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24/04/2023 20:50 De Gaulle, Mitterrand, Chirac 

: à quoi ressemblait le premier anniversaire de leur second mandat

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De Gaulle, Mitterrand, Chirac : à quoi ressemblait


le premier anniversaire de leur second mandat
À l’occasion du premier anniversaire du second quinquennat d’Emmanuel Macron, retour sur les
débuts (difficiles) des trois présidents de la République.
Par Sébastien Schneegans
-

Publié le 24/04/2023 à 18h44   


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C' était il y a un an. Le 24 avril 2022, Emmanuel Macron était réélu président de la République avec 58,55 % des suf‐
frages. En réalisant cet exploit – c'était la première fois, depuis l'instauration du suffrage universel en 1962, qu'un pré‐
sident était élu deux fois de suite hors période de cohabitation –, le chef de l'État échappait à la « malédiction » prêtée aux
présidents sortants. Mais, un an plus tard, il semble avoir été frappé par une autre malédiction, qui n'a épargné aucun pré‐
sident sous la Ve République : celle du second mandat élyséen.
À chaque réélection, la machine présidentielle semble se gripper. La « nouvelle ère » a des allures de fin de règne, l'état de
grâce promis n'arrive jamais ou ne dure pas et l'élan réformateur se heurte aussitôt à une forme d'indécision ou de flotte‐
ment, qui mènent à l'immobilisme.
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Chacun aura d'ailleurs noté que le premier anniversaire d'un second septennat ou quinquennat n'avait jamais donné lieu à
une quelconque célébration… De Gaulle, Mitterrand et Chirac ont vérifié à leurs dépens, avant Macron, ce singulier paradoxe
français. Ils n'y ont toutefois pas été confrontés pour les mêmes raisons et n'ont pas tenté d'y échapper de la même façon.
Retour en arrière.
De Gaulle, l'amère victoire
Le 19 décembre 1965, De Gaulle est, certes, réélu, mais il n'a recueilli que 54,5 % des voix face à François Mitterrand au second
tour de la première élection au suffrage universel. Pour le Général, qui nourrissait l'espoir de faire de ce scrutin un vibrant
plébiscite, cette victoire a un goût amer.

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« De Gaulle ne sera jamais plus le même, observe alors le journaliste Pierre Viansson-Ponté. Il a dû se comporter en candidat,
se réinsérer dans un univers partisan. Il s'est désacralisé, ramené du plan de la mystique au plan de la politique […]. Le ballot‐
tage était un blasphème, le second tour n'est qu'un sursis. »

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Cette douloureuse période de « sursis » sera marquée, en 1967, par sa sortie coûteuse sur le peuple juif « sûr de lui et domina‐
teur », par une autre victoire amère la même année – aux législatives, l'UNR n'obtient qu'une courte majorité, avec 247 sièges
sur 487 – et par l'épisode de Baden-Baden en mai 1968, jusqu'au désaveu de 1969.

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Afin de conjurer le funeste sort qui lui semble promis, et parce que c'est conforme à l'esprit de la Ve République qu'il a façon‐
né avec Michel Debré, De Gaulle se consacre presque exclusivement aux affaires internationales. Dans l'un de ses discours, à
Dakar, il rappelait néanmoins ceci : « L'essentiel pour jouer son rôle international est d'exister par soi-même, en soi-même et
chez soi. Il n'y a pas de réalité internationale qui ne soit d'abord une réalité nationale. »
Or, il est précisément une « réalité nationale » qui achèvera de tuer ce septennat mal né : son Premier ministre, Georges
Pompidou, prend la lumière et comprend que son heure est venue. Ainsi son sort était-il peut-être scellé bien avant le pre‐
mier anniversaire de ce curieux mandat…
François Mitterrand, le président empêché
Dès le soir du 8 mai 1988, le second mandat du président socialiste aura été semé d'embûches. Les cent premiers jours de ce
nouveau septennat de François Mitterrand ressemblent d'ailleurs, par certains aspects, à ceux qu'a connus Emmanuel
Macron.

