Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:56 Page 4
Il y a tout juste un an, notre magazine dévoilait une Quittons les rives de notre majestueux fleuve et
partie des secrets de la mystérieuse Côte-Nord, ce empruntons, grâce à la savante plume de Pierre
coin si charmant du Québec malheureusement Lambert, le transport public que fut la diligence, et
encore méconnu de plusieurs. Et pourtant, cette roulons sur le chemin de Chambly en l’agréable
région, magique par sa géographie et son histoire, a compagnie de Paul-Henri Hudon. Des faits sur des
marqué la Nouvelle-France et le Québec. moyens de transport plus récents nous sont aussi
racontés dans : « Survol historique de l’aviation
En effet, en cette année 2010, la Baie Saint-Laurent, québécoise», par Pierre Thiffault, et «The Montreal
sise à l’est des îles de Mingan, fêtera ses 475 ans. & Southern Counties Railway Company (1909-
Cette baie, nommée par Jacques Cartier le 10 août 1952)» par Thomas Grumley.
1535, a vu son toponyme s’étendre généreusement
au golfe à partir des années 1620, puis à l’estuaire et Les chroniques habituelles sauront tout autant
au fleuve long de 1197 kilomètres – appelé aussi au nous intéresser. Louise Chevrier nous soumet les
début du XVIIe siècle: rivière du Canada – et même « Confidences d’un historien », Michel Pratt, un
à des paroisses, municipalités, arrondissements, auteur très prolifique et, dans «Histoire de lire»,
etc., comme me le rappelait dernièrement Guy elle nous propose dix titres abordant des thèmes
Côté, de Havre-Saint-Pierre. des plus variés. «L’histoire en images» nous offre
deux photos, l’une de l’église de Saint-Hubert
Il existe des liens étroits entre ce cours d’eau d’une (Longueuil) et l’autre qui permet d’admirer le célè-
importance cruciale pour l’existence et la croissance bre dirigeable R-100, à l’aéroport du même endroit.
de notre pays, ainsi qu’avec bon nombre d’articles Dans «L’histoire sur Internet» François Gloutnay
à lire dans la présente édition qui rejoignent le nous informe comment découvrir des livres en
thème abordé par notre congrès 2010: les moyens ligne.
de transport.
Finalement, dans «Le mot de la Fédération», notre
Au fil des ans, l’homme s’est approprié les rives du dévoué président lève le voile sur le thème du
fleuve, a enjambé son cours et l’a mâté. C’est ainsi congrès 2011 : l’Amérique française, rencontre à
que furent construits ce chef-d’œuvre d’ingénierie laquelle il nous convie déjà.
qu’est le pont de Québec, au sujet duquel Michel
L’Hébreux nous sensibilise quant à l’urgence d’agir Un nombre considérable d’articles tous aussi inté-
dans ce dossier extrêmement important d’un point ressants les uns que les autres ayant été reçus, c’est
de vue patrimonial québécois et canadien, ainsi que à regret que le comité éditorial a dû partager ces
le pont tubulaire et ferroviaire Victoria, la « hui- textes. De ce fait, six autres auteurs verront leur
tième merveille du monde»! si bien présentée par article publié dans notre édition de l’automne 2010.
nul autre que Michel Pratt, organisateur du Vous pourrez alors découvrir l’histoire de quatre
congrès. autres ponts et un autre traversier, une partie du
chemin du roi et un rendez-vous manqué avec
Si les ponts permettent de franchir le fleuve, les tra- l’histoire ferroviaire canadienne...
versiers également ont rempli et remplissent encore
cette essentielle mission. C’est ce que raconte Guy Bon congrès et surtout, excellente lecture à tous!
Billard dans « Les traversiers entre Verdun et la
Rive-Sud ». Pour sa part, Bernard Hallé, de Parcs
Canada, nous fait connaître l’apport considérable
des voies navigables dans l’histoire du Québec.
4
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:56 Page 5
Michel Pratt
Pour un historien, c’est un rêve de publier un livre...
par Louise Chevrier
Professeur d’histoire à la retraite depuis peu, Michel Pratt est le président de la Société historique et culturelle du
Marigot, la société hôte du congrès 2010 de la Fédération Histoire Québec, dont il est aussi le secrétaire du conseil
d’administration. Homme d’engagement, Michel Pratt n’a jamais hésité à se lancer dans l’action sociale et commu-
nautaire: le syndicalisme, la littérature et l’histoire sont ses champs d’action. Il a été président de syndicat, prési-
dent de l’Association des auteurs de la Montérégie (1998-2002) et, depuis plusieurs années, il se consacre à sa société
d’histoire.
L’autre cause qui lui tient à cœur est celle des Éditions Histoire Québec, la maison d’édition de la Fédération. Cette
entité qui, par de modestes moyens, se dédie à la publication d’ouvrages produits par les sociétés d’histoire de diverses
régions est à l’image des causes qui sont chères au chercheur passionné et à l’auteur prolifique qu’il est. Convaincu
du rôle fondamental que doivent jouer les sociétés d’histoire pour la connaissance du Québec, Michel Pratt évoque
pour nous les souvenirs de ses débuts de professeur et d’écrivain.
Michel Pratt a d’abord commencé sa carrière d’en- le milieu universitaire. Les gens d’extrême-gauche
seignant comme chargé de cours en histoire : à se promenaient avec mon livre sous le bras »,
l’Université du Québec à Montréal, à l’Université ajoute-t-il en riant.
de Montréal, à l’Université du Québec à Trois-
Rivières et à l’Université de Sherbrooke. Il obtient Mais le désir d’écrire n’est pas toujours compatible
finalement un poste de professeur en sciences poli- avec la vie de famille. Le professeur d’histoire est
tiques au Collège de Saint-Hyacinthe. Puis, il entre aussi père de trois enfants et près d’une quinzaine
au Collège de Maisonneuve, à Montréal, où il d’années sépareront cette première publication de
enseigne notamment l’histoire américaine tout en la deuxième. « Pendant ces années-là, j’avais peu
occupant les fonctions de coordonnateur du dépar- de temps à consacrer à l’écriture.»
tement d’histoire et de géographie. Michel Pratt a
toujours été engagé socialement. Pendant ses pre- Puis un jour, en 1993, « par hasard », l’histoire
mières années d’enseignement, il est militant syn- locale se pointe le bout du nez dans la vie de Michel
dical. « J’ai même été président du syndicat des Pratt qui est issu d’une vieille famille lon-
professeurs, à Saint-Hyacinthe. » Plus tard, la gueuilloise. Un cousin vient de lui confier un trésor
Fédération nationale des enseignantes et ensei- familial. « Il s’agissait des archives de Paul Pratt,
gnants du Québec fera appel à cette double exper- mon grand-oncle, qui fut maire de Longueuil pen-
tise en réclamant ses services à titre de médiateur. dant 32 ans. J’ai donc écrit un livre sur lui.»
Longueuil du temps du maire Pratt : 1894-1967 est
Publier publié sous l’égide de la Société historique et cultu-
relle du Marigot. Mais cette fois, le ton est donné:
« Pour un historien, confie Michel Pratt, c’est un Michel Pratt poursuit ses recherches et publiera à
rêve que de publier un livre. » C’est ainsi qu’en un rythme régulier. En 1994, paraît Jacques-Cartier :
1980 paraît son premier livre aux Presses de une ville de pionniers, 1947-1969. «Ce qui correspon-
l’Université Laval : La grève de la United Aircraft. dait exactement à mon champ d’action, rappelle-t-
L’époque était celle de l’approche marxisante, se il, l’histoire sociale d’un quartier populaire.»
rappelle l’auteur, qui était à l’époque un sympathi-
sant de gauche, «mais sans dogmatisme, précise-t- L’année suivante, le Marigot lance le premier dic-
il. Aujourd’hui, je me qualifie plutôt de social- tionnaire historique consacré à une ville. Il s’agit du
démocrate. L’ouvrage a connu un bon tirage pour Dictionnaire historique de Longueuil, de Jacques-Cartier
le genre et a même eu une certaine influence dans et de Montréal-Sud, «le premier dictionnaire historique
5
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:56 Page 6
sur une ville», signé Michel Pratt et dédicacé «aux aider les sociétés d’histoire à publier, Michel Pratt,
organismes et aux personnes qui ont œuvré à la devenu le secrétaire du conseil d’administration,
recherche historique à Longueuil ». Pour cet riche d’une expérience qu’il a acquise au Marigot,
ouvrage impressionnant, l’auteur avait fait appel à figure parmi les fondateurs. En 2010, il est toujours
de nombreux collaborateurs, à qui il rend hom- le président des Éditions Histoire Québec.
mage dans ses remerciements. Le livre lui a permis
de regrouper l’ensemble de ses recherches. Entre- Dans la cour des grands
temps, il a joint le conseil d’administration du
Marigot et il sera élu président en 1998. Dans la foulée des grandes fusions municipales,
Michel Pratt et ses collaborateurs lancent l’Atlas his-
Histoire locale sur la sellette torique de la nouvelle ville de Longueuil, un ouvrage
qui méritera le prix Léonidas-Bélanger 2002,
«L’histoire locale et régionale est négligée, elle est décerné par la FSHQ. «Ce prix a été extrêmement
la laissée-pour-compte des universitaires, affirme important pour nous, souligne Michel Pratt,
volontiers Michel Pratt. Je n’ai pas peur de le dire. puisqu’il donnait de la crédibilité à nos ouvrages.»
