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Nadir Arada

Méthode des éléments finis - Exercices corrigés


M ASTER EDP ET A PPLICATIONS

Université de Jijel
Faculté des Sciences Exactes et Informatique
Département de Mathématiques
Table des matières

Introduction 3

1 Méthode des éléments finis en dimension un 5


1.1 Liste 1 : énoncés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Liste supplémentaire : énoncés et corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

2 Méthode des éléments finis en dimension deux 51


2.1 Liste 1 : énoncés et corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
2.2 Liste supplémentaire : énoncés et corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Travaux Pratiques 77
TP 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77
TP 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80

1
2 TABLE DES MATIÈRES
Introduction

Ce document est un complément au cours sur la méthode des éléments finis donné
dans le cadre du Master 2 EDP et Applications, au niveau du Département de Mathé-
matiques de l’Université Mohamed Seddik Benyahia de Jijel. Il présente les énoncés de
quelques exercices à résoudre pendant les séances de travaux dirigés et leurs corrigés.

3
4 INTRODUCTION
Chapitre 1

Méthode des éléments finis en


dimension un

1.1 Liste 1 : énoncés

Exercice 1. On considère le problème aux limites suivant

− (α(x)u0 (x))0 + β(x)u0 (x) + γ(x)u(x) = f (x),


(
x ∈ (0, 1)
u(0) = u(1) = 0,

où α, β, γ sont trois fonctions continues sur [0, 1] et où f ∈ L2 (0, 1). Écrire le problème
sous une forme variationnelle.

Exercice 2. On considère le problème de Poisson avec des conditions au bord de type


Dirichlet homogènes
(
−u”(x) + γu(x) = f (x), x ∈ (0, 1)
(1.1)
u(0) = u(1) = 0

où γ ≥ est une constante et f ∈ L2 (0, 1).


1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (1.1). Montrer qu’il existe une
solution unique u dans H01 (0, 1).
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et
montrer que le problème approché admet une unique solution uh .
3. Que peut-on dire concernant la convergence de uh vers u ? Quel est l’ordre de
convergence de la méthode ?

5
6 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Exercice 3. On considère le problème de Poisson avec des conditions au bord de type


Neumann (
−u”(x) + γu(x) = f (x), x ∈ (0, 1)
(1.2)
u0 (0) = u0 (1) = 0,
où γ > 0 est une constante et f ∈ L2 (0, 1).
1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (1.2). Montrer qu’il existe une
solution unique u dans H 1 (0, 1).
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et
montrer que le problème approché admet une unique solution uh .
3. Que peut-on dire concernant la convergence de uh vers u ? Quel est l’ordre de
convergence de la méthode ?

Exercice 4. 1. On considère le problème (1.1). Écrire le problème approché corres-


pondant, obtenu par application de la méthode des éléments finis quadratiques.
Déterminer la matrice de rigidité correspondante et montrer que le problème approché
admet une unique solution uh .
2. Que peut-on dire concernant la convergence de uh vers u. Quel est l’ordre de
convergence de la méthode si f ∈ H 1 (0, 1) ?

Exercice 5. On considère le problème aux limites suivant

− (α(x)u0 (x))0 + γ(x)u(x) = f (x),


(
x ∈ (0, 1)
(1.3)
u(0) = u(1) = 0,

où f ∈ L2 (0, 1) et α, γ ∈ C[0, 1] satisfont

α(x) ≥ α0 > 0 et γ(x) ≥ 0 ∀x ∈ [0, 1].

1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (1.3). Montrer qu’il existe une


solution unique u dans H01 (0, 1).
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et montrer
que le problème approché admet une unique solution uh .
3. Que peut-on dire concernant la convergence de uh vers u ?
4. Approcher les éléments de la matrice de rigidité en utilisant la méthode du trapèze.
5. i) Supposons que α(x) = α0 > 0 et γ(x) = γ0 ≥ 0. Calculer explicitement la matrice
1.1. LISTE 1 : ÉNONCÉS 7

Ah .
ii) Considérons le cas de conditions au bord non-homogènes

u(0) = a et u(1) = b (a, b ∈ R).

Pour se ramener au cas de conditions au bord homogènes, on définit une fonction


aussi simple que possible R : (0, 1) −→ R qui satisfait les conditions au bord, i.e.
R(0) = a et R(1) = b (une telle fonction est appelée relèvement). Puis on décompose
u = ũ + R où ũ satisfait des conditions au bord homogènes.
Donner un exemple de fonction R. Écrire l’EDP satisfaite par ũ, la forme variationnelle
correspondante et le système linéaire associé au problème approché correspondant,
obtenu par application des éléments finis linéaires.

Exercice 6. Dans la pratique (spécialement en dimension supérieure), il n’est pas


toujours possible de considérer un relèvement pour transformer le problème avec des
conditions au bord de Dirichlet non-homogènes en un problème avec des conditions
au bord homogène. Une alternative est l’objet du présent exercice.
On considère le problème aux limites suivant
(
−u”(x) = f (x), x ∈ (0, 1)
(1.4)
u(0) = a u(1) = b,

où f ∈ L2 (0, 1) et a, b ∈ R.
1. Écrire une formulation variationnelle correspondant à (1.4) avec des fonctions-test
dans H01 (0, 1). Peut-on appliquer le théorème de Lax-Milgram ?
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et
montrer que le problème approché admet une unique solution uh ∈ X1h . (Vérifier que
les valeurs associées aux conditions aux limites apparaissent dans le second membre
du système.)
3. Que peut-on dire concernant la convergence de uh ?

Exercice 7. (Problème de diffusion-transport) On considère le problème de diffusion-


transport donné par

−µ u”(x) − b u0 (x) = 0
(
x ∈ (0, 1),
(1.5)
u(0) = 0 u(1) = 1,

où µ > 0 et b ∈ R.
1. Utiliser un relèvement approprié pour reformuler la formulation variationelle de (1.5).
8 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Montrer qu’il existe une solution unique à ce problème.


2. Utiliser la méthode des éléments finis linéaires pour approcher (1.5). Montrer que si
on dénote ui = uh (xi ) alors


 (Pe − 1) ui+1 + 2ui − (Pe + 1) ui+1 = 0 i = 1, · · · , N − 1

u0 = 0, (1.6)


uN = 1,

|b|h
avec Pe = 2µ (appelé nombre de Peclet).
3. Chercher les solutions de (1.6) sous la forme ui = ρi . Montrer que
 i
1 − 1+Pe
1−Pe
ui =  N i = 1, · · · , N.
1 − 1+Pe
1−Pe

Exercice 8. (Équation de la chaleur) Soit T > 0 fixé. On considère le problème


parabolique suivant
2

∂u
(x, t) − µ ∂∂xu2 (x, t) + αu(x, t) = f (x, t) (x, t) ∈]0, 1[×]0, T [,
 ∂t


u(0, t) = u(1, t) = 0 t ∈]0, T [, (1.7)


u(x, 0) = 0 x ∈]0, 1[,

où µ > 0, α ≥ 0 et f ∈ L2 (]0, 1[×]0, T [).


1. Donner une formulation variationnelle de (1.7) sous la forme


 Pour tout t ∈]0, T [ chercher u(t) ∈ V tel que

   
 ∂u(t) , v + a (u(t), v) = (f (t), v) ∀v ∈ V, (1.8)
 ∂t


  u(x, 0) = 0 x ∈]0, 1[.
Expliciter V et a.
2. La semi-discrétisation de (1.8) par la méthode des éléments finis s’écrit


 Pour tout t ∈]0, T [ chercher uh (t) ∈ Vh tel que

   
 ∂uh (t) , v + a (uh (t), v) = (f (t), v) ∀vh ∈ Vh , (1.9)
 ∂t


  u(x, 0) = 0 x ∈]0, 1[.
Montrer que (1.9) peut s’écrire de manière équivalente sous la forme du système de
EDO suivant
Déterminer U (t) ∈ RN tel que



 (
M dUdt(t) + AU (t) = F (t) t ∈ (0, T ), (1.10)


U (0) = 0,

1.1. LISTE 1 : ÉNONCÉS 9

où U (t) = (u1 (t), · · · , uN (t)).


3. Utiliser un θ schéma pour discrétiser (1.10). Expliciter le cas correspondant à θ = 0,
θ = 12 et θ = 1.
10 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

1.2 Liste supplémentaire : énoncés et corrigés

Problème. (Interrogation 2016-2017)


On considère le problème aux limites suivant
(
−u”(x) + γ(x)u(x) = f (x), x ∈ (0, 1)
(1.11)
u0 (0) = α, u0 (1) = β,

où γ ∈ C[0, 1] satisfait γ(x) ≥ γ0 > 0 pour tout x ∈ [0, 1], f ∈ L2 (0, 1), et où α et β sont
deux nombres réels.
1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (1.11). Montrer qu’il existe une
solution unique u dans H 1 (0, 1).
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et
montrer que le problème approché admet une unique solution uh .
3. Que peut-on dire concernant la convergence de uh vers u ?
4. Les coefficients de la matrice de rigidité dépendant de γ, quel type d’approximation
supplémentaire doit-on faire pour effectuer les calculs ? Quelles sont les possibles
conséquences sur la convergence de la méthode.
5. Considérons le cas γ = 0. Peut-on appliquer le théorème de Lax-Milgram ? Si le
problème (1.11) admet une solution, est-elle unique ? Peut-on garantir, en général, que
le problème discret associé admet une solution unique ?
6. Considérons finalement le cas des conditions au bord de type Dirichlet u(0) = α
et u(1) = β. Discuter succinctement comment traiter numériquement le problème
dans le cas de conditions au bord homogènes et dans le cas de conditions au bord
non-homogènes.

Corrigé.
1. Supposons que u ∈ H 2 (0, 1). Multipliant l’équation (1.11) par une fonction test
v ∈ H 1 (0, 1) et intégrant, nous obtenons
(u0 , v 0 ) + (γu, v) = (f, v) + [u0 (x)v(x)]10
= (f, v) + βv(1) − αv(0),
Z 1
où (u, v) = u(x)v(x) dx. Autrement dit, la formulation variationnelle de (1.11) est de
0
la forme
Chercher u ∈ H 1 (0, 1) tel que
(
(1.12)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ H 1 (0, 1)
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 11

avec
a(u, v) = (u0 , v 0 ) + (γu, v) ,
F (v) = (f, v) + βv(1) − αv(0).
La forme bilinéaire a est continue dans H 1 (0, 1) × H 1 (0, 1). En effet,
|a (u, v)| ≤ |(u0 , v 0 )| + |(γu, v)|
≤ ku0 k2 kv 0 k2 + kγk∞ kuk2 kvk2
≤ max (kγk∞ , 1) (ku0 k2 kv 0 k2 + kuk2 kvk2 )
 1  1
≤ max (kγk∞ , 1) kuk22 + ku0 k22 kvk22 + kv 0 k2
2 2

= max (kγk∞ , 1) kukH 1 kvkH 1 ∀u, v ∈ H 1 (0, 1).


De l’autre côté, on a
|a (v, v)| = kv 0 k22 + (γv, v)
≥ kv 0 k22 + γ0 (v, v)
≥ min(1, γ0 ) kvk2H 1 ∀v ∈ H 1 (0, 1)

prouvant ainsi que a est coercive dans H 1 (0, 1) × H 1 (0, 1). Montrons finalement que la
forme linéaire F est continue dans H 1 (0, 1). On a
|F (v)| ≤ kf k2 kvk2 + |α| |v(0)| + |β| |v(1)|
≤ kf k2 kvkH 1 + (|α| + |β|) kvkC([0,1]) ∀v ∈ H 1 (0, 1).

Utilisant l’inégalité de Sobolev, il vient que


|F (v)| ≤ kf k2 kvkH 1 + (|α| + |β|) kvkC([0,1])
≤ kf k2 kvkH 1 + CS (|α| + |β|) kvkH 1 (0,1)
≤ (kf k2 + CS (|α| + |β|)) kvkH 1 (0,1) ∀v ∈ H 1 (0, 1)

où CS est une constante de Sobolev. Les conditions du théorème de Lax-Milgram étant


satisfaites, il existe donc une solution unique u au problème (1.12). Posant v = u dans
la formulation correspondente, nous obtenons

min (1, γ0 ) kuk2H1 ≤ a(u, u) = F (u) ≤ (kf k2 + CS (|α| + |β|)) kukH 1

et donc
1
kukH 1 ≤ min(1,γ0 ) (kf k2 + CS (|α| + |β|)) .

2. Le problème approché associé à (1.12) est donné par


(
Trouver uh ∈ Vh , tel que
(1.13)
a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh
12 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

où Vh = Xh1 . Soit (φi )i=0,··· ,N +1 la base de Lagrange de Xh1 . Dans la formulation varia-
tionnelle (1.13), on choisit successivement vh = φi , i = 0, · · · , N + 1 et on obtient
 
N
X +1
a uh (xj ) φj , φi  = F (φi ) 0 ≤ i ≤ N + 1.
j=0

La forme a étant bilinéaire, il vient que

N
X +1
uh (xj ) a (φj , φi ) = F (φi ) 0 ≤ i ≤ N + 1.
j=0

Donc Uh = (uh (xj ))0≤j≤N +1 est solution du système linéaire

Ah Uh = Bh , (1.14)

où la matrice Ah est donnée par Ah = (a (φj , φi ))0≤i,j,≤N +1 et où le second membre


est donné par Bh = (F (φi ))0≤i≤N +1 .
Comme on le sait, les supports de φi et φj sont disjoints quand |i − j| > 1, i.e.

supp φi ∩ supp φj = ∅ si j 6= i, j 6= i − 1, j 6= i + 1.

Une conséquence directe est que la plupart des éléments de Ah sont nuls. Les élé-
ments non nuls correspondants à (Ah )i,i−1 , (Ah )i,i et (Ah )i,i+1 . En effet, en tenant en
compte la définition des éléments de la base, nous avons


 − h1 si x ∈ [xi , xi+1 ],

 1
φ0i (x) = h si x ∈ [xi−1 , xi ],

 0 sinon.

Un calcul simple montre alors que

1 Z
2 
(Ah )0,0 = a(φ0 , φ0 ) = φ00 (x) + γ(x) φ20 (x) dx
0
Z x1  
2
φ00 (x) + γ(x) φ20 (x) dx

=
x0
Zx1  2 
x1 −x 2
− h1

= + γ(x) h dx
x0
Z x1
= 1
h + 1
h2
γ(x) (x1 − x)2 dx,
x0
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 13

1 2
Z 
(Ah )N +1,N +1 = a(φN +1 , φN +1 ) = φ0N +1 (x) + γ(x) φ2N +1 (x) dx
0
Z xN +1  
2
φ0N +1 (x) + γ(x) φ2N +1 (x) dx

=
xN
Z xN +1  
1 2 x−xN 2
 
= h + γ(x) h dx
xN
Z xN +1
= 1
h + 1
h2
γ(x) (x − xN )2 dx,
xN
et pour i = 1, · · · , N , on a
1 Z
2 
(Ah )i,i = a(φi , φi ) = φ0i (x) + γ(x) φ2i (x) dx
0
Z xi+1  
2
= φ0i (x) + γ(x) φ2i (x) dx
xi−1
Z xi Z xi+1
2
= 2
h + 1
h2
γ(x) (x − xi−1 ) dx + 1
h2
γ(x) (xi+1 − x)2 dx,
xi−1 xi

et Z 1
φ0i (x)φ0i+1 (x) + γ(x) φi (x)φi+1 (x) dx

(Ah )i,i+1 = a(φi+1 , φi ) =
0
Z xi+1
φ0i (x)φ0i+1 (x) + γ(x) φi (x)φi+1 (x) dx

=
xi
Z xi+1
= − h1 + 1
h2
γ(x) (xi+1 − x) (x − xi ) dx.
xi
La matrice Ah est symétrique, définie positive. Le système (1.14) admet donc une so-
lution unique.

3. D’après le lemme de Céa


ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − vh kH 1 (0,1) ∀v − h ∈ Vh .
En choisissant vh = Πh u ∈ Vh , nous obtenons
ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − Πh ukH 1 (0,1) −→ 0 quand h → 0.

De plus, vu que f ∈ L2 (0, 1), on a u ∈ H 2 (0, 1) et


ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − Πh ukH 1 (0,1) ≤ Ch ku”kL2 (0,1)
où C est une constante positive indépendante de h.

4. La matrice de rigidité dépendant de γ, nous avons besoin d’approcher les intégrales


du type Z
γ(x) φi (x)φj (x) dx.
supp φi ∩supp φj
14 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Cette approximation introduit une source d’erreur supplémentaire. La matrice étant mal
conditionnée (quand h tend vers 0), il est important de choisir avec soin la méthode
d’intégration numérique. utilisant par exemple la méthode des trapèzes nous obtenons
Z x1
(Ah )0,0 = h1 + h12 γ(x) (x1 − x)2 dx
x0
 
≈ 1
h + 1 h
h2 2
γ(x0 ) (x1 − x0 )2 + γ(x1 ) (x1 − x1 )2
1 h
= h + 2 γ(x0 ),
Z xN +1
(Ah )N +1,N +1 = 1
h + 1
h2
γ(x) (x − xN )2 dx
xN
 
≈ 1
h + 1 h
h2 2
γ(xN ) (xN − xN )2 + γ(xN +1 ) (xN +1 − xN )2
1 h
= h + 2 γ(xN +1 ),
et pour i = 1, · · · , N , on a
Z xi Z xi+1
(Ah )i,i = h2 + h12 γ(x) (x − xi−1 )2 dx + 1
h2
γ(x) (xi+1 − x)2 dx
xi−1 xi
 
≈ 2
h + 1 h
h2 2
γ(xi−1 ) (xi−1 − xi−1 )2 + γ(xi ) (xi − xi−1 )2
 
2 2
+ h12 h
2 γ(x i ) (x i+1 − x i ) + γ(xi+1 ) (x i+1 − x i+1 )
2
= h + h γ(xi ),
et
Z xi+1
(Ah )i,i+1 = − h1 + 1
h2
γ(x) (xi+1 − x) (x − xi ) dx
xi

= − h1 + 1 h
h2 2
(γ(xi ) (xi+1 − xi ) (xi − xi ) + γ(xi+1 ) (xi+1 − xi+1 ) (xi+1 − xi ))
= − h1 .

Ainsi, la matrice Ah est approchée par


 
1 h
h + 2 γ(x0 ) − h1 0 ··· 0
 
 −1 2 h
− h1 ···
h + 2 γ(x1 ) 0 
 h 
 
Ãh = 
 .. .. .. .

