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Cours de déchets solides FST Settat

Chapitre 1 : Généralités sur les Déchets solides

Introduction

La multiplication et l’amplification des sources de pollution urbaine, industrielle et agricole


menacent de plus en plus nos ressources naturelles (eau, sol, air). Par conséquent, la protection de
l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie occupent une place importante dans les
décisions gouvernementales et dans les programmes politiques.

Notant que toute vie biologique, toute activité de production ou de consommation a généré,
génère et générera toujours des déchets. Il est paradoxal d’observer que la gestion de ces déchets pose
un sérieux problème aux sociétés modernes.

Nous sommes appelés à produire moins et gérer mieux ces déchets

Définition

La loi française du 15 juillet 1975, relative à l’élimination de déchets et à la récupération des


matériaux, on appelle déchet « tout résidu d'un processus de production, de transformation ou
d'utilisation, toute substance, matériau, produit ou plus généralement tout bien meuble abandonné
ou que son détenteur destine à l'abandon »

 Cette définition est très formelle car elle s’attache à un comportement et elle ne s’appuie pas
sur les lois de l’économie et les mécanismes du marché.

Cependant, suite au développement scientifique et technologique, une autre définition à été


introduite pour définir la notion de déchet ultime. C’est la loi française du 13 juillet 1992 « le déchet
ultime est défini comme un déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus
susceptible d’être traité dans les conditions techniques et économiques du moment, notamment par
extraction de la part valorisable ou par réduction de son caractère polluant ou dangereux »

Synonymes de déchets : sous-produit, coproduit, résidu

Exemple de déchet ultime: phosphogypse.

Le phosphogypse est un produit secondaire de la production d'acide phosphorique en traitant


le minerai de phosphate (apatite) avec de l'acide sulfurique selon la réaction suivante:

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Ca5 (PO4)3X + 5 H2SO4 + 10 H2O → 3 H3PO4 + 5 CaSO4 · 2 H2O + HX

Où X peut être généralement un OH ou un Fluor

𝑨𝒑𝒂𝒕𝒊𝒕𝒆 + 𝑯𝟐 𝑺𝑶𝟒 → 𝑯𝟑 𝑷𝑶𝟒 + 𝒑𝒉𝒐𝒔𝒑𝒉𝒐𝒈𝒚𝒑𝒔𝒆

Hydroxyapatite : 𝐶𝑎10 (𝑃𝑂4 )6 𝑂𝐻2

Fluoropatite : 𝐶𝑎10 (𝑃𝑂4 )6 𝐹2

Hydroxyfluoropatite : 𝐶𝑎10 (𝑃𝑂4 )6 𝐹2−𝑥 𝑂𝐻𝑥

On note que le phosphate déposé en milieu marin a généralement un niveau plus élevé de
radioactivité que les dépôts de phosphate igné, parce que l'uranium est présent dans l'eau de
mer. Le phosphogypse est radioactif en raison de la présence d'uranium naturel et de thorium,
et leurs isotopes fils radium, radon, polonium, etc… L'Agence de Protection de
l'Environnement des États-Unis (EPA) a identifié le phosphogypse comme un déchet
potentiellement dangereux en raison de sa teneur en radium-226 et des volumes importants
produits [1]. Le phosphogypse peut également contenir aussi de métaux lourds, en particulier
le cadmium [2]. Plusieurs chercheurs du monde ont mené des recherches pour déterminer si
le phosphogypse est dangereux ou toxique et, dans l'affirmative, pour rechercher des moyens
d'atténuer la situation afin que le phosphogypse puisse être utilisé dans diverses applications
à volume élevé [2, 3 & 4]. Enfin, on pourra dire que le phosphogypse est un déchet ultime
dans les conditions économiques et techniques actuelles

Références :
[1]. Berta, CW. 1990. Potential environmental hazards of phosphogypsum storage in central
Florida. In: Chang, WS., editor. Processing of the 3rd International Symposium on
phosphogypsum, Orlando, Fl-December 1990. Publication No. 01-060-083. Bartow (FL):
Florida Institute of Phosphate Research. 1-29.
[2] Fergusson, J. C. 1990. The heavy elements: Chemistry, Environmental Impact and Health.
Program Press, Oxford, New York, Seoul, Tokyo.
[3] Bridgen, K., R. Stringer and D. Santillo. 2002. Heavy metals concentration of fertilizer and
phosphogypsum waste produced by the Lebanese Chemical Company, Lebanon. Greenpease
Research Laboratories. Department of Biological Science, University of Exeter EX4 4ps,
UK.Technical Note 13/2002, 15 P.
[4] World Health Organization. 1992. Cadmium: Environmental Health Criteria 135. ISBN
9241571357.