Je suis moi-même issu de ce milieu qui commence
à peine à s’intéresser à l’histoire locale. Mais si les Il arrive aussi que l’histoire régionale soit à la fois
universitaires ne s’y intéressent pas, les gens du nationale et internationale. En 2003, paraît Les diri-
milieu comblent ce vide. Rien ne peut appuyer la geables R100 et R101, relatant l’histoire de ces
passion des gens d’une région, même s’ils n’ont pas fameux ballons dont celle, unique, du fabuleux
une bourse de recherche.Au Marigot, j’ai tenté de R100. Son atterrissage réussi à l’aéroport de Saint-
prouver que nous sommes capables d’avoir des Hubert reste à ce jour l’événement montérégien le
chercheurs de calibre et de publier.» plus grandiose de tous les temps. Le sujet de ce
livre intéresse de nombreux passionnés, et ce, par-
Lorsque, au tournant des années 2000, la tout dans le monde. En 2006, la traduction anglaise :
Fédération des sociétés d’histoire du Québec Airships R-100 and R-101 se vend comme des petits
(FSHQ) songe à fonder une maison d’édition pour pains chauds, par le biais d’Internet.
6
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:56 Page 7
«Ce fut un immense succès. Un champ spécialisé le prix Cyprien-Tanguay, décerné par la Fédération
qui trouve des amateurs dans tous les pays. Nous québécoise des sociétés de généalogie, pour :
avons vendu 80 % des exemplaires dans le monde Longueuil sous le Régime français, un projet multimé-
entier, particulièrement en Angleterre, aux États- dia produit en 2005. En 2009, Histoire de Longueuil
Unis et en Allemagne.»«Mais pour nous, poursuit 1657-2007, remportait le Prix du Gala de la culture
le président du Marigot, le point tournant a été de Longueuil 2009, catégorie Patrimoine.
l’Histoire de Longueuil 1657-2007, un livre qui s’ins-
crivait dans le cadre du 350e anniversaire de De plus, Michel Pratt a aussi collaboré à des projets
Longueuil. La Ville de Longueuil nous a fait cinématographiques à titre de coscénariste : Le
confiance en nous donnant des moyens financiers. Québec est au monde (1979), Au clair de la lune (1983),
Nous avons eu droit à la couverture cartonnée, le Le Choix d’un peuple (1985) et Un pays à changer
papier couché, etc. La large diffusion du livre, qui a (2002) (également comme coréalisateur).
été réimprimé, nous a valu une série d’appels.»
En entrevue, il reste modeste et oublie de mention-
Depuis, Michel Pratt et le Marigot reçoivent des ner les prix qu’il a reçus pour son travail bénévole:
commandes d’organismes et d’autres villes qui Dollard-Morin 2001 (Québec), Honorius-Provost
demandent qu’on écrive leur histoire. Ainsi furent 2004 (FSHQ). En 2009, il est consacré Bénévole cul-
publiés, en 2008: Orchestre symphonique de Longueuil : turel au Gala de la culture de Longueuil.
son histoire de 1986 à aujourd’hui; De la paroisse Saint-
Georges à la paroisse Le Bon Pasteur. 100 ans de pré- «Les sociétés d’histoire peuvent faire de grandes
sence de l’Église; Brossard, 1958-2008 : un pont entre choses si elles en ont les moyens.Et la somme de
hier et demain; en 2009: Quartier Bellerive. 1959-2009 toutes les histoires locales donne la grande histoire
et, en 2010: La Chambre de commerce et d’industrie de du Québec », conclut notre collègue à qui nous
la Rive-Sud 1959-2009. levons notre chapeau.
7
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 13
Paul-Henri Hudon, enseignant retraité, fait de la recherche historique depuis plusieurs années et a publié, en 1972,
Rivière-Ouelle, 1672-1972. De plus, il est l’auteur de deux monographies concernant la famille Hudon dit
Beaulieu, de centaines d’articles dans des périodiques dont L’Ancêtre, où il a remporté des prix à quatre reprises,
dans L’Estuaire généalogique, Le Louperivois et d’autres. Il a collaboré avec quelques associations de famille en
publiant des faits d’histoire, entre autres dans Le Bé, La famille Berrubey. Il est responsable depuissept ans de la
publication annuelle des Cahiers d’histoire à la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly, dont il est prési-
dent. En 2007, Paul-Henri Hudon a été nommé membre de la corporation Richelieu – Champlain 2009, qui a
souligné, entre autres, le 400e anniversaire du passage de Champlain en 1609 sur le Richelieu.Paul-Henri Hudon
a obtenu lepremier prix de la Fondation Percy W. Foy, production 2006, pour Le chemin de fer à Chambly en
1873. Le rêve d’un essor industriel, un essai historique de114 pages.
13
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 14
14
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 15
15
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 16
16
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 17
Notes
1
La Minerve, 28 novembre 1831.
2
ROY et MALCHEROSSE, Le régiment de Carignan, Ducharme, Montréal, 1925.
3
RAPQ, 1938-39, Mémoire du roi à MM. De Vaudreuil et Beauharnois, 14 juin 1704, page 31.
4
Lettre du 7 février 1831 dans La Minerve du 5 mars 1832, par le Comité de surveillance du comté de Chambly, auquel participent les
notaires René Boileau et Joseph Demers de Chambly.
5
La Minerve, 14 décembre 1835.
6
Montreal Gazette, 2 juin 1841.
7
Basile Larocque, notaire, 13 avril 1842, acte no 2354.
8
Basile Larocque, notaire, 3 octobre 1843.
9
Charles-Gédéon Scheffer, 10 avril 1848.
10
L’Avenir, 1er juillet 1857.
11
Le Franco-Canadien, 17 février 1888.
12
PRATT, Michel, Atlas historique, Société historique du Marigot, 2001, p. 79.
13
LACOSTE, Jacques, Saint-Hubert, Barrières à péage sur le Chemin Chambly, février 2003, manuscrit dactylographié, 15 pages, avec carte
de localisation des postes de péage. Archives de la SHSC.
14
Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 19 octobre 1934.
17
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 18
J.R. Thomas Grumley, the youngest son of a career CNR employee, was born and educated in Montreal. Riding on
streetcars to/from school in downtown Montreal and riding in the cabs of Central Vermont and CNR first genera-
tion diesel locomotives ensured that an avid interest in streetcars and trains was acquired at an early age. Now
semi-retired from a career in Telecommunications, he resides in Manotick, Ontario (near Ottawa). Tom has written
seven books and numerous articles on street and interurban railway systems in Quebec, one of which won the 2006
Canadian Railroad Historical Association (CRHA) Book of the Year award. As a life long rail fan, Tom, over the
years, had many of his photos published in major North American railway magazines. Tom is a member of the
CRHA, The Bytown Railway Society, The C. Robert Craig Memorial Library in Ottawa and the Ottawa Valley
Associated Railroaders.
Despite the fact that work on the In 1910, the company would sion took place in January 1926,
construction of the M&SC com- extend its reach to Longueuil to from Marieville to Ste. Angele.
menced in 1908, the St. Lambert a point just east of the present
taxpayers, on January 21, 1909 day Jacques Cartier Bridge. On At the initial inauguration of the
voted in favor of a new bylaw Saturday, May 28, 1910 a three- line in 1909, it was announced
granting the M&SC a franchise car train carrying special guests that a station and car barn
to operate an electric passenger departed at 2:30 pm from the would be built in St. Lambert,
and freight service between McGill St. terminal and proceed- thus making St. Lambert the
Montreal and St. Lambert. The ed to Longueuil. Led by Band- focal point of operations. The
company was incorporated as master Timon, music by the station and a three-track brick
far back as 1897. But it took more town band greeted the visitors structure accommodating nine
than twelve years for the dream as they took their position on 50-foot cars were completed in
of an electric service between the platform, erected for the mid-1910. But with the afore-
Montreal and the southern occasion in the municipal park mentioned expansion it soon
counties to come to fruition. at the corner of Chambly Road became necessary to enlarge
and Guillaume St. Mayor operations at St. Lambert. As
On a warm Saturday afternoon Geoffrion extended the best such, a new four-track section to
on October 30, 1909, cars 1 and 2 wishes of the town. Other spee- the original car barn was built in
carrying invited guests traveled ches followed and refreshments 1912. In addition, the new buil-
between Montreal and St. Lam- were then served, after which ding included general offices,
bert to mark the official inaugu- the party returned to Montreal. dispatcher’s headquarters, loc-
ration of service between the ker rooms for the crews and a
two communities. Speeches by Further expansion to Ranelagh store house. In 1924 final expan-
the Mayor of St. Lambert and occurred in 1911. In 1912, service sion of this site took place with
the President of the M&SC were would be extended to Green- the opening of the company’s
followed by a reception at the field Park, Mackayville and new office building, replacing
Brooklyn Park clubhouse. The M&SC Junction. It would be fol- the headquarters site on McGill
entourage returned to Montreal lowed by Chambly, Richelieu Street.
at 5 pm that afternoon, crossing and Marieville in 1913. In late
the more than 6,000-foot long 1915, service reached Abbots- The company’s initial order of
Victoria Bridge in three minutes. ford and finally Granby in 1916, equipment (cars #1-#8) came
Thus began a hot and cold love a distance of 47 miles from from the Ottawa Car Company
affair with interurban opera- Montreal. It would take another as single end passenger motors.
tions that would last 47 years. ten years before the final expan- The vast majority of passenger
18
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:57 Page 19
19
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 20
It would take another year years of electric service came to final inbound suburban trip
before the final chapter of the an end. Earlier on that day, 45 from Greenfield Park and
company would be closed for- members of the Canadian Mackayville to St. Lambert,
ever. On the evening of October Railroad Historical Association entering the shops at 12:40 am
13, 1956 and early morning made a commemorative trip on on the Sunday morning. Earlier
hours of October 14, almost 47 a special. Car #101 made the on the Saturday evening, car
#609 with train #438 made the
final run to Marieville on the
Granby subdivision arriving
there at 8:00 pm. Car #608,
which had made the final run to
Ste. Angele earlier that day,
backed from the storage track to
join the waiting #609. With
motorman Y. Lefort at the con-
trols and conductor J. Pelletier
in charge, the final trip home
commenced. A stop was made
at M&SC Junction to advise Mr.