 . . . 
− h1 2 h
− h1
 
 0
 ··· h + 2 γ(xN ) 

0 ··· 0 − h1 1
h + h
2 γ(xN +1 )

5. Considérons γ = 0. La forme bilinéaire n’étant pas nécessairement coercive sur


H 1 (0,1), on ne peut plus appliquer le théorème de Lax-Milgram (ce qui ne veut pas
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 15

dire pour autant que le problème n’admet pas de solution faible). Si le problème (1.11)
admet une solution u, alors il est facile de vérifier que toutes les fonctions de la forme
u + constante sont aussi solutions de (1.11). De la même manière, la matrice Ah cor-
respondant à problème discret étant singulière, il n’est pas possible de garantir l’unicité
de la solution pour le problème approché.
6)i) On peut utiliser un relèvement R, par exemple un polynôme de degré 1 tel que
R(0) = α et R(1) = β. Si u est une solution de (1.11), alors ũ = u − R sera une solution
d’un problème du même type avec des conditions aux limites homogènes. Appliquer
alors la méthode d’approximation précédente.
ii) Une autre possibilité est de considérer Vh = Xh1 ∩ H01 (0, 1).

Problème. (Examen 2016-2017)


On considère le problème de réaction-diffusion suivant
(
−µu” + σu = 0 dans (0, 1),
(1.15)
u(0) = 0, u(1) = 1,

où µ et σ sont deux constantes positives.


1. Montrer que la formulation variationnelle de (1.15) est de la forme

Chercher u ∈ H 1 (0, 1) avec u(0) = 0 et u(1) = 1, tel que


(
(1.16)
a(u, v) = 0 ∀v ∈ H01 (0, 1)

où a est une forme bilinéaire symétrique à déterminer.


2. En utilisant un relèvement approprié R des conditions au bord, montrer que (1.16)
peut-être reformulée de la manière suivante

Chercher ũ ∈ H01 (0, 1) tel que


(
(1.17)
a(ũ, v) = F (v) ∀v ∈ H01 (0, 1)

avec u = ũ + R et où F est une forme linéaire à déterminer. Montrer que le problème


(1.17) admet une solution unique dans H01 (0, 1). En déduire que (1.16) admet une so-
lution unique dans H 1 (0, 1).
3. On subdivise l’intervalle [0, 1] en N sous-intervalles de même longueur h. Écrire le
problème approché correspondant à (1.16), obtenu par application de la méthode des
éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité et la matrice de masse cor-
respondantes et montrer que le problème approché admet une unique solution uh .
4. Montrer que si on dénote ui = uh (xi ), alors
(
(Pe − 1) ui+1 + 2 (1 + 2Pe) ui + (Pe − 1) ui−1 = 0, i = 1, · · · , N − 1
(1.18)
u0 = 0, uN = 1,
16 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

avec
σh2
Pe = 6µ .

5. Chercher la solution de (1.18) sous la forme ui = ρi . Montrer que


 √ i  √ i
1+2Pe+ 3Pe(Pe+2) 1+2Pe− 3Pe(Pe+2)
1−Pe − 1−Pe
ui =  √ N  √ N
1+2Pe+ 3Pe(Pe+2) 1+2Pe− 3Pe(Pe+2)
1−Pe − 1−Pe

pour i = 1, · · · , N .

Corrigé.
1. Supposons que u ∈ H 2 (0, 1). Multipliant l’équation (1.15) par une fonction test
v ∈ H01 (0, 1) et intégrant, nous obtenons
Z 1 Z 1
0 0
1
u(x)v(x) dx = u0 (x)v(x) 0 = 0.

µ u (x)v (x) dx + σ
0 0

Autrement dit, la formulation variationnelle de (1.15) est de la forme (1.16), avec


Z 1 Z 1
0 0
a(u, v) = µ u (x)v (x) dx + σ u(x)v(x) dx.
0 0

2. Les conditions au bord étant de type Dirichlet non-homogènes, nous considérons un


relèvement approprié. Soit R : [0, 1] −→ [0, 1] la fonction définie par R(x) = x. Il est
clair que R(0) = 0 et R(1) = 1. De plus, posant u = ũ + R, il est facile de vérifier que
(1.16) peut-être reformulée de la manière suivante
Chercher ũ ∈ V = H01 (0, 1) tel que
(

a(ũ, v) = F (v) ∀v ∈ V,
où F est la forme linéaire définie par
Z 1 Z 1
0
F (v) = −a(R, v) = −µ v (x) dx − σ xv(x) dx
0 0
Z 1 Z 1
= µ (v(0) − v(1)) − σ xv(x) dx = −σ xv(x) dx.
0 0

Des arguments classiques, avec l’inégalité de Poincaré, montrent que


|a(w, v)| ≤ µ kw0 kL2 kv 0 kL2 + σ kwkL2 kvkL2
≤ (µ + cσ) |w|V |v|V ∀w, v ∈ V
prouvant que la forme bilinéaire a est continue sur V . De plus, vu que
2
a(v, v) = µ v 0 L2 + σ kvk2L2 ≥ µ |v|2V ∀v ∈ V,
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 17

nous déduisons que a est coercive sur V . Finalement, utilisant l’inégalité de Poincaré,
nous obtenons
Z 1

|F (v)| = σ
xv(x) dx ≤ σ |R|L2 |v|L2
0
≤ cσ |v|V ∀v ∈ V,

ce qui montre que l’application linéaire F est continue sur V . Le théorème de Lax-
Milgram implique alors que le problème variationnel (1.17) admet une solution unique
ũ ∈ V .
Il est clair que si ũ est solution de (1.17), alors u = R + ũ est solution de (1.16). Pour
prouver l’unicité, supposons que le problème (1.16) admet deux solutions u1 et u2 dans
H 1 (0, 1). Il est alors clair que u1 − u2 appartient à V et que

a(u1 − u2 , v) = 0 ∀v ∈ V.

En particulier, pour v = u1 − u2 , nous obtenons


2
a(u1 − u2 , u1 − u2 ) = µ u01 − u02 L2 + σ ku1 − u2 k2L2 = 0

i.e. u1 = u2 .
3. Le problème approché associé à (1.16) est donné par

Trouver uh ∈ Xh1 avec uh (x0 ) = 0 et uh (xN ) = 1, tel que


(
(1.19)
a(uh , vh ) = 0 ∀vh ∈ Vh

où Vh = Xh1 ∩ H01 (0, 1). Soit (φi )i=0,··· ,N la base de Lagrange de Xh1 . Dans la formulation
variationnelle (1.19), on choisit successivement vh = φi , i = 1, · · · , N − 1. En prenant
en compte le fait que uh (x0 ) = 0 et uh (xN ) = 1, il en résulte que
 
N
X
a uh (xj )φj , φi  = 0 1 ≤ i ≤ N − 1.
j=1

La forme a étant bilinéaire, il vient que


N
X −1
uh (xj )a(φj , φi ) + a(φN , φi ) = 0 1 ≤ i ≤ N − 1.
j=1

Donc Uh = (uh (xj ))1≤j≤N −1 est solution du système linéaire

Ah Uh = Bh , (1.20)

où la matrice Ah est donnée par Ah = (a (φj , φi ))1≤i,j,≤N −1 et où le second membre


est donné par Bh = (−a (φN , φi ))1≤i≤N −1 .
18 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Comme on le sait, les supports de φi et φj sont disjoints quand |i − j| > 1, i.e.

supp φi ∩ supp φj = ∅ si j 6= i, j 6= i − 1, j 6= i + 1.

Une conséquence directe est que la plupart des éléments de Ah sont nuls. Les élé-
ments non nuls correspondants à (Ah )i,i−1 , (Ah )i,i et (Ah )i,i+1 . En effet, en tenant en
compte la définition des éléments de la base, nous avons


 − h1 si x ∈ [xi , xi+1 ],

 1
φ0i (x) = h si x ∈ [xi−1 , xi ],

 0 sinon.

Un calcul simple montre alors que pour i = 1, · · · , N − 1, on a


1 Z
2 
(Ah )i,i = a(φi , φi ) = µ φ0i + σφ2i dx
0
Z xi+1  
2
= µ φ0i + σφ2i dx
xi−1
2µ 2σh
= h + 3 .

Pour i = 1, · · · , N − 2, on a
Z 1
µ φ0i φ0i+1 + σ φi φi+1 dx

(Ah )i,i+1 = a(φi+1 , φi ) =
0
Z xi+1
µ φ0i φ0i+1 + σ φi φi+1 dx

=
xi

= − µh + σh
6 .

Finalement, comme Ah est symétrique, il vient que


 2µ 2σh
− µh + σh

h + 3 6 0 ··· 0
 µ 
 − + σh 2µ + 2σh − µ + σh ··· 0 
 h 6 h 3 h 6 
 
Ah = 
 .. .. .. .

 . . . 
· · · − µh + σh 2µ 2σh µ σh 
 

 0 6 h + 3 −h + 6 
0 ··· 0 − µh + σh
6
2µ 2σh
h + 3

De la même manière, nous pouvons montrer que


(
(Bh )i = 0 i = 1, · · · , N − 2,
− µh σh

(Bh )N −1 = −a(φN , φN −1 ) = − + 6 .
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 19

La matrice Ah est symétrique, définie positive. Le système (1.20) admet donc une so-
lution unique.
4. Il est facile de voir que si on dénote ui = uh (xi ), alors

− µh + σh µ σh
ui + − µh + σh
(   
6 ui+1 + 2 h + 3 6 ui−1 = 0, i = 1, · · · , N − 1
u0 = 0, uN = 1.

h
Multipliant ces équations par µ nous obtenons finalement
(
(Pe − 1) ui+1 + 2 (1 + 2Pe) ui + (Pe − 1) ui−1 = 0, i = 1, · · · , N − 1
u0 = 0, uN = 1,

avec
σh2
Pe = 6µ .

5. Ce système est une équation aux différences linéaires à trois termes. On peut trouver
des solutions du type ui = ρi . Ainsi, après substitution, on obtient

(Pe − 1) ρ2 + 2 (1 + 2Pe) ρ + (Pe − 1) = 0

dont les racines sont


√ √
1+2Pe− 3Pe(Pe+2) 1+2Pe+ 3Pe(Pe+2)
ρ1 = 1−Pe et ρ2 = 1−Pe .

La solution est alors de la forme

ui = C1 ρi1 + C2 ρi2

où les constantes C1 et C2 sont données par les conditions aux limites u0 = 0 et uN = 1,


i.e. (
C1 + C2 = 0 1
⇐= C2 = −C1 = ρN −ρ N.
N N
C1 ρ1 + C2 ρ2 = 1 2 1

Ainsi,
ρi2 −ρi1
ui = ρN N.
2 −ρ1

Problème. (Examen 2017-2018)


Soit H02 (0, 1) l’espace défini par

H02 (0, 1) = v ∈ H 2 (0, 1) | v(0) = v(1) = 0 et v 0 (0) = v 0 (1) = 0 .




On rappelle que c’est un espace de Hilbert pour la norme de H 2 (0, 1).


20 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

1. Montrer que si v ∈ H02 (0, 1), alors v ∈ H01 (0, 1) et v 0 ∈ H01 (0, 1). Appliquant l’inégalité
de Poincaré, établir que

kvkL2 (0,1) ≤ CP2 kv”kL2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1),

où CP désigne la constante de Poincaré. En déduire que


1
kvkH 2 (0,1) ≤ 1 + CP2 + CP4 2
kv”kL2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1)

et que la semi-norme
|v|H 2 (0,1) = kv”kL2 (0,1)
0

est équivalente à la norme usuelle de H 2 (0, 1).

2. On considère le problème suivant



(4) x ∈ (0, 1),
 u (x) + u(x) = f (x)


u(0) = u(1) = 0, (1.21)

 0
u (0) = u0 (1) = 0,

où f ∈ L2 (0, 1).

i) Établir une formulation variationnelle de (1.21) de la forme

Chercher u ∈ H02 (0, 1) tel que


(
(1.22)
a(u, v) = (f, v) ∀v ∈ H02 (0, 1)

où a est une forme bilinéaire ne faisant intervenir que des dérivées d’ordre 2.

ii) Montrer que le problème (1.22) admet une solution unique u ∈ H02 (0, 1). Établir que

|u|H 2 (0,1) ≤ C kf kL2 (0,1) .


0

Peut-on affirmer que u ∈ H 4 (0, 1) ?

3. On considère un maillage uniforme de l’intervalle [0, 1] de pas h = N 1+1 et on introduit


le sous-espace

v ∈ C 1 ([0, 1]) | vh|[xj ,xj+1 ] ∈ P3 ∀ 0 ≤ j ≤ N


( )
Vh = ,
vh (0) = vh (1) = 0, vh0 (0) = vh0 (1) = 0

où P3 est l’espace des polynômes de degré inférieur ou égal à 3.

Utilisant le théorème de recollement de Sobolev, montrer que Vh est un sous-espace


de H02 (0, 1).
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 21

4. Soient (φi )i et (ψi )i deux familles de fonctions de Vh telles que pour tout 1 ≤ i, j ≤ N ,
φ0i (xj ) = 0,
(
φi (xj ) = δij ,

ψi (xj ) = 0, ψi0 (xj ) = δij .


i) Soit v ∈ P3 . Montrer que v est entièrement déterminé sur [xi , xi+1 ] par les valeurs
v(xi ), v(xi+1 ), v 0 (xi ) et v 0 (xi+1 ).
Indication. On pourra écrire que pour tout x ∈ [xi , xi+1 ], v(x) = a(x − xi )3 + b(x − xi )2 +
c(x − xi ) + d.

ii) Montrer que la famille {φ1 , φ2 , · · · , φN ; ψ1 , ψ2 , · · · , ψN } est linéairement indépen-


dante.

iii) Soit vh ∈ Vh et
N
X N
X
wh = vh (xi )φi + vh0 (xi )ψi .
i=1 i=1
Utilisant l’alinéa 4.i), montrer que vh = wh dans [xi , xi+1 ]. En déduire que la famille
{φ1 , φ2 , · · · , φN ; ψ1 , ψ2 , · · · , ψN } est génératrice. Quelle est alors la dimension de Vh .

5. Construire un opérateur d’interpolation Πh : H02 (0, 1) −→ Vh .


On désigne par uh la solution approchée obtenue en considérant Vh . Montrer que
|u − uh |H 2 (0,1) ≤ Ch2 kf kL2 (0,1)
0

où C est une constante indépendante de h.


Indication. On admettra que pour tout v ∈ H 4 (0, 1) ∩ H02 (0, 1), on a
|v − Πh v|H 2 (0,1) ≤ Ch2 v (4) L2 (0,1) .

0

Corrigé.
1. Il est clair que si v ∈ H 2 (0, 1), alors v ∈ H 1 (0, 1) et v 0 ∈ H 1 (0, 1). De plus, si les
conditions v(0) = v(1) = 0 et v 0 (0) = v 0 (1) = 0 sont satisfaites, alors v ∈ H01 (0, 1) et
v 0 ∈ H01 (0, 1). Appliquant l’inégalité de Poincaré à v et v 0 respectivement, il vient que
 
kvkL2 (0,1) ≤ CP v 0 L2 (0,1) ≤ CP CP kv”kL2 (0,1) kv”kL2 (0,1)

= CP2 kv”kL2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1), (1.23)


où CP désigne la constante de Poincaré. Il vient alors que
kvk2H 2 (0,1) = kvk2L2 (0,1) + kv 0 k2L2 (0,1) + kv”k2L2 (0,1)
 2  2
≤ CP2 kv”kL2 (0,1) + CP kv”kL2 (0,1) + kv”k2L2 (0,1)

= 1 + CP2 + CP4 kv”k2L2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1)



22 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

et donc
1
kvkH 2 (0,1) ≤ 1 + CP2 + CP4 2
kv”kL2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1).
De l’autre côté, il est évident que

kv”kL2 (0,1) ≤ kvkH 2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1).

Ceci prouve que la semi-norme

|v|H 2 (0,1) = kv”kL2 (0,1)


0

est équivalente à la norme usuelle de H 2 (0, 1).

2. On considère le problème suivant




 u(4) (x) + u(x) = f (x) x ∈ (0, 1),

u(0) = u(1) = 0,

 0
u (0) = u0 (1) = 0,

où f ∈ L2 (0, 1).

i) Assumant que u ∈ H 4 (0, 1) et mulpliant par une fonction-test v ∈ H02 (0, 1), il vient que
 
u(4) , v + (u, v) = (f, v) . (1.24)

où Z 1
(w, v) = w(x)v(x) dx.
0
Intégrant par parties une première fois et prenant en compte les conditions v(0) =
v(1) = 0, on obtient
  h i1    
u(4) , v = u(3) v − u(3) , v 0 = − u(3) , v 0 .
0

Une deuxième intégration par parties, avec v 0 (0) = v 0 (1) = 0, donne alors
   1
u(4) , v = −u”v 0 0 + (u”, v”) = (u”, v”) . (1.25)

Combinant (1.24) et (1.25), on obtient la formulation variationnelle (1.22), où a est la


forme bilinéaire définie par

a(u, v) = (u”, v”) + (u, v) .

ii) La forme bilinéaire a est continue sur H02 (0, 1). En effet,

|a(w, v)| ≤ |w|H 2 (0,1) |v|H 2 (0,1) + kwkL2 (0,1) kvkL2 (0,1) .
0 0
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 23

Utilisant alors l’inégalité (1.23), on obtient


  
|a(w, v)| ≤ |w|H 2 (0,1) |v|H 2 (0,1) + CP2 |w|H 2 (0,1) CP2 |v|H 2 (0,1)
0 0 0 0

4 2

= 1 + CP |w|H 2 (0,1) |v|H 2 (0,1) ∀w, v ∈ H0 (0, 1).
0 0

Elle est aussi coercive sur H02 (0, 1) car

a(v, v) = |v|2H 2 (0,1) + kvk2L2 (0,1) ≥ |v|2H 2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1).
0 0

Finalement, la forme v 7→ (f, v) est continue sur H02 (0, 1) car

|(f, v)| ≤ kf kL2 (0,1) kvkL2 (0,1) ≤ CP2 kf kL2 (0,1) |v|H 2 (0,1) ∀v ∈ H02 (0, 1).
0

Les conditions d’application du Théorème de Lax-Milgram étant garanties, nous dédui-


sons que le problème (1.22) admet une solution unique u ∈ H02 (0, 1). De plus, choisis-
sant v = u dans la formulation variationnelle, nous obtenons

|u|2H 2 (0,1) ≤ a(u, u) = (f, u) ≤ CP2 kf kL2 (0,1) |u|H 2 (0,1)


0 0

et donc
|u|H 2 (0,1) ≤ CP2 kf kL2 (0,1) .
0

Vu que u(4)
= f −u ∈ L2 (0, 1), des résultats de régularité classiques garantissent que
u ∈ H (0, 1) ∩ H02 (0, 1).
4

3. On considère un maillage uniforme de l’intervalle [0, 1] de pas h = N 1+1 et on introduit


le sous-espace

v ∈ C 1 ([0, 1]) | vh|[xj ,xj+1 ] ∈ P3 ∀ 0 ≤ j ≤ N


( )
Vh = ,
vh (0) = vh (1) = 0, vh0 (0) = vh0 (1) = 0

où P3 est l’espace des polynômes de degré inférieur ou égal à 3.

