mots :
« Lii rekk a dal waa XARNU BI » (Voilà en somme ce que vit ce siècle).

Une telle situation était tellement délicate et surprenante que les


hommes se sont dépassés par cette «apocalypse». Serigne Moussa
nous fait savoir que :
«Jamono moo man a safaan » (Que la vie sache se bouleverser trop
vite !). Pourquoi un tel constat ? Il rétorque : «Xéewël yi daf daa
walangaan …» (Les bienfaits se répandaient de façon abondante), où
? : «Ci ndabi mboolem XARNU BI » (Dans tous les récipients de ce
siècle).
Par ailleurs, Njàmme étudie les conséquences de cette pauvreté au
sein des familles malheureusement atteintes :
«Ag ñàkk a bon ci waa ju baax» (Que la pauvreté est mauvaise chez
un homme digne !)
«Day tas kërëm xolam ba jaax» (Elle disperse sa famille et installe la
désolation).
Cela peut se comprendre car cette attitude est expliquée par le menu
unique des repas.
L’auteur avance : «Daa ceeb u tay ngay añe laax …» (Auparavant
c’était du riz au menu, aujourd’hui, c’est de la bouillie de mil au
déjeuner).
«Jaaxal na gaa yi XARNU BI» (Cela a étonné les gens de ce siècle).

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D’Après une si longue analyse, nous pouvons affirmer que toutes les
couches de la société sénégalaise étaient au même pied sur le plan
financier. De ce fait, personne ne voulait se montrer aisé et par
conséquent on se mettait à thésauriser le minimum de sous dont on
disposait. Et cela est bel et bien confirmé par Serigne Moussa KA
quand il affirme que :
«Bawol-bawol Jolof-jolof…» (Les gens du Baol et les gens du Djolof),
«Mboolem Pël'ak Naar'ak Wolof …» (L’ensemble des Peuls, Maures
et Wolofs).
«Kenn gis a tul ku ame yëff …» (Personne ne voit plus un riche).
Dans cette volonté de peindre l’étendue de la pauvreté durant cette
période, l’auteur étale une comparaison entre la vie pré-crise et celle
au moment de la crise. Il s’efforce de nous exhiber le large fossé
social, économique et financier qui existe entre ces deux moments.
Cela est aussi matérialisé par l’utilisation de ces temps : L’Imparfait
de l’indicatif et Le Présent de l’indicatif.
«Koo xam ni daan a ame jaak …» (Quiconque détenait des tas de
mil…)
«Daa ame àngaar-aki juuk …» (Et qu’il en économisait une grande
quantité dans un hangar)
«Mii at mu am déwén mu jéex» (Il en possède cette année-ci et
l’épuisera l’année suivante).
«Ku mas a am yaar i watta …» (Quiconque détenait deux voitures…)
«Soxla na ren jii yaar i mëttaa» (A besoin de quarante kilogramme de
mil cette année-ci)
«Te munta am njëg u mëtta » (Et il ne peut pas avoir le prix de vingt
kilogramme de mil). Quelle Ignominie!
Et Njàmme ne s’arrête pas là, il poursuit :
«Koo xam ni daan a ame taax» (Quiconque possédait un beau toit)
«Tay ming ni ngeeju'b néek bu baax» (Il est aujourd’hui à la
recherche d’une bonne chambre…)
«Bu gën a feex bam ni ca faax » (Plus confortable où il s’empresse à y
s’installer).

20
Sur le plan international, l’auteur décrit la situation de la pauvreté
en empruntant le vocabulaire de l’échec.
Il annonce :

«Tubaab yi sax pert nañu» ( Même les «toubabs» ont connu une
perte »
«Ña leen gëmoon pert nañu» (De même que ceux qui les croyaient)
«Yahood yi it fayitt nañu» (Les juifs aussi ont connu la faillite).

Comme on le voit donc, on note la forte présence des termes qui


renvoient à l’échec : «pert» (perte), «fayit » (faillite). Ce procédé est
très fréquent dans les poèmes de ce «Wolofalkat» mouride.

L’histoire de la relation des Mauritaniens avec la communauté


sénégalaise est très répandue. Au plan religieux, Les Maures ne
cessaient de fréquenter les dignitaires religieux afin d’échanger avec
eux dans les sciences islamiques et d’en tirer aussi profit au sein de la
communauté de ces chefs. Tel était le cas de Borom Touba et Les
Maures de Dayman. De ce fait, avec la crise ces Maures étaient
aussi affecté par la pauvreté. C’est ce que Moussa KA nous explique
dans les propos suivants :
«Naar yaangi yalwaan-ak a xaar» (Les Maures se mettent à
quémander et à espérer)

«Seex buñ xamoon dellu fa jaar» (Ils font le tour des Cheikhs qu’ils
connaissaient)

«Kenn talatul loo jox i naa» (Personne ne se préoccupe plus de quoi


donner à un Maure).

Voilà en somme comment «XARNU BI» nous présente les


manifestations de la pauvreté durant la crise économique des années
30 au sein de la société sénégalaise.