Lamoureau, Chief of the compa-
ny’s power department, to cut
the power from Granby up to
the junction. The cars then pro-
ceeded through Greenfield Park
Crossing Black’s Bridge over the Lachine Canal in June 1955. (Source: C. Robert Craig
and Mackayville, swung through
Memorial Library, Kenneth F. Chivers Collection C1-CS1280) the underpass on Riverside
Drive and entered the Water-
man siding in St. Lambert. Mr.
Pelletier removed the markers
while Mr. Lefort lowered the
trolley pole. Almost 47 years of
operation was over which today,
53 years later, is but a distant
memory.
20
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 21
Pierre Thiffault travaille depuis 1984 dans les services de la circulation aérienne. Il signe depuis 2000 une chro-
nique historique dans le magazine d’aviation Plein Vol. Il est l’auteur du livre Au temps des premières ailes -
petite histoire aérienne du Québec. En 2001, il a fondé avec la Fondation Aérovision Québec le Panthéon de
l’Air et de l’Espace du Québec, destiné à honorer nos pionniers.
Si l’année 2009 fut celle du cen- Mais la grande vedette fut sans Le passage de l’aéroplane subju-
tenaire de l’aviation canadienne, contredit le Français Jacques de gua les piétons du centre-ville.
2010 célèbrera celle de l’aviation Lesseps (1883-1927), représen- L’aviateur revint atterrir à
au Québec. C’est en effet à l’été tant l’organisation Blériot. À Pointe-Claire, devant une foule
1910 que les Québécois entendi- peine un mois auparavant, l’aris- stupéfiée.
rent pour la première fois le tocrate (fils du compte Fer-
vrombissement des avions, lors dinand de Lesseps, le bâtisseur Précédemment
d’une semaine de l’aviation à du canal de Suez) avait réussi la
Pointe-Claire qualifiée (exagéré- deuxième traversée de la Man- Le premier vol d’un avion au
ment) de « plus grand meeting che, aux commandes - tout Canada était survenu un an plus
d’aviation du monde ». Premier comme Louis Blériot un an tôt, le 23 février 1909. Ce jour-là,
événement du genre au Canada, avant lui - d’un avion Blériot XI un biplan baptisé Silver Dart
l’événement connu un succès baptisé Le Scarabée. Le 2 juillet, avait décollé de la surface gelée
retentissant. Une quinzaine d’avia- avec le même appareil, de du lac Bras d’Or, en Nouvelle-
teurs, aéronautes et parachu- Lesseps triomphait en survolant Écosse. L’appareil était le 4e pro-
tistes se présentèrent, dont cinq la ville de Montréal, en accom- totype de l’Aerial Experiment
pilotes de l’organisation des plissant une périlleuse boucle Association, un groupe de
frères Wright. C’est à l’un d’eux, d’une soixantaine de kilomètres, recherche aéronautique fondé
le réputé Walter Brookins (1888- très précisément en 49 minu- par Alexander Graham Bell. Le
1953), que revint l’honneur tes… et 3 secondes! célèbre inventeur du téléphone
d’exécuter la première envolée
d’un avion au Québec. Durant
dix jours, les pilotes s’affrontè-
rent en tentant de s’approprier
l’un ou l’autre des dix-sept prix
visant à récompenser à peu près
n’importe quelle action d’éclat :
vol le plus long, le plus haut, le
plus bas, le plus rapide, le plus
précis à l’atterrissage, avion pla-
nant le plus longtemps, trans-
portant le plus de passagers, etc.
À un certain moment, trois
appareils furent observés en vol
en même temps; vision surréa-
liste pour des spectateurs
n’ayant auparavant jamais vu
Le Scarabée de Jacques de Lesseps à Pointe-Claire en 1910.
un seul aéroplane de leur vie. (Source: collection Frank H. Ellis)
21
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 22
Jean-Marie Landry (debout à droite) en France sabrant le champagne à l’école de Louis Blériot (assis au centre) en 1914.
(Source: Collection Aérovision Québec)
22
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 23
La naissance de l’aviation
commerciale canadienne
HS-2L de la Canadian Airways employé pour la photographie aérienne.
(Source: Collection Louis Patrault)
Si l’aviation était un phénomène
marginal avant la Première
Guerre mondiale, l’après-guerre les campagnes en proposant des La naissance véritable de l’avia-
inonda au contraire le pays de baptêmes de l’air, des combats tion commerciale canadienne sur-
plus de 2000 pilotes à la recher- aériens simulés, des courses vint à l’été 1919, à l’initiative d’un
che de travail. Mais en 1919, contre les automobiles, etc. On homme particulièrement vision-
l’aviation civile n’était encore appelait ça faire du barnstor- naire, Ellwood Wilson (1872-
qu’un secteur récréatif, et son ming, expression signifiant - au 1952), ingénieur forestier en chef
potentiel commercial restait à propre comme au figuré: frôler à la papetière Laurentide Com-
imaginer. Pour gagner leur les granges. pany de Grand-Mère. Dès 1906,
croûte, les aviateurs sillonnaient Wilson avait envisagé – sans
23
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 24
succès – de recourir à un ballon brousse au pays. Pour souligner régulière au pays, reliant
pour effectuer l’inventaire des sa nouvelle vocation, le premier Angliers à Rouyn trois fois par
territoires de coupe. En 1915, appareil fut baptisé La Vigilance. semaine, synchronisée avec
Wilson eu vent qu’on utilisait un Cela se passait en juin 1919. l’horaire des trains. Les pre-
hydravion dans le Wisconsin mières bases d’aviation étaient
pour la patrouille des feux de Trois ans plus tard, en 1922, le d’ailleurs souvent établies aux
forêts. À la tête d’un regroupe- service devenait indépendant, points limites du réseau ferro-
ment de papetières désigné adoptant le nom Laurentide Air viaire, l’avion prenant en
St. Maurice Forest Protective Service. Première compagnie quelque sorte le relais sur le
Association, Wilson entreprit aérienne d’envergure au pays, train. C’est au cours d’une de
des démarches pour organiser sa flotte compta bientôt une ces envolées que fut découvert,
un service aérien de patrouilles douzaine d’hydravions. Quel- le 3 novembre 1924, le premier
forestières à partir du Lac-à-la- ques Québécois faisaient partie passager clandestin de l’histoire
Tortue, non loin de Grand-Mère. du personnel de mécaniciens, canadienne! Un ouvrier des
Faisant jouer ses contacts, dont les frères Roméo (1898- mines de Rouyn s’ennuyant de
Wilson mit la main sur deux 1954) et Irénée (1894-1977) sa famille…
hydravions Curtiss HS-2L du Vachon, de même que Wilfrid
surplus de guerre. Conçus pour Thibault (1903-1976). En plus de D’autres papetières imitèrent
la patrouille anti-sous-marine, la patrouille des feux de forêts et l’initiative de la Laurentide
ces appareils avaient été laissés l’inventaire photographique des Company, notamment la Price
à la base navale de Dartmouth territoires de coupe, la Lau- Brothers de Chicoutimi en 1920.
(Halifax) par les forces améri- rentide Air Service effectuait le Son service aérien, dirigé par
caines après l’Armistice. Pour transport de travailleurs, provi- H.S. Quigley (1888-1929), fut à
les convoyer jusqu’au Lac-à-la- sions, courrier privé, ballots de l’origine de la Canadian Air-
Tortue, on recruta le pilote vote et autres marchandises vers ways de Montréal.
Stuart Graham (1896-1976) et le les camps miniers d’Abitibi, du
mécanicien Walter « Bill » Kahre nord de l’Ontario et même Pour palier l’absence d’équipe-
(1892-1964), qui devinrent de jusqu’à la Baie James. Elle inau- ment radio dans les avions, les
facto les premiers aviateurs de gura en 1924 la première liaison aviateurs de brousse avaient
parfois recours à un système
ingénieux de communication :
les pigeons voyageurs! Typi-
quement, l’équipage montait à
bord avec une cage contenant
deux pigeons voyageurs. En cas
d’avarie, un message (révélant
aux secouristes l’emplacement
de l’avion en panne, etc.) était
introduit dans une petite cap-
sule en aluminium attachée à
l’oiseau. Il n’y avait plus qu’à
espérer que le pigeon retrouve
son chemin ou ne se fasse pas
intercepter par un oiseau de
proie...