D’après la définition du sous-espace Vh , si vh ∈ Vh alors

vh ∈ C[0, 1] ∩ H 1 (xj , xj+1 ) et vh0 ∈ C[0, 1] ∩ H 1 (xj , xj+1 ) ∀ 0 ≤ j ≤ N.

Grâce au théorème de recollement de Sobolev, il vient que

vh ∈ H 1 (0, 1) et vh0 ∈ H 1 (0, 1)

et donc vh ∈ H 2 (0, 1). Prenant alors en compte les conditions au bord, nous déduisons
que vh ∈ H02 (0, 1) montrant ainsi que

Vh ⊂ H02 (0, 1).


24 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

4. Soient (φi )i et (ψi )i deux familles de fonctions de Vh telles que pour tout 1 ≤ i, j ≤ N ,

φ0i (xj ) = 0,
(
φi (xj ) = δij ,
(1.26)
ψi (xj ) = 0, ψi0 (xj ) = δij .

i) Soit v ∈ Vh . Alors v peut s’ecrire sous la forme

v(x) = a(x − xi )3 + b(x − xi )2 + c(x − xi ) + d ∀x ∈ [xi , xi+1 ]

et par conséquent

v 0 (x) = 3a(x − xi )2 + 2b(x − xi ) + c ∀x ∈ [xi , xi+1 ].

Considérant les valeurs de ces deux fonctions en xi et xi+1 , nous déduisons que


 d = v(xi )

 c = v 0 (xi )



 ah3 + bh2 = v(xi+1 ) − ch − d

 3ah2 + 2bh = v 0 (x ) − c.

i+1

Il est facile de voir que ce système admet une solution unique (a, b, c, d) prouvant que v
est entièrement déterminé sur [xi , xi+1 ] par les valeurs v(xi ), v(xi+1 ), v 0 (xi ) et v 0 (xi+1 ).

ii) Soit (α1 , · · · , αN , β1 , · · · , βN ) tel que


N
X N
X
αi φi + βi ψi = 0. (1.27)
i=1 i=1

Prenant la valeur au point xj et utilisant les propriétés dans (1.26), il vient que
N
X N
X N
X
αi φi (xj ) + βi ψi (xj ) = 0 ⇐⇒ αi φi (xj ) = 0 ⇐⇒ αj = 0
i=1 i=1 i=1

pour tout 1 ≤ j ≤ N . De l’autre côté, dérivant l’identité (1.27), on obtient


N
X N
X
αi φ0i + βi ψi0 = 0.
i=1 i=1

Évaluant cette dérivée au point xj et utilisant les propriétés dans (1.26), il vient que
N
X N
X N
X
αi φ0i (xj ) + βi ψi0 (xj ) =0 ⇐⇒ βi ψi0 (xj ) = 0 ⇐⇒ βj = 0
i=1 i=1 i=1

pour tout 1 ≤ j ≤ N . Ceci montre que la famille {φ1 , φ2 , · · · , φN ; ψ1 , ψ2 , · · · , ψN } est


linéairement indépendante.
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 25

iii) Soit vh ∈ Vh et soit


N
X N
X
wh = vh (xi )φi + vh0 (xi )ψi .
i=1 i=1

Il est facile de vérifier que

wh (xj ) = vh (xj ) et wh0 (xj ) = vh0 (xj ) ∀j = 0, · · · , N + 1.

Utilisant alors l’alinéa 4.i), nous obtenons

wh|[xj ,xj+1 ] = vh|[xj ,xj+1 ] ∀j = 0, · · · , N

et donc wh = vh . Autrement dit, n’importe quel élément de Vh peut s’écrire comme


N
X N
X
vh = vh (xi )φi + vh0 (xi )ψi
i=1 i=1

montrant que la famille {φ1 , φ2 , · · · , φN ; ψ1 , ψ2 , · · · , ψN } est génératrice. L’espace Vh est


alors de dimension 2N .

5. L’opérateur d’interpolation est tel que, pour tout v ∈ H02 (0, 1),

N
X N
X
Πh v(x) = v(xi )φi + v 0 (xi )ψi ∈ Vh .
i=1 i=1

Grâce au lemme de Céa, et prenant en compte l’indication donnée et l’estimation as-


sociée à u, il vient que

|u − uh |H 2 (0,1) ≤ |u − Πh u|H 2 (0,1) ≤ Ch2 u(4) L2 (0,1) = Ch2 kf − ukL2 (0,1)
0 0
 
≤ Ch2 kf kL2 (0,1) + kukL2 (0,1)
 
≤ Ch2 kf kL2 (0,1) + kukH 2 (0,1) ≤ Ch2 kf kL2 (0,1) ,
0

où C est une constante indépendante de h.

Problème. (Interrogation 2018-2019)


On considère le problème aux limites suivant
(
−ε u”(x) + u(x) = f (x), x ∈ (0, 1)
(1.28)
u(0) = 0, u(1) = 0,

où ε ∈]0, 1[ et f ∈ L2 (0, 1).


26 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

1. Établir une formulation variationnelle de (1.28) de la forme


(
Chercher u ∈ V tel que
(1.29)
aε (u, v) = F (v) ∀v ∈ V
où V est un espace de Hilber, aε est une forme bilinéaire et F une forme linéaire à dé-
terminer. Montrer que (1.29) admet une solution unique u et que cette solution satisfait
l’estimation suivante
 1
ε |u|2H 1 + kuk2L2
2
≤ C1 kf kL2 ,
0

où C1 est une constante positive indépendante de ε.


2. Montrer que u ∈ H 2 (0, 1) et que

ε u00 L2 ≤ C2 kf kL2 ,

où C2 est une constante positive indépendante de ε.


3. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité correspondante et montrer
que le problème approché admet une unique solution uh ∈ Vh .
4. Montrer que
aε (u − uh , wh ) = 0 ∀wh ∈ Vh .
En déduire que

aε (u − uh , u − uh ) = aε (u − uh , u − vh ) ∀vh ∈ Vh

et que

ε |u − uh |2H 1 + ku − uh k2L2 ≤ ε |u − vh |2H 1 + ku − vh k2L2 ∀vh ∈ Vh .


0 0

x2 +y 2
Indication. Utiliser l’inégalité de Cauchy-Schwarz et l’inégalité xy ≤ 2 (x, y ∈ R).

5. Choisissant un élément vh ∈ Vh approprié, déduire des alinéas précédents que

ε |u − uh |2H 1 + ku − uh k2L2 ≤ C3 εh2 + h4 ku”k2L2



0
  2 2 
h2
≤ C4 ε + hε kf k2L2 ,

où C3 et C4 sont des constantes positives indépendantes de ε.

Corrigé.
1. Supposons que la solution u de (1.28) appartient à H 2 (0, 1). Multipliant l’équation
(1.28) par une fonction test v ∈ H01 (0, 1) et intégrant, nous obtenons
1
ε u0 , v 0 + (u, v) = (f, v) + u0 (x)v(x) 0 = (f, v) .
 
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 27

La formulation variationnelle de (1.28) est alors de la forme (1.29), avec V = H01 (0, 1)
et
aε (w, v) = ε w0 , v 0 + (w, v) ,

F (v) = (f, v) .
La forme bilinéaire aε est continue sur H01 (0, 1) × H01 (0, 1). En effet, des arguments
classiques avec l’inégalité de Poincaré montrent que

|aε (u, v)| ≤ ε |(w0 , v 0 )| + |(w, v)|


≤ ε kw0 kL2 (0,1) kv 0 kL2 (0,1) + kwkL2 (0,1) kvkL2 (0,1)
≤ ε + CP2 |w|H 1 (0,1) |v|H 1 (0,1) ∀w, v ∈ H01 (0, 1).

0 0

De l’autre côté, on a

aε (v, v) = ε v 0 , v 0 + (v, v) ≥ ε |v|2H 1 (0,1) ∀v ∈ H01 (0, 1),



0

prouvant ainsi que aε est coercive sur H01 (0, 1) × H01 (0, 1). De plus, on a

|F (v)| ≤ kf kL2 (0,1) kvkL2 (0,1) ≤ CP kf kL2 (0,1) |v|H 1 (0,1) ∀v ∈ H01 (0, 1).
0

Les conditions du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, il existe donc une solution
faible unique uε au problème (1.28). Posant v = uε dans la formulation (1.29), nous
obtenons
aε (uε , uε ) = F (uε )
et donc
ε ku0ε k2L2 (0,1) + kuε k2L2 (0,1) = (f, uε ) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kL2 (0,1)
 1
0 2 2 2
≤ kf kL2 (0,1) ε kuε kL2 (0,1) + kuε kL2 (0,1) .

Par conséquent
 1
2
ε u0ε L2 (0,1) + kuε k2L2 (0,1)
2
≤ kf kL2 (0,1) . (1.30)

2. D’après la formulation faible, on a

u0ε , v 0 = 1ε (f − uε , v) ∀v ∈ Cc1 (0, 1),




où on a utilisé le fait que Cc1 (0, 1) ⊂ H01 (0, 1). Ceci veut dire que la dérivée faible u0ε
existe et est égale à 1ε (f − uε ), i.e. uε ” = (u0ε )0 = 1ε (f − uε ). Observant que 1ε (f − uε )
appartient à L2 (0, 1), il vient que uε ” ∈ L2 (0, 1) et donc uε ∈ H 2 (0, 1). De plus, prenant
en compte (1.30), nous avons

ε kuε ”kL2 (0,1) = kf − uε kL2 (0,1) ≤ kf kL2 (0,1) + kuε kL2 (0,1) ≤ 2 kf kL2 (0,1) .

3. Le problème approché associé à (1.29), défini sur Vh = Xh1 ∩ H01 (0, 1), est donné par

Trouver uh ∈ Vh tel que aε (uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh . (1.31)


28 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

D’après ce qui précède, ce problème admet une solution unique dans Vh . Des argu-
ments standard (voir le cour par exemple ou bien la résolution du problème (1.15)
montrent que sa décomposition dans la base de Lagrange associée est donnée par
N
X
uh (x) = uh (xi )φi (x),
i=1

le vecteur Uh = (uh (xj ))1≤j≤N étant la solution du système linéaire

Ah Uh = Bh ,

où la matrice Ah est donnée par Ah = (aε (φj , φi ))1≤i,j,≤N et où le second membre est
donné par Bh = ((f, φi ))1≤i≤N . De simples calculs montrent alors que
 
2ε 2h ε h
h + 3 − h + 6 0 · · · 0
 
 −ε + h 2ε 2h
− hε + h6 ···
 h 6 h + 3 0 

 
Ah = 
 .. .. .. .

 . . . 
ε h 2ε 2h ε h 
 

 0 · · · − h + 6 h + 3 − h + 6 
0 ··· 0 − hε + h6 2ε
h + 2h
3

4. Comme la formulation (1.29) reste vraie pour tout vh ∈ Vh , on a

aε (u, vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh .

En retranchant cette identité à (1.31), on obtient

aε (u − uh , vh ) = 0 ∀vh ∈ Vh

et donc
aε (u − uh , u − uh ) = aε (u − uh , u − vh ) + aε (u − uh , vh − uh )
| {z }
=0

= aε (u − uh , u − vh ) ∀vh ∈ Vh .
Tenant en compte la coercivité et la continuité de aε , et utilisant l’inégalité de Young, il
vient que

ε |u − uh |2H 1 (0,1) + ku − uh k2L2 (0,1) = aε (u − uh , u − uh )


0

= aε (u − uh , u − vh )
≤ ε |u − uh |H 1 (0,1) |u − vh |H 1 (0,1)
0 0

+ ku − uh kL2 (0,1) ku − vh kL2 (0,1)


≤ ε
2 |u − uh |2H 1 (0,1) + 2ε |u − vh |2H 1 (0,1)
0 0

+ 12 ku − uh k2L2 (0,1) + ku − vh k2L2 (0,1)


1
2 ∀vh ∈ Vh .
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 29

Ainsi

ε |u − uh |2H 1 (0,1) + ku − uh k2L2 (0,1) ≤ ε |u − vh |2H 1 (0,1) + ku − vh k2L2 (0,1) ∀vh ∈ Vh .


0 0
(1.32)
5. Vu que u ∈ H 2 (0, 1), nous savons que

ku − Πh ukL2 (0,1) ≤ Ch2 u00 L2 (0,1) ,


et
ku − Πh u|H 1 (0,1) ≤ Ch u00 L2 (0,1) ,

0

où Πh u ∈ Vh est l’interpolé de u. Par conséquent, en choisissant vh = Πh u dans (1.32),


et prenant en compte l’estimation établie dans l’alinéa 2., nous déduisons que

ε |u − uh |2H 1 (0,1) + ku − uh k2L2 (0,1) ≤ C εh2 + h4 ku00 k2L2 (0,1)



0

 kf k2L2 (0,1)
≤ C εh2 + h4 ε2
 
2 2
2
 
= C hε + hε kf k2L2 ,

où C est une constante indépendante de ε et de h.

Problème. (Examen 2018-2019)


Dans tout le problème, on se donne une fonction f ∈ L2 (0, 1) et, pour tout
u, v ∈ H 1 (0, 1), on pose
Z 1 Z 1
0 0
a(u, v) = u (x)v (x) dx et F (v) = f (x)v(x) dx.
0 0

On définit par ailleurs le sous-espace de H 1 (0, 1) suivant

Vε = v ∈ H 1 (0, 1) | v(0) = εv(1)



0 ≤ ε < 1.

Partie I. 1) Montrer que l’application

H 1 (0, 1) −→ R
v 7→ v(0) − εv(1)

est bien définie et continue. En déduire que Vε , muni de la norme H 1 , est un espace de
Hilbert.
2) Montrer que la forme bilinéaire a et la forme linéaire F sont continues sur Vε .
3) Montrer que pour tout v ∈ H 1 (0, 1), on a

|v(x) − v(0)| ≤ v 0 L2 (0,1)



∀x ∈ [0, 1]
30 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

et que
kvkL2 (0,1) ≤ |v(0)| + v 0 L2 (0,1) .

4) En déduire que pour tout v ∈ Vε , on a


ε
0
|v(0)| ≤ 1−ε
v 2
L (0,1)

et que 0
1
kvkL2 (0,1) ≤ 1−ε
v 2
L (0,1)
.
5) Utilisant les alinéas 2) et 4), montrer que le problème suivant
(
Trouver u ∈ Vε tel que
(1.33)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ Vε

admet une solution unique uε ∈ Vε et qu’elle satisfait l’estimation


 
1
kuε kH 1 (0,1) ≤ 1 + (1−ε) 2 kf kL2 (0,1) .

6) Montrer que uε satisfait une équation différentielle d’ordre 2, au sens des distributions
et en déduire que uε ∈ H 2 (0, 1).
7) Utilisant une formule de Green, montrer alors que pour tout v ∈ Vε , on a

a(uε , v) − F (v) = u0ε (1) − εvε0 (0) v(1).




En déduire que la solution de (1.33) satisfait une équation différentielle avec deux condi-
tions au bord à déterminer.
1
Partie II. 1) On considère un maillage uniforme de l’intervalle [0, 1] de pas h = N +1 et
le problème approché obtenu par application des éléments finis linéaires, i.e.
(
Trouver uε,h ∈ Vε,h tel que
(1.34)
a(uε,h , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vε,h

où Vε,h est un sous-espace de Vε à définir.


2) Soit (φi )0≤i≤N +1 la base de Lagrange associée à X1h et posons ψN +1 = εφ0 + φN +1 .
Montrer que {φ1 , · · · , φN , ψN +1 } forme une base de Vε,h .
3) Montrer que le problème (1.34) peut s’écrire de manière équivalente sous la forme
d’un système linéaire. Montrer que la matrice de rigidité associée est symétrique définie
positive et en déduire que le problème approché admet une unique solution uε,h ∈ Vε,h .
4) Déterminer explicitement la matrice de rigidité correspondante et vérifier qu’elle est
identique à la matrice obtenue en utilisant la méthode des différence finies. Utiliser la
méthode du trapèze pour approcher le second membre du système linéaire.
5) Montrer que  
1
kuε − uε,h kH 1 (0,1) ≤ C 1 + (1−ε)2
h kf kL2 (0,1) ,
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 31

où C est une constante indépendante de h et de ε.

Corrigé.
Partie I. 1) Vε est le noyau de l’application linéaire

H 1 (0, 1) −→ R
v 7→ v(0) − εv(1).

L’injection de Sobolev H 1 (0, 1) ,→ C([0, 1]) implique que cette application est bien dé-
finie et continue, donc Vε est fermé dans H 1 (0, 1). Par conséquent Vε est complet et
c’est un espace de Hilbert.
2) Soit u, v ∈ H 1 (0, 1). Grâce à l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on obtient

|a(u, v)| ≤ u0 L2 (0,1) v 0 L2 (0,1) ≤ kukH 1 (0,1) kvkH 1 (0,1)


et
|F (v)| ≤ kf kL2 (0,1) kvkL2 (0,1) ≤ kf kL2 (0,1) kvkH 1 (0,1) .
Par conséquent a et F sont continues sur H 1 (0, 1), et donc sur ses sous-espaces Vε .
3) Rappelons que si v ∈ H 1 (0, 1), alors
Z x
v(x) = v(0) + v 0 (s) ds ∀x ∈ [0, 1].
0

En utilisant encore une fois l’inégalité de Cauchy-Schwarz, il vient que


Z x Z x Z 1
0
0 0
|v(x) − v(0)| =
v (s) ds ≤
v (s) ds ≤
v (s) ds
0 0 0
≤ k1kL2 (0,1) v 0 L2 (0,1) = v 0 L2 (0,1)

∀x ∈ [0, 1]. (1.35)

Intégrant alors par rapport à x, nous déduisons que

kv − v(0)kL2 (0,1) ≤ v 0 L2 (0,1)


et par conséquent

kvkL2 (0,1) ≤ kv(0)kL2 (0,1) + v 0 L2 (0,1) = |v(0)| + v 0 L2 (0,1) .