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Alors que leur élection a provoqué un élan de ferveur et d'enthousiasme en 1981 et en 2017, leur réélection ne produit pas
d'effet notable sur l'opinion. Les deux présidents doivent composer avec une majorité relative à l'Assemblée nationale et ils
n'ont pas même le loisir d'installer à Matignon leur Premier ministre.
Alors que Macron avait choisi Catherine Vautrin – Alexis Kohler avait même averti l'élue LR que sa nomination serait annon‐
cée le 16 mai avant le 20 heures de TF1, comme le dévoile Ludovic Vigogne dans son livre Les Sans Jours –, il s'est finale‐
ment résolu à nommer Élisabeth Borne, sous la pression de l'aile gauche de la macronie.

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Quant à la nomination de Michel Rocard par Mitterrand, directement après l'élection – Rocard entre en fonction le 10 mai –,
elle relève moins d'un choix affectif que d'une décision rationnelle, comme Mitterrand l'expliquera le jour même à quelques
convives réunis à l'Élysée.
« L'une des forces du socialisme français, c'est qu'il compte dans ses rangs beaucoup d'hommes de qualité. À mes yeux, ces ta‐
lents sont équivalents. Je dois dire pourtant qu'à l'heure actuelle Michel Rocard a une petite prime d'avance… Elle n'est ni
psychologique ni affective, elle est politique, c'est la situation qui le veut », dira le président.
« Rocard n'a ni la capacité ni le caractère pour cette fonction. Mais puisque les Français le veulent, ils l'auront », confiera-t-il
quelques instants plus tard à Jacques Attali, comme l'a rapporté Jean Lacouture dans la biographie qu'il a consacrée à l'ex-
président (Mitterrand, une histoire de Français, 1998, Seuil).
Une autre pomme de discorde empoisonnera cette première année de mandat : le refus du Parti socialiste d'introniser son
dauphin, Laurent Fabius. Pierre Mauroy sera nommé à sa place, dès 1988, et le président semblera condamné à gérer les en‐
nuis de son camp avant d'engranger d'incontestables réussites – notamment Maastricht en 1992.
Jacques Chirac et « Jean-Pierre Fera-Rien »
Bien qu'élu avec 82 % des suffrages face à Jean-Marie Le Pen le 5 mai 2002, Jacques Chirac semble hésiter à avancer et à profi‐
ter de ce blanc-seing manifeste pour engager de grandes réformes. « Chirac s'est dit qu'élu par tout le monde, il devait faire la
politique de tout le monde. Il a décidé de ne mécontenter personne », résumera un chiraquien cité par Franz-Olivier Giesbert
dans La Tragédie du président (Flammarion, 2006).
À Jean-Luc Barré (Chirac confidentiel, Hachette Pluriel, 2021), il confierait avoir fait ce choix pour ne pas reproduire les
mêmes erreurs qu'en 1995, lorsqu'il s'était retrouvé, selon ses mots, « prisonnier du système ». Comprendre : du système des
partis. Mais son choix de nommer Jean-Pierre Raffarin à Matignon étonne, voire inquiète.

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Dès octobre 2002, Nicolas Baverez signe dans Le Point un éditorial qu'il titre « Jean-Pierre Fera-Rien ». « Sous Raffarin
comme sous Jospin, le mot d'ordre reste identique : la réforme, en parler toujours, ne la faire jamais… En France, la politique
cultive l'art de rendre impossible ce qui est indispensable », écrit-il.
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Dans la biographie qu'il a consacrée à Chirac (Chirac, une vie, Flammarion, 2016), Franz-Olivier Giesbert rappellera qu'en dix
ans de chiraquisme, la France a battu tous les records d'endettement au sein de l'Union européenne. Enfin, à l'écueil du début
de mandat s'ajoutera l'intense lutte pour la succession entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy…

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Par Surlaligne le 24/04/2023 à 19:59


Finalement, Mrs Chirac et Jospin avaient raison, ne rien faire pour avoir la paix et tant pis pour le pays même s'il accumule des retards
considérables.
En effet, on voit bien aujourd'hui que la moindre réforme, même indispensable, suscite un phénomène d'hystérie collective et la
détestation de celui qui la porte.
Personnellement je n'ai jamais voté pour M Macron mais s'il lui prend le courage de conduire les réformes indispensables au pays, je
lui en serai reconnaissant.

Par agur le 24/04/2023 à 19:35

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