24
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 25
la photographie aérienne, mier contrat, inauguré à l’au- C’est Roméo Vachon qui se
Ellwood Wilson (encore lui!) tomne 1927, visait à accélérer révéla le principal artisan de ce
fonda en 1922 une deuxième l’acheminement du courrier vaste réseau, lui qui occupera
compagnie aérienne, toujours transatlantique, selon un horaire dans les années 1930 - véritable
au Lac-à-la-Tortue, désignée synchronisé avec l’escale des exploit pour un francophone - le
Fairchild Aerial Surveys Co. (of paquebots à Pointe-au-Père, poste de surintendant chez
Canada). Plus tard, la compa- près de Rimouski. À cet endroit, Canadian Airways et gérant de
gnie-mère de New York, insatis- les sacs étaient échangés et le sa filiale Quebec Airways. Les
faite des aéronefs sur le marché, courrier arrivant d’Europe était Canadiens français faisant alors
se lança dans la conception de immédiatement acheminé par la carrière dans l’aviation se comp-
ses propres avions, donnant voie des airs vers Cartierville taient en effet sur les doigts de la
naissance en 1927 à la célèbre (bientôt Saint-Hubert). De là, main. Heureusement, grâce à un
lignée des Fairchild FC-2. Le FC- d’autres avions prenaient le programme gouvernemental
2 devint rapidement l’avion relais vers Ottawa, Toronto et d’aide aux aéroclubs, plusieurs
standard des compagnies cana- ailleurs, permettant de retran- écoles d’aviation virent le jour
diennes. En 1929, une usine cher plus de 48 heures à la dis- en 1928-29. Le bassin de pilotes
d’assemblage Fairchild fut tribution habituelle par voie de francophones commença à aug-
implantée à Longueuil, à peine terre. menter. Les frères Joseph (1907-
un kilomètre à l’est du motoriste 1939) et Arthur (1910-1987)
Pratt & Whitney Canada (dont L’hiver, les opérations se trans- Fecteau, Louis Bisson (1909-
le nouveau moteur WASP avait portaient sur la Côte-Nord pour 1997), Lucien Gendron (1907-
révolutionné le marché par sa la distribution du courrier de 1942), Achille Vanhee (1909-
fiabilité et sa puissance). Avec village en village durant les 2009), Donat Vachon (1903-
Canadian Vickers (ancêtre de longs mois où la navigation 2001), J.-Léon Blondeau (1901-
Canadair, impliqué dans la maritime était interrompue par 1972) et plusieurs autres compo-
construction aéronautique les glaces et pendant lesquels les seront les premières cohortes
depuis 1920) et Curtiss-Reid habitants, coupés du reste du issues de ces écoles, venant prê-
Aircraft (fondé en 1928), l’indus- monde, étaient contraints d’atten- ter main forte aux pionniers de
trie aéronautique de la région dre la venue occasionnelle de la première heure, tel que Hervé
montréalaise était donc très traîneaux à chiens. Pour éviter St-Martin (1897-1939), Adélard
active dès les années 1920. En les inconvénients d’une escale à Raymond (1889-1962), Hervé
1935, Noorduyn Aviation y chaque communauté, les sacs Simoneau (1903-1930) et quel-
débutera la production du étaient simplement largués du ques autres.
fameux avion de brousse haut des airs. Au début, fascinés
Norseman. Suivront Héroux par ce moyen de transport révo- L’aéroport de Saint-Hubert
Aviation (1942), CAE (1947) et lutionnaire, les villageois voit le jour
plusieurs autres fabricants aéro- avaient tendance à observer le
nautiques. passage de l’avion... en oubliant En 1928 fut inauguré en grandes
de regarder où tombait le sac de pompes l’aéroport de Saint-
La poste aérienne courrier. Celui-ci se perdait Hubert. Construit pour la venue
alors dans la neige poudreuse. du dirigeable anglais R-100,
En 1927, le ministère des Postes Pour corriger cette situation, le c’était le premier aéroport cana-
octroya une série de contrats directeur des opérations fit dien administré par le Dépar-
autorisant la mise sur pied de transmettre un télégramme à tement de l’aviation civile. Il
plusieurs lignes aéropostales. chaque village survolé, exhor- devait servir de base canadienne
Ces lucratifs contrats devinrent tant : « Regardez l’oiseau passer en vue d’établir un service régu-
vite - avec ceux de la photogra- mais regardez la crotte tomber! ». lier de dirigeables avec l’Angle-
phie aérienne - la plus impor- On songea à planter un drapeau terre. L’aéroport fut rapidement
tante source de revenus des dans la neige, fournissant une doté d’une infrastructure le
compagnies aériennes. Le pre- cible au pilote. situant parmi les plus modernes
25
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 26
26
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 27
Bernard Hallé est titulaire d’un baccalauréat en géographie et d’une maîtrise en muséologie. Il œuvre depuis 29 ans
au sein de Parcs Canada. Il a consacré les 18 dernières années à faire connaître l’histoire des canaux de navigation
par tous les moyens possibles : expositions, panneaux d’interprétation, reportages, formation de guides, développe-
ment de partenariats, activités d’interprétation, émissions de radio et de télévision, publications et conférences.
Pour rédiger cette synthèse de l’histoire des voies navigables du Québec, monsieur Hallé s’est inspiré de résumés
existants, de livres rares et de travaux inédits que des chercheurs lui ont aimablement permis de consulter.
Alors que la Fédération des surtout le fleuve Saint-Laurent, le canal de Lachine,500 hommes
sociétés d’histoire a choisi les et deux de ses principaux afflu- besognent pendant 5 ans, entre
transports comme thème de son ents, l’Outaouais et le Richelieu, 1821 et 1825, et pour celui de
congrès et qu’Histoire Québec en qui ont davantage été exploités Chambly, les travaux sont exé-
a fait le fond du présent numéro, et développés. cutés en deux temps, soit de
il m’a semblé opportun de trai- 1831 à 1835 et de 1840 à 1842,
ter des voies navigables. Bien Des travaux colossaux avec une force de travail qui
que je travaille depuis 18 ans à peut atteindre près de 1000
faire connaître l’histoire des Avant 1760, Amérindiens et hommes. Quant aux canaux de
canaux du Richelieu et de Français sautent ou contournent l’Outaouais (Grenville, Chute-à
l’Outaouais, l’histoire de ces les rapides à bord de leurs canots Blondeau et Carillon), ils ont
passages maritimes m’étonne d’écorce. En utilisant l’Outaouais nécessité en tout 15 ans de
toujours. Il me semble égale- et la rivière des Français, les construction entre 1819-1834.
ment que plusieurs aspects fas- voyageurs établissent des routes Selon Robert Legget, il s’agit des
cinants des voies navigables de fourrure jusque dans l’Ouest premiers grands ouvrages de
sont méconnus. Par exemple, canadien. Les Français construi- génie civil du pays (les autres
parmi les livres les plus docu- sent des chaînes de roches à plu- grandes œuvres avant cela relè-
mentés sur les canaux de sieurs endroits et tentent d’éri- vent du génie militaire). Au
l’Outaouais et du Richelieu, ger un canal à Lachine. Puis, Haut-Canada, de 1826 à 1832,
deux ont été écrits par un ingé- entre 1779 et 1783, les Bri- on construit le canal Rideau,
nieur ontarien (Robert Legget) tanniques aménagent un pre- une voie navigable de 202 kilo-
et un historien américain mier système de canaux à voca- mètres comportant 45 barrages
(Henry Muller), des auteurs qui tion militaire sur le Saint- et 47 écluses. De telles entre-
n’ont jamais été traduits. Laurent, dont le premier canal à prises créent des chantiers gigan-
écluses en Amérique du Nord, à tesques : des milliers d’hommes
LE RÉSEAU Coteau-du-Lac, entre les lacs creusant au pic et à la pelle, 12
HYDROGRAPHIQUE Saint-Louis et Saint-François. heures par jour; des centaines de
chevaux transportant les maté-
Le Canada possède un réseau Au cours de la seconde moitié riaux et un grand nombre de
hydrographique remarquable. du XIXe siècle, on assiste au Bas- charrettes, de grues et de méca-
Selon Robert Legget, il coulerait Canada, comme dans une ving- nismes ingénieux, probable-
dans l’Outaouais plus d’eau que taine d’états américains, à une ment toujours dépourvus de
dans toutes les rivières du véritable fièvre des canaux. Au moteurs. La construction des
Royaume-Uni. Bien qu’on ait Bas-Canada, on construit ceux canaux en Amérique, c’est la
utilisé des bateaux à vapeur sur de l’Outaouais, du Saint-Lau- « baie James » de la première
le lac Saint-Jean et jusque sur les rent et du Richelieu. Ce sont des moitié du XIXe siècle.
lacs du Témiscamingue, c’est chantiers impressionnants: pour
27
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 28
Agrandissement du canal de Lachine, en 1874. (Source: Bibliothèque et Archives nationales du Canada/061471, estampe de W. Scheuer)
28
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:58 Page 29
29
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 30
de détente. Cependant, les unique en Amérique, car elle ont marqué le territoire, ils ont
canaux présentent aussi des vise le passage de plusieurs créé des habitudes qui se sont
aspects plus sombres. Par exem- espèces, dont des poissons de transformées et ont perduré.
ple, les biologistes ont démontré fond, ce qui nécessite un plus Encore maintenant, les chemins
que le barrage qui est associé au grand nombre de bassins. de fer et les grandes autoroutes
canal de Saint-Ours empêchait empruntent souvent des tracés
certains poissons d’atteindre LES IMPACTS INDIRECTS semblables aux premières routes
leur zone de reproduction. C’est navigables. Des villes nées de
pourquoi Parcs Canada et une Les plus grands impacts des l’eau se sont trouvées d’autres
dizaine de partenaires ont voies navigables sont peut-être vocations et se sont développées.
construit une passe migratoire les plus indirects. Les canaux Si, à l’origine, elles étaient de
bons ports ou des escales avant
les rapides, des entreprises et
des services s’y sont aujourd’hui
développés simplement parce
qu’il y avait déjà une population
établie. C’est le cas de Saint-Jean-
sur-Richelieu, Sainte-Anne-de-
Bellevue, Sorel et même d’une
grande partie de Montréal.