(1.36)

4) Soit v ∈ Vε . Si ε = 0, la première assertion est une conséquence immédiate de la


définition de V0 . Si ε > 0, en utilisant (1.35) avec x = 1 et le fait que v(0) = εv(1), nous
obtenons
|v(1) − v(0)| = 1−ε |v(0)| ≤ v 0 2

ε L (0,1)

et donc 0
ε
|v(0)| ≤ 1−ε
v 2
L (0,1)
.
32 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Prenant alors en compte (1.36), nous déduisons que

kvkL2 (0,1) ≤ |v(0)| + kv 0 kL2 (0,1)


 
≤ 1−εε
+ 1 kv 0 kL2 (0,1) = 1
1−ε kv 0 kL2 (0,1) .

5) Une conséquence de l’alinéa précédent est que la forme bilinéaire a est coercive sur
Vε . En effet, pour tout v ∈ Vε , on a
2  
kvk2H 1 (0,1) = v 0 L2 (0,1) + kvk2L2 (0,1) ≤ 1 + 1 v 0 2 2
(1−ε)2 L (0,1)

et donc
2 (1−ε)2
a(v, v) = v 0 L2 (0,1) ≥ 1+(1−ε)2
kvk2H 1 (0,1) .

D’autre part, grâce à l’alinéa 2), nous savons que la forme bilinéaire a et la forme
linéaire F sont continues sur Vε . Les conditions d’application du théorème de Lax-
Milgram sont satisfaites et il existe donc une unique solution uε ∈ Vε au problème
variationnel considéré. De plus,

(1−ε)2
1+(1−ε)2
kuε k2H 1 (0,1) ≤ a(uε , uε ) = (f, uε )
≤ kf kL2 (0,1) kuε kL2 (0,1) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kH 1 (0,1)

ce qui donne l’estimation


 
1
kukH 1 (0,1) ≤ 1 + (1−ε)2
kf kL2 (0,1) .

6) Soit v ∈ D(0, 1) ⊂ Vε . On a
Z 1 Z 1
u0ε v 0 dx = f v dx
0 0

et donc D E
−u(2)
ε ,v = hf, viD0 ,D ,
D0 ,D

autrement dit
−u(2)
ε =f dans D0 (0, 1).

La fonction f étant dans L2 (0, 1), nous déduisons que uε ” ∈ L2 (0, 1) et comme uε ∈
H 1 (0, 1), il vient que uε ∈ H 2 (0, 1).
7) La formule de Green s’applique pour tout élément v ∈ H 1 (0, 1) et s’écrit
Z 1 Z 1
−u(2)
ε v dx = u0ε v 0 dx − u0ε (1)v(1) + u0ε (0)v(0).
0 0
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 33

Soit v ∈ Vε . Alors
Z 1 
0 = a(uε , v) − F (v) = −u(2)
ε − f v dx +u0ε (1)v(1) − u0ε (0)v(0)
|0 {z }
=0

= u0ε (1)v(1) − u0ε (0)v(0)


= (u0ε (1) − εu0ε (0)) v(1)

car v(0) = εv(1), et par conséquent

u0ε (1) − εu0ε (0) v(1) = 0.




En particulier, soit v(x) = ε(1 − x) + x. Il est clair que v ∈ V et en substituant dans


l’égalité précédente, nous déduisons que

u0ε (1) = εu0ε (0).

La solution du problème variationnel considéré satisfait l’équation différentielle suivante



(2)
 −u = f
 dans D0 (0, 1),

u(0) = εu(1),

 0
u (1) = εu0 (0).

Partie II. 1) Posons Vε,h = Vε ∩ Xh1 et considérons le problème approché associé, défini
par (1.34). L’espace Xh1 étant un sous-espace de H 1 (0, 1), il est clair que Vε,h = Vε ∩ Xh1
est un sous-espace de Vε .
2) Soit (φi )0≤i≤N +1 la base de Lagrange associée à X1h . Pour simplifier la rédaction,
nous poserons (
ψi = φi 1 ≤ i ≤ N,
ψN +1 = εφ0 + φN +1 .
Soit alors vh ∈ Vε,h . Une fois que Vε,h ⊂ Xh1 , il vient que
N
X +1
vh = vh (xi )φi
i=0

et utilisant le fait que vh (x0 ) = vh (0) = ε vh (1) = εvh (xN +1 ), nous déduisons que
N
X
vh = vh (xi )φi + vh (x0 )φ0 + vh (xN +1 )φN +1
i=1
N
X N
X +1
= vh (xi )φi + vh (xN +1 ) ψN +1 = vh (xi )ψi .
i=1 i=1
34 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Par conséquent, la famille {φ1 , · · · , φN , ψN +1 } est génératrice dans Vε,h . De l’autre côté,
il est facile de voir que
N
X +1 N
X N
X
αi ψi = αi φi + αN +1 ψN +1 = ε αN +1 φ0 + αi φi + αN +1 φN +1 .
i=1 i=1 i=1

Utilisant alors le fait que (φi )0≤i≤N +1 est une base dans X1h , il vient que
N
X +1
αi ψi = 0 =⇒ αi = 0 ∀i = 1, · · · , N + 1.
i=1

Ceci montre que {φ1 , · · · , φN , ψN +1 } est linéairement indépendante. Par conséquent,


c’est une base de Vε,h (qui est de ce fait de dimension N + 1).
3) Dans la formulation variationnelle (1.34), on choisit successivement vh = ψi , i =
1, · · · , N + 1 et on obtient
 
N
X +1
a uh (xj ) ψj , ψi  = F (ψi ) 1 ≤ i ≤ N + 1.
j=1

La forme a étant bilinéaire, il vient que


N
X +1
uh (xj ) a (ψj , ψi ) = F (ψi ) 1 ≤ i ≤ N + 1.
j=1

Donc Uh = (uh (xj ))1≤j≤N +1 est solution du système linéaire

Ah U h = B h , (1.37)

où la matrice Ah est donnée par Ah = (a (ψj , ψi ))1≤i,j,≤N +1 et où le second membre


est donné par Bh = (F (ψi ))1≤i≤N +1 .
Montrons à présent que Ah est définie positive. Soit v ∈ RN +1 . En utilisant la bilinéarité
et la coercivité de a, on obtient
Nh X
X Nh N
X +1 N
X +1
v > Ah v = vi a (ψj , ψi ) vj = a (vj ψj , vi ψi )
j=1 i=1 j=1 i=1

N +1 N +1
 N +1 2
X X X
= a vj ψj , vi ψi = vi ψi ≥ 0.

2
j=1 i=1 i=1 L (0,1)

Finalement, observons que si v > Ah v = 0 alors N


P +1
i=1 vi ψi = 0. Tenant en compte le
fait que (ψi )i forme une base, il vient que vi = 0 pour tout i = 1, · · · , N + 1. La matrice
Ah étant symétrique définie positive est inversible et le système (1.37) admet donc une
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 35

solution unique.
4) • Comme on le sait, les supports de φi et φj sont disjoints quand |i − j| > 1, i.e.

supp φi ∩ supp φj = ∅ si j 6= i, j 6= i − 1, j 6= i + 1.

Une conséquence directe est que la plupart des éléments de Ah sont nuls. Les élé-
ments non nuls correspondants à (Ah )i,i−1 , (Ah )i,i et (Ah )i,i+1 . En effet, en tenant en
compte la définition des éléments de la base, nous avons


 − h1 si x ∈ [xi , xi+1 ],

 1
φ0i (x) = h si x ∈ [xi−1 , xi ],

 0 sinon.

Un calcul simple montre alors que pour i = 1, · · · , N , on a


Z 1 2
(Ah )i,i = a(ψi , ψi ) = a(φi , φi ) = φ0i (x) dx
0
Z xi+1
2
= φ0i (x) dx
xi−1

= h2 ,

et

(Ah )N +1,N +1 = a(ψN +1 , ψN +1 )


= a(εφ0 + φN +1 , εφ0 + φN +1 )
= ε2 a(φ0 , φ0 ) + 2ε a(φ0 , φN +1 ) + a(φN +1 , φN +1 )
Z x1 Z
0
2
=ε 2
φ0 (x) dx + 2ε φ00 (x)φ0N +1 (x) dx
x0 [x0 ,x1 ]∩[xN ,xN +1 ]
Z xN +1 2
+ φ0N +1 (x) dx
xN
ε2 1 ε2 +1
= h +0+ h = h .

De même, pour i = 1, · · · , N − 1, on obtient


Z 1
(Ah )i,i+1 = a(ψi+1 , ψi ) = a(φi+1 , φi ) = φ0i (x)φ0i+1 (x) dx
0
Z xi+1
= φ0i (x)φ0i+1 (x) dx
xi

= − h1 .
36 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Finalement, on a

(Ah )i,N +1 = a(ψN +1 , ψi ) = a(φi , εφ0 + φN +1 )


= ε a(φi , φ0 ) + a(φi , φN +1 )


 ε a(φ1 , φ0 ) si i = 1,

= 0 si 2 ≤ i ≤ N − 1,


a(φN , φN +1 ) si i = N,

 ε
− si i = 1,
 h


= 0 si 2 ≤ i ≤ N − 1,

 1

−h si i = N.

La matrice Ah est par conséquent de la forme

2 −1 0 ··· −ε
 

 −1 2 −1 · · · 0 
 
 
1 

Ah = h  .. .. .. .. 
. . . . .

 
 ··· 0 −1 2 −1 
 
−ε · · · 0 −1 ε2 + 1

• Appliquant la méthode des différences finies à notre problème, nous obtenons le


schémas suivant
 u −2u +u

 − i+1 h i i−1 = hf (xi ) i = 1, · · · , N,

u0 = εuN +1 ,

 uN +1 −uN
= ε u1 −u

h .
0
h

 −ui+1 +2ui −ui−1



 h = hf (xi ) i = 2, · · · , N,

 −u2 +2u1 −ε uN +1
= hf (x1 ),


h


 u0 = εuN +1 ,


 2
(1+ε )uN +1 −uN −εu1
h = 0,

ce qui s’écrit sous la forme Ah Ũh = B̃h .


1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 37

• Reste le second membre Bh . Utilisant la règle du trapèze, pour tout 1 ≤ i ≤ N , on a


Z xi Z xi+1
1 1
(Bh )i = h (x − xi−1 ) f (x) dx + h (xi+1 − x) f (x) dx
xi−1 xi
xi −xi−1
≈ 2h ((xi − xi−1 ) f (xi ) + (xi−1 − xi−1 ) f (xi−1 ))

+ xi+12h−xi ((xi+1 − xi ) f (xi ) + (xi+1 − xi+1 ) f (xi+1 ))

= hf (xi ).
De même
(Bh )N +1 = (f, ψN +1 ) = (f, εφ0 + φN +1 )
Z x1 Z xN +1
=ε f (x)φ0 (x) dx + f (x)φN +1 (x) dx
x0 xN
ε(x1 −x0 )
≈ 2 (f (x1 )φ0 (x1 ) + f (x0 )φ0 (x0 ))
xN +1 −xN )
+ 2 (f (x1 )φN +1 (xN +1 ) + f (xN )φ0 (xN ))
h
= 2 (εf (x0 ) + f (xN +1 )) .
5) D’après le lemme de Céa
 
1
kuε − uε,h kH 1 (0,1) ≤ 1 + (1−ε)2
kuε − vh kH 1 (0,1) ∀vh ∈ Vε,h .

En choisissant vh = Πh uε ∈ Vε,h , et en prenant en compte la régularité de uε , les


estimations associées ainsi que les estimations relatives à l’opérateur d’interpolation,
nous obtenons
 
1
kuε − uε,h kH 1 (0,1) ≤ 1 + (1−ε) 2 kuε − Πh uε kH 1 (0,1)
   
1 (2) 1
≤ 1 + (1−ε) 2 Ch u ε 2
≤ Ch 1 + (1−ε)2
kf kL2 (0,1) ,
L (0,1)

où C est une constante positive indépendante de ε et de h.

Problème. (Examen de rattrapage 2018-2019)


Soit I = (0, 1). Dans tout le problème, on se donne trois fonctions à valeurs réelles
f ∈ L2 (I), c ∈ C(I) et b ∈ C 1 (I). On considère le problème de convection-diffusion
suivant
−u”(x) + b(x)u0 (x) + c(x)u(x) = f (x) dans I,
(
(1.38)
u(0) = u(1) = 0.
1) Montrer que le problème variationnel correspondant à (1.38) peut s’écrire sous la
forme
Trouver u ∈ H01 (I) tel que
(
(1.39)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ H01 (I),
38 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

où a est une forme bilinéaire continue sur H01 (I) et F est une forme linéaire continue
sur H01 (I).
2) Soit w ∈ D(I). Montrer que
Z Z
0 1
b(x)w(x)w (x) dx = − 2 b0 (x)w2 (x) dx.
I I

En utilisant des arguments de densité, montrer que l’identité précédente reste valable
pour des fonctions w appartenant à H01 (Ω). Donner alors une condition relative à b et
c qui garantit la coercivité de a dans H01 (I). En déduire que le problème (1.39) admet
une solution unique u et que

|u|H 1 (I) ≤ CP kf kL2 (I) ,


0

où CP est la constante de Poincaré.


3) Déduire que u ∈ H 2 (I) et que

ku”kL2 (I) ≤ C1 kf kL2 (I) ,

où C1 est une constante dépendant de b et de c.


4) On subdivise l’intervalle [0, 1] en N sous-intervalles de même longueur h. Écrire le
problème approché associét à (1.39), obtenu par application de la méthode des élé-
ments finis linéaires. Déterminer la matrice de rigidité et la matrice de masse corres-
pondantes.
5) Montrer que le problème approché admet une unique solution uh et que

|u − uh |H 1 (I) ≤ C2 h kf kL2 (I) ,


0

où C2 est une constante indépendante de h.


6) Les coefficients de la matrice de masse dépendant de b et c, quel type d’approxima-
tion supplémentaire doit-on faire pour effectuer les calculs ? Quelles sont les possibles
conséquences sur la convergence de la méthode.
7) Considérons finalement le cas des conditions au bord de type Dirichlet u(0) = α et
u(1) = β non homogènes. Discuter succinctement comment traiter numériquement le
problème.

Corrigé.
1) Supposons que u ∈ H 2 (0, 1). Multipliant l’équation (1.38) par une fonction test
v ∈ H01 (0, 1) et intégrant, nous obtenons

(u0 , v 0 ) + (bu0 , v) + (cu, v) = (f, v) + [u0 (x)v(x)]10


= (f, v) ,
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 39

où Z
(u, v) = u(x)v(x) dx.
I
Autrement dit, la formulation variationnelle de (1.38) est de la forme (1.39), avec

a(u, v) = u0 , v 0 + bu0 , v + (cu, v) et F (v) = (f, v) .


 

La forme bilinéaire a est continue dans H01 (I). En effet, en utilisant l’inégalité de Poin-
caré, on obtient
|a (u, v)| ≤ |(u0 , v 0 )| + |(bu0 , v)| + |(cu, v)|
≤ ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I) + kbk∞ ku0 kL2 (I) kvkL2 (I) + kck∞ kukL2 (I) kvkL2 (I)
≤ 1 + CP kbk∞ + CP2 kck∞ ku0 kL2 (I) kv 0 kL2 (I)


= 1 + CP kbk∞ + CP2 kck∞ |u|H 1 (I) |v|H 1 (I) ∀u, v ∈ H01 (I).

0 0

De même

|F (v)| ≤ kf kL2 (I) kvkL2 (I) ≤ CP kf kL2 (I) |v|H 1 (I) ∀v ∈ H01 (0, 1),
0

ce qui montre que F est continue sur H01 (Ω).


2) i) Soit w ∈ D(I). Il est facile de voir que
0 0
b(x) w2 (x) = b0 w2 + b w2 = b0 w2 + 2b ww0 ,

et en intégrant sur I, on obtient


Z
1
0 = b w2 0 = b0 (x) w2 (x) + 2b(x) w(x)w0 (x) dx.
 
I

Par conséquent
Z Z
0
b(x)w(x)w (x) dx = − 12 b0 (x)w2 (x) dx ∀w ∈ D(I). (1.40)
I I

k·kH 1 (I)
Rappelant que H01 (I) = D(I) , il vient que pour tout w ∈ H01 (I), il existe (wn )n ⊂
D(I) tel que
lim kwn − wkH 1 (I) = 0.
n→+∞

De l’autre côté, et d’après (1.40), on a


Z Z
0 1
b(x)wn (x)wn (x) dx = − 2 b0 (x)wn2 (x) dx.
I I

Passant alors à la limite, nous déduisons que


Z Z
0
b(x)w(x)w (x) dx = − 2 1
b0 (x)w2 (x) dx ∀w ∈ H01 (I).
I I
40 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

ii) Soit w ∈ H01 (I). Utilisant l’identité précédente, nous obtenons

a(w, w) = (w0 , w0 ) + (bw0 , w) + (cw, w)


= |w|2H 1 (I) − 12 (b0 w, w) + (cw, w)
0
2
= |w|H 1 (I) + c − 12 b0 w, w .
 
0

Pour garantir que a est coercive dans H01 (Ω), il suffit d’imposer que

c(x) − 12 b0 (x) ≥ 0 p.p. dans Ω.

Sous cette condition, les conditions d’application du théorème de Lax-Milgram sont


satisfaites et le problème (1.39) admet une solution unique u ∈ H01 (Ω). De plus

|u|2H 1 (I) ≤ a(u, u) = F (u) ≤ CP kf kL2 (I) |u|H 1 (I)


0 0

ce qui donne
|u|H 1 (I) ≤ CP kf kL2 (I) . (1.41)
0

3) D’après ce qui précéde

u” = −bu0 − cu dans D0 (I).

Or
k−bu0 − cukL2 (I) ≤ kbkL∞ (I) ku0 kL2 (I) + kckL∞ (I) kukL2 (I)
 
≤ kbkL∞ (I) + CP kckL∞ (I) |u|H 1 (I) < +∞,
0

et donc u” ∈ L2 (I), i.e. u ∈ H 2 (I). De plus, prenant en compte (1.41), il vient que
 
ku”kL2 (I) ≤ kbkL∞ (I) + CP kckL∞ (I) |u|H 1 (I)
0
  (1.42)
≤ CP kbkL∞ (I) + CP kckL∞ (I) kf kL2 (I) .