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A travers ces deux définitions, la voie à suivre pour une bonne gestion de déchet:

 Valorisation de la fraction utile de déchet.


 Réduction de caractère polluant ou dangereux.
 Stockage de résidus ultimes.

Origine de déchets

Malgré les efforts déployés pour minimiser la quantité de déchets qui nuisent à la nature, la
production de déchet reste inévitable pour des raisons :

 Biologiques: tout cycle de vie produit des métabolites (produits de dégradation).


 Chimiques: toute réaction chimique est régie par la loi de conservation de matière selon
la réaction :
𝐴 + 𝐵 → 𝐶 + 𝐷
Avec D est produit fatal qui nous appartient de gérer si nous n’avons pas l’usage immédiat.
 Technologiques: quel que soit la fiabilité (qualité) de nos outils et procédés, chacun à une
durée de vie qui après un certain temps il devient un déchet.
 Economiques: la durabilité des produits et machines a forcément une limite qui les conduit
un jour ou un autre à leur élimination ou remplacement.
 Ecologiques: les activités de dépollution génèrent inévitablement d’autres déchets qui
nécessiteront eux-mêmes une gestion ou une valorisation.
Exemple :
 Adsorption : traitement de gaz.
 Procédé Sol-Gel.
 Cadmium à l’intérieur des batteries de piles.
 Pyrolyse et incinération.
 Accidentelles.
Exemple : Accident de circulation, accident nucléaire (Tchernobyl), marée moires (Navires
pétroliers), etc…….

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I- Classification des déchets :


La classification de déchets industriels peut être effectuée par plusieurs façons selon que
l’on se base sur différentes caractéristiques ou différents secteurs d’activités.
1- Classification basée sur l’état physique.
a- Déchets Solides : ordures ménagères, déchets de matériaux plastiques, bois, verre,
métaux, goudron, etc…
b- Boues : boues de station d’épuration des eaux usées, boues d’origine diverses, tels que le
traitement de surfaces (mosaïque, galvanisation…) les peintures, hydrocarbures,
goudron...
c- Déchets liquides et/ou pâteux : les huiles usagées, solutions résiduaires diverses, goudron
d- Déchets gazeux : goudron, gaz résiduaires divers.

Cette classification présente des inconvénients:

 Possibilité de changement d’état pendant le temps (cas des déchets évolutifs)


 L’existence de déchets poly-phasiques.
2- Classification basée sur nature chimique :
a- Déchets acides : solutions résiduaires d’acides diverses, HNO3, H3PO4, H2SO4
b- Déchets basiques : Solution potassique (KOH), la chaux, les résidus ammoniacaux……
c- Les sels résiduaires : Sulfate de calcium, carbonate de calcium, sulfate ferreux, Chlorure
de sodium, etc….
d- Les déchets métalliques: Ferraille, câbles en Cu, déchets de métaux précieux, …
e- Déchets organiques : solutions usées, graisses, les huiles usagées (liqueurs phénolées)
f- Déchets polymériques : caoutchouc, plastique.
g- Déchets minéraux : déchets de verre, déchets de calcaire, déchets de marbre, carbonate
de calcium, cendre de centrale thermique, déchets siliceux (sable de fonderie), schistes.

Inconvénient:

Les inconvénients de cette classification résident en l’existence de matériau de nature chimique


complexe.

3- Classification par source de production:


a- Déchets provenant de l’activité de ménage : ordures ménagères, déchets de combustion,
véhicule hors usages, pneumatique usée, les électroménagers hors usage, ….

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b- Déchets provenant de la distribution et des activités de services : déchets commerciaux,


les invendues expirés, déchets des hôpitaux [30% sont équivalent aux ordures ménages et 70%
sont des déchets spécifiques (organes, médicaments expirés, seringues, pansement et outils
médicaux)], administrations, écoles, universités publiques et privées
c- Déchets provenant du secteur secondaire et activités de transformations :
 Déchets industriels : (toxique et spécifique) déchets industriels spécifiques (à une
industrie spécifique ; stérile, laitiers, déblais) déchets assimilables aux ordures
ménagères.
 Déchets de transformation : déchets de travaux publics, déchets de bâtiments.
d- Déchets provenant du secteur primaire :
 Déchets agricoles : déchets d’élevage (d’origine animale au niveau de
l’exploitation), d’origines végétales.
 Déchets des industries extractives : déchets de mines (résidu de mine de potasse,
l’amiante…), déchets de carrières (déchets de calcaire, marbre, gypse…).
e- Déchets provenant du traitement des effluents liquides et gazeux : boues d’épuration
urbaine, boues de matière de vidange, poussière et cendres.
II- Caractéristiques des déchets :

Les différentes données sont nécessaires à la bonne connaissance d’un déchet.