LES CANAUX
AUJOURD’HUI
30
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 31
Bibliographie
CARTIER, François, Bernard HALLÉ, Daniel BEAUDIN, Karine LA FLÈCHE et Yvon DESLOGES, Les canaux ou l’eau apprivoisée, Continuité,
no 93, été 2002.
GELLY, Alain, Historiographie du canal de Chambly. Document présentement en rédaction, 400 p.
HUDON, Paul-Henri, Le barrage Fryer - Draguer et harnacher le Richelieu, décembre 2007, Prix Percy-Foy, document non publié, disponible à
la Société d’histoire de la Seigneurie de Chambly, 82 p.
LAFRENIÈRE, Normand, Le canal de Carillon et le réseau de canalisation de l’Outaouais, Parcs Canada, 1980, 225 pages, no 2794 et no 281.
LEGGET, Robert, Ottawa River Canals and the Defense of British North America, University of Toronto Press, 1988, ISBN 0-8020-5794-2, No 2410,
308 p.
MULLER, Henry N. The commercial history of the lake Champlain-Richelieu river route, 1760-1815. Ph. D., University of Rochester, 1969, 347 p.
SÉVIGNY, P.A., La main-d’œuvre des canaux du Richelieu 1843-1950, ministère de l’Environnement, Ottawa, 1983, 136 p.
SÉVIGNY, P.A., Commerce et navigation sur le canal Chambly : aperçu historique, Parcs Canada, 1983, 90 p.
SÉVIGNY, P.A. La construction du canal de Chambly, quelques précisions (1831-1842), septembre 1988, document non publié, 70 p.
Sites Internet de Parcs Canada, www.pc.gc.ca.
3131
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 32
Michel L’Hébreux est président de la Société d’histoire de Saint-Romuald. Tout en oeuvrant dans le domaine de
l’éducation à titre d’enseignant, puis de directeur d’école, M. L’Hébreux a effectué des recherches pour retracer,
écrire et raconter l’histoire passionnante de ce pont reconnu depuis 1987 comme Monument historique internatio-
nal du génie civil. Il a d’ailleurs prononcé plus de 1 500 conférences sur le sujet et a participé à plusieurs émissions
de radio et de télévision. Il a rédigé des articles pour bon nombre de revues importantes ainsi que pour
l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, en plus de collaborer à la réalisation de
quelques films documentaires. Membre fondateur du Comité pour la sauvegarde et la mise en valeur du pont de
Québec, M. L’Hébreux a publié Une merveille du monde, le pont de Québec etCe sera le plus grand pont
du monde. Ce dernier volume a même été traduit en anglais.
En 2002, le travail de Michel L’Hébreux a été reconnu à l’échelle nationale lorsque la Société canadienne de génie
civil lui a décerné le Prix W. Gordon Plewes pour sa contribution à l’étude de l’histoire du génie civil au Canada.
En avril 2009, il a aussi été récipiendaire du Prix du Patrimoine dans la catégorie Interprétation et diffusion pour
la grande ville de Lévis, en appréciation de l’ensemble de ses réalisations en rapport avec le pont de Québec.
La ville de Québec, berceau de libre entre ses piliers principaux. tion que ce projet attendu pen-
l’Amérique française, marque Le pont de Québec dépasse de dant plus de cinquante ans fut
aussi l’histoire des transports et 30 mètres son plus proche rival, enfin réalisé, le 20 septembre
du génie canadien en étant le le fameux pont Firth of Forth 1917, après quelques tentatives
site du plus grand pont cantile- situé en Écosse et parachevé en infructueuses qui ont causé la
ver au monde avec ses 549 1890. Or, ce n’est pas sans de mort d’une centaine d’ouvriers.
mètres (1 800 pieds) de portée nombreuses difficultés d’exécu- Ce pont est aujourd’hui consi-
déré comme un chef-d’œuvre
mondial d’ingénierie, ayant reçu
au fil des ans plusieurs titres de
noblesse importants.
Un premier projet …
32
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 33
Seconde catastrophe à survenir au pont de Québec, le 11 septembre 1916, en tentant de hisser la travée centrale.
(Photo: St. Lawrence Bridge Co.)
éveiller des inquiétudes. Le 29 sortium entre la Dominion Bridge deux bras cantilever. Pendant
août 1907, alors qu’une centaine Co. de Lachine, au Québec, et de l’ascension de la travée qui pèse
d’hommes travaillent sur l’ar- la Canadian Bridge Co. de Wal- 5 200 tonnes, on entend soudai-
mature et qu’il leur reste une kerville, en Ontario. Des normes nement un craquement épou-
vingtaine de minutes à faire extrêmement rigoureuses sont vantable et l’on voit cette der-
pour terminer leur journée de suivies afin qu’aucune erreur ne nière se tordre, se ployer, puis
travail, toute la partie sud du se glisse lors de l’exécution de s’engouffrer dans les profon-
pont, d’une longueur de 391 l’oeuvre. On double la quantité deurs du fleuve. Cette deuxième
mètres (1 284 pieds), s’écroule d’acier par rapport au premier tragédie, qui cause la mort de 13
comme un château de cartes. pont et, même si le principe de personnes et en blesse 14 autres,
Cette première catastrophe, qui construction demeure le même, sera attribuée cette fois-ci à un
sème la consternation dans le plusieurs changements impor- défaut dans le moulage d’un
pays tout entier, cause la mort tants sont apportés dans les support cruciforme de la travée.
de 76 personnes, dont 33 plans. Ce pont cantilever aura
Mohawks de Kahnawake, 17 987 mètres de long, avec une tra- Le pont … enfin terminé !
Américains et 26 Québécois. vée centrale suspendue de 195
Lors d’une commission royale mètres, et une portée libre de L’année suivante, le 20 septem-
d’enquête par la suite, des 549 mètres entre ses piliers prin- bre 1917, devant une foule de
erreurs fondamentales dans la cipaux. Une fois réalisé, il 125 000 personnes, on installe
conception des plans, ajoutées à deviendra le plus long pont au avec succès une autre travée
un manque de jugement de la monde, toutes catégories con- centrale identique à la première.
part de Theodore Cooper, l’ingé- fondues. Plusieurs manifestations de joie,
nieur responsable de la cons- dans une ville de Québec toute
truction, viennent expliquer la Les bras d’ancrage et cantilever pavoisée, viennent alors souli-
cause de cette tragédie. nord et sud sont érigés entre gner l’heureux parachèvement
1913 et 1916. Le 11 septembre de cette grande merveille du
La reconstruction du pont 1916 s’annonce un jour de fête à génie civil dans le monde.
Québec, car on prévoit terminer
L’année suivante, c’est le gou- la construction du pont. Il ne La ville voit alors réaliser un
vernement fédéral qui prend le reste plus qu’à procéder à l’ins- rêve qu’elle caressait depuis
projet en main et confie la tallation de la travée centrale qui longtemps, soit de devenir le
construction du deuxième pont a été construite dans l’anse de véritable carrefour de transport
à la St. Lawrence Bridge Co., con- Sillery et qui viendra réunir les d’envergure nationale. À partir
33
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 34
34
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 35
35
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 36
Guy Billard est vice-président de la Société d’histoire et de généalogie de Verdun (SHGV). Il s’intéresse aux
recherches en histoire, en particulier à l’histoire de Verdun où il est né en 1930. Le Verdunois adore scruter les livres
de sa société qui en compte 20 000. Il rédige des textes pour la revue Les Argoulets, publiée quatre fois l’an, et pour
le journal Le messager de Verdun qui peut être consulté sur http://www.messagerverdun.com/ - section SOU-
VENIRS. Parfait bilingue, M. Billard possède son site Internet, http://shgverdun.multiply.com/photos, un site
anglophone qui contient plus de 400 photos sur son coin de pays. Quelques photos de sa collection peuvent aussi
être visionnées sur le site de la SHGV: www.ville.verdun.qc/shgv. Photographe amateur, Guy Billard est respon-
sable des albums photos et des cartes anciennes.
Les anciens traversiers de pour le bénéfice des gens de La Catherine. Il s’agit d’un permis
Verdun à Laprairie et à la Côte Tortue (Laprairie) et de Saint- de transport accordé pour 5 ans
Sainte-Catherine sont aujour- Constant. Verdun accède à la sur le Saint-Laurent, entre la
d’hui presque légende. Seuls les demande, mais répond en y Côte Sainte-Catherine et Verdun,
petits voiliers de plaisance et les mettant ses conditions. au coût de 5 $ par an payable en
chaloupes motorisées se bala- - Pour une voiture simple, juin de chaque année. Le règle-
dent dans la grande baie. Avant chargée ou vide, avec ment contient la condition qu’au-
que Verdun se soit constitué conducteur, une traversée: 40 cune liqueur spiritueuse ne soit
officiellement Village, de nom- cents. vendue sur le traversier et que
breux traversiers ont librement - Aller/retour: 60 cents. nulle municipalité ne soit res-
donné du service aux riverains, - Voiture double, chargée ou ponsable des problèmes pouvant
transportant personnes et mar- vide, aller : 60 cents; aller- y survenir. À Verdun, les con-
chandises. Le 13 décembre 1879, retour:1$. seillers Crawford et Hadley pro-
MM. Louis Laurin et Henri - Personne à pied, aller : 15 posent des modifications au
Pigeon demandent au conseil de cents; aller-retour: 25 cents. règlement : ce permis sera donné
Verdun d’instituer un tel service - Enfants de moins de 12 ans: quand le conseil de Verdun aura
demi-tarif. reçu un tarif de 50 $ pour cha-
- Cheval seul ou personne à cune des deux premières années
cheval : 25 cents; aller-retour: et 75 $ pour chacune des trois
40 cents. années subséquentes.