4) Le problème approché associé à (1.39) est donné par


(
Trouver uh ∈ Vh , tel que
a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh

où Vh = Xh1 ∩ H01 (I). Soit (φi )i=0,··· ,N +1 la base de Lagrange de Xh1 . Dans la formulation
variationnelle précédente, on choisit successivement vh = φi , i = 1, · · · , N et on obtient
 
XN
a uh (xj ) φj , φi  = F (φi ) 1 ≤ i ≤ N.
j=1
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 41

La forme a étant bilinéaire, il vient que

N
X
uh (xj ) a (φj , φi ) = F (φi ) 1 ≤ i ≤ N.
j=1

Donc Uh = (uh (xj ))1≤j≤N est solution du système linéaire

Ah Uh = Bh ,

où la matrice Ah est donnée par Ah = (a (φj , φi ))1≤i,j,≤N et où le second membre est


donné par Bh = (F (φi ))0≤i≤N +1 .
Comme on le sait, les supports de φi et φj sont disjoints quand |i − j| > 1, i.e.

supp φi ∩ supp φj = ∅ si j 6= i, j 6= i − 1, j 6= i + 1.

Une conséquence directe est que la plupart des éléments de Ah sont nuls. Les élé-
ments non nuls correspondants à (Ah )i,i−1 , (Ah )i,i et (Ah )i,i+1 . En effet, en tenant en
compte la définition des éléments de la base, nous avons



 − h1 si x ∈ [xi , xi+1 ],

 1
φ0i (x) = h si x ∈ [xi−1 , xi ],

 0 sinon.

Un calcul simple montre alors que pour i = 1, · · · , N , on a

Z 1 2 
(Ah )i,i = a(φi , φi ) = φ0i (x) + b(x)φ0i (x)φi (x) + c(x)φ2i (x) dx
0
Z 1 2 
φ0i (x) + c(x) − 12 b0 (x) φ2i (x) dx

=
0
Z xi+1  2 
φ0i (x) + c(x) − 21 b0 (x) φ2i (x) dx

=
xi−1
Z xi
2 1
c(x) − 12 b0 (x) (x − xi−1 )2 dx

= h + h2
xi−1
Z xi+1
+ h12 c(x) − 12 b0 (x) (xi+1 − x)2 dx,

xi
42 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

(Ah )i,i+1 = a(φi+1 , φi )


Z 1
φ0i+1 (x)φ0i (x) + b(x)φ0i+1 (x)φi (x) + c(x) φi+1 (x)φi (x) dx

=
0
Z xi+1
φ0i+1 (x)φ0i (x) + b(x)φ0i+1 (x)φi (x) + c(x) φi+1 (x)φi (x) dx

=
xi
Z xi+1
1
= h2
(−1 + b(x) (xi+1 − x) + c(x) (x − xi ) (xi+1 − x)) dx
xi
Z xi+1
= − h1 + 1
h2
(b(x) (xi+1 − x) + c(x) (x − xi ) (xi+1 − x)) dx.
xi

et

(Ah )i+1,i = a(φi , φi+1 )


Z 1
φ0i (x)φ0i+1 (x) + b(x)φ0i (x)φi+1 (x) + c(x) φi (x)φi+1 (x) dx

=
0
Z xi+1
φ0i+1 (x)φ0i (x) + b(x)φ0i (x)φi+1 (x) + c(x) φi+1 (x)φi (x) dx

=
xi
Z xi+1
1
= h2
(−1 + b(x) (xi − x) + c(x) (x − xi ) (xi+1 − x)) dx
xi
Z xi+1
= − h1 + 1
h2
(b(x) (xi − x) + c(x) (x − xi ) (xi+1 − x)) dx.
xi

5) D’après le lemme de Céa

ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − vh kH 1 (0,1) ∀v − h ∈ Vh .

En choisissant vh = Πh u ∈ Vh , nous obtenons

ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − Πh ukH 1 (0,1) .

De plus, vu que f ∈ L2 (0, 1), on a u ∈ H 2 (0, 1) et prenant en compte (1.42)

ku − uh kH 1 (0,1) ≤ C ku − Πh ukH 1 (0,1) ≤ Ch ku”kL2 (0,1) ≤ C2 h kf kL2 (I)

où C2 est une constante indépendante de h.


6) La matrice Ah dépendant de b et c, nous avons besoin d’approcher les intégrales du
type Z
b(x)φ0i (x)φj (x) + c(x) φi (x)φj (x) dx.

supp φi ∩supp φj
Cette approximation introduit une source d’erreur supplémentaire. La matrice étant mal
conditionnée (quand h tend vers 0), il est important de choisir avec soin la méthode
d’intégration numérique.
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 43

7) i) On peut utiliser un relèvement R, par exemple un polynôme de degré 1 tel que


R(0) = α et R(1) = β. Si u est une solution de (1.38), alors ũ = u − R sera une solution
d’un problème du même type avec des conditions aux limites homogènes. Appliquer
alors la méthode d’approximation précédente.
ii) Une autre possibilité est de considérer Vh = Xh1 ∩ H01 (0, 1).

Problème. (Interrogation 2019-2020)


I) Problème de Dirichlet homogène. On considère le problème aux limites suivant


 −u”(x) = f (x), x ∈ (0, 1)

u(0) = 0, (1.43)


u(1) = 0,

où f ∈ L2 (0, 1).
1. Établir une formulation variationnelle de (1.43) de la forme

Chercher u ∈ H01 (0, 1) tel que


(
(1.44)
a(u, v) = (f, v) ∀v ∈ H01 (0, 1)

où a est une forme bilinéaire à déterminer. Montrer que ce problème admet une solution
faible unique u.
2. On introduit une partition de [0, 1] en N +1 sous-intervalles ]xj , xj+1 [ (j = 0, · · · , N +1)
de même longueur h = N 1+1 . Écrire le problème approché correspondant à (1.44), ob-
tenu par application de la méthode des éléments finis linéaires. Montrer que ce pro-
blème admet une solution unique uh et qu’il peut s’écrire de manière équivalente sous
la forme
Ah U h = B h (1.45)
où Uh = (uh (xj ))>
1≤j≤N et où la matrice de rigidité Ah et le second membre Bh sont à
déterminer (Bh peut-être approché en utilisant la méthode du trapèze).
II) Problème pénalisé. Considérons le problème aux limites suivant


 −u”(x) = f (x), x ∈ (0, 1)

0
−εu (0) + u(0) = 0, (1.46)

 0

εu (1) + u(1) = 0,

où ε ∈]0, 1[ et f ∈ L2 (0, 1).


1. Établir une formulation variationnelle de (1.46) de la forme

Chercher u ∈ H 1 (0, 1) tel que


(
(1.47)
aε (u, v) = (f, v) ∀v ∈ H 1 (0, 1)
44 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

où aε est une forme bilinéaire à déterminer. Montrer que ce problème admet une solu-
tion faible unique uε et que cette solution satisfait l’estimation suivante

aε (uε , uε ) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kL2 (0,1) .

2. En déduire que
kuε kH 1 (0,1) ≤ C kf kL2 (0,1) ,
et que
(uε (0))2 + (uε (1))2 ≤ Cε kf k2L2 (0,1) ,
où C est une constante indépendante de ε.
Indication. On admettra qu’il existe CP > 0 tel que
2
Cp kvk2H 1 (0,1) ≤ v 0 L2 (0,1) + (v(0))2 + (v(1))2 ∀v ∈ H 1 (0, 1).

3. Montrer que uε converge vers la solution u de (1.44) quand ε tend vers 0.


4. Écrire le problème approché correspondant à (1.47), obtenu par application de la
méthode des éléments finis linéaires. Montrer que ce problème admet une solution
unique uεh satisfaisant l’estimation suivante

(uεh (0))2 + (uεh (1))2 ≤ Cε kf k2L2 (0,1) (1.48)

et qu’il peut s’écrire de manière équivalente sous la forme

Āεh Ūhε = B̄h (1.49)

où Ūhε = (uεh (xj ))> ε


0≤j≤N +1 et où la matrice de rigidité Āh et le second membre B̄h sont
à déterminer (B̄h peut-être approché en utilisant la méthode du trapèze).
5. Prenant en compte (1.49), déduire que Uhε = (uεh (xj ))>
1≤j≤N satisfait

Ah Uhε = Bh + 1
h (uεh (0), 0, · · · , 0, uεh (1))> ,

où Ah et Bh sont définies dans (1.45). En déduire que

Ah (Uhε − Uh ) = 1
h (uεh (0), 0, · · · , 0, uεh (1))> .

Prenant en compte (1.48), que peut-on alors conclure ?

Corrigé.
I) Problème de Dirichlet homogène. Les parties 1. et 2. ont été étudiées en détail
dans le cours. Pour la commodité du lecteur, la rédaction sera reprise dans ce
corrigé.
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 45

1. La formulation variationnelle associée à (1.43), définie dans V = H01 (0, 1), est de la
forme (1.44), où Z 1
0 0
u0 (x)v 0 (x) dx

a(u, v) = u , v =
0
Z 1
F (v) = (f, v) = f (x)v(x) dx.
0
La forme bilinéaire a satisfaisant
|a(w, v)| ≤ w0 L2 (0,1) v 0 L2 (0,1) = |w|V |v|V

∀w, v ∈ V,
est continue sur V . De plus, vu que
2
a(v, v) = v 0 2 = |v|2V ∀v ∈ V,
nous déduisons que a est coercive sur V . Finalement, utilisant l’inégalité de Poincaré,
nous obtenons
|F (v)| = |(f, v)| ≤ kf kL2 (0,1) kvkL2 (0,1)
≤ C kf kL2 (0,1) |v|V ∀v ∈ V,
ce qui montre que l’application linéaire F est continue sur V . Le théorème de Lax-
Milgram implique alors que le problème variationnel admet une solution unique u ∈ V .
2. On introduit une partition de [0, 1] en N +1 sous-intervalles ]xj , xj+1 [ (j = 0, · · · , N +1)
de même longueur h = N 1+1 . Le problème approché associé, défini sur Vh = Xh1 ∩
H01 (0, 1), est donné par
Trouver uh ∈ Vh tel que a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh .
D’après ce qui précède, ce problème admet une solution unique dans Vh . Sa décom-
position dans la base de Lagrange associée est donnée par
N
X
uh (x) = uh (xi )φi (x).
i=1

Nous savons aussi que Uh = (uh (xj ))1≤j≤N est solution du système linéaire
Ah Uh = Bh ,
où la matrice de rigidité Ah est donnée par Ah = (a (φj , φi ))1≤i,j,≤N et où le second
membre est donné par Bh = ((f, φi ))1≤i≤N .
Les supports de φi et φj étant disjoints quand |i − j| > 1, il vient que la plupart des
éléments de Ah sont nuls, les éléments non nuls correspondant à (Ah )i,i−1 , (Ah )i,i et
(Ah )i,i+1 . En effet, de la définition des éléments de la base, nous déduisons que
 1
 −h


si x ∈ [xi , xi+1 ],
0 1
φi (x) = h si x ∈ [xi−1 , xi ],


0 sinon.

46 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

Un calcul simple montre alors que pour i = 1, · · · , N , nous avons


Z 1 Z xi+1
0
2 2
(Ah )i,i = a(φi , φi ) = φi (x) dx = φ0i (x) dx
0 xi−1
Z xi+1
1 2
dx = h2 ,

= h
xi−1

et pour i = 1, · · · , N − 1,
Z 1
(Ah )i,i+1 = a(φi+1 , φi ) = φ0i (x)φ0i+1 (x) dx
0
Z xi+1 Z xi+1
= φ0i (x)φ0i+1 (x) dx = − h12 dx = − h1 .
xi xi

La symétrie de Ah entraîne que pour tout i = 2, · · · , N


(Ah )i,i−1 = (Ah )i−1,i = − h1 .
La matrice Ah est par conséquent tridiagonale et de la forme
2 −1 0 ··· 0
 

 −1 2 −1 · · · 0 
 
 
1 

Ah = h  . . . . . .

.
. . . 
 
 0 · · · −1 2 −1 
 
0 ··· 0 −1 2
De l’autre côté, utilisant la règle du trapèze, pour tout 1 ≤ i ≤ N , on a
Z xi Z xi+1
1 1
(Bh )i = h (x − xi−1 ) f (x) dx + h (xi+1 − x) f (x) dx
xi−1 xi
xi −xi−1
≈ 2h ((xi − xi−1 ) f (xi ) + (xi−1 − xi−1 ) f (xi−1 ))

+ xi+12h−xi ((xi+1 − xi ) f (xi ) + (xi+1 − xi+1 ) f (xi+1 ))

= hf (xi ).
II) Problème pénalisé. Considérons le problème aux limites suivant (1.46).
1. Supposons que u ∈ H 2 (0, 1) satisfait (1.46). Multipliant (1.46)1 par une fonction test
v ∈ H 1 (0, 1), intégrant sur ]0, 1[, utilisant la formule de Green et les conditions aux
limites (1.46)2,3 , nous obtenons
Z 1 Z 1
1
u0 (x)v 0 (x) dx − u0 (x)v(x) 0

−u”(x)v(x) dx =
0 0
Z 1
= u0 (x)v 0 (x) dx + 1ε (u(1)v(1) + u(0)v(0)) .
0
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 47

Ainsi, la formulation variationnelle de (1.46) est de la forme (1.47) où


Z 1
aε (u, v) = u0 (x)v 0 (x) dx + 1ε (u(1)v(1) + u(0)v(0)) .
0

Des arguments standard montrent que

|aε (w, v)| ≤ kw0 kL2 (0,1) kv 0 kL2 (0,1) + 1ε (|w(1)| |v(1)| + |w(0)| |v(0)|)
≤ kwkH 1 (0,1) kvkH 1 (0,1) + 2ε kwkC([0,1]) kvkC([0,1]) ∀w, v ∈ H 1 (0, 1).

Grâce à l’inégalité de Sobolev

kwkC([0,1]) ≤ CS kwkH 1 (0,1) ∀w ∈ H 1 (0, 1),

nous déduisons que


2CS2
 
|aε (w, v)| ≤ 1 + ε kwkH 1 (0,1) kvkH 1 (0,1) ∀w, v ∈ H 1 (0, 1)

ce qui montre que la forme bilinéaire aε est continue sur H 1 (0, 1). De même, utilisant
l’inégalité de Poincaré généralisée
2
CP kvk2H 1 (0,1) ≤ v 0 L2 (0,1) + (v(0))2 + (v(1))2 ∀v ∈ H 1 (0, 1),

nous déduisons que


2
aε (v, v) = v 0 2 + 1ε v(0)2 + v(1)2

2
≥ v 0 2 + v(0)2 + v(1)2 ≥ CP kvk2H 1 (0,1) ∀v ∈ H 1 (0, 1), (1.50)

et donc aε est coercive sur H 1 (0, 1). Finalement, la forme linéaire F est continue sur
H 1 (0, 1) car

|F (v)| = |(f, v)| ≤ kf kL2 (0,1) kvkL2 (0,1)


≤ kf kL2 (0,1) kvkH 1 (0,1) ∀v ∈ H 1 (0, 1).

Les conditions d’application du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, nous dédui-


sons que (1.47) admet une solution unique uε ∈ H 1 (0, 1). De plus, il est clair que

aε (uε , uε ) = (f, uε ) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kL2 (0,1) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kH 1 (0,1) . (1.51)

2. Compte tenu de (1.50) et (1.51), on obtient

kuε kH 1 (0,1) ≤ 1
CP kf kL2 (0,1) . (1.52)

Combinant alors (1.51) et (1.52), il vient que


1 ε 2 ε 2
≤ aε (uε , uε ) ≤ kf kL2 (0,1) kuε kH 1 (0,1) ≤ 1
kf k2L2 (0,1) ,

ε u (0) + u (1) CP
48 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

et donc
uε (0)2 + uε (1)2 ≤ ε
kf k2L2 (0,1) .

CP (1.53)

3. La suite (uε )ε est bornée dans H 1 (0, 1). Il existe alors une sous-suite, indexée par ε,
et ū ∈ H 1 (0, 1) tel que

uε −→ ū faiblement dans H 1 (0, 1).

De plus, l’injection de H 1 (0, 1) dans C([0, 1]) étant compacte, nous déduisons que

uε (0) −→ ū(0) et uε (1) −→ ū(1).

Grâce à (1.53), il vient que

ū(0)2 + ū(1)2 ≤ 0 ⇐⇒ ū(0) = ū(1) = 0,

et donc ū ∈ H01 (0, 1). De l’autre côté, prenant en compte (1.47), on a

aε (uε , v) = a(uε , v) = (f, v) ∀v ∈ H01 (0, 1).

Passant à la limite, nous déduisons que

a(ū, v) = (f, v) ∀v ∈ H01 (0, 1).

Par conséquent ū est solution de (1.44). La solution étant unique, nous déduisons que
ū ≡ u.
4. Le système discret associé s’écrit sous la forme

Trouver uεh ∈ Xh1 tel que aε (uεh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Xh1 .

D’après ce qui précède, ce problème admet une solution unique dans uεh satisfaisant
l’estimation suivante
(uεh (0))2 + (uεh (1))2 ≤ Cε kf k2L2 (0,1) . (1.54)
Sa décomposition dans la base de Lagrange associée est donnée par

N
X +1
uεh (x) = uεh (xi )φi (x).
i=0

Nous pouvons facilement montrer que Ūhε = (uεh (xj ))0≤j≤N +1 est solution du système
linéaire
Āεh Ūhε = B̄h (1.55)
où la matrice de rigidité Āεh est donnée par Āεh = (aε (φj , φi ))0≤i,j,≤N +1 et où le second
membre est donné par B̄h = ((f, φi ))0≤i≤N +1 .
1.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 49

Un calcul simple montre alors que

Āεh

0,0
= aε (φ0 , φ0 )
Z 1
2
φ00 (x) dx + 1
φ0 (0)2 + φ0 (1)2

= ε
0
Z 1 2
= φ00 (x) dx + 1ε φ0 (0)2
0
Z x1 2
= φ00 (x) dx + 1
ε = 1
h + 1ε ,
x0

Āεh

N +1,N +1
= aε (φN +1 , φN +1 )
Z 1
2
φ0N +1 (x) dx + 1
φN +1 (0)2 + φN +1 (1)2

= ε
0
Z 1 2
= φ0N +1 (x) dx + 1ε φN +1 (1)2
0
Z xN +1 2
= φ0N +1 (x) dx + 1
ε = 1
h + 1ε ,
xN

et pour i = 1, · · · , N , nous avons

Āεh

i,i
= aε (φi , φi )
Z 1 Z 1
0
2 2
1 2 2
φ0i (x) dx

= φi (x) dx + ε φi (0) + φi (1) =
0 0
Z xi+1 Z xi+1
2 2
φ0i (x) dx = 1
dx = h2 ,
 
= h
xi−1 xi−1

et pour i = 1, · · · , N ,

(Ah )i,i+1 = aε (φi+1 , φi )


Z 1
= φ0i (x)φ0i+1 (x) dx + 1ε (φi (0)φi+1 (0) + φi (1)φi+1 (1))
0
Z 1
= φ0i (x)φ0i+1 (x) dx
0
Z xi+1 Z xi+1
= φ0i (x)φ0i+1 (x) dx = − h12 dx = − h1 .
xi xi

Prenant en compte la symétrie de Āεh , nous obtenons la matrice de dimension N + 2


50 CHAPITRE 1. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION UN

donnée par  
h
1+ ε −1 0 ··· 0
 

 −1 2 −1 · · · 0 

 
ε 1 
Āh = h  .. .. .. .