1- L’état physique :
2- La composition :
 Composition chimique, (chromatographie d’exclusion)
 Composition minéralogique (nature minérale des déchets solides)
 Nature de différentes phases constituant un déchet polyphasique et composition
chimique de ces phases.
3- Propriétés physico-chimique :
*Pouvoirs Calorifiques : Supérieur PCS et Inferieur PCI.
Définition : le PCS et le PCI correspondent à l’enthalpie de combustion changée de signe
quand l’eau produite est formée respectivement à l’état liquide ou vapeur.
∆𝐻 𝐶𝑜𝑚
𝐷(𝑠) + 𝑂2 (𝑔) ⇔ 𝐶𝑂2 (𝑔) + 𝐻2 0 (𝑙)
𝑃𝐶𝑆
∆𝐻 𝐶𝑜𝑚
𝐷(𝑠) + 𝑂2 (𝑔) ⇔ 𝐶𝑂2(𝑔) + 𝐻2 0 (𝑔)
𝑃𝐶𝐼

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On note que le pouvoir calorifique de combustion d’un déchet donné peut être obtenu à
partir des enthalpies standards de formation de CO2 et H2O gaz ou liquide.

∆𝑯𝒄𝒐𝒎 = 𝝀𝟏 ∆𝑯𝒇 (𝑪𝑶𝟐 ) + 𝝀𝟐 ∆𝑯𝒇 (𝑯𝟐 𝑶)𝒈 − ∆𝑯𝒇 (𝑫) = −𝑷𝑪𝑰

Exemple : les pouvoirs calorifiques d’un produit de combustion chimique donnée sont obtenus
par le calcul à partir des enthalpies standards de formation des produits de CO2 et de H2O.

∆𝑯𝒇 (𝑪𝑶𝟐 ) = −𝟗𝟒, 𝟎𝟓 𝑲𝒄𝒂𝒍 /𝒎𝒐𝒍e

∆𝑯𝒇 (𝑯𝟐 𝑶)𝒈 = −𝟓𝟕, 𝟖𝟎 𝑲𝒄𝒂𝒍/𝒎𝒐𝒍𝒆

∆𝑯𝒇 (𝑯𝟐 𝑶)𝒍 = −𝟔𝟖, 𝟑𝟎 𝑲𝒄𝒂𝒍/𝒎𝒐𝒍𝒆

C graphite : c’est le carbone le plus stable :

On mesure ΔHcom à l’aide de calorimètre de Berthelot Q = m c ∆T

Dans le cas de déchet combustible, on mesure le PCS par calorimétrie en connaissant la quantité
d’eau formée lors de la combustion.

𝑃𝐶𝑆


𝐷(𝑠) + 𝑂2 (𝑔) → 𝐶𝑂2 (𝑔) + 𝑛𝐻2 0 (𝑙)

∆𝑯𝑪𝒚𝒄𝒍𝒆 = 0 ↓ 𝑛 ∆𝐻𝑉𝑎𝑝 (𝐻2 𝑂)

𝑃𝐶𝐼

𝐷(𝑠) + 𝑂2 (𝑔) → 𝐶𝑂2 (𝑔) + 𝐻2 0 (𝑔)

Autres caractéristiques physico-chimiques :

* Inflammabilité,

*Point éclair,

*Point de fusion,

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*Ramollissement (change de forme),

*Solubilité,

*Viscosité

*Taux de cendre.

*pH *DBO *DCO *MES (pour déchet liquide).

Notez bien que toutes ces caractéristiques sont normalisées, par exemple ; la norme de la
tension de vapeur est NF M07-016 Avril 2004

N.B : pas de normalisation proposée pour la viscosité

4- Propriétés minéralogiques
5- Physico-mécaniques et structurales:
 Granulométrie, la porosité, finesse, surface spécifique (méthode BET)
 Densité.
 Etat structural (amorphe, vitreux, cristallisé)
 Indice de plasticité (qualité de compactage, teneur optimale en eau)
 Propriété mécanique (Broyabilité, dureté, résistance mécanique)
6- Autres caractéristiques:
 Couleur, odeur
 Toxicité pour les êtres vivants ou pour les installations.
 Réactivité chimique et agressivité.
 Radioactivité caractérisée par la nature de rayonnement émis (α, β, γ) et par la période
d’activité.
Exemples: Iode131: 8jours,
Iode129: 1,7.107 ans,
Cobalt60 : 5 ans,
Cesium137: 30 ans,
Strontium 30ans,
Uranium238: 4,5.109 ans,
Thorium232: 1,4 104 ans,
Radium226 : 1260 ans, …

 Facteur de qualité (pureté du déchet)


 Valeur énergétique
 Evolution dans le temps
 Comportement en lixiviat

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