- Chaque vache, boeuf, bête à
cornes : 20 cents. Le Lovells Montreal Directory de
- Chaque mouton, cochon, 1883-84 affirme au sujet de
veau : 10 cents. Verdun qu’un bateau transpor-
teur est maintenant en activité à
Le 4 décembre 1882, le secrétaire- La Tortue, pour passagers et voi-
trésorier de Verdun lit au conseil tures, au rythme de quatre voya-
une lettre de M. J.A. Roberge, ges par jour.
secrétaire-trésorier de Laprairie,
lettre datée du 25 novembre Un permis similaire est accordé,
1882; elle se réfère au règlement le mercredi 4 avril 1883, à la fois
13 de cette paroisse qui accorde par Laprairie et Verdun à la
Traversier St Louis accosté à Verdun. à M. Louis Barbeau et Fils un Compagnie de Navigation de
(Source: le Guardian, ancien journal de permis de traversier, susceptible Laprairie; il est valide pour 5 ans,
Verdun qui n’existe plus depuis une d’être transféré à la Compagnie à compter du 1er janvier 1883.
quarantaine d’années)
de navigation de la Côte Sainte- Au cours des quelques années
36
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 37
Traversier Richelieu accosté au quai La Tortue à Laprairie. (Source: Archives de la Société d’histoire et de généalogie de Verdun (SHGV)
qui suivent, les demandes se aux mêmes conditions que pour l’appelaient aussi La Tortue.
renouvellent à Verdun, que ce les compagnies semblables, sauf Pour les anglophones, c’était le
soit par la même petite compa- que le tarif à payer à Verdun ne Torchy Wharf. De l’autre côté de
gnie (12 mai 1888, Sainte- sera que de 25 $ pour l’année la rivière était situé le quai La
Catherine) ou par une nouvelle, courante. Tortue à Laprairie.
comme elle de la Côte Saint-
Louis (12 mai 1890) et de la Les quais Le nom La Tortue
Compagnie de Navigation de
Verdun (24 août 1894). La même Un des quais d’où abordaient Le nom La Tortue fut donné par
réponse se répète, et aux mêmes les traversiers à Verdun était les Mohawks qui ont demeuré
conditions. Chose remarquable, situé au bout de la Deuxième dans le secteur durant la
des profits plus grands sont reti- avenue et était encore en usage période de 1667 à 1675. Des
rés de Verdun que ceux prove- en 1915. Il desservait de nom- nombreux emplacements por-
nant de la Rive-Sud. Ainsi, les breux fermiers de Laprairie, de taient le nom de La Tortue dans
permis coûtent 5 $, payables à Saint-Constant et des environs le territoire, tous étant situés sur
Laprairie et 100$ à Verdun. qui se rendaient avec leur voi- les bords de la rivière La Tortue.
ture au Marché Bonsecours ou
Une autre demande dont il est chez les épiciers pour vendre a) Le quai de la Deuxième ave-
question dans le procès-verbal légumes et viandes. Les gens le nue qui sera plus tard
du 2 mai 1898 est celle de Casi- nommaient le quai de La Tortue, nommé le quai Leblanc.
mir St. James (Saint-Jemme) qu plus tard renommé le quai b) Le quai de la rue Riverview,
veut mettre en circulation un Leblanc. aussi désigné Torchy Wharf
bac entre Verdun et Laprairie. par les anglophones.
Un permis lui est accordé pour Un autre quai était situé au pied
c) Le chenal La Tortue, aussi
un an à compter du 1er mai 1898 de la rue Riverview et certains
appelé la traverse La Tortue,
37
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 38
Bibliographie
DÉZIEL, Julien, Essai d’histoire de Verdun, 1665, 1876-1976, Édition Comité du Centenaire, 1976, 237 p.
GRAVEL, Denis, Verdun: 125 ans d’histoire 1875-2000, Société historique archiv-histo, 2000, 318 p.
Lovell’s Montreal directory for 1883-84, Canadian Institute for Historical Microreproductions, Ottawa, 9 microfiches.
38
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 11:59 Page 39
Michel Pratt est historien, scénariste, professeur et spécialiste de l’histoire de la Rive-Sud de Montréal. Depuis
1998, il est président de la Société historique et culturelle du Marigot. Il a enseigné au Collège de Maisonneuve, où
il fut coordonnateur du département d’histoire et de géographie. Alors qu’il était professeur de sciences politiques
au Cégep de Saint-Hyacinthe, il accepta la présidence du Syndicat des enseignants en 1985. Il a été chargé de cours
en histoire à l’Université du Québec à Montréal, à l’Université de Montréal, à l’Université du Québec à Trois-
Rivières et à l’Université de Sherbrooke. Auteur de scénarios de films, il fut également président de l’Association
des auteurs de la Montérégie de 1999 à 2002, et c’est sous sa présidence que sera fondé le Festival de la littérature
de la Montérégie. De plus, Michel Pratt est secrétaire du conseil d’administration de la Fédération Histoire Québec
depuis 1998 et président-fondateur des Éditions Histoire Québec.
39
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 40
40
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 41
Samuel Keefer, l’inspecteur des en or, fabriquée par la compa- lumières éblouissantes au
chemins de fer mandaté par le gnie Wyatt de Londres. Des gaz, de telle sorte que, pen-
Receveur général raconte, dans répliques en argent de cette dant trois heures, on peut
son rapport du 19 décembre, décoration furent fabriquées à dire que Montréal souligna
que deux locomotives jumelées Birmingham. En soirée, un feu l’arrivée du prince de Galles
tiraient 18 plates-formes rem- d’artifice clôtura la fête. par un interminable flam-
plies de pierres à pleine capa- boiement de lumières - de
cité, alors que des rapports de « La ville était remplie de l’horizon au zénith tout scin-
journalistes en mentionnent visiteurs américains et de tillait, surpassant toutes les
trois. Le train, mesurant alors touristes venus d’outre-mer splendeurs et magnificences
158,5 mètres de long, soit l’équi- et, de l’avis de tous, jamais de l’Orient... Tous les jardins
valent de deux tubes, transpor- les illuminations de la Great publics étaient décorés avec
tait en fait deux fois la charge St. James (une partie de l’ac- goût de transparents et, dans
maximale normale. Le test tuelle rue Saint-Jacques), du les feuillages, il y avait profu-
s’avéra un grand succès. Le 17 square Victoria à la place sion de lanternes colorées...
décembre, un train, activé par d’Armes, n’avaient été éga- Le dôme de l’hôtel de ville
trois locomotives, faisait la tra- lées. La vision du port était était brillamment éclairé par
versée en transportant 600 invi- féerique; les navires de 3000 becs de gaz, et les fenê-
tés. Une réception eut lieu du guerre, le navire postal et le tres du grand bâtiment
côté de Pointe-Saint-Charles. United Kingdom de Glasgow étaient diaprées de transpa-
étaient illuminés; de tous les rents et de lanternes chi-
C’est le 25 août 1860 que le ponts partaient des salves de noises. »2
prince de Galles, fils de la reine fusées et les hublots étaient
Victoria, inaugura officiellement tous brillamment éclairés. Le prince assista par la suite à de
l’ouvrage en activant un méca- Des fusées et des feux de nombreuses cérémonies diplo-
nisme qui mettait en place la Bengale furent tirés de matiques, sans la présence du
dernière pierre du pont. La céré- Sainte-Hélène; du grand pont concepteur du pont, Robert
monie se poursuivit du côté de la vue était unique. Chaque Stephenson, décédé à Londres à
Saint-Lambert où le prince reçut rue apporta sa contribution : l’automne 1859.
une médaille commémorative lueur de chandelles ou
Le prince de Galles enfonça le dernier rivet du pont Victoria. (Source: London Illustrated News, 6 octobre 1860,
collection Société historique et culturelle du Marigot)
Notes
1
Montréal par ponts et traverses, Pointe-à-Callière, 1999.
2
The Montreal Witness, le 29 août 1860.
41
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 42
42
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 43
La « distribution des rôles» est il était clair que les actions entre-
excellente. Après avoir fait la prises par le chef patriote, dans
connaissance des seigneurs «en les mois précédents les événe-
soutane », le lecteur-spectateur ments, étaient un appel à la
admire la générosité du notaire révolte, voire, aux armes : «Con-
patriote Jean-Joseph Girouard venez donc, Monsieur, que,
qui fonde un hospice, assiste au quoique vous en disiez, le pays
retentissant procès de l’affaire a dû croire que vous vouliez la
Cordélia Viau ou, encore, revit le révolution…», soutient-il devant
« temps des Sauvé », Arthur, le le déni de Papineau.
père et Paul, le fils, deux
hommes politiques marquants, L’histoire d’un curé pas ordi-
originaires de Mirabel. Ce même naire, à lire par tous ceux qui
lecteur reste aux premières loges s’intéressent à cette période de
pour assister à la bataille du rébellion.
train au XIXe siècle, et à la pitoya-
ble tragédie qui marque le XXe
siècle, celle des expropriés de
Mirabel. Avant d’embrasser la prêtrise, il DÉCOUVERTE ET PEU-
a été d’abord avocat, journaliste, PLEMENT DES ÎLES DE
L’auteur ayant délibérément instituteur. Plus tard, il devient LA MADELEINE
choisi d’éviter notes et renvois le premier directeur du collège Pauline Carbonneau
en bas de page, le tout se lit aisé- de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Humanitas
ment… comme une histoire. Pendant qu’il sera titulaire de la Rosemère, 2009
Mais chaque ligne révèle la pas- cure de Saint-Benoît, éclateront
sion de Gilles Boileau pour ce les troubles de 1837. Le curé
coin de pays et son plaisir évi- Chartier adhère à la cause
dent à nous en raconter les évé- patriote et doit s’exiler aux
nements marquants. États-Unis.