 . . . 
 

 0 ··· −1 2 −1 

h
0 ··· 0 −1 1 + ε

De la même manière que précédemment, B̄h peut-être approchée par le vecteur


(hf (xi ))0≤i≤N +1 .
Prenant en compte cette définition, nous pouvons montrer que le système (1.55) peut
s’écrire de manière équivalente sous la forme

1 + 1ε uε0 − uε1 = h2 f0





Ah Uhε = Bh + h1 (uεh (0), 0, · · · , 0, uεh (1))> ,


 ε
uN +1 − uεN = h2 fN +1 .

où Ūhε = (uεh (xj ))>


0≤j≤N +1 et où Ah et Bh sont définis dans l’alinéa I). Par conséquent,

Ah (Uhε − Uh ) = 1
h (uεh (0), 0, · · · , 0, uεh (1))>

et prenant en compte (1.54), il vient que


 
Uhε − Uh = A−1 1
(uε (0), 0, · · · , 0, uε (1))>
h h h h

−→ (0, 0, · · · , 0, 0)> quand ε → 0+ .


Chapitre 2

Méthode des éléments finis en


dimension deux

2.1 Liste 1 : énoncés et corrigés

Exercice 1. On considère le carré Ω =]0, 1[2 maillé suivant la figure suivante

Calculer la matrice de rigidité des éléments finis P1 appliqués au problème de Poisson


avec des conditions aux limites de type Neumann.

Corrigé. Voir les notes de cours.

Exercice 2. Appliquer la méthode des éléments finis P1 au problème de Dirichlet


(
−∆u = f dans Ω
u=0 sur ∂Ω

51
52 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

dans le carré Ω =]0, 1[×]0, 1[ avec le maillage triangulaire uniforme de pas h = N 1+1 .
On notera Xi,j = (ih, jh), 1 ≤ i, j ≤ N les noeuds du maillage. On numérote ces
noeuds par ordre croissant de j et pour tout j, par ordre croissant de i. Ainsi on peut
associer à (i, j), l’entier naturel ` = i + (j − 1)N et on pose S` = Xi,j . On notera alors
φ` la fonction de base associée au sommet S` .
1. Déterminer ∇φ` sur le support de φ` .
2. En déduire les valeurs de (∇φ` , ∇φk ), où S` et Sk sont les noeuds voisins dont les
supports ne sont pas disjoints.
3. Déterminer la matrice de rigidité correspondante.

Corrigé. Voir les notes de cours.

Exercice 3. Soit Ω un ouvert borné connexe de R2 à frontière régulière et soit


f ∈ L2 (Ω). On considère le problème variationnelle suivant

1
 Chercher u ∈ H (Ω) tel que

(Pλ ) Z Z  Z  Z

 ∇u · ∇v dx + λ u dx v dx = f v dx ∀v ∈ H 1 (Ω),
Ω Ω Ω Ω

où λ ≥ 1.
Partie I. 1. Montrer qu’il existe une constante C1 telle que
Z 2 !
2 2
∀v ∈ H 1 (Ω).

kvkH 1 (Ω) ≤ C1 k∇vkL2 (Ω) + v dx (2.1)

2. Montrer que (Pλ ) admet une solution unique u et que cette solution vérifie

kukH 1 (Ω) ≤ C2 kf kL2 (Ω) ,

où C2 > 0 est une constante indépendante de λ.


3. Montrer qu’il existe une constante C3 > 0, indépendante de λ, tel que
Z
u dx ≤ C3 kf k 2 .

λ L (Ω)

4. Écrire formellement le problème associé à (Pλ ).


5. En déduire que la solution de (Pλ ) est dans H 2 (Ω) et vérifie

kukH 2 (Ω) ≤ C4 kf kL2 (Ω) ,

où C4 > 0 est une constante indépendante de λ.


2.1. LISTE 1 : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 53

Partie II. Soit Th une triangulation de Ω, où h désigne la taille maximale des triangles.
Soit 
Vh = vh ∈ C(Ω) | vh|K ∈ P1 , ∀K ∈ Th .
On suppose que Th est régulière.
1. Proposer une discrétisation de (Pλh ) et montrer que le problème approché est bien
posé. On notera uh sa solution.
2. Appliquer le lemme de Céa pour montrer que
 √ 
ku − uh kH 1 (Ω) ≤ C5 h + λh2 kf kL2 (Ω)

où C5 > 0 est indépendante de h et de λ.


3. Montrer que
Z 2 Z 2 !

|u − uh |H 1 (Ω) + λ (u − uh ) dx ≤ C |u − vh |H 1 (Ω) + λ (u − vh ) dx .
Ω Ω

4. En déduire qu’il existe une constante C6 > 0 indépendante de λ et de h tel que

ku − uh kH 1 (Ω) ≤ C6 h kf kL2 (Ω) .

Partie III. On note uλ la solution du problème (Pλ ). On définit l’espace


 Z 
1
W = w ∈ H (Ω) | u dx = 0 ,

et on désigne par u la solution du problème



 Chercher u ∈ W tel que

Z Z

 ∇u · ∇v dx = f v dx ∀v ∈ W.
Ω Ω

Montrer que Z
∇ (uλ − u) · ∇v dx = 0 ∀v ∈ W.

En déduire que Z
1
λ (uλ − u) = |Ω|2
f dx

et que
C
kuλ − ukH 1 (Ω) ≤ λ kf kL2 (Ω) ,
où C est une constante indépendante de λ. Commenter.

Corrigé. Partie I. 1. Commençons donc par prouver qu’il existe une constante C1 telle
54 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

que l’inégalité (2.1) soit satisfaite. Raisonnons par l’absurde et supposons que pour
tout k ∈ N, il existe (vk )k ⊂ H 1 (Ω) telle que kvk kH 1 (Ω) = 1 et
Z 2
1

|vk |H 1 (Ω) + vk dx <

m. (2.2)

La suite (vk )k étant bornée dans H 1 (Ω), d’après la compacité de l’injection de H 1 (Ω)
dans L2 (Ω), il s’ensuit qu’il existe une sous-suite, encore indexée par k et v ∈ H 1 (Ω),
tel que
vk → v fortement dans L2 (Ω).
D’autre part, grâce à (2.2), on a

lim |vk |H 1 (Ω) = 0.


k→+∞

Il s’ensuit que la suite (vk )k est de Cauchy dans H 1 (Ω), que

vk → v fortement dans H 1 (Ω)

et donc
kvkH 1 (Ω) = 1. (2.3)
Prenant en compte encore une fois (2.2), il vient que
Z
|v|H 1 (Ω) = 0 et v dx = 0.

La première égalité implique que v est une constante, la deuxième que v est forcément
nulle. Ceci est en contradiction avec (2.3).
I.2. Posons pour u, v ∈ H 1 (Ω)
Z Z  Z 
a(u, v) = ∇u · ∇v dx + λ v dx u dx .
Ω Ω Ω

La forme bilinéaire a est continue sur H 1 (Ω) × H 1 (Ω). En effet


Z Z  Z 
|a(u, v)| ≤ |∇u| |∇v| dx + λ |u| dx |v| dx
Ω Ω Ω
≤ k∇ukL2 (Ω) k∇vkL2 (Ω) + λ kukL1 (Ω) kvkL1 (Ω)
≤ k∇ukL2 (Ω) k∇vkL2 (Ω) + λ|Ω| kukL2 (Ω) kvkL2 (Ω)
≤ (1 + λ|Ω|) kukH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) ∀u, v ∈ H 1 (Ω).

D’autre part, prenant en compte (2.1) et le fait que λ ≥ 1, on obtient


Z 2 Z 2
2 2
a(v, v) = k∇vkL2 (Ω) + λ v dx ≥ k∇vkL2 (Ω) + v dx
Ω Ω
1
≥ C1 kvkH 1 (Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω)
2.1. LISTE 1 : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 55

montrant ainsi que la forme bilinéaire a est coercive sur H 1 (Ω) × H 1 (Ω). Finalement, il
est clair que

|(f, v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω).

Les conditions d’application du théorème de lax-Milgran étant satisfaites, nous dédui-


sons que le problème (Pλ ) admet une solution unique u dans H 1 (Ω).
Prenant v = u dans la formulation variationnelle correspondante, on obtient
1
C1 kuk2H 1 (Ω) ≤ a(u, u) = (f, u) ≤ kf kL2 (Ω) kukL2 (Ω)

et donc
kukH 1 (Ω) ≤ C1 kf kL2 (Ω) ,
où C1 est une constante indépendante de λ.
I.3. On a
a(u, v) = (f, v) ∀v ∈ H 1 (Ω).
Choisissant v = 1, on obtient
Z  Z  Z
λ u dx 1 dx = f dx
Ω Ω Ω

ce qui est équivalent à Z Z


1
u dx = λ|Ω| f dx. (2.4)
Ω Ω
Par conséquent Z Z
1 C3

u dx = f dx ≤ kf kL2 (Ω) ,
λ|Ω| λ
Ω Ω
1
où C3 = 1 .
|Ω| 2

I.4. Soit φ ∈ D(Ω). On a


Z Z  Z  Z
∇u · ∇φ dx + λ u dx φ dx = f φ dx.
Ω Ω Ω Ω

Intégrant par parties et prenant en compte (2.4), il vient que


Z  Z  Z  Z
1
−∆uφ dx + λ λ|Ω| f dx φ dx = f φ dx
Ω Ω Ω Ω

autrement dit Z  Z  Z
1
−∆u + |Ω| f dx φ dx = f φ dx.
Ω Ω Ω
Par conséquent Z
1
−∆u = f − |Ω| f dx p.p. dans Ω (2.5)

56 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

D’autre part, en utilisant la formule de Green dans (Pλ ) on obtient


Z Z Z  Z 
−∆uv dx + ∂u
∂n v ds =
1
f − |Ω| f dx v dx ∀v ∈ H 1 (Ω)
Ω ∂Ω Ω Ω

et grâce à (2.5), on a Z
∂u
∂n v ds = 0 ∀v ∈ H 1 (Ω)
∂Ω
∂u
i.e. ∂n = 0 sur ∂Ω. Formellement, u est donc la solution du problème
 Z
 −∆u = f − 1
f dx dans Ω,

|Ω|

 ∂u

∂n =0 sur ∂Ω.

I.5. Le second membre de l’équation appartenant à L2 (Ω), les résultats de régularité


classiques nous permettent de conclure que u ∈ H 2 (Ω). De plus,
Z
1

kukH 2 (Ω) ≤ C
f − |Ω| f dx
≤ C4 kf kL2 (Ω)
Ω L2 (Ω)

où C4 est une constante indépendante de λ.


Partie II. 1. Nous inspirant du problème continu, on définit le problème approché
comme suit (
Chercher uh ∈ Vh tel que
(Pλh )
a (uh , vh ) = (f, vh ) ∀vh ∈ Vh .
Puisque Vh ⊂ H 1 (Ω), il vient que a est continue et coercive sur Vh × Vh et vh 7→ (f, vh )
est continue sur Vh . D’après le théorème de Lax-Milgram, il vient que (Pλh ) admet une
solution unique uh ∈ Vh . En utilisant des arguments similaires à ceux de I.2, on obtient

kuh kH 1 (Ω) ≤ C1 kf kL2 (Ω) .

II. 2. D’après le lemme de Céa, on a

ku − uh kH 1 (Ω) ≤ α ku − vh kH 1 (Ω) ∀vh ∈ Vh

où α est une constante positive indépendante de λ et de h. Ainsi

ku − uh k2H 1 (Ω) ≤ α2 ku − vh k2H 1 (Ω)


≤ α2 C1 a (u − vh , u − vh ) k2H 1 (Ω)
≤ α2 ku − vh k2H 1 (Ω)
 
≤ α2 C1 |u − vh |2H 1 (Ω) + λ|Ω| ku − vh k2L2 (Ω) .
2.1. LISTE 1 : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 57

En particulier, pour vh = Πh u, on obtient

ku − uh k2H 1 (Ω) ≤ α2 C h2 + |λ| h4 kuk2H 2 (Ω) C ≤ h2 + |λ| h4 kf k2L2 (Ω)


 

et donc  √ 
ku − uh kH 1 (Ω) ≤ C5 h + λh2 kf kL2 (Ω)

où C5 est une constante indépendante de λ et de h.


II. 3. On a
a (u − uh , u − uh ) = a (u − vh , u − uh ) + a (vh − uh , u − uh )
= a (u − vh , u − vh ) + a (u − vh , vh − uh ) + a (vh − uh , u − uh )
= a (u − vh , u − vh ) − a (uh − vh , uh − vh )
≤ a (u − vh , u − vh ) ∀v ∈ Vh .
1
R
II. 4. Soit vh = Πh u + |Ω| Ω (u − Πh u) dx. Il est clair que vh ∈ Vh . De plus
Z
R R  1 R 
(u − vh ) dx = Ω (u − Π h u) dx − Ω |Ω| Ω (u − Π h u) dx dx

Z Z
= (u − Πh u) dx − (u − Πh u) dx = 0.
Ω Ω

En utilisant II. 3., il vient que


Z 2
2
|u − uh |H 1 (Ω) + λ (u − uh ) dx ≤ C |u − Πh u|2H 1 (Ω)

≤ Ch2 kuk2H 1 (Ω) ≤ Ch2 kf k2L2 (Ω) .

III. Prenant en compte les formulations variationnelles associées à u et uλ , on obtient


facilement que Z
∇ (uλ − u) · ∇v dx = 0 ∀v ∈ W.

Remarquons alors que
Z
1
wλ = uλ − u − |Ω| (uλ − u) ∈ W

nous déduisons grâce à l’identité précédente que


Z
2
|wλ |H 1 (Ω) = ∇ (uλ − u) · ∇wλ dx = 0.

Par conséquent wλ = 0, i.e.


Z Z
1 1
uλ − u = |Ω| (uλ − u) dx = |Ω| uλ dx
Ω Ω
58 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

et grâce à (2.4) nous concluons que


Z Z
λ 1
λ (uλ − u) = |Ω| uλ dx = |Ω|2
f dx
Ω Ω

et
C
kuλ − ukH 1 (Ω) ≤ λ kf kL2 (Ω) ,
où C est une constante indépendante de λ. Ainsi

lim kuλ − ukH 1 (Ω) = 0.


λ→+∞
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 59

2.2 Liste supplémentaire : énoncés et corrigés

Problème. (Examen 2016-2017)

Soit Ω = (] − 1, 1[×[0, 1[) ∪ (] − 1, 0[×] − 1, 0[). On considère le problème aux limites


suivant 
 −∆u + u = f, dans Ω,
(2.6)
 ∂u
∂n = 0 sur ∂Ω,
où f ∈ L2 (Ω).
1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (2.6). Montrer qu’il existe une
solution unique dans H 1 (Ω).
2. Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires.
3. Déterminer, sans calculer les coefficients, la forme des matrices élémentaires
correspondant à la contribution de chacun des éléments finis. Assembler la matrice
globale.
4. Déterminer la matrice locale correspondant au triangle T1 .

Corrigé.
1. C’est un problème de Poisson avec condition au bord de type Neumann. La
formulation variationnelle associée, définie dans V = H 1 (Ω), est donnée par
Trouver u ∈ V tel que a(u, v) = F (v) ∀v ∈ V, (2.7)
où Z
a(u, v) = (∇u, ∇v) + (u, v) = (∇u · ∇v + uv) dxdy

Z
F (v) = (f, v) = f v dxdy.

60 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

La forme bilinéaire a satisfaisant

|a(w, v)| ≤ k∇wkL2 k∇vkL2 + kwkL2 (Ω) kvkL2 (Ω)


≤ kukV kvkV ∀w, v ∈ V,

est continue sur V . De plus, vu que

a(v, v) = k∇vk2L2 (Ω) + kvk2L2 (Ω) = kvk2V ∀v ∈ V,

nous déduisons que a est coercive sur V . Finalement, nous avons

|F (v)| = |(f, v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω)


≤ kf kL2 (Ω) kvkV ∀v ∈ V,

ce qui montre que l’application linéaire F est continue sur V . Le théorème de Lax-
Milgram implique alors que le problème variationnel admet une solution unique u ∈ V .
2. Nous subdivisons Ω en 6 triangles. Les 6 éléments et 8 noeuds sont numérotés
comme dans la figure. Le problème approché associé, défini sur l’espace des fonctions
continues, affines par éléments triangulaires, i.e.

Vh = vh ∈ C(Ω) | vh|Ti ∈ P1 , ∀i = 1, · · · , 6

est donné par

Trouver uh ∈ Vh tel que a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh . (2.8)

D’après ce qui précède, ce problème admet une solution unique dans Vh . Sa décom-
position dans la base de Lagrange associée est donnée par

8
X
uh = uh (Si )φi .
i=1

Nous savons aussi que Uh = (uh (Sj ))1≤j≤8 est solution du système linéaire

Ah Uh = Fh , (2.9)

où la matrice Ah est donnée par Ah = (a (φj , φi ))1≤i,j,≤8 et où le second membre est


donné par Fh = (F (φi ))1≤i≤8 .
3. Maintenant, nous déterminons (sans calculer les coefficients), la forme des matrices
élémentaires correspondant à la contribution de chacun des éléments et leur extension
en des matrices 8 × 8.
Élément T1 . Les sommets correspondants sont 1, 2 et 8. L’extension est de la forme
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 61

A111 A112 0 0 0 0 0 A113


 
 A121 A122 0 0 0 0 0 A123 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
A1 =  .
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
A131 A132 0 0 0 0 0 A133

Élément T2 . Les sommets correspondants sont 2, 3 et 8. L’extension est de la forme

0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 A211 A212 0 0 0 0 A213 
 
 0 A221 A222 0 0 0 0 A223 
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
2
A = .
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 A231 A232 0 0 0 0 A233

Élément T3 . Les sommets correspondants sont 3, 5 et 8. L’extension est de la forme

0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 A311 0 A312 0 0 A313 
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
A3 =  .
 
