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1.

CONTEXTE JUSTIFICATIF
Dans le cadre de ses actions de conservation et restauration et de promotion des moyens de
subsistance de la population locale, Wetlands International Africa (WIA) a reçu un appui
financier de Woodside pour la mise en œuvre du Projet dénommé “Renforcer la résilience
des communautés dépendant de la mangrove dans le delta du Saloum”. Ce projet vise à
contribuer à l’amélioration des revenus des communautés locales sur la base de l’utilisation
durable des ressources de la mangrove à travers :
 la valorisation des ressources naturelles et la sélection des chaînes de valeur pour le
développement local ;
 la mise en place de mécanismes de restauration des zones agro-sylvo-pastorales
dégradées (récupération des terres salées, etc.) ;
 le développement des micro et petites entreprises locales ;
 la création et/ou la rénovation d’unités de transformation fonctionnelles et 
 la mise en place de processus d’obtention de l’autorisation de mise sur le marché des
produits locaux.
Etant données que les impacts négatifs du changement climatique et ses corolaires notamment
la perte de terres cultivable due à la salinisation et acidification des terres sont très marqués
dans la zone d’intervention du projet, WIA a jugé nécessaire d’entreprendre des actions de
récupération des terres dégradées avec l’appui technique de l’INP. C’est pour cette raison
qu’un premier dispositif expérimental basé sur l’utilisation du phosphogypse et du fumier de
vache séché à l’ombre a été mis en place dans la vallée rizicole de Mbissel (Fimela) depuis la
dernière saison des pluies.
Ce présent rapport de suivi-évaluation réalisé avec l’INP revient sur la technique utilisée et les
principaux résultats obtenus.
2. APPROCHE METHODOLOGIQUE
2.1. Technique de récupération des terres
La stratégie utilisée pour la récupération des terres salées est essentiellement basée sur
l’utilisation du phosphogypse, du fumier (bouse de vache à l’ombre) et de la variété de riz
Sahel 108.
2.1.1. Le Phosphogypse
Le phosphogypse est un sous-produit de la synthèse du phosphate de calcium fluoré et de
l’acide sulfurique. Il a une composition très variable qui dépend dans une large mesure de la
composition des phosphates naturels à partir desquels il est issu. Il constitue principalement
une source de calcium (CaO) et de souffre (S). L’apport de phosphogypse, confère au sol une
teneur en sulfate de calcium, suffisante pour floculer l’argile, ce qui lui donne une structure
plus facile à travailler. Son apport sur les terres salées permet au calcium qu’il contient de
remplacer progressivement sodium du complexe absorbant réduisant ainsi la salinité du sol.
Comme source de calcium et de souffre le phosphogypse peut logiquement être considéré
comme un produit avec une certaine valeur fertilisante.
2.1.2. Le fumier
Convenablement employés, les fumiers contribuent à maintenir la fertilité et à enrichir la terre
par l'apport d’azote, de carbone, de phosphore, de magnésium, et du calcium, augmente les
substances nutritives disponibles, améliore la structure (la formation d’agrégats) et la capacité
de rétention d’eau du sol. Le fumier de vache est le mélange composé de bouses de vache et
de paille de litière. Les bovins étant de grands herbivores, le fumier de vache apporte
beaucoup d’humus au sol, matière organique essentielle à la bonne croissance des plantes. Il
permet de renforcer les terres légères et à les alourdir, d’améliorer la fertilité des sols, à