43
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 44
de la Mer des Îles de la Made- « Alimentation populaire, gas- septembre 2010. Un excellent
leine, mais le reste du fonds tronomie et traditions alimen- complément à ce livre plein
appartenait toujours à la famille. taires dans la vallée lauren- d’intérêt.
Mme Carbonneau a poursuivi les tienne avant l’avènement des
travaux de son père. restaurants», tel est le sous-titre
de ce petit livre qui offre une fas- POURQUOI J’AI FONDÉ
Premiers habitants, présence cinante incursion au cœur des LE DEVOIR
amérindienne, toponymie, peu- habitudes alimentaires colo- Henri Bourassa et son temps
plement français avec l’arrivée niales. Ces coutumes à l’époque Mario Cardinal
des premières familles, le tour de la Nouvelle-France sont beau- Libre Expression, 2010
d’horizon est complet dans l’ou- coup plus complexes et diversi-
vrage de la madelinienne qui fiées qu’on pourrait le croire. Biographie destinée au grand
explore l’histoire de ses îles public, Pourquoi j’ai fondé Le
natales, de la préhistoire jusqu’à Certes, à leur arrivée, les Fran- Devoir se lit avec grand intérêt.
nos jours. Les textes de Jacques çais empruntent à la culture Elle plonge le lecteur dans le
Cartier constituent le point de amérindienne pour leur survie, Québec du début du XXe siècle,
départ qui permet à l’auteure de mais le phénomène d’accultura- rappelant les luttes d’Henri
retracer les différents itinéraires tion culinaire a plutôt fonc- Bourassa, le fondateur du jour-
de tous ceux qui ont abordé les tionné dans l’autre sens. Si les nal dont on célèbre le centenaire
îles d’une manière ou d’une Amérindiens apportent les en 2010.
autre. Les Micmacs, les pêcheurs citrouilles, le maïs et la dinde
français, basques et autres en aux Français, c‘est sous l’in-
ont fait leur port d’attache pour fluence de ces derniers que les
des activités de pêche. Certains premiers habitants du pays
finiront par les habiter définiti- adoptent des ustensiles comme
vement. le chaudron en fer, la culture du
blé et du seigle, et apprennent à
Escapade rafraîchissante et inté- faire de la soupe, à manger du
ressante dans l’histoire locale bœuf ou du mouton.
d’une région, Découverte et peu-
plement des Îles de la Madeleine est Bien sûr, les Amérindiens ont
un excellent ouvrage qui fera le montré aux Français quel parti
bonheur des généalogistes et exceptionnel on pouvait tirer de
des historiens. la sève de l’érable. Mais les
élèves dépassent les maîtres en
fabriquant le sucre d’érable.
Chacune à sa façon, les cultures
française, amérindienne et bri-
tannique apporteront leur con-
tribution, ce qui fera évoluer les
pratiques en des coutumes ali-
mentaires propres au pays.
Digne petit-fils de Louis-Joseph
Et pour passer de la théorie à la Papineau, Henri Bourassa a
pratique, le livre comprend de donné au Québec un journal de
nombreuses recettes et menus. combat, libre et indépendant
Yvon Desloges, historien à Parcs qui, au fil du siècle, est devenu
Canada, est un spécialiste de l’éminence grise du Québec.
l’alimentation d’autrefois. Il a Quel premier ministre, depuis, a
coécrit Goûtons à l’histoire, livre pu se targuer d’ignorer Le
de recettes anciennes introuva- Devoir? En le boycottant, Mau-
À TABLE EN bles aujourd’hui et a été le prin- rice Duplessis confirmait du
NOUVELLE-FRANCE cipal conseiller de l’exposition À coup la liberté de pensée du
Yvon Desloges table ! Traditions alimentaires au journal. Cet esprit d’indépen-
Septentrion Québec qui se tient au Château dance, Le Devoir le tient évi-
Québec, 2009 Ramezay, à Montréal, jusqu’au 6 demment de son fondateur.
44
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 45
Personnage paradoxal, Henri gré au Québec en 1782 : John dants de John Molson poursui-
Bourassa est à la fois journaliste, Molson. Les Molson et le Qué- vre l’ascension sociale amorcée
politicien, mais fortement bec, une histoire d’amour depuis par l’ancêtre, acteurs des cou-
trempé dans le catholicisme 200 ans? Gilles Laporte, histo- rants sociaux de chaque époque
ultramontain. Cet homme bril- rien spécialiste du XIXe siècle au et fidèles à leur terre d’accueil.
lant fut un grand orateur, à l’ins- Québec, professeur d’histoire à
tar de son illustre grand-père. l’Université du Québec à Mont- Québécois, les Molson ? Pour
Bourassa a su soulever les pas- réal et au cégep du Vieux- l’apprendre, il faut absolument
sions et faire siennes les luttes Montréal, a remonté l’histoire lire cette saga familiale, la pre-
des Canadiens français de son de cette famille. mière écrite en français par un
époque. Prônant l’affranchisse- Québécois (des biographies en
ment du Canada de l’impéria- anglais existent). Plus qu’une
lisme britannique, il a été l’ar- simple histoire de famille, c’est
dent défenseur de tous les fran- aussi un merveilleux survol, un
cophones du pays. cours vivant de l’histoire du
Québec. On comprend pourquoi
«Ce livre n’a pas de prétention les cours du professeur Laporte
historique, » affirme au départ le sont si populaires.
journaliste Mario Cardinal qui
veut surtout rendre hommage
au fondateur d’un journal où il a HISTOIRE DE LA
passé une dizaine d’années. CARICATURE AU QUÉBEC
Mais Pourquoi j’ai fondé Le Robert Aird et Mira Falardeau
Devoir, sous-titré Henri Bourassa vlb éditeur
et son temps, reste un ouvrage Montréal, 2009
biographique et le lecteur averti
remarquera certaines incongrui- Même aujourd’hui, on n’ima-
tés, notamment au sujet de la gine pas la page éditoriale d’un
famille Papineau. La recherche journal sans sa caricature.
historique a progressé depuis L’opinion publique, l’histoire poli-
Rumilly et Groulx, principales Le fondateur de la dynastie des tique et la caricature sont intime-
sources de Cardinal. célèbres brasseurs débarque ment liées. C’est pourquoi exa-
sans-le-sou au Canada, mais doué miner les événements histo-
Henri Bourassa, tout comme d’un esprit d’entreprise; il ne riques sous la lorgnette des cari-
d’autres personnages de l’his- manque pas de s’épanouir dans caturistes constitue un exercice
toire du Québec, attend un bio- ce pays encore neuf. Molson intéressant, voire essentiel pour
graphe à sa mesure: une Hélène s’installe à Montréal et décide la compréhension de la vie poli-
Pelletier-Baillargeon (Olivar de se lancer dans la fabrication tique et sociale du Québec.
Asselin) ou un Pierre Godin de la bière, même si, au départ,
(René Lévesque). Mais le livre il n’y connaissait pas grand-
de Mario Cardinal rappelle à la chose. Une fois brasseur, il s’in-
mémoire du Québec que ses téresse à la navigation fluviale et
grands bâtisseurs ne doivent sera le premier à construire un
pas sombrer dans l’oubli. bateau mue par la vapeur,
l’Accomodation, en 1809. Par la
suite, Molson développe une
MOLSON ET LE QUÉBEC flotte importante de steamboats
Gilles Laporte et s’impose comme principal
Les éditions Michel Brûlé transporteur.
Montréal, 2009
John Molson, le père, et ses trois
Les frères Andrew T., Geoffrey fils s’intéressent également à la
et Justin Molson, nouveaux pro- politique, aux affaires bancaires,
priétaires du club de hockey Le au théâtre, à la construction du
Canadien, sont les descendants chemin de fer: ils sont partout.
directs d’un Anglais qui a immi- Par la suite, on verra les descen-
45
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:05 Page 46
La caricature naît avec l’arrivée Amérique, dont 10 000 d’entre RÉCIT
de l’imprimerie et des premiers eux au Canada. De ce nombre,
journaux, au début du Régime 2 400 choisissent d’y rester. Les NOUS ÉTIONS LE
anglais. Si le brigadier général Besré, Jomphe, Maheu, Payeur NOUVEAU-MONDE
de l’armée britannique George ou Wilhelmy, pour ne nommer Le feuilleton des origines
Townshend est le premier à que ceux-là, sont des descen- Jean-Claude Germain
l’exercer en sol canadien, cet art dants de ces soldats allemands Hurtubise
populaire donnera au Québec qui ont fait souche au pays. Montréal, 2009
de nombreux artistes d’enver-
gure : songeons à Hector Ber- Écrivain et dramaturge, Jean-
thelot, Henri Julien, Albéric Claude Germain s’est toujours
Bourgeois, Robert La Palme et passionné pour l’histoire, parti-
Normand Hudon, pour n’en culièrement la petite histoire.
nommer que quelques-uns. Grand collecteur d’historiettes, il
s’en donne à cœur joie dans Nous
Robert Aird, historien de forma- étions le Nouveau-Monde, une
tion, enseigne l’histoire de l’hu- série de courts récits relatant cer-
mour et Mira Falardeau est une tains épisodes de l’époque de la
spécialiste de l’animation. Ces Nouvelle-France qu’il se plaît à
deux auteurs forment le duo raconter avec toute la verve et
idéal pour réaliser un ouvrage l’espièglerie qui le caractérisent.
remarquable qui contient plus Sous la plume de cet écrivain,
de 200 illustrations. Madeleine de Verchères, Vau-
dreuil, Ramezay, Jeanne le Ber,
Montcalm et d’autres revivent,
LES MERCENAIRES offrant à l’occasion quelques
ALLEMANDS AU QUÉBEC répliques colorées ou bien senties.