 0 0 A321 0 A322 0 0 A323 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 0 A331 0 A332 0 0 A333

Élément T4 . Les sommets correspondants sont 3, 4 et 5. L’extension est de la forme

0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 A411 A412 A413 0 0 0 
 
0 0 A421 A422 A423 0 0 0
 
A4 =  .
 
 0 0 A431 A432 A433 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 0 0 0 0 0 0 0
62 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

Élément T5 . Les sommets correspondants sont 6, 7 et 8. L’extension est de la forme

0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
A5 =  .
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 A511 A521 A513 
 
 0 0 0 0 0 A521 A522 A523 
0 0 0 0 0 A531 A532 A533

Élément T6 . Les sommets correspondants sont 5, 6 et 8. L’extension est de la forme

0 0 0 0 0 0 0 0
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
 
0 0 0 0 0 0 0 0
 
A6 =  .
 
 0 0 0 0 A611 A612 0 A613 
 
 0 0 0 0 A621 A622 0 A623 
 
 0 0 0 0 0 0 0 0 
0 0 0 0 A631 A632 0 A633

Prenant en compte le fait que ces matrices sont symétriques, nous obtenons après
assemblage
 1 1 1

A11 A12 0 0 0 0 0 A13
 A112 A122 + A211 A212 0 0 0 0 A123 + A213 
 

 0 A212 A222 + A311 + A411 A412 A312 + A413 0 0 A223 + A313 

A421 A422 A423
 
 0 0 0 0 0 
 
A= 0 0 A312 + A413 A423 A322 + A433 + A611 A612 0 A323 + A613 .
 

 0 0 0 0 A612 A511 + A622 A521 A513 + A623 

A521 A522 A523
 
 0 0 0 0 0 
 
 6
X 
A113 A123 + A213 A223 + A313 0 A323 + A613 A513 + A623 A523 Ai33 − A433
i=1

4. Soient S11 = (0, 0), S21 = (1, 0) et S31 = (1, 1) les sommets du triangle T1 . La matrice
de rigidité élémentaire est donnée par
 −−−→ 2 −−−→ −−−→ −−−→ −−−→

S1S1 S1S1 · S1S1 S1S1 · S1S1

 2 3 1 3 3 2 1 2 2 3  
1 −1 0

 −−−→ −−−→
−−1−→1 2 −−1−→1 −−1−→1

K1 = 4|T1 1 |  S11 S31 · S31 S21 S1 S3 · S2 S1 = 1 −1 −1 .
  2
S1 S3 2

 
 −−−→ −−−→ −−−→ −−−→ −−−→ 2  0 −1 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
S1 S2 · S2 S3 S1 S3 · S2 S1 S1 S2
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 63

En utilisant la formule

|T1 |
Z 
6 si r = s,
λ1r λ1s dxdy =
|T1 |
T1 
12 si r 6= s,

nous obtenons la matrice de masse élémentaire


 
2 1 1
M 1 = 24
1 
 
 1 2 1 .

1 1 2

La matrice élémentaire correspondante au triangle T1 est alors donnée par

A1 = K 1 + M 1 .

Problème. (Examen 2017-2018)


Soit Ω le domaine maillé suivant le figure suivante :

On considère le problème aux limites suivant



 −∆u + u = f, dans Ω,
(2.10)
∂u
=0 sur ∂Ω,

∂n

où f ∈ L2 (Ω).
1. Écrire la formulation variationnelle correspondant à (2.10). Écrire le problème
approché correspondant, obtenu par application de la méthode des éléments finis
linéaires.
2. Déterminer, sans calculer les coefficients, la forme des matrices élémentaires corres-
pondant à la contribution de chacun des éléments finis. Assembler la matrice globale.
64 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

Corrigé.
1. Des arguments classiques montrent que la formulation variationnelle correspondant
à (2.10) peut s’écrire
Chercher u ∈ H 1 (Ω) tel que
(

a(u, v) = (f, v) ∀v ∈ H 1 (Ω)


où a est la forme bilinéaire définie par

a(u, v) = (∇u, ∇v) + (u, v) .

Le problème discret associé s’écrit de la manière suivante


(
Chercher uh ∈ Vh tel que
a(uh , vh ) = (f, vh ) ∀v ∈ Vh

où 
Vh = vh ∈ C(Ω) | vh|Ki ∈ P1 , ∀i = 1, · · · , 6 .

2. Considérons la contribution de chaque triangle.


Élément K1 . (Sommets 1, 2, 3)
Les matrices associées sont de la forme
 A1 A1 A1 0 0 0 0
  F11

11 12 13
 A121 A122 A123 0 0 0 0   F21 
   

 A131 A132 A133 0 0 0 0 


 F31 

1 1
A = , F = .
 0 0 0 0 0 0 0
  0

   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
0 0 0 0 0 0 0 0

Élément K2 . (Sommets 1, 3, 4)
La matrice associée est de la forme
 A2 0 A2 A213 0 0 0
  F12

11 12
 0 0 0 0 0 0 0   0 
   

 A221 0 A222 A223 0 0 0 


 F22 

A2 =  A231 A232 A233 , F2 =  F32 .
 0 0 0 0
  
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
0 0 0 0 0 0 0 0

Élément K3 . (Sommets 2, 3, 5)
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 65

La matrice associée est de la forme


 0 0 0 0 0 0 0
  0

 0 A311 A312 0 A313 0 0   F13 
   

 0 A321 A322 0 A323 0 0 


 F23 

A3 =  , F3 =  .
 0 0 0 0 0 0 0
  0

   
 0 A331 A332 0 A333 0 0   F33 
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
0 0 0 0 0 0 0 0

Élément K4 . (Sommets 3, 4, 7)
La matrice associée est de la forme
 0 0 0 0 0 0 0
  0

 0 0 0 0 0 0 0   0 
   

 0 0 A411 A412 0 0 A413 


 F14 

A4 =  A421 A422 A423 , F4 =  F24 .
 0 0 0 0
  
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
0 0 A431 A432 0 0 A433 F34

Élément K5 . (Sommets 3, 6, 7)
La matrice associée est de la forme
 0 0 0 0 0 0 0
  0

 0 0 0 0 0 0 0   0 
   

 0 0 A511 0 0 A512 A513 


 F15 

5 5
A = , F = .
 0 0 0 0 0 0 0
  0

   
 0 0 0 0 0 0 0   0 
   
 0 0 A521 0 0 A522 A523   F25 
0 0 A531 0 0 A532 A533 F35

Élément K6 . (Sommets 3, 5, 6)
La matrice associée est de la forme
 0 0 0 0 0 0 0
  0

 0 0 0 0 0 0 0   0 
   

 0 0 A611 0 A612 A613 0 


 F16 

6 6
A = , F = .
 0 0 0 0 0 0 0
  0

   
 0 0 A621 0 A622 A623 0   F26 
   
 0 0 A631 0 A632 A633 0   F36 
0 0 0 0 0 0 0 0
66 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

En sommant les différentes contributions, il vient que la matrice de rigidité est de la


forme  A 
11A A
12 A
13 014 0 0
 A21 A22 A23 0 A25 0 0 
 
6

 A31 A32 A33 A34 A35 A36 A37 

X
i
A= A = .
 A41 0 A43 A44 0 0 A47

 
i=1  0 A52 A53 0 A55 A56 0 
 
 0 0 A63 0 A65 A66 A67 
0 0 A73 A74 0 A76 A77

Problème. (Examen 2019-2020)


Soit Ω ⊂ R2 un ouvert polygonal convexe et soit f ∈ L2 (Ω). On considère le problème
aux limites suivant (
−∆u = f dans Ω,
(2.11)
u=0 sur ∂Ω.

1. Établir une formulation variationnelle de (2.11) de la forme

Chercher u ∈ H01 (Ω) tel que


(
(2.12)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ H01 (Ω),

où a une forme bilinéaire et F une forme linéaire à déterminer. Montrer que ce problème
admet une solution unique u.
2. On considère un maillage régulier T de Ω et on pose h = maxK∈T diam(K). Écrire
le problème approché associé à (2.12), obtenu en utilisant la méthode des éléments
finis linéaires définie sur T . Montrer que ce problème admet une solution uh . Utilisant
le lemme de Céa, donner une estimation dans H01 (Ω) de l’erreur u − uh , en fonction de
h et de f .
Indication. Nous rappelons que si f ∈ L2 (Ω), alors la solution de (2.11) appartient à
H 2 (Ω) et satisfait l’estimation suivante

kukH 2 (Ω) ≤ C kf kL2 (Ω) .

3. Notre objectif à présent est de montrer que l’estimation de l’erreur dans L2 (Ω) peut-
être rendue plus précise. Soit z la solution du problème variationnel suivant

Chercher z ∈ H01 (Ω) tel que


(

a(z, v) = (u − uh , v) ∀v ∈ H01 (Ω).

i) Montrer que ce problème admet une solution unique z ∈ H01 (Ω) ∩ H 2 (Ω) et que

a(z, u − uh ) = ku − uh k2L2 (Ω) .


2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 67

En déduire que
ku − uh k2L2 (Ω) = a z − Π1h z, u − uh ,


où Π1h z est l’interpolée de z dans Vh .


ii) Déduire de tout ce qui précéde que

ku − uh kL2 (Ω) ≤ Ch2 kf kL2 (Ω) ,

où C > 0 est une constante indépendante de h.


4. Afin d’accélérer la construction du problème approché associé à (2.12), on utilise
des formules de quadratures pour évaluer le second membre et l’estimation d’erreur
donnée par le lemme de Céa doit-être modifiée en conséquence.
Supposons que l’on remplace F (vh ) par Fh (vh ) avec Fh continue sur Vh . On résoud
alors le problème (
Chercher ũh ∈ Vh tel que
a(ũh , vh ) = Fh (vh ) ∀vh ∈ Vh .
i) Soit vh ∈ Vh . Montrer que

a (vh − ũh , vh − ũh ) = a (vh − u, vh − ũh ) + (F − Fh ) (vh − ũh ).

ii) En déduire que


(F −Fh )(wh )
|vh − ũh |H 1 (Ω) ≤ |vh − u|H 1 (Ω) + Lh où Lh = sup |wh |H 1 (Ω) ,
0 0
wh ∈Vh 0

et que
|u − ũh |H 1 (Ω) ≤ 2 |u − uh |H 1 (Ω) + Lh .
0 0

Commenter le résultat.
5. Écrire la matrice de rigidité élémentaire et la matrice de masse élémentaire corres-
pondant au triangle de référence.

Corrigé.
1. Des arguments classiques montrent que la formulation variationnelle associée à
(2.11) peut s’écrire sous la forme (2.12), où a : H01 (Ω) × H01 (Ω) → R et F : H01 (Ω) → R
sont, respectivement, la forme bilinéaire et la forme linéaire définies par

a(v, w) = (∇v, ∇w) et F (v) = (f, v) .

La forme bilinéaire a satisfaisant

|a(w, v)| ≤ k∇wkL2 (Ω) k∇vkL2 (Ω) = |w|H 1 (Ω) |v|H 1 (Ω) ∀w, v ∈ H01 (Ω),
0 0
68 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

est continue sur H01 (Ω). De plus, vu qu

a(v, v) = k∇vk2L2 (Ω) = |v|2H 1 (Ω) ∀v ∈ H01 (Ω),


0

nous déduisons que a est coercive sur H01 (Ω). Finalement, grâce à l’inégalité de Hölder
et à l’inégalité de Poincaré, nous obtenons

|F (v)| = |(f, v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω)


≤ Cp kf kL2 (Ω) |v|H 1 (Ω) ∀v ∈ H01 (Ω),
0

ce qui montre que l’application linéaire F est continue sur H01 (Ω). Le théorème de Lax-
Milgram implique alors que le problème variationnel (2.12) admet une solution unique
u ∈ H01 (Ω).
2. On considère un maillage régulier T de Ω et on pose h = maxK∈T diam(K). Soit

Xh1 = vh ∈ C(Ω) | vh|K ∈ P1 , ∀K ∈ T ,




et
Vh = Xh1 ∩ H01 (Ω).
Le problème approché associé à (2.12), obtenu en utilisant la méthode des éléments
finis linéaires, s’écrit (
Chercher uh ∈ Vh tel que
(2.13)
a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh .
Les mêmes arguments que ceux utilisés pour (2.12) garantissent l’existence d’une so-
lution unique uh au problème (2.13). Grâce au lemme de Céa, nous avons l’estimation
suivante
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ |u − vh |H 1 (Ω) ∀vh ∈ Vh . (2.14)
0 0

Prenant en compte le résultat de régularité qui stipule que u ∈ H 2 (Ω) et satisfait l’esti-
mation suivante
kukH 2 (Ω) ≤ C kf kL2 (Ω) ,

il vient que l’interpolé Π1h u est bien défini, appartient à Vh et que

u − Π1 u 1

h H (Ω)
≤ Ch kukH 2 (Ω) ≤ Ch kf kL2 (Ω) .

De l’autre côté, choisissant vh = Π1h u dans (2.14), il vient alors que

|u − uh |H 1 (Ω) ≤ u − Π1h u H 1 (Ω) ≤ u − Π1h u H 1 (Ω) .



0 0

Combinant ces estimations, nous déduisons que

|u − uh |H 1 (Ω) ≤ Ch kf kL2 (Ω) . (2.15)


0
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 69

3. Une simple application de l’inégalité de Poincaré montre que l’on peut obtenir une
estimation de l’erreur dans L2 (Ω) du même type que celle énoncée dans (2.15). Notre
objectif à présent est de montrer que l’estimation de l’erreur dans L2 (Ω) peut-être ren-
due plus précise. Soit z la solution du problème variationnel suivant
Chercher z ∈ H01 (Ω) tel que
(

a(z, v) = (u − uh , v) ∀v ∈ H01 (Ω).


i) Le problème précédent peut formellement s’écrire sous la forme
(
−∆z = u − uh dans Ω,
z=0 sur ∂Ω.

Une fois que le second membre u − uh appartient à L2 (Ω), des arguments similaires à
ceux utilisés précédemment nous permettent de conclure que ce problème admet une
solution unique z ∈ H01 (Ω) ∩ H 2 (Ω) et que

kzkH 2 (Ω) ≤ C ku − uh kL2 (Ω) , (2.16)

où C > 0 est indépendante de u et de h. Choisissant alors v = u−uh dans la formulation


variationnelle, nous obtenons

a(z, u − uh ) = (u − uh , u − uh ) = ku − uh k2L2 (Ω) .

De l’autre côté, il est facile de voir que

a(u − uh , vh ) = F (vh ) − F (vh ) = 0 ∀vh ∈ Vh

et comme Π1h z ∈ Vh , nous déduisons que

a u − uh , Π1h z = 0.


La combinaison de ces résultats donne


a z − Π1h z, u − uh = a(z, u − uh ) − a u − uh , Π1h z
 

= a(z, u − uh ) = ku − uh k2L2 (Ω) .

ii) Utilisant i), la continuité de a, la régularité de z et l’erreur d’interpolation, on obtient

ku − uh k2L2 (Ω) = a z − Π1h z, u − uh




≤ z − Π1h z H 1 (Ω) |u − uh |H 1 (Ω)
0 0

≤ Ch kzkH 2 (Ω) |u − uh |H 1 (Ω) .


0

Grâce à (2.15) et (2.16), nous concluons que

ku − uh k2L2 (Ω) ≤ Ch ku − uh kL2 (Ω) |u − uh |H 1 (Ω)


0

≤ Ch2 kf k L2 (Ω) ku − uh kL2 (Ω)


70 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

et donc
ku − uh kL2 (Ω) ≤ Ch2 kf kL2 (Ω) .
4. Afin d’accélérer la construction du problème approché associé à (2.12), on utilise
des formules de quadratures pour évaluer le second membre et l’estimation d’erreur
donnée par le lemme de Céa doit-être modifiée en conséquence.
Supposons que l’on remplace F (vh ) par Fh (vh ) avec Fh continue sur Vh . On résoud
alors le problème (
Chercher ũh ∈ Vh tel que
a(ũh , vh ) = Fh (vh ) ∀vh ∈ Vh .
i) Soit vh ∈ Vh . Il est facile de voir que
a (vh − ũh , vh − ũh ) = a (vh − u, vh − ũh ) + a (u, vh − ũh ) − a (ũh , vh − ũh )
= a (vh − u, vh − ũh ) + F (vh − ũh ) − Fh (vh − ũh )
= a (vh − u, vh − ũh ) + (F − Fh ) (vh − ũh ).

ii) Soit
(F −Fh )(wh )
Lh = sup |wh |H 1 (Ω) .
wh ∈Vh 0

Il est clair que


(F − Fh ) (wh ) ≤ Lh |wh |H 1 (Ω) ∀wh ∈ Vh .
0

Utilisant la coercivité et la continuité de a, nous déduisons alors que

|vh − ũh |2H 1 (Ω) = a (vh − ũh , vh − ũh )


0

= a (vh − u, vh − ũh ) + (F − Fh ) (vh − ũh )


≤ |vh − u|H 1 (Ω) |vh − ũh |H 1 (Ω) + Lh |vh − ũh |H 1 (Ω) ,
0 0 0

et donc
|vh − ũh |H 1 (Ω) ≤ |vh − u|H 1 (Ω) + Lh ∀v ∈ Vh .
0 0

Prenant vh = uh , on obtient

|u − ũh |H 1 (Ω) ≤ |u − uh |H 1 (Ω) + |uh − ũh |H 1 (Ω) ≤ 2 |u − uh |H 1 (Ω) + Lh .


0 0 0 0

ce qui, grâce à (2.15), donne

|u − ũh |H 1 (Ω) ≤ Ch kf kL2 (Ω) + Lh .


0

La solution approchée ũh converge vers u si Lh tend vers 0 (i.e. la convergence dépend
aussi de la qualité de l’approximation du second membre).
5. Rappelons que les coordonnées barycentriques sur le triangle de référence T sont
données par

λ1 (x, y) = 1 − x − y, λ2 (x, y) = x, λ3 (x, y) = y,


2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 71

et que les coefficients de la matrice de rigidité élémentaire K sont données par


Z
Kij = ∇λi · ∇λj dxdy, i, j = 1, 2, 3.
T

Ainsi, de simples calculs montrent que


 
2 −1 −1
1
 
K=  −1 1 0 
2  .
−1 0 1

De même, les coefficients de masse élémentaire M sont donnés par



Z  |T | si i = j,
6
Mij = λi λj dxdy =
|T |
T 
12 si i 6= j,

et donc  
2 1 1
1
 
M=  1 2 1 .
24  
1 1 2

Problème. (Examen de rattrapage 2019-2020)


Soit Ω ⊂ R2 un ouvert borné connexe de frontière ∂Ω suffisamment régulière et soit
f ∈ L2 (Ω). On introduit l’espace

W = {w ∈ H 1 (Ω) | ∆w ∈ L2 (Ω)},

et on se donne une fonction g ∈ W . On pose


Z Z
a(u, v) = ∇u · ∇v dx et F (v) = f v dx.
Ω Ω

1. Démontrer qu’il existe une solution unique u ∈ H01 (Ω) vérifiant

u − g ∈ H01 (Ω) tel que


(
(2.17)
a(u, v) = F (v) ∀v ∈ H01 (Ω).