21
c) La Sécheresse :

L’une des calvaires que les paysans de l’époque ont vécus avec
tristesse et déception : la sécheresse !
Elle avait envahi le sommeil de toute la population agraire. Les terres
étaient devenues sèches, infertiles et incultes. Les arbres dépourvus
de feuilles et la nature laissait défiler sa laideur.
Dans son étude intitulée « L’évolution de la pluviométrie au Sénégal
et les incidences de la sécheresse récente sur l’environnement »,
Jean-Baptiste Ndong (Doctorant CNRS URA 260 Université Jean
Moulin, Lyon) nous fait un résumé de son article :
«La zone soudano-sahélienne est frappée par une sécheresse qui se
caractérise par sa durée, son intensité et son extension vers le sud.
Au Sénégal, les isohyètes des normales 1931- 1960, 1961-1990 et
de la moyenne 1970-1993, tracées à partir de 32 stations montrent
la migration vers le sud des différents domaines climatiques. Les
conséquences de cette péjoration pluviométrique se traduisent par
la dégradation du milieu naturel. La sécheresse entraîne la
destruction de la végétation. Les sols sont soumis à l'érosion et au
ruissellement. L'acidification et la salinisation sont accentuées
surtout en Casamance et dans l'estuaire du Saloum. La déflation
éolienne s'intensifie».

Suite à une lecture minutieuse de son travail, on pourrait comprendre


le pourquoi d’un tel phénomène durant cette période.
C’est ainsi que Moussa KA conforte la thèse de Ndong Baptiste :

Gàñcax gu ndaw gi weddatul


Mag ña nga yar kenn wuddatul
Moo tax ma naala suuxatal
Njëmbët li wan ci XARNU BI

22
Traduction :
La petite végétation n’est plus verdoyante
Les anciens que Tu as éduqués n’ont plus rien dans leurs enclos
C’est pourquoi je vous supplie d’arroser
Les pépinières qui sont dans ce siècle.

d) L’incroyance religieuse :
La vie fatale pendant la crise économique mondiale des années 30
avait affecté aussi négativement la croyance de certains musulmans
en général, et certains disciples mourides en particulier : «Ñoo séen
i ngëm rékkiku na ngir ñàkk gii ci XARNU BI» (D’Autres n’ont plus
de croyances à cause de la pauvreté qui a frappé ce siècle). Par
conséquent, ils transgressaient les lois divines dans le seul but de
survivre. C’est ce que dessine Moussa KA dans ces vers :

Léeg-leeg nga gis fi ab muriid


Muy taxawaalu ni'b mariid
Wàlla mu xàcc def tërid…
Traduction :
Tu vois parfois un mouride
Errer comme un faux mouride
Ou bien il abjure et se transforme en délinquant.
e) La migration:
La communauté sénégalaise de la diaspora sentait les dérives de la
crise de même que leurs familles installées dans le pays. La faillite et
la pauvreté de leurs pays d’accueils rendaient difficile leur séjour
dans ces zones. De ce fait, certains qui vivaient du commerce
informel se voyaient démunis et ceux qui travaillaient dans certaines
entreprises embrassaient le chômage. Par conséquent, ils ne
pouvaient plus retourner au bercail et ceux qui tentaient de les
rejoindre furent refoulés par leur société d’accueil.

23
« Ña tukkiwan faf nañu laŋ
Fuñ wàcci deef i léen falaŋ …»
Traduction :
Les émigrés sont finalement restés
Ils ne seront acceptés nulle part.

Conclusion générale :
«XARNU BI» de Serigne Moussa KA est une œuvre incontournable
dans l’étude des dégâts de la crise économique mondiale des années
30 et leurs conséquences dans divers secteurs dans la zone ouest
africaine.
A la fois élégiaque et panégyrique, Serigne Moussa KA y relate
objectivement l’histoire de cette époque et y décèle comment s’est
manifestée la crise dans la société sénégalaise.
C’est un poème polysémique avec une résonnance mystique,
politique et socio-économique.
Il englobe une fonction historique et d’archives à travers ces faits
et continue de les transmettre de génération en génération.

24
Bamba MBAYE
«Je sais certainement que je ne pourrais faire une étude exhaustive
de ce sujet, mais je prépare le terrain à un éventuel intéressé mieux
instruit et plus motivé, à qui DIEU inspirerait la volonté de se rendre
utile aux croyants pour complaire à son Seigneur.
Un noble hadîth dit: "les hommes constituent la famille de DIEU;
celui d'entre eux qu'il aime le plus, est le plus utile à ses
semblables." Il est dit également que celui qui retrace la vie d'un saint
disparu, agit comme s'il le faisait revivre.

Voici donc cet exposé sommaire intitulé "l'ABREUVEMENT DU


COMMENSAL dans la Douce Source d'Amour du Serviteur".
Quiconque y découvre des lacunes est prié de dissimuler
l'imperfection de mon savoir et de demander pardon pour moi au lieu
de se détourner de mon exposé! Car en dépit de ces lacunes, il y
trouvera des idées qu'il appréciera».

Extrait de l’Avant-Propos de Irwaou nadim de Serigne Mamadou


Lamine DIOP DANGANA

25
BIBLIOGRAPHIES :

XARNU BI, Sëriñ Muusaa KA Werekaanu Bàmba.