1776-1783
Jean-Pierre Wilhelmy Même si Nous étions le Nouveau-
Septentrion Monde relève d’une certaine fan-
Québec, 2009 taisie et que la version proposée
est parfois subjective, les récits
La recherche de Jean-Pierre proviennent de sources histo-
Wilhelmy sur l’apport des mer- Le mythe d’une race française riques solides que le lecteur
cenaires allemands demeure à au «sang pur» est tombé depuis averti reconnaîtra. Une autre déli-
ce jour la plus importante étude longtemps au Québec. «En cinq cieuse manière de faire découvrir
québécoise sur le sujet. Pour- ou six quarts de siècle, écrivit l’histoire du Québec.
tant, la première édition, publiée Benjamin Sulte (cité par
modestement à la Maison des Wilhelmy), nous avons absorbé
mots, date de 1984. Par la suite, des masses d’Écossais, d’An-
Septentrion l’a rééditée en 1997. glais et d’Allemands dont la
En 2009, le dévoilement d’une descendance est aujourd’hui de
plaque commémorative sur les langue française et catholique.»
plaines d’Abraham, à Québec, Pour en connaître plus sur les
souligne la contribution impor- souches germaniques québé-
tante des mercenaires allemands coises et sur ce que les immi-
à la sauvegarde du pays. grants allemands ont apporté à
notre société (ne fut-ce que l’ar-
Rappelons les faits. Lorsque les bre de Noël de la baronne
treize colonies américaines se Riedesel), les «mercenaires» de
rebellent contre le roi d’Angle- M. Wilhelmy demeurent incon-
terre, l’armée britannique fait tournables.
appel aux régiments de merce-
naires allemands. Près de 30000
soldats seront envoyés en
46
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:59 Page 47
Saint-Hubert (Longueuil)
par Michel Pratt,
président de la Société historique et culturelle du Marigot
Trois éléments classiques de la formation d’un village : le couvent des Sœurs du Bon-Pasteur (à gauche), l’église
de la paroisse de Saint-Hubert et le presbytère (à droite). Les bâtiments sont très en retrait du chemin de Chambly.
Le clocher de l’église est intégré dans la tour centrale. Les plans de l’église ont été conçus par Victor Bourgeau.
(Source : Collection Société historique et culturelle du Marigot)
Le dirigeable R-100, dont les moteurs vrombissaient depuis plusieurs minutes, procède au délestage d’eau avant
de s’amarrer à la tour de l’aéroport de Saint-Hubert. (Source : Collection Société historique et culturelle du Marigot)
47
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:59 Page 48
Livres en ligne
par François Gloutnay,
chroniqueur Web auprès de plusieurs médias,
administrateur de la Société d’histoire de la seigneurie de Chambly
Je reconnais volontiers tout le plaisir qu’un cher- Il est vrai que plusieurs documents ne sont accessi-
cheur éprouve à fréquenter, en personne, les biblio- bles que par un abonnement payant - c’est bien
thèques et les centres d’archives. Ces endroits dommage - mais on peut toujours consulter sans
regorgent de livres, de documents, de journaux frais un grand nombre de livres anciens. J’ai pu affi-
anciens et de photographies d’autres époques. cher à l’écran de mon ordinateur des titres comme
Suffit alors de parcourir les tables des matières des Histoire de Longueuil et de la famille Longueuil,
bouquins ou de scruter les répertoires de docu- d’Alexandre Jodoin, les statistiques des recense-
ments pour effectuer ses choix et noter tous les ren- ments du Canada de 1665 à 1871, et cette Histoire du
seignements nécessaires à la recherche menée. Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours, de
François-Xavier Garneau. L’édition en ligne était
Mais aujourd’hui, comment ne pas conseiller à un celle de 1883, publiée chez Beauchemin & Valois,
chercheur d’avoir recours aux ressources documen- libraires-imprimeurs de la rue Saint-Paul à
taires en ligne? Montréal.
Bibliothèques publiques et universitaires ont créé le Tous les écrits anciens n’ont pas été numérisés, bien
site Canadiana.org. C’est là qu’ont été déposées les évidemment. Ne vous privez pas alors de fréquen-
numérisations de milliers de livres et de documents ter votre bibliothèque ou le centre de documenta-
anciens. Bien plus rapide qu’à la bibliothèque, on a tion de votre société d’histoire ou de généalogie.
qu’à insérer un nom (une personnalité, une ville,
un événement) dans un moteur de recherche pour Adresse:
que toutes les pages de tous les livres de cette collec- www.canadiana.org
tion numérique soient examinées.
48
Histoire Québec Vol 16, no1:Layout 1 10-05-06 12:59 Page 49
Du 20 au 22 mai 2011, la Fédération Histoire Québec des exposants, tandis qu la FQSG travaillera étroi-
(FHQ) tiendra un congrès sur l’histoire, le patri- tement avec la FHQ à mettre en place un pro-
moine et la généalogie de l’Amérique française. gramme intéressant et dynamique.
Comme nous le savons tous, c’est à partir de 1604 Le thème choisi veut rejoindre tous les francophones
(en Acadie) et de 1608 (au Canada) que des Français ou descendants de francophones en Amérique, ou
ont commencé à vraiment s’établir en Amérique.Par tout au moins en Amérique du Nord. Ce congrès,
la suite, ils ont exploré et découvert cet immense qui aura lieu à Montréal, un endroit beaucoup plus
territoire qu’est l’Amérique du Nord, d’est en ouest facile d’accès que tout autre pour une première,
et du nord au sud et, grâce à un réseau remarquable veillera à faire découvrir à qui voudra bien y partici-
d’alliances avec les Amérindiens, ils sont parvenus, per (car ce congrès est ouvert non seulement aux
aux meilleures heures de la Nouvelle-France, à sociétés membres des trois fédérations, mais aussi
contrôler près des deux tiers du territoire mainte- au grand public) la richesse qu’ont apportée la cul-
nant occupé par le Canada et les États-Unis. Même ture et la civilisation françaises en Amérique. Il veut
après 1760, ces francophones d’Amérique ont conti- aussi amener les francophones de divers horizons à
nué à essaimer à travers toute l’Amérique du Nord : se redécouvrir, à mieux se comprendre, à se rappro-
en Nouvelle-Angleterre, en Louisiane, en Californie cher et éventuellement à travailler plus étroitement
et dans l’Ouest. Encore aujourd’hui, on retrouve ensemble pour mieux préserver ce riche héritage
plus d’un nom d’origine française, tant sur le plan que nous ont légué nos ancêtres, qu’ils soient
toponymique que sur le plan démographique. Québécois de souche, Acadiens, Franco-Canadiens
hors Québec, Franco-Américains, Louisianais, ou
Alors que l’on se soucie beaucoup de patrimoine, autres.
d’identité culturelle, de survie même, notamment au
Canada français, il semblait tout à fait approprié de L’histoire, le patrimoine et la généalogie seront évi-
se pencher sur ce vaste héritage et de le redécouvrir demment à l’honneur pendant ces réunions qui se
avec fierté. C’est donc le thème qu’a choisi la Fédé- tiendront principalement au Palais des congrès de
ration Histoire Québec pour son prochain congrès Montréal; mais on y traitera aussi d’archives, de
de 2011. patrimoine immatériel comme de patrimoine maté-
riel, de réseaux fluviaux, de toponymie et de bien
Depuis des décennies, les congrès annuels de la d’autres sujets que tous les francophones issus de la
FHQ sont organisés par une société membre ou un Nouvelle-France peuvent avoir en commun.
groupe de sociétés membres œuvrant dans une
région donnée. Ainsi, en 2008, le congrès eut lieu à Ce sera en fin de compte une expérience agréable et
Québec; en 2009, à Baie-Comeau; en 2010, ce sera à instructive de redécouverte de l’Amérique française
Longueuil. Chaque congrès tend à mieux faire par l’ensemble des participants et conférenciers, une
connaître la région hôte ou encore, se concentre sur expérience pouvant contribuer à un rapprochement
un thème particulier, comme celui de Longueuil des passionnés de cette histoire riche et variée, tout
portant sur l’odyssée des transports. comme des descendants de ces pionniers qui ont
marqué de leur empreinte un continent tout entier...
Le congrès de 2011 innovera donc à cet égard, ou presque.
puisqu’il sera géré directement par la FHQ et, plus
encore, il sera le résultat d’une collaboration avec Nous comptons donc sur tous nos lecteurs et toutes
les deux autres regroupements les plus importants nos sociétés membres ainsi que sur les associations
du Québec dans le domaine de l’histoire, de la de familles, dans les trois fédérations, pour diffuser
généalogie et du patrimoine, soit la Fédération qué- le message et inviter quiconque s’intéresse à cette
bécoise des sociétés de généalogie (FQSG) et la histoire glorieuse à venir se joindre à nous du 20 au
Fédération des familles souches du Québec (FFSQ). 22 mai 2011. C’est un rendez-vous à ne pas manquer!
Cette dernière aura un kiosque important au Salon
49