2. Interpréter (2.17) en termes d’équations aux dérivées partielles et de conditions aux


limites pour u.
3. Soit Vh un sous-espace de dimension fini de H 1 (Ω) et εh un réel strictement positif.
Démontrer qu’il existe une unique fonction uh ∈ Vh telle que
Z
1
a (uh , vh ) + εh (uh − g) vh ds = F (vh ) ∀vh ∈ Vh .
∂Ω
72 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

Dans les questions 4., 5. et 6., on supposera que u ∈ H 2 (Ω).

4. i) Montrer que
Z Z
1 ∂u
a (u − uh , wh ) + εh (u − uh ) wh ds = ∂n wh ds ∀wh ∈ Vh .
∂Ω ∂Ω

ii) En déduire que


|u − uh |2H 1 (Ω) + 1
εh ku − uh k2L2 (∂Ω)
0
Z
1
= a (u − uh , u − vh ) + εh (u − uh ) (u − vh ) ds
∂Ω
Z Z
∂u ∂u
+ ∂n (u − uh ) ds − ∂n (u − vh ) ds ∀vh ∈ Vh ,
∂Ω ∂Ω
où |v|H 1 (Ω) = k∇vkL2 (Ω) .
0

5. Soient δ > 0 et a, b ∈ R. Montrer que

ab ≤ δ
2 a2 + 1
2δ b2 .

En déduire que pour tout vh ∈ Vh , on a

|u − uh |H 1 (Ω) |u − vh |H 1 (Ω) ≤ 1
2 |u − uh |2H 1 (Ω) + 12 |u − vh |2H 1 (Ω) ,
0 0 0 0

1
εh ku − uh kL2 (∂Ω) ku − vh kL2 (∂Ω) ≤ 2ε1h ku − uh k2L2 (∂Ω) + 2ε1h ku − vh k2L2 (∂Ω) ,
εh ∂u 2 2
∂u 1
∂n L (∂Ω) ku − vh kL2 (∂Ω) ≤ 2 ∂n L2 (∂Ω) + 2εh ku − vh kL2 (∂Ω) .
2

6. Montrer qu’il existe une constante C indépendante du sous-espace Vh et du nombre


εh telle que
 2 1
vh |2H 1 (Ω) vh k2L2 (∂Ω)
1 2
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ C |u − + εh ku − + εh ∂u 2
∂n L (∂Ω)
0 0

pour tout vh ∈ Vh .

On supposera que u ∈ H 2 (Ω) et que Ω est un polygone. Soit (Th )h une famille
régulière de triangulations composées de triangles. Pour chaque h, soit Vh l’es-
pace d’approximation de H 1 (Ω) construit à l’aide des éléments finis de Lagrange
de type P1 .

7. En donnant toutes les justifications nécessaires, établir que


 1
h2 2
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ C(u) h2 + εh + εh ,
0

où C(u) est une constante qui ne dépend que de la solution u.


On suppose enfin que εh = hα , avec α ∈ R. Déterminer la valeur de α garantissant la
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 73

convergence la plus précise.

Corrigé.
1. Il est facile de voir que u est solution de (2.17) si, et seulement si, w = u − g est
solution du problème suivant

w ∈ H01 (Ω) tel que


(
(2.18)
a(u, v) = F̃ (v) ∀v ∈ H01 (Ω),
avec
F̃ (v) = F (v) − a(g, v).
Des arguments standard montrent que la forme bilinéaire a est continue et coercive sur
H01 (Ω). De plus, on a

F̃ (v) ≤ |F (v)| + |a(g, v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) + k∇gkL2 (Ω) k∇vkL2 (Ω)

 
≤ CP kf kL2 (Ω) + k∇gkL2 (Ω) |v|H 1 (Ω) ∀v ∈ H01 (Ω).
0

Les conditions d’application du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, nous dédui-


sons que (2.17) admet une solution unique u ∈ H 1 (Ω).
2. Comme (2.17) est aussi valable pour v ∈ D(Ω) ⊂ H01 (Ω) et que L2 (Ω) ⊂ D0 (Ω), nous
avons
a(u, v) = (∇u, ∇v) = h∇u, ∇viD0 (Ω),D(Ω)
= − hdiv (∇u) , viD0 (Ω),D(Ω)
= − h∆u, viD0 (Ω),D(Ω) ∀v ∈ D(Ω)
et
F (v) = (f, v) = hf, viD0 (Ω),D(Ω) ∀v ∈ D(Ω).
Par conséquent, la solution u de (2.17) satisfait

h−∆u, viD0 (Ω),D(Ω) = hf, viD0 (Ω),D(Ω) ∀v ∈ D(Ω),

autrement dit
−∆u = f dans D0 (Ω).
De plus, la condition u − g ∈ H01 (Ω) implique que

u−g =0 sur ∂Ω.

Ainsi u est solution du problème


(
−∆u = f
u=g sur ∂Ω.
74 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

3. Soit Vh un sous-espace de dimension fini de H 1 (Ω) et εh un réel strictement positif


et considérons le problème

 Chercher uh ∈ Vh tel que

Z
1
 a (uh , vh ) + εh
 (uh − g) vh ds = F (vh ) ∀vh ∈ Vh .
∂Ω

Ce problème est équivalent à


(
Chercher uh ∈ Vh tel que
(2.19)
ã (uh , vh ) = G (vh ) ∀vh ∈ Vh .
avec Z
1
ã (w, v) = a (w, v) + εh wv ds,
∂Ω
et Z
1
G(v) = F (v) + εh gv ds.
∂Ω

• La forme bilinéaire ã est continue sur H 1 (Ω). En effet,


Z
1
|ã (w, v)| ≤ |a (w, v)| + εh |w| |v| ds
∂Ω
1
≤ k∇wkL2 (Ω) k∇vkL2 (Ω) + εh kwkL2 (∂Ω) kvkL2 (∂Ω)
1
≤ kwkH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) + εh kwkL2 (∂Ω) kvkL2 (∂Ω) .

L’opérateur trace étant continu de H 1 (Ω) dans L2 (∂Ω), il vient que

kvkL2 (∂Ω) ≤ C1 kvkH 1 (Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω),

et par conséquent
 
|ã (w, v)| ≤ 1 + C1
εh kwkH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) ∀w, v ∈ H 1 (Ω).

• De l’autre côté, grâce à l’inégalité de Poincaré généralisée

C2 kvk2H 1 (Ω) ≤ k∇vk2L2 (Ω) + kvk2L2 (∂Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω),

nous déduisons que

ã (v, v) = k∇vk2L2 (Ω) + ε1h kvk2L2 (∂Ω)


  
≥ inf 1, ε1h k∇vk2L2 (Ω) + kvk2L2 (∂Ω)
 
≥ C2 inf 1, ε1h kvk2L2 (∂Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω),
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 75

montrant ainsi que ã est coercive sur H 1 (Ω).


• Finalement, on a
Z
1
|G(v)| ≤ |F (v)| + εh |w| |v| ds
∂Ω
≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) + ε1h kgkL2 (∂Ω) kvkL2 (∂Ω)
 
≤ kf kL2 (Ω) + Cεh1 kgkL2 (∂Ω) kvkH 1 (Ω) ∀v ∈ H 1 (Ω),

prouvant que G est continue sur H 1 (Ω). L’espace Vh ⊂ H 1 (Ω) étant un espace de
dimension finie est un Hilbert et grâce au théorème de Lax-Milgram, nous déduisons
que (2.19) admet une solution unique.
4. i) Prenant en compte le fait que u = g sur ∂Ω, nous déduisons que
Z
1
a (uh , wh ) + εh (uh − u) wh ds = (f, wh ) ∀wh ∈ Vh . (2.20)
∂Ω

De l’autre côté, comme u ∈ H 2 (Ω), en utilisant la formule de Green, nous obtenons


que Z
∂u
(f, wh ) = (−∆u, wh ) = a (u, wh ) − ∂n wh ds ∀wh ∈ Vh . (2.21)
∂Ω
Combinant (2.20) et (2.21), il vient que
Z Z
1 ∂u
a (u − uh , wh ) + εh (u − uh ) wh ds = ∂n wh ds ∀wh ∈ Vh . (2.22)
∂Ω ∂Ω

ii) De simples calculs montrent que


Z
|u − uh |2H 1 (Ω) + 1
εh ku − uh k2L2 (∂Ω) = a (u − uh , u − uh ) + 1
εh (u − uh ) (u − uh ) ds
0
∂Ω
= a (u − uh , u − vh ) + a (u − uh , vh − uh )
Z
1
+ εh (u − uh ) (u − vh ) ds
∂Ω
Z
+ ε1h (u − uh ) (vh − uh ) ds.
∂Ω

Prenant alors en compte (2.22), nous déduisons que


|u − uh |2H 1 (Ω) + 1
εh ku − uh k2L2 (∂Ω)
0

Z Z
1 ∂u
= a (u − uh , u − vh ) + εh (u − uh ) (u − vh ) ds + ∂n (vh − uh ) ds
Z∂Ω ∂Ω

= a (u − uh , u − vh ) + ε1h (u − uh ) (u − vh ) ds
Z Z ∂Ω
∂u ∂u
+ ∂n (u − uh ) ds − ∂n (u − vh ) ds ∀vh ∈ Vh . (2.23)
∂Ω ∂Ω
76 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

5. Il est facile de voir que


x2 +y 2
xy ≤ 2 ∀x, y ∈ R.

Prenant x = δ a et y = √b , nous obtenons que
δ
δa2 b2
ab ≤ 2 + 2δ .

6. Choisissant δ = 1, 1 et εh et utilisant (2.23), on a


|u − uh |2H 1 (Ω) + 1
εh ku − uh k2L2 (∂Ω)
0

≤ |u − uh |H 1 (Ω) |u − vh |H 1 (Ω) + ε1h ku − uh kL2 (∂Ω) ku − vh kL2 (∂Ω)


0 0
∂u ∂u
+ ∂n L2 (∂Ω) ku − uh kL2 (∂Ω) + ∂n
2
L (∂Ω)
ku − vh kL2 (∂Ω)
∂u 2
≤ 12 |u − uh |2H 1 (Ω) + 12 |u − vh |2H 1 (Ω) + 2ε1h ku − uh k2L2 (∂Ω) + ε2h ∂n 2
L (∂Ω)
0 0
2
+ 2ε1h ku − vh k2L2 (∂Ω) + ε2h ∂n
∂u

L2 (∂Ω)
∀vh ∈ Vh .
Par conséquent,
∂u 2
|u − uh |2H 1 (Ω) ≤ |u − vh |2H 1 (Ω) + 2
εh ku − vh k2L2 (∂Ω) + 2εh ∂n 2
L (∂Ω)
∀vh ∈ Vh ,
0 0

ce qui implique que


√  ∂u 2 1
2 |u − vh |2H 1 (Ω) + ku − vh k2L2 (∂Ω) + εh ∂n
1 2
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ εh
2
L (∂Ω)
0 0
  ∂u 2 1
ku − vh k2H 1 (Ω) + εh ∂n
1 2
≤C 1+ εh
2
L (∂Ω)
∀vh ∈ Vh .

7. Vu que u ∈ H 2 (Ω), on a
|u − Πh u|H 1 (Ω) ≤ Ch |u|H 2 (Ω) .
0

Choisissant alors vh = Πh u, nous obtenons


  ∂u 2 1
1 2 2
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ C 1 + εh ku − Πh ukH 1 (Ω) + εh ∂n L2 (∂Ω)

0
 1
h2 2
≤ C(u) h2 + εh + εh ,

où C(u) est une constante qui ne dépend que de la solution u.


Supposant enfin que εh = hα , nous déduisons que
1
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ C(u) h2 + h2−α + hα 2
.
0

Pour que la méthode converge, il faut que α et 2 − α soient positives. La valeur de α


garantissant une convergence optimale est obtenue si α = 2 − α, autrement dit pour
α = 1. Dans ce cas, on a l’estimation suivante
1
|u − uh |H 1 (Ω) ≤ C(u)h 2 .
0
Travaux Pratiques

TP 1

On considère le problème aux limites suivant


(
−u”(x) + u(x) = f (x), x ∈ (a, b)
(2.24)
u(a) = 0, u(b) = 0,

où a, b ∈ R et f ∈ L2 (a, b).
I. Établir une formulation variationnelle de (2.24) de la forme

Chercher u ∈ V tel que a(u, v) = (f, v) ∀v ∈ V, (2.25)

où V est un espace de Hilbert et a est une forme bilinéaire à déterminer. Montrer que
ce problème admet une solution faible unique u.
II. On introduit une partition de [a, b] en N +1 sous-intervalles ]xj , xj+1 [ (j = 1, · · · , N +2)
de même longueur h = Nb−a +1 et on considère une approximation par la méthode des
éléments finis du problème (2.25) :

Trouver uh ∈ Vh tel que a(uh , vh ) = F (vh ) ∀vh ∈ Vh (2.26)


n o
Vh = vh ∈ C([a, b]) tel que vh|]xj ,xj+1 [ ∈ P1 pour tout j = 1, · · · N + 2 ∩ H01 (a, b).

Nous savons, d’après le cours, que (2.26) peut-être écrit de manière équivalente sous
la forme
Ah Uh = Bh .
1. Écrire un programme, qui donnant a, b, N et f permet de déterminer Uh . (Les
éléments dans le second terme peuvent être approchés en utilisant la méthode
du trapèze).
Indication. Pour définir f , on peut utiliser la commande inline.

77
78 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

2. Soit vh ∈ Vh . Montrer que



kvh kL2 (a,b) = v T M v, (2.27)

où v = (v(x2 ), · · · , v(xN +1 ))> et où M est la matrice de masse associée à Ah .

3. Soient a = 0 et b = 1. Utilisant la commande cond, déterminer le tableau suivant :

h h2 cond(Ah )
0.1
0.05
0.025
0.0125
0.00625
0.003125

Quelle relation on peut voir entre cond(Ah ) et h ?

4. Soient a = 0, b = 1 et f (x) = (e − 1)x + 1. Il est facile de vérifier que la solution


exacte correspondante à (2.24) est donnée par u(x) = −ex +(e−1)x+1. Utilisant
(2.27), déterminer le tableau suivant

h Eh = ku − uh kL2 (0,1)
0.1
0.05
0.025
0.0125
0.00625
0.003125
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 79

5. L’objectif de cette partie est de déterminer numériquement l’ordre de la méthode.


Nous rappelons que la convergence est d’ordre p (dans L2 (a, b)) si l’erreur

Eh = ku − uh kL2 (a,b) ≈ Chp , (2.28)

où C est une constante positive indépendante de h. Déduire de (2.28) que


 
ln EEhh
2
p ≈ . (2.29)
ln 2
où E h est l’erreur correspondant à h2 .
2

Utilisant (2.29) et les résultats obtenus dans le tableau précédent, construire un


autre tableau de la forme
!
Eh
ln Eh
h ph = 2
ln 2
0.1
0.05
0.025
0.0125
0.00625
0.003125

Commenter les résultats ainsi obtenus.


80 CHAPITRE 2. MÉTHODE DES ÉLÉMENTS FINIS EN DIMENSION DEUX

TP 2

On considère le problème aux limites suivant


(
−u”(x) + c(x)u(x) = f (x), x ∈ (a, b)
(2.30)
u(a) = α, u(b) = β,

où a, b, α, β ∈ R, c ∈ C([a, b]) tel que c ≥ 0 et f ∈ L2 (a, b).


1. a) Pour se ramener au cas de conditions au bord homogènes, on définit une fonc-
tion aussi simple que possible R : (a, b) −→ R qui satisfait les conditions au bord, i.e.
R(a) = α et R(b) = β (une telle fonction est appelée relèvement). Puis on décompose
u = ũ + R où ũ satisfait des conditions au bord homogènes.
Donner un exemple de fonction R. Écrire l’EDP satisfaite par ũ et la forme variationnelle
correspondante.
b) On introduit une partition de [a, b] en N + 1 sous-intervalles ]xj , xj+1 [ (j = 1, · · · , N +
2) de même longueur h = Nb−a +1 et on considère une approximation par la méthode des
éléments finis linéaires du problème précédent. Écrire un programme, qui donnant a,
b, α, β, N , c et f permet de déterminer la solution approchée. (Les coefficients faisant
intervenir c et f peuvent être approchés en utilisant la méthode du trapèze).
2. a) Dans la pratique (spécialement en dimension supérieure), il n’est pas toujours
possible de considérer un relèvement pour transformer le problème avec des condi-
tions au bord de Dirichlet non-homogènes en un problème avec des conditions au bord
homogène.
Écrire une formulation variationnelle correspondant à (2.30) avec des fonctions-test
dans H01 (a, b). Peut-on appliquer le théorème de Lax-Milgram ?
b) Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
des éléments finis linéaires. Écrire un programme, qui donnant a, b, α, β, N , c et f
permet de déterminer la solution approchée.
3. a) Dans la pratique (spécialement en dimension supérieure), on peut aussi "pénali-
ser" les conditions au bord de Dirichlet. Considérons le problème au limites avec des
conditions au bord de type Robin
(
−u”(x) + c(x)u(x) = f (x), x ∈ (a, b)
(2.31)
−ε u0 (a) + u(a) = α, ε u0 (b) + u(b) = β,

où ε ∈]0, 1[ est un paramètre assujéti à tendre vers zéro.


Écrire une formulation variationnelle correspondant à (2.31). Peut-on appliquer le théo-
rème de Lax-Milgram ?
b) Écrire le problème approché correspondant, obtenu par application de la méthode
2.2. LISTE SUPPLÉMENTAIRE : ÉNONCÉS ET CORRIGÉS 81

des éléments finis linéaires. Écrire un programme, qui donnant a, b, α, β, N , c, f et ε


permet de déterminer la solution approchée.
4) Appliquer les trois programmes précédents au cas particulier où a = 0, b = 1, c = 0,
α = 1, β = e et f (x) = −ex . Commenter.

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