LO MAMADOU, Un aspect de la poésie « wolofal » mouride, L’éduca-


tion morale et spirituelle (al mouride) dans la production de Sëriñ
Mbay Jaxate, L’Harmattan Sénégal, juin 2020, pages 317-326

NDIAYE SALIOU, L’élitisme soufi dans le poème « Boroomam » de


Cheikh Moussa Kâ, REVUE SENEGALAISE D’ETUDES ARABES,
pages 87-88.

2.5.2 - Communication 2 : Le Corpus wolof de la littérature mou-


ride : Un océan de sagesse et de Baraka pour l’humanité par Doc-
teur Fallou Ngom, Département d’Anthropologie et Centre d’Études
Africaines, Université de Boston, USA, COLLOQUE INTERNATIO-
NAL SUR LA REPONSE DU SOUFISME à la CRISE En prélude au
Grand Magal de Touba, Edition 1433 / 2012 Du 23 au 26 Décembre
2011 à l’hôtel Méridien Président Dakar /Sénégal, page 1.

LE POÈME «TAXMIIS»: UNE CLÉ DE L’UNIVERSALISME DE


MOUSSA KA Par Saliou NDIAYE

h t t p s : // w w w. i c o u r s . c o m /c o u r s / h i s t o i r e / l a - c r i s e - e c o n o -
mique-des-annees-30

SUPPORT AUDIOVISUEL:

Poème "Xarnu bi" de Cheikh Moussa Ka [1] : https://www.you-


tube.com/watch?v=wJ3bIk_nqCw

26
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Cheikh Moussa KA

28
Enseignant en service à l’IEF de Birkelane, Titulaire d’une Licence
en Langue et Civilisations Hispanique à L’UGB de Saint-Louis,
Titulaire d’un diplôme de formation dans les métiers de l’animation
radio, de la présentation télé et de l’écriture journalistique, Pèote
sénégalais, hagiographe mouride, Conseiller en communication à
Touba Vision et Borom Louga TV , Journaliste - Présentateur
trilingue ( wolof, français, espagnol).
Analyste d’ouvrages sur la littérature «Wolofal» Mouride

B A M B A M B A Y E

L'étude que Bamba MBAYE fait de "Xarnu bi", ce grand poème de S Moussa KA, mérite d'être
connu à plus d'un titre. D'abord, l'auteur du poème : S Moussa KA, pionnier parmi les pionniers
de la littérature wolofal mouride. Ce monument de la poésie wolofal mouride constitue en
effet, avec Cheikh Samba Diarra MBAYE, S Mor KAYRE et S Mbaye DIAKHATE ce fameux
quatuor que S MBOUP, dans sa thèse de doctorat à assimilé à la Pléiade de la Renaissance
française.
Mais, l'étude de Bamba MBAYE se révèle surtout un moyen privilégié de rendre compte d'un
fait historique pas suffisamment pris en charge par la recherche contemporaine : les impacts
sociologiques, économiques et politiques de la crise économique des années 30.
L'étude de Bamba MBAYE, sans être un traité d'histoire, simplement par le prisme de l'analyse
textuelle d'un poème, donne un éclairage saisissant de ce terrible épisode de l'histoire
contemporaine. Les privations, le désarroi des populations, singulièrement dans les pays sous
domination coloniale tels le Sénégal, les bouleversements sociaux dans lesquels tout un peuple
a subitement basculé, rien n'a échappé à la peinture de S Moussa KA.
Mais, l'éclairage de Bamba MBAYE laisse voir avant tout, la force de la foi dans la capacité
d'intercession d'un guide de la trempe de Khadimou Rassoul. "Xarnu bi" est ainsi une œuvre
poétique d'une épaisseur extraordinaire. En parcourant les vers de ce poème, on ne peut ne
pas être subjugué par cette richesse de la langue wolof faite de nuances subtiles, de tournures
et d'expressions qui méritent amplement d'être remis au goût du jour, afin de revigorer cette
langue que des attaques multiformes assaillent de toutes parts.
L'éclairage de Bamba MBAYE a mis tout cela en relief, et bien d'autres subtilités que la lecture
de son texte permet de découvrir.

Bamba est, sans conteste, un jeune talent bénéficiant déjà de la sensibilité du poète et critique
littéraire, de la foi du disciple mouride vouant un amour ardent à son guide, et du nationaliste,
militant infatigable de la sauvegarde des valeurs culturelles sénégalaises et africaines.

Mamadou LO, Ecrivain et Chercheur en littérature « wolofal » et Etudes mourides, Inspecteur


de l’Education Nationale Principal de classe exceptionnelle à la retraite, Ancien Instituteur,
Ancien Professeur de Français, Ancien IEF de Birkelane Membre de Rawdur-rayâhin, une
structure de recherche et de production sur l’Islam et de la Mouridiyya, Fondateur du
Complexe d’Education et de la Formation « Almouridiya ».
Membre du Comité de pilotage pour la mise en place du Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim
pour l'éducation et la Formation de Touba (CCAK/EF)

1
77 356 80 39 serignetoubaseck@gmail.com

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