contribuer à la qualité des récoltes, et à favoriser le rendement des cultures. Par ailleurs il
n’est pas recommandé d’utiliser le fumier de vache trop frais car cela peut nuire à la santé
humaine et à la croissance des plantes car la décomposition du fumier de vache induit une
fermentation à très haute température (+ 55°C) susceptible de brûler les racines et les plantes
c’est pour cela il faut au moins attendre 1 an avant d’épandre du fumier de vache.
2.1.3. Le matériel végétal
La variété Sahel 108 est adapté à la culture d’hivernage (semis précoce et tardif (110 jours) et
de contre saison (125 jours), bonne qualité du grain (mince et long, mutique), rendement
potentiel 10 tonnes/hectare, bon goût, qualité culinaire appréciée par les ménagères. Elle a été
choisie dans l’essai car c’est la variété la plus utilisée dans le delta et elle demeure très
sensible à la salinité.
2.2. Suivi du dispositif de récupération des terres
Le suivi-évaluation du dispositif expérimental de récupération des terres à Fimela a concerné
un certain nombre de paramètres édaphiques et agronomiques.
2.2.1. Les paramètres édaphiques
Des prélèvements d’échantillons composites de sol (en surface et à 20 cm de profondeur) à
analyser ont été réalisés au niveau de 10 points dans la zone aménagée et 03 dans la zone non
aménagée pour servir de témoins. Le choix des points a été fait de façon aléatoire. Toutefois,
ils sont situés à une distance minimale de 20m de la périphérie pour limiter l’effet bordure.
Les échantillons de sol collectés ont permis de déterminer, entre autres, la teneur du sol en
éléments nutritifs, la structure du sol, la texture du sol et la salinité et acidité du sol.
2.2.2. Les paramètres agronomiques
Pour ce qui concerne les paramètres agronomiques 10 carrés de rendement de 1m 2 de
superficie ont été placés dans la zone aménagée. Dans ces carrés, des échantillons de matières
organiques ont été prélevés afin de définir un ensemble de paramètres agronomiques
notamment le rendement de production, le nombre de grain par panicule, la masse des 1000
grains, la hauteur moyenne des épis, le tallage moyen du riz. Ces paramètres biologiques,
comparé à ceux de la variété cultivée dans les conditions normales, ont permis d’évaluer
l’efficacité du dispositif.
Pour limiter l’effet bordure, les carrés de rendement ont été également placés à distance
minimale de 20m de la périphérie.
2.2.3. Entretiens semi-structures
En plus des échantillons qui ont été collectés, l’avis des producteurs sur le dispositif a été
recueilli à travers un focus group mixte de producteurs et 05 entretiens individuels. Ces
exercices ont permis aux bénéficiaires de donner leur appréciation sur l’efficacité du
dispositif. Ils ont permis également d’avoir une idée sur les besoins actuels sur les besoins qui
serviront de base pour l’élaboration d’un future Plan d’aménagement de la vallée.
3. RESULTAT DU DISPOSITIF DE RECUPERATION DES TERRES
L’accompagnement faite aux producteurs est apprécié à l’unanimité. En effet 100% des
producteurs interrogés lors de l’enquête de perception affirment que le système basé sur
l’apport du phosphogypse et du fumier est très rentable. Il a engendré des résultats très
satisfaisant. Il a permis une réduction très significative de la salinité occasionnant un
rendement très intéressant. L’évolution de la salinité avant et après l’accompagnement
évaluée à travers la conductivité électrique est représentée dans les figures suivantes.
8000 8000
Conductivité électrique

7000 7000

6000 6000

5000 5000
4000 4000
3000 3000
2000 2000
1000
1000
0
1 3 5 7 1 3 5 7 9 0
Si Si Si
Si Echantillons
SF deSFsol SF SF SF 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20

Figure 1&2 : Evolution de la conductivité électrique des sols dans la vallée aménagée de
Mbissel ( Avant Après)

L’analyse des figures ci-dessus laisse comprendre une baisse significative de la conductivité
électrique après l’expérimentation du dispositif de récupération des terres. La conductivité
électrique des sols détermine leur degré de salinité. Au début, cette variable avait des valeurs
très élevées allant généralement de 1 000 à 7 000 μS/cm. Ce qui ne permettait pas le
développement des cultures dans la zone. Le comportement des cultures en fonction de la
conductivité électrique est cosigné dans le tableau suivant.
Tableau : Variation du rendement des cultures en fonction de la conductivité électrique

La baisse de la conductivité électrique due au dispositif expérimental de récupération des


terres est à l’origine des rendements satisfaisants qu’ont constaté les producteurs. Ces
constats sont en partis confirmés par les résultats du suivi agronomique consignés dans le
tableau suivant.
Tableau : récapitulatif des résultats du suivi agronomique
Paramètre Unité Valeur Appréciation
Tallage moyen Talle/pied 3 Bonne
Hauteur moyenne cm 93,4 Bonne
Nombre de grains moyen par
grains/ panicule 151 Bonne
panicule
La masse des 1000 grains g 21 Bonne
Rendement moyen t/ha 5,9 Satisfaisant
Quantité de riz produit dans la
t 38,32 Satisfaisant
surface aménagée

 Tallage moyen
Le nombre de talles par pied ou tallage chez les cultures est fonction de l’écartement observé
lors du semis. Dans la vallée aménagée, le tallage moyen est estimé à 3 talles par pied. Ce qui
démontre le respect d’un bon écartement lors du semis
 Hauteur moyenne
Hauteur moyenne est un excellent élément d’appréciation du développement végétative du
riz. La hauteur des talles dans la vallée aménagée est comprise entre 72,32 et 114,48 cm avec
une moyenne de 93,4 cm qui est légèrement supérieur à la moyenne inscrite dans la fiche
descriptive de la variété Sahel 108 cultivée estimée à 90 cm. Cette forte croissance est liée à la
lame d’eau élevée dans la vallée durant une bonne période.
 Nombre de grains moyen par panicule
Nombre de grains de riz par panicule est important. Il varie entre 101 et 201 grains/panicule
avec une moyenne de 151 grains/panicule. Cette valeur assez élevée a permis l’obtention d’un
rendement satisfaisant.

 Masse des 1000 grains :


Cette variable renseigne sur la qualité de la production. Elle est fortement influencée par la
qualité des grains. Dans la vallée aménagée de Mbissel, 1000 grains du riz produit pèsent en
moyenne 21g, ce qui témoigne une bonne qualité de la récolte bien que cette valeur soit
légèrement en dessous du potentiel de la variété Sahel 108 estimé à 24g.
 Rendement moyen et production
Les carrés de rendement placés au niveau de la zone aménagée ont permis d’estimer le
rendement moyen à 5,90 t/ha. Cette valeur semble faible comparée au potentiel de la Sahel
108 estimé à 10 t/ha. Cependant les rendements de la variété varient entre 6 et 7 t/ha dans la
vallée du fleuve Sénégal (AfricaRice | Variétés Sahel (africarice-fr.org). Il faut noter que les
producteurs ont déploré la présence de beaucoup d’adventices (mauvaises herbes) qui ont
légèrement impacté la production. D’où la nécessité d’améliorer le système de labour pour
réduire les adventices. Tous ces éléments ci-dessus réunis permettent d’affirmer que les
rendements obtenus sont très satisfaisants. D’ailleurs la totalité des producteurs enquêtés lors
de la dernière mission de suivi évaluation a confirmé, qu’avec l’apport du phosphogypse et du
fumier de vache séché à l’ombre, les rendements sont très bonnes. Ce qui qui a motivé une
forte demande d’adhésion pour la prochaine campagne, même au niveau des autres villages
environnant.
L’extrapolation du rendement moyen obtenu sur l’ensemble de la superficie aménagée (6,5
ha) a permis d’estimer la production totale à 38,32 tonne de riz
4. DIFFICULTES RENCONTREES
 Manque de semeuse
 Forte présence d’adventices
 Divagation des animaux
 Manque de dispositif de rétention de l’eau de la vallée pour autres activités
 Cherté du coût du labour
5. BESOINS ACTUELS 
 Aménagement de la vallée : Mise en place de digue et d’ouvrage de rétention de l’eau
de la vallée pour un usage dans d’autres secteurs d’activités comme le maraîchage
 Acquisition des intrants : semences et herbicides
 Appui en équipement de récolte et post-récolte
 Améliorer le calendrier du labour pour réduire la présence des adventices. Réaliser
trois labours : 1er labour en février, 2ième en Avril et le 3ième en juillet
 Récupération de terre supplémentaires
 Une barrière pour limiter la divagation des